Aujourd'hui: Vers un gauchiste de masse?

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La France'a coonu une période révolutionnaire, pas la révolution. De ce
fait, II y a reflux dans la mesure où une crève générale illimitée ne peut être
une fin en coi. Pendant 'quelques jours, elle a posé la question du pouvoir. Il
Deux événements historiques ont déjà ml;: lu dlre«tion du PCP1 dans cette
nécessité que Moscou et sa conscience réformiste lui imposaient. En 193^ et en
19^5^ le PCFjS'iï n'a pas (non plus) initié le mouvement des masses,, a néanmoins
PU le contrôler en toute Quiétude, II possédait de nombreux cadres jeunes, mili-
tants conbattifs de base, ayant foi en Maurice ol; priant pour Joseph. Ils furent
la garantie du Parti dans son travail de frein, *
Aujourd'hui, c'est en dehors du PCP que le mouvement s'est lano-o. Tout
s'est passé en dehors de lui. Son intégration à la société capitaliste l'a fos-
silisé, vieilli et renforce considérablement son penchant "naturel?? à freiner,
casser, trahir les luttes révolutionnaires.
Si les contradictions qu'une telle attitude implique ne sont visibles en
période calme qu'à quelques disaines de "gauchistes" (Dieu soit loué, d'1 origine
bourgeoise), en période révolutionnaire, ces "gauchistes11 se comptent par plusiou:
dizaines de milliers. La nécessité de conserver une audience de masse, tout en
Cardant la même politique exige une contre-attaque ferme. On comprend' alors que
l'Humanité soit noircie d'articles contre les gauchistes alors que pas un seul
article n'est consacré aux dangers capitulards.
Mais il ne suffit pas d'injurier-et ds calomnier ceux que le Parti appel-
le les gauchistes pour expliquer comment 11 se fait que le mouvement a été im-
pulsé par eux et a -démarré hors des cadres traditionnels de la classe ouvrière.
Mais 11 ne suffit pas d'injurier et de calomnier ceux que le Parti appelle les
gauchistes pour justifier une politique qui a systématiquement tendu à faire
rentrer le mouvement dans son lit, à désamorcer sa oombattivlté et à. faire en
sorte qu'il revienne sur le terrain privilégié de la social-démocratie : la
lutte parlementaire de la légalité bourgeoise. Mais il ne suffit pas d'injurier
et de calomnier ceux que le Parti appelle les gauchistes pour- nier l'influence
et l'écho que ceux-ci ont acquis aussi bien chez les étudiants que dans certaines
fractions de la classe ouvrière.
Ce que nous étions en droit, d'attendre, c'était une analyse des rapports
réels existant entre le mouvement et les groupuscules, les pourquoi et les com-
ment de leur intervention, sur la base d'une: analyse de classe et des rapports
complexes existant entre un mouvement de masse et l'organisation censée le diri-
ger. Mais non pas ce "pavé" fielleux (on a le pavé qu'on peut) paru à la une
de l'Humanité du 6 juin, et Intitulé - par ironie sans doute, à un moment où
les CR3 reprennent par la force les usines - "Vigilance".
Mais tout cela, l'Humanité ne peut l'expliquer, et peur cause. Le rôle
rempli par "les gauchistes1' a été, dans certaines limitas, celui qu'une; direction
autlientiquenient révolutionnaire aurait du jouer : provoir le mouvement (et ce
n'est pas une question do date), l'organiser, le diriger. Or il est évident que
non seulement le Parti et la'CGT ne l'ont pas fait., nais qu'en plus, ils n'ont
cessé,, une fois le train ^attra'oé, d'essayer de le freiner et de le faire rentrer
en Gare. Expliquer alors le rôle des "Gauchistes" c'était avouer sa propre faillite,
c'était reconnaître que la ligne élaborée par le PGP s'était révélée fausse.
Dans ces conditions il ne reste ni1..."; qu'une chose: les attaquer dans un
journal avant de les attaquer dans la rue, ressortir le vieil arsenal que sous la
pression des masses et l'ampleur du nouvement on avaiô du remettre au clou. On
nous expliquera demain que si la victoire de la Gauche aux élections n'a pas
la dimension que l'en aurait pli espérer à l'issue d'une grève suivie par dix'
millions de travailleurs -et tout laisse à prévoir qu'il en sera ainsi- c'est la
faute aux gauchistes: ils ont. divisé le mouvement ouvrier et son organisation
de classe faisant ainsi le jeu .V. pouvoir. 2n vérité ceux qui font ce jeu ne
sont que ceux qui n'ont prs su présenter des-objectifs politiques concrets (et les
mo3rens.de les atteindre) î' un mouvement de masse d'une "ampleur inégalée".
Voila.ppurquoi il y a eu reflux.
la résignation dans des illusions électorales ou dans "la satisfaction des reven-
dications" de type; économique.
La prise de conscience révolutionnaire, l'expérience des luttes qui se
soïiu produites ces dernières semaines resteront. Le rôle des directions syndicales
et politiques., la nécessité de s'organiser depuis l'installation de comités de
grève jusqu'à, dans certains cas, la mise en-marche des usines sous le contrôle
des travailleurs de l'entreprise sont des acquits d'importance capitale. .
Reflux ? Plutôt maturation dans le recul dont se ressentiront les luttes
qui viennent. lrn un mois, vingt années de piétinnenients, de bloquagc, de tripa-
touillages électoraux ont été dépassés. Le capitalisme sent le sol se dérober ;p
sous lui, mais les travailleurs qui ont été le-fer de lance de la lutte voient
la confiance grandir eu leurs propres forées.
Nombreux sont ceux qui l'on compris et qui le comprendront: la révolution
mondiale frappe maintenant à la porte des pays capitalistes développés.
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Aujourd'hui: Vers un gauchiste de masse?
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no.7
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no.7