Le Mouvement no.3

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JUIN 1968.
tes perspectives
Ce qui va se décider dans les heures qui
viennent, la reprise du travail ou le durcis-
sement de la grève, est une phase de la lutte
engagée par le Mouvement contre le régime capi-
taliste. Et telle est bien aujourd'hui la li-
gne politique générale du "phénomène" qui a.
éclaté il y a un mois. Ceux qui r.e seraient pâ.s
convaincus de cette ligne s'exposeraient à tra-
vailler contre leurs propres privîièqes. La
nouveautés pour ceux qui mènent, ce combat - de
quelque milieu qu'ils proviennent - est que
l'idée de destruction du régime capitaliste est
devenue une nécessité interne : non pas un com-
bat de mots, mais l'idée vécue de La révolution,
II est important le dire» dès aujourd'hui,
que l'issue de cette grève - quelle que soit
son importance - zï'aura «qu'une influence se-
condaire sur le développement du Mouvement»
En effet, les perspectives révolutionnaires
qid se sont révélées dans l'action et l'or-
ganisation nées de l'action, ne pourront
être mises en cause»
les briseurs de grève
"Briser la grève à tout prix et par
n'importe quel moyen* tel est/le mot d'ordre
unique sur lequel, toutes les forces contre-
révolutionnaires B« sont unies après le der-
nier discours de. de Gaulle»
Nul ne saurait s'étonner que tous les
organes bourgeois tels que le Figaro» France-
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>oi.r et autres journaux factionnaires aient
participé à "l'opération intoxication"* Feu s&-
•or.t surpris que les stations de radio périphé-
"iques, propriétés de grands capitalistes, se
-;.v>ent allègrement jointes ?u "matraquage" anti-
jrève*
Dès le vendredi 31 mai, un certain nombre
ie petites et moyennes entreprises ont effecti-
•renvent repris le travail, ce qui donna quelqu«
consistance à la campagna d'intoxication qui
cherchait à faire croire que mardi la tendance
; la reprise serait générale»
Samedi et dimanche le propagande se déchaî-
na et l'on put craindre, è voir le flottement
-fui s'installa dans les couches en lutte, que
L'entreprise de démobilisation s'imposerait.
Cependant, à mesure que le "week-end" s'a-
,'ançaitf des nouvelles d'abord partielles, puis
-lus générales annonçaient u» durcissement cer-
tain dans des secteurs Importants de l'économie.
• t ce ffi?ïr<ïi, qui devait être 3,e jour du retour
i l'ordve bourgeois, la -grande repris*;, n'êta;'.t
>lus qu'une journée d''attente supplémentaire.
Attention aux fausses nouvelleu.
On va essayer d'isoler les usines, de con-
vaincre iss ouvriers en grève qu'ils sont les
'«rnierr. à poursuivre leur action.
C'est que le gouvernement( dans s* pers-
''Active électorale, est prêt à employer tous les
noyens pour faire cesser la grève»
fia ripe PiPftfniK
gp-és UCd CÎCîl»tiU!i«j!
élections ~ Trahison ?
c'est par un slogan eue^ spontanément, s'est
manifestée la première forme de résistance aux
élections Imposées par le général de Gaulle.
quête pacifique du pouvoir» opposent le fait
révoiut i onnai re »
^
Si nous refusons les élections ce n'est
évidemment pas parce que le P.C.F., par exem-
ple, prête main-forte à la manoeuvre gouver-
nementale* Ce n'est pas non plus parce que
nous refusons» de toute façon» les résultats
de ces élections t aoias nous en moquons» Pour
nous elles ne sigaifiat rien. Il ne s'agit
même pas de ] es boycotter par bulletins blancs
eu nuls, c'est-à-dire d'entrer dans le jeu
parlementaire. C'est la démocratie parlemen-
taire, elle-même» «m« nous refusons» dénon-
cée depuis plus d*vm siècle. Le suffrage uni-
versel ast la plus belle arme de la bourgeoi-
sie, celle-ci ayant entre les mains tous les
moyens <i* informations et de pression économi-
que i continuer à respecter cette légalité là,
s*est se prêter à toutes les manoeuvres.
C'est se refuser à penser la révolution, à la
| faire. La démocratie que nous voulons, c'est.
î la démocratie prolétarienne.
yi er Jl eg_
Dénoncer les élections» les refuser,
«8est le premier pas*
LE SECOND PAS, ET C'EST UNE IDEE ENCORE
DIFFUSE DANS LE MOUVEMENT, MAIS QUI A ETE
DSJA EXPRIMEE, C'EST LE SABOTAGE DES ELEC-
TIONS.
Le Mouvement ayant rendu impossible le re-
le gouvernement, pour briser la grève,.
••• eu recours a cette vielle duperie des élec-
:ions, comptant que le Parti Communiste fran-
ais tomberait, une fois de plus» dans le piège
•u parlementarisme. Cela a*a pas manqué. Les ma-
noeuvres électorales battent leur plein s au ni-
•*-"4U des "états majors" ces élections sont deve-
oies la préoccupation essentielle. C'est ainsi
;ue l'on compte isoler étudiants et travailleurs
''ni, à la voie réformiste et au mythe de Ta con~
Ce v,ui est important, c'est de poser
Iles principes de ce sabotage.
Pourquoi 3A.BOTBE ?
Parce que ces élections ne feront que
! perpétuer, à quelques nuances près» le sys-
i terne capitaliste* II faut que les choses
Isolent claires ? la Mouvement ne peut exister
3{u*en se liant de plus en plus à la classe
ouvrière avec comme objectif la destruction
des structures actuelles* C'est dans cette
mesure que le sabotage -les élections n'est
pas un geste gratuit*
Ce qu'il Faut, c'est que ces élections
ne se déroulent pas dans l'habituelle atmos-
phère de kermesse à laquelle nous sommes ha-
bitués» Notre contestation, sa violence, son
>leuT| suivent être visibles : et ie s
Bfit -at ceux qui l'aident se démasqueront
•l'être obligés de faire voter sous la protec-
cîon es la police» des C«E«S»
LA CREVE
BELL:",? (près Chambéry)
P.--"- l'intermédiaire des étudiant* at pro-
frayeurs» les paysans ravitaillent les gré-
i vis tes.
LOEIKMT
Les marins ptchettr* ravitaillent les gré-
vistes.
LOUVÏERS
LES TRACTS (Extraits)
FOW: 3K1 BBVOLUTIOH CULTU-
SSLLEa (41 points)
Point 4 - que t0u.te personne se laisse en
ter p?r scm enthousiasme, sait;:
senti? c$up?.blet pour' réappr ;
le se.-,0 ô<3
Point 7 » Toute .personne qui prend peur
1 '"Aventure", doit savoir ou1,
n*a pear que du changement.
Nous vivons une période eriti*
•fuiceisqtte *»e le saisit pas ne ;
rJ,en oeMpreadre du monde.
Point. 11
Point 18 - La ration de conflit de gêner
tion doit disparaître du monét
elle a* est «ju'un maq\îi liage de
la lutte f>oar le pouvoir.
«MCUU SOMMES EH
Soyons radicaux et si le dialogue est *"
soyon? révolutierniaires, c'est-à-dii
le dialegme y^r d'autres
La Mairie à la disposition ?i?s grévistes*
NAMTSS - SAINT-MAZAÏRE
l.as syndicats contrôlent les échanges coi-i~
Circulation de bons ds Achats.» Ravitaille^
I ment organisé par les rassîtes 'le grève»
REMUES
ï Création d'un "conseil économique", sorte
I de marché parallèle foadt sur nn accord sy»~
a -^cai entre paysans et travailleurs. Vente
I au »„,. Tx de gros aux grévistes*
l,e leader paysan LAMBERT déclare ï "Ce qiae
; nous voulons c« n*est pas «battre le régime
gattlliste, mais le régime capitaliste".
f BREST — C.S.F*
Les grévistes fournissent du matériel élec-
trique (transistors^ taDcie-wmlkies» etc...)
; po,':'•/ les grévistes.
L'hostilité asseï générale manif---
eavers lac ar.iitam:» des comités d'Actions et
le Mouvaïiene en général par les membres r;v*.
parti communiste^ t. pris depuis trois joui.-
(.',*! toa isouveaa. Dfimu partf une grande partie
âas militants de base, en particulier dans
les usines» manifeste MBSÏ certaine curiosité,»
veut s'i.iifOïTâr-r et discater avec nous. D'au-
tre part, d^nj les fiefs â« parti commune^ te,
et très gfaéralf;neis.t A l'instigation des per-
œanents du parti» fui 1*organisent» les d:: P-
fusetïrs «le ''"racts ont été agressés» foatt';;,.,:, et
les trasts déchirés»
Des membres é* m^B.C*, oui diffu*»'.
leurs tracts et ceux ou P.C. ea toute lie
à Sens 1er,, estiment cas cela est "normal"
L'un d'eux, plu* btte ©m plus lucide que ea
autres, ou les «ie'ê»- à la fois nous a expV
sue quand le rapport de force serait ea \
favear, le f^^_J^SSÉâS^à^lS^SSS&è£
(sic).
si LA ne
1 - C'est l'absence de direction constituée «rai attira Is. isajatsre partie âes manifest .• » :
étudiants et awn*iî»!«"«i J^squ^au 13 mai» L-su;? souci constant le «'être "récupé-
rés" par aucune direction extérieurs m'a pas d?autre signification que celle
de prendre persesœ^llen^Hit eu Dain leur sert.
| 2 - C'est la présence ;;@ directions nationales constituées qui fit s'abattre pen-
( dant quelques hsartîs» le 13 raaij une idsmeaise déception, swr le mouvement.
I
I
3 - Ce qui est vrai au niveau tîes for-ces nationales l'est tout autant au niveau des
directions précoastituées dans le Quartier latin. Toutes les tentatives de ré-
cupération par les groupuscules, ou leurs militants, furent sévèrement contrées
malgré que la plus la^g-.; démocratie ait permis à tous de s'exprimer et de con-
vaincre la masse»
4 - C'est précisément la liberté d'expression qui .fut la caractéristique principale
du mouvement fta milieu étudiant et aussi qui sxerça la plxts forte attirance sur
le milieu ouvrier jeune et plus âgé, ».Srse si sa surprise fut gra&de. Cette li-
berté imposée par la. niasse à ceux qui tentaient de la confisquer à leur profit
est le signe évident d'un niveau de conseils se extraordinairessœnt élevé» même
s'il comporte des aspects Momentanément gênants» La hantise du risque bureaucra-
tique entrain* parfois le rejet de, toute organisation porrt'int nécessaire.
5 - C'est le refus catégorique et persistant de déléguer quelque pouvoir que ce soit j
à qui que ce soit qui explique le succès des assemblées g-tfiérales en milieu étu-
diant, les difficultés d'organisation éprouvées ps.r les organisateurs profession-
nels qui, dès lors» n'ont plus à organise? que le vide, attendu que les organisa-
blés ne veulent pas l'être par d'autres qu'eux-mêmes, c'est-à-dire par leur pra-
tique, par le mouvement lui-nême.
I
6 - C'est le même refus qui explique 1*extraordinaire réticence des présents de toute
assemblée à sis^loseat tolérer un présidant de séarce ren^u cependant nécessaire
par la différcaire réelle des niveaux «.le conscience. C'est à la mêrae cause que l'on I
doit le refus des votes,
I
7 - Mais il est à noter que partout où une Majorité d'ouvriers travaille avec une mino-j
rite d'étudiants, les problèmes d'organisation se résolvent dseux-mêmes sans qu'au- ;
cune bureaucratie me s'installe.
8 - Dans un premier tasps le refus de s'organiser de façon bureiraewttique se
en refus de toute organisation. Dès qu'il y a pratique le problème ne se pose plus
l'organisation se fait dans et par le mouvement lui-même dent elle n'est qu'un de?
aspects. Le mouvraient n'a nul besoin de dirigeants ou de guides professionnels ; il
se dirige lui-même, dans la seule direction possible» car la réalité ne lui permet
pas de choix entre plusieurs voies.
9 - L'information brute est la denrée la plus demandée dans le mouvement parce que
chacun des membres veut être en mesure de s« déterminer par lui-mâne, en toute
connaissance de ea«se«
swite page 5
page 5
LE MOUVEMENT
suite de la page 4
10 - La coordination est la deuxième demande insatisfaite. Cette demande qui recoupe
la précédente témoigne d'un souci généralisé d'snti-bureaueratlsme cherchant une
solution au problème de l'efficacité.
11 - Le désir est maintes fois manifesté que le mouvement, est et doit continuer dfêtre
la meilleure approche possible de la société socialiste à construire. Toute ten-
tative qui na tiendrait pas compte de ce souhait serait un échec car en aboutis-
sant à la séparation, il ne pourrait que reproduire en son sein des catégories sé-
parées, préfigurations de classes sociales futures. Il est certain que cela ne se-
rait pas admis par la majorité»
SPECIAL UNIVERSITE
COMMUNIQUE
L'autonomie de l'instruction publique est an acte poli-
tique de sécession à l'égard d'un pouvoir qui a définitive-
ment failli à sa tâche quant A la défense des intérêts réels
de la collectivité en matière d'éducation.
Le mouvement des travailleurs, --tudiants, enseignants
et lycéens «eus la, forme de Conseils et Comités est désormais
seul compétent et responsable pour tout ce qui concerne I ' Ins-
t ruet i on Pub1i que «
Tout» restructuration de l'Instruction Publique qui n'é-
manerait pas de ce mouvement est exclue. Dans ces conditions,
toute négociation est inutile»
C'est pourquoi le mouvement des travailleurs, étudiants,
enseignants, lycéens se réunira, er» Conseil Préparatoire de
l'Instruction Publique les 15 et 16 juin» dans la région pa-
risienne* L« travail préparatoire sera Fait dans ïe cadre
des Conseils et Comités locaux.
CONSEILS ET COMITES TRAVAILLEUfiS» ETUDIANTS, ENSEIGNANTS, LYCEENS.
Le 3 Juin 1968.
LE
paj/e 6
NON A LA CÛLLAlOiATîÔN
D'après la presse monsieur MITTERAKD entretient de nom-
brevx contacts avec les étudiants»
Dans le cadre de dénoncer cette manoeuvre de récupéra-
tion électorale, nous avons eu l'occasion de nous rendre
compte à quel point monsieur MITTERANU n'était pas au cou-
rant de l'opinion réelle du Mouvement, à son égard»
De fait» il est apparu que monsieur MITTERAM) se sent
isolé» et qu'il ne sait absolument pas où le Mowv«n«nt veut
en venir, et s'il a oui ou non décidé de prendre position
en ce qui concerne justement la campagne électorale.
L'Ignora«ce de monsieur KITTERAKD n'a de toute façon
aucune espèce d'importance. Ce qui est important c'est la
manoeuvre en e!le~ffi?met la prétention de monsieur MITTEHAND
à s'affilier des membres du Mouvement:,
À cette occasion nous tenons à affirmer ï
1 - que nous nous refusons formellement à entrer dans
le jeu électoral et apporter notre caution à un
quelconque parti ou organisation politique.
2 - que rjous annonçons c-aute manoeuvre tendant à faire
croire que le Mouvement est lié d'une Façon ou
d'une autre* à monsieur KITTERAND ou à un quelconque
politicien.
3 - que tout m'ambre du Mouvement qui» à n'importe quel
titre, entretiendrait des relations avec des hommes
politiques serait par le fait mente exclu du Mouve-
ment»
C'est ainsi un double avis que nous adressons t
a) aux hommes poli tiquest
b) aux membres du Mouvement ayant envie de jouer un
jeu personnel et de se servir eux aussi du Mouve-
ment.
prix du numéro t 0,30
CBRTRE CENS1ER LIBRE
13» rue de Santeuil
75 - Paris 5ème
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Le Mouvement no.3
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