Cahiers de mai
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nouvelle rorme a organisation dans les usines
les comités de base
grève "sur place"
au ministère de l'Equipement
POURQUOI
LES X/CAHIERS DE MAI
Malgré ses imperfections, le premier numéro
des « Cahiers de Mai » a été reçu avec intérêt —
partout où il est parvenu. D'emblée, cette publi-
cation a échappé au danger du bulletin confiden-
tiel. On pourrait se targuer de quelques chiffres
de vente atteints avec des moyens de fortune.
Plusieurs milliers d'exemplaires au Quartier La-
tin. Plusieurs centaines d'exemplaires diffusés,
par les travailleurs eux-mêmes, dans une dizaine
d'usines importantes de la région parisienne. Des
paquets emportés, le plus souvent par des cama-
rades bénévoles, vers une quarantaine de villes de
province (et nous apprenons indirectement qu'ils
sont arrivés à destination parce qu'un lecteur nou-
veau nous écrit de là-bas, nous envoie un en-
couragement, un abonnement). De l'étranger
même, où quelque voyageur a montré les «Cahiers
de Mai », des commandes ,de libraire.
des « Cahiers de Mai » a été reçu avec intérêt —
partout où il est parvenu. D'emblée, cette publi-
cation a échappé au danger du bulletin confiden-
tiel. On pourrait se targuer de quelques chiffres
de vente atteints avec des moyens de fortune.
Plusieurs milliers d'exemplaires au Quartier La-
tin. Plusieurs centaines d'exemplaires diffusés,
par les travailleurs eux-mêmes, dans une dizaine
d'usines importantes de la région parisienne. Des
paquets emportés, le plus souvent par des cama-
rades bénévoles, vers une quarantaine de villes de
province (et nous apprenons indirectement qu'ils
sont arrivés à destination parce qu'un lecteur nou-
veau nous écrit de là-bas, nous envoie un en-
couragement, un abonnement). De l'étranger
même, où quelque voyageur a montré les «Cahiers
de Mai », des commandes ,de libraire.
Mais il n'y a pas de quoi pavoiser. Les possibi-
lités de diffusion des « Cahiers de Mai » sont
bien supérieures. De plus, ayant choisi à juste
titre un prix de vente extrêmement bas, nous
sommes le dos au mur. Ou bien les « Cahiers de
Mai » parviennent à être largement diffusés par
la vente militante et par abonnement. Ou bien
ils ne tiennent pas le coup.
lités de diffusion des « Cahiers de Mai » sont
bien supérieures. De plus, ayant choisi à juste
titre un prix de vente extrêmement bas, nous
sommes le dos au mur. Ou bien les « Cahiers de
Mai » parviennent à être largement diffusés par
la vente militante et par abonnement. Ou bien
ils ne tiennent pas le coup.
Nous ne disposons d'aucune trésorerie. Le pre-
mier numéro a été imprimé grâce à une somme
collectée autour de nous. Le second l'est grâce
au produit de la vente du premier — à ce qui
nous en est parvenu, du moins. (Les diffuseurs
qui nous doivent quelle somme que ce soit, et qui
sont en mesure de nous l'envoyer, devrait le faire
sans tarder). Il est donc clair que nous avons
besoin de l'appui immédiat de tous ceux qui esti-
ment que cette publication est utile et intéres-
sante.
mier numéro a été imprimé grâce à une somme
collectée autour de nous. Le second l'est grâce
au produit de la vente du premier — à ce qui
nous en est parvenu, du moins. (Les diffuseurs
qui nous doivent quelle somme que ce soit, et qui
sont en mesure de nous l'envoyer, devrait le faire
sans tarder). Il est donc clair que nous avons
besoin de l'appui immédiat de tous ceux qui esti-
ment que cette publication est utile et intéres-
sante.
Des centaines de lecteurs devraient souscrire un
ou deux abonnements. Des centains de lecteurs
devraient accepter de diffuser autour d'eux 10
ou 20 exemplaires de chaque numéro. Nous les
leurs ferions parvenir régulièrement. Ils nous en-
verraient 10 ou 20 F dans un délai d'une dizaine
de jours. Mais nous pouvons les assurer d'une
chose : les « Cahiers de Mai » se diffusent faci-
lement.
ou deux abonnements. Des centains de lecteurs
devraient accepter de diffuser autour d'eux 10
ou 20 exemplaires de chaque numéro. Nous les
leurs ferions parvenir régulièrement. Ils nous en-
verraient 10 ou 20 F dans un délai d'une dizaine
de jours. Mais nous pouvons les assurer d'une
chose : les « Cahiers de Mai » se diffusent faci-
lement.
C'est qu'ils correspondent sans aucun doute à
un besoin. Il existe un mystère concernant les
événements de Mai. On voit bien qu'ils ont été
importants puisqu'un mois plus tard le paysage
politique a complètement changé en France et
que, dans le monde entier, on écarquille les yeux
dans notre direction, on n'en revient pas.
événements de Mai. On voit bien qu'ils ont été
importants puisqu'un mois plus tard le paysage
politique a complètement changé en France et
que, dans le monde entier, on écarquille les yeux
dans notre direction, on n'en revient pas.
Pourtant, aucune des explications proposées ne
peut être avalée par les gens qui réfléchis-
sent, ne serait-ce qu'une seconde.
peut être avalée par les gens qui réfléchis-
sent, ne serait-ce qu'une seconde.
Pompidou prétend que Waldeck Rochet, ap-
puyé en douce par Séguy, a essayé de « prendre
le pouvoir ». Mais, si l'on faisait un procès, il y
aurait des millions de témoins, parmi les travail-
leurs qui ont fait grève, qui pourraient prouver
au tribunal que les responsables du parti commu-
niste et de la C.G.T. n'étaient pas chaud pour la
grève — c'est le moins qu'on puisse dire — et
que, dans leur hâte de la voir se terminer, ils ont
bien souvent sous-estime la volonté de lutte des
travailleurs.
puyé en douce par Séguy, a essayé de « prendre
le pouvoir ». Mais, si l'on faisait un procès, il y
aurait des millions de témoins, parmi les travail-
leurs qui ont fait grève, qui pourraient prouver
au tribunal que les responsables du parti commu-
niste et de la C.G.T. n'étaient pas chaud pour la
grève — c'est le moins qu'on puisse dire — et
que, dans leur hâte de la voir se terminer, ils ont
bien souvent sous-estime la volonté de lutte des
travailleurs.
Tout le monde se souvient des accords de Gre-
nelle. Séguy, c'est entendu, ne les avait pas si-
gnés mais il avait tout de même accepté de les
proposer aux travailleurs. Or, même un courtier
qui vend une baraque, s'il estime que le prix pro-
posé est infiniment trop bas, ne se dérange pas.
nelle. Séguy, c'est entendu, ne les avait pas si-
gnés mais il avait tout de même accepté de les
proposer aux travailleurs. Or, même un courtier
qui vend une baraque, s'il estime que le prix pro-
posé est infiniment trop bas, ne se dérange pas.
Bref, on ne peut pas avaler un seul mot de la
fable que Pompidou a raconté ces jours-ci aux
paysans et aux petites gens crédules.
fable que Pompidou a raconté ces jours-ci aux
paysans et aux petites gens crédules.
De leur côté, les dirigeants du parti commu-
niste répliquent que « la gauche a été victime
d'un vaste complot gaulliste ». Il faut dire qu'ils
fournissent peu de détails sur cette sombre ma-
chination. Mais on peut essayer — honnêtement
— de compléter leurs pensées.
niste répliquent que « la gauche a été victime
d'un vaste complot gaulliste ». Il faut dire qu'ils
fournissent peu de détails sur cette sombre ma-
chination. Mais on peut essayer — honnêtement
— de compléter leurs pensées.
« Cohn-Bendit, Geismar et Sauvageot sont des
provocateurs gaullistes /qui ont poussé les étu-
diants à dresser des barricades et à brûler des
voilures — et le mouvement étudiant tout entier,
lorsqu'il a pris cette forme violente, lorsqu'il a été
« dévoyé », a constitué lui-même une vaste pro-
vocation à l'égard de la classe ouvrière.
provocateurs gaullistes /qui ont poussé les étu-
diants à dresser des barricades et à brûler des
voilures — et le mouvement étudiant tout entier,
lorsqu'il a pris cette forme violente, lorsqu'il a été
« dévoyé », a constitué lui-même une vaste pro-
vocation à l'égard de la classe ouvrière.
« Les travailleurs de Sud-Aviation à Nantes,
ceux de Renault à Cléon, Flins, Billancourt ; ipuis
ceux de Renault à Cléon, Flins, Billancourt ; ipuis
les millions d'autres à leur suite, sont alors tom-
bés dans le piège tendu par les provocateurs gaul-
listes.
bés dans le piège tendu par les provocateurs gaul-
listes.
« Bien sûr, on ne peut pas leur en vouloir, di-
sent en privé les dirigeants du parti communiste et
de la C.G.T. Les travailleurs avaient de légitimes
sujets de mécontentement. La coupe était pleine.
A la première secousse, elle a débordé. Mais cette
grève était inopportune. Elle a eu lieu à un mau-
vais moment. Voyez vous-même à qui tout cela
a finalement profité sur le plan politique. Le parti
n'a plus que 33 députés. La Fédération, 62 !... »
sent en privé les dirigeants du parti communiste et
de la C.G.T. Les travailleurs avaient de légitimes
sujets de mécontentement. La coupe était pleine.
A la première secousse, elle a débordé. Mais cette
grève était inopportune. Elle a eu lieu à un mau-
vais moment. Voyez vous-même à qui tout cela
a finalement profité sur le plan politique. Le parti
n'a plus que 33 députés. La Fédération, 62 !... »
Même en laissant de côté les imputations ca-
lomnieuses, on ne peut pas avaler un seul mot,
non plus, de cette fable-là.
lomnieuses, on ne peut pas avaler un seul mot,
non plus, de cette fable-là.
Aucun chef d'Etat, aucun régime ne peut pren-
dre de tels risques pour consolider sa majorité
dans un parlement qui, aux termes mêmes de la
Constitution, est privé de tout pouvoir réel.
dre de tels risques pour consolider sa majorité
dans un parlement qui, aux termes mêmes de la
Constitution, est privé de tout pouvoir réel.
Pompidou n'a-t-il pas été mis en minorité au
parlement en 1962 ? Et que s'est-il donc passé ?
Mais rien, voyons ! Le général de Gaulle a décidé
que cela n'avait aucune importance.
parlement en 1962 ? Et que s'est-il donc passé ?
Mais rien, voyons ! Le général de Gaulle a décidé
que cela n'avait aucune importance.
De plus, qui pourrait prétendre que le gaul-
lisme, même avec 100 députés supplémentaires
— élus par l'un des plus vieux corps électoral
d'Europe — est plus fort en juillet qu'il ne l'était
en avril, avant ce que le général de Gaulle ap-
pelle pudiquement, avec un geste du bras, « la
secousse » ?
lisme, même avec 100 députés supplémentaires
— élus par l'un des plus vieux corps électoral
d'Europe — est plus fort en juillet qu'il ne l'était
en avril, avant ce que le général de Gaulle ap-
pelle pudiquement, avec un geste du bras, « la
secousse » ?
Même avec 200 députés supplémentaires,
même avec un parlement entièrement gaulliste,
le régime et, à travers lui, l'Etat capitaliste sont
moins fort qu'en avril. Tout le monde le sait. Les
enfants eux-mêmes, dans la rue, quand ils croi-
sent un agent de police.
même avec un parlement entièrement gaulliste,
le régime et, à travers lui, l'Etat capitaliste sont
moins fort qu'en avril. Tout le monde le sait. Les
enfants eux-mêmes, dans la rue, quand ils croi-
sent un agent de police.
Cela ne signifie pas, bien entendu, que ce ré-
gime soit moins dangereux, moins nocif. Le gaul-
lisme aujourd'hui, c'est un éléphant blessé à
gime soit moins dangereux, moins nocif. Le gaul-
lisme aujourd'hui, c'est un éléphant blessé à
mort. Il fera sans doute des dégâts. Mais la fin
approche.
approche.
Impossible, donc, d'avaler ces deux fables.
Mais que s'est-il produit en Mai que les
uns et les autres cherchent à nous dissimuler ?
Quelle a été la nature réelle de ces événements ?
Mouvement revendicatif ou amorce de processus
révolutionnaire ?
uns et les autres cherchent à nous dissimuler ?
Quelle a été la nature réelle de ces événements ?
Mouvement revendicatif ou amorce de processus
révolutionnaire ?
Bien que le mois de mai paraisse déjà loin —
ce n'est sans doute qu'une illusion optique qui
se dissipera avant peu — répondre à cette ques-
tion n'est pas un jeu réservé aux historiens. Cela
détermine toute notre action à venir.
ce n'est sans doute qu'une illusion optique qui
se dissipera avant peu — répondre à cette ques-
tion n'est pas un jeu réservé aux historiens. Cela
détermine toute notre action à venir.
Ou bien ce fut un mouvement revendicatif
d'une nature courante, simplement plus puissant
que les autres, et les dirigeants du parti commu-
niste sont des sages lorsque leur porte-parole à
Europe I déclare au soir du 30 juin : « Nous al-
lons continuer notre action, très tranquillement,
comme nous l'avons toujours fait ».
d'une nature courante, simplement plus puissant
que les autres, et les dirigeants du parti commu-
niste sont des sages lorsque leur porte-parole à
Europe I déclare au soir du 30 juin : « Nous al-
lons continuer notre action, très tranquillement,
comme nous l'avons toujours fait ».
Il s'agit en effet de recoller patiemment les
morceaux de l'urne électorale. Il s'agit de re-
prendre le porte-à-porte afin d'être prêts pour
les élections de 1973 ou 1978. Il se peut, malgré
tout, qu'à cette date le général de Gaulle ne soit
plus de ce monde — et le français Marchais,
par exemple, susceptible enfin de devenir mi-
nistre du Travail. Il est jeune. Il peut attendre.
morceaux de l'urne électorale. Il s'agit de re-
prendre le porte-à-porte afin d'être prêts pour
les élections de 1973 ou 1978. Il se peut, malgré
tout, qu'à cette date le général de Gaulle ne soit
plus de ce monde — et le français Marchais,
par exemple, susceptible enfin de devenir mi-
nistre du Travail. Il est jeune. Il peut attendre.
Ou bien nous avons assisté en mai à l'amorce
d'un processus révolutionnaire qui indique, si l'on
daigne ouvrir les yeux sur la réalité, des voies
nouvelles dans lesquelles, notamment, le préten-
du dilemme — action pacifique ou lutte armée —
se trouve complètement dépassé.
d'un processus révolutionnaire qui indique, si l'on
daigne ouvrir les yeux sur la réalité, des voies
nouvelles dans lesquelles, notamment, le préten-
du dilemme — action pacifique ou lutte armée —
se trouve complètement dépassé.
Les « Cahiers de Mai », s'ils peuvent compter
sur la collaboration de leurs lecteurs, voudraient
contribuer à réunir les éléments de cette réponse
décisive.
sur la collaboration de leurs lecteurs, voudraient
contribuer à réunir les éléments de cette réponse
décisive.
••g Je désire souscrire un abonnement aux « CAHIERS DE MAI »
D pour six mois (10 numéros, 10F) H pour un an (20 numéros, 20 F) (1
NOM .............................. Profession .......................
Adresse...............................................................
2 Je désire souscrire un abonnement aux « CAHIERS DE MAI » qui sera servi de
ma part durant six mois D un an D
ma part durant six mois D un an D
à M................................. Profession .....................
Adresse............................................................
J'effectue à ce jour le règlement de ces abonnements par D virement postal
D chèque bancaire D mandat poste.
D chèque bancaire D mandat poste.
au nom de Marcelle FOURNIE
80, quai de la Râpée - PARIS-12
80, quai de la Râpée - PARIS-12
C.C.P. 9.70273 PARIS
(]) Pour l'étranger : un an 25 F.
DEBAT
QUI A RENDU UN
«SERVICE IMMENSE
AU GAULLISME » ?
«SERVICE IMMENSE
AU GAULLISME » ?
Pendant les trois semaines qui ont précédé le
vote, les dirigeants du parti communiste ont pré-
senté la tenue des élections comme un succès,
une concession arrachée au pouvoir gaulliste.
« Le gouvernement a été contraint de les décider
devant l'ampleur et la puissance du mouvement
qui vient de soulever les forces vives de notre
pays », déclarait Waldeck Rochet le 16 juin, dans
L'Humanité-Dimanche. Bref, on jouait sur les
mots. Lorsqu'un incendie se déclare, les pompiers
sont contraints, eux aussi, de jeter de l'eau. Mais,
du point de vue de l'incendie, ce n'est pas un
succès.
vote, les dirigeants du parti communiste ont pré-
senté la tenue des élections comme un succès,
une concession arrachée au pouvoir gaulliste.
« Le gouvernement a été contraint de les décider
devant l'ampleur et la puissance du mouvement
qui vient de soulever les forces vives de notre
pays », déclarait Waldeck Rochet le 16 juin, dans
L'Humanité-Dimanche. Bref, on jouait sur les
mots. Lorsqu'un incendie se déclare, les pompiers
sont contraints, eux aussi, de jeter de l'eau. Mais,
du point de vue de l'incendie, ce n'est pas un
succès.
Les résultats sont là. Les dirigeants du parti
communiste ont réussi un tour de force rarement
égalé : ils se sont fait battre à la fois sur leur
gauche et sur leur droite. Pour des hommes poli-
tiques qui ont tout subordonné, depuis des an-
nées, à la tactique électorale, il était difficile de
se montrer plus maladroits.
communiste ont réussi un tour de force rarement
égalé : ils se sont fait battre à la fois sur leur
gauche et sur leur droite. Pour des hommes poli-
tiques qui ont tout subordonné, depuis des an-
nées, à la tactique électorale, il était difficile de
se montrer plus maladroits.
Sur la gauche du parti communiste, une partie
des électeurs écœurés par le défaitisme de Wal-
deck Rochet et Georges Seguy se sont abstenus ou
bien ont voté, au premier tour, pour le P.S.U.
des électeurs écœurés par le défaitisme de Wal-
deck Rochet et Georges Seguy se sont abstenus ou
bien ont voté, au premier tour, pour le P.S.U.
Sur la droite, les petits-bourgeois auxquels, de-
puis des années, on fait une cour maladroite, di-
rectement ou par l'entremise de la Fédération,
ont rejoint en grand nombre le parti gaulliste.
puis des années, on fait une cour maladroite, di-
rectement ou par l'entremise de la Fédération,
ont rejoint en grand nombre le parti gaulliste.
Devant cette défection, la seule qui paraisse
lui importer, Waldeck Rochet déclare alors : « En
conjuguant leurs provocations et leurs violences
avec celles du pouvoir gaulliste, les groupes ultra-
gauchistes ont rendu un service immense au gaul-
lisme en lui permettant de jouer sur la peur. Les
événements montrent combien nous avions raison
de dénoncer ces méthodes et ces violences... ».
lui importer, Waldeck Rochet déclare alors : « En
conjuguant leurs provocations et leurs violences
avec celles du pouvoir gaulliste, les groupes ultra-
gauchistes ont rendu un service immense au gaul-
lisme en lui permettant de jouer sur la peur. Les
événements montrent combien nous avions raison
de dénoncer ces méthodes et ces violences... ».
Il semble bien, en réalité, que ce soient les
dirigeants du parti communiste qui aient commis
une grossière erreur de tactique, de leur propre
point de vue électoral, et qui aient rendu un « ser-
vice immense au gaullisme » en dénonçant jour
après jour, avec une nervosité inadmissible, de
continuelles « provocations et violences » impu-
tées à des groupes gauchistes. Certains jours en
mai, on ne comprenait plus qui parlait à la radio :
Seguy ou Fouchet, ministre de l'Intérieur ? Au
moment des incidents de Flins, un communiqué
de la C.G.T. décrivit même les étudiants venus
prêter main-forte aux travailleurs de Renault
comme des « commandos organisés de façon mili-
taire ».
dirigeants du parti communiste qui aient commis
une grossière erreur de tactique, de leur propre
point de vue électoral, et qui aient rendu un « ser-
vice immense au gaullisme » en dénonçant jour
après jour, avec une nervosité inadmissible, de
continuelles « provocations et violences » impu-
tées à des groupes gauchistes. Certains jours en
mai, on ne comprenait plus qui parlait à la radio :
Seguy ou Fouchet, ministre de l'Intérieur ? Au
moment des incidents de Flins, un communiqué
de la C.G.T. décrivit même les étudiants venus
prêter main-forte aux travailleurs de Renault
comme des « commandos organisés de façon mili-
taire ».
Croyant sans doute dégager leur responsabilité,
les dirigeants du parti communiste faisaient en
réalité le jeu du parti gaulliste. Ils apportaient
une contribution décisive à la thèse suivant la-
quelle la France était au bord de l'anarchie. Ils
donnaient leur caution à ce mensonge. Chaque
fois qu'ils perdaient le contrôle de leurs nerfs à
la vue d'un drapeau noir brandi par une jeune
étudiante, chaque fois qu'ils publiaient une «mise
en garde» effarouchée, une protestation remplie
d'insinuations obscures, rédigée dans ce style pa-
les dirigeants du parti communiste faisaient en
réalité le jeu du parti gaulliste. Ils apportaient
une contribution décisive à la thèse suivant la-
quelle la France était au bord de l'anarchie. Ils
donnaient leur caution à ce mensonge. Chaque
fois qu'ils perdaient le contrôle de leurs nerfs à
la vue d'un drapeau noir brandi par une jeune
étudiante, chaque fois qu'ils publiaient une «mise
en garde» effarouchée, une protestation remplie
d'insinuations obscures, rédigée dans ce style pa-
COLLABOREZ AUX
9 9
CAHIERS DE MAI"
DIFUSEZ-LES, ABONNEZ-VOUS
DÈS AUJOURD'HUI
DÈS AUJOURD'HUI
ternaliste et semi-policier que les travailleurs et
les étudiants ne supportent plus, ils permettaient
au parti gaulliste de «jouer sur la peur» avec plus
d'impudence encore, plus de chance de gagner.
les étudiants ne supportent plus, ils permettaient
au parti gaulliste de «jouer sur la peur» avec plus
d'impudence encore, plus de chance de gagner.
De même, lorsque les dirigeants du parti com-
muniste, à la veille des élections, ont cru habile
de proclamer que le P.C.F. était le « parti de
l'ordre », ils ont rendu un « service immense au
gaullisme » dont la campagne électorale avait
pour thème principal le « rétablissement de l'or-
dre ». En se présentant comme les champions de
l'ordre, ils aidaient le parti gaulliste à persuader
les électeurs que la question du moment, c'était
effectivement l'ordre public. Et, dans ces condi-
tions, s'il s'agissait de maintenir l'ordre public —
ce dont les dirigeants du parti communiste conve-
naient eux-mêmes, à leur manière — pour qui
les électeurs hésitants allaient-ils voter, sinon
pour le parti gaulliste ?
muniste, à la veille des élections, ont cru habile
de proclamer que le P.C.F. était le « parti de
l'ordre », ils ont rendu un « service immense au
gaullisme » dont la campagne électorale avait
pour thème principal le « rétablissement de l'or-
dre ». En se présentant comme les champions de
l'ordre, ils aidaient le parti gaulliste à persuader
les électeurs que la question du moment, c'était
effectivement l'ordre public. Et, dans ces condi-
tions, s'il s'agissait de maintenir l'ordre public —
ce dont les dirigeants du parti communiste conve-
naient eux-mêmes, à leur manière — pour qui
les électeurs hésitants allaient-ils voter, sinon
pour le parti gaulliste ?
En un mot, Waldeck Rochet et Georges Ssguy
ont tiré les marrons du feu pour de Gaulle et
Pompidou. Politiquement parlant, ce sont des
nains.
ont tiré les marrons du feu pour de Gaulle et
Pompidou. Politiquement parlant, ce sont des
nains.
FLINS
LES ELECTIONS :
quelle valeur ont>elles ?
Quant aux élections, elles-mêmes, quelle valeur
peuvent-elles avoir, même comme simple test,
alors que la France compte 8 millions de jeunes
entre 16 et 21 ans oui n'ont pas le droit de vote ?
On travaille à 16 ans, un décret récent permet
de s'engager dans l'armée à 17, on est bien
souvent marié à 20, mais on ne vote qu'à 21, à
condition que les inscriptions sur les listes électo-
rales soient acceptées !
peuvent-elles avoir, même comme simple test,
alors que la France compte 8 millions de jeunes
entre 16 et 21 ans oui n'ont pas le droit de vote ?
On travaille à 16 ans, un décret récent permet
de s'engager dans l'armée à 17, on est bien
souvent marié à 20, mais on ne vote qu'à 21, à
condition que les inscriptions sur les listes électo-
rales soient acceptées !
La majeure partie de ceux qui ont été à la
pointe du mouvement, en mai et en juin, dans les
usines et les facultés occupées, et dans la rue,
n'avait pas droit à la parole les 23 et 30 juin.
pointe du mouvement, en mai et en juin, dans les
usines et les facultés occupées, et dans la rue,
n'avait pas droit à la parole les 23 et 30 juin.
Les hommes du parti gaulliste peuvent feindre
l'étonnement devant les résultats électoraux. «Où
sont passés les 10 millions de grévistes ? deman-
dent-ils. Nous avons beau additionner les voix de
gauche... » Le moment venu, ce genre d'hypo-
crisie reçoit généralement une réponse brutale.
l'étonnement devant les résultats électoraux. «Où
sont passés les 10 millions de grévistes ? deman-
dent-ils. Nous avons beau additionner les voix de
gauche... » Le moment venu, ce genre d'hypo-
crisie reçoit généralement une réponse brutale.
LE CORPS ELECTORAL FRANÇAIS
UN DES PLUS VIEUX DU MONDE.
UN DES PLUS VIEUX DU MONDE.
— Moins de 25 ans : 8,5 %
— De 25 à 34 ans : 19,3 %
— De 35 à 54 ans : 36,3 %
— De 55 à 64 ans : 16,9 %
— 65 ans et plus : 19 %
Le journal « Le Monde » a publié, le 19 juin,
la lettre suivante, de M. Guy de Vogue,
conseiller municipal de Guerville, membre du
conseil d'administration du district urbain de
Mantes -
la lettre suivante, de M. Guy de Vogue,
conseiller municipal de Guerville, membre du
conseil d'administration du district urbain de
Mantes -
Au premier meeting les étudiants ont expliqué qu'ils
étaient venus se mettre au service des ouvriers. Cette
aide s'est révélée rapidement efficace, puisque les
C.R.S. ont chargé quelques minutes plus tard, s'imagi-
nant que les ouvriers revenant prendre leur position,
allaient forcer l'entrée de l'usine. Désorientés, peu
habitués à ce genre de combat, les ouvriers de Flins
auraient sûrement été beaucoup plus éprouvés si les
étudiants, par leur calme, leur décision et leur sang-
froid, n'avaient retardé les charges, conseillé les modes
d'évacuation, prévu les manœuvres d'encerclement.
étaient venus se mettre au service des ouvriers. Cette
aide s'est révélée rapidement efficace, puisque les
C.R.S. ont chargé quelques minutes plus tard, s'imagi-
nant que les ouvriers revenant prendre leur position,
allaient forcer l'entrée de l'usine. Désorientés, peu
habitués à ce genre de combat, les ouvriers de Flins
auraient sûrement été beaucoup plus éprouvés si les
étudiants, par leur calme, leur décision et leur sang-
froid, n'avaient retardé les charges, conseillé les modes
d'évacuation, prévu les manœuvres d'encerclement.
Des jeunes ouvriers m'ont raconté que, poursuivis
à travers champs par les C.R.S., ils avaient tenté de
traverser l'autoroute. Deux motards, revolver au poing,
les avaient fait rebrousser chemin. Un groupe d'étu-
diants est arrivé, leur a indiqué par où s'échapper, tout
en restant pour stopper la poursuite des C.R.S.
à travers champs par les C.R.S., ils avaient tenté de
traverser l'autoroute. Deux motards, revolver au poing,
les avaient fait rebrousser chemin. Un groupe d'étu-
diants est arrivé, leur a indiqué par où s'échapper, tout
en restant pour stopper la poursuite des C.R.S.
L'ORDRF
D'autres ouvriers m'ont raconté comment les étu-
diants allaient rechercher les retardataires ahuris par
les grenades lacrymogènes avant que les C.R.S. ne
les attrapent.
diants allaient rechercher les retardataires ahuris par
les grenades lacrymogènes avant que les C.R.S. ne
les attrapent.
L'autre volet de ce qui- concerne les étudiants a été
cette ignoble chasse à courre qui a duré de ces inci-
dents jusqu'à la mort de Gilles Tautin. A vrai dire, le
gibier était tout ce qui avait l'air un peu jeune. Et la
meute était constituée par des groupes de jeeps ou
par une jeep et deux petits camions de C.R.S. Les
étudiants avaient été logés avec une grande gentillesse
par la population des Mureaux, d'Aubergenville et d'ail-
leurs. Entre ces villages ils circulaient. Mais avec eux
beaucoup de jeunes venus voir et flâner.
cette ignoble chasse à courre qui a duré de ces inci-
dents jusqu'à la mort de Gilles Tautin. A vrai dire, le
gibier était tout ce qui avait l'air un peu jeune. Et la
meute était constituée par des groupes de jeeps ou
par une jeep et deux petits camions de C.R.S. Les
étudiants avaient été logés avec une grande gentillesse
par la population des Mureaux, d'Aubergenville et d'ail-
leurs. Entre ces villages ils circulaient. Mais avec eux
beaucoup de jeunes venus voir et flâner.
La tactique des jeeps était simple : arriver rapide-
ment, par surprise ; passer les menottes, puis matra-
quer. La femme d'un responsable F.O. que je connais
en pleurait d'avoir assisté de sa voiture à ce traite-
ment sur de tout jeunes gens. Et de partout on me
signalait des cas semblables. Dans les bois et les
champs, c'était la chasse à courre. A Mantes aussi.
ment, par surprise ; passer les menottes, puis matra-
quer. La femme d'un responsable F.O. que je connais
en pleurait d'avoir assisté de sa voiture à ce traite-
ment sur de tout jeunes gens. Et de partout on me
signalait des cas semblables. Dans les bois et les
champs, c'était la chasse à courre. A Mantes aussi.
Même si la version officielle de la mort du petit
Gilles est exacte, le climat de chasse aux jeunes ex-
pliquerait la panique de cet enfant. Toute la population
en est consciente. Je ne sais quelles seront les suites
de ces traumatismes dans notre région. J'ai assisté
aujourd'hui dans mon village à une scène pénible entre
un jeune ouvrier et un agent de police de Mantes, an-
cien C.R.S., qui bricole ici hors de ses heures de ser-
vice. Le jeune était violent, L'agent de police lui a
seulement dit : « Attends le 30 juin. Jusque-là je ne
dis rien. Mais après, je me charge de toi, moi-même ».
Gilles est exacte, le climat de chasse aux jeunes ex-
pliquerait la panique de cet enfant. Toute la population
en est consciente. Je ne sais quelles seront les suites
de ces traumatismes dans notre région. J'ai assisté
aujourd'hui dans mon village à une scène pénible entre
un jeune ouvrier et un agent de police de Mantes, an-
cien C.R.S., qui bricole ici hors de ses heures de ser-
vice. Le jeune était violent, L'agent de police lui a
seulement dit : « Attends le 30 juin. Jusque-là je ne
dis rien. Mais après, je me charge de toi, moi-même ».
NOUVELLE FORME
D'ORGANISATION DANS LES USINES :
LES COMITÉS DE BASE
(L'exemple de h C.S.F. - Issy-les-Moulineaux)
Le matin du 1 1 juin, place du Marché à Issy-
les Moulineaux, la Direction de la C.S.F. (2.400
ouvriers) organisait un vote à bulletin secret sur la
reprise du travail. Le Comité de Grève refusa de
participer à cette consultation et, non content de
s'assurer le soutien complet des grévistes présents,
gagna même de nombreux non grévistes.
les Moulineaux, la Direction de la C.S.F. (2.400
ouvriers) organisait un vote à bulletin secret sur la
reprise du travail. Le Comité de Grève refusa de
participer à cette consultation et, non content de
s'assurer le soutien complet des grévistes présents,
gagna même de nombreux non grévistes.
Depuis le travail a repris mais, à l'intérieur de
l'usine, une nouvelle forme d'organisation est en
train de faire ses preuves : les Comités de Base,
constitués pendant la grève. Ces Comités étaient
donc, au départ, composés exclusivement avec des
grévistes ; à l'heure actuelle, la majorité des non-
grévistes s'est jointe à l'action des Comités. Un
responsable C.F.D.T. définit ainsi les Comités de
Base : « Donner à tous les travailleurs la possi-
bilité de prendre leur place d'hommes responsa-
bles dans l'entreprise... les perspectives étant
d'arriver à l'autogestion ».
l'usine, une nouvelle forme d'organisation est en
train de faire ses preuves : les Comités de Base,
constitués pendant la grève. Ces Comités étaient
donc, au départ, composés exclusivement avec des
grévistes ; à l'heure actuelle, la majorité des non-
grévistes s'est jointe à l'action des Comités. Un
responsable C.F.D.T. définit ainsi les Comités de
Base : « Donner à tous les travailleurs la possi-
bilité de prendre leur place d'hommes responsa-
bles dans l'entreprise... les perspectives étant
d'arriver à l'autogestion ».
Pour cela une structure de base souple — et
très adaptable au départ — doit être mise en
place au niveau des unités de travail : atelier,
labo, bureau pour permettre aux travailleurs de
s'organiser, réfléchir et agir sur les problèmes.
très adaptable au départ — doit être mise en
place au niveau des unités de travail : atelier,
labo, bureau pour permettre aux travailleurs de
s'organiser, réfléchir et agir sur les problèmes.
Objectifs pour un premier temps :
Droit de regard et de contrôle sur :
1 ) conditions et organisation du travail : ca-
dences, définition et attribution des postes de
travail, méthodes de travail, environnement ;
dences, définition et attribution des postes de
travail, méthodes de travail, environnement ;
2) promotion des travailleurs et augmentation
des salaires ;
des salaires ;
3) auto-discipline .:
4) porte-parole des travailleurs en liaison avec
les délégués du personnel ;
les délégués du personnel ;
5) organisation (à revoir après expérimenta-
tion) .
tion) .
La durée du mandat des membres d'un Comité
de Base est de six mois. Le Comité de Base est
composé de délégués élus par tout le personnel
de l'unité de Base, le nombre de ces délégués se
situe autour de 10 % de l'effectif total. La moi-
tié d'entre eux est remplacée tous les trois mois ;
aucun délégué n'est rééligible deux fois de suite.
L'objectif à atteindre, grâce à ces mesures, est
de permettre une rotation de tous les travailleurs
à des postes de responsabilités
de Base est de six mois. Le Comité de Base est
composé de délégués élus par tout le personnel
de l'unité de Base, le nombre de ces délégués se
situe autour de 10 % de l'effectif total. La moi-
tié d'entre eux est remplacée tous les trois mois ;
aucun délégué n'est rééligible deux fois de suite.
L'objectif à atteindre, grâce à ces mesures, est
de permettre une rotation de tous les travailleurs
à des postes de responsabilités
La place de la maîtrise actuelle, vis-à-vis de
ces Comités de Base, reste à définir ; une propo-
sition a été discutée, mais non adoptée :
— le chef d'atelier (unité de travail) serait
membre de droit ;
ces Comités de Base, reste à définir ; une propo-
sition a été discutée, mais non adoptée :
— le chef d'atelier (unité de travail) serait
membre de droit ;
— des représentants des autres membres de la
maîtrise seraient élus par l'ensemble des tra-
vailleurs.
maîtrise seraient élus par l'ensemble des tra-
vailleurs.
A l'échelon au-dessus, c'est-à-dire le service ou
le département, un Comité de Service serait cons-
titué : émanation des Comités de Base avec un
représentant de chacun de ces Comités de Base
et les délégués du personnel élus par service. Les
décisions sont coordonnées et contrôlées à l'échel-
le du service. Enfin au niveau de l'établissement,
le Comité d'Etablissement, dont les attributions
seraient à revoir en fonction même de cette nou-
velle organisation à la base.
le département, un Comité de Service serait cons-
titué : émanation des Comités de Base avec un
représentant de chacun de ces Comités de Base
et les délégués du personnel élus par service. Les
décisions sont coordonnées et contrôlées à l'échel-
le du service. Enfin au niveau de l'établissement,
le Comité d'Etablissement, dont les attributions
seraient à revoir en fonction même de cette nou-
velle organisation à la base.
Après le responsable C.F.D.T., écoutons main-
tenant un militant C.G.T. qui définit ainsi les
buts d'un Comité de Base : « concrétiser — com-
plémentairement avec les syndicats — par une
union des travailleurs, la défense de nos intérêts
contre toutes décisions arbitraires et injustes du
patronat et de la direction.
tenant un militant C.G.T. qui définit ainsi les
buts d'un Comité de Base : « concrétiser — com-
plémentairement avec les syndicats — par une
union des travailleurs, la défense de nos intérêts
contre toutes décisions arbitraires et injustes du
patronat et de la direction.
« Les élus sont révocables à chaque instant s'ils
ne satisfont pas aux responsabilités qui leur in-
combent. Ils doivent être renouvelables tous les
trois mois et peuvent être reconduits, cependant,
il serait préférable que tout le monde assure, à
tour de rôle, la fonction de représentant des tra-
vailleurs. »
ne satisfont pas aux responsabilités qui leur in-
combent. Ils doivent être renouvelables tous les
trois mois et peuvent être reconduits, cependant,
il serait préférable que tout le monde assure, à
tour de rôle, la fonction de représentant des tra-
vailleurs. »
Toutes ces définitions du rôle et des buts des
Comités de Base à la C.S.F. ont été discutées par
les grévistes pendant l'occupation de l'usine. Cette
nouvelle organisation ne pouvait commencer à
fonctionner réellement qu'après la reprise du tra-
vail.
Comités de Base à la C.S.F. ont été discutées par
les grévistes pendant l'occupation de l'usine. Cette
nouvelle organisation ne pouvait commencer à
fonctionner réellement qu'après la reprise du tra-
vail.
PREMIERS COMBATS
La reprise du travail a eu lieu le mercredi ma-
tin 19 juin. La veille, les grévistes, refusant le
vote à bulletin secret, avaient choisi la reprise du
travail par un vote à bulletin ouvert nominatif.
Le mercredi matin, les occupants de l'usine re-
çoivent les non-grévistes et organisent un petit
défilé à l'intérieur de l'usine pour conduire les
non-grévistes jusqu'aux ateliers et bureaux :
petit défilé qui se déroule aux accents de l'Inter-
nationale.
tin 19 juin. La veille, les grévistes, refusant le
vote à bulletin secret, avaient choisi la reprise du
travail par un vote à bulletin ouvert nominatif.
Le mercredi matin, les occupants de l'usine re-
çoivent les non-grévistes et organisent un petit
défilé à l'intérieur de l'usine pour conduire les
non-grévistes jusqu'aux ateliers et bureaux :
petit défilé qui se déroule aux accents de l'Inter-
nationale.
Le mercredi après-midi, les cahiers de reven-
dications s'accumulent sur les bureaux des chefs
de service. En effet, les premiers participants aux
Comités de Base, pendant la grève, avaient dé-
cidé d'attendre, pour formuler des revendications
précises :
dications s'accumulent sur les bureaux des chefs
de service. En effet, les premiers participants aux
Comités de Base, pendant la grève, avaient dé-
cidé d'attendre, pour formuler des revendications
précises :
1 ) que le travail ait repris,
2) que les non-grévistes soient organisés dans
les Comités de Base,
les Comités de Base,
3) que les revendications soient formulées et
déposées indépendamment de celles des délégués
syndicaux.
déposées indépendamment de celles des délégués
syndicaux.
Les chefs de services, recevant ces cahiers de
revendications, se font un plaisir d'expliquer que:
« c'est une manœuvre pour supplanter les syndi-
cats », ajoutant que la plupart des revendications
pourraient être obtenues sans l'intermédiaire d'un
Comité. Cependant, ils commencent à s'inquiéter
de l'effervescence pendant cette journée de mer-
credi : boulot effctif nul, par conséquent produc-
tion nulle.
revendications, se font un plaisir d'expliquer que:
« c'est une manœuvre pour supplanter les syndi-
cats », ajoutant que la plupart des revendications
pourraient être obtenues sans l'intermédiaire d'un
Comité. Cependant, ils commencent à s'inquiéter
de l'effervescence pendant cette journée de mer-
credi : boulot effctif nul, par conséquent produc-
tion nulle.
Le jeudi, dans la matinée, les cahiers sont dé-
posés en plus grand nombre. Les chefs de service
durcissent leur position de refus. Une délégation
des syndicats (C.G.T. et C.F.D.T.) se rend au-
près du directeur. Les travailleurs des Comités de
Base décident, pendant que la délégation est re-
çue chez le directeur, un débrayage total de
l'usine. La presque totalité des travailleurs de la
baîte se trouve réunie dans le grand atelier
posés en plus grand nombre. Les chefs de service
durcissent leur position de refus. Une délégation
des syndicats (C.G.T. et C.F.D.T.) se rend au-
près du directeur. Les travailleurs des Comités de
Base décident, pendant que la délégation est re-
çue chez le directeur, un débrayage total de
l'usine. La presque totalité des travailleurs de la
baîte se trouve réunie dans le grand atelier
Le délégué C.G.T. auprès de la direction revient
annoncer : « Pour le moment, il n'y a rien de po-
sitif, on y retourne jusqu'à ce qu'ils acceptent ».
annoncer : « Pour le moment, il n'y a rien de po-
sitif, on y retourne jusqu'à ce qu'ils acceptent ».
SALAIRES LEGERS
CHARS LOURDS
Le délégué C.F.D.T. explique à l'ensemble du
personnel réuni ce qu'est un Comité de Base.
Décision immédiate des présents « On est là, on
y reste ! », un petit coup d'Internationale là-
dessus pour renforcer le moral. Il s'agissait donc
d'une réoccupation spontanée décidée à la base,
certains ressortaient de leur placard les matelas
pneumatiques qui avaient servi pendant la pre-
mière occupation.
personnel réuni ce qu'est un Comité de Base.
Décision immédiate des présents « On est là, on
y reste ! », un petit coup d'Internationale là-
dessus pour renforcer le moral. Il s'agissait donc
d'une réoccupation spontanée décidée à la base,
certains ressortaient de leur placard les matelas
pneumatiques qui avaient servi pendant la pre-
mière occupation.
Au début de l'après-midi, vers 14 h 30, la di-
rection de l'usine fait savoir que les délégués des
Comités de Base — 60 personnes environ — se-
ront reçus par deux représentants de la direc-
tion. A la fin de cette réunion, deux revendica-
tions sont acceptées en principe :
rection de l'usine fait savoir que les délégués des
Comités de Base — 60 personnes environ — se-
ront reçus par deux représentants de la direc-
tion. A la fin de cette réunion, deux revendica-
tions sont acceptées en principe :
1 ) les Comités de Base sont reconnus, non of-
ficiellement, la direction préférant parler de dé-
légation de base. Elle invoque comme prétexte
une confusion possible avec le Comité d'Entre-
prise.
ficiellement, la direction préférant parler de dé-
légation de base. Elle invoque comme prétexte
une confusion possible avec le Comité d'Entre-
prise.
2) des délégations « spontanées » peuvent se
rendre à tout instant auprès des chefs de ser-
vice.
rendre à tout instant auprès des chefs de ser-
vice.
Pour le moment, deux revendications impor-
tantes ne sont pas prises en considération :
tantes ne sont pas prises en considération :
1 ) que les Comités de Base s'occupent des
payes, plus exactement des « rallonges » ;
payes, plus exactement des « rallonges » ;
2) que les Comités de Base contrôlent les pas-
sage d'échelon.
sage d'échelon.
La direction passe un communiqué annonçant
que les deux dernières journées n'ont pas été très
productives, mais, qu'elles seront payées intégra-
lement pour que les travailleurs se remettent au
travail, enfin.
que les deux dernières journées n'ont pas été très
productives, mais, qu'elles seront payées intégra-
lement pour que les travailleurs se remettent au
travail, enfin.
La journée de jeudi se termine par une grande
réunion à l'intérieur de l'usine.
réunion à l'intérieur de l'usine.
Vendredi matin, le travail reprend. A trois
heures de l'après-midi, les ouvrières de l'atelier
de bobinage présentent, par l'intermédiaire de
leur Comité de Base, un cahier de revendication
à M. Dosch, chef de fabrication, qui refuse tout
en bloc. Le dénommé Dosch et certains chefs,
le lendemain de la rentrée, avaient commencé
une petite reprise en main, en donnant comme
consigne, à certains contremaîtres, de « resserrer
la vis ».
heures de l'après-midi, les ouvrières de l'atelier
de bobinage présentent, par l'intermédiaire de
leur Comité de Base, un cahier de revendication
à M. Dosch, chef de fabrication, qui refuse tout
en bloc. Le dénommé Dosch et certains chefs,
le lendemain de la rentrée, avaient commencé
une petite reprise en main, en donnant comme
consigne, à certains contremaîtres, de « resserrer
la vis ».
Dans les quelques minutes qui suivent, les ate-
liers de bobinage, usinage et montage moteurs,
cessent le travail. Il faut signaler que ces ateliers
sont les postes de travail les plus difficiles de
l'usine. Devant cette situation « incroyable »,
Dosch décide de recevoir les délégués syndicaux
puis ceux des Comités de Base. Après 1 h 30 de
débrayage, Dosch accepte certains points essen-
tiels du cahier de revendications. Les délégués
l'obligent même à revenir sur certaines décisions
arbitraires prises auparavant dans son service.
liers de bobinage, usinage et montage moteurs,
cessent le travail. Il faut signaler que ces ateliers
sont les postes de travail les plus difficiles de
l'usine. Devant cette situation « incroyable »,
Dosch décide de recevoir les délégués syndicaux
puis ceux des Comités de Base. Après 1 h 30 de
débrayage, Dosch accepte certains points essen-
tiels du cahier de revendications. Les délégués
l'obligent même à revenir sur certaines décisions
arbitraires prises auparavant dans son service.
La direction avait donné à la maîtrise l'autori-
sation officieuse d'accorder le maximum afin
d'interrompre ce mouvement revendicatif d'un
type nouveau paralysant l'usine. La plupart des
débrayages se produisent en quelques minutes et
rassemblent 700 à 800 ouvriers.
sation officieuse d'accorder le maximum afin
d'interrompre ce mouvement revendicatif d'un
type nouveau paralysant l'usine. La plupart des
débrayages se produisent en quelques minutes et
rassemblent 700 à 800 ouvriers.
« Notre Combat », une « feuille » intérieure,
née pendant cette grève, circule parmi les ou-
vriers. En voici un extrait :
née pendant cette grève, circule parmi les ou-
vriers. En voici un extrait :
COMBATIVITE, PAS MORTE
Mercredi 19. jour de la reprise du travail, la maîtrise
a cru pouvoir reprendre les mauvaises habitudes d'an-
tan. Quelques exemples : au câblage, essais de dis-
crimination entre grévistes et non-grévistes ; au lance-
ment, arrogance et insultes envers les femmes ayant
fait grève et monté des gardes de nuit, chez Debuf,
les monitrices commencent à noter les temps de dé-
placement des ex-grévistes et les insultent, à la mé-
canographie, insultes et bouclage, à R.S.M. ambiance
identique s'assortissant du refus de reconnaissance
des comités de base et partant de discuter avec eux
des revendications d'atelier. Mais c'était compter sans
notre moral et sans notre solidarité et après des expli-
cations, parfois orageuses, la maîtrise a bien été obli-
gée de mettre les pouces et d'attendre des jours
« meilleurs ».
a cru pouvoir reprendre les mauvaises habitudes d'an-
tan. Quelques exemples : au câblage, essais de dis-
crimination entre grévistes et non-grévistes ; au lance-
ment, arrogance et insultes envers les femmes ayant
fait grève et monté des gardes de nuit, chez Debuf,
les monitrices commencent à noter les temps de dé-
placement des ex-grévistes et les insultent, à la mé-
canographie, insultes et bouclage, à R.S.M. ambiance
identique s'assortissant du refus de reconnaissance
des comités de base et partant de discuter avec eux
des revendications d'atelier. Mais c'était compter sans
notre moral et sans notre solidarité et après des expli-
cations, parfois orageuses, la maîtrise a bien été obli-
gée de mettre les pouces et d'attendre des jours
« meilleurs ».
Une chose est certaine, la direction ne pourra cal-
mer la grand-peur que nous lui avons donnée qu'en re-
trouvant sa discipline : M. Dosch l'a dit clairement et
M. Boudigues à la réunion des cadres et de la maîtrise
jeudi soir les auraient félicité pour la discipline qui
régnait dans l'usine avant la grève. Il faut reconnaître
qu'ils avaient besoin d'encouragements.
mer la grand-peur que nous lui avons donnée qu'en re-
trouvant sa discipline : M. Dosch l'a dit clairement et
M. Boudigues à la réunion des cadres et de la maîtrise
jeudi soir les auraient félicité pour la discipline qui
régnait dans l'usine avant la grève. Il faut reconnaître
qu'ils avaient besoin d'encouragements.
Jeudi et vendredi notre solidarité s'est manifestée :
travail repris ne signifie nullement combativité émous-
sée.
travail repris ne signifie nullement combativité émous-
sée.
C. S. F. (suite)
VIVENT LES COMITES DE BASE
Au cours de la lutte, nous avons créé des comités
de base pour nous représenter. Dans certains secteurs,
les membres de ces comités sont de véritables délé-
gués d'atelier, porte-paroles de leurs camarades de
travail et contrôlés par eux. Dans d'autres, leur rôle
contestataire va jusqu'à la suggestion de méthodes
plus appropriées pour l'amélioration du travail. D'une
part, un rôle de lutte de classe, de l'autre, collaboration
de classes. Entre les deux, il serait utopique de trou-
ver un moyen terme que certains cherchent, et c'est
vers la lutte de classes qu'ils doivent être tournés. La
direction d'ailleurs ne s'y trompe pas, et c'est à R.S.M.
qu'elle a le plus de mal à les avaler, car c'est là qu'ils
peuvent montrer toute leur efficacité.
de base pour nous représenter. Dans certains secteurs,
les membres de ces comités sont de véritables délé-
gués d'atelier, porte-paroles de leurs camarades de
travail et contrôlés par eux. Dans d'autres, leur rôle
contestataire va jusqu'à la suggestion de méthodes
plus appropriées pour l'amélioration du travail. D'une
part, un rôle de lutte de classe, de l'autre, collaboration
de classes. Entre les deux, il serait utopique de trou-
ver un moyen terme que certains cherchent, et c'est
vers la lutte de classes qu'ils doivent être tournés. La
direction d'ailleurs ne s'y trompe pas, et c'est à R.S.M.
qu'elle a le plus de mal à les avaler, car c'est là qu'ils
peuvent montrer toute leur efficacité.
Les comités de base, élus par atelier, révocables à
tout moment assurent un véritable contrôle des tra-
vailleurs sur leurs porte-paroles et une représentativité
véritable. C'est pourquoi, il faut les imposer et les
maintenir.
tout moment assurent un véritable contrôle des tra-
vailleurs sur leurs porte-paroles et une représentativité
véritable. C'est pourquoi, il faut les imposer et les
maintenir.
CONTROLE DEMOCRATIQUE DE L'ACTION
Le jeudi 27 juin, après 18 heures, dans une
salle de cantine se tenait une réunion des Comi-
tés de Base qui groupait environ 200 personnes.
Deux problèmes sont posés au départ : prépara-
tion de la rentrée et rapport entre grévistes et
non-grévistes dans les Comités de Base.
salle de cantine se tenait une réunion des Comi-
tés de Base qui groupait environ 200 personnes.
Deux problèmes sont posés au départ : prépara-
tion de la rentrée et rapport entre grévistes et
non-grévistes dans les Comités de Base.
Mis à part les revendications particulières, sui-
vant qu'il représente la tôlerie, le bureau ordon-
nancement-planning, le bureau méthodes-machi-
nes tournantes, les viseurs (mécanique optique
de précision), le magasin de lancement, chaque
Comité de Base se trouve devant ce danger : se
cantonner dans les petites revendications corpo-
ratives.
vant qu'il représente la tôlerie, le bureau ordon-
nancement-planning, le bureau méthodes-machi-
nes tournantes, les viseurs (mécanique optique
de précision), le magasin de lancement, chaque
Comité de Base se trouve devant ce danger : se
cantonner dans les petites revendications corpo-
ratives.
La question est posée sous cette forme : « Alors
une fois que nous aurons obtenu un quart d'heure
pour se laver, une blouse blanche, le droit de s'as-
seoir, ou bien ce sera le paradis, ce qui serait
étonnant, ou bien les gars ne s'y intéresseront
plus. Il faut que nous nous occupions de problè-
mes plus importants, par exemple : la gestion de
la boîte ».
une fois que nous aurons obtenu un quart d'heure
pour se laver, une blouse blanche, le droit de s'as-
seoir, ou bien ce sera le paradis, ce qui serait
étonnant, ou bien les gars ne s'y intéresseront
plus. Il faut que nous nous occupions de problè-
mes plus importants, par exemple : la gestion de
la boîte ».
Les ouvriers du câblage ont obtenu l'auto-disci-
pline, c'est-à-dire qu'ils déchargent le chef de
service et les agents de maîtrise de cette part de
leur pouvoir : faire régner l'ordre. Les ouvriers
C.S.F. revendiquent l'autodiscipline essentielle-
ment pour ne plus avoir à subir les multiples bri-
mades et vexations infligées par les chefs. Mais
il s'avère bientôt que cette auto-discipline les
transforme en agents inconscients de la direction
et qu'ils font peser sur leurs camarades — et
avec le sourire — le règlement intérieur établi
arbitrairement par la direction.
pline, c'est-à-dire qu'ils déchargent le chef de
service et les agents de maîtrise de cette part de
leur pouvoir : faire régner l'ordre. Les ouvriers
C.S.F. revendiquent l'autodiscipline essentielle-
ment pour ne plus avoir à subir les multiples bri-
mades et vexations infligées par les chefs. Mais
il s'avère bientôt que cette auto-discipline les
transforme en agents inconscients de la direction
et qu'ils font peser sur leurs camarades — et
avec le sourire — le règlement intérieur établi
arbitrairement par la direction.
La critique de l'autodiscipline commence par
une anecdote racontée par un délégué d'un Co-
mité de Base. Le chef de service d'un atelier
R.S.M. (Relai synchro-moteur), réputé pour la
discipline « vacharde » qu'il faisait régner dans
l'atelier, choisit d'accepter dans le cahier de re-
vendications que lui présentent les travailleurs un
seul point : l'autodiscipline.
une anecdote racontée par un délégué d'un Co-
mité de Base. Le chef de service d'un atelier
R.S.M. (Relai synchro-moteur), réputé pour la
discipline « vacharde » qu'il faisait régner dans
l'atelier, choisit d'accepter dans le cahier de re-
vendications que lui présentent les travailleurs un
seul point : l'autodiscipline.
Le coïncidence ne semble pas due au hasard
et l'un des travailleurs de cet atelier intervient :
« l'auto-dicipline, nous ne sommes pas armés
et l'un des travailleurs de cet atelier intervient :
« l'auto-dicipline, nous ne sommes pas armés
pour cela, la direction ne demande que ça, en
plus c'est une façon d'accepter, sans l'avoir dis-
cuté, le règlement intérieur patronal ». Un autre
répond : « II faudrait que nous établissions nous-
mêmes le règlement intérieur ». Un délégué de
Comité de Base explique : « Tu ne penses tout
de mérne pas,qu'ils vont nous laisser faire le règle-
ment intérieur, car, ils savent bien que le premier
article serait la prise de possession, par les ou-
vrirs, des locaux, de la direction et des biens de
l'entreprise. De toutes façons, ce projet d'auto-
discipline n'a pas résisté à la réalité, il sert plus
les patrons que les ouvriers ».
plus c'est une façon d'accepter, sans l'avoir dis-
cuté, le règlement intérieur patronal ». Un autre
répond : « II faudrait que nous établissions nous-
mêmes le règlement intérieur ». Un délégué de
Comité de Base explique : « Tu ne penses tout
de mérne pas,qu'ils vont nous laisser faire le règle-
ment intérieur, car, ils savent bien que le premier
article serait la prise de possession, par les ou-
vrirs, des locaux, de la direction et des biens de
l'entreprise. De toutes façons, ce projet d'auto-
discipline n'a pas résisté à la réalité, il sert plus
les patrons que les ouvriers ».
La réunion s'oriente vers la mise au point de
nouvelles actions à mener, particulièrement pour
enlever aux cadres patronaux l'essentiel de leurs
prérogatives dans l'organisation du travail. Les
Comités de Base sont prêts à déclencher des grè-
ves intermittentes qui désorganisent la produc-
tion ainsi que l'appareil de répression du patro-
nat.
nouvelles actions à mener, particulièrement pour
enlever aux cadres patronaux l'essentiel de leurs
prérogatives dans l'organisation du travail. Les
Comités de Base sont prêts à déclencher des grè-
ves intermittentes qui désorganisent la produc-
tion ainsi que l'appareil de répression du patro-
nat.
L'objectif : organiser toute l'usine C.S.F. en
Comités de Base est atteint d'ores et déjà, mais
la liaison inter-entreprises n'en est qu'à ses dé-
buts. Il s'agit bien entendu de la liaison entre
militants de base qui reste très difficile à mainte-
nir bien qu'elle s'établisse assez facilement dans
un premier temps.
Comités de Base est atteint d'ores et déjà, mais
la liaison inter-entreprises n'en est qu'à ses dé-
buts. Il s'agit bien entendu de la liaison entre
militants de base qui reste très difficile à mainte-
nir bien qu'elle s'établisse assez facilement dans
un premier temps.
Les non-grévistes, présents à cette réunion,
prennent la parole et se joignent aux grévistes
pour saluer comme une victoire le dépôt d'un
cahier de revendications par les magasiniers qui
étaient tous non grévistes.
prennent la parole et se joignent aux grévistes
pour saluer comme une victoire le dépôt d'un
cahier de revendications par les magasiniers qui
étaient tous non grévistes.
Nous avons posé la question suivante à un dé-
légué C.G.T., membre d'un Comité de Base :
« Existe-t-il une contradiction entre le rôle de
délégué du personnel et celui de délégué du Co-
mité de Base ?
légué C.G.T., membre d'un Comité de Base :
« Existe-t-il une contradiction entre le rôle de
délégué du personnel et celui de délégué du Co-
mité de Base ?
— Non, car il y avait, jusqu'à maintenant une
insuffisance de représentativité et surtout un
manque de temps pour s'occuper de tous les pro-
blèmes au sein de chaque groupe. D'ailleurs, les
responsables syndicaux ne peuvent rester à l'é-
cart de ce mouvement qui regroupe la presque
totalité des travailleurs de la C.S.F. Nous avons,
pendant cette longue grève, réfléchi et établi no-
tre action d'aujourd'hui et personne ne pourra
plus empêcher qu'elle se développe. »
insuffisance de représentativité et surtout un
manque de temps pour s'occuper de tous les pro-
blèmes au sein de chaque groupe. D'ailleurs, les
responsables syndicaux ne peuvent rester à l'é-
cart de ce mouvement qui regroupe la presque
totalité des travailleurs de la C.S.F. Nous avons,
pendant cette longue grève, réfléchi et établi no-
tre action d'aujourd'hui et personne ne pourra
plus empêcher qu'elle se développe. »
\
CBT EN ARRETANT
NOS MACHINES
DANS L'UNITE QUE
NOUS LEUR DEMONTRONS
LEUR FAIBLESSE
8
Les comités debase à Rhône-Poulenc (Vitry)
La recherche
cTurie action nouvelle
après la reprise
cTurie action nouvelle
après la reprise
L'article qu'on va lire est à la fois l'historique
et l'analyse de la grève à l'usine Rhône-Poulenc
à Vitry. grève exceptionnelle à plusieurs titres.
et l'analyse de la grève à l'usine Rhône-Poulenc
à Vitry. grève exceptionnelle à plusieurs titres.
Situation générale avant la grève
Le trust Rhône-Poulenc est le premier trust de
France par le chiffre d'affaires. Ses activités
s'étendent à plusieurs branches : textiles artifi-
ciels (Rhodiaceta), produi-ts chimiques..., et pro-
duits pharmaceutiques. Pour ces derniers, l'usine
de Vitry est l'unité de base, c'est-à-dire qu'elle
produit les matières premières en pharmacie
pour tout le secteur pharmaceutique, ces matières
premières étant conditionnées dans les autres usi-
nes du trust (Spécia, Prolabo, Teraplix...) .
France par le chiffre d'affaires. Ses activités
s'étendent à plusieurs branches : textiles artifi-
ciels (Rhodiaceta), produi-ts chimiques..., et pro-
duits pharmaceutiques. Pour ces derniers, l'usine
de Vitry est l'unité de base, c'est-à-dire qu'elle
produit les matières premières en pharmacie
pour tout le secteur pharmaceutique, ces matières
premières étant conditionnées dans les autres usi-
nes du trust (Spécia, Prolabo, Teraplix...) .
L'usine de Vitry comprend plusieurs secteurs :
recherche, mise au point et fabrication de pro-
duits industriels. Elle emploie 3.600 personnes
parmi lesquelles environ 1.800 ouvriers, 1.000
techniciens, 500 agents de maîtrise et 300 ca-
dres.
recherche, mise au point et fabrication de pro-
duits industriels. Elle emploie 3.600 personnes
parmi lesquelles environ 1.800 ouvriers, 1.000
techniciens, 500 agents de maîtrise et 300 ca-
dres.
Il faut souligner deux faits importants :
— Depuis deux ans, on note une surproduc-
tion importante ; malgré les stocks qui s'accumu-
lent, on constate une volonté certaine de la direc-
tion de ne pas licencier. Par exemple, en avril et
mai 1968, une partie des travailleurs des ateliers
P.M.O. (Produit Minéral Organique), après la
fermeture de ceux-ci, fut employée dans la manu-
tention et dans l'entretien des bâtiments au lieu
d'être licenciée.
tion importante ; malgré les stocks qui s'accumu-
lent, on constate une volonté certaine de la direc-
tion de ne pas licencier. Par exemple, en avril et
mai 1968, une partie des travailleurs des ateliers
P.M.O. (Produit Minéral Organique), après la
fermeture de ceux-ci, fut employée dans la manu-
tention et dans l'entretien des bâtiments au lieu
d'être licenciée.
— Dans les années 50, époque à laquelle se
monte le trust, son développement nécessite une
main-d'œuvre abondante et qualifiée qu'on ne
trouve pas sur le marché du travail ; aussi forme-
t-il lui-même son personnel. Une partie de ces
travailleurs, aujourd'hui âgés d'une cinquantaine
d'années, sont employés très au-dessus de leur
qualification. Ils ne pourraient espérer des sa-
laires et des conditions de travail aussi avanta-
geux s'ils avaient à quitter l'usine. En revanche,
à partir des années 60, furent engagés de jeunes
techniciens (niveau B.E.I.) qui, aujourd'hui, sont
employés très nettement au-dessous de leur quali-
fication (d'où résulte un mécontentement cer-
tain) .
monte le trust, son développement nécessite une
main-d'œuvre abondante et qualifiée qu'on ne
trouve pas sur le marché du travail ; aussi forme-
t-il lui-même son personnel. Une partie de ces
travailleurs, aujourd'hui âgés d'une cinquantaine
d'années, sont employés très au-dessus de leur
qualification. Ils ne pourraient espérer des sa-
laires et des conditions de travail aussi avanta-
geux s'ils avaient à quitter l'usine. En revanche,
à partir des années 60, furent engagés de jeunes
techniciens (niveau B.E.I.) qui, aujourd'hui, sont
employés très nettement au-dessous de leur quali-
fication (d'où résulte un mécontentement cer-
tain) .
Le nombre des syndiqués dans l'usine repré-
sente 1 3 % de l'ensemble des travailleurs : syn-
diqué signifiant, bien souvent, le fait de pos-
séder sa carte, mais n'impliquant pas une parti-
sente 1 3 % de l'ensemble des travailleurs : syn-
diqué signifiant, bien souvent, le fait de pos-
séder sa carte, mais n'impliquant pas une parti-
cipation active. Les grandes centrales syndicales
son treprésentées : la C.G.T. (majoritaire), re-
groupe 50 % des syndiqués, suivie par la C.F.D.T.
(40 %) et par F.Ô. (5 %) (en rupture avec la
direction confédérale) qui, bien que minoritaire,
est très politisée et très active.
son treprésentées : la C.G.T. (majoritaire), re-
groupe 50 % des syndiqués, suivie par la C.F.D.T.
(40 %) et par F.Ô. (5 %) (en rupture avec la
direction confédérale) qui, bien que minoritaire,
est très politisée et très active.
Le déclenchement de la grève
Pendant des années, avant la grève, la « dépo-
litisation » presque totale des travailleurs est
frappante : faible participation aux activités syn-
dicales, faible participation aux grèves... ; pour-
tant, quelques groupes d'étudiants « gauchistes »
(trotskystes) venaient de temps en temps à la
sortie de l'usine, dans l'indifférence quasi-géné-
rale.
litisation » presque totale des travailleurs est
frappante : faible participation aux activités syn-
dicales, faible participation aux grèves... ; pour-
tant, quelques groupes d'étudiants « gauchistes »
(trotskystes) venaient de temps en temps à la
sortie de l'usine, dans l'indifférence quasi-géné-
rale.
Le mouvement étudiant a eu un certain écho
dans l'usine, surtout auprès des jeunes, certains
d'entre eux participant même oux barricades.
dans l'usine, surtout auprès des jeunes, certains
d'entre eux participant même oux barricades.
La grande grève du 13 mai, décidée pour des
motifs « parlementaires » est suivie à environ
50 %, les cadres n'y participant pas et les agents
de maîtrise y participant avec réticence. Du 13
au 20, la boîte marche, mais on note une prise
de conscience grandissante parmi les travailleurs.
motifs « parlementaires » est suivie à environ
50 %, les cadres n'y participant pas et les agents
de maîtrise y participant avec réticence. Du 13
au 20, la boîte marche, mais on note une prise
de conscience grandissante parmi les travailleurs.
Le vendredi 17 mai, la direction décide d'ar-
rêter toutes les productions, dans l'intention pro-
bable de lock-outer l'usine. Grâce aux grèves
dans le secteur public, cette manœuvre fut dé-
jouée.
rêter toutes les productions, dans l'intention pro-
bable de lock-outer l'usine. Grâce aux grèves
dans le secteur public, cette manœuvre fut dé-
jouée.
Le soir de ce vendredi, l'Intersyndicale réunit
les travailleurs (participation de 50 à 60 %).
Ce jour-là déjà, une majorité des présents (60 %)
se dégage pour la grève avec occupation immé-
diate de l'usine. Les syndicats, ayant demandé
la majorité des 2/3, l'usine n'est pas occupée
pendant le week-end.
les travailleurs (participation de 50 à 60 %).
Ce jour-là déjà, une majorité des présents (60 %)
se dégage pour la grève avec occupation immé-
diate de l'usine. Les syndicats, ayant demandé
la majorité des 2/3, l'usine n'est pas occupée
pendant le week-end.
Le samedi 18, l'Intersyndicale décide de la
grève avec occupation dès le lundi 20. La C.G.T.
propose alors la structure en comités de base,
proposition acceptée, pour des motifs différents,
par la C.F.D.T. et par F.O. Cette proposition uni-
que en son genre a été faite dans le but proba-
ble de « couler » les deux autres centrales.
grève avec occupation dès le lundi 20. La C.G.T.
propose alors la structure en comités de base,
proposition acceptée, pour des motifs différents,
par la C.F.D.T. et par F.O. Cette proposition uni-
que en son genre a été faite dans le but proba-
ble de « couler » les deux autres centrales.
La grève avec occupation est effective le lundi
20. Dès le début, il y a environ 2.000 occupants :
ouvriers, tehniciens et agents de maîtrise. Au
bout d'une semaine, une quinzaine de cadres
décident de rallier la grève, après de multiples
votes et malgré l'opposition de la C.G.C.
20. Dès le début, il y a environ 2.000 occupants :
ouvriers, tehniciens et agents de maîtrise. Au
bout d'une semaine, une quinzaine de cadres
décident de rallier la grève, après de multiples
votes et malgré l'opposition de la C.G.C.
Les Comités de Base
Comme on l'a vu, la structure en Comités de
Base a été décidée par l'Intersyndicale, mais la
participation y a été massive. On a assisté à un
phénomène général de débordement des centra-
les syndicales.
Base a été décidée par l'Intersyndicale, mais la
participation y a été massive. On a assisté à un
phénomène général de débordement des centra-
les syndicales.
Les buts et l'organisation des Comités de Base
sont définis dans le tract du 28 mai ci-joint.
sont définis dans le tract du 28 mai ci-joint.
RHONE-POULENC, 9, quai Jules-Guesde
VITRY-sur-SEINE
VITRY, le 28 Mai 1968
Nous travailleurs de Rhône-Poulenc Vitry,
en grève depuis le 20 mai 1968, solidaires et partie
intégrante du mouvement populaire, contestons l'orga-
nisation de la société et mettons en place une nou-
velle forme de structure.
intégrante du mouvement populaire, contestons l'orga-
nisation de la société et mettons en place une nou-
velle forme de structure.
Nous vous le soumettons dans le souci d'informer
l'opinion publique et pour l'unité et la compréhension
du mouvement ouvrier.
l'opinion publique et pour l'unité et la compréhension
du mouvement ouvrier.
La structure que nous avons mise en place regroupe
l'ensemble des travailleurs en grève et nous semble
présenter la meilleure garantie de notre unité pour
faire aboutir et pour préserver nos revendications.
l'ensemble des travailleurs en grève et nous semble
présenter la meilleure garantie de notre unité pour
faire aboutir et pour préserver nos revendications.
En voici la liste sommaire non limitative :
— Paiement des jours de grève
— Augmentation des salaires et indexation
— Semaine de 40 heures sans perte de salaire
— Garantie de l'emploi
— Abrogations des ordonnances
— Liberté d'expression et syndicales
— Maintien des nouvelles structures.
Comité Exécutif
Comité central de grève
Comité central de grève
Comité Comité Comité
de de de
base base base
— Le comité de base est formé par l'ensemble des
travailleurs d'un même secteur. Il est l'expression
de la volonté des travailleurs.
travailleurs d'un même secteur. Il est l'expression
de la volonté des travailleurs.
— Le comité central de grève est formé de représen-
tants élus par les comités de base.
tants élus par les comités de base.
Il recueille et coordonne les décisions des comités
de base, soumet ses projets à la ratification de
ceux-ci et les transmet au comité exécutif.
de base, soumet ses projets à la ratification de
ceux-ci et les transmet au comité exécutif.
— Le comité exécutif est formé par les représentants
syndicaux élus par les travailleurs, légalement ac-
crédités pour parler au nom de ceux-ci. Il est l'inter-
prète des volontés et des aspirations des travail-
leurs auprès de la Direction Générale.
syndicaux élus par les travailleurs, légalement ac-
crédités pour parler au nom de ceux-ci. Il est l'inter-
prète des volontés et des aspirations des travail-
leurs auprès de la Direction Générale.
Cette structure prouve que nous avons pris cons-
cience de nos responsabilités. Nous voulons construire
et non détruire : ce serait mépriser les travailleurs de
ne limiter leurs aspirations qu'à des revendications ma-
térielles.
cience de nos responsabilités. Nous voulons construire
et non détruire : ce serait mépriser les travailleurs de
ne limiter leurs aspirations qu'à des revendications ma-
térielles.
Alors que l'on nous avait toujours refuser la parole
nous l'avons prise, nous avons appris à parler et cela
est irréversible.
nous l'avons prise, nous avons appris à parler et cela
est irréversible.
N.B. — Les comités de BASE sont ouverts aux cadres.
— Le comité central de grève, seulement représen-
tatif, est révocable à tout moment.
tatif, est révocable à tout moment.
— Le comité exécutif est formé de représentants
syndicaux élus, les syndiqués étant seuls reconnus
par la loi.
syndicaux élus, les syndiqués étant seuls reconnus
par la loi.
Le Comité Central de Grève. Tél. ITA. 59-45.
Ces Comités de Base sont au nombre de 39. Ils
délèguent quatre représentants au Comité Cen-
tral ; celui-ci a donc l 56 membres dont 78 siè-
gent en permanence. Ces représentants sont élus
et révocables à tout moment. Les réunions du
Comité Central sont publiques et journalières.
délèguent quatre représentants au Comité Cen-
tral ; celui-ci a donc l 56 membres dont 78 siè-
gent en permanence. Ces représentants sont élus
et révocables à tout moment. Les réunions du
Comité Central sont publiques et journalières.
Les Comités de Base se forment sur la base
des unités de travail (les bâtiments). Certains
de ces bâtiments comprennent toutes les catégo-
ries (ouvriers, techniciens, cadres, chercheurs) de
travailleurs participant à la fabrication d'un pro-
duit déterminé (caoutchouc, par exemple) ^'au-
tres ne comprennent qu'une catégorie de travail-
leurs, des techniciens en général (par exemple,
les Centres de Recherche dits C.N.G.).
des unités de travail (les bâtiments). Certains
de ces bâtiments comprennent toutes les catégo-
ries (ouvriers, techniciens, cadres, chercheurs) de
travailleurs participant à la fabrication d'un pro-
duit déterminé (caoutchouc, par exemple) ^'au-
tres ne comprennent qu'une catégorie de travail-
leurs, des techniciens en général (par exemple,
les Centres de Recherche dits C.N.G.).
Le nombre des syndiqués participant aux Co-
mités de Base est de 25 %. La proportion est la
même au Comité Central.
mités de Base est de 25 %. La proportion est la
même au Comité Central.
La C.G.T. décida de la création du Comité
Exécutif, le dimanche 19 à une Intersyndicale
où elle était majoritaire. Un membre du Comité
Central ne peut être membre du Comité Exécutif.
Exécutif, le dimanche 19 à une Intersyndicale
où elle était majoritaire. Un membre du Comité
Central ne peut être membre du Comité Exécutif.
Pourquoi ce Comité Exécutif ? Deux raisons
fondamentales :
fondamentales :
— La direction ne veut discuter qu'avec des
syndiqués.
syndiqués.
— Les syndiqués sont les seuls couverts par
la loi.
la loi.
Après une semaine de grève, les Comités de
Base ont réussi à faire admettre un non syndiqué
au Comité Exécutif.
Base ont réussi à faire admettre un non syndiqué
au Comité Exécutif.
Historique du fonctionnement des Comités de
Base
Base
Dans le fonctionnement des Comités de Base,
deux périodes se dégagent très nettement : avant
et après le week-end de la Pentecôte. Nous re-
viendrons plus loin sur les causes de cette cou-
pure.
deux périodes se dégagent très nettement : avant
et après le week-end de la Pentecôte. Nous re-
viendrons plus loin sur les causes de cette cou-
pure.
Pendant les quinze premiers jours (jusqu'au
week-end), on assiste à un phénomène d'engoue-
ment extraordinaire pour les comités de base. Re-
marquons dès maintenant que les travailleurs qui
y participèrent ont trouvé cette forme tout à fait
naturelle, croyant même que toutes les usines
étaient organisées de la même façon ; quant à la
participation des travailleurs, elle fut extrême-
ment active, contrairement à ce qui se passait
avant, parce que les gens se sont sentis « utiles » :
toutes les propositions étaient écoutées, discutées
et les meilleures étaient soumises au vote (par
exemple, l'entrée d'un non syndiqué au Comité
Exécutif). Soulignons aussi que dans toute cette
période, les syndiqués ont collaboré aux Comités
-de Base sans qu'il y ait de luttes intestines. Prati-
quement, on peut dire qu'il n'y avait plus de syn-
dicats ou de syndiqués, mais uniquement des oc-
cupants. Le Comité Exécutif était entièrement
soumis aux décisions du Comité Central.
week-end), on assiste à un phénomène d'engoue-
ment extraordinaire pour les comités de base. Re-
marquons dès maintenant que les travailleurs qui
y participèrent ont trouvé cette forme tout à fait
naturelle, croyant même que toutes les usines
étaient organisées de la même façon ; quant à la
participation des travailleurs, elle fut extrême-
ment active, contrairement à ce qui se passait
avant, parce que les gens se sont sentis « utiles » :
toutes les propositions étaient écoutées, discutées
et les meilleures étaient soumises au vote (par
exemple, l'entrée d'un non syndiqué au Comité
Exécutif). Soulignons aussi que dans toute cette
période, les syndiqués ont collaboré aux Comités
-de Base sans qu'il y ait de luttes intestines. Prati-
quement, on peut dire qu'il n'y avait plus de syn-
dicats ou de syndiqués, mais uniquement des oc-
cupants. Le Comité Exécutif était entièrement
soumis aux décisions du Comité Central.
10
Les principaux sujets de discussion portaient
sur l'aménagement des structures de l'usine (dis-
cussions exploratoires sur l'autogestion...), les
structures des Comités de Base (d'où est sorti
le tract du 28 mai). Des discussions en petits
comités (une dizaine de travailleurs) portèrent
sur des sujets politiques (par exemple sur la stra-
tégie du P.C.F.), revendicatif (établissement du
cahier de revendications) ou sur le rôle des syn-
dicats.
sur l'aménagement des structures de l'usine (dis-
cussions exploratoires sur l'autogestion...), les
structures des Comités de Base (d'où est sorti
le tract du 28 mai). Des discussions en petits
comités (une dizaine de travailleurs) portèrent
sur des sujets politiques (par exemple sur la stra-
tégie du P.C.F.), revendicatif (établissement du
cahier de revendications) ou sur le rôle des syn-
dicats.
Vers le début du mois, une certaine lassitude
intellectuelle (baisse de l'activité créatrice mal-
gré un regain de vigilance après le discours de
De Gaulle du 30) commence à apparaître, tous
les sujets de discussion étant épuisés. Le premier
juin, se tient une réunion du Comité Central où
est longuement discuté le problème de l'essence
pour le week-end de la Pentecôte !
intellectuelle (baisse de l'activité créatrice mal-
gré un regain de vigilance après le discours de
De Gaulle du 30) commence à apparaître, tous
les sujets de discussion étant épuisés. Le premier
juin, se tient une réunion du Comité Central où
est longuement discuté le problème de l'essence
pour le week-end de la Pentecôte !
A la rentrée, l'occupation est toujours aussi
importante mais l'esprit n'est plus du tout le
même : les longues discussions sont remplacées
par des parties de cartes, de boules ou de volley.
Les syndiqués commencent à défendre leurs peti-
tes boutiques... Les syndicats commencent un tra-
vail de sape.
importante mais l'esprit n'est plus du tout le
même : les longues discussions sont remplacées
par des parties de cartes, de boules ou de volley.
Les syndiqués commencent à défendre leurs peti-
tes boutiques... Les syndicats commencent un tra-
vail de sape.
C'est à cette époque que s'ouvrent les négo-
ciations avec le patron sur les bases définies dans
le tract. Les syndicats ont retrouvé leur raison
d'être : le marchandage ; d'ailleurs la première
« victoire » est la reconnaissance des droits syn-
dicaux dans l'entreprise. Le fait d'être les seuls
à négocier leur permet de prendre ( «enfin ») le
rôle prééminent. Et tout d'abord le résultat : en
huit jours, les syndicats obtiennent... les accords
de Grenelle.
ciations avec le patron sur les bases définies dans
le tract. Les syndicats ont retrouvé leur raison
d'être : le marchandage ; d'ailleurs la première
« victoire » est la reconnaissance des droits syn-
dicaux dans l'entreprise. Le fait d'être les seuls
à négocier leur permet de prendre ( «enfin ») le
rôle prééminent. Et tout d'abord le résultat : en
huit jours, les syndicats obtiennent... les accords
de Grenelle.
La C.G.T. ne tarde pas à inviter tout le monde
à reprendre le travail (« les élections...», « on
n'obtiendra rien de plus... »). Devant la résis-
tance très vive des occupants, elle décide de faire
sortir ses militants de l'usine le lundi 10. Résul-
tats :
à reprendre le travail (« les élections...», « on
n'obtiendra rien de plus... »). Devant la résis-
tance très vive des occupants, elle décide de faire
sortir ses militants de l'usine le lundi 10. Résul-
tats :
— un certain nombre de cartes de la C.G.T.
sont déchirées.
sont déchirées.
— le mercredi 12, la reprise est décidée par
la C.F.D.T. malgré un vote défavorable des occu-
pants (580 pour la continuation de la grève,
470 contre).
la C.F.D.T. malgré un vote défavorable des occu-
pants (580 pour la continuation de la grève,
470 contre).
Sur le fonctionnement effectif des Comités de
Base
Base
La structure en Comités de Base a été pro-
posée par la C.G.T. pour des motifs bien précis.
Mais cette forme elle-même a eu ses fins com-
posée par la C.G.T. pour des motifs bien précis.
Mais cette forme elle-même a eu ses fins com-
plètement transformées par un contenu différent
de celui prévu, la forte et active participation des
travailleurs, décidant eux-mêmes, sans intermé-
diaires, de leur grève.
de celui prévu, la forte et active participation des
travailleurs, décidant eux-mêmes, sans intermé-
diaires, de leur grève.
Il faut cependant voir ce qui s'est réellement
passé dans le cas de Rhône-Poulenc-Vitry :
passé dans le cas de Rhône-Poulenc-Vitry :
— A l'intérieur de la boîte : comme on l'a
dit, la division des comités en unités de travail
a favorisé la création de comités composés exclu-
sivement de techniciens, et d'autres composés
d'ouvriers. Un fait se détache : s'il y a eu « rap-
prochement » entre ouvriers et techniciens, il n'y
a pas eu de fusion véritable entre les différents
comités. En quelque sorte, on a assisté à une per-
pétuation de la division capitaliste du travail.
dit, la division des comités en unités de travail
a favorisé la création de comités composés exclu-
sivement de techniciens, et d'autres composés
d'ouvriers. Un fait se détache : s'il y a eu « rap-
prochement » entre ouvriers et techniciens, il n'y
a pas eu de fusion véritable entre les différents
comités. En quelque sorte, on a assisté à une per-
pétuation de la division capitaliste du travail.
— Les relations avec l'extérieur : elles n'ont
été le fait que d'une petite minorité radicale (qui
a eu une certaine influence sur la constitution en
comités de base dans différentes usines telles que
Hispano-Suiza, Thomson-Bagneux...). La majo-
rité des travailleurs de l'usine se sont refermés
sur leur boîte et n'ont eu que des contacts indi-
viduels avec les autres boîtes.
été le fait que d'une petite minorité radicale (qui
a eu une certaine influence sur la constitution en
comités de base dans différentes usines telles que
Hispano-Suiza, Thomson-Bagneux...). La majo-
rité des travailleurs de l'usine se sont refermés
sur leur boîte et n'ont eu que des contacts indi-
viduels avec les autres boîtes.
L'expérience de R.P. Vitry montre de façon
évidente les raisons de la « dépolitisation », de
« l'apathie »... des travailleurs : ces derniers,
quand ils se sentent concernés, quand ils savent
que la décision dépend d'eux, participent active-
ment et massivement, de façon directe. Dans une
situation, où les décisions sont prises par d'autres,
en leur nom, le désintéressement est quasi total.
évidente les raisons de la « dépolitisation », de
« l'apathie »... des travailleurs : ces derniers,
quand ils se sentent concernés, quand ils savent
que la décision dépend d'eux, participent active-
ment et massivement, de façon directe. Dans une
situation, où les décisions sont prises par d'autres,
en leur nom, le désintéressement est quasi total.
— Sur les raisons du mauvais fonctionnement
des Comités de Base
des Comités de Base
Sans entrer dans une analyse globale du mou-
vement, on peut dire que la structure en comités
de base est une structure active, de « combat »,
qui doit déboucher sur une action pratique. A
partir du moment où les conditions générales em-
pêchent cet aboutissement, cette structure se vide
de son contenu. L'action pratique à laquelle il est
fait allusion ici est la grève active : fonctionne-
ment des usines par les travailleurs eux-mêmes,
au profit des autres grévistes et en relation avec
eux.
vement, on peut dire que la structure en comités
de base est une structure active, de « combat »,
qui doit déboucher sur une action pratique. A
partir du moment où les conditions générales em-
pêchent cet aboutissement, cette structure se vide
de son contenu. L'action pratique à laquelle il est
fait allusion ici est la grève active : fonctionne-
ment des usines par les travailleurs eux-mêmes,
au profit des autres grévistes et en relation avec
eux.
Malgré les difficultés de toutes sortes (patro-
nales, syndicales...) qui apparaissent, les travail-
leurs de Rhône-Poulenc tiennent à sauvegarder
la structure des Comités de Base, bien que la
grève soit finie.
nales, syndicales...) qui apparaissent, les travail-
leurs de Rhône-Poulenc tiennent à sauvegarder
la structure des Comités de Base, bien que la
grève soit finie.
11
Grève "sur place"
au ministère de l'Équipement
(20 mai - 8 juin)
La grève active, « sur place et non limitée »
qui s'est déroulée du 20 mai au 8 juin au Minis-
tère de l'Equipement témoigne de l'ampleur du
phénomène d'effervescence révolutionnaire qui
est apparu dans la société française.
qui s'est déroulée du 20 mai au 8 juin au Minis-
tère de l'Equipement témoigne de l'ampleur du
phénomène d'effervescence révolutionnaire qui
est apparu dans la société française.
La veille encore, 19 mai, celui qui aurait parlé
d'une éventualité aussi extraordinaire aurait pas-
sé pour un peu fou. En tout cas, les dirigeants de
l'Union Générale des Fédérations de fonctionnai-
res C.G.T. ne prévoyaient rien de ce genre On
peut même se demander s'ils prévoyaient qu'une
action de quelque ampleur allait se dérouler dans
la fonction publique. Le dimanche 19 mai, alors
que le mouvement de grève s'étendait rapidement
depuis une semaine déjà, les militants venus aux
nouvelles au siège de la Fédération, rue de Solfé-
rino, avaient la surprise de parcourir des bureaux
vides alors qu'ils pensaient trouver les directions
syndicales réunies et délibérant sur ce qu'il con-
venait de faire. Ils découvraient enfin, au fond
d'un couloir, un camarade de permanence qui les
renseignait : la Fédération avait préparé un tract
invitant les fonctionnaires à décider eux-mêmes
de la forme de leur action éventuelle.
d'une éventualité aussi extraordinaire aurait pas-
sé pour un peu fou. En tout cas, les dirigeants de
l'Union Générale des Fédérations de fonctionnai-
res C.G.T. ne prévoyaient rien de ce genre On
peut même se demander s'ils prévoyaient qu'une
action de quelque ampleur allait se dérouler dans
la fonction publique. Le dimanche 19 mai, alors
que le mouvement de grève s'étendait rapidement
depuis une semaine déjà, les militants venus aux
nouvelles au siège de la Fédération, rue de Solfé-
rino, avaient la surprise de parcourir des bureaux
vides alors qu'ils pensaient trouver les directions
syndicales réunies et délibérant sur ce qu'il con-
venait de faire. Ils découvraient enfin, au fond
d'un couloir, un camarade de permanence qui les
renseignait : la Fédération avait préparé un tract
invitant les fonctionnaires à décider eux-mêmes
de la forme de leur action éventuelle.
Les camarades pouvaient venir le chercher de-
main lundi. Bref, il fallait que les militants de la
base viennent d'eux-mêmes.
main lundi. Bref, il fallait que les militants de la
base viennent d'eux-mêmes.
Le lendemain matin, donc, ce tract était dis-
tribué aux fonctionnaires devant le Ministère.
D'autre part, ce qu'on appelle un peu abusive-
ment chez nous « l'Intersyndicale » — c'est-à-
dire, la réunion tacite des quatre syndicats (dans
l'ordre d'importance numérique : F.O., C.G.T.,
C.F.D.T. et C.G.C.) — s'était mise d'accord pour
convoquer à 1 3 h 30 une assemblée générale du
personnel.
tribué aux fonctionnaires devant le Ministère.
D'autre part, ce qu'on appelle un peu abusive-
ment chez nous « l'Intersyndicale » — c'est-à-
dire, la réunion tacite des quatre syndicats (dans
l'ordre d'importance numérique : F.O., C.G.T.,
C.F.D.T. et C.G.C.) — s'était mise d'accord pour
convoquer à 1 3 h 30 une assemblée générale du
personnel.
Or, à la grande surprise de nombreux militants
syndicaux, cette assemblée générale décidait aus-
sitôt, dans un grand enthousiasme :
syndicaux, cette assemblée générale décidait aus-
sitôt, dans un grand enthousiasme :
1 ) le déclenchement d'une grève « sur place
et non limitée » ;
et non limitée » ;
2) la convocation tous les matins de l'assem-
blée générale du personnel, qui devient l'organis-
me dirigeant de la grève, et qui élit chaque jour
un nouveau président, dont le rôle se borne d'ail-
leurs à permettre de libres débats (18 présidents
se succéderont ainsi jusqu'au 8 juin) ;
blée générale du personnel, qui devient l'organis-
me dirigeant de la grève, et qui élit chaque jour
un nouveau président, dont le rôle se borne d'ail-
leurs à permettre de libres débats (18 présidents
se succéderont ainsi jusqu'au 8 juin) ;
3) la création de cinq commissions, qui n'ont
pas pouvoir de décision mais soumettent leurs
propositions à l'assemblée générale :
pas pouvoir de décision mais soumettent leurs
propositions à l'assemblée générale :
a) Réforme de l'Administration ;
b) Réforme des structures du Ministère de
l'Equipement et du Logement ;
l'Equipement et du Logement ;
c) « Cahier de Revendications » ;
d) Comité de liaison et d'information ;
e) Comité permanent d'action et « Tribune
Libre ».
Libre ».
L'Assemblée Générale se met aussitôt en rap-
port avec le personnel du Ministère travaillant
dans un autre immeuble, boulevard Saint-Ger-
main, où se trouve le cabinet du ministre —
M. Ortoli, à ce moment-là — et le soir même, la
grève est effective boulevard Saint-Germain, à la
suite d'une décision prise par une Assemblée Gé-
nérale semblable à la nôtre. Le même jour, elle
gagne aussi trois annexes du Ministère qui abri-
tent des bureaux d'études.
port avec le personnel du Ministère travaillant
dans un autre immeuble, boulevard Saint-Ger-
main, où se trouve le cabinet du ministre —
M. Ortoli, à ce moment-là — et le soir même, la
grève est effective boulevard Saint-Germain, à la
suite d'une décision prise par une Assemblée Gé-
nérale semblable à la nôtre. Le même jour, elle
gagne aussi trois annexes du Ministère qui abri-
tent des bureaux d'études.
ETIONS-NOUS REPRESENTATIFS ?
Un des aspects du mouvement paraît tout à
fait nouveau, insolite même. L'Assemblée Géné-
rale décide en effet que tout en menant une
grève « sur place », c'est-à-dire, dans les locaux
du Ministère, elle n'empêchera pas les non-gré-
vistes de pénétrer dans leurs bureaux. Mieux en-
core, elle déclare que les Assemblées Générales
qui se tiennent tous les matins sont ouvertes à
tout le personnel, gréviste ou non-gréviste. A tout
instant, théoriquement, les non-grévistes pour-
raient donc obtenir l'interruption du mouvement.
fait nouveau, insolite même. L'Assemblée Géné-
rale décide en effet que tout en menant une
grève « sur place », c'est-à-dire, dans les locaux
du Ministère, elle n'empêchera pas les non-gré-
vistes de pénétrer dans leurs bureaux. Mieux en-
core, elle déclare que les Assemblées Générales
qui se tiennent tous les matins sont ouvertes à
tout le personnel, gréviste ou non-gréviste. A tout
instant, théoriquement, les non-grévistes pour-
raient donc obtenir l'interruption du mouvement.
Mais ils ne représentent que 20 à 30 % du
personnel — lequel compte environ 1.400 fonc-
tionnaires et contractuels — et les quelques ma-
nœuvres que certains d'entre eux tenteront contre
le mouvement seront aisément déjouées.
personnel — lequel compte environ 1.400 fonc-
tionnaires et contractuels — et les quelques ma-
nœuvres que certains d'entre eux tenteront contre
le mouvement seront aisément déjouées.
En réalité, l'Assemblée Générale était vérita-
blement représentative d'une nette majorité du
personnel du Ministère bien qu'elle ne réunît
en moyenne, à chacune de ses séances, que 100
à 150 fonctionnaires et contractuels. Tout au
long de ces journées nous en avions la conviction
sincère — mais point de preuve formelle. Le cabi-
net du ministre, de son côté, cherchait à se ren-
seigner sur notre « représentativité ». Comme il
est de coutume durant les grèves, il faisait circu-
ler des feuilles de présence dans les bureaux.
L'Assemblée Générale fit alors appel aux non-
grévistes pour qu'ils refusent de remplir ces feuil-
les et nous les remettent afin de les renvoyer tou-
tes ensemble et non-remplies au ministre. Et ce
dernier renonça en fin de compte à les faire
remplir. Il se contenta de demander un « pour-
centage approximatif » des grévistes. Mais même
si nous avions voulu accéder à sa demande, com-
ment aurions-nous pu l'établir, même à quelques
points près ?
blement représentative d'une nette majorité du
personnel du Ministère bien qu'elle ne réunît
en moyenne, à chacune de ses séances, que 100
à 150 fonctionnaires et contractuels. Tout au
long de ces journées nous en avions la conviction
sincère — mais point de preuve formelle. Le cabi-
net du ministre, de son côté, cherchait à se ren-
seigner sur notre « représentativité ». Comme il
est de coutume durant les grèves, il faisait circu-
ler des feuilles de présence dans les bureaux.
L'Assemblée Générale fit alors appel aux non-
grévistes pour qu'ils refusent de remplir ces feuil-
les et nous les remettent afin de les renvoyer tou-
tes ensemble et non-remplies au ministre. Et ce
dernier renonça en fin de compte à les faire
remplir. Il se contenta de demander un « pour-
centage approximatif » des grévistes. Mais même
si nous avions voulu accéder à sa demande, com-
ment aurions-nous pu l'établir, même à quelques
points près ?
Dès le début de la grève, nous nous sommes
aperçus en effet qu'un très grand nombre de
fonctionnaires et contractuels habitaient hors de
Paris, souvent même à de grandes distances, et
l'absence de moyens de transports, puis les dif-
aperçus en effet qu'un très grand nombre de
fonctionnaires et contractuels habitaient hors de
Paris, souvent même à de grandes distances, et
l'absence de moyens de transports, puis les dif-
ficultés d'approvisionnement en essence, expli-
quaient peut-être leur absence. Sans doute
n'étaient-ils pas des non-grévistes*militants, mais
pouvait-on les compter pour autant parmi les
grévistes ?
quaient peut-être leur absence. Sans doute
n'étaient-ils pas des non-grévistes*militants, mais
pouvait-on les compter pour autant parmi les
grévistes ?
La réponse à cette question, qui suscitait par-
mi nous de fréquentes et franches discussions, fut
apportée par les intéressés eux-mêmes lors de la
dernière Assemblée Générale, le 8 juin.
mi nous de fréquentes et franches discussions, fut
apportée par les intéressés eux-mêmes lors de la
dernière Assemblée Générale, le 8 juin.
Les transports fonctionnaient de nouveau. L'es-
sence était revenue. On peut aussi ajouter que la
situation politique avait bien changé en 15 jours.
Néanmoins, au moment de tenir cette dernière
Assemblée générale, nous avions hésité sur le
choix de la salle. Ou bien nous étions des isolés,
et l'endroit habituel de réunion était suffisant car
nos collègues ne voudraient pas avoir l'air de faire
cause commune avec nous, surtout à la dernière
minute, alors que la situation évoluait dans un
sens qui pouvait paraître momentanément défa-
vorable à notre mouvement. Ou bien nous étions
représentatifs...
sence était revenue. On peut aussi ajouter que la
situation politique avait bien changé en 15 jours.
Néanmoins, au moment de tenir cette dernière
Assemblée générale, nous avions hésité sur le
choix de la salle. Ou bien nous étions des isolés,
et l'endroit habituel de réunion était suffisant car
nos collègues ne voudraient pas avoir l'air de faire
cause commune avec nous, surtout à la dernière
minute, alors que la situation évoluait dans un
sens qui pouvait paraître momentanément défa-
vorable à notre mouvement. Ou bien nous étions
représentatifs...
Nous optâmes finalement pour une grande
salle, et l'Asemblée Générale réunit ce dernier
matin-là quelque 700 fonctionnaires et contrac-
tuels. C'était déjà un test.
salle, et l'Asemblée Générale réunit ce dernier
matin-là quelque 700 fonctionnaires et contrac-
tuels. C'était déjà un test.
Mais il y a mieux. L'Assemblée Générale avait
à débattre d'une question importante et signifi-
cative. Après bien des difficultés nous avions fait
accepter par les syndicats que la délégation qui
devait négocier avec le ministre comprendrait
quatre délégués désignés par les syndicats et deux
délégués élus par l'Assemblée Générale. Or, le
ministre refusait de recevoir nos délégués. Il ne
reconnaissait que les délégués désignés par les
syndicats.
à débattre d'une question importante et signifi-
cative. Après bien des difficultés nous avions fait
accepter par les syndicats que la délégation qui
devait négocier avec le ministre comprendrait
quatre délégués désignés par les syndicats et deux
délégués élus par l'Assemblée Générale. Or, le
ministre refusait de recevoir nos délégués. Il ne
reconnaissait que les délégués désignés par les
syndicats.
Le président de l'Assemblée Générale mit alors
aux voix une courte motion demandant aux orga-
nisations syndicales « d'insister auprès du minis-
tre pour que les délégués élus de l'Assemblée Gé-
nérale puissent participer à la négociation ». Et
les 700 fonctionnaires et contractuels qui se trou-
vaient présents non seulement participèrent au
vote mais se prononcèrent à une très forte majo-
rité pour l'adoption de cette motion qui consti-
tuait, indirectement, une approbation des grandes
lignes de notre action.
aux voix une courte motion demandant aux orga-
nisations syndicales « d'insister auprès du minis-
tre pour que les délégués élus de l'Assemblée Gé-
nérale puissent participer à la négociation ». Et
les 700 fonctionnaires et contractuels qui se trou-
vaient présents non seulement participèrent au
vote mais se prononcèrent à une très forte majo-
rité pour l'adoption de cette motion qui consti-
tuait, indirectement, une approbation des grandes
lignes de notre action.
Il va sans dire que les délégués syndicaux,
lorsqu'ils furent attablés avec le ministre, ne mi-
rent aucun empressement à défendre cette mo-
tion. Durant 18 jours, les dirigeants des syndi-
cats avaient vu d'un mauvais œil l'existence de
cette Assemblée Générale souveraine. Ils étaient
pressés de rétablir leurs prérogatives.
lorsqu'ils furent attablés avec le ministre, ne mi-
rent aucun empressement à défendre cette mo-
tion. Durant 18 jours, les dirigeants des syndi-
cats avaient vu d'un mauvais œil l'existence de
cette Assemblée Générale souveraine. Ils étaient
pressés de rétablir leurs prérogatives.
Les plus grandes difficultés vinrent des res-
ponsables de F.O., qui est le syndicat le plus fort
au Ministère de l'Equipement et du Logement.
Nous eûmes même droit à la visite de dirigeants
fédéraux de cette Centrale, qui cherchèrent à
faire pression sur nous au moyen d'arguments
assez insultants, somme toute. « Votre grève est
illégale, nous dirent-ils. Déjà, dans d'autres mi-
nistères, des sanctions se profilent à l'horizon,
etc... ».
ponsables de F.O., qui est le syndicat le plus fort
au Ministère de l'Equipement et du Logement.
Nous eûmes même droit à la visite de dirigeants
fédéraux de cette Centrale, qui cherchèrent à
faire pression sur nous au moyen d'arguments
assez insultants, somme toute. « Votre grève est
illégale, nous dirent-ils. Déjà, dans d'autres mi-
nistères, des sanctions se profilent à l'horizon,
etc... ».
Du côté de la C.G.T. la situation fut plus com-
plexe. Du fait de quelques camarades qui étaient
acquis aux idées du mouvement, le syndicat du
ministère participa aux activités décidées par les
Assemblées Générales mais, durant 18 jours, au-
cun responsable de l'Union locale, aucun respon-
plexe. Du fait de quelques camarades qui étaient
acquis aux idées du mouvement, le syndicat du
ministère participa aux activités décidées par les
Assemblées Générales mais, durant 18 jours, au-
cun responsable de l'Union locale, aucun respon-
sable de la Fédération ne montra le bout de son
nez au ministère. Ils s'étaient évanouis dans les
airs ! Pourtant, comme nous devions nous en ren-
dre compte le 30 mai, ils n'en pensaient pas
moins.
nez au ministère. Ils s'étaient évanouis dans les
airs ! Pourtant, comme nous devions nous en ren-
dre compte le 30 mai, ils n'en pensaient pas
moins.
L'Assemblée Générale avait décidé d'éditer un
tract pour faire connaître notre grève et de le
distribuer, devant les ministères qui n'étaient pas
en grève, pour les inciter à se joindre au mouve-
ment. Seulement personne n'était en mesure de
dire avec précision quel ministère était en grève
et quel ne l'était pas — puisque nous ne rece-
vions aucune information de l'Union Générale.
Une camarade téléphone donc rue de Solférino
et obtient un vague renseignement qui nous con-
duit à distribuer nos tracts devant le Ministère de
l'Agriculture, lorsqu'un militant syndical vient à
notre rencontre et nous dit : « Merci, camarades,
pour votre tract. C'est très bien ce que vous faites.
Mais vous vous trompez de porte : nous sommes
en grève depuis le 24 mai ! »
tract pour faire connaître notre grève et de le
distribuer, devant les ministères qui n'étaient pas
en grève, pour les inciter à se joindre au mouve-
ment. Seulement personne n'était en mesure de
dire avec précision quel ministère était en grève
et quel ne l'était pas — puisque nous ne rece-
vions aucune information de l'Union Générale.
Une camarade téléphone donc rue de Solférino
et obtient un vague renseignement qui nous con-
duit à distribuer nos tracts devant le Ministère de
l'Agriculture, lorsqu'un militant syndical vient à
notre rencontre et nous dit : « Merci, camarades,
pour votre tract. C'est très bien ce que vous faites.
Mais vous vous trompez de porte : nous sommes
en grève depuis le 24 mai ! »
II est vrai que ce tract devait mettre en fureur,
quelques jours plus tard, le camarade Furst, se-
crétaire de la Fédération des personnels techni-
ques et administratifs. « Vous n'avez pas le droit
de faire ça ! s'écria-t-il, rue de Solférino. Nous
ne voulons plus entendre parler de vous ! Nous
sommes contre ! Est-ce clair ? »
quelques jours plus tard, le camarade Furst, se-
crétaire de la Fédération des personnels techni-
ques et administratifs. « Vous n'avez pas le droit
de faire ça ! s'écria-t-il, rue de Solférino. Nous
ne voulons plus entendre parler de vous ! Nous
sommes contre ! Est-ce clair ? »
On peut noter aussi que la cellule du parti
communiste de notre ministère ne se réunit pas
une seule fois, durant ces dix-huit jours, et que
seulement quatre de ces membres, sur une tren-
taine, participèrent au mouvement.
communiste de notre ministère ne se réunit pas
une seule fois, durant ces dix-huit jours, et que
seulement quatre de ces membres, sur une tren-
taine, participèrent au mouvement.
Quant à la C.F.D.T., un de nos camarades, mi-
litant de cette Centrale, nous a dit qu'il s'était
heurté, de la part de ses dirigeants, à des diffi-
cultés assez semblables aux nôtres.
litant de cette Centrale, nous a dit qu'il s'était
heurté, de la part de ses dirigeants, à des diffi-
cultés assez semblables aux nôtres.
LE TRAVAIL DES COMMISSIONS
Un travail assez considérable a été accompli
durant ces dix-huit jours de grève « sur place ».
Même le samedi, même le jour de l'Ascension et
le lundi de Pentecôte, les camarades vinrent au
ministère.
durant ces dix-huit jours de grève « sur place ».
Même le samedi, même le jour de l'Ascension et
le lundi de Pentecôte, les camarades vinrent au
ministère.
Nous disposons au premier étage, quai de
Passy, de sinq salles de conférences à cloisons
mobiles, où les commissions pouvaient se réunir
tout à l'aise. La plus active fut sans conteste
celle consacrée à la réforme de l'Administration.
Voici le préambule de la motion qui fut adoptée,
à son initiative, par l'Assemblée Générale du
24 mai, me semble-t-il. Elle constitue pour nous
une sorte de charte :
Passy, de sinq salles de conférences à cloisons
mobiles, où les commissions pouvaient se réunir
tout à l'aise. La plus active fut sans conteste
celle consacrée à la réforme de l'Administration.
Voici le préambule de la motion qui fut adoptée,
à son initiative, par l'Assemblée Générale du
24 mai, me semble-t-il. Elle constitue pour nous
une sorte de charte :
MOTION
« Le personneJ du Ministère de l'Equipement et du Lo-
gement a cessé le travail pour affirmer sa volonté de
participer au mouvement de revendication et de transfor-
mation de la Société dans le domaine qui est le sien :
l'Administration.
gement a cessé le travail pour affirmer sa volonté de
participer au mouvement de revendication et de transfor-
mation de la Société dans le domaine qui est le sien :
l'Administration.
Depuis des mois pour certains, des années pour les
autres, nous avons vécu la décadence d'un système admi-
nistratif impuisant à régler les problèmes de l'Urbanisme,
de l'Equipement et du Logement alors que nous connais-
sions de mieux en mieux les besoins toujours plus vastes.
autres, nous avons vécu la décadence d'un système admi-
nistratif impuisant à régler les problèmes de l'Urbanisme,
de l'Equipement et du Logement alors que nous connais-
sions de mieux en mieux les besoins toujours plus vastes.
Nous avons souffert des conditions de travail très diffi-
ciles, humiliantes même pour certains, ainsi que de dis-
parité de rémunération, qui nous ont été imposées.
ciles, humiliantes même pour certains, ainsi que de dis-
parité de rémunération, qui nous ont été imposées.
Nous avons subi des décisions auxquelles nous n'avons
jamais été associés autrement que par des commissions
ou comités paritaires sans pouvoir.
jamais été associés autrement que par des commissions
ou comités paritaires sans pouvoir.
13
Nous avons travaillé dans des conditions d'irresponsa-
bilité étonnantes écrasés par un système bureaucratique
à la fois impuissant et absurde.
bilité étonnantes écrasés par un système bureaucratique
à la fois impuissant et absurde.
Fonctionnaires au service de la collectivité, nous som-
mes devenus paradoxalement et pour beaucoup à notre
corps défendant, le symbole de la paperasserie. Une con-
ception erronée du rôle de l'Administration jointe à l'ab-
sence de concertation dans l'élaboration de décisions et
dans leur mise en œuvre font qu'au lieu d'être l'élément
moteur de l'Urbanisme, de l'Equipement et du Logement
nous en sommes les freins que tous les usagers vou-
draient voir sauter.
mes devenus paradoxalement et pour beaucoup à notre
corps défendant, le symbole de la paperasserie. Une con-
ception erronée du rôle de l'Administration jointe à l'ab-
sence de concertation dans l'élaboration de décisions et
dans leur mise en œuvre font qu'au lieu d'être l'élément
moteur de l'Urbanisme, de l'Equipement et du Logement
nous en sommes les freins que tous les usagers vou-
draient voir sauter.
Situation matérielle très difficile, irresponsabilité, im-
puissance, c'est pour remédier à cela que depuis le lundi
20 mai nous travaillons à dresser l'inventaire des pro-
blèmes et à définir les objectifs et les moyens d'une
Administration rénovée. »
puissance, c'est pour remédier à cela que depuis le lundi
20 mai nous travaillons à dresser l'inventaire des pro-
blèmes et à définir les objectifs et les moyens d'une
Administration rénovée. »
D'autres textes établirent les premiers princi-
pes de cette réforme de l'Administration tout en
décrivant, avec la sobriété d'examens cliniques,
certaines tares anciennes ou nouvelles. La place
manque évidemment pour publier ces documents
que liraient sans doute avec intérêt, avec un sen-
timent de soulagement aussi, non seulement de
nombreux fonctionnaires, mais les administrés
eux-mêmes. Un jour prochain, peut-être, les
« Cahiers de Mai » devraient rassembler les tra-
vaux qui ont été fait sur un même sujet, en Mai,
d'un bout à l'autre du pays, et publier des nu-
méros spéciaux afin de confronter nos expé-
riences avec tous ceux dont nous apprenons à
présent, avec un grand retard, qu'ils ont eu une
activité très comparable à la nôtre.
pes de cette réforme de l'Administration tout en
décrivant, avec la sobriété d'examens cliniques,
certaines tares anciennes ou nouvelles. La place
manque évidemment pour publier ces documents
que liraient sans doute avec intérêt, avec un sen-
timent de soulagement aussi, non seulement de
nombreux fonctionnaires, mais les administrés
eux-mêmes. Un jour prochain, peut-être, les
« Cahiers de Mai » devraient rassembler les tra-
vaux qui ont été fait sur un même sujet, en Mai,
d'un bout à l'autre du pays, et publier des nu-
méros spéciaux afin de confronter nos expé-
riences avec tous ceux dont nous apprenons à
présent, avec un grand retard, qu'ils ont eu une
activité très comparable à la nôtre.
QUE RESTE-T-IL ?
C'est une question à laquelle il est difficile de
répondre avant quelque temps.
répondre avant quelque temps.
Nos revendications principales — pour l'immé-
diat — n'ont pas été satisfaites.
diat — n'ont pas été satisfaites.
Nous voulions que le principe de ces Assem-
blées Générales du personnel reste acquis. Elles
constituent un embryon de démocratie véritable
qui, aux yeux de beaucoup, pourrait se dévelop-
per et transformer bien des choses. Les discus-
sions y étaient souvent très vives mais personne
n'a quitté la salle en claquant la porte.
blées Générales du personnel reste acquis. Elles
constituent un embryon de démocratie véritable
qui, aux yeux de beaucoup, pourrait se dévelop-
per et transformer bien des choses. Les discus-
sions y étaient souvent très vives mais personne
n'a quitté la salle en claquant la porte.
Nous voulions aussi que nos commissions de-
viennent des commissions administratives. Mais là
encore nous nous sommes heurtés à un refus sans
appel.
viennent des commissions administratives. Mais là
encore nous nous sommes heurtés à un refus sans
appel.
Il reste que, durant ces 18 jours, quelque chose
a été entrevu, ressenti comme une possibilité
nouvelle. De nombreuses barrières sont tombées,
notamment entre les fonctionnaires et les contrac-
tuels. Le tutoiement a gagné progressivement les
uns et les autres. (Ce détail ne fera sourire que
ceux qui ne connaissent pas l'Administration.)
Des jeunes, qui n'avaient jamais milité dans un
parti ou un syndicat, ni même parlé politique du-
rant les heures de bureau, ont brusquement été
volontaires pour distribuer des tracts dans la rue.
Des fonctionnaires de vieille souche, eux-mêmes,
et parfois de haut-rang, ont pressenti, après 15
ou 20 ans d'absurdité, qu'une vie différente dans
une société différente était peut-être dans l'ordre
des choses. Et, enfin, à côté d'une très grande
solidarité envers les étudiants — et à travers cette
solidarité, pourrait-on dire — il a commencé à
exister un sentiment, encore diffus mais réel, de
solidarité envers les ouvriers en grève. « Ces gens-
là, disait-on, ces gens-là sont comme nous ».
a été entrevu, ressenti comme une possibilité
nouvelle. De nombreuses barrières sont tombées,
notamment entre les fonctionnaires et les contrac-
tuels. Le tutoiement a gagné progressivement les
uns et les autres. (Ce détail ne fera sourire que
ceux qui ne connaissent pas l'Administration.)
Des jeunes, qui n'avaient jamais milité dans un
parti ou un syndicat, ni même parlé politique du-
rant les heures de bureau, ont brusquement été
volontaires pour distribuer des tracts dans la rue.
Des fonctionnaires de vieille souche, eux-mêmes,
et parfois de haut-rang, ont pressenti, après 15
ou 20 ans d'absurdité, qu'une vie différente dans
une société différente était peut-être dans l'ordre
des choses. Et, enfin, à côté d'une très grande
solidarité envers les étudiants — et à travers cette
solidarité, pourrait-on dire — il a commencé à
exister un sentiment, encore diffus mais réel, de
solidarité envers les ouvriers en grève. « Ces gens-
là, disait-on, ces gens-là sont comme nous ».
DOCUMENT
râtelier
populaire
populaire
LA POUCE S AFFICHE
AUX BEAUX ARTS
AUX BEAUX ARTS
LES BEAUX ARTS
Le 27 juin, à 4 heures du matin, d'importantes
forces de police investissaient l'école des Beaux-
Arts, occupée depuis 50 jours. Elles agissaient
sur ordre d'un juge près la « cour de sûreté de
l'Etat ». Le prétexte avancé était une prétendue
enquête sur la reconstitution du Mouvement du
22 Mars. Cent six étudiants et peintres étaient
interpellés et « gardés à vue ». Mais il est pro-
bable qu'il s'agissait surtout pour le gouverne-
ment de régler son compte à l'atelier populaire
où ont été produites, à un tirage global de
500.000 exemplaires environ, quelque 350 affi-
ches différentes, conçues et réalisées au service
des travailleurs en lutte.
forces de police investissaient l'école des Beaux-
Arts, occupée depuis 50 jours. Elles agissaient
sur ordre d'un juge près la « cour de sûreté de
l'Etat ». Le prétexte avancé était une prétendue
enquête sur la reconstitution du Mouvement du
22 Mars. Cent six étudiants et peintres étaient
interpellés et « gardés à vue ». Mais il est pro-
bable qu'il s'agissait surtout pour le gouverne-
ment de régler son compte à l'atelier populaire
où ont été produites, à un tirage global de
500.000 exemplaires environ, quelque 350 affi-
ches différentes, conçues et réalisées au service
des travailleurs en lutte.
Nous publions ci-contre un document établi
à l'intention des « Cahiers de Mai », après dis-
cussion en assemblée générale, par les camarades
qui occupaient l'école des Beaux-Arts et assu-
raient la production de l'atelier populaire.
à l'intention des « Cahiers de Mai », après dis-
cussion en assemblée générale, par les camarades
qui occupaient l'école des Beaux-Arts et assu-
raient la production de l'atelier populaire.
Directeur de la publication :
Daniel Anselme.
Imprimerie Béresniak
18-20, rue du Fg-du-Temple, Paris-11*
14
Le mercredi 8 mai, l'école des Beaux-Arts est
en grève.
en grève.
Le 13 mai, à l'appel de tous leurs syndicats,
une manifestation de masse groupe travailleurs
et étudiants. A l'occasion d'une répression poli-
cière au Quartier Latin, un million de manifes-
tants clament, de la place de la République à la
place Denfert-Rochereau, qu'ils ne tolèrent plus
le gouvernement gaulliste, antipopulaire, respon-
sable du chômage et de la misère, instrument de
la répression patronale. (Nantes, Caen, Rhodia-
ceta, Redon).
une manifestation de masse groupe travailleurs
et étudiants. A l'occasion d'une répression poli-
cière au Quartier Latin, un million de manifes-
tants clament, de la place de la République à la
place Denfert-Rochereau, qu'ils ne tolèrent plus
le gouvernement gaulliste, antipopulaire, respon-
sable du chômage et de la misère, instrument de
la répression patronale. (Nantes, Caen, Rhodia-
ceta, Redon).
Le 14 mai, à 1 5 heures, un comité de grève pro-
visoire informe l'administration de l'école des
Beaux-Arts que les élèves prennent possession de
tous les locaux.
visoire informe l'administration de l'école des
Beaux-Arts que les élèves prennent possession de
tous les locaux.
Le 15 mai, l'assemblée générale des grévistes
adopte la plate-forme suivante :
adopte la plate-forme suivante :
Mercredi, 15 mai 1968, 12 h.
Pourquoi prolongeons-nous la lutte ? Contre quoi luttons-
nous ? Nous luttons contre une université de classe, nous
voulons organiser la lutte contre tous ses aspects :
nous ? Nous luttons contre une université de classe, nous
voulons organiser la lutte contre tous ses aspects :
1) Nous critiquons la sélection sociale qui s'opère tout au
long des études, du primaire au supérieur, au détri-
ment des enfants de la classe ouvrière et des paysans
pauvres.
long des études, du primaire au supérieur, au détri-
ment des enfants de la classe ouvrière et des paysans
pauvres.
Nous voulons lutter contre le système des examens et
des concours, principal moyen de cette sélection.
des concours, principal moyen de cette sélection.
2) Nous critiquons le contenu de l'enseignement et les
formes pédagogiques de sa diffusion. Parce que tout est
organisé pour que les produits du système n'acquièrent
pas une conscience critique, aussi bien à l'égard de la
connaissance que de la réalité sociale et économique.
formes pédagogiques de sa diffusion. Parce que tout est
organisé pour que les produits du système n'acquièrent
pas une conscience critique, aussi bien à l'égard de la
connaissance que de la réalité sociale et économique.
3) Nous critiquons le rôle que la société attend des intel-
lectuels : être les chiens de garde du système de pro-
duction économique, être des cadres technocratiques.
Faire en sorte que chacun se sente bien à sa place,
surtout lorsque ce « chacun » est à une place d'ex-
ploité.
lectuels : être les chiens de garde du système de pro-
duction économique, être des cadres technocratiques.
Faire en sorte que chacun se sente bien à sa place,
surtout lorsque ce « chacun » est à une place d'ex-
ploité.
Que signifient ces critiques pour ce qui est de l'école
de peinture et de sculpture ? C'est bien sûr aux commis-
sions de le définir précisément mais nous pouvons déjà
le dire pour ce qui est de l'architecture :
de peinture et de sculpture ? C'est bien sûr aux commis-
sions de le définir précisément mais nous pouvons déjà
le dire pour ce qui est de l'architecture :
— Nous voulons lutter contre la domination de la pro-
fession sous forme du conseil de l'Ordre ou d'autres orga-
nismes corporatifs, sur l'enseignement. Nous sommes con-
tre le système du patron en tant que méthode pédagogi-
que, nous sommes contre l'idéologie conformiste que le
système diffuse. L'enseignement de l'architecture ne doit
pas être la seule répétition de ce que fait le patron jus-
qu'à ce que, finalement, l'élève en soit une copie conforme.
fession sous forme du conseil de l'Ordre ou d'autres orga-
nismes corporatifs, sur l'enseignement. Nous sommes con-
tre le système du patron en tant que méthode pédagogi-
que, nous sommes contre l'idéologie conformiste que le
système diffuse. L'enseignement de l'architecture ne doit
pas être la seule répétition de ce que fait le patron jus-
qu'à ce que, finalement, l'élève en soit une copie conforme.
— Nous voulons lutter contre les conditions de la pro-
duction architecturale qui le soumettent, en fait, aux inté-
rêts des promoteurs publics ou privés. Combien d'archi-
tectes ont-ils accepté de réaliser des Sarcelles grands ou
petits ? Combien d'architectes tiennent compte, dans leur
cahier des charges, des conditions d'information, d'hygiè-
ne, de sécurité des travailleurs sur les chantiers, et le
feraient-ils qu'aucun promoteur ne répondrait à leur appel
d'offre. Et l'on sait qu'il y a trois morts par jour en
France dans l'industrie du bâtiment.
duction architecturale qui le soumettent, en fait, aux inté-
rêts des promoteurs publics ou privés. Combien d'archi-
tectes ont-ils accepté de réaliser des Sarcelles grands ou
petits ? Combien d'architectes tiennent compte, dans leur
cahier des charges, des conditions d'information, d'hygiè-
ne, de sécurité des travailleurs sur les chantiers, et le
feraient-ils qu'aucun promoteur ne répondrait à leur appel
d'offre. Et l'on sait qu'il y a trois morts par jour en
France dans l'industrie du bâtiment.
— Nous voulons lutter contre un contenu de l'enseigne-
ment particulièrement conservateur, particulièrement peu
rationnel et peu scientifique, où les impressions et les
habitudes personnelles continuent de prévaloir sur des
connaissances objectives.
ment particulièrement conservateur, particulièrement peu
rationnel et peu scientifique, où les impressions et les
habitudes personnelles continuent de prévaloir sur des
connaissances objectives.
L'idéologie du Prix de Rome est encore vivace !!!
En deux mots, nous voulons prendre conscience des rap-
ports réels de l'école et de la société ; nous voulons lutter
contre son caractère de classe.
ports réels de l'école et de la société ; nous voulons lutter
contre son caractère de classe.
Cette lutte, nous devons savoir que nous ne pouvons
la mener seuls. Nous ne devons pas tomber dans l'illusion
que les universitaires pourront instaurer dans leurs fa-
cultés des noyaux d'autonomie réelle par rapport à l'en-
la mener seuls. Nous ne devons pas tomber dans l'illusion
que les universitaires pourront instaurer dans leurs fa-
cultés des noyaux d'autonomie réelle par rapport à l'en-
semble de la société bourgeoise. C'est aux côtés des
travailleurs, qui sont les principales victimes de la sélec-
tion sociale qu'opéré le système d'enseignement, que les
universitaires doivent lutter. La lutte contre l'université
de classe doit être organiquement liée à la lutte de l'en-
semble des travailleurs contre le système d'exploitation
capitaliste.
travailleurs, qui sont les principales victimes de la sélec-
tion sociale qu'opéré le système d'enseignement, que les
universitaires doivent lutter. La lutte contre l'université
de classe doit être organiquement liée à la lutte de l'en-
semble des travailleurs contre le système d'exploitation
capitaliste.
Il faut donc nous engager : à remettre en cause les rap-
ports qui régissent actuellement la profession et l'ensei-
gnement ;
ports qui régissent actuellement la profession et l'ensei-
gnement ;
— remettre en cause la séparation actuelle de l'E.N.S.
B.A. avec l'enseignement supérieur ;
B.A. avec l'enseignement supérieur ;
— refuser d'effectuer toute forme de pré-sélection à
l'entrée de l'école ;
l'entrée de l'école ;
— lutter contre le système actuel des examens et des
concours ;
concours ;
— établir les rapports réels de lutte avec les travail-
leurs. Sur toutes ces questions nous devons avoir les dé-
bats les plus libres.
leurs. Sur toutes ces questions nous devons avoir les dé-
bats les plus libres.
Tous les enseignants doivent se prononcer.
Des formes d'organisation de lutte doivent être trou-
vées.
Des formes d'organisation de lutte doivent être trou-
vées.
COMITE DE GREVE.
Dès le 14 mai quelques élèves s'étaient retrou-
vés spontanément dans l'atelier de lithographie
et, prenant parti pour l'action directe, tiraient
une premières affiche :
vés spontanément dans l'atelier de lithographie
et, prenant parti pour l'action directe, tiraient
une premières affiche :
« Usine
Université
Union ».
Université
Union ».
Le 16 mai, au cours d'une commission de ré-
forme constituée le matin même, un certain nom-
bre de participants, élèves et peintres de l'exté-
rieur, décident d'occuper les ateliers de peinture,
afin d'y mettre en œuvre directement, par la pra-
tique, le programme de lutte défini le 15 mai.
A l'entrée, ils écrivent :
forme constituée le matin même, un certain nom-
bre de participants, élèves et peintres de l'exté-
rieur, décident d'occuper les ateliers de peinture,
afin d'y mettre en œuvre directement, par la pra-
tique, le programme de lutte défini le 15 mai.
A l'entrée, ils écrivent :
ATELIER POPULAIRE : OUI
Atelier bourgeois : NON.
Atelier bourgeois : NON.
Sur ce principe nous nous mettons au travail.
Nous commençons à produire des affiches, et
nous définissons en même temps notre position
en face des débats de la commission de réforme
par le texte suivant (diffusé par tract quelques
jours plus tard, le 21 ) :
Nous commençons à produire des affiches, et
nous définissons en même temps notre position
en face des débats de la commission de réforme
par le texte suivant (diffusé par tract quelques
jours plus tard, le 21 ) :
ATELIER POPULAIRE : OUI
Atelier bourgeois : NON
Atelier bourgeois : NON
Ce que nous avons écrit à la porte de l'atelier, si nous
essayons de l'expliciter, de comprendre ce que ça veut
dire, doit nous dicter naturellement les lignes essentielles
de l'action nouvelle.
essayons de l'expliciter, de comprendre ce que ça veut
dire, doit nous dicter naturellement les lignes essentielles
de l'action nouvelle.
Cette phrase signifie qu'il ne s'agit en rien de moder-
niser, c'est-à-dire d'améliorer ce qui est déjà. Toute amé-
lioration pose que, dans son fond, la ligne générale ne
change pas, donc qu'elle était déjà bonne.
niser, c'est-à-dire d'améliorer ce qui est déjà. Toute amé-
lioration pose que, dans son fond, la ligne générale ne
change pas, donc qu'elle était déjà bonne.
Nous sommes contre ce qui règne aujourd'hui. Qu'est-ce
qui règne aujourd'hui ? L'art bourgeois et la culture bour-
geoise.
qui règne aujourd'hui ? L'art bourgeois et la culture bour-
geoise.
Qu'est-ce que la culture bourgeoise ? C'est l'instrument
par lequel le pouvoir d'oppression de la classe dirigeante
sépare et isole du reste des travailleurs les artistes en
leur accordant un statut privilégié. Le privilège enferme
l'artiste dans une prison invisible. Les concepts fonda-
mentaux qui sous-tendent cène action isolatrice qu'exercé
la culture sont :
par lequel le pouvoir d'oppression de la classe dirigeante
sépare et isole du reste des travailleurs les artistes en
leur accordant un statut privilégié. Le privilège enferme
l'artiste dans une prison invisible. Les concepts fonda-
mentaux qui sous-tendent cène action isolatrice qu'exercé
la culture sont :
— l'idée que l'art a « conquis son autonomie » (Mal-
raux, voir la conférence faite au moment des jeux olym-
piques de Grenoble).
raux, voir la conférence faite au moment des jeux olym-
piques de Grenoble).
— la défense de la « liberté de création ». La culture
fait vivre l'artiste dans l'illusion de la liberté :
fait vivre l'artiste dans l'illusion de la liberté :
1) il fait ce qu'il veut, il croit tout possible, il n'a de
compte à rendre qu'à lui-même ou à l'Art ;
compte à rendre qu'à lui-même ou à l'Art ;
2} II est « créateur », c'est-à-dire qu'il invente de toutes
pièces quelque chose d'unique, dont la valeur serait per-
manente, au-dessus de la réalité historique. Il n'est pas
pièces quelque chose d'unique, dont la valeur serait per-
manente, au-dessus de la réalité historique. Il n'est pas
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un travailleur aux prises avec la réalité historique. L'idée
de création irréalise son travail.
de création irréalise son travail.
En lui accordant ce statut privilégié, la culture met l'ar-
tiste hors d'état de nuire et fonctionne comme une sou-
pape de sécurité dans le mécanisme de la société bour-
geoise.
tiste hors d'état de nuire et fonctionne comme une sou-
pape de sécurité dans le mécanisme de la société bour-
geoise.
Cette situation est celle de nous tous. Nous sommes
tous des artistes bourgeois. Comment en serait-il autre-
ment ?
tous des artistes bourgeois. Comment en serait-il autre-
ment ?
Voilà pourquoi, lorsque nous écrivons atelier populaire,
il ne peut s'agir d'amélioration mais d'un CHANGEMENT
D'ORIENTATION RADICAL.
il ne peut s'agir d'amélioration mais d'un CHANGEMENT
D'ORIENTATION RADICAL.
C'est dire que nous sommes décidés à transformer ce
que nous sommes dans la société.
que nous sommes dans la société.
Précisons que ce n'est pas une meilleure mise en rela-
tion des artistes avec les techniques modernes qui les re-
liera mieux à toutes les autres catégories de travailleurs,
mais l'ouverture aux problèmes des autres travailleurs,
c'est-à-dire, à la réalité historique du monde dans lequel
nous vivons. Aucun professeur ne peut nous aider à mieux
fréquenter cette réalité. Nous devons tous nous enseigner
nous-mêmes. Cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas un
savoir objectif, donc recevable, ni que les artistes plus
âgés, des professeurs, ne puissent pas être très utiles.
Mais c'est à la condition qu'ils aient eux-mêmes décidé
de transformer ce qu'ils sont dans la société, décidé de
participer à ce travail d'auto-éducation.
tion des artistes avec les techniques modernes qui les re-
liera mieux à toutes les autres catégories de travailleurs,
mais l'ouverture aux problèmes des autres travailleurs,
c'est-à-dire, à la réalité historique du monde dans lequel
nous vivons. Aucun professeur ne peut nous aider à mieux
fréquenter cette réalité. Nous devons tous nous enseigner
nous-mêmes. Cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas un
savoir objectif, donc recevable, ni que les artistes plus
âgés, des professeurs, ne puissent pas être très utiles.
Mais c'est à la condition qu'ils aient eux-mêmes décidé
de transformer ce qu'ils sont dans la société, décidé de
participer à ce travail d'auto-éducation.
Ainsi remis en cause le pouvoir éducateur de la bour-
geoisie, le champ sera ouvert au pouvoir éducateur du
peuple.
geoisie, le champ sera ouvert au pouvoir éducateur du
peuple.
Il y G alors dix millions de grévistes en France.
Les participants à l'Atelier populaire vont vers les
usines occupées, les déoôts et les chantiers, afin
d'apprendre des travailleurs en grève comment
constituer l'arrière de la lutte dont ils sont l'avant-
garde.
Les participants à l'Atelier populaire vont vers les
usines occupées, les déoôts et les chantiers, afin
d'apprendre des travailleurs en grève comment
constituer l'arrière de la lutte dont ils sont l'avant-
garde.
Ce n'est pas un travail de laboratoire. Chacun
maintenant, travailleur ou étudiant, étranger ou
français, vient participer dans l'enthousiasme à
la production des affiches. ,Des ouvriers viennent
proposer des mots d'ordre, discuter avec les ar-
tistes et les étudiants, critiquer les affiches pro-
duites ou les diffuser à l'extérisur.
maintenant, travailleur ou étudiant, étranger ou
français, vient participer dans l'enthousiasme à
la production des affiches. ,Des ouvriers viennent
proposer des mots d'ordre, discuter avec les ar-
tistes et les étudiants, critiquer les affiches pro-
duites ou les diffuser à l'extérisur.
A l'entrée de l'atelier on peut lire : « Travailler
dans l'atelier populaire, c'est soutenir concrète-
ment le grand mouvement des travailleurs en
grève qui occupent leurs usines contre le gouver-
nement gaulliste antipopulaire. En mettant toutes
ses capacités au service de la lutte des travail-
leurs, chacun dans cet atelier travaille aussi pour
lui, car il s'ouvre par la pratique au pouvoir édu-
cateur des masses populaires ». Les étudiants et
artistes progressistes, tout en se mettant concrè-
tement au service de la lutte du peuple, se met-
dans l'atelier populaire, c'est soutenir concrète-
ment le grand mouvement des travailleurs en
grève qui occupent leurs usines contre le gouver-
nement gaulliste antipopulaire. En mettant toutes
ses capacités au service de la lutte des travail-
leurs, chacun dans cet atelier travaille aussi pour
lui, car il s'ouvre par la pratique au pouvoir édu-
cateur des masses populaires ». Les étudiants et
artistes progressistes, tout en se mettant concrè-
tement au service de la lutte du peuple, se met-
tent à son école et révisent leur point de vue en
se liant aux masses.
se liant aux masses.
Comment travaille-t-on ?
Les projets d'affiches faits en commun, après
une analyse politique des événements de la jour-
née, ou après des discussions aux portes des usi-
nes, sont proposés démocratiquement en fin de
journée, en Assemblée Générale.
une analyse politique des événements de la jour-
née, ou après des discussions aux portes des usi-
nes, sont proposés démocratiquement en fin de
journée, en Assemblée Générale.
Voici comment on juge :
— l'idée politique est-elle juste ?
— l'affiche transmet-elle bien cette idée ?
Puis les projets acceptés sont réalisés en séri-
graphie et lithographie, par des équipes qui se
relaient nuit et jour.
graphie et lithographie, par des équipes qui se
relaient nuit et jour.
Des dizaines d'équipes de colleurs se sont cons-
tituées, rejointes par celles des comités d'Action
de quartiers et des comités de grève des usines
occupées, chacun relatant ses expériences. De
plus en plus, les différentes couches de la popu-
lation propagent par ces affiches les idées justes
des travailleurs.
tituées, rejointes par celles des comités d'Action
de quartiers et des comités de grève des usines
occupées, chacun relatant ses expériences. De
plus en plus, les différentes couches de la popu-
lation propagent par ces affiches les idées justes
des travailleurs.
La production des affiches s'amplifie. Cepen-
dant la tâche principale de l'Atelier Populaire
n'est pas d'inonder à partir d'un seul point le
pays, mais de susciter la formation de nouveaux
ateliers populaires partout ou les travailleurs sont
en lutte. Car il faut que demeurent toujours liés
la lutte, le travail politique d'élaboration et la dif-
fusion.
dant la tâche principale de l'Atelier Populaire
n'est pas d'inonder à partir d'un seul point le
pays, mais de susciter la formation de nouveaux
ateliers populaires partout ou les travailleurs sont
en lutte. Car il faut que demeurent toujours liés
la lutte, le travail politique d'élaboration et la dif-
fusion.
Aujourd'hui 22 juin, pour nous la lutte conti-
nue.
nue.
CHOISISSONS NOTRE
TERRAIN
DE
COMBAT
COMBAT
II IIN£Q DEBUT DUNE
JUIrlOO LUTTE PROLONGEE
JUIrlOO LUTTE PROLONGEE
NE NOUS LAISSONS PAS ARRETER
PAR LES OBSTACLES TECHNIQUES.
PAR LES OBSTACLES TECHNIQUES.
IMPULSONS !
CREONS PARTOUT DES ATELIERS POPULAIRES
CREONS PARTOUT DES ATELIERS POPULAIRES
SOUMRITE
AVEC LES
MARINS
PECHEURS
AVEC LES
MARINS
PECHEURS
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Category
Title
Cahiers de mai
Issue
no.2
Date
01/07/1968 to 15/07/1968
Keywords
Publication information
no.2