Action

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LES ENFANTS DE MARX
ET DU 13 MAI
Rome, Berlin, Varsovie, Paris. C'est
entendu, les étudiants se lèvent tard
et son courageux, mais cela n'expli-
que pas tout, surtout pas pourquoi
des étudiants s'insurgent et entraî-
nent avec eux nombre de leurs pro-
fesseurs. Nous rejetions cette société
de répression. Nous n'avons pas en-
vie de faire mieux fonctionner cette
Université obligée, aujourd'hui, non
seulement de former des chefs mais
aussi les sous-fifre nécessaires aux
sociétés modernes capitalistes. D'où
d'ailleurs une circonstance dont nous
profitons . le grand nombre d'étu-
diants et l'importance pour toute la
société du problème de l'Université.
L'Universi'.c n'est vraiment univer-
selle que pour l'organisation, expli-
cite ou implicite, de la répression.
Quels moyens sont donnés aux étu-
diants pour modifier les buts des
enseignements et la façon dont se
développent les sciences « exactes »
ou t humaines •> ? Aucun, bien sûr,
car cette société où chaque fois qu'on
consomme on est un peu mieux ven-
du st une société où on n'a pas le
choix, on a seul'-ment le droit, d'ê-
tre dirigé : à l'école, à l'usine, aux
partis, aux élections. Quand il n'y a
pas de travail pour les jeunes c'est
l'armée qui embauche.
Le jeu politique où paternellement
nous attendrait un strapontin n'est
que le reflet de cette situation. Nul-
le part ne s'y exprime le refus. Tou-
tes les formations politiques ont
maintenant accepté "n,? constitution
qui réglemente une organisation po-
licière de la nation dirigée depuis
un bâtiment du second empire. A ce
jeu nous refusons vn strapontin, et
soyons clair : nous refusons aussi les
fauteuils. Ceux qui s'imaginent qu'à
ce régime tout sera pardonné parce
Cï'lp ^p HP-r" •'on* rlp~ f n:*i \ f-v^p tlOilS
sur le Viet-Nam se trompent, nous
n'avons pas vocation à distribuer des
Suite page 2
o
s
PH
LA SEMAINE ENRAGÉE
Du 3 au 13 Mai, des milliers de rebel-
les ont vécu dans le tempo du refus.
Voici la chronologie de cette lutte
qui commence.
• JEUDI 2 MAI :
Le Doyen Grappin déclare : <r La,
faculté de Nanterre sera fermée sine-
die ».
Le groupe fasciste Occident annonce
sa volonté d'attaquer la Sorbonne
On apprend que 7 étudiants de Nan-
terre sont appelés à comparaître (.lo-
vant un tribunal universitaire
• VENDREDI 3 MAI :
Mobilisation étudiante dès le matin
dans la cour de la Sorbonne A mirti,
meeting. Toute l'après-midi plusieurs
centaines d'étudiants organisés en ser-
vice d'ordre aux portes de la Sorbon-
ne et dans la cour en groupes de dis-
cussion ; le Recteur appelle la poli-
ce pour « dégager » les lieux : pro-
messe est faite aux étudiants qu'ils
pourront sortir librement de la Sor-
bonne, si tout se passe dans le calme.
La promesse n'est pas tenue, et les
flics cernent les étudiants, les em-
barquent dans les cars. A l'extérieur
manifestations spontanées de 4 heu-
res et demie à 10 heures dans le
Quartier Latin. La police qui inter-
vient violemment est harcelé par ck-s
groupes de manifestants dL-pc''s>,\s
dans tout le quartier
La nuit, discussion sur la poiu'suiîe
de l'action. On apprend que la Sot--
bonne est fermée.
Un ordre de grève des universités est
lancé.
• SAMEDI 4 et DIMANCHE 5 MAI :
Renforcement du dispositif de police.
Organisation de l'information, distri-
bution de tracts, préparation de la
mobilisation, initialement prévue ft la
Sorbonne pour le Lund*
9 LUNDI 6 MAI :
Le matin : heurts brefs de groupes
Suite page 2
RUE VAINCRA !
Après la confirmation, preuves à l'appui
que la police gaulliste a utilisé dans la
répression contre les manifestants du
Quartier Latin des gaz toxiques mortels
utilisés par les américains au Vietnam.
Le SNESup, 1UNEF, le mouvement du
22 mars et les CAL décident que l'U-
niversité ne fonctionnera pas normalement
tant que le préfet de police Grimaud et le
ministre de l'intérieur Fouchet n'auront pas
démissionné.
Dans ce but les organisations précitées
appellent à constituer partout des Comités
d'Action pour la démission de Guimaud et
de Fouchet, par une campagne organisant le
procès populaire, politique et public ? des res-
ponsables de la répression.
SNESUP - UNEF - CAL - MVT DU 22 MARS
Suite de la page 1
Les enfante de Marx et du 13 mai
indulgences. Combien de nos cama-
rades, grâce à Monsieur Joxe, gaul-
liste de gauche, sont allés en prison
où à l'hôpital ? Comment accepter
cette caricature de politique qu'était
le débat parlementaire sur l'Univer-
sité où, au mieux, on nous a proposé
une Université bourgeoise trois fois
plus grande- Qu'on ne nous dise pas
que nous ne savons pas ce que nous
voulons. Nous voulons que la politi-
que, c'est-à-dire l'organisation de la
vie sociale, procède de la volonté des
travailleurs. A partir de là, il y a sans
doute chez nous bien des incertitu-
des et des approximations, y com-
pris en ce qui concerne l'Université,
mais, disons le sans vanité, c'est à
partir de là que le problème doit être
•3*:é souf ^eine de tomber dans la
gesticulation verbale du genre : «... et
oans ces nouveaux locaux, il faudra
clé iM-.>velles méthodes >. La seule ré-
forme démocratique de l'bnivsrsité
pour laquelle nous nous battons < 'est
l'extension «•» le renforcement de no-
u * mouvenu nt. Oui, nous sommes
en dehors d'un jeu politique où ceux
qui jadis préendaien au titre de ré-
\olutionnaire ont eu devant le mou-
vement la même attitude qud devant
la mort de Ernesto « Che > Cuevara
et. pendant Icngtemps devant la lutte
du peuple vietnamien : l'incapacité
de comprendre et le refus de com-
battre. Il n'est pas étonnant que sans
attendre les consignes de jeunes ap-
prentis, de jeunes travailleurs ont
su, dans la nuit du 10, trouver eux-
mêmes le chemin du Quartier Latin.
Qu'on n'attende pas de notre part
une intégration à ce système et au
jeu politique qui l'illustre. Au con-
traire nous souhaitons que notre
combat, y compris en ce qui concer-
ne l'Université, soit l'affaire de tous.
Déjà le soutien manifesté par la po-
pulation parisienne démentie que
c'est la résolution des étudiants, leur
volonté de combattre qui leur a per-
mis de recevoir chaque jour une
adhésion plus large. C'est ce dont
s'est finalement rendu compte de
Gaulle en faisant organiser la retrai-
te par Pompidou- Pour la première
fois le pouvoir gaulliste a commen-
cé de céder à la rue. La semaine de
lutte des étudiants et d'une large
fraction des enseignants du supé-
rieur montre la voie à prendre pour
faire craquer le régime, celle des
actions de caractère avancé qui per-
mettent aux masses de trouver en
leur sein les formes d'action rom-
pant avec le système. Voilà ce que
les étudiants ont compris et voilà
pourquoi nous nous organiserons en
pleine indépendance pour les lut-
tes à venir. La lutte actuelle n'est
en effet qu'un prélude, exemplai-
re, nous en avons fini avec les ma-
nifestations de principe et les ba-
rouds d'honneur. Les liens noués
dans la lutte avec les travailleurs,
le nombre croissant des étudiants,
les fonctions nouvelles de l'Univer-
sité la place à un des endroits les
' plus stratégiques d'une société \
1 l'endroit où elle assure son déve-
! loppement et sa reproduction.
I tes barricades du Quartier Latih
' fêtent dignement le ISOesne anni-
' versaire de Marx, et le dixième du
i 13 mai.
Suite de la page 1
La semaine enragée
de quelques milliers de manifestants
avec la police.
Midi : Meeting à la faculté des scien-
ces, se poursuivant sur la rive droite
en une longue manifestation. Au mi-
lieu de l'après-midi, ce sont près de
10.000 étudiants qui arrivent au Quar-
tier Latin. Rue St-Jacques, la poli-
ce intervient, provoquant de pre-
miers heurts violents, particulière -
ment sur la Place Maubert, où l'af-
frontement, véritable guerre de posi-
tion, dure plusieurs heures.
A 18 h. 30 rassemblement à Denfert -
Rochereau, puis, cortège, sans cesse
grandissant jusqu'à St-Germain des
près, où la ; on peut compter plus de
20.000 manifestants.
Là, la police charge ; la première
barricade avec pavés et voitures est
construite ; les manifestants se dé-
fendent, en multipliant les Iniatives,
contre la brutalité d'une police qui
utilise pour la première foi de l'acide
dilué dans les autos pompes, gaz as-
phyxiants ...
Tard dans la nuit les combats conti-
nuent, alors que dans toutes les peti-
tes rues du quartier, les brigades an-
ti-émeutes, matraque en main, font
une sauvage chasse à l'étud'ant et au
passant.
• MARDI 7 MAI :
Etat de siège au Quartie - Latin. Dans
les lycées nombreuses actions des
C.A.L. Le soir à 6 h. et demi, à Den-
fert Rochereau, commence un» longue
marche de 25 kilomètres qui durera
jusqu'après minuit, traversant Mont-
parnasse, les Invalides, longeant la
Seine, le Palais-Bourbon, traversant
les ponts, la Place de la Concorde jus-
qu'aux Champs Elysées, où aux cris
d < Figaro fasciste », quelques brefs
incidents ont lieu devant le siège du
journal. La manifestation a grossi :
40.000 mainfestants, 50.000 peut-être,
dont de nombreux jeunes, de nom-
breux travailleurs et beaucoup de pa-
risiens.
Dans le cortège ; pas de pancartes
une seule banderole au cœur du dé-
filé « vive la commune » ; devant le
cortège une ligne de drapeaux rou-
ges, spontanément formée. A l'étoi-
le, où l'on chante l'internationale, la
place est noire de monde. On apprend
qu'au Quartier Latin des combats ont
lieu : la manifestation rebrousse che-
min, vers le quartier, jusqu'à la rue
de Rennes, bloquée, comme les autres
rues du périmètre par la police, les
C.R.S. et leurs autopompes ; quelques
petits incidents. Devant ce rapport de
force, la manifestation se disloque.
Le premier numéro d'Action est mis
en vente dans la manifestation. Déjà
6.000 exemplaires se sont vendus. Les
actions de solidarité, en Province
comme à l'étranger se multiplient.
• MERCREDI 8 MAI :
L'agitation dans les lycéens s'amplifie
Le soir, meeting à la Halle aux vins, la
majorité des participants ne semble
pas vouloir facilement accepter le
brusque ralliement au mouvement
de la majorité des syndicats et partis
de gauche, qui, quelques jours aupa-
ravant, calomniaient encore le mou-
vement en fustigant de prétendus
«agitateurs ayenturistes>. Led mani-
festants après certains discours de
syndicalistes crient : % opportunis-
tes »• Le meeting se poursuit par un
cortège en direction du Quartier La-
tin. 20.000 personnes environ. Devant
le Luxembourg un ordre de dispersion
est donné, provoquant chez les ma-
nifestants déception et décourage -
ment, des groupes de discussion qui
se forment on peut tirer cette conclu-
sion : Les manifestants refusent que
leur mouvement soit « utilisé ». ré-
cupéré ou châtré" par des forces po-
litiques qui lui sont extérieures.
• JEUDI 9 MAI :
Dans la nuit et dans la matinée, de-
vant les réactions d'un grand nom-
bre de militants, lOINEF et le SNE sup
font leur autocritique, concernant l'or-
dre de dispersion donné la veille au
soir.
On annonce que Nanterre et la Sor-
bonne seront réouvertes progressive-
ment.
A 14 h. 00, la police commence à fil-
trer les étudiants sur la place de la
Sorbonne. Refusant ce filtrage et
cette pseudo réouverture, réaffirmant
les trois points immédiats et simul-
tanés du mouvement. Libération des
manifestants étudiants, non étudiants,
français et étrangers. ,
— Ouverture totale des facultés.
— Retrait des forces de police du
Quartier Latin et des locaux univer-
sitaires).
Un Sit-in se tient spontanément pen-
dant plusieurs heure ti.r le boulevard
St-Miche], devant la place de la Sor-
bonne. Aragon, accueilli par des sif-
flets, parle aux étudiants, mais refuse
d'expliquer l'attitude qu'à eu son par-
ti dès les premiers jours vis-à-vis du
mouvement.
En fin d'après-midi, dispersion ; le
soir, les dicussions se poursuivent à
la mutalité à l'occasion d'un meeting
initialement convoqué par la J.C.R.,
maintenant élargi à tout le mouve-
ment de nombreux représentants
étudiants étrangers y participent. La
Mutualité est comble ; on discute
de la poursuite du mouvement, de
l'unité d'action des organisation ré-
volutionnaires nécessaire à la pour-
suite du mouvement, et de la néces-
sité de trouver des formes soupies
d'organisation. Tard dans la nuit plu-
sieurs groupes discutent encore sur les
trottoirs.
• VENDREDI 10 MAI :
En province, les manifestations se
poursuivent ; le matin à Nanterre,
où la faculté est réouverte, les mili-
tants du mouvement du 22 mars oc-
cupent la faculté ; des milliers de ly-
céens manifestent aux Gobelins ; leur
défilé se termine par un meeting à
Denfert-Rochereau. Là se rassemblent
plusieurs dizaines de milliers d'étu-
diants, de jeunes travailleurs, d'em-
ployés qui partent par le Bd- Arago,
passent devant la prison de la Santé
en scandant «libérez nos camarades» et
se dirigeant vers Monge, Maubert pour
longer la Seine. Un barrage de flics
bloque le passage ; les manifestants
sont obligés de se diriger vers le Quar-
tier Latin. Le défilé, entouré des flics,
occupe le boulevard St-Michel, jus-
qu'au Luxembourg. Les manifestants
s'engagent dans les petites rues, oc-
cupant le périmètre dans le calme et
construisent des barricades défensi-
ves, au cas où la police chargerait.
Entre minuit et 2 h. échec des négo-
ciations avec l'administration. Le pou-
voir a gané du temps. A 2h. la poli-
ce ataque. Jusqu'à 5 h. 30, derrière
les 60 barricades, combats violents ;
grenades, gaz asphyxiants ... de très
nombreux blessés... Dans les heures
qui suivent ratissage systématique.
• SAMEDI 11 MAI •
Dans la matinée, plusieurs manifes-
taiona dans le Quartier Latin. Atmos-
phère tendue. Les syndicats ouvriers
lancent un appel à la grève générale
à 6 heures, les militants des comités
d'action occupent le centre Censier,
annexe de la faculté des lettres ; dis-
cussions en commissioiv et dans les
amphis ; plus d'un millier de Jeunes
travilleurs manifestent en direction
du Quartier Latin. Certains partici-
pent pendant une partie de la nuit
aux débats, organisés à Censier.
Pompidou arrive à Orly et déclare :
« J'ai une idée » ; quelques heures
plus tard déclaration à la télévision :
grande mise en scène, faciès tragi-
que, ton grave, Pompidou, revenu
d'Afghanistan, tel le sauveur tente
de reprendre la situation en main. La
manœuvre échoue. Le mouvement
refuse les pseudo-concessions du gou-
vernement : il attend les actes.
0 DIMANCHE 12 MAI :
Le matin à la Bourse du Travail, réu-
nion inter-syndicale pour préparer la
manifestation.
IL Y A DES SOTS-MÉTIERS
Groupe important Spécialisé dans la
réalisation d'opérations d'aménage-
ments recherche pour son départe-
ment de l'Equipement Culturel So-
ciologue-Urbaniste, homme ou fem-
me Formation : Licence de sociolo-
gie, H.E.C ou équivalent.
Nous offrons : à ce jeune cadre une
chance de devenir un spécialiste en
matière d'implantation culturelles et
de faire carrière au sein d'un grou-
pe en plein expansion. Nous deman-
dons un collaborateur (ice) très dy-
namique, ayant le sens et le goût
de» relations humaines et du travail
en équipe, une connaissance et une
pratique parfaite des techniques
d'enquêtes-
J'ai répondu à cette annonce du Fi-
garo. On m'appelle sociologue-urba-
niste. Si je travaillais 8 h par jour
et cinq jours par semaine, je gagne-
rais 3.000 F. par mois. Je gagne
plus. Je travaille 10 heures par jour
et plus de cinq jours par semr^e.
La folie. J'ai fait cinq ans d'étu-
des. D'abord deux années de khâ-
gne. Ensuite une licence de philo.
J'ai préparé pendant un an l'agré-
gation. J'ai renoncé pour protéger
le peu de santé mentale qui me res-
tait-
Enfin, j'ai été engagée par un ar-
chitecte qui dirigeait un bureau
d'études d'urbanisme. Comme so-
ciologue. Pendant un an je suis al-
lée ponctuellement tous les matins
au bureau. Où précisément j'ai fait
des études. On ne me donnait rien
à faire. Alors j'ai lu toutes les re-
vues qui me tombaient sous la main.
On a fini par me baptiser docu-
mentaliste. Ce qui est un métier
auquel prépare excellement les étu-
des de philosophie. Finalement sept
ans d'université plus deux ans de
documentaliste, cela fait 9 ans d'é-
tudes.
Après l'architecte, j'ai travaillé chez
ttn ingénieur. Là j'ai commencé à
faire ce qu'on appelle de la socio-
logie, science humaine. C'est à dire
des enquêtes. J'établissais moi-mê-
me le questionnaire, et j'allais moi-
même les faire remplir. Maison, par
maison. Le métier de sociologue
dans la France moderne c'est ce dé-
marchage de porte à portes. De? vi-
sites, à la façon des voyageurs de
commerce et des curés. Ou alors
bien sur, avec une licence de so-
ciologie, vous pouvez toujours poser
votre candidature à un poste de
chef de personnel dans une petite
entreprise. Vous aurez moins de
travail et des cas sociaux à régler.
Faire patienter un employé dont le
salaire n'a pas été augmenté, conseil-
ler tel autre pour les ennuis qu'il
a avec sa femme et veiller à la
préparation de l'arbre de NoëL
II y a en France 200 sociologues-
urbanistes. Pas un de moins. Quand
les étudiants révolutionnaires disent
qu'il ne veulent pas devenir socio-
logues-urbanistes parce que l'amé-
nagement du territoire est la pire
des répressions, ils ont raison. Seule-
ment 99% d'entre eux n'ont aucune
chance de parvenir à ces hautes
fonctions, dans la hiérarchie des
gardiens de l'ordre.
J'oubliai un débouché possible. la
sociologie industrielle. Par exem-
ple '. étudier la valeur communica-
tive réelle de telle publicité 1.900 F.
par mois chez Prouvost pour analy-
ser le contenu des réclames pour
une chaussette. Si ça vous interes-
se... Le travail du sociologue n'est
jamais utilisé pour ce qu'il est En
ce moment je fais donc des enquê-
tes à la demande d'un groupe in-
dustriel qui veut créer des équipe-
ments culturels pour ses ouvriers
et employés. Evidemment un tel
travail est par sa finalité même une
participation à la répression. Enfer-
mer la culture dans une maison etc.-.
Photo EUe Kagau
etc... Mais il y a pire- L'enquête so-
ciologique consiste, dans ce cas, à
déntenbrer les activités culturelles
d'une ville ouvrière. Il faut noter
celles qui existent et celles qui
n'existent pas. Déjà mes employeurs
déclarent que ce qui n'existe pas.
correspond à un besoin. On pré-
voit déjà de donner des représen-
tations d'opéra lyrique. N'importe
quoi : ou plutôt si : on impose les
activités culturelles dont la bour-
geoisie a la nostalgie. Un sociolo-
gue n'est même pas un flic. C'est tin
cocu.
Je ne dis pas que mon métier
m'intéresse. Je dis qu'un sociolo-
gue urbaniste peut mener une lut-
te dans le cadre de sa profession.
A condition de lutter à armes éga-
les avec ceux qui l'emploient. Par
exemple en choisissant les questions,
et les réponses dangereuses pour
l'ordre établi Exactement comme
font les représentants de l'ordre.
Vous savez que l'on va bientôt dé-
ménager la Sorbonne dans la val-
lée de Chevreuse. Pour décider ce
qu'on va mettre à la place, il y a un
semblant d'enquête auprès des po-
pulations intéressées. J'ai entendu de
mes deux oreilles une haute auto-
rité et le directeur d'un institut de
sondage bien connu se mettre d'ac-
cord pour formuler ainsi une ques-
tion : « Souhaiteriez-vous à la pla-
ce de la Sorbonne un bâtiment ad-
ministratif ? ». Le bâtiment en
question est déjà défini. Ce sera
une maison de retraite pour C.R.S
AIDE-TOI TOI-MEME
Etudiants t A défaut d'être sou-
mis aux tests du- conformisme uni-
versitaire, vous êtes depuis une se-
maine « examinés » par les flics. Le
travail est de facture assez grossière
mais il s'agit avant tout de tailler
dans de grandes pièces. Il est diffi-
cile en effet de tenir compte des
cas particulières. C'est là, en quelque
sorte le dernier barrage. Notre socié-
té ne pourrait pas vivre sans
barrages, chacun sait cela deouis la
maternellp
Aux entants on apprend à ne
pas dessiner les personnes plus hau-
tes que les maison, à ne pas peindre
un soleil en vert. C'est ce qu'on ap-
pelle l'apprentissage de bon sens. Avec
le bon-sens partagé par le commun
des mortels, la machine tourne. 81
chacun obéit, on obtient un ensemble
de machines, un système. Ce système
définit un sens. Si quelqu'un n'est pas
d'accord, il est contre le système, ce
qui a pour résultat sa mise hors cir-
cuit. C'est ce qu'on appelle les sélec-
tions. Comme la société a le souci de
chacun, des machintes sont prévues
pour ceux qui n'ont pas franchi ces
barrages : ce sont des machines de
récupération à bon compte. (Dans
l'industrie,, on peut trouver l'équiva-
lent dans les usines de combustion à
déchets). Prenons un exemple. Exa-
mens : Parlez moi de la justice
des rois mérovingiens le sujet
interrogé manifeste visiblement
peu d'intérêt à cette question.
n est éliminé (élimination = sélec-
tion affectée du signe négatif). Ré-
cupération comme 11 ne sait rien des
Mérovingiens, l'individu sera affecté
sans être titularisé dans une classe de
6ème pour apprendre aux petits bam-
bins que les rois mérovingiens étaient
de fieffés paresseux. S'il n'aime pas
les bambins et s'il ne sait même pas
que les rois mérovingiens étalent pa-
resseux (certains oubliaient leurs sou-
venirs d'enfance) il sera commissaire
d« police, chef de flics métier qui res-
qulert une absence de mérr>otre ab^o-
lue.
Mais cet exemple vaut d'être exa-
miné plus attentivement. L'examen
en l'occurrence ne porte pas seule-
ment sur la n"^ni.'/. rtisis aussi sur
la qualité.
Connaître les données de base, avoir
de» idées, sur le sujet, le résoudre
d'une certaine façon, c'est une chose.
Croire que par là-même l'affaire est
dans le sac, en est une autre. On ne
vous demande pas de faire preuve
d'invention, de créativité, d'attitude
critique ; ce serait beau affirment
certains professeurs mais cela sup-
primerait du même coup les exa-
mens. Or supprimer les examens
c'est faire éclater tous les barra-
ges, bref c'est la chaos., l'anarchie,
le bons sens renversé.
Non la solution est beaucoup plus ra-
tionnelle : 11 s'agit de répondre dans
un certain esprit qui est l'esprit de
la maison, en l'occurrence l'esprit
sorbonnard, mélange de vernis bril-
lant et d'érudlton gentillement bebê-
te. Dans les sciences exactes, il s'agit
moins de rhétorique, que de recettes
de cuisines qu'affectionnent fort les
maîtres de facultés et que l'on trouve
invariablement dans leurs manuels.
Ce système offre plusieurs avantages.
D'abord il permet de mettre au pas
les récalcitrants, les étudiants qui
sont toujours prêts à mettre en cause
une tradition de pensée, une méthode
de travail mise au point depuis des
millénaires
Ainsi, par temps calme, c'est-à-dire le
plus souvent jusqu'à ces jours der-
niers, les étudiants à défaut de pas-
ser les examens, se conforment len-
tement à leur logique, comme des cor-
nichons mascèrent dans les bocaux
à vinaigre. Bachotage, Intermittent.
Avec brusques fièvres, adulation pour
les manuels Idiots, esprit larvaire aux
contacts des professeurs, érudition
bornée et par petites touches, sont les
premiers symptômes graves de la ma-
ladie. Les cas murs ne sont pas rares
l'esprit découpé en tranches de lieux
communs l'élimination impitoyable de
tout germe critique, le gel de la vie,
l'avant-garde des drugstores. Le ver-
dict peut sembler un peu sombre, n
est vrai que notre étudiant est capa-
ble de parler de Descartes. Certains
secteurs marginaux sont même lais-
sés en pâture la critique besogneuse
des samedis-soirs : le décryptage de
Suite page 6
Du 22 mars au 3 mai et du 6 mai an
11 mai, nous avons constamment aug-
menté en nombre. Le nombre de nos
ennemis est resté stationnaire. Nos
ennemis ce sont ceux qui font fonc-
tionner l'appareil de la répression
bourgeoise — étatique ou para-éta-
tique — en temps normal comme en
tempe d'émeute. Nous avons affrtonté
et nous affronterons les troupes de la
police. Nous avons affronté et nous
affronterons les calomniateurs et les
menteurs de la presse écrite, parlée
et télévisée. A la complicité des op-
presseurs nous substituons la solida-
rité des étudiants et des travailleurs.
On veut faire croire que la France vit
un drame qu'il faut désamorcer. On
veut faire croire que ce drame a pour
origine la provocation des agitateurs,
l'affolement des autorités universitai-
res et les excès de la police. En fait,
l'état policier a depuis longtemps
fourbi les armes de la répression qui
s'est abattue massivement ces derniers
jo«rs mais qui s'exerce quotidienne-
ment lorque il n'y a pas de révolte.
Le seul fait nouveau, c'est que préci-
sément nous parvenons à résister. A
chaque instant de la bataille, de nou-
velles formes de luttes sont inventées
non point par une avant garde de pro-
fessionnels mais par la masse des ma-
nifestants. Nous nous aguerrissons.
Nous apprenons à connaître nos en-
nemis. Aujourd'hui nous pouvons dé-
montrer le fonctionnement de la ré-
pression sur tous les fronts : police,
presse, université et patronat. Au-
jourd'hui nous appelons à dénoncer
tous les oppresseurs. Etudiez vos en-
nemis. Accusez publiquement et per-
sonnellement les flics assassins, les
journalistes menteurs et les patrons
de combat. Chaque numéro d'AC-
TION sera votre tribunal.
Transmettez vos informations mais
sans attendre, par tract et par affi-
ches, accusez partout tous les op-
presseurs.
L'ARSENAL DE
GRIMAUD
Du Vendredi 3 mai au Lundi 6 mai,
il y a eu escalade constante dans les
moyens utilisés, — de la relativement
banale matraque < bâton blanc >, fai-
te pour < canaliser les foules >, l'on
est passé fin Vendredi après midi à
l'usage de matraques en caoutchouc,
puis ensuite à des matraques caout-
choutées de 30 cm. à l'extrémité
plombée, manifestement conçues, non
dans le but de disperser, mais dans le
but de briser les crânes (Assassinat
légal !). Puis ensuite, à des matraques
d'un mètre de long, les fameux < bi-
dules >. Rappelons à ce sujet, que Ion
du débat sur Charonne, M. Frey
avait admis que de telles armes
étaient illégales. Il avait ajouté d'ail-
leurs que de telles armes n'avaient
pas été distribuées à la police. Il
avait, pour se justifier, fait appel à la
thèse de « provocateurs O.A.S. dégui-
sés en policiers >. Aujourd'hui, si le
Figaro-fasciste reprend l'accusation
< qu'Occident aurait participé aux
émeutes aux côtés des étudiants >
(on aimerait savoir quelles < preu-
ves > il avance alors que mercredi 8,
Tixier et ses sbires se calfeutraient
soigneusement à la Mutualité... proté-
gés par 800 C.R.S. !), si donc, le Fi-
garo reprend ces inepties, qui préten-
dra que les multiples C.R.S. photo-
graphiés bidules en main étaient des
provocateurs déguisés).
Ouvertement, certains CRS étaient
armés de bidules non en bois, mais
en plastique ou métalliques. — Un
échelon supérieur encore : le mous-
queton utilisé par le gendarme mobi-
le. Sa crosse, à coins aigus, est ma-
nifestement conçue pour lacérer la
peau, briser les os du crâne, léser le
cuir chevelu.
Résultats : au simple niveau des ins-
truments contusionnants, il faut noter
que, rien qu'à l'Hôtel-Dieu, 2 malades
sont sous appareil d'ENGSTROM. Ce-
la veut dire que des lésions bulbaires
ou encéphalines hautes ont été provo-
quées. La récupération n'est pas évi-
dente et l'on sait quelle évolution si-
gnifie une absence de récupération de
la fonction respiratoire...
Contusions de rate, des reins, du foie,
fractures de côtes, des membres,
plaies veireuses ne se comptent plus.
Un échelon supérieur existe : le gaz.
La police a utilisé divers type de gaz :
les lacrymogènes vrais étaient (rela-
tivement) inoffensifs et s'humecter
les yeux avec de l'eau, du bicarbo-
nate, ou sucre du citron suffisait à
« faire passer les dégâts ». Un anti-
histaminique type Rumicine, ou, en
sirop Polarmine, pouvaient avoir un
effet préventif et pour le second, cu-
ratif.
Mais d'autres lacrymogènes, plus
puissants ont été utilisés.
Puis les gaz CN, CE, CS, CW. Ces
gaz ne sont pas des gaz de manifes-
tation. Leur emploi au Vietnam a été
dénoncé par letribunal Russel, et un
caporal australien est mort après
avoir respiré, à l'air libre des gaz de
ce type. On s'explique ainsi le «mani-
festant qui titube > dénoncé par la
photo de France-Soir et sa légende.
Mais, à haute concentration, ces gaz
ont des effets :
Immédiats : Asphyxie. Et, à ce pro-
pos, quel est l'état du bébé de 3 mois
hospitalité à l'Hôtel-Dieu ? Bravo les
C.R.S. ! Et cette jeune femme qu'a
vue et photographiée France-Soir
réanimée d'urgence à coup d'oxygè-
ne ?
•— Ces effets immédiats sont utili-
sés pour tabasser à terre les gens ina-
nimés, de toute provenance. Bravo au
courage des C.R.S.
— Plus grave encore : ces gaz vési-
cants et irritants pulmonaires peuvent
laisser de graves séquelles. Merci aux
C.R.S. d'avoir fourni les services de
pneumologie, en ce matériel rare que
sera la fibrose pulmonaire précoce du
sujet jeune.
— Ces gaz ont été lancés massive-
ment d'hélicoptère par des lances-
grenades, de divers types. Les éclats
de ces bombes on lésé nombres de
parties molles.
Et les CRS n'ont pas hésité, à l'aide
de leurs lances-grenades, de tirer à
l'horizontale, faisant, des cartouches
contenant plusieurs grenades, des pro-
jectiles meurtriers.
— Plus grave encore : utilisation de
liquides acides au soufre, au chlore.
Défigurer les passants voilà l'objectif
des C.R.S. A signaler que les motos
pompes (dont le jet est d'ailleurs as-
sez puissant pour tuer un homme qui
à 5 mètres le reçoit de plein fouet)
ont par moment lancé de tels liqui-
des.
— Enfin, dernière pierre de touche.
Certaines photos de MAS 36 et des
fusils mitrailleurs des gardes mobiles,
de la gendarmerie militaire, prouvent
ostensiblement aux spécialistes que le
MAS 36 et F.M. avaient leurs char-
geurs en place. Serge Mallet dans
€ Combat > affirme avoir vu un of-
ficier C.R.S. tirer au revolver à blanc
sur une jeune fille. —
JACQUES PAOLI :
COUPS BAS EN DIRECT
Vous, Jacques Paoli, vous avez di-
rigé le reportage d'Europe n° 1 sur la
nuit du 10 au 11 mai. Nous vous ac-
cusons d'avoir participé à la répres-
sion.
Depuis longtemps vous avez joué la
carte de l'ordre : le régime gaulliste,
l'universté libérale et la famille peti-
te bourgeoise. Vous ne reculez devant .
aucun moyen, démagogie, fausses
nouvelles, répression de vos propres
journalistes. Au cours de la nuit des
barricades, vous avez tout fait pour
démobiliser les manifestants. Sous
prétexte de ne pas affoler les parents
des jeunes qui se battaient sur les
barricades, vous avez minimisé tou-
tes les informations que vous trans-
mettaient vos reporters Quand l'un
d'eux, qui étaient en première ligne,
vous a annoncé que la police venait
d'attaquer à la fusée vous l'avez en-
gueulé, exigeant de lui qu'il se con-
tente de « faire le point avec objec-
tivité, pas d'héroïsme intempestif >
lui avez-vous dit. De quelle objecti-
vité parlez-vous. Vous demandez à
vos journalistes de « prendre du re-
cul » sur les événements, c'est-à-dire
de s'éloigner des lieux de combats
pour ne pas voir les objets qui y
pleuvaient, grenades et pavés. L'ob-
jectivité pour vous, Paoli, est une fa-
çon de vous retrancher derrière la
science pour éviter d'accuser la poli-
ce.
Pour ressaissir votre autorité sur vos
employés vous avez usé de tout votre
paternalisme. Quand l'un d'eux vous
a prévenu que les policiers tiraient,
au fusil obusier, des grenades dans les
fenêtres d'appartements vous lui avez
coupé la parole : « Contrôlez vos in-
formations, il s'agit sûrement de gre-
nades qui ont dévié de leur trajectoi-
re, -éloignez vous et rendez-nous
compte de l'athmosphère générale >.
L'atmosphère, Paoli, vous auriez du
la respirer.
Quand un reporter a commencé à
voua décrire l'ensemble de la situa-
tion et à vous prévenir de ce qui al-
lait probablement se passer, .c'est-à-
dire la ruée sauvage des C.R.S., vous
lui avez retiré l'antenne sous pré-
texte que le son était trop mauvais.
Les manifestants qui se servaient des
transistor pour élaborer leur tacti-
que arrivaient, eux, à entendre. Mais,
eux, vous-vouliez qu'ils soient complè-
tement isolés.
Enfin vous avez lancé l'opération
prestige des taxis pour transporter
les bleseés. Bravo. Vous vous faites de
la publicité avec le sang des autres.
Sachez, ' Paoli. que votre entreprise a
échoué. Sachez que les étudiants qui,
sur votre conseil, ont essayé de trans-
porter les blessés vers les taxis à tra-
vers les cordons de C.R.S. ont été ma-
traqués et embarqués.
Pendant toute la nuit vous avez
essayé de trafiquer l'émeute en va-
gue échaufourrée. Cependant, mal-
gré Votre censure, des informations
sont passés qui ont pu servir aux
manifestants et à ceux qui à l'exté-
rieur soutenaient leur lutte.
A 7 heures du matin vous n'étiez
plus là. Un de vos confrères vous
avait remplacé, pire que vous. Le ton
d'Europe n« 1 avait complètement
change. Il n'était pas question que de
la tristesse qui régnait sur le boulevard
Saint-Michel, et des pauvres habi-
tants du quartier qui n'avaient plus
de voitures. Sans doute un ministre
avait-il téléphoné.
Merci Jacques Paoli, nous vous con-
naissons bien.
Ce qu'Europe n" 1 a fait cette nuit des
barricades, elle le fait tous les jours
avec le journal du soir. Paoli voulait
faire croire que ce qu'il laissait pas-
ser des informations données par ses
reporters était du fait brut. De même,
tous les jours le meneur du journal
du soir veut faire croire que les au-
diteurs peuvent parler librement sur
l'antenne. Nous savons, pour l'avoir
expérimenté, que les appels télépho-
niques sont sélectionnés non en fonc-
tion de leur nombre ou de leur inté-
rêt. Mais en fonction de leur conte-
nu politique. Le meneur du journal
d'Europe n° 1 remplit très exactement
les fonctions d'un flic de la parole.
Toutes les nouveautés des radios di-
tes périphériques ne nous passion-
nent guère. Nous avons, nous, l'idée
de ce que doit être une radio de ré-
volutionnaires : le dialogue à l'inté-
rieur des masses à l'aide d'appareils-
récepteurs.
PRÈS DU VIETNAM
La preuve en est faite. La Préfecture
de Police a été contrainte de recon-
naître les résultats d'enquête. Des gag
de combat, des gaz toxiques qui peu-
vent être mortels et dont les séquel-
les ne sont pas encore déterminées
ont été utilisées contre les manifes-
tants.
Voici les éléments d'accusation ras-
semblés par le docteur Kahn.
H est possible maintenant de déter-
miner précisément la nature des gaz
utilisés cette semaine contre les étu-
diants et notamment dans la nuit de
vendredi et samedi lors de l'attaque
des barricades par les CRS.
Ont été utilisés en premier lieu les
lacroymogénes classiques : le bromé-
cétate d'éthile qui est contenu dans
des ampoules de verre et la chlore-
acéto phénone ou gaz CN, dont l'uti-
lisation avait d'abord été niée et qui
se présente sous forme de grenade
oblongue généralement pourvue d*un
détonateurs à cuillière. (La projection
est effectuée soit manuellement soit
à l'aide de fuisil lance-grena<3e de ty-
pe VB).
Ces 2 types de grenades provoquent
des brûlures de l'œil et de la cornée
qui peuvent laisser des traces défini-
tives plus ou moins graves. Certains
blessés, par suite du retard des soins
(retard volontaire provoqué par les
forces de police) se trouvent actuel-
lement dans un état grave, menacés
de cécité complète et définitive.
Le deuxième de ces gaz, le gaz CN
dégage lors de l'explosion un compo-
se chloré de couleur verte qui peut
être confondu avec du chlore, dont on
n'a pas la preuve jusqu'à maintenant
qu'il ait été employé.
Certaines grenades CN ont *in détona-
teur qui peut les faire confondre par
leur effet, aux grenades offensives :
en particulier, les saisir avant l'explo-
sion a provoqué des blessures graves.
Un manifestant a du ainsi être ampu-
té d'une main.
Un certain nombre d'intoxiqués admis
chez le docteur Kahn, ont présenté des
troubles très différents de ceux pro-
voqués par le bromacétate d'éthfle et
l'acétophénone : troubles sévères d'ir-
ritation occulaire, vomissements per-
sistents, violentes douleurs générali-
sées et état d'anéantissement stupu-
reux caractéristique pendant plusieurs
heures.
Le caractère de l'intoxication a donc
révélé l'utilisation d'un autre gaz In-
capacitant par les CRS. Les travaux
effectués par le Pr. Kahn dans le ca-
dre de l'enquête du tribunal Russell
sur les crimes de guerre au Vietnam,
lui ont laissé penser qu'il devait s'agir
de CB ou CS (appelation américaine)
utilisés par l'armée américaine au
Vietnam et par les forces de police
contre les noirs ; la preuve en a été
donnée par les enveloppes des gre-
nades retrouvées où l'on pouvait lire
les lettres CB.
Le docteur Kahn a contacté les cen-
tres anti-poisons Fernand Vidal qui
ne possède aucun document toxi-
cologique sur ce produit. H devait
se faire confirmer par le médecin chef
de la maison de sané des gardiens de
la paix l'existence de troubles identi-
ques sur des C.R.S. hospitalisés. Ce-
lui-ci tout comme le professeur agré-
gé Fournier du centre anti-poison ne
possédait aucune toxicologie du CBS.
Il semble que la seule personne en
France, posédant une certaine con-
naissance soit le professeur Kahn, à
travers les travaux américains du bri-
gadier général Rostchild To morrow's
weapon - Mac Grow éditer).
Le gaz orthochlorobenzolhalonitrlle
(CB) est un incapacitant de basse lé-
talité, c'est-à-dire que la possibilité
d'intoxication mortelle n'est pas ex-
clue. La dose mortele de 30 mg/m3
avancée par les médecins est sus-
ceptible d'être facilement atteinte
dans des pièces relativement closes ou
dans les véhicules. Les expériences
menées à Hanoï et à Paris par le
professeur Roussel, ont permis de
constater que les souris exposées à dea
doses diverses de gaz CB, succom-:
baient après des temps variables pré-
sentant toutes des lésions hépatiques
et rénales respiratoires et digestives
graves.
Sachant, cela, le docteur Kahn a aver-
ti dès dimanche matin la direction gé-
nérale de l'assistance publique en la
personne de monsieur Lhuilier, qu'un
gaz toxique, très dangereux avait été
utilisé à Paris et qu'aucun service
hospitalier n'en possédait la toxicolo-
gie.
La direction générale de Assistance
publique interrogeait alors les servi-
ces du préfet qui niaient d'abord l'em-
ploi des gaz CB puis devaient reconnaî-
tre à 18 h, soit 6 heures après avoir
été consultés pour la première fois et
après de multiples dérobades aux
questions dû docteur Khan, qu'effec-
tivement quatre types de grenades
avaient été utilisés :
— le chlorophénol (lacrymogène
classique) j
— le bromacétate d'éthyle
— le chloroacétophénone (grenade
des CRS)
— le gaz CB dans les grenades de
type criket.
Monsieur Lhuillier qui avait la con-
firmation des services de la préfectu-
re de police, en avertissait le docteur
Kahn et pouvait en préciser la com-
position exacte : .
gaz CB : 1,5 % ; perchlorate d'ammo-
nium : 37,6 % ; lactose : 35 %.
Ainsil les forces de police ont utili-
sé un gaz de combat dont la toxicolo-
gie est inconnue en France, dont les
effets à long termes sont absolument
inconnus et dont le centre anti-poi-
son (le seul en France avec celui de
Lyon) n'avait nulle bibliographie.
AVERTISSEMENT : tous les étudiants
qui auraient ressenti des troubles que
nous avons mentionné plus haut, im-
putables au gaz CB, doivent être l'ob-
jet d'examens complémentaires mê-
me si à l'heure actuelle ces troubles
se sont atténués ou ont disparu. Ils
peuvent s'adressen au centre ant-ipoi-
son Fernand Vidal ou aux services du
docteur Francis Kahn.
-I
TU tfOi$/ ^ C£T
ILS VOUS KeSPEcTEUT, tfûf ,
<3U 'ov
*-~^~......--MP&S À
^
"uite de la page S
\ide-toi toi-même
Bergman, l'étude attentive de quel-
ques mouvements sociaux au-delà des
océans, les angoisses à la Raymond
Aron sur les luttes le classe de no-
tre temps. C'est en quelque sorte le
pauvre privilège de l'étudiant. Entre 2
barricades d'examens, il peut se li-
vrer à la critique médiocre des futurs
cadres rafistoleleurs de sociétés en
déroute
Qu'il passe ou qu'il ne passe pas l'obs-
tacle, l'étudiant est ainsi façonné pa-
tiemment. Il prend le profil de l'uni-
versitaire à l'esprit aigre du chercheur
obsédé, du sociologue avide de muta-
tions contrôlées, de l'ingénieur fana-
tique de Servan-Schreiber, de l'en-
seignant au rabais livré pieds et
mains à la bêtise rongeuse des lycées.
H reste que le système des examens,
rencontre chez les étudiants une mé-
fiance générale voir l'hostilité dé-
clarée. Une résistance instinctive
s'affirme encore à la veille de parser
à la vie adulte.
Mais comme ia démocratie directs n'a
pas droit de cité dans l'université,
que le pouvoir est là pour maintenir
la clé de voûte du système, l'édifice
des examens n'est pas prêt de s'écrou-
ler d'un seul coup. L'école laminoir
des esprits connaîtra encore de b»-"-<c
Jours
Nous vous soumettons cependant une
solution. On a accusé ces jours - cl
les étudiants d'avoir joué à la guéril-
la dans les rues du Quartier Latin.
Eh bien nous proposons d'engager
une guérilla contre les examens, au-
tre place forte du système. Ce qui
peut s'intituler en l'occurrence :
Conseils pratiques pour passer les
examens à coup sûr, tout en en tirant
•'n profit intellectuel et moral.
Ces conseils pratiques se répartissent
en 2 séries :
1) - Problèmes de matériel : Appor-
ter la quantité nécessaire de docu-
ments de base : dictionnaires (de pré-
férence les éditions complètes), ency-
clopédies universelles, tables de mul-
tiplications (on ne sait jamais), man-
nuels universitaires (ceux du profes-
seur de l'institut de préférence), quel-
ques ouvrages divers du genre « com-
ment rédiger une dissertation en trois
parties », etc... etc.... Ces quelques ma-
tériaux élémentaires assurés, on peut
apporter quelques ouvrages plus sti-
mulants pour l'esprit, mais rarement
produits par des universitaires de car-
rière : Marx, Einstein, Prend, etc.."
etc....
2) - Déroulement de l'épreuve :
Quand cela est possible ; se procurer
l'énoncé des sujets d'examens une se-
maine à l'avance. Sur ce, former des
groupes de travail, se mettre en rap-
port avec quelques assistants intelli-
gents et préparer dare dare des copies
sur papier bible.
Dans les autres cas (qu'on peut pré-
voir nombreux) engager une discus-
sion générale dès que le sujet est con-
nu. Deux cas se présentent alors :
a) Le sujet peut faire l'objet de dé-
veloppements intéressants. Les can-
didats décideront alors de traiter en-
semble le problème soit dans un es-
prit critique (ce qui peut présenter
des dangers évidents) soit s'appliquer
à le résoudre dans l'esprit confor-
miste en vogue daAs l'Institut (la
connaissance du professeur par quel-
ques étudiants est dans ces cas-là
utile).
b) Le sujet de l'épreuve est vraiment
bête. Si on est en situation de force,
les candidats peuvent alors boycotter
le sujet et en revendiquer un autre.
Il est cependant nécessaire, avant
de s'engaer dans ceU; solution, ciiî
s'assurer que l'ensemble des candidats
du certificat accepte le boycottage.
Dans ce cas contraire, les petits gué-
rilleros se transforme14 en déser- .'
rados.
Ces indications relèvent d'une premiè-
re étape dans la guérilla des examens.
Il est des situations exceptionnelles
où un vent de révolte, peut vous pous-
ser à aller plus loin, à vraiment tri-
cher sur une grande échelle
A ce stade, le principal moyen reste
l'établisement de télécommunications
entre la salle d'examens et des spécia-
listes patentés de la question à résou-
dre. En Mathématiques par exemple,
il est intéressant d'établir des com-
munications avec des survivants du
groupe Bourbaki. En sociologie on
peut soit se mettre en relation avec
R. Aron (si l'on veut avoir un corrigé
idiot et 18/20) soit avec quelques ra-
res sociologues intéressants (mais ici
les risques sont évidents).
Tout cela est bien beau, direz-vous,
mais on risque fort de se faire exclure
de l'université. Evidemment. Reste
que si vous maintenez la force de
frappe que bous avez constitué de-
puis bientôt 10 jours, beaucoup de
recteurs, de doyens, de directeurs
d'instituts réfléchiront à 2 fois avant
d'en venir à de telles extrémités.
LA DÉS-AGRÉGATION
Les agrégatifs qui avalent déjà com-
posé une partie de la semaine dans
un profond malaise, allaient, dans la
mâtiné du 11 mai, exprimer leur so-
lidarité avec leurs camarades victimes
de la répression policière. Le samedi
matin, rue de l'Abbé dé l'Rpée, plu-
sieurs candidats entraient en Scan -
dant : « A bas la répression ». Des
étudiants annonçaient que plusieurs
candidats auraient été blessés ou ar-
rêtés dans la nuit, et qu'ils refusaient
de passer l'agrégation dans de telles
conditions. Un vote à main levée don-
nait une large majorité aux grévistes.
10 à 15 % des candidats seulement
pénétraient dans les salles pour par-
ticiper aux épreuves. La grève était
suivie à 100 % pour l'agrégation de
lettres modernes hommes. Puis les
candidats s'organisaient en cortège
et se rendaient devant la place de la
Sorbonne où ils s'asseyaient pendant
qu'une délégation était reçue par l'as-
semblée des professeurs qui, à l'una-
nimité moins une voix (Le professeur
Voisine) exprimait sa solidarité avec
les candidats et soutenait la demande
d'annulation de cette épreuve. Le cor-
tège retournait ensuite à la maison des
Examens pour faire une haie d'hon-
neur longue et glaciale aux « jaunes »
qui sortaitent des épreuves. Le pré-
sident de jury venait ensuite affir-
mer qu'il avait rédigé un rapport de-
mandant l'annulation des épreuves
d'après-midi. Près de 200 agrégatifs
devaient se retrouver en assemblée à
l'Institut d'Art et constituer un comité
d'action pour faire face à la crise
actuelle.
LETTRE OUVERTE DÉS
DES CAL AU MINISTRE DE
L'ÉDUCATION NATIONALE
Monsieur le ministre,
Vous invitez les proviseurs « à nr re-
connaître en aucun cas les comités
qui pourraient se constituer (...) et
éventuellement à réprimer avec vi-
gueur toute tentative de troubler la
vie scolaire >
Monsieur le ministre nous nous ré-
pondrons que les Comités d'Ac-
tion Lycéens (CAL) ne chercheront
pas à se faire reconnaître juridique-
ment par l'administration, mais qu'ils
ont déjà été reconnus par les " 000
élèves qui ont manifesté à Denfrrt-.
Rochereau. Nous pensons que la crise
de l'Université rie se résoud pas à
coups de grenades lacrymogènes et
de mat1'; -••,;•:?. mais par un débat po-
litique (/•» Jrs lycées. Nous avons dé-
jà organe,;, des discussions et des ac-
tions dans les lycées car la seule prise
de conscience du plus grand nombre
permettra aux lycéens d'avoir leur
mot à dire dans l'enseignement. Nous
prétendons faire fonctionner ces co-
mités de la manière suivante : les re-
présentants de toutes les classes se
réunissent chaque semaine pour avoir
des dicussions sur les problèmes uni-
versitaires ; car c'est bien d'une re-
mise en cause de l'Université qu'il
s'agit et non de revendications cor-
poratistes. Ces dicussions débouchent
sur une action : répercussion des dis-
cussions dans les classes, organisation
de débats avec les professeurs, n
existe une coordination des CAL à
l'échelon parisien, et une coordina-
tion à l'échelon national est en cours.
Chaque comité local envoie des re-
présentants aux collectifs, qui élabo-
rent les actions, depuis la sortie d'un
tract, l'organisation des grèves ly-
céennec, jusqifaux meetings qui ont
déjà eu lieu. Nous condamnons le fait
que si peu de fils de travailleur* en-
trent dans les lycées, nous condam-
nons la sélection telle qu'elle est en-
visagée.
Les CAL comptent organiser un*
campagne sur les examens et les dé-
noncer en tant qu'Instrument de sé-
lection. Nous organiserons une ma-
nifestation politique le Jour du bac-
calauréat et non pas un monôme. En-
fin, les élèves des CET directement et
touchés par les problèmes de l'emploi
commencent à se regrouper derrière
les CAL pour une critique de la po-
litique scolaire et universitaire du
gouvernement (les deux étant liées)^
Obtenir la pause d'un panneau syn-
dical dans chaque lycée, obtenir la
création de comités élèves-profes-
seurs, obtenir le droit d'action politi-
que à l'intérieur des établissements
tels sont nos objectifs. Us nécessitent,
corne cela existe déjà dans 30 lycées
parisens et de banlieue, dans 18 vil-
les de France, la création de Comités
d'Action Lycéens, oui se ré;.Tassent à
date fixe
La vie scolaire signifie faire participer
activement les lycéens, les élèves de
CET, les apprentis à la vie de leur ly-
cée, et signifie se battre pour que le
lycée ne soit plus ce sanctuaire à
l'abri de ce qui nous concerne au plus
haut point, à savoir la participation
à la vie politique, intellectuelle, so-
ciale du pays, alors considérez que
nous troublerons la vie scolaire.
Soyez assuré, Monsieur le ministre,
que nous ferons nos devoirs.
Les CAL. ;
IUCCUPATION
Samedi 11 mai ; D heures du .soir :
des militants des comités d'action du
3 mal occupent l'annexe de la facul-
té des lettres, le Centre Censier. Tou-
te la soirée et les jours qui suivent
l'atmosphère est analogue à celle de
la « nuit des barricades ». non par la
violence, mais par l'auto-organisation,
l'Initiative et la discussion. Dans les
grands Amphis la discussion est per-
manente ; des étudiants y partici-
pent, mais aussi des professeurs, des
assistants, des gens du quartier, des
lycéens, des Jeunes travailleurs. Le
soir, vers minuit, grâce à des jeunes
travailleurs de banlieue qui sont ve-
nus manifester au Quartier Latin
pour la première foiis dans une uni-
versité française les ouvriers auront
été proporticnneMsm.- .'it lf-s plus
nombreux
On discute, parfois de man.t re un peu
désordonnée, un peu trop facilement
enthousiaste, mais chacun se rend
compte que les phrases abstraites sur
la liaison des jeunes travailleurs et
des étudiants peuvent être concrète-
ment dépassées. On discute de la dé-
claration de Pompidou ; unanimement
on en dénonce le caractère mystifi-
cateur. On prépare la grève, la ma-
nifestation du lundi 13. Pendant la
nuit les discussions continuent. Le
dimanche de nouvelles forces vien-
nent s'ajouter aux premiers arrivés.
Des commissions sont crées : liber-
té d'expression politique et syndicale
à l'Université, mode d'action de l'Uni-
versité critique, la non sélection, dos-
sier et signification de la répression,
organisation de la lutte, université-
autonomie, les jeunes travailleurs....
La Fac est à ses usagers. Les occu-
pants s'organisent : service organisa-
tion et sécurité service d'ordre et
liaison d'information ; le service ra-
vitaillement est représenté aux réu-
nions de coordination par un jeune
camarade ; il a 13 ans, peut être 14...
H organise, discute, Intervient dans
le» amphis. H était derrière dons '--s
barricades
Son action et son conipoi itrm nt soiit
la seule réponse aux radotages de
ceux qui prennent les lycéens pour
des gamins irresponsables. Les sand-
wich es et la boisson sont gratuits,
payés par des collectes dans la fac et
à l'extérieur par des commerçants du
quartier qui ont formés un comité de
soutien aux étudiants. Dans les réu-
nions on vote quelques motions, on
écrit des tracts, on rassemble des
groupes pour les distribuer dans les
quartiers populaires.
Aux murs de la faculté des al/iches :
* Organisons nous, notre lutte ne doit
pas être un feu de paille (...) créons
des côtés d'actions, au niveau des
facultés, des quartiers, des lieux de
travail », * aux examens, répondez
par des questions >, « Prenez note :
des profs réac ont conseillé la répres-
sion, faites une fiche... ».
< On ne peut plus dormir transquille
lorsqu'on a une fois ouvert les
ve«x ».
ILS ONT COMPRIS
Réunis dimanche 11, des profes-
seurs du secondaire ont lancé un ap-
pel à leurs collègues, qui dit notam-
ment.
«... Dans le secondaire la mobilisation
très rapide des lycéens (Comités d'ac-
tion lycéens) aux côtés de l'U.N.E.F.
a révélé une prise de conscience un i-
logue portant sur la liberté dans !>•
cadre du Second Degré et sur leur
avenir à travers le système de la sé-
lection à tous les niveaux.
Dans cete lutte des professeurs se
sont trouvés spontanément à leurs
côtés, comme les enseignants du su-
périeur aux côtés des étudiants. Ce
n'est pas en suivant la Déclaration
des Associations de Parents d'Elèves
que l'on réglera les problèmes. En ef-
fet le danger ne vient pas de la par-
ticipation des lycéens aux manifesta-
tions mais de la politique de répres-
sion du pouvoir. D'autre part les ly-
céens, et tout particulièrement ceux
du second cycle sont directement
concernés par la mise en œuvre des
réformes gouvernementales : sélection
autoritaire du baccalauréat, problè-
mes des débouchés, entrée dans le
supérieur.
Bien plus il sont confrontés dès la
6ème à une orientation systématique
laissant peu de place à leurs aspi-
rations réelles. Cette lutte des lycéens
est aussi notre lutte il est de notre
responsabilité de les soutenir, d'ob-
tenir la reconnaissance de leur mou-
vement, de participer avec eux aux
refus du plan Fouchet et des mesures
du matraqueur Peyrefitte.
Les professeurs du secondaire ne se-
ront pas les < chiens de garde > de
l'enseignement bourgeois.
Outre la solidarité effective aux co-
mités lycéens cherchons à développer
le courant de contestation radicale de
l'Université de classe. Il ne s'agit plus
de trouver des mesures d'aménage-
ment mais bien de contester le rcle
que l'on veut nous faire jouer : la
formation d'instruments dociles du
icgime et de «un économie Des pro-
fesseurs sont déjà en liaison avec le
mouvement lycéen. Afin de coordon-
ner les initiatives déjà prises (mani-
festations de rue, comités de grève,
Teach-in dans les lycées, commissions
d'études...) afin de développer le
mouvement spécifique aux ensei-
gnants nous vous )?rnan«ions d'écrire
à :
Comité Professeurs du Second Degré
11, rue Jean de Sauvais - Paris Verne
,
J'AI
f
1'
ÛSj'e CETTE BEL i£
MANIFESTATION SE Soi
ffAf/5 LA
Ce journal a été réalisé
avec le soutien de l'UNEF,
du mouvement du 22 mars
(Nanterre) et des comités
d'Action Lycéens (CAL) et,
à l'occasion de ce deuxième
numéro du Syndicat National
de l'Enseignement Supérieur
(SNESup) - Pour que l'ac-
tion continue nous avons be-
soins d'argent - Effectuez
vos versements à P. Brum-
berg C.C.P. 23.898.73 Paris.
UNE AUTRE IDÉE
DE POMPIDOU
Le gouvernement a réussi, à trou-
ver les origines de la manifesta-
tion du 10 Mai. Samedi 11 Mai,
l'agence France-Presse diffusait la
note officieuse suivante :
« On déclare ce matin, dans les
milieux gouvernementaux français,
voir dans les manifestations de
cette nuit au Quartier Latin l'in-
tervention de forces hostiles au re-
tour de la paix, alors que se dérou-
lent à Paris les pourparlers sur le
Viet-Nam entre Américains et
Nords-Vietnamiens.
Nul doute, 50.000 étudiants sont à
la solde d'un gouvernement étran-
ger.
Il serait inutile de répondre à ces
inepties, si elles ne concernaient
le Viet-Nam. Les portraits d'Ho
Ctu Minh sur les barricades et les
drapeaux du F.N.L. dans les mani-
festations montraient clairement
que pour nous Paris n'est pas une
vilîe neutre dons la querre du Viet-
Nam.
f
GRIMflUD
DEMISSION !
ORGANISEZ
COMITES
D'ACTION
Chacun d'entre vous est un militant. Découpez cette page et collez-la sur toutes les surfaces disponibles
Imprimerie U Presse de Fr»ac« — Dépôt Légal N*
Directeur d* 1* PubUc*doa : /««-«err» VUHOt
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no.2
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