A propos des rapports
C.G.T.-ÉTU

BENOIT FRACHON

présîdenr de la C.G.T.

répond aux questions de « l'Humanité »

Henry BORDAGE a posé à Benoît
de la C.G.T., les questions suivantes :

FRACHON, président

QUESTION : Que pensez-vous de
l'état actuel des rapports entre la
C.G.T. et l'U.N.E.F. ?

REPONSE : On ne peut en être sa-
tisfait. Je ne veux pas évoquer les di-
verses circonstances qui ont abouti ces
derniers jours à leur détérioration. Le
fait important est que cette situation
est anormale et qu'elle porte un préju-
dice certain à l'unité indispensable au
front de lutte pour les revendications
légitimes aussi bien des étudiants que
des salariés.

Pour notre part, nous sommes déci-
dés à faire le maximum d'efforts pour
rétablir une situation normale et aboutir
à un large front commun dont nous
avons, les uns et les autres, le plus
grand besoin.

Nous avons profondément regretté
les incidents qui, il y a quelques jours,
ont rendu impossible la réunion que
nous avions prévue.

Nous sommes en présence d'un mou-
vement d'une ampleur et d'une puis-
sance jamais connues dans notre pays
et la lutte est complexe, elle nécessite
.une grande attention et beaucoup de
sang-froid pour la mener jusqu'au
succès.

Les étudiants ont leurs revendica-
tions justifiées et nous les soutenons.

Les syndicats ont de leur côté à or-
ganiser et-à diriger de 8 à 9 millions
de grévistes dont beaucoup participent
à une grève pour la première fois.

C'est une charge lourde pour eux. Ils
doivent faire face à des manœuvres les
plus diverses, à des provocations, et il
n'y a pas trop de tqute leur expérience
et de la confiance fyue leur accordent
les travailleurs pour y faire face.

Si chacun de nous accomplit sa
tâche convenablement, les succès que
nous remporterons d'un côté et de
l'autre seront plus grands.

Rétablir un climat de confiance et
de solidarité solide entre les étudiants
et les travailleurs, voilà à quoi il faut
parvenir rapidement.

Pour cela, le bureau de la C.G.T. est
toujours prêt à recevoir le bureau de
l'U.N.E.F. dans son ensemble. '

QUESTION : La C-G-T. a dépen-
dant critiqué certaines prises de po-
sition politiques de dirigeants de FU.N.
E.F., notamment à propos des décla-
rations de Cohn Bendit. Qu'en pensez-
vous ?

REPONSE : Toutes les critiques qui
ont été faites à ce sujet par la C.G.T.
sont parfaitement justifiées. Nous ne
pouvons en aucun cas tolérer qu'on sol-
licite les travailleurs pour soutenir des
idées Qui consistent en fait à dénigrer
et à insulter les plus puissantes orga-
nisations ouvrières en prétendant se
substituer à elles dans leurs tâches de
direction des luttes ouvrières. Mais cela
n'a rien à voir avec les rapports sérieux
et efficaces qui doivent exister entre
étudiants et organisations syndicales
ouvrières.