Camarades travailleurs, etudiants

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CAMARADES TRAVAILLEURS, ETUDIANTS,
Une première phase de la Révolution commencée en mai vient de se terminer. Une nouvelle
phase commence.
En mai et jusqu'à la reprise partielle du travail cette semaine, des millions d'ouvriers,
d'étudiants, d'intellectuels, de travailleurs du pays se sont mis en marche pour un
changement radical de leur condition dans la société "néo-capitaliste", pour un chan-
gement raidcal de cette société.
C'est là le propre d'une véritable situation révolutionnaire. L'existence d'un authen-
tique Parti Révolutionnaire de masse aurait suffi pour que cette situation exception-
nelle évolue rapidement vers l'instauration du pouvoir des travailleurs dans le pays.
Quand dix millions de travailleurs se mettent en grève, occupent les usines, les entre-
prises, les locaux des différents services publics, quand plusieurs centaines de milliers
d'étudiants, de professeurs, de fonctionnaires, de travailleurs de l'information, de la
presse, du théâtre, ... se décident à gérer eux-mêmes les écoles, les Universités, les
services qui les emploient, quand de vastes couches de paysans se joignent au mouvement
national de "contestation" révolutionnaire de l'ordre existant, c'est la majorité absolue
de la population qui participe à ce mouvement.
Dès lors tout devient possible, tout est possible !
C'est le rôle misérable des directions traditionnelles, politiques et syndicales, se ré-
clamant de la classe ouvrière, qui a consciemment empêché la situation révolutionnaire
immédiate de se transformer en Révolution sociale victorieuse. C'est avant tout le rôle
misérable de la direction du P.C. et de la C.G.T. qui a empêché que se crée dès le début
le Front-Uni révolutionnaire des étudiants et des ouvriers en vue de lutter ensemble pour
des revendications liant l'amélioration du niveau de vie à la transformation radicale du
genre de vie, conformément à l'aspiration profonde des masses travailleuses du pays. Ce
sont ces directions qui ont empêché que les ouvriers imitent l'exemple des étudiants et
transforment dès le début l'occupation passive des entreprises et des services publics,
en gestion active de ceux-ci par les travailleurs.
Ce sont ces directions qui ont tout fait dans la propagande, la tactique, l'organisation
pour maintenir la lutte révolutionnaire dans le cadre strict des revendications maté-
rielles immédiates, la fragmenter et la liquider secteur par secteur. Et ceci, disent-
elles, avec un cynisme jamais égalé, afin que "les élections" se déroulent dans "l'ordre
et la tranquillité" !
Or, ces néo-réformistes vulgaires savent bien que transférer l'épreuve de force avec la
bourgeoisie, du terrain de la lutte révolutionnaire des masses occupant par millions les
usines, les entreprises, les services publics, à celui des "élections", c'est déjà donner
gratuitement un avantage inestimable à la bourgeoisie.
Il a suffi que De Gaulle s'érige en chef de la contre-révolution coalisée, et se livre à
des menaces verbales, pour que ces directions pusillanimes s'engagent dans la voie de la
capitulation. . Chose même plus grave et significative : tandis que De Gaulle,ragaillardi
par son premier succès inespéré, fait ouvertement appel à l'organisation de la terreur
blanche, dispute la rue aux masses, mobilise et stimule ses troupes de choc - embryons
d'un mouvement carrément fasciste de demain - et prépare fiévreusement dans l'ombre
la dictature ouverte de la bourgeoisie, ces directions misent exclusivement sur la
conquête de la "Démocratie" (sic l) par les élections.
Si les masses les suivaient dans cette voie, la défaite serait certaine, comme au
Brésil en 1964, comme en Grèce en 1967, comme dans toutes les situations historiques
analogues. Mais les masses ne sont nullement battues, malgré la capitulation de leurs
directions traditionnelles.
Les concessions arrachées à la bourgeoisie, aussi insuffisantes qu'elles soient,
parce qu'elles laissent intact le régime capitaliste, sont la preuve de la puissance
du mouvement des masses et la retraite précipitée à laquelle fut acculée la bourgeoisie
Maintenant une nouvelle phase commence, La bourgeoisie, aidée activement par le capi-
talisme mondial, s'efforcera de regagner le terrain perdu, et surtout d'éviter d'être
surprise une nouvelle fois comme en mai.
Dans le cas où elle ne pourrait régner sous la couverture d'un régime parlementaire
- on gagnant confortablement les élections - elle n'hésitera pas à recourir sous une
forme ou une autre, à la dictature ouverte.
Le pays s'installe dans une crise révolutionnaire longue, qui ne se dénouera en défini-
tive que par la victoire de la Révolution ou de la Contre-Révolution. C'est en partant
de cette perspective, qu'il est nécessaire de maintenir et étendre le réseau des
Comités d'Actions et de Défense Révolutionnaire ; de maintenir la propagande pour la
Convocation d'une Assemblée Constituante Démocratique et Révolutionnaire, appuyée sur
ces Comités ; de regrouper toutes les forces révolutionnaires du pays dans un organisme
dirigeant provisoire unique ; d'oeuvrer inlassablement à la création d'une organisation
révolutionnaire de masse dont dépend maintenant l'évolution victorieuse de la situation
révolutionnaire ouverte dans le pays.
Le temps n'est plus à l'action individuelle, ou
naires agissant séparément les uns des autres.
à celle des petits groupes révolution-
Le temps est à l'organisation, minutieuse, sérieuse, à tous les points de vue de la
phase suivante, et au. regroupement des révolutionnaires dans un seul cadre, aussi
démocratique que possible dans la discussion et l'élaboration, aussi ferme et cohérent
que possible dans l'action !
Les militants révolutionnaires du PC et de la C.G.T. auront un rôle décisif à jouer
dans la formation de ce cadre organisationnel qui détiendrait désormais les clés de
l'évolution de la Révolution commencée.
La Tendance Marxiste-Révolutionnaire
de la IV° Internationale
6.6.1968.
Edition de "Sous le Drapeau du Socialisme'' : 1O, Cité Leisnier - 92 CLAMART.
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