Aux ecoutes du monde

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Pouvoir
contestation
Avec la reprise d'une distribution
normale de la presse à Paris et sur-
tout en province, ce numéro de Aux
Ecoutes — encore réduit — parvien-
dra à" l'ensemble de ses lecteurs.
Beaucoup ont été privés de leur
journal depuis le début de la crise.
Ils nous retrouvent à un moment où
déjà l'attention se porte vers la
machine électorale qui va tâcher
d'assimiler —à sa manière tradition-
nelle — l'énorme secousse qui a
ébranlé un pays apparemment pair
sible. Les candidats, sortants ou non,
complètement étrangers à ce qui •
s'est passé, vont essayer de répon-
dre aux questions que se posent les
Français sur la Révolution de mai :
que nous est est-il arrivé là ? Nul
doute que la plupart n'offrent à
l'opinion qu'un réflexe de défense,
à l'égal du général de Gaulle ou des
cadres de l'opposition de gauche, et
singulièrement du parti communiste,
qui, tous appartenant au même or-
dre politique, ont failli sauter sans
l'avoir prévu.
Sur l'origine immédiate de la cri-
se, tout ie monde est maintenant à
peu près d'accord : l'action d'un
« groupuscule » de la faculté de Nan-
terre, répercutée à la Sorbonne,
combinée à la réaction cyclothymi-
que — tantôt molle, tantôt dure —
de l'autorité universitaire et du pou-
voir politique, a déclenché le mou-
vement. A partir de là, comment s'y
reconnaître ?
Nous n'hésiterons pas à rappeler
que nous avions entrepris à l'égard
de « la révolution culturelle à Nan-
terre » un travail d'explication dès
le début de l'hiver dernier (A.E.,
n° 2264 du 6 décembre). Alors la
presse, à de très rares exceptions
près, ne traitait l'agitation étudiante
à Nanterre qu'avec des haussements
d'épaules supérieurs, quand ce
n'était pas de sommaires promesses
de coups de bâtons : bon moyen de
comprendre les choses ! Analysant
le « modèle nanterrois » du compor-
tement étudiant, nous distinguions
le caractère « sauvage » des grèves
qu'il provoquait, en dehors des ca-
dres syndicaux, et comment la mo-
de des occupations d'amphithéâtres
avait déjà essaimé en Sorbonne.
Depuis lors, nous avions suivi ce
mouvement de mise en cause de l'au-
torité qui, avec l'occupation de la
Sorbonne le 3 mai, allait porter la
contestation de l'autorité universi-
taire à l'autorité politique et l'éten-
dre à tous les secteurs de l'activité
professionnelle. Ainsi avons-nous dé-
crit la « révolution culturelle » dans
son foisonnement anarchique et li-
bertaire, analysé sa « stratégie » et
les moyens de sa « victoire », en
nous attachant à ne pas perdre de
vue son pouvoir de contestation :
en particulier à l'égard des appa-
reils staliniens de la C.G.T. et du
Parti Communiste. Dans l'incendie
des grèves qui a embrasé le pays,
nous avons noté les mouvements
d'origine contradictoire de ceux —
étudiants — qui voulaient détruire
une société dite de consommation
dont ils sortaient et de ceux — ou-
vriers — qui voulaient au contraire
y trouver leur place en attendant.
Dans la triste exploitation de la que-
relle des deux drapeaux, nous n'ou-
blions pas que le parti gaulliste
annexe le drapeau tricolore par le
même réflexe de peur, de monopole
et de chantage que le parti com-
muniste annexe le drapeau rouge.
Si le régime a été la première
victime du mouvement général con-
tre l'autorité, c'est qu'il représente
l'aspect le plus voyant, le plus for-
cené, le plus caricatural de cette
autorité. C'est aussi la première fois
qu'il est battu en brèche depuis sa
fondation. Et n'oublions pas que si
le P.C. se présente en profiteur, il
n'est pas plus rassuré que le pou-
voir.
Voici les élections. De leur capa-
cité à résoudre la crise qui atteint
en profondeur notre société, nous
dirons ce qu'en dit le maire de Can-
nes annonçant qu'il renonce à sol-
liciter le renouvellement de son
mandat de député :
« Sur le plan national, la consul-
tation législative en cours n'est
qu'une supercherie...
« II n'y a aucune ouverture politi-
que qui soit possible en France,
aussi longtemps que le régime res-
tera en place.
« De toute façon, ce n'est pas du
Parlement que sortira la solution de
la crise du pays, pour laquelle il n'y
a rien de réglé, rien de changé.
« Sur le plan local, une grande
partie de la population, qui n'a
rien compris à la vague de fond,
prend peur et se livre au gaullisme,
responsable du désastre présent et
garant du désastre à venir. »
A NOS LECTEURS
La distribution des trois derniers numéros de « Aux Ecoutes »
ayant été pertubée dans toute la France, nos abonnés n'ayant
pu être servis la semaine dernière, nous tenons à la disposition
de nos lecteurs, dans nos locaux, les exemplaires qui leur
ont manqué. L'échéance des abonnements est, d'autre part,
reportée de trois semaines de sorte que chaque service ait
effectivement porté sur 52 semaines.
Au moment où nous imprimons ce numéro, les négociations
dans l'imprimerie de labeur n'ont pas encore abouti. Il nous a
donc fallu encore une fois avoir recours à des procédés de
fortune qui nous ont contraint à ne publier que 20 pages.
AUX ECOUTES du monde
Hebdomadaire d'information politique
17, rue d'Anjou, 75-PARIS (8")
Tél. 265 70-36 (lignes groupées)
Fondateur : Paul LEVY
Directeur : Thierry LEVY
Copyright : Société des Editions
Paul LEVY
Rédacteur en chef : Paul Guilbert
Secrétaire général de la rédaction
Philippe Luyt
C.C.P. PARIS 421.90
L'ttNGE
"Mon Général, quelles questions
aimeriez-vous qu'on vous pose ... je
vous demande pardon, mon général, je
vais vous poser les questions que chaque
Français aimerait vous poser".
C'est le ton de l'entretien du Chef
de l'Etat avec un quelconque Michel Droit
vendredi soir, à la télévision. Les
Français ont vu un meneur de jeu offert
aux questions"indiscrètes", acceptant
qu'on lui fouille l'âme, avouant comme
à regret cette insigne faiblesse : de
Gaulle avait "quand même" des amis. Ad-
mettant même, un coin de ruse aux lèvres,
qu'il pourrait bien être un ange, celui
qui retient les hommes de courir au néant
bêtement, derrière la queue des démons.
Un viel ange méconnu, mais un ange vul-
nérable, presque humain, succombant par-
fois lui-même à la tentation d'"abandon-
ner l'histoire". Ainsi les Français ont-
ils eu droit d'apprendre que par six
fois leur ange faillit renoncer à les
garder : la moindre nf.étant pas celle
du soir du premier tour de l'élection
présidentielle où une "vague de tristesse
manqua de l'emporter au loin". Destin
de Charles de Gaulle : la hantise du
néant. Obstination du chef de l'état :
que ce destin personnel préfigure et
commande celui de la nation. De Gaulle,
vendredi soir, a largement exploité le
secret de ses inclinations. 11 a très
habilement sécouvert sa personne. Et
après ?
Attendait-on du Général de Gaulle une
analyse pénétrante de la crise propre à
indiquer les moyens de la surmonter ?
A son habitude, il a répondu en hom-
me de guerre, qui vient de livrer batail-
le, pour finir en historien, militaire.
L'homme de guerre n'a pas à regretter,
dit-il, d'avoir perdu son temps sur le
front de Roumanie "alors que la situation
en France était encore pour moi insaisis-
sable". Alors le chroniqueur militaire
reconstruit l'histoire de son point de
vue d'observateur du terrain, c'est-à-
dire en faisant de laideSeription :
"L'explosion s'est produite où elle de-
vait se produire" (chez les étudiants).
Voilà pour les causes de l'événement.
Pour la parade .immédiate, le Général
insiste par deux fois sur le fait que
l'état-major a gardé sa cohésion :
" A aucun moment le Gouvernement ne
s'est disloqué". Comme on lui demande
de s'expliquer sur le remaniement mi-
nistériel qui s'ensuivit pourtant, le
Général répond à l'évidence qu'après
un coup dur "on pratique toujours la
relève des hommes".
Après la stabilité d'hier -dont le
mot est bien oublié- voici la relève
d'aujourd'hui. Et pour demain ? De
Gaulle n'hésite pas. Habitué à sauter
d'un slogan à un autre au cours de sa
vie politique, il désigne froidement la
voie du salut : la "participation". Ce
maître mot tombe de sa bouche sans
l'ombre d'un sourire, comme alternative
à la double impasse du marxisme et du
capitalisme. Il jaillit du vocabulaire
gaulliste comme une source résurgente,
après une longue existence souterraine
que personne ne soupçonnait. Mais
qu'est-ce donc que la "participation"?
Selon la voix du Général de Gaulle,
la participation a un double aspect :
pour .la jeunesse turbulente qui a
besoin d'un idéal, c'est celui qu'elle
cherchait. Et pour le reste, c'est ce
qui fait que, de vous à moi "j'suis
pas gêné du tout d'être révolutionnai-
re".
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Les préfets ont pris en charge, officieusement, les
Comités d'Action Civique qui prédisent qu'ils gagne-
ront les élections pour la majorité, comme ils ont
gagné la manifestation de la Concorde.
A entendre les stratèges du gaullisme, l'occasion leur
est fournie de réaliser à chaud cette implantation
locale et régionale qu'ils ont ratée pendant dix ans,
l'U.N.R. et ses succédanés n'ayant même jamais
retrouvé, en dépit d'élections victorieuses, les mili-
tants du R.P.F.
Gaullistes de gauche, comités de soutien, amicales
d'anciens des F.F.L., quelques centaines de groupus-
cules co-existaient sans se rejoindre et souvent se
combattaient. Les C.A.C., en vingt jours doivent faire
l'amalgame des poussières. Le plan d'action existe,
signé Foccart-Tricot. Le meneur de jeu a été dégagé
des servitudes du gouvernement : Roger Frey, qui
avait improvisé, avec méthode, l'U.N.R., et qui a pour
tâche de faire, pendant la campagne électorale, un
parti, fidèle et cohérent, autour des C.A.C. et par
les C.A.C. Le coordinateur des efforts s'appelle Robert
Poujade. C'est simple : la bataille électorale a son
budget, dont les millions iront aux Comités d'Action
Civique. Des centaines de milliers de papillons élec-
toraux ont déjà été imprimés pendant la grève et mis
à la disposition des élus. Occasion miraculeuse, la
grève et le mouvement de la jeunesse ont permis de
recruter des jeunes gens que le gaullisme n'attirait
pas, mais que la perspective de faire du bruit séduit
toujours. Le drapeau tricolore — des drapeaux frais,
tout neufs — couvre la marchandise électorale.
Sur place, chaque candidat prend la responsabilité
personnelle de sa circonscription. On lui donnera ce
qu'il faut pour se faire élire, ou réélire. Là encore, la
grève de l'O.R.T.F. et celle qui bloque certains jour-
naux a permis de mettre des supplétifs zélés à la
tribune des postes émetteurs régionaux, et de faire
fleurir des journaux locaux, la « Nation » du bourg. On
a sonné le rappel des notables et des dames d'oeuvres
gaullistes. On mènera la vie dure aux afficheurs de
l'opposition, et même à ceux de la frange giscar-
dienne.
Ce n'est pas pour rien que les préfets deviennent
les Commissaires de la République. L'allocution du
30 mai a remonté le moral des C.R.S. et de la gen-
darmerie mobile. Les C.A.C. disposeront d'eux, par
l'intermédiaire du préfet.
La vie dure
II est vrai que jamais l'U.N.R. n'a bénéficié d'un tel
appareil de soutien à la candidature officielle.
Ce plan a presque soulevé, chez le général de
Gaulle, un regain d'enthousiasme. Il s'ennuyait. Il
revit. Il a lui-même étudié, comme un ordre de ba-
taille, le dispositif longuement fignolé par ses deux
Fouché élyséens. Il a donné des consignes, person-
nellement à M. Poujade. Mais, à l'égard des C.A.C.,
il a été moins disert en présence de M. Pompidou.
Ces C.A.C., le Premier ministre les regarde croître
avec un œil inquiet : « Dans cette affaire, dit-il, j'ai
pris la place du général de Gaulle sur le trépied.
C'est moi qui, maintenant, voit plus loin que le bour-
hier électoral. » Pompidou craint en effet que, dans
l'opinion, les C.A.C. n'évoquent de mauvais souvenirs
et que, si les « Caquistes » s'inspirent des techniques
de commandos électoraux, la réaction ne soit, dans
le pays, assez semblable à celle qui a suivi l'inter-
vention des C.R.S. dans les facultés.
Pompidou voit plus loin encore : gagner les élec-
tions, pour lui, ce n'est pas gagner la guerre. Il ne
lui suffira pas d'avoir, à l'Assemblée, une majorité
couchée. Il faudra gouverner. Et payer.
Or si de Gaulle croit qu'un succès en juin lui appor-
tera un répit de plusieurs années, Pompidou est
convaincu, lui, qu'il ne s'agirait que d'une trêve des
vacances. /
« La vie politique sera dure, très dure, dit-il. Il
faudra sauver les meubles cette année et refaire la
maison. »
Dans les bureaux feutrés de Matignon, ces vues
rigoureuses ne sont partagées que par le petit nom-
bre des « ministres conscients ». Ceux que Pompidou
a mis en place, quelques farfelus mis à part.
ORTOLI ARRACHE A SON TRAVAIL
Le général de Gaulle a voulu que ses ministres, cette
fois encore, soient candidats à la députation. La pré-
voyance de M. Pompidou s'est trouvée d'accord avec
l'exigence du général : « Après tout, vous aurez au
moins un mandat », dit-il à ceux qui renâclaient.
Certains, prenant leur fonction au sérieux, objectaient
la nécessité de négocier, en priorité, les conflits en
cours. En particulier M. Ortoli, chargé de l'Education
nationale.
« J'ai à peine ouvert le dialogue », remarquait-il.
Argument inutile. Le ministre se vengea d'une indif-
férence superbe en laissant à l'appareil le soin de lui
trouver une circonscription : le Nord ou l'Indre, ou
autre chose, il s'en fichait.
GUENA PORTE CHANCE
«Eh bien! nous sommes comblés!...»
C'est le « mot » du général venant d'apprendre, un
rien surpris, le premier * numéro » de M. Yves Guéna,
ministre de l'Information, rendant compte du conseil
des ministres.
Quel faire-valoir de soi-même chez le beau-frère de
M. Debré ! Encore ministre des P.T.T., il s'était, le
premier, adressé aux préposés en grève, pour un appel
solennel, dans l'illusion qu'à sa voix tous reprendraient
le travail. Sur quoi pas un seul guichet ne s'ouvrit.
Même attitude maladroite, même succès à l'O.R.T.F.
Il suffit que le ministre prenne une initiative pour pré-
cipiter dans la grève ceux qui assuraient une présence
au micro. En fin de compte, c'est l'Elysée, une fois de
plus, qui prit la décision de remplacer Dupont par
J.-J. de Bresson, qui a au moins le mérite d'avoir tout
à apprendre.
COUVE : DE GAULLE N'EST PAS LOUIS XVI
Au Quai d'Orsay, Michel Debré n'est pas heureux.
Ses fenêtres ne s'ouvrent pas sur la Seine et il a
laissé son cœur et son cerveau rue de Rivoli. « N'au-
rais-je pas dû conserver une tâche qui devenait plus
lourde encore ? »
Les Finances lui transmettent, par fidélité, le calcul
des charges nouvelles : « II ne peut pas s'en tirer »,
soupire « Michel ».
Il, c'est « Maurice » qui se sent, enfin, ministre à
part entière ; le général ne lui disputera certainement
pas l'aride domaine des finances. Aucun complexe :
« Maurice » a entendu en souriant la réflexion d'un de
ses collègues : « Couve de Murville, c'est un nom de
ministre de Louis XVI avant Turgot ».
« De Gaulle n'est pas Louis XVI, réplique-t-il. S'il a
la tête dans les nuages, il sait ne pas la perdre. »
La nouvelle Porsche Targa :
pour la première fois
le grand air sans courants d'air
LA TARGA
" La Targa Florîo ", l'une des plus vieilles courses d'endurance, et de loin, la plus
meurtrière, se déroule dans les montagnes de Sicile. Porsche y participe depuis
dix ans et y a remporté six fois la première place (cinq fois la 2e, et sept fois la 3e).
Mais la "Targa", c'est aussi le printemps, le soleil de Sicile et la douceur du climat
méditerranéen. Il était donc naturel que ce nom fût choisi pour ce nouveau modèle
dont le confort et l'agrément dépassent de loin ceux des cabriolets existant. Son
originalité réside dans l'arceau (roll bar en langage compétition) qui, tout en offrant
une sécurité accrue, permet un aérodynamisme si parfait qu'il devient possible de
rouler, en position ouverte, à 200 km/h sans courants d'air. Si le froid se fait sentir,
ou ai le soleil est trop brûlant, le toit semi-rigide se met en place en un tour de main.
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A GAUCHE
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« II y a décidément fort à parier que Mitterrand ne
sera pas candidat unique de la gauche" aux élections
présidentielles », assurait un socialiste « monté » à
Paris pour le Conseil National de la S.F.I.O. du der-
nier week-end. Ce Conseil passé inaperçu dans la
grand? presse en raison des événements, mais qui
aura n.arqué un tournant décisif dans la vie de la
Fédération de la Gauche.
Pour une fois Guy Molet et Gaston Defferre se sont
retrouvés d'accord, même si le Maire de Marseille a
couvert de fleurs le Président de la F.G.D.S. : d'accord
pour mettre au pas, au sein de la Fédération, les
conventionnels et les radicaux, le secrétaire général
de la S.F.I.O. ne s'est pas gêné pour faire du patrio-
tisme de parti. L'effarant dégonflage du processus
lancé par le tandem Mitterrand-Mendès mettait Guy
Mollet dans une position difficile : « Dans toute cette
affaire, a dit Notebard de la Fédération S.F.I.O. du
Nord, on n'a jamais entendu parler de notre parti.
Où était-il ? Parti dans les rêves de qui ?» Et les mili-
tants se sont étonnés qu'au cours de toute la crise
ils aient été ignorés, sans aucune consigne, aban-
donnés à l'écoute de leurs transistors.
Au cours de la réunion « unitaire » qui, le diman-
che après-midi regroupa avec les socialistes les lea-
ders radicaux et conventionnels, M. Mitterrand a pré-
senté son auto-critique. Il a eu quelques mots mal-
heureux, qui s'expliquent par la froideur glaciale de
l'accueil que lui réservèrent les congressistes socia-
listes : « Que va-t-il se -passer maintenant ? » inter-
rogea-t-il. Pour répondre : « Je n'en sais rien... »
Guy Mollet, qui recevait, faisait une sale tête.
L'affaire ressemblait fort à la retraite de Russie
mais, personnellement, le secrétaire général de la
S.F.I.O. n'en était pas mécontent. La vieille S.F.I.O.
décidait donc de mettre au point son « programme
de législature » puis de le « soumettre » rapidement
à ses partenaires. Désormais, affirmait Pierre Her-
baut, secrétaire général adjoint : « Un homme, une
voix ». Cela veut dire que si la fusion arrêtée dans
son principe pour se faire avant la fin de l'année a
bien lieu, elle se fera au profit de la S.F.I.O. Les
prochaines élections législatives, selon les stratèges
de la maison, tombent d'ailleurs à pic pour simplifier
les choses : les députés sortants de la Convention des
clubs ne reviendront pas nombreux... Redevenue elle-
même, la S.F.I.O., aussitôt après les élections, pour-
rait donc « décrocher » de l'alliance avec le P.C. :
nombreux sont les socialistes qui souhaitent rompre.
M. Defferre n'a même pas attendu le premier tour
pour rappeler ses nostalgies d'ouverture au centre.
Un homme n'avait pas tellement apprécié la confé-
rence de presse de Mitterrand : M. Mendès-France
lui-même. Le député de la Nièvre ne l'avait nullement
prévenu qu'il ferait de lui son « Premier ministre ».
Quant aux Fédérés, réunis le matin même en Bureau
exécutif, s'ils avaient entendu M. Mitterrand leur
demander s'il avait toujours leur confiance comme
candidat pour l'Elysée, ils étaient à cent lieues de
savoir qu'il déclarerait officiellement sa candidature
quelques heures plus tard-
Cette succession de coups de surprise de la part
plus ou moins de Mitterrand restent comme autant de
« couleuvres » avalées plus ou moins facilement par
les Fédérés, jusqu'au discours du général qui arrêta
net leur digestion...
Le climat dans lequel les Fédérés vont à la bataille
se ressent naturellement de ces faux-pas : « Une ving-
taine d'entre nous restera sur le carreau » pensent
tout haut Louis Mermaz et Georges Dayan, bras gau-
che de Mitterrand.
CONSIGNE DE L'ËLYSËE
"MOUILLER" LES DIRECTEURS
Cela paraît incroyable, quand on le découvre après
coup, le nombre de hauts fonctionnaires qui se sont
« dégonflés » aux heures chaudes de la crise : de
vrais empotés, ou des malheureux à la recherche
d'un point de chute, sans compter les « maquisards »
de la peur. Alors que chacun avait sa réserve de
sécurité d'essence, toute l'initiative des directeurs et
sous-directeurs des ministères a consisté bien souvent
à téléphoner à leur service en récitant la même chan-
son : « Je suis bloqué, sans essence, dans ma mai-
son de campagne ! »
De telles défaillances, à un moment où il aurait
fallu des têtes mobilisées par l'esprit de décision, n'ont
guère été appréciées à Matignon et encore moins à
l'Elysée. M. Pompidou l'a avoué à une importante
personnalité du Centre : « Si nous n'avions pas été
quelques-uns à garder la tête sur les épaules, nous
étions balayés... » D'où la nouvelle consigne donnée
en haut lieu aux nouveaux ministres entrant en fonc-
tion : « Ne constituez que des Cabinets légers, ayez
des contacts directs aussi nombreux que possible
avec vos directeurs de ministère. »
On reconnaît la marque soldatesque de certaines
consignes : « Exigez que des ordres écrits soient don-
nés aux services ». Notamment à l'Intérieur. Il faut
que jusqu'au petit personnel on sente que l'encadre-
ment « se mouille ». Teinture du mouillage : trico-
lore et V.
Déjà quelques décorations ont récompensé les
noyau>; qui avaient contribué à organiser des défilés
pro-gaullistes. Maintenant, on rappelle que la promo-
tion 14 juillet des rubans rouges n'est pas loin. Ce
Hochet — selon le mot de Napoléon — est promis à
tous ceux qui sauront se distinguer dans la campagne
électorale.
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Tableau de l'opinion française...
MARCELLIN
VINGT ANS APRES
« J'ai besoin d'un ministre qui réfléchisse avant
d'agir... »
On sait que cette pensée de Pompidou a commandé
le choix de Raymond Marcellin comme ministre de
l'Intérieur. Le président de la République, un peu
surpris sur le coup, n'a pas opposé son veto : les
polices testaient aux mains du trio Frey-Foccart-Tri-
cot.
Nul n'imaginait en effet, à l'Elysée, que le souple
élu du Morbihan pourrait jamais s'opposer à la
direction collégiale qui agit de l'Elysée. Pompidou,
lui, avait son idée : Marcellin est un homme si pru-
dent pour son propre avenir qu'il hésiterait tou-
jours devant une décision brutale. Un homme de la
Champagne, rompu aux finesses du barreau pari-
sien, et qui a réussi à se faire adopter par les Bre-
tons. Un obstiné sans excès. Pas d'attache familiale
pour restreindre sa liberté d'action. Pas de clan, pas
d'idéologie sectaire. Un esprit souple, opportuniste,
très adapté à ce qui peut rester de libéral chez Pom-
pidou.
Les premières consignes données par le nouveau
ministre de l'Intérieur à ses préfets devaient confir-
mer le jugement de Matignon. Pas de heurts dans
!a rue, attendre pour intervenir dans les grèves le
moment favorable, ne laisser disperser les piquets
'.jue sur réquisitions écrites, et seulement quand on
a la certitude qu'ils ne résistent plus que pour le
principe, voilà les maximes de Marcellin.
On l'a trouvé mou dans l'affaire des étudiants de
Lyon, et le patronat de l'acier s'est plaint de sa sur-
dité. Quand on lui a dit : « II faut en finir avec ces
grèves », Marcellin a répondu : « Laissez-les s'étein-
dre. Je m'occupe des élections. » Mais c'était pour
renvoyer aussitôt à M. Frey les candidats trop pres-
sés de voir l'Intérieur appuyer leur lancement : « Je
veux en finir d'abord avec les grèves. »
« II est fichu de faire une omelette sans casser des
œuts » a dit le Premier ministre avec un sentiment
d'admiration très marqué. Marcellin n'en est pas abso-
lument convaincu.
L'un et l'autre se souviennent très bien — sans se
le dire — que le compère Marcellin était en 1948/49
le sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur — du célèbre
Jules Moch — qui fit donner la troupe contre les
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l'occasion des grèves, se dessiner l'ébauche d'un
« pouvoir ouvrier » débordant largement les organi-
sations syndicales classiques et sclérosées. Plutôt que
de courir après la grève tout en donnant priorité à
des revendications de salaire, un certain nombre de
militants ont choisi de s'en nourrir et de faire de cha-
que mouvement spontané un échelon supplémentaire
dans l'escalade de la lutte sociale. Ce mouvement,
quels sont ses hommes, et ses méthodes ?
On sait qu'il est mené par des hommes comme
André Bar jonnet (A.E. N° 2 289, démissionnaire du
parti communiste qu'il trouvait trop mou. A côté de
ce syndicaliste, un chercheur, Jean-Pierre Vigier, qui
participa à l'attaque contre la Bourse et un philo-
sophe, Gilbert Mury, ancien dirigeant du P.C. qui
vient de démissionner, lui, du parti pro-chinois où il
a fait un stage de quelques mois.
Pour ces hommes, une seule maxime : la révolu-
tion à tout prix, par tous les moyens, violents ou
pacifiques. C'est à eux que s'adressaient les obscures
menaces proférées à la radio par M. Pompidou et par
le général de Gaulle.
Plutôt que la méthode légale que semble préférer
le P.C. pour participer au pouvoir d'Etat, ils préco-
nisent l'action de la rue : « II serait impardonnable
de laisser passer les chances de briser le régime,
disent-ils. Jamais en France on n'a connu une période
aussi révolutionnaire. » Alors que le P.C. jouant sur
l'équivoque disait « non au référendum », Barjonnet
affirmait catégoriquement : « II faut saboter le réfé-
rendum, car voter non c'est encore jouer le jeu. » Son
attitude et celle de ses compagnons reste la même
depuis la décision du général de Gaulle de 'procéder
à des élections législatives.
Le Parti Communiste est naturellement inquiet de
ces agissements : il a constaté que les « enragés » ne
se recrutent pas qu'à Nanterre. Dans les usines, des
cégétisles bien sages se font souvent huer et il
craint de se trouver sérieurement dépassé sur sa
gauche et par sa base. Après avoir traité les « grou-
puscules » par le mépris, c'est à grands cris qu'il
appelle à la « vigilance » en première page de « l'Hu-
manité ».
Si, longtemps, la nouvelle extrême gauche a piétiné
aux portes des ateliers que tenaient solidement le
P.C. et la C.G.T., elle commence à y trouver audience
et débauche militants et syndicalistes. A sa manière,
le Parti Communiste essaie de décréter le lock-out.
Son langage même ressemble curieusement à celui du
patronat : il dénonce maintenant les « éléments étran-
gers » qui s'infiltrent dans les usines.
Mais ces transfuges du P.C., de leur côté, connais-
sent des difficultés. Comme méthode révolution-
naire, ils ont suggéré la formation d'innombrables
comités d'action. C'est la technique qu'utilisent égale-
ment les étudiants. Mais alors que les « anciens » vou-
draient créer sinon un parti, une organisation quelque
peu centralisée, eux, comme les étudiants, s'y refu-
sent. Ils tiennent à conserver à leur mouvement le
plus de souplesse possible.
ANGLOMANIE AUX FINANCES
Première épreuve pour Pierre Esteva, le nouveau
directeur du Cabinet de Couve, aux Finances : appren-
dre prr cœur les prénoms des membres de l'équipe
de son ministre. Ce dernier tient beaucoup à garder
l'eir du « quai d'Orsay » en passant du bursau de
Vergennes à celui du Baron Louis : on sert religieu-
sement le thé à 16 h 30 et l'on s'interpelle par son
préncm. Une épreuve très attendue : comment Iss
anciens collaborateurs de Michel Debré, restés rue
de Rivoli parviendront-ils à dire « Maurice » su nou-
veau grand argentier dont le ton collât monté est
proverbial.
LES RAPATRIÉS
ne se rallieront pas
S'il y a une catégorie de citoyens qui a mal accueilli
les proclamations tricolores et anti-communistes de
la majorité, ce sont bien les rapatriés. Et à coup sûr,
les plus organisés d'entre eux. Dès le début de la
semaine dernière, leur fédération de Paris-Nord (1)
adoptait un texte recommandant une « froide luci-
dité » devant « les maœuvres provocatrices ou électo-
rales auxquelles se livre le régime actuel sous pré-
texte d'anti-communisme ». Deux autres fédérations,
celles du Midi et du Sud-Est (Nice), adoptaient la
même position.
Est-ce à dire que ces fédérations souhaitent l'avène-
ment d'une démocratie populaire ? Elles affirment au
contraire « que toute tentative communiste de pren-
dre le pouvoir les trouverait résolues à défendre, par
les armes les plus décisives, la Patrie, la République
et la Justice sociale ». Mais elles n'ont nullement été
dupes du « cinéma » gaulliste des 29 et 30 mai...
La leçon que les rapatriés tirent pour eux-mêmes
de l'affaire algérienne eu égard au « péril commu-
niste », est claire. Ils répondent que « le chef de
l'Etat qui a tout fait pour installer un régime commu-
niste à Alger, qui n'a jamais hésité à s'appuyer, comme
en 1961 et 1962, sur les forces communistes pour
défendre son pouvoir, et dont on sait qu'il est mé-
nagé à l'extrême par la direction stalinienne du P.C.
français et de la C.G.T., ne saurait être un rempart
valable contre le communisme qu'il a toujours favo-
risé et qui menace de lui succéder. »
Anarchie dans les usines ? Anarchie dans l'univer-
sité ? Les Français d'AlgéYie tiennent que « le style
du Général », son mépris du citoyen, son refus du
dialogue, créent nécessairement les conditions de
l'explosion. Des méthodes de l'intendance gaulliste,
ils ont retenu tout particulièrement que dans le temps
qu'on faisait survivre le régime des Ben Bella et des
Boumedienne, on bloquait tous les projets d'indem-
nisation (les communistes ont l'intention d'en dépo-
ser un nouveau). Si bien qu'à Toulouse, ce sont des
agriculteurs rapatriés qui ont envahi la préfecture
pour réclamer le moratoire de leurs dettes. Et qu'à
Marseille ce sont des prolétaires « pieds-noirs », ou
des cadres expatriés sans emploi, ou leurs enfants
sans perspective d'avenir, « déboussolés » par les
réformes et les contre-réformes de l'université gaul-
liste, qui sont descendus dans la rue.
On dit que de Gaulle songerait à une amnistie
générale précipitée pour gagner ce million et demi de
voix « Algérie française » qui pèse lourd dans la
balance. Les rapatriés n'iront pas pour autant se
jeter dans les bras des C.A.C. dont les mercenaires
accomplirent en Algérie les exploits que l'on sait.
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Les élections sont une péripétie
Demain la
Le gouvernement, rétabli à peine
par la voix sacrée de son chef,
croyait à une reprise du travail :
« massive et indiscutable », comme
la majorité. Il devait donc accueillir
avec surprise le dénouement pro-
gressif et saccadé de la crise. Trom-
pant aussi l'attente des syndicats
(particulièrement de la C.G.T.), la
base n'a pas consenti à entériner
sans discussions les propositions
qu'on lui faisait.
Dans le domaine économique et
social, le mois de mai 1968 aura
montré qu'un changement profond
est intervenu dans l'idée que les
travailleurs se font des objectifs
d'une grève. Les résistances qui ont
marqué les premières semaines de
juin attestent que la classe ouvrière
a pris conscience du cycle des salai-
res et des prix. Il est maintenant
généralement admis que l'augmen-
tation des salaires n'a pas en elle-
même de signification profonde si
elle n'est pas accompagnée d'autres
mesures de caractère économique.
Pour la première fois, depuis fort
longtemps, dans l'histoire écono-
mique de la France, un gouverne-
ment non socialiste a été contraint
d'accorder de très importantes
concessions aux travailleurs. Celles-
ci sont intervenues conformément
à la tradition : la pression popu-
laire a forcé le gouvernement à
remettre en question l'ensemble de
sa politique économique. Cette re-
mise en cause va maintenant avoir
de très profondes répercussions sur
l'équilibre général de l'économie
française.
Le gouvernement du général de
Gaulle s'est donc laissé entraîner
dans un processus de crise que,
seuls, jusqu'à présent, les « gouver-
nements de gauche » avaient eu l'oc-
casion d'affronter. Il devrait donc
faire à la fois (conjoncture excep-
tionnelle) les frais des concessions
et du rétablissement qui va bientôt
s'imposer. Les syndicats ouvriers
comptent précisément sur cette
double tâche pour relancer leur
action au moment où les pouvoirs
publics mettront en œuvre une poli-
tique d'austérité. De son côté, « la
base » a compris que 'es avantages
îii'iourd'hui obtenus seront demain
trè«s largement diminués
DES CHARGES
IMPRESSIONNANTES
La masse salariale augmentant de
15 %, il faut s'attendre à une hausse
progressive des prix qui ne tardera
pas à bouleverser les différents
équilibres économiques et à éloi-
gner la France de la réalisation des
objectifs' du V" Plan. En trois se-
maines, l'économie française a per-
du 30 millions de francs lourds.
Dans le même temps, les salaires,
les charges sociales et la fiscalité
augmenteront cette année d'une
cinquantaine de millions. On peut
donc approximativement évaluer le
bilan financier de la crise à 120 mil-
lions, c'est-à-dire à 4 ans d'expan-
sion au taux de 5 %. On conçoit
que cette charge impressionnante
laisse perplexes les plus astucieux
de nos fonctionnaires des finances,
d'autant plus que la brèche ouverte
dans la production entraînera une
diminution immédiate des recettes
du Trésor et. une augmentation de
ses dépenser.
En effet, le Trésor se trouve déjà
dans l'obligation d'accorder aux en-
treprises des délais de paiement,
sauf à les pousser à la faillite. La
Sécurité sociale, de son côté, va
enregistrer des retards généralisés
dans le versement des cotisations
des employeurs, qui ne disposent
plus de trésorerie. En sens inverse,
l'Etat va devoir engager immédia-
tement des dépenses nouvelles sous
forme de subventions aux produc-
tions agricoles et aux industries sai-
sonnières. Au début du mois de
mai 1968, on recensait en France
entre 350000 et 500000 chômeurs
réels. Ce chiffre est déjà dépassé
et peut doubler d'ici à la fin de
l'année.
Si la balance commerciale mar-
quait une tendance au déséquilibre,
la balance des paiements était sa-
tisfaisante.
Aujourd'hui, le gouvernement doit
recouru à des concours étrangers.
Le ta- d'or accumulé par le régime
gaulliîte n'est pas inépuisable.
A Ja veille de l'été, le gouverne-
ment a. les yeux tournés vers la
hn de Ja crise sociale et ia prépara
ration des élections législatives. En
réalité, les questions lesjplus urgen-
tes sont d'ordre économique.
Autrement dit, la crise qui vient
de secouer profondément la France
ne s'achèvera pas avec l'issue poli-
tique des élections, mais commen-
cera seulement à exprimer toutes
ses conséquences
'DONNER LA VEROLE
A L'EUROPE"
Pour y faire face, M. Pompidou
n'a encore que peu de projets mais
ceux qui, autour de lui, s'efforcent
de réfléchir connaissent bien la gra-
vité de l'alternative : ou bien la
France, provisoirement frappée, se
referme sur elle-même et apporte
de telles modifications à ses diffé-
rents traités commerciaux qu'elle
abandonne les perspectives euro-
péennes et qu'elle se calfeutre der-
rière ses propres frontières. Dans
ce cas, deux conséquences sont iné-
vitables : la dévaluation et la ré-
cession. L'imbrication des écono-
mies européennes est déjà trop
avancée pour que cette solution
qui, dans tous les cas, serait mau-
vaise, ait des chances d'être adop-
tée.
Ou bien la France, ne modifiant
rien à ses relations économiques
extérieures, obtient, dans le cadre
du Marché commun, une aide de
tous les pays membres et fait peser
sur eux une partie des conséquen-
ces de la crise. On s'attend alors au
ministère des Finances à ce que
l'ensemble des pays européens pas-
sent par une période économique-
ment difficile, de chômage, de moin-
dre expansion et de troubles poli-
tiques. Le franc ne serait alors plus
seul à dévaluer mais avec lui l'en-
semble des monnaies européennes,
et vis-à-vis du sollar. Curieusement,
le régime gaulliste compte mainte-
nant sur la solidarité européenne
pour atténuer les effets de sa pro-
pre faillite.
En réalité, le rétablissement du
régime que les prochaines élections
pourraient bien confirmer ne sau-
rait être que provisoire. On ne peut
10
crise
pas conduire un pays à de pareils
échecs dans une perpétuelle impu-
nité. Il est politiquement normal
que le régime s'efforce de transfé-
rer la responsabilité de ses fautes
sur son nouvel ennemi, le Parti
communiste. Mais cette manœuvre,
si elle peut électoralement réussir,
est sans influence sur Jes phéno-
mènes économiques. A terme donc,
le régime est condamné.'Sa chute
laissera la France dans une posi-
tion difficile. On peut seulement
souhaiter que la relève intervienne
rapidement.
Ou pain sur la planche
QUELQUE CHOSE
DE SAIN
On ne se doutait pas en France
que les « quelques groupuscules »
qui agitaient depuis la rentrée de
1967 la faculté des lettres dé Nan-
terre allaient à ce point bouleverser
la politique de notre pays. Mais on
ne peut raisonnablement imputer
à ces groupes d'étudiants la respon-
sabilité de l'ensemble de nos affai-
res. Le tournant de 1968 a quelque
chose de sain. La France, confor-
mément à sa tradition, est le pre-
mier pays d'Europe à éprouver
dans toutes ses structures les boule-
versements du XXe siècle. Première
à ressentir îcs plus graves diffi-
cultés de la société industrielle, elle
sera aussi la première à Ici sur-
monter. Le mouvement ctudianî
s'est exprimé comme un détorra-
seur. Les problèmes de notre temps
commencent à se préciser et à
s'éclairer. Aucune des méthodes jus-
qu'ici utilisées pour maîtriser les
conjonctures économiques et poli-
tiques ne conserve sa validité. Le
moment est effectivement venu de
réformer les structures. Il est peu
probable que le gouvernement de
M. Pompidou, plus attaché au pou-
voir pour ce qu'il représente que
po>Jr ce à quoi il sert, en soit
capable.
Sur le bureau de Messmer
D'innombrables rapports d'unités continuent d'arrivsr
chaque matin sur le bureau de Messmer. Au ministère,
on prête plus d'attention aux comptes rendus des com-
mandants et des colonels qu'à ceux des généraux, sou-
vent tenus en quarantaine dans' leurs districts militaires.
Le bilan n'est pas très encourageant pour le régime :
si l'on excepte quelques'unités aériennes (Dijon, Luxeuil,
Ochey-lesjNancy, Cognac) où l'élément officier est très
important, aucune unité n'a fait preuve de loyalisme
incontesté envers le pouvoir.
La Marine malgré de fortes pressions de la part du
Capitaine de Vaisseau Philippe De Gaulle, de l'Amiral
Cabanier et de quelques autres gaullistes notoires s'est-
déclarée « fidèle à la République, prête à empêcher une
prise de pouvoir communiste * mais n'a fait aucun acte
d'allégeance au Général.
L'Armée de terre a réagi de la même façon. Mais seules
les unités d'intervention parachutistes basées en Lor-
raine, en Alsace et dans les Pyrénées, celles de la Légion
et des blindés, fortement spécialisées et composées à
75 % d'éléments d'actifs et d'engagés paraissent sûres
' pour défendre la République contre tout danger commu-
niste ", à l'exclusion de touts prise de position gaullien-
ne. Les unités d'infanterie sont tenues pour douteuses
dès que leur pourcentage en hommes du contingent
dépasse 40 %.
L'Armés de l'Air, elle, semble plus acquise au pouvoir,
lï'ffls des noyaux de « rampants » également douteux sont
signalés sur toutes les bases, qui pourraient paralyser
l'action des unités combattantes de vol ou de l'infanterie
de l'air. Depuis qu'il a été confirmé à son poste, Messmer
a donné des instructions très strictes pour que l'on neu-
tralise ces « chacals » : des unités fidèles de l'Armée de
terre couvriront les nœuds stratégiques. Notons enfin,
au sujet des régiments d'infanterie, qu'ils vont faire
l'objet des soins particuliers d'une équipe d'officiers soi-
gneusement choisis, sortes de commissaires aux armées
gaullistes chargés d' « isoler l'ivraie ».
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AMIENS : UN EXEMP
Tout le monde a pu lire dans la presse le texte publié
à Villeurbanne par l'ensemble des directeurs de Maisons
de Culture et de compagnies permanentes : un long cri
de révolte, comme il en fuse de partout. Révolte d'artis-
tes et d'animateurs travaillant sur le tas, contre le diri-
gisme irréaliste, désinvolte et pesant des pouvoirs
publics. Toutes sortes d'entraves financières et adminis-
tratives sont dénoncées dans ce document, mais la
contestatio, essentielle porte sur le fond : on a remis
en cause à Villeurbanne l'idée que l'on se fait à Paris
du rôle même de ces Maisons. Cette idée n'était qu'une
idée : l'expérience prouve qu'elle ne tenait aucun compte
des réalités socio-culturelles des secteurs d'implantation.
« II est maintenant tout à fait clair, affirment les
signataires, qu'aucune définition de la culture n'aura de
sens qu'au prix d'apparaître utile aux intéressés eux-
mêmes, c'est-à-dire dans la mesure où le « non-public *
y pourra trouver I instrument dont il a besoin. » En
conséquence, ils demandent « qu'il soit sursis à toute
construction nouvelle jusqu'à ce qu'une définition claire
et cohérente de ces établissements soit élaborée ».
Inutile de gaspiller de l'argent pour rien.
Il faut dire que tous les directeurs de Maisons de la
Culture n'étaient pas au rendez-vous de Villeurbanne.
L'absence la plus remarquée fut celle de Philippe Tiry,
actuellement en place à Amiens. Au moment où Plan-
chon, Monnet, Rétoré, Chéreau, Dasté et autres pre-
naient l'initiative d'une contestation radicale, M. Tiry
semblait préférer le privilège d'être « contesté « dans
son fief, précisément au nom des principes du mani-
feste de Villeurbanne. Ce cas — exemplaire — est fort
intéressant.
S'inspirant de l'auguste exemple que l'on sait, il restait
en effet à Tiry la possibilité de s'insinuer dans ce mou-
vement révolutionnaire et de le détourner, en le manœu-
vrant, de son véritable objectif. C'est-à-dire en substituer
habilement le dialogue au procès, en jouant le public
contre le • non-public » ou, si l'on veut, la population
contre le peuple
La Maison de la Culture d'Amiens n'a pas de chance
(elle n'est pas la seule) : lieu de création, d'animation
et de diffusion culturelle puissamment équipé sur le
plan matériel, sa tète n'est qu'une tête administrative,
pas trop mal faite, paraît-il, mais qui ne peut avoir — et
qui n'a eu — en matière d'action culturelle que des
caprices. Acheter des spectacles et « faire du calen-
drier » à tout prix, c'est à la portée du premier impré-
sario venu. Le théâtre de papa ou de grand'papa ne
fonctionnait pas autrement.
LE BALLET-MIRACLE
Mais les « enragés » amiénois — ou réputés tels —
ont bien du mal à se faire comprendre des bonnes gens
qui leur reprocheraient plutôt leur acharnement à dénon-
cer l'action d'un homme si manifestement disposé au
dialogue. Eux savant que des choix qui engagent l'avenir
de la Maison ont été faits avant les événements, que
TTry n'est pas étranger à ces choix, et que si l'on n'en
discute pas maintenant, il sera trop tard avant peu. Et le
jeu du directeur consiste évidemment à orienter les
débats sur des sujets secondaires, les voies de garage
du détail pratique et du juridisme, pour mieux détourner
l'attention des sujets principaux dont l'examen, fait au
grand jour, tournerait à sa confusion.
12
ns de la culture !
LE DE DÉMAGOGIE
Parmi les options prises par les Affaires Culturelles
avant la « révolution » de mai, figure la création à Amiens
d'une compagnie permanente de ballet dont Philippe Tiry
a été nommé administrateur. Ainsi serait constitué, a la
grande satisfaction des badauds, ce fameux « outil de
création » que les Picards se plaignaient de n'avoir point
jusqu'à présent. Pour ce 'qui est du choix de cet outil,
il n'apparaît pas qu'on ait pris sur place beaucoup d'avis.
Pour reprendre les termes du manifeste de Villeurbanne,
le « non-public » pourra-t-il trouver dans cette compagnie
de ballet l'instrument dont il a besoin ?
Curieusement, cette compagnie n'est pas confiée à un
créateur, mais à un « directeur artistique », J.-A. Cartier,
à l'invitation de qui des chorégraphes viendraient, en
passant, régler chacun leur ballet en début de saison.
Il faut donc comprendre que Cartier est l'homme que
toute la région attendait pour mener à bien son éveil
ou son réveil culturel.
Or, il se trouve que ce directeur artistique « nommé »
par le conseil d'administration est le directeur (déjà...)
de l'Association Technique pour l'Action Culturelle
(A.T.A.C.), qui regroupe les directeurs de Maisons de la
Culture et de compagnies permanentes dans un but
d'information et de coordination. Les liens entre
l'A.T.A.C. et les pouvoirs publics sont nécessairement
étroits : de là à voir dans la création de cette compagnie
singulière le caprice d'un homme bien en cour, il n'y a
qu'un pas, que les « enragés » franchiront, semble-t-il,
d'autant plus allègrement qu'on leur donnera moins
d'explications sur les dessous de l'affaire. Car ce ballet-
théâtre est le type même de ces « constructions nou-
velles - pour lesquelles le manifeste de Villeurbanne
demande justement qu'on arrête les .frais : un exemple
de dégradation démagogique et insidieux des Maisons
de la Culture.
POMPIDOU ET LES MEDECINS
M. Pompidou, dont le fils Alain est médecin, a été
sensible à la remarque qu'il lui a faite de n'avoir
embarqué aucun médecin dans son nouveau ministère.
Il est vrai que le président de la République a une
prévention personnelle contre le médecin dans la
politique.
Ce qui n'empêche pas M. Pompidou d'être bien ren-
seigné, et fort attentif, quant au travail d'études accom-
pli, pendant la grève, par les étudiants en médecine,
leurs jeunes aînés et quelques maîtres.
« C'est très sérieux », apprécie-t-il.
LES BANQUIERS CHEZ GISCARD
En fere-t-on des ordonnances ?
La formation qui aura le moins de difficultés finan-
cières au cours de la campagne électorale (outre
l'U.D.R. qui a accès aux caisses que l'on sait) est celle
des giscardiens. Les républicains indépendants ont vu
affluer chez eux nombre de banquiers et financiers
qui, jusqu'à présent, cotisaient pour le gaullisme
orthodoxe. Cet afflux subit de sympathisants s'accom-
pagne évidemment d'une plus grande aisance. Les nou-
veaux supporters de Giscard sont persuadés que les
républicains indépendants sont désormais le seul parti
de la stabilité et de sauvetage de l'économie, rôle tenu
jusqu'à présent par leurs frères gaullistes.
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De toutes les corporations qui ont eu
à affronter la crise, la presse est
certainement celle qui s'est le plus
agitée. Les "événements" l'ont en effet
placée devant une double tâche : elle
devait d'une part continuer d'assurer
sa propre exploitation et saisir d'autre
part le profit commercial que la gravité
de l'actualité et l'absence de certains
concurrents semblaient mettre à sa por-
tée. On a pu assister alors à un extra-
ordinaire ballet. Du côté ëes quotidiens
d'abord. On peut les ranger<en deux
catégories :
- ceux qui, avec la même impuissance
que 1'ex-Ministre de l'Education Natio-
nale n'ont pas su apercevoir la gravité
des phénomènes qui mûrissaient à l'ombre
de l'Université §t ne songeaient pas à
informer leurs lecteurs de l'agitation
étudiante ; ou bi'en, trop habitués aux
informations purement superficielles et
scandaleuses, ils commettaient une er-
reur de qualification. S'il y avait bien
un mouvement universitaire, c'était le
fait de quelques "enragés" qui ne cher-
chaient qu'à empêcher le déroulement
normal des études de leurs camarades.
- ceux qui, par souci politique, abor-
daient la question universitaire avec
un préjugé partisan et omettaient volon-
tairement d'en voir la réalité.
Dans les deux cas, dès lors que les
manifestations étudiantes eurent provo-
qué un soulèvement général, la presse
quotidienne s'efforça, avec une naïveté
peu différente de celle du Gouvernement,
de rattraper le temps perdu et de trou-
ver à tous prix un commencement d'expli-
cation. Comme les choses allaient très
vite, l'explication de la veille était
contredite par l'événement du lendemain.
Quand l'incertitude fut à son comble,
le Monde lui-même en perdît la tête et,
annonçant comme certain le départ du
Général de Gaulle, jugeait que c'était
la seule issue possible.
La presse hebdomadaire, arbitraire-
ment frappée d'une mesure d'interdiction
par le Syndicat du Livre, ainsi plongée
dans le plus grand désarroi, faisait un
spectacle encore plus cocasse. Avant que
ne commencent les grèves, elle donnait
à l'agitation universitaire une importan-
ce qui variait au hasard des jours fixés
pour sa parution. Lorsqu'elle fut con-
trainte de trouver un imprimeur à
l'étranger ou en province, elle dut se
contenter d'apprécier l'événement en
fonction de ses possibilités techniques.
Ainsi, le Nouvel Observateur dans une
édition spéciale parue après l'interven-
tion du Président de la République du
3O mai, tenait l'Etat pour défunt et
M. Mendès France pour vainqueur. Minute
à son tour, ayant "bouclé" sans avoir
entendu parler des élections législatives
proposait 'en caractères géants au moment
où on les préparait déjà de répondre
Non à un référendum qui ne .devait plus
avoir lieu et disait du régime, que le
Chef de l'Etat venait de rétablir préci-
pitamment : "Fini !".
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14
LO.R.T.R, CETTE DERNIERE BASTILLE
par Henry Chapier
La bataille de l'O.R.TP. est à coup
sûr l'une des plus importantes qui ait
été livrée pendant le mois de mai.
Pour la première fois, une action syn-
dicale va de pair avec un combat poli-
tique à l'état pur : ce que l'on de-
mande à la Télévision française dé-
passe le cadre des modifications de la
grille de salaires ; l'assemblée des
journalistes réalisateurs et techniciens
ne reprendra le travail que lorsque
M. Guéna, nouveau ministre de l'Infor-
mation, leur donnera des garanties sur
l'objectivité de l'Office, et la prochaine
refonte des statuts de 1964. Malgré
une dérobade du ministre qui invoque
l'incompétence (seule la prochaine
Assemblée nationale a qualité pour
légiférer sur les nouveaux statuts),
l'Intersyndicale insiste pour qu'un ré-
gime de transition soit institué dans
les plus brefs délais, avant l'ouverture
de la campagne électorale. L'appel aux
non-grévistes réduisant l'O.R.T.F. aux
moyens de fortune de la Tour Eiffel, et
à la pénible mise en route du plan
Stentor (recours aux techniciens de
l'armée), le ministre et la direction
générale étaient condamnés à négo-
cier. Des manœuvres de division n'ont
pas manqué du côté officiel : la déla-
tion utilisée comme moyen d'intimi-
dation a eu — hélas — un effet è
rebours, les dénonciateurs anonymes
compromettant à jamais le renom des
fameux « Comités d'Action Civique »
En accumulant une fois de plus les
maladresses, le pouvoir a fait l'union
Le Tout-Paris brûle pour l'Odéon. Il
n'a pas tort. Où voir ailleurs des dames
du 16e au coude-à-coude avec leurs
bonnes espagnoles, des messieurs dé-
corés ravis de se faire couvrir de sar
casmes par des lycéens se réclamant
de Bakounine ?
Chaque soir, les O.S. 21 et les voi-
tures de maîtres déversent dans ce
forum — qui tient de Hyde-Park et des
jardins du Palais-Royal sous la Révo-
lution — des cohortes frétillantes d'ha-
bitués de Maxim s et de la TOUF d'Ar-
gent. La salle se renouvelle trois fois
par nuit : 5 000 personnes un moyenne
défilent quotidiennement dans ce creu
set du verbe révolutionnaire. • Sien que
nous préconisions le boycott des élec-
tions, nous convions tous les cand' lats
à venir s'expliquer ici », diî ic respon-
sable du service de presse de l'Odéon
occupé, « Ils pourront gagner des voix
ou en perdre mais ils doivent compter
avec nous ». Son adjointe, une étu-
diante en blue-jean. ajoute : • Nous ne
sommes pas des nihilistes comme le
claironne Pompidou, c'est pourquoi
nous respectons le patrimoine culturel.
Nous allons évacuer toutes les archi-
ves ainsi que les costumes de scène
dans une salle du Conservatoire d'Art
Dramatique afin de les mettre à
l'abri ».
Sur les marches de l'Odéon, me
voici entouré de vendeurs de « L'En-
ragé ». »
< II faut les chasser d'ici — crie un
membre du service d'ordre — c'est
une publication faussement révolution-
naire pour gogos voyeurs. * Je m'em-
presse d'acheter un numéro du
« Monde libertaire » à une charmante
anarchiste : « Merci, camarade-mon-
sieur ! ».
A partir de deux heures du matin
les spectateurs de la Révolution cultu-
relle ont besoin d'un ailleurs. Un noc-
tambule en complet d'alpaga confie a
sa femme d'une voix fatiguée par les
nuits blanches : • Maintenant, on va
à la Sorbonne, les Maoïstes m'inté-
i-essent beaucoup, je les trouve plus
actuels que les anars » <
Kiraz, le dessinateur à la mode, jette
un regard peiné sur ces Parisiennes de
Juin 68. Il est désenchanté : « Elles
préfèrent les bains de foule aux
« planches * de Deauville... *
Dans une pizza voisine, où je suis
allé me restaurer après une discussion
sur le rôle des artistes dans la société
de demain, je tombe sur deux quadra-
génaires giscardiens (habillés par le
bon faiseur) aux prises avec des révo-
lutionnaires en chandail : •* Tous les
réactionnaires ne sont pas idiots mais
ils n'en sont pas moins condamnés par
l'histoire... ».
Le Tout-Paris joue à la contestation,
oublie ses futilités habituelles. Il y
reviendra fatalement... Est-ce si sûr ?
Et si avec la découverte de l'Odéon et
de la Sorbonne nouvelle manière !es
condamnés oux travaux forcés mon-
dains à perpétuité avaient atteint eux
aussi un point de non-retour ?
Raphaël VALENSI.
sacrée de droite à gauche : en ajou-
tant aux producteurs et réalisateurs
de nos meilleurs magazines (Oumayet,
Philippe Labro, Alain de Sédouy) les
noms des écrivains, cinéastes et artis-
tes ayant décidé de boycotter
l'O.R.T.F. tant qu'elle serait muselée,
il ne restait pratiquement pas de solu-
tion de rechange.
Le régime doit — pour une fois —
passer sous les fourches caudines de
« l'intelligentsia - : il est tenu de faire
des concessions, sous peine de ne
passer à l'antenne que de vieux films
et des bulletins d'information sque-
lettiques.
L'esprit critique et la liberté d'ex-
pression faisant irruption sur le petit
écran, menacent la quiétude du sys-
tème. Il ne sera plus possible de
garder des émissions dans les tiroirs,
ni de censurer des sujets qui ne plai-
sent pas au pouvoir : la brèche est
ouverte, la fronde s'y est engouffrée,
et le plan Stentor n'est guère appli-
cable au niveau du jounalisme. Chaque
fois que le conditionnement essaiera
de revenir dans les mœurs, il se trou-
vera un noyau de contestation pour
sortir de la glu gaulliste et enrayer le
mécanisme de lavage de cerveau abu-
sivement pratiqué depuis dix ans.
H. C.
offrez
des cravates
fête des pères 16 juin 68
15
Dans mon assiette
Francis Amunategui
On est très excusable d'ignorer Archestrate, qui fut un
poète grec épicurien du milieu du IV* siècle avant J.C. Il
nous intéresse pourtant parce qu'il écrivit (paraît-il) un
ouvrage en vers intitulé « La Gastronomie » et qu'il passa
le plus clair de sa vie à voyager à l'étranger, non pour
découvrir des paysages ou des monuments, mais pour
connaître la façon de manger des autres peuples, leurs
spécialités culinaires, leur comportement à table, etc.
En somme ce que, plus de deux mille ans après, allait
faire Curnonsky en parcourant avec Marcel Rouff ces
régions inconnues quant à leurs nourritures qu'étaient
les provinces françaises. Pour ma part, Archestrate
m'est très sympathique pour avoir dit, dans l'un des rares
préceptes que nous conservons de lui, que si le nombre
des convives excède celui de trois ou de quatre, ce n'est
plus qu'un rassemblement de journaliers ou de soldats
qui mangent leur butin. Voilà qui est merveilleusement
observé et dit ! Je me permettrai d'aller un tout petit
peu plus loin que notre poète en suggérant deux ou trois
convives, au lieu de trois ou quatre, comme assemblée
idéale.
Or un jeune cuisinier, du nom d'Alain Senderens, mû
par de louables ambitions, vient de reprendre un petit
restaurant de la rue de l'Exposition, qui tout récemment
encore pratiquait le culte de la pôchouse, et l'a placé sous
l'invocation d'Archestrate. J'avoue que l'enseigne n'est
pas heureuse. Elle a un petit rien de prétentieux qui ris-
que d'indisposer. Pour le commun des mortels, j'ai l'im-
pression qu'elle évoque une salle de culture physique
plutôt qu'un établissement où l'on sert à boire et à man-
ger. Mais elle est bien dans l'esprit et dans les inten-
tions de notre chef qui, appelant à l'aide les Anciens, a
voulu montrer son désir de rechercher, de dénicher, de
ressusciter de très vieilles recettes. Sa carte, en effet,
A L'OMBRE
D'ARCHESTRATE
n'est pas celle de tout le monde.
Je commence par dire que Senderens a déjà fait ses
preuves, il a travaillé notamment chez Lucas Carton et
au Hilton d'Orly. Il ressemble assez sensiblement au
regretté René-Louis Lafforgue, il a des façons timides et
une voix douce. La révolution, il ne la porte pas sur son
visage, mais dans sa- carte. Très peu de plats, mais aux
titres prometteurs : des escargots à la caudérannaise,
une omelette bourguignonne, un brouet d'anguilles tiré
d'un grimoire du XIV* siècle, une timbale de coquilles
saint-Jacques, une daube de bœuf aux anchois, une oie en
daube inspirée par Escoffier, un canard « à notre façon »,
la fameuse tête de veau en tortue si rare à Paris et du
reste ailleurs, etc.
Tout cela part du meilleur naturel du monde. On est
heureux de voir un jeune s'attaquer aux difficultés et
partir à la conquête de Paris avec un bagage assez sin-
gulier. Ces escargots à la manière de Caudéran, par
exemple, sont cuits dans une piperade, l'omelette bour-
guignonne renferme des escargots aussi et des noix, le
brouet d'anguilles est au gingembre, à la cannelle et aux
anchois, l'oie au vin blanc avec un zeste d'orange, le
canard au poivre vert et aux pommes reinettes. Rien n'est
donc indifférent. Si j'avais une critique à formuler, elle
porterait, non sur la conception, mais sur l'exécution, je
veux dire — je parle uniquement de mon menu — sur
quelques faiblesses dans les produits. Ainsi, les escargots
étaient de conserve. Je sais bien que l'escargot en lui-
même, frais ou de conserve, ne dégage pas une saveur
bouleversante, qu'il lui faut des stimulants, mais, si son
goût manque toujours de netteté, il existe quand même
un peu dans le frais et pas du tout dans la conserve.
La conséquence, c'est que dans l'omelette, les noix
tirent la couverture à elles et rendent inutile la présence
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de ces corpuscules noirâtres, fades et durs. Et puis si
l'idée de présenter une daube aux anchois est louable, il
ne faudrait pas d'abord que la viande soit filandreuse et
ensuite que l'arôme, pourtant caractéristique, des anchois
passe inaperçu.
Je ne voudrais pas que ces réserves vous détournent
de « L'Archestrate ». J'y suis allé pendant les journées
sombres que nous avons vécues à la fin mai, le climat
n'était pas à la liesse et aux franches lippées. Quand
l'avenir paraît bouché, il est normal qu'on s'attèle avec
moins d'enthousiasme à l'ingrate tâche quotidienne. Mais
je dois dire que les quatre occupants d'une table voisine
se déclarèrent enchantés de la tête de veau en tortue
qui, si elle ne comportait pas les trop dispendieuses
écrevisses de la recette, s'enrichissait de l'œuf frit de
rigueur. Pour ma part, la noix de coco en surprise, au
chapitre des desserts, une glace à la banane et à la noix
de coco, humectée de chocolat chaud, me parut aussi
excellente qu'originale. Figurent en outre au répertoire
des pêches flambées et la tarte Tatïn. Il est ardu de
prétendre, si on veut innover hardiment, arriver du pre-
mier coup à la perfection. La cuisine d'Alain Senderens
est infiniment plus qu'honorable et je suis certain
qu'entre le moment où je suis allé en son restaurant et
celui où vous irez, car je vous conseille d'y aller, une plus
grande maîtrise dans la réalisation et une plus grande
sévérité dans le choix s'étant manifestées, vous serez
heureux de contribuer au succès d'un chef qu'il serait
impardonnable de bouder parce qu'il ose du nouveau (20,
rue de l'Exposition, entre Saint-Dominique et Grenelle,
sauf dimanche soir et lundi).
LE COIN DE L'HONNETE HOMME
Restons rive gauche. Dans le quartier Bac où poussent
tant de restaurants à fonctionnaires pressés, j'ai tou-
jours eu une prédilection marquée pour 'les délicieuses
« Belles Gourmandes », parce qu'on y mange bien, natu-
rellement, parce que le décor est exquis, de bon goût et
parce que les dîners surtout, dans ce cadre et dans ce
calme, ont je ne sais quels prolongements raffinés.
C'est également un jeune, Daniel Fageon, qui tient
cette maison, mais il a un chef, parfaitement à l'aise dans
des apprêts de cuisine simple et gaie. Ce qu'il appelle
« la providence de l'ondée », un joli titre soit dit en pas-
sant, ce sont, réfugiés dans une croustade, des escargots
et des cèpes, et sa crêpe irlandaise est une tranche de
saumon frais enveloppée dans cette crêpe avec une
légère sauce. Des œufs brouillés au fromage et aux
tomates, une andouillette grillée, une sole Belles Gour-
mandes, des rognons d'agneau sautés à l'estragon, etc.
composent le mieux du monde un répertoire sans surpri-
ses, comme disait l'autre, mais sans défaillances.
En fait il y eut pour moi une surprise : une toute bête
d'entrecôte minute, que j'aurais peut-être préféré un peu
plus mince, plus « paillarde », mais qui était tout à fait
extraordinaire. Et quel plaisir de boire du Menetou-Salon,
du Cher, un vin blanc rival redoutable du Sancerre et du
Quincy (5, rue Paul-Louis Courier, carrefour Bac, sauf
dimanche).
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Le drame de
i
APRES ROBERT KENNEDY
"IL Y AURA TOUJOURS TEDDY"
« Je suis entré dans la politique pour- succéder à mon frère Joe » (mort à la
guerre), disait le président Kennedy. « S'il m'arrive quelque chose, Bobby prendra
ma place. Et si Bobby renonce, il y aura toujours Teddy. » Cela semblait une plai-
santerie. Chez les Kennedy, les moindres boutades vont loin. Et la double
tragédie de la famille fait de celle-là, aux yeux des Américains, une prophétie.
• Teddy est le meilleur homme politique de la famille », disait encore le
président. A présent, c'est le seul et il a la charge de l'héritage. Il porte
désormais tous les espoirs du clan, tant que les nombreux rejetons ne seront
pas à l'âge d'homme.
Les spéculations ont déjà commencé. Déjà on voit Edward Kennedy se lancer
à 36 ans dans la course à la Maison Blanche. L'idée n'est pas folle. Avant que
n'éclate le conflit entre Johnson et Robert, on le donnait comme candidat « sûr -
à la vice-présidence au côté de Humphrey, quand l'actuel président aurait pris
sa retraite.
Pour l'instant, toute ambition à la présidence lui paraît interdite : il semblerait
marcher sur la mort de son frère. Mais à terme — c'est-à-dire dans quatre ans —
il pourrait entrer en ligne en exploitant un formidable capital de sympathie.
Il aura pu aussi, d'ici là, accumuler une large expérience politique. A son
arrivée au Sénat il y a cinq ans, après une élection triomphale, on l'avait traité
en « jeunot » venu à la politique par relations de famille. Très vite, le mépris fit
place à l'admiration. Tout en ménageant ses aînés, il faisait son chemin d'une
manière discrète, refusant les causes publicitaires, mais travaillant efficacement
sur les textes législatifs ardus. Gros travailleur, il s'est entouré, à l'exemple de
ses frères, d'une formidable équipe, jeune et agressive. Il a élargi son horizon
en voyageant, en particulier dans les pays arabes, et si ses positions sont aussi
libérales que l'étaient celles de Bob, il évitait le côté provoquant de son aîné, se
faisant une réputation de technicien de la politique.
Cela ne l'empêche pas d'être un gagneur à la fois souriant en public où sa
prestance le sert — 1,85 m, des épaules de lutteur — et très sérieux et
documenté dans ses comités électoraux. Son courage est certain : après un grave
accident d'avion il y a quatre ans, il s'est rétabli en six mois de rééducation
extrêmement pénible.
Edward Kennedy, dit Ted ou Teddy, est sans doute un animal politique auquel
toutes les ambitions sont permises. Pour ceux qui ont suivi John Kennedy, il lui
manque pourtant une dimension : cette sorte d'Idéalisme mâtiné de sens
pratique qui lance les gens dans les paris impossibles et parfois gagnants.
Entre
La mort violente et dramatique de
Robert Kennedy a rameuté les cri-
tiques qui se déchaînent de tous
côtés : l'Amérique est le pays de
la violence. Déjà les coups de feu
de Los Angeles servent toute une
propagande destinée à représenter
les Etats-Unis comme un pays de
sauvages et d'assassins, et à donner
aux Américains eux-mêmes mauvai-
se conscience.
Bob, contrairement à son frère et
à Martin Luther King, n'est pas
tombé victime d'une affaire améri-
caine. Son meurtrier est un Arabe
et le motif du meurtre est attaché
au Proche-Orient. C'est un trait de
la violence arabe qui s'est mani-
festé dans la salle de bal de l'Hôtel
Ambassador.
La contribution américaine, si
l'on peut dire, à l'assassinat, c'est
le fait, scandaleux, qu'on peut ache-
ter des armes en vente libre un peu
partout aux Etats-Unis. Il est vrrii
que Sirhan, le tueur, s'est servi
d'un calibre 22, celui-là même que
l'on trouve en vente libre non seu-
lement aux U.S.A. mais aussi en
France, chez n'importe quel armu-
rier. Il est vrai qu'il s'agit du fusil
22. Mais le pistolet du même cali-
bre, longtemps en vente libre jus-
qu'à ce qu'il soit interdit à la suite
de nombreux incidents, se trouve
facilement pour qui se donne la
peine de chercher. Pour 250 à- 300
francs, on peut se procurer l'arme
qui a permis de tuer le second Ken-
nedy.
Une victime
désignée
Bob, à vrai dire, était la victime
désignée pour tout fanatique arabe.
Les cinq candidats à la présidence
s'étaient prononcés en faveur d'Is-
raël plutôt que des pays arabes,
Humphrey était le plus modéré,
mais Kennedy le plus décidé. Il
avait effectué un voyage en Israël
d'où il était revenu en partisan
beaucoup plus acharné de l'Etat
juif que ne l'avait été son frère.
18
Los Angeles
deux violences
Bob admirait les réalisations des
sionistes, sincèrement. Il désirait
aussi acquérir la meilleure part des
suffrages des six millions d'Israé-
listes américains et de l'influence
qu'ils exercent. Non seulement il
assistait aux meetings sionistes,
mais il préconisait la livraison im-
médiate d'avions « Phantom » à
Israël, pour remplacer les « Mira-
ges » sous embargo. Il alla jusqu'à
épouser la position israélienne en
faveur de négociations directs entre
Israël et les pays arabes, que les
musulmans rejettent absolument.
Pour un esprit fanatique, Ken-
nedy représentait l'ennemi exem-
plaire des Arabes. Le président
Johnson, lui, venait d'accorder aux
Jordaniens des armes. Kennedy
était partisan de livrer des armes
aux « sionistes ». En abattant Ken-
nedy, aussitôt après la victoire qui
semblait lui ouvrir les portes de
la Maison Blanche, Sirhan croyait
bel et bien défendre son pays, la
patrie arabe.
Un meurtrier
fanatique
Ce meurtrier, ne buvant pas, ne
fumant pas, ne courant pas les fil-
les, apparaît comme le type achevé
du fanatique en place dans la lignée
des grands meurtriers politiques de
l'histoire : Ravaillac, Jacques Clé-
ment, l'étudiant Princip qui, à Sara-
jevo, tua pour sa patrie serbe.
L'affaire est d'autant moins surpre-
nante que l'assassinat politique est
chose courante dans les pays ara-
bes. En Jordanie même, le roi Ab-
dallah fut tué sur les marches de
la mosquée Al Aksa, à quelques cen-
taines de mètres du quartier bibli-
que de Silouan où est né et où ha-
bitait Sirhan. Et combien d'atten-
tats se succédèrent contre Hussein,
le successeur du souverain jordanien
assassiné pour avoir été soupçon-
né de vouloir faire la paix avec
Israël ?
Même scénario dans les pays voi-
sins. Au Liban, le pays le plus cal-
me en apparence de tout le Levant
arabe, c'est Camille Chamoun révol-
vérisé la semaine dernière, et au-
paravant quelques meurtres au
cours de la campagne électorale
(on en parle à peine), des assassi-
nats de directeurs de journaux. La
Syrie et l'Irak, à cet égard, battent
tous les records. Depuis son indé-
pendance, Damas a connu autant
de putschs que d'années. Et à cha-
que fois le perdant perd également
la vie. Les meurtres de Bagdad-
Dans cet univers de la violence
forcenée, un jeune homme comme
Sirhan, s'il était resté en Orient,
aurait sans doute participé à une
action d'El Fattah. En Amérique il
a cru servir en tuant Kennedy.
La question qui sera sans doute
la plus difficile à résoudre, c'est de
savoir s'il était seul. Sirhan appar-
tenait à une société arabe où l'on
se gargarise souvent de mots et
d'incitations extrémistes. Mais il est
tout à fait vraisemblable que la cer-
velle de cet homme silencieux et
solitaire, suffisait, seule, à la beso-
gne. Il est vrai qu'ici intervient le
climat américain, celui de certains
films, journaux et images. Autre
violence.
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Aux ecoutes du monde
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no.2291
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