CULTUREL

Le mouvement de mai n'a pas seulement contester les structures
de la société capitaliste, il a remis en cause les formes, le contenu
et le sens profond de la culture.

La culture bourgeoise plus que la satisfaction de connaître est
la volonté de paraître. La compréhension étant basée sur l'érudition et
par là même réservée à une minorité. De même la création est réservée
à l'artiste, individu possédant le don, la connaissance, étouffé par les
oeuvres des anciens et encadré par les règles inflexibles de son art.
Le droit de créer est donc, lui aussi, réservé à une minorité.

La culture de masse n'est qu'une vaste entreprise commerciale
destinée à faire des profits et à étouffer toute velléité de résistance
à l'idéologie dominante. Les oeuvres insignifiantes et insipides na
présentent aucun des aspects pédagogiques critiques et créateurs
qui seules peuvent permettre le développement d'une réelle culture
populaire originale. Reconnaître la création comme beso'.n fondamental
de l'homme c'est vouloir libérer les classes populaires de l'aliénation
au plaisir commercialisé. C'est un fervent objectivement révolutionnaire
car vouloir la liberté de l'expression et de la création, c'est battre
en brèche le privilège culturel des classes dominantes et à remettre
en question les autres privilèges. La lutte du personnel et des journalis-
tes de l'O.R.T.F montre bien que la revendication de l'autonomie de
l'information aussi bien que des spectacles et de la diffusion d'oeuvres
correspondant aux besoins profonds des travailleurs ne peut être acceptée
par un gouvernement anti-populaire. Ce régime s'il a su transformer le
secrétariat, Ministère d'Etat chargé des Affaires Culturelles, n'a permis
qu'au Ministre MAL2AUX de faire des discours et de privilégier un petit
nombre d'artistes officiel du régime, tels que PLANCHON, BARRAULT et
WILSON.

Les étudiants, les travailleurs, les artistes ont compris l'impor-
tance de la contestation et de la création. Les éti'"iants des arts
appliqués ont contesté et proposé de nouvelles formes pour leurs écoles
mais ils ont également ocuupé l'école Maternelle, rue Paul Dubois,
laissant les enfants, puis leurs parents dessiner librement sur papier
kraft, animant le square du Temple, créant la fête populaire du Marais.
Ainsi, dans les facultés, les usines, les théâtres occupés, le mouvement
de mai a fait éclater les structures sclérosées de la culture,libérant
l'expression de tous. Jamais nous n'avons tant lu, tant parlé, tant créé.

La création n'est pas seulement dans les temples fatigués, elle
doit être partout et pour tous.

Le mouvement de Mai ne peut se perpétuer que dans l'action,
c'est pourquoi les universités populaires d'été auront pour rôle de
continuer la lutte culturelle.

Tout d'abord, en contestant la culture bourgeoise, en analysant
les expériences tentées pendant ces derniers mois, en cherchant les
chemins pour une culture réellement populaire. Mais il ne s'agira pas
seulement de parler . La liberté d'expression artistique y sera parti-
culièrement encouragée.