Projet d'appel pour un mouvement revolutionnaire

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PROJET D'APPEL POUR UN MOUVEMENT REVOLUTIONNAIRE
Surgi dans un ciel apparemment serein? le mouvement ce contestation
lancé par les étudiants en révolte, rejetant le.régime "bourgeois de sélec-
tion, de hiérarchisation, de division entre travailleurs intellectuels
et manuels, a été rejoint par la grève massive avec occupations de
10 000 000 de travailleurs.
La prise en mains des universités par les étudiants, des lycées par
les professeurs et les lycéens, l'occupation des lieux de travail par les
ouvriers, les manifestations des paysans, ont posé la question du régime.
Une situation révolutionnaire s'est créée où, comme le disait Lénine s
"En bas on ne veut plus vivre comme, avant, en haut on ne peut plus diriger
comme avant."
Les masses en lutte par l'importance de leurs revendications ont
posé la question du pouvoir. Elles exigent la CHUTE du régime- gaulliste,
et de fa.çon plus générale la FIN du régime capitaliste.
C'est par rapport à cette question que s'est effectuée le principal
clivage politique.
D'une part, CEUX QUI REFUSAIENT TOUTE SOLUTION DE REPLATRAGE DU
SYSTEME, d'autre part, CEUX QUI, tout en manifestant leur hostilité à
l'égard du pouvoir gaulliste, ESPERAIENT toujours en quelque solution dans
le cadre.de la "DEMOCRATIE BOTJRÇEOISE". C'est ce qu'a compris De Gaulle
qui,-, dans son discours du 30 mai, a brandi la. menace de In guerre civile
et tendu la perche des élections. - Elections truquées excluant les jeunes
et les travailleurs immigrés de la scène politique et dévoyant le mouve-
ment des masses.
La direction du P.C.P. en refusant d'ouvrir la. lutte pour le socia-
lisme, en s'enfermant dans le dilemme "démocratie" bourgeoise ou gaullis-
me a en fait accepté le maintien de De Gaulle....
Cette capitulation politique a désorienté, démobilisé et affaibli la
grève générale. Pendant quelques jours"de mai le pouvoir a. paru être à
portée de main des travailleurs, Le discours d'un vieillard a-t-il suffi
à redonner l'initiative à la bourgeoisie ?
En fait, c'est L'ABSENCE DE MOTS D'ORDRE DE LUTTE PRECIS, GENERALISES,
correspondant aux possibilités du formidable mouvement QUI A CONDUIT A
CET ECHEC.
COMMENT ON PERD UNE GREVE...
Les directions des confédérations syndicales se sont comportées
comme des ai"bitres constatant le déclenchement des grèves, transmettant
aux ouvriers les propositions de la partie adverse et criant très fort
dès qu'un "gauchiste" ou un étudiant prétendait refuser la règle du jeu
capitaliste.
Jamais les confédérations syndicales n'ont pris la tête du combat.
Au contraire, elles ont abandonné pratiquement la grève à son propre sort
Ca.r une GREVE DE CETTE AMPLEUR S'ORGANISE ; même s'il s'agit seulement
de faire triompher des revendications immédiates,
*»•/»»•
2/
Il fallait ;
- ASSURER contre les C.R.S. LA DEPENSE DES ENTREPRISES les plus vulné-
rables par une coordination dans les l'obalités.
- PRENDRE EN MAINS le nettoiement, les transports en commun, comme
cela a e'cé"fait à l'E.D.P.
Les entreprises nécessaires d-cvaient être remises en route sous
-^-a E.CS ~y:,2.n_ âiïlS^J ?. ^es travailleurs ; Industries alimentaires, ban-
ques, etç..i Les locataires devaient prendre en mains la gestion des
immeubles.
Les Comités de Grève devaient s!<gn.tondro ^VQC ~^es Paysans, lès-
s • commerçants et employés de commerce en grève, les comités'de
grève des services collectifs,pour créer-leur propre monnaie.
Ainsi la grève pouvait tenir, ainsi le capital ne pouvait affoler- -
la petite bourgeoisie en criant au chaos-et à la. misère. Pour cela,
les comités de - grève-devaient être démocratiquement constitués et élus.
Les représentants des 3 millions et demi de syndiqués ne pouvaient
parler seuls au nom de 10 millions dd grévistes.
DE GREVE DEVAIENT SE FEDERER LOCALEMENT, REGIONALEMENT,
LïATI ORALEMENT JUSQU'A FORMER UN COMITE CENTRAL DE GREVE.
:
Non seulement cette organisation de la grève garantissait sa
victoire mais elle permettait ' a.ux travailleurs de commencer à cons-
truire leur pouvoir. La lutte pour le socialisme s'ouvrait. Nous pou-
vions constituer un GOUVERNEMENT DES "THAVAILLEURS
EXPROPRIÉE'LES TRUSTS ET LES BANQUES, sans indemnité ni rachat,
instituer L'AUTOGESTION DES ENTREPRISES par les travailleurs, y
compris les ingénieurs•et techniciens, dans le cadre d'un PLAN
DECIDE PAR. LES'TRAVAILLEURS. •
Les dirigeants de la*C.G..f., c'est-à-dire en fait la direction du
Parti Communiste Français, refusent précisément cette issue. QU'ELLE
SE TROMPE OU QU'ELLE NOUS TROMPE, PEU IMPORTE, ELLE A TORT. L'échec
du Front Populaire en 1938 du tripartisme en 194'/> montre bien qu'il
n'y a aucune voie parlementaire vers le socialisme.
Aujourd'hui, Daladier s ' appelle Mitterand, ou peut-être Mc-ndès-
Francer
Au pouvoir, il tromperait le prolétariat, le temps d'arriver à
rétablir l'équilibre social et économique du capitalisme. Cette poli-
tique a fait ses preuves dans toute 1 ' Europe ' avec Vil-son- -en -Angleterre,
Nenni en Italie- Willy Brandt en Allemagne.
La démonstration est faite maintenant de façon éclatante, la
politique des dirigeants du.Parti Communiqte Français n'est pas révo-
lutionnaire., mais en fait réformiste.
Du socialisas, on parle le dimandhe, mais en semaine la politi-
que est légaliste, électoraliste.
3/
Certains secteur
mobile, les chimiques
isoler par des accords
soucieux que les éla t
unes après les autres.,
C.R.S. et aux quelques
résistance, dont les é
cacité. est b ^ T> t j r> o e "
s'opposer aux forces d
tiennent effectivement
n PUS s ommc 3 _d os • p7-lov_.TO
t eurs 5 c ' G s t-à-d ir3 d e
d'avant-garde comme la métallurgie, l'auto-
n'ont rien obtenu. Le gouvernement veut les
avec les autres corporations. Les syndicats,
Ions se tiennent, font rentrer les usines les
sans s'opposer pratiquement, a.ux assauts des
de grève. Toute tentative de
tré la possibilité et l'effi-
refu.ser le chantage gaullistej
3 ion
vouloir cu^
grévistes ob~
3''est être provocateurs, alors
r;lnos de milliers de provocà-
Aujourd'hui nous appelons les travailleurs ayant obtenu gain
de cause à des û^o^rjr^a^ej;^jl_o_2^heures pour la satisfaction des
revendications dos autres entreprises.
Nous soutenons les Coiiijtés d'Action qui organisent dans leur
secteur la SOLIDARITE MATERIELLE AVEC LES GREVISTES, ET PROPOSONS DE
LE FAIRE AVEC L'AIDE DES COOPERATIVES PAYSANNES ET DES PROLETARIATS
EUROPEENS.
Mais une grande partie du prolétariat sait déjà que les aug-
mentations de salaires a,rrachées seront effacées par l'inflation, la
dévaluation,, faute d'avoir obtenu L ' ECHELLE MOBILE DES SALAIRES.
Qu'allons-nous faire contre cette politique du grand capital ? Pro-
tester ? Voter ?
La, protestation n'empoche rien,
II faut dans les quartiers avec tous les travailleurs., les mé-
nagères, organisés dans
- le c ont r Si e^ djg s^ jp :•
- l'organisation de c ir c u i
coopérative
comités d'action, lutter pour ;
__ c ons omma t eur s ,
:lr_ect_s avec les petits commer-
çants et les coopératives paysannes
Dans les usines il est indispensable QUE LES PATRONS OUVRENT
; nous devons contrôler
LEURS LIVRES , pas de secret prof
les prix à la production,
Nous sommes prêta ,! Qao proposa la direction du P.C. F.
tions .
des élec-
Des élections dans le cadre dix régime présidentiel, de façon
plus éclatante encore que dans la prétendue démocratie bourgeoise,
^jLâ§jLJig-j2JloijL-gILtre_. .d -ux..j)olj tiques du gr_an_d__ capital î • Be Gaulle
ou Mitterand.
Hais toutes les deux maintiendront totalement le système capi-
taliste, c'est-à-dire le profit., la concentration économique, le
chômage, les C.R.S,, l'armée bourgeoise. Ce système capitaliste ne
peut même plus aujourd'hui supporter la démocratie bourgeoise tra-
ditionnelle, niais transforme en fa.it tout vote en plébiscite,
Nous avons tout juste. le choix entre la peste et le choléra.
Cela n'a rien d'exaltant, cela ne permet pas de mobiliser., comme
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la grève l'a fait, la grande majorité de la population s ouvriers, em-
ployés, paysans pauvres et moyens, techniciens, enseignants, scientifi-
ques, étudiants.
Ceux-ci avaient entamé la construction d'un ordre nouveau ; le
SOCIALISME.
Accepter maintenant de revenir aux structures "bourgeoises, aux plé-
biscites "bourgeois, c.'est les décevoir, c'est faire voter une partie non
négligeable d'entre eux pour De Gaulle. Mais si certains croient qu'il y
a là une issue, nous devons faire en sorte qu'ils puissent s'exprimer
comme tous les courants politiques ouvriers, socialistes. Avec les
Comités d'Action, avec les militants, ORGANISONS LA DEFENSE DES COLLEURS
D'AFFICHES, DES DISTRIBUTEURS DE TRACTS, que vont attaquer, soyons-en
sûrs, les policiers, fascistes et nervis des prétendus comités d'action
civique. Proposons que se tiennent partout de vastes assemblées populaires
où sera élaboré le programme du socialisme et de la. clae.se ouvrière.
Certains prétendent parvenir au socialisme parla voie parlementaire. Ils
devront dire s'ils acceptent le programme de leurs électeurs possibles
ou s'ils proposent seulement que nous leur fassions confiance encore une
fois, après tant d'autres | c'est-à-dire en fait que nous fassions con-
fiance au système capitaliste pour se réformer lui-même.
Nous pensons que les Comités d'Action, les syndicats, sont ou doi-
vent être les organisations de masse où se rassemblent tous ceux qui
contestent le régime dans son fond ou dans ses conséquences immédiates.
Par leur nature, ils peuvent difficilement sortir des actions immédiates.
Ils sont les organismes essentiels de la démocratie ouvrière et socialis-
te qui décident et agissent. Ils devraient s'inscrire dans une démarche
révolutionnaire.
Tenter de leur faire élaborer un programme global et à long terme
serait briser un moyen d'action indispensable. A cette action commune,
nous participons. Tout militant révolutionnaire doit militer dans un
syndicat ouvrier, dans un Comité d'Action.
ET QUE FAIRE APRES-DEMAIN ?
Il est du droit et il est du devoir des révolutionnaires militant
dans des entreprises, des localités, des milieux sociaux divers, de con-
fronter leurs expériences pour en déduire la, ligne politique, les actions,
les mots d'ordre qu'ils vont proposer. Pour cela, les révolutionnaires
doivent tirer les leçons de tous les mouvements révolutionnaires, de ceux
qui ont réussi, de ceux qui ont échoué.
Ce qui a cruellement marqué en niai 1968, c'est la cohésion des révo-
lutionnaires, c'est leur démarche commune dans la lutte. Ceci ne peut
s'obtenir par des voeux pieux, mais exige une expérience, des discussions
communes. Il faut offrir aux militants ouvriers révolutionnaires et
notammement à ceux adhérant aujourd'hui au P.C.F. et à la C.G.T., un
choix véritable entre la révolution et la pratique réformiste.
Nous devons insister sur l'importance de ces militants, car de leur
décision finale dépendra la réussite de notre tentative. Nous connaissons
la qualité de ces camarades, nombre d'entre nous sont militants de la
C.G.T., certains ont été militants du P.C.F. durant de longues années,
mais nous savons combien est désastreuse la politique des dirigeants
auxquels ils font encore confiance. Nous devons les convaincre par
l'action qu'il y a la possibilité d'une politique révolutionnaire.
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Notre projet est donc de rassembler tous les militants qui croient
une telle organisation révolutionnaire indispensable., Ensemble nous
définirons, à partir des expériences des niasses, le programme à propo-
ser aux nasses et à leurs organisations.
COMMENT CREER UN MOUVEMENT REVOLUTIONNAIRE ?
Il est impossible dans les conditions actuelles de faire surgir
par miracle un tel mouvement, ayant un programme arrêté, des militants
norabreux et aguerris. La dispersion est trop grande, trop de groupes
se réclamant du socialisme et de la révolution existent. Il faut pré-
parer des prochaines étapes, faire en sorte qu'elles n'aboutissent pas
à un échec. Pour cela il faut surmonter 1'émiettement. Aucun des grou-
pes qui existe ne peut rassembler les nouveaux militants révolution-
naires qui apparaissent par milliers, car leurs querelles sont sans
signification pour eux. Leur constitution en cartel, très difficile, ne
rassemblerait pas le diziène de ceux qui peuvent âtre mobilisés.
Et puis, après les ravages du. monolithisme stalinien, la na.sse
des militants n'accepterait pas une organisation où la. démocratie ne
soit garantie par l'existence de courants multiples. Plus que jamais
cette large dérnocra-tie précédant la décision est nécessaire.
Aussi nous appelons tous les militants, toutes les organisations
d'accord avec les bases que nous proposons, à nous rejoindre.
Ensemble nous déterminerons une démarche quotidienne commune dans
la prochaine période de la lutte révolutionnaire.
Ensemble dans les commissions d'entreprise et locales, nous discu-
terons toutes les propositions pour aboutir à' 1'élaboration d'un pro-
gramme c oniaun.
De la pratique à la théorie nous organiserons par ce nouveau
chemin le MOUVEMENT REVOLUTIONNAIRE.
Des conférences locales, régionales, nationales, préciseront peu
à peu dans les prochaines semaines le programme, les structures que la
nouvelle généralion révolutionnaire entend se donner.
Il y aura des sceptiques.
Il y aura des Qppos_ants »
Nous devons faire en sorte do les convaincre, que le maximum
participe avec nous à cette entreprise, qu'ensemble dans les usines,
les bureaux, les magasins, les villages, les quartiers, nous formions
les COMMISSIONS FOUR UN MOUVEMENT REVOLUTIONNAIRE.
Car demain, ensemble, nous devons faire la REVOLUTION SOCIALISTE.
Ce texte est proposé comme base de discussion aux adhérents du
Comité dtlnitiative pour un Mouvement Révolutionnaire. Après discus-
sion dans les commissions de quartiers et d'entreprise, amendements,
contre-projets si nécessaire, il doit être soumis à une assemblée
générale qui est seule habilitée à l'adopter.
Compte-tenu des circonstances, cette assemblée se tiendra à court
délai.
Le 10 Juin 1968.
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Projet d'appel pour un mouvement revolutionnaire
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