QUEL EST LE SENS DES ELECTIONS QUI NOUS SONT IMPOSEES -

Après un mois de luttes populaires sans précédent,
de Gaulle et ses partis appellent tous les citoyens à reprendre
dans 1' "ordre" leurs activités habituelles, et à s'en remettre
à des élections pour trancher le problême fondamental du pouvoir
Les gaullistes y cherchent un regain de légitimité , la

gauche la prise

cherchent
de l'Etat.

concerne les gaullistes, leur stratégie se
Complètement débordé sur le terrain de

rue, le gouver-
était
s ion

En ce qui

comprend' aisément .

l'université et des entreprises ainsi que dans la
nement qui avait perdu tout contrôle du pays réel et qui
bafoué tous les jours, a pratiqué le chantage à la répre

pour essayer de faire admettre que le véritable problème du
pouvoir ne pouvait être posé qu'au niveau de l'Etat, dans le
respect de toutes les institutions qui auraient précisément
cessé de fonctionner. C'est ainsi que l'Etat gaulliste a
prétendu retirer des mains des travailleurs tous les pouvoirs
qu'ils avaient conquis effectivement sur les lieux de travail,
en espérant qu'une majorité craintive et réactionnaire,passive

viendrait une fois de plus rétablir
formelle la légitimité capitaliste,
travailleurs lâchent la proie pour
leurs conquêtes pour des promesses :
nous vous accorderons des réformes

d'une manière purement

On voudrait

1'ombre, la

Rendez les

que les
réalité
usines

de
et

rendez-nous le pouvoir

et nous vous concéderons quelques avantages provisoires.

La position des partis d'opposition se comprend moins
aisément.Les événements de ces dernières semaines ont montré
en effet que le pouvoir avait été conquis là où il se trouve, a
savoir sur le terrain, là où l'oppression s'affirme concrètement
et quotidiennement. Dès lors, recourir aux élections c'est
non seulement donner aux gaullistes l'occasion de reconquérir
le pouvoir, mais c'est surtout méconnaître le lien des véritables
rapports de force. En visant simplement la prise de l'Etat, les
partis ds gauche renoncent à amplifier la prise des pouvoirs
réels commencée par les travailleurs et veulent que ceux-ci
abandonnent leur capacité d'agir eux-mêmes directement et en
permanence dans le cadre de leur expérience concrète, aussi
bien pour transformer leurs conditions de travail que pour
déterminer les conditions et les buts de leur participation
créatrice à la société.

Dans la situation actuelle cette participation obtenue
passivement sous la pression des modèles d'intégration au système
pour la consommation de masse et la recherche de promotion
sociale, représente en réalité la forme moderne de l'oppression,

qui cesse d'être exclusivement matérialisée dans l'Etat.
L'instrument du pouvoir capitaliste ne réside donc plus
tellement dans ce dernier, que dans la soumission des travail-
leurs aux modèles de la société de consommation et à toutes les
formes différenciées d'autorité qui en assurent le fonction-
nement .

La signification des élections est dès lors transparente
en faisant des institutions formelles de l'Etat le bastion du
pouvoir réel, et en présentant par conséquent la conquête de
l'Etat comme la condition de la révolution socialiste, on
cherche à enfermer la lutte des travailleurs dans un cadre
de revendications qui ne met pas en question les formes les
plus fondamentales et en même temps les plus concrètes de
l'oppression et de l'aliénation qu'ils subissent. Du même coup,
on cherche à arrêter le mouvement révolutionnaire qu'ils avaient
engagé pour lui substituer le mythe d'une révolution institu-
tionnelle qui ne correspond plus aux rapports de force réels
de notre société.

Comité d'Action du Laboratoire de
Sociologie Industrielle.