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Le vendredi 17 mai, pour la première fois en Francef 'uflé manifestation étudiants a pris le chemin d'une usine occupée par tes travailleurs . Renau/t.
Une semaine d'affrontements avec l'Etat et
sa police, le reçut du gouvernement huit jours
en-mai ont réveillé le pouvoir de la rue. L'Etat
fort gaulliste a craqué. Pour intimider le mouve-
ment, pour le casser, il a déployé son arsenal
policier, dévoilant au grand jour sa nature répres-
sive. En refusant de plier, le mouvement étudiant
a trouvé un écho puissant chez les travailleurs
et notamment les jeunes, provoquant l'entrée en
action des syndicats et entraînant ainsi la plus
grande démonstration de force du mouvement
ouvrier depuis le début de la V République. La
classe ouvrière a mesuré sa puissance, placé à
cette hauteur ses objectifs, ajusté ses formes de
lutte.
Jusqu'à présent, le rythme de la vie politique
suivait le rythme des alliances électorales, à quel-
ques décalages près. Les présidentielles et le
gouvernement de la gauche unie, voilà la pers-
pectives sur laquelle les partis « démocratiques »
et les syndicats ont fait jusque-là les grandes
journées annuelles de lutte. L'accumulation des
tensions sociales contenues jusque-là dans cer-
taines limites ou débordant lors d'explosions
partielles (Rodhiacéta, Redon, Le Mans, Caen)
vient brusquement d'éclater. La lutte étudiante
a débloqué les verrous parce que le mouvement a
heurté de front le pouvoir et a su lui résister.
Reprenant conscience que la lutte était payante,
la vague ouvrière a déferlé : six millions de
LES PLANS DE L'ENNEMI
« La question du pouvoir est posée. » II y
a une semaine la presse bourgeoise et réfor-
miste n'y croyait pas Aujourd'hui chacun répète
fâ formule — il faut préciser quel pouvoir ? î!
ne s'agit pius du pouvoir de tel ou tel ministre.
Plus personne ne s'intéresse aux idées qui se
bousculent dans la tête de M. Peyrefitte : il ne
compte plus, lï ne s'agît pas du pouvoir de
teî ou te! premier ministre, gaulliste. Pompidou
a parlé ; s'il s'appelait Giscard ce serait la
même chose. Deux « questions du pouvoir - se
posent maintenant : la question du pouvoir gaul-
liste et la question du pouvoir de la bourgeoisie.
La bourgeoisie française vivait tranquille, elle
possédait > ses - usines Eile pouvait prétendre
* construire » l'Europe, c'est-à-dire organiser un
concours avec la bourgeoisie allemande, ita-
lienne, etc : qui exploitera !e mieux « son >
ouvrier"? Aujourd'hui, eiie a peyr-, quand la
classe ouvrière occupe les usines, ia question
décisive n'est plus : qui est premier ministre ?
(gaullisme ou pas gaullisme), mais à qui ap-
partiennent les usines? (capitahsme ou socia-
lisme). La bourgeoisie va manœuvrer pour
masquer le problème, retarder l'échéance. Mais
elle aussi veut aller vite : pour que ses affaires
« reprennent », pour qu'elfe puisse investir en
2.)
S'ORGANISER
Dimanche 39, dan* >e grand amp'iitiiéâtre de l'in*-
titut Miclieici s'est tenue la première assemblée d«e*
délégués des coiitités d'action, Plus de deux cents per-
sounes représentant 148 de ces comités d'action qui ve
sont créés, un peu partout. Depuis le 3 mai, les comités
d'action sont nés, dans l'action, du constat de l'impuis-
sance des organisations traditionnelles a organiser
sérieusement la lutte, impuissance naturelle puisque le
formidable mouvement de masse en cours de dévelop-
pement ne s'embarrasse pas du clivage politique-syndical
et que l'exigence première des militants est de ne plus
s'en remettre à d'autres pour mener l'action, mais de
participer eux-mêmes aux débats et aux luttes, les
comités d'action sont des comités de base, où l'unité
se fuit pour l'action, Leur nature est politique, Leur
combat est politique, ils ne sont ni des commission-)
d'études ni des assemblées de discussions. Ils sont des
groupes de 10 à 30 personnes qui se réunissent facile-
ment, fréquemment pour arrêter leurs positions et enta-
mer une action. Les militants qui v participent appren-
nent rapidement à se connaître et à travailler ensemble.
Que font-ils ? L'assemblée de dimanche devait fournir
quelques exemples : tel comité d'étudiante en <tocioloj>R-
est allé faire un meeting-discussion à la sortie de 'a
Tliomson, têt autre comité de quartier est allé tenir un
meeting improvise, puis it organisé une collecte placi-
des Fêtes, de BelleuUe. Un troisième comité s'est battu
au sein de rassemblée des étudiants de sa disciplina
pour empêcher la reprise en main du mouvement étu-
diant par là hiérarchie professorale. Un quatrième a
U
Camarades
{.Suite Je ht
paye)
gréviste* terminent la deuxième semaine et
bataille.
Le régime gaulliste petit être secoué avec
autrement plus de puissance par la force sociale
de la classe ouvrière.
Cela veut-il dire que le mouvement étudiant
doive abandonner la course après avoir far» passer
le flambeau « de ses mains fragiles » dans les
mams vigoureuses du prolétariat ?
Allons-nous retourner à no* chères étude»
regrettablement troublées par les barricades ?
Allons-nous préparer dans l'ordre, chacun dans
son coin, notre examen, notre carrière et nous
mijoter une « université démocratique » ? Allons-
nous nous détourner des luttes sociales qui sont en
train d'exploser après avoir fait justement la
preuve que le mouvement étudiant pouvait
déclencher des luttes politiques ?
Il faut en finir avec les ghettos universitaires
et étudiants ! Pas de cordon sanitaire autour des
usines et des facultés !
Nous pouvons aujourd'hui rejoindre sur le
même terrain, sinon avec les mêmes armes, les
luttes ouvrières contre l'Etat gaulliste.
L'unité, ce n'est pas seulement l'alliance élec-
torale. Elle ne doit pas être défendue par le seul
bulletin de vote. Elle ne se construit pas par la
somme disparate de luttes sur des objectifs
soigneusement séparés : d'un côté, les luttes
sociales ouvrières, de l'autre les luttes universi-
taires étudiantes. L'unité c'est la jonction des
luttes sur un terrain commun.
Sommes-nous des romantiques, des idéalistes
et des phraseurs ou sommes-nous de dangereux
aventuristes qui risqueraient de dévoyer le mou-
ment ouvrier ?
Qu'avons-nous à apporter ?
Quels sont nos moyens de lutte ?
Nul ne peut ignorer que le mouvement étudiant
est entré dans une seconde phase après une
semaine de lutte contre le pouvoir.
S'il n'y a pas eu ressac, il y a eu en tout cas
flottement.
Subitement entré dans la vie politique active,
et pendant un temps en pointe de la lutte, te
mouvement étudiant n'est pas né tout armé. Il
a su trouver spontanément les formes de lutte
dans la rue, avec maturité et discipline. Confu-
sément, il cherche des formes d'organisation de
masse : de l'improvisation parfois, mais surtout
transitoirement un empirisme inévitable. Cette
période doit prendre fin. Nous avons démontré
par l'expérience d'une semaine les défauts d'une
démocratie directe mal comprise, risquent de
désorganiser le mouvement.
Organisons-nous !
Développons les comités d'action. Dégageons
des rennes d'intervention et d'expression effi-
caces : plus de comités géants et fluctuants.
Sur un autre plan, le mouvement est en train
de dégager ses objectifs encore une fois avec une
certaine confusion.
Il s'est pendant un temps laissé déborder pai
le problème des examens, placé par certains au
centre des débats, pour mieux enrayer le mou-
vement.
Il fallait régler ce problème, amorcer une solu-
tion transitoire pour pouvoir avancer.
Tant sur le plan des luttes engagées début mai
contre le régime que sur celui du front univer-
sitaire.
DU GHETTO A LA VICTOIRE
Car si le mouvement devait se porter réso-
lument en dehors des facultés, faire éclater le
ghetto universitaire qui se reformait, il est non
moins évident que le mouvement devait, doit et
devra maintenir un front de luttes universitaires.
Cette exigence n'est pas celle d'un réformisme
universitaire permettant le retour progressif des
mandarins en enlisant les étudiants dans les pires
travers d'un nouveau conformisme, fût-il « radi-
cal ».
LES PLANS
DE L'ENNEMI
Pour la politique aussi, la fac est trop petite.
Elle est motivée aussi et surtout par ce fait
que le terrain universitaire constitue de plus en
plus un terrain capital : l'accusation de la réalité
répressive de l'université, de son rôle de plus
en plus important dans le processus de repro-
duction de la société, sa participation active au
cimentement de l'ordre établi (cf sciences
humaines en particulier), le rôle de la science
et de la recherche dans le développement écono-
mique nécessitent à l'université la constitution
d'un pouvoir de contestation permanente, de ses
finalités, de son idéologie, du contenu de ses
« productions ».
Mais nous devons à tout prix éviter l'écueil du
repli sur les luttes universitaires.
Le mouvement n'a pas vécu après une semaine
de luttes sur son seul capital d'e,\.vhousiasme.
L'enthousiasme révolutionnaire s'use vite sans
perspectives. Le courant politique jailli en milieu
étudiant ne va pas tarir. Il a trouvé sa voie natu-
relle : rejoindre la vague des luttes ouvrières qui
après lui déferle contre l'Etat gauttwte. Face aux
nouvelles menaces de répressions policière et
judiciaire, le mouvement étudiant doit intervenir
tout de suite. Il a les moyens de concrétiser sa
campagne de dénonciation du récime en s'ap-
puyant par exemple sur le procès des hommes
de la répression des journées de mai, Crimault.
Fouetter. Voici un terrain où nos luttes rejoignent
immédiatement les luttes ouvrières. Leurs objec-
tifs, l'envergure de leur action exigent plus qu'une
solidarité verbale, un soutien politique.
Le mouvement étudiant le manifestera dans la
rue et à la porte des usines. La crise du pouvoir
est ouverte. Même si l'alternative concrète potée
par les partis se traduit par un gouvernement de
ta « gauche » traditionnelle, les implications de
la lutte sont d'une tout autre portée ; sinon
par les partis, du moins dans les usines et dans
la rue, le jeu de patience des cartes électorales
a disparu derrière les luttes de masse. Et c'est
cela qui est important.
Ge journal a été réalisé avec le soutien de
l'U.N.E.F., du mouvement du 22 mars (Nan-
terre), des Comités d'Action de Lycéens
(C.A.L.) et du Syndicat National de l'Ensei-
gnement supérieur (SNES-Sup.). Pour que l'ac-
tion continue, nous avons besoin d'argent.
Effectuez vos versements à P. irumberg,
C.C.P. 23898-73 Paris.
(Suit,' <lf /•* fermière
sécurité, il faut que « l'ordre » et (a • paix so-
ciale - soient garantis. Dans tes jours qui vien-
nent, la bourgeoisie va poursuivre deux objec-
tifs : interrompre au plus vite la grève et éviter
que de telles grèves ne se reproduisent ; l'éco-
nomie bourgeoise ne le supporte pas.
Objectif : l'ordre
Quelles armes restent aujourd'hui aux mains
de la bourgeoisie ?
La répression. Le pouvoir a montré qu il
n'hésitait pas à employer la force et les bar-
ricades ont prouvé qu'une répression brutale
et sauvage est possible. Les barbouzes et les
réseaux gaullistes sont en effervescence, police
et gendarmerie mobilisent leurs réserves. Cela
représente environ deux cent mille mercenaires
face à plusieurs millions de grévistes qui blo-
quent tous les rouages essentiels de la société
française (usines, chemins de fer, postes et
même les banques !), face à une population
prête à tenir la rue. L'armée n'est pas préparée
pour un coup d'Etat : ni le contingent ni une
partie des officiers ne l'accepteraient. Cepen-
dant aucune provocation n'est à exclure de la
part d'un Etat policier qui s'affole. Tant qu'une
police pourrie peut prétendre rétablir l'ordre en
utilisant les gaz de combat — en attendant
mieux — |e régime menace de devenir de plus
en plus fasciste (article 16, chasse aux sor-
cières, etc.).
La démission et la manoeuvre parlemen-
taire. La bourgeoisie française préfère récupé-
rer ses usines et laisser tomber de Gaulle à
plus ou moins brève échéance, d'une manière
douce ou brusquée ; une « ouverture à gauche »
peut représenter une solution provisoire : on
accordera aux ouvriers quelques miettes (sa-
laires), aux étudiants quelques réformes (exa-
mens, etc.). On attendra que cette politique de
« gauche • dans le cadre du système capitaliste
s'use (cf. Wilson, Front républicain de 1956,
Italie, Allemagne, etc.). On essaiera de diviser
la classe ouvrière, de diviser les étudiants, de
séparer étudiants et ouvriers chacun dans son
ghetto. La menace policière demeure perma-
nente, la « gauche • recule, le sauveur revient
escorté de ses flics. Le scénario est connu
L'union sacrée : de Gaulle + les partis de
gauche + les syndicats. La formule ne déplaît
pas nécessairement à la bourgeoisie qui con-
serve sa police, reprend en main l'armée, se
donne le temps de diviser les travailleurs au
nom de la lutte contre • l'anarchie » et la
- chienlit *. Elle peut être utifisée pour casser
les mouvements ouvrier et étudiant sous pré-
texte de lutte contre le • gauchisme >.
Détruire l'appareil
Un simple changement de personnel politique
ne suffira pas aux travailleurs unis dans l'action.
Ils ne veulent pas seulement obtenir des avanta-
ges économiques et sociaux (salaires, ordon-
nances, libertés syndicales, etc.); ils veulent aus-
si obtenir la garantie que les bénéfices de la lutte
ne seront pas perdus dans un mois ou dans un
an. La garantie fondamentale ne peut être que
la destruction de l'appareil répressif bourgeois
et le socialisme. Si la bourgeoisie française
choisit la répression immédiate, la lutte sera
dure et courte. Si elle choisit la manœuvre
politique, ou si elle mélange les formules, la
lutte sera prolongée ; elle ouvre maintenant la
voie de la victoire finale. Le pouvoir est dans
la rue, ouvriers et étudiants y combattent en-
semble. La question du pouvoir n'est plus de
savoir quel régime politique bourgeois nous
préférons. La perspective ouverte est celle du
socialisme.
S'ORGANISER
(Suite-
Ui
/MI/CI
organisé. deux fois par jour, dans divens su II es d'une
commune de banlieue des séances de cinéma révolu-
tionnuirc, etc.
De fiiçon générale, les comités d'action usent à ren-
forcer l'union étudiants-ou \riers, à organiser partout
dans la rue - le raomement d'opposition au régime,
à battre, dans les facultés, les tenants du réformisme
unitersitaire et à éliminer de la scène ceux çui veulent
dévojer dans un folklore apolitique le combat engagé
le 3 mai et si magnifiquement exprimé par les barri-
cades du 10 et les occupations d'usines.
L'assemblée de dimanche, outre la désignation d'une
coordination générale comportant notamment une com-
mission organisation, une commission agitation-propa-
gande. et une commission information, a pris une déci-
sion capitale : elle a lancé un appel à tous les comités
d'action, fondé sur une base politique d* lutte contre
le régime qui ne sont pas ewrore coordonnés a\ec elle,
ainsi qu'aux comités d'action du moinement du
22 mars, ou à ceux coordonnés par d'autres instances
pour qu'ils se réunissent JKl 1)1 23 MAI en une \astc
assemblée constituante du mouvement des comités
d'action. A cette assemblée, qui réunirait en un mouve-
ment unique tous ceux qw étaient le vendredi 10 sur
les barricades, pourraient être déterminées les bases de
l'action commune à entreprendre et mis en place des
forme* de coordination àe cette action.
CULTURE
SUR LE TAS
L'action directe, remettant pratiquement en cause
le .système, a touché à son tour le milieu culturel.
Cela a commencé par le coup de semonce de l'Odéon
occupé dans la nuit du 16 au 17 mai. Puis, comme
une traînée de poudre, théâtres, radios, musées,
cinémas voient fleurir des comités d'action occupant
des locaux parfois illustres, balayant la poussière
d'une société apparemment saine, mais profondé-
ment décomposée.
Au Théâtre de France, symbole de l'avant-garde
culturelle officielle du régime, le débat quoique
confus, a très vite touché à la racine des choses : au
ballet anodin de ceux qui veulent démocratiser l'or-
dre existant est venu s'opposer une contestation
de tout ce que « la Culture •>• elle-même signifie
dans une société de consommation dans l'exploita-
tion. La culture, produit de consommation pour
meubler les loisirs, est la triste rançon d'une sou-
mission au travail exploité, au régime du travail.
Elle participe donc elle-même de la soumission.
D-- ce débat confus, une ligne générale ressort :
chaque homme doit pouvoir ertV-r sa propre culture.
A la culture de l'Université, à ces fêtes mortes de
l'esprit, il faut opposer une culture vivante qui prend
racine dans la vie quotidienne.
SABOTER LE SI'IX TAC'LF.
Les événements qui se sont déroulés depuis le
3 mai donnent un exemple spectaculaire des boule-
versements idéologiques et scientifiques qui secouent
la vie quotidienne. Assailli par ces bouleversements
et leurs contradictions, l'homme d'aujourd'hui veut
changer le monde et se changer lui-même. Projeté
en quelques jours dans son futur, l'homme qui
Vient de se créer, se veut responsable de son devenir,
11 est insurgé, violent, il veut construire un homme
meilleur que celui que la société lui impose. Le
révolté issu des barricades (même quand il n'y a
pas participé) exprime son idée sur la culture à
travers l'une des pièces d'Armand Gatti z Les Treize
Soleils de la rue Saint-Biaise : « balbutiante, colé-
reuse, généreuse... avec la parcelle de vérité transi-
toire ù trouver chaque jour pour reconquérir un peu
de chaleur dans l'indifférence et la froideur d'un
monde qu'on ne connaît pas. »
C'est dans cette optique que les étudiants, les tra-
vailleurs du spectacle ont travaillé au théâtre de
l'Odéon. Malgré les critiques qui ont été portées à
cette occupation (faible participation d'acteurs, etc.).
il est intéressant de noter que le Comité d'Action
Révolutionnaire qui maintenant dirige le théâtre,
a précisé dans un tract que ses buts étaient « le
sabotage systématique de l'industrie culturelle et
en particulier de l'industrie du spectacle afin de
laisser place à une véritable création collective ».
C'est aussi dans cette optique que les comités d'ac-
tion du théâtre se sont créés chez les étudiants,
chez les jeunes travailleurs, chez les artistes afin
de promouvoir un art révolutionnaire représentant
les véritables aspirations du prolétariat. Ces cama-
rades ont déjà prévu des actions concrètes telles
présenter des spectacles sur les événements des
Nuit et jour, la démocratie directe dans la Sorbonns occupée.
quinze derniers jours aux ouvriers en grève de chez
Renault. Soulignons aussi que dans certains théâtres,
les acteurs, techniciens et personnel administratif
se sont regroupés pour créer des comités de gestion
révolutionnaires, afin de mettre l'activité théâtrale
au service du peuple.
Dans le domaine du cinéma, la réaction, la prise
de conscience a été tout aussi viv-e. D'un .seul coup.
des réalisateurs, des acteurs, des techniciens du
film ont pris leurs destinées -en main en créant
partout où cela était possible, des comités. Ces grou-
pes s'organisent, réfléchis.sont sur la fonction du
cinéaste dans une société révolutionnaire, lis ont
déjà accompli un gros travail d'information dar.>
tout le milieu cinématographique. Mille profession-
nels du cinéma ont décidé dans la nuit de vendredi
à samedi le boycott du festival de Cannes. Cette
manifestation représentait « le type même d'une
manifestation de culture de consommation. »
MAQUIS DE PEINTURE
Sans vouloir décrire l'ensemble des comités d'ac-
tion existants dans le secteur culturel, il faut
indiquer ici le travail particulièrement intéressant
qu'un certain nombre d\> jeunes peintres ont entre-
pris à l'intérieur du comité d'action des Arts phi.---
tiques. Dans ce secteur jusque lu complètement
désorganisé (aucun mouvement, aucun syndicat»,
ils ont roussi grâce à leur comité, à regrouper un
grand nombre de gens intéressés par des réforme.-
fondamentales de l'art dans une optique révolution-
naire de leur participation dans la société future.
Vingt-quatre heures sur vingt-quatre ils tiennent un
forum permanent dans un amphi ck> l'Ecole des
Beaux-Arts. Dés maintenant ils envisagent pour
participer concrètement au mouvement, d'aider
ainsi la coordination de.-- comités d'action : tout
d'abord, en vendant leurs œuvres au profit du mou-
vement, d'autre part en mettant leur art au service
de cette révolution naissante (pour faire des affi-
ches, etc.1. Certains d'entre eux ont aussi décide
de retirer leurs œuvres d-e tous les musées et gale-
ries.
Maintenant que ces groupes existent, maintenant
qu'une position commune commence à se dessiner,
c?s comités doivent opposer à la notion de loisirs
culturel, ceîle d'agitation culturelle. C'est-à-dire
créer une culture sur le tas quasi autodidacte, sorte
de maquis de la connaissance et de la discussion
qui bras.-e les idfes au niveau de l'action quoti-
dienne et s'empare de toutes les manifestations
du monde moderne. A partir de maintenant, l'homme
doit créer une culture qui lui corresponde sans alié-
nation ni trahison, celle qui doit l'armer pour le
libérer de se.s prisons.
niveau
Revue éditée par le Syndicat National
de l'Enseignement Supérieur (F.E.N.)
28, rue Monsieur-Le-Prince, Paris-ô*
Tél. 633-37-33.
A quoi sert l'Université ?
L'enseignement supérieur. — Les étudiants. — La j
recherche et la formation professionnelle.
Un enseignement sans enseignant.
Le travail scientifique, travail exploité.
La réforme cie l'université ne se fera pas contre le*
étudiants ou sans eux.
En vente dans les librairies et les kiosques spécia-
lisés, au siège du S.N.E. Sup et auprès de ses
militants
Pour les envois par poste, joindre 2 F. C.C.P. :
Paris 7544-66.
O.R.T.F.
LOCK-OUTE?
Le pouvoir ne peut laisser s'engager à l'O.R.I.I . un
mouvement de contestation comparable à celui de l'I'ni-
versité. Pourtant une bataille est comineni-éi1. Voici les
obstacles auxquels elle se heurte.
le mouvement qui agite l'ensemble du personnel de
lO.R.T f. n'a abouti ni à une gré\e touile ni a une occu-
pation des lieux de travail. A l'origine ce mouvement eM
paru de journalistes, de producteurs et de réalisateurs
d'émissions d'information (Zoom. Caméra 3 et Cinq co-
lonnes). Ils ont recouru à une sorte d'action directe :
menace d'empêcher le passage de plusieurs émissions à
l'antenne si le numéro de Zoom consacré a la lutte étu-
diante était interdit, l.e mouvement s'est étendu aux jour-
nalistes de I rance-Inter qui ont refusé toute autorité du
Service de Liaison de l'Information, organisme par lequel
s'exerce la tutelle des ministères de l'Intérieur, des nuan-
ces et des A flaires t-trangeres.
A ce moment-là, les directions syndicales sont interve-
nues. Une assemblée générale du personnel de lO.R.T.t a
été réunie. Ceux qui avaient lancé le mouvement essayaient
de contester radicalement l'organisation cl le contenu de-
là radio et de la télévision. L'assemblée générale, quant à
elle, s'est bornée à proposer une bataille pour l'objectivité
de l'information.
la division du travail et la division syndicale rendent
très difficile toute entreprise de contestation à l'O.K.T.L. le
personnel est divisé artificiellement en trois grandes caté-
gories : les uni-nique*, les techniciens et les administralils.
Pour prendre un exemple simple, une équipe de reportage
comprend trois hommes dont le statut chevauche sur plu-
sieurs catégories : le réalisateur peut être journaliste: le
cameraman peut Cire réalisateur, tandis que !e preneur de-
son est considéré comme un simple technicien, lotit empie-
temcnt donne lieu à des frictions entre svndicals. De pins.
alors que dans le travail les réalisateurs sont les patrons, ils
ont. sur le plan syndical, des positions p!us avancées que les
techniciens.
A la complexité de la division du travail correspond une
invraisemblable division syndicale : .svndicals autonomes
de journalistes, de réalisateurs, des producteurs: syndicat
unifié des techniciens regroupant tout le personnel qui
contrôle l'appareillage électronique: svndicals C.G.T.. KO.
C.F.D.T. et C'.KT.C. des scripts, assistants, maquilleuses,
ouvriers de plateau, monteurs, chauffeurs, administralils.
syndical anisanal des iotirnalisies de radio cl de réalisa-
teurs affilié à la C.G.T.: syndicat de cadres, etc.
Les membres de l'assemblée générale se sont réunis dans
deux studios reliés en duplex. Les débats se sont déroulés
dans la plus grande confusion. Pour étouffer toute tenta-
live de remise en cause radicale de I'.O.K.T.F", les techni-
ciens chargés du duplex sont allés jusqu'à menacer de couper
la liaison entre les deux studios.
Ce mouvement de contestation s'est heurté a deux obs-
tacles :
Les syndicats d'administratifs et de techniciens ont mon-
tré leur désintérêt habituel pour ce qui concerne le contenu
de la radio-télévision, y compris le problème de l'objecti-
vité.
L'argument selon lequel les circonstances présentes
(grèves et négociations entre Hanoi et Washington.) exi-
geaient que la mission de l'information soit remplie a l'ait
pression sur la conscience professionnelle des journalistes.
D'où la résolution prise : grève de la production artistique
et des employés de l'administration ; maintien d'un journal
parlé et télévisé et d'un maga/Jne hebdomadaire : commis-
sion de garantie de l'objectivité de cette information ;
menace de grève totale en vue d'assurer celte objectivité.
Ainsi les grandes formations traditionnelles de l'opposi-
tion et de la majorité restent devant l'opinion publique les
seuls participants du débat politique. Waldeck Rochel et
de Gaulle nous parlent.
Nous n'avons pas encore commencé la lutte pour le droit
d'expression de la minorité contestatrice extra-parlemen-
taire sur l'antenne, l.e mouvement pour une radio et une
télévision critiques et populaires n'est pas amorcé. Déjà à
l'O.R.T.F. un « comité républicain » sort des tracts. On
y retrouve les mêmes hommes que ceux du comité de salut
publk du 13 mai 195*.
La dictature
du patronat
La répression policière, le malnUrii de j'ordr^ bour-
geois ne sor.t pas le seul tait du Quartier Latin. Tous
ks samedis soirs, à la sortie des bals, des flics pro-
voquent des jeunes ouvriers qui rentrant chez eux :
vérifications d'identité, insurtes pour des cheveux
trop longs ou pour des habits que le.s agents de la
répression trouvent bizarres.
Mais la bourgeoisie en matière de répression a
trouvé des armes bien plus dangereuses : utiliser
une partie du prolétariat contre le prolétariat. Nous
en avons de.s exemples tous les jours : le syndicat
« bidon » de oh;'z Simca, celui de chez Citroën,
les nervis places à la sortie de ces usines pour
empêcher la distribution de tous les « tracts rou-
ges t. Mais le patronat va quelquefois plus loin.
Prenons l'exemple de chez Citroën : la direction
quadrille toutes ses usines d'agents de secteur. Ces
petits chefs du personnel sont particulièrement
chargés d-es indispensables relations humaines dans
chaque atelier. Ils rendent des comptes réguliers
à la direction sur l'ambiance qui y règne et l'acti-
vité des « meneurs ». Dans toutes !es villes de pro-
vince où Citroën, est implanté, iamais tes organi-
sations syndicales n'ont réussi à faire t/lire leurs
délégués au comité d'entreprise. La maison du
Quai de Javel exclut régulièrement tous les respon-
sables ou futurs responsables. Quand ces demi-ors
portent plainte. « Citroën » a le bras long ^t le.s
scandales sont toujours étouffés avant d'éclater en
public. Quand ils éclatent. Citroën obtient toujours
un non-lieu, suivi en général du renvoi de l'inspec-
1-eur du travail qui a été trop sympathisant pour
le délégué syndical.
D'ailleurs le P.D.G. de Citroën. M. Bi-rcot, a une
opinion bien arrêtée sur le syndicalisme : < tout
(•celai n'est qu'une agitation, oserais-je dire politi-
que, en tout ca.s extérieure, autour de ''opinion
répandue par une certaine propagande, à .savoir
que les organisations syndicales ne rencontrent pas
la faveur de Citroën. Je voudrais dire ici qu'il n'y a
ni faveur ni hostilité, mais neutralité en lace d'une
action qui, elle, n'e.st pas de rcprésentatior., m:ux
d'agressivité politique,.. (1). »
Pour obtenir cette <• non-repres«-ntativitè ; o>s
syndicats dans le.s usines Citroën, de province, la
direction a mis au point un réseau de dénoncia-
tions et de pression i morale ou physique^ sur les
ouvriers. Ne va-t-on pas jusqu'à proposer de l'ar-
gent, des promotions pour obtenir les voix ouvrières
au syndicat-bidon <ou maison !) ? Ne va-t-on pa.s
jusqu'à la pression physique < matraquage à la sortie
des usines) pour empêcher certains de voter? Ne
va-t-on pas jusqu'à vous poser des questions sur
votre vie privée : <' ••. Où allez-vous à îa messe ? »
« Pourquoi fréquentez-vous M. Y ? s <• Votre femme
<\«t malade. Vous avez sûrement besoin d'argent,
alors... ») pour <• étudier -s, av-ec vous (ici on est
spécialiste du contact direct, humain, presque « phy-
sique »> la <: couleur du bulletin que vous allez
mettre dans l'urne :\
Et cela est possible, car le patronat d'un côté
profite du chômage (.et fait donc du chantage à « la
bonne place que vous allez perdre : ) et de l'autre,
recrutant du personnel inexpérimenté, façonne
les ouvriers i au moins techniquement) à l'image
i'îiroën. A Rennes, voici comment ils agissent :
Le dimanche matin «• Citroën •: vient recruter,
dans la campagne qui borde la Vilaine. Une table
est installée à la mairie. Derrière, l'homme de
Citroën. Après îa messe ou le petit blanc, on va
signer son contrat. On apprendra r-nsuite à travail-
ler, rive à une machine, et les paysans deviendront
ouvriers. Citroën leur fait toute ronliance : ils
formeront 85 '. ries salariés de J'usine. Quant aux
autres, ceux de la ville qui vieniunt s'embaucher,
or. ira enquêter sur leurs •.-. bonnc-s. mœurs ?. Dans
l'immeuble, parfois, chez le.s commerçants souvent-
— pour connaître -rurs dettes et J'-urs achats à
crédit - et chez le libraire du >>-j;n.
Arrêtons ici notre « deseriptior, • Citroën, peur
r.ous. c'est l'exemple type du -.- ]Jb<'raiisme indus-
triel *. Mais ;iou.s pouvons recueillir aussi >s
témoignages de camarades ouvriers qui, dans leurs
usines, leurs ateliers, leurs bureaiix subissent <• l'or-
dre bourgeois et répressif. Nous pouvons décou-
vrir l'existance d'un vaste réseau de ri-pressions qui
sVtend à de.s centaines de milliers d'ouvriers, ici
•dans ce journal, en attendant que Tordre prolétaire
r< TH's'rse Tordre bourgeois, jî iniït {!i-iion-c<-r '.<*
répression, la dictature du patro>:nt.
Vous, qui travaillez pour une cl a»*1 ijul :fest pau
Ja votre, vous devez participer à c<A\f- d'.'noix'iat!'-:..
Dsris ce journal. Et ailleurs.
Le front des luttes cunrières
A Paris et dans la banlieue, voilà les principaux champs de batailles. La liaison
des luttes étudiantes et ouvrières n'est pas une chose abstraite..
Allez manifester votre solidarité politique et matérielle, allez discuter...
Dépôts d'autobus occupés A Gares occupées ; Usines occupées
JUIN 1936
U> Lettres a M. Freville, mfiiiT de Hc-s;>i(-s. :i.prts ic
renvoi de Yannick Fremin 1111 ife^ni )WM! <ïc C G T.
Le J2 mai 1936 c } usine Brecue! cru Havie, le 13 mai,
]c date est iotidique, à l'usine Latécoeie à Marseille,
éclatent des grèves. Dans les deux cas le même scéna-
rio. Le mouvement se déclenche à la suite du licencie-
ment d'ouvriers ayant chôme le 1" mai. Les néqocia-
•Jc-ns s'engager,; pondant le travail. Elles n'ont pas
abouti à l'heure où ;es ouvrier s devraient s'en aller :
ils restent.
Le succès de ces gieves es! rapide ; pourtant la dil-
hision de ce mode d'action es! lent. Jusqu'au 24 mai on
ne recense que six crevés avec occupation. Mais a
partir du 25 rna; ie rr.cavemenî s'accélère. Lo cause,
c'est la mariifesîalior, qui s'est déroulée la veille a Paris;
Je traditionnel défilé au mur des iedérés a connu une
aiiîuence pariicùliere. 600 000 manifestants avec les lea-
ders, des parlis C3:i:es dans te Front populaire sent
venus s'incliner cevcrrM les lombes des camarades.
La classe ouvrière prend crr.science de se force;
tî'cutant plus que ie ;;cuvcir es* vacant. Deux ans plus
IrJi l'inquiétude suscitée par l'agitation des mouvements
d'exlrème drcs'e s provoque le rapprochement des par-
lis de gauche e- des organisations syndicales. Le coup
de iorce tenté par ;es ligues fascistes le G février 1934
cristallise le rr.ouverv.c:-!! unitaire. Le 12 février la C.G.T.
jance un ordre clé ::reve appuyé par la centrale révo-
lutionnaire née ce io s-cissicn de 1921, la C.G.T.U. L'ac-
cord entre les pai::s c;e gauche est conclu au cours de
l'été 1935. 1! se fcil sur la base minimum; toutes les
concessions nécessaires ont été faites au Parti bour-
Chez Renault, de cheoue côte des murs,
'eve le poing.
Camarades,
que voulez- vous ?
Pendant quelques jOurs !a pcit-mique c-r.gEgte par L'Huma-
nité contre !e mouven'ient dans ! Université eî ses dirigeants
r,'er,t arrêtée. On avait cru que cette inif-rrupiion signifiait
que la direction du P CF. avait sai^i l'importance et !a
f*itêe du mouvement declanché par 'es rtud'sntr.. La mûni-
ff tation commune du 13 mai a marque !a convergence
dfs luttes étudiantes et ouvrières. C'est au moment r'ù
ce mouvement s étend à tout le pays iu moment où
étudiants et travailleurs occupent leurs iieux de travail
que ses attaques reprennent de la lacon la plus vive.
Qui est vise dans le tract diftute a d'js centaines de
milliers d'exemplaires et qui Pai ie de <• .-edains pfMs
tiOurgeC'S au cerveau cntievre ;: ? Veut • on mettre en
rau<c la rc-prescntati1. île des dirigeants ur.ivc r")aires 1er*. -
S N E. Sup. s ?
du mouvement
i;.|-'t
v€T*ito contre ',-* rcp:(. Mon ? Pourquoi ,~-i-cn di-eknch*--
une c.rv, pagne --.crVf u<-.c nv.mfest.Uicn ct'.ô'--t l'O.R.T.F-".
i:.|tji <vv*iit de îa i 1» rôpport( e ? Pourquoi îe t"u;s.t.rc dt
« I Hom.inite .=; du 'i b ^.-t Accorde-t-d un -,d^or ai et
une tell :• pîôcc- à !.- p- îerruque contre 'ES d'ngt ,-:nts du
fMOuvemr-nt ttud-^r.* • Fourquci tr.it- il t cno à 'a c^m-
p.^gne de la bourgcc^-c peur enliser !c n-.ouve'^ent f-iudia^t
d/tr»1- '^ cjuf-sf ion df(. * >.in-f-ï-!*. ? Pourquoi, su rt .o^'^nf ou
i;- fuite de*: r-.:"--,r- ù i«v.pc^e î,i prc-scnce des ':;r'^e,-ir.t-,
;. t'O.RT.F, in lôbie ..--ndu -uvnt.T-.-eludioni^ de ». l'Hu-
i-'/jnitc •; est-1 îîe o- f:."'r"-(_ c sv< ^ !e«, seuls r<.-|; "«•':(. ri font ••
d'une orff«*!nt*:<"t'-C'^. '• U E.C , oui .1 c{e lottïîemi n( , l:\Lntf,
' 'non ho'Ji!f. «u \{, uf*. dé I."; --f-^-ta^nc de ;u*' t.i. d^ ^v.ou-
v( rr,er,i t-'udi^ni ;-
Nou
que Ton dit « Sauvageot
l'U N E.F
« Ce;M"nar du
n'urju6 ti ce nrvf ."!<_.* ~f-
imposer «a dir^citc-n ^. 3r-.
1 M *n de lui donnf- r de' '<
ei se donnrra élit - r>"'f:-<
"'r>} .'.irsce. Nous :"rCLi^c-A- ' •
rin revanche, ^ur ;'•'..'(< •-.',,(
L.'îd nui ébranle ics !ondf. '^<
••!<: cn'i'e !c 'TL';j'vf-. >-.*••-'. ç
-."ièK^ un dilvt ou'i! •-:.-
du « g;me bcu'
biiriôi» poMique di-
."• '".lesic p<*r un no*~^ï.
t-t oe rrr-ncai^f s vi'î'
criCtï QUI
S' nous pcn-.ons ,;v
• ;LJ<_ i. !e pouvoir ,";rUa;l
•"('^t- rtoi---sant d-: r:^/:-!
•„ p.oli'i']ue •> it que .- Y' .-rr-.ci-tior,', n-:iJ'it;tr.t r,-p
pour en f.nir ,^VLC ^ '- coi.1.' • :• rr';.^ r-f pen-rcnt.
<• ! Union des toi '".es dr >;,vi.,-hf, nrj.-.iv.merit de t.-
• ' du PCF, a ronti'bui- pour -j^-e bc-r-ne pari
cvo!u';on. Au cc;"itrc;ir' r* qui r donne rut rnouvc^
;r..'.i --a puissance c * M L^f r-u tv.r-M qu il t'<i V
d>-hcrs du if;,m-.p de-1- i, pc.-.,-.t:cos d"e'.1t-ma|or
de (Créances <:k tnr.Je' En .,t,eiqi;f heuics Ce
M'-.t'^on1: i L>nife à L; i;..'--r * (•' développée plu1-.
.-•i*rit qu'en p'uveu's r-'^nt,^ di' -/;boneuiec ntS-'
.•u • r:n",'-r.r. î La pr-si_ -::e - c--'^.; 't nrf de !,-) rwiU.nr '<_
:r>-rrrTL bo^igcc;s a f. u piir ç rclonde fn une
• :i.i<-n f'u'-ifurs rnr< o- Ci" luff e'I' • toiale
IJrju- renscn- qui- r, t't p.j' à iâ tnê'ure du
VOTRE
Nou» occupons les facultés, vous occupez
les usines. Les uns et les autres, nou* bat-
tons-nous pour la même chose ?
II y a 10 % de fils d'ouvriers dans l'ensei-
gnement supérieur. Est-ce que nous luttons
pour qu'il y en ait davantage, pour une
réforme démocratique de l'université ? Ce
serait mieux, mais ce n'est pas le plus
important. Ces fils d'ouvriers deviendront
des étudiants comme les autres. Qu'un fils
d'ouvrier puisse devenir directeur, ça n'est
pas notre programme. Nous voulons sup-
primer la séparation entre travailleurs et
dirigeants.
11 y a des étudiants qui, à la sortie de
l'université, ne trouvent pas d'emploi. Est-
ce que nous combattons pour qu'ils en trou-
vent ? pour une bonne politique de l'em-
ploi des diplômés ? Ce serait mieux, mais
ce n'est pas l'essentiel. Ces diplômés de
psychologie ou sociologie deviendront les
sélectionneurs, les psychotechniciens, les
orientateurs qui essaieront d'aménager vos
conditions de travail ; les diplômés de
mathématiques deviendront les ingénieurs
qui mettront au point des machines plus
productives et plus insupportables pour
vous. Pourquoi nous, étudiants issus de la
bourgeoisie, critiquons-nous la société capi-
taliste ? Pour un fils d'ouvrier, devenir étu-
diant c'est partir de sa classe. Pour un fils
de bourgeois, ça peut être l'occasion de
connaître la vraie nature de sa classe, de
s'interroger sur la fonction sociale à laquelle
on le destine, sur l'organisation de la société
sur la place que vous y occupez. Nous refu-
sons d'être des érudits coupés de la réalité
T LA MO
sociale. Nous refusons d'être utilisés au
profit de la classe dirigeante. Nous voulons
supprimer la séparation entre travail d'exé-
cution et travail de réflexion et d'organi-
Une exigence ou ï! faut organiser immédiatement
Dation. Nous voulons construire une société
sans classes, le sens de votre lutte est le
même.
Vous revendiquez le salaire minimum de
I OOO F dans la région parisienne, la retraite
à 60 ans, la semaine de 40 heures payée 48.
Ce sont des revendication» justes et
anciennes. Elles paraissent pourtant sans
rapport avec nos objectifs. Mais en fait
vous occupez les usines, vous prenez les
patrons comme otages, vous faites la grève
sans préavis. Ces formes de luttes ont été
rendues possibles par des longues actions
menées avec persévérance dans les entre-
prises et aussi grâce au récent combat des
étudiants.
Ces luttes sont plus radicales que nos
légitimes revendications parce qu'elles ne
cherchent pas seulement une amélioration
du sort des travailleurs dans le système
capitaliste, elles impliquent la destruction
de ce système. Elles sont politiques au vrai
sens du mot : vous ne luttez pas pour que
le Premier ministre soit changé mais pour
que le patron n'ait plus le pouvoir dans
l'entreprise ni dans la société. La forme de
votre lutte nous offre, à nous étudianls.v îe
modèle de l'activité réellement soeiaïiiie :
l'appropriation des moyens de production
et du pouvoir de décision par tes travail-
leurs.
Votre lutte et notre lutte son? conver-
gentes. 11 faut détruire tout ce qui isoïe
les uns des autres ( l'habitude, ïes jour-
naux, etc.). 11 faut faire la jonction enJre
les entreprises et les facultés occupées.
Vive l'unification de nos ïuttes !
geois de gauche : les radicaux. En mars 1936, le congres
de Toulouse scelle l'unité retrouvée du syndicalisme
fiançais.
Le Front Populaire remporte les élections îe 3 mai
1936 ; d'une courte tête — 500 000 voix d'cvance —
mais le mode de scrutin (analogue à celui qui esi pra-
tiqué aujourd'hui) lui donne une confortable majorité
de sièges. La nouveauté du scrutin réside moins dans
la victoire de la gauche que dans le déplacement du
centre de gravité eu sein de la coalition victorieuse.
Pour la première fois, le groupe socialiste S.F.I.O. avec
ses 146 élus (+ 49) dépasse le groupe radical : 116
élus ( - 43). Le P.C.F. gagne 62 sièges, de 10 à 72.
Au début du mois de juin 1936, les travailleurs se
trouvent donc dans une position de force. Le gouverne-
ment Albert Sarrau! expédie les affaires courantes : il
a été désavoué par le suffrage universel et s'apprête
a céder la place au gouvernement de Front Populaire.
L'extension du mouvement est fulgurante. On recensera
12142 conflits; 8941 sont accompagnés d'occupctior.
d'usines. 2 000 000 de travailleurs y participer,!. Ces
grèves ont un caractère spontané ; elle se déclenchent
dans les secteurs où l'organisation syndicale est faible.
Les cheminots '22 °c de syndiqués1, les postiers 44 ci},
]es employés des seivices publics :36 °ol, les ensei-
gnants '45 °c; participent peu au mouvement. En revan-
che les métallos -4 °c •. les ouvriers du textile 5 V',
les industries alimentaires '3 °b ; forment le fer de lance
des mouvements do grève. Les grands magasins, eu n
n'y a pas d'organisation syndicale, connaissent une
yrève très spectaculaire.
Les dirigeants du Front Populaire accueillent avec
des sentiments mélangés le cadeau de bienvenue c.:.e
jeur offre la classe ouvrière. Aussi vont-ils appliquer
une tactique en deux temps: d'abord s'appuyer su;- k-
mcuvement pour renforcer l'assise politique du nouvécu
gouvernement et arracher au patronat les reformes pic-
mises aux électeurs ; ensuite, y mettre lin le plus rapi-
dement possible peur donner au gouvernement âne
honorabilité bourgeoise ei montrer qu'il esi seul
capable de régler les conflits sociaux. Le gouvernement
Léon Blum est forme le 4 juin ; le 7 juin les négocia-
tions s'engagent qui aboutiront aux accords Malignor..
La C.G.T. fait icce au représentants de in C.G.P.F.
organisation centrale du patronat français sens
l'arbitrage du chef du gouvernement. Le 8 juin c une
heure du malin les accords sont signés ; ils prévoient
''établissement de centrais collectifs de travail, la
liberté syndicale, l'augmentation générale des salaires
(7 à 15 %), l'élection de délégués du personnel. Un
paragraphe stipule que « Vexeicice du droit syndical
ne doit pas avoir pour conséquence des actes contraires
à la loi ». Pour Jes syndicalistes, c'est l'engagement du
patronat de respecter la liberté syndicale e! les lois
sociales. Pour les patrons c'est la condamnation impli-
cite des occupations d'usine. Donnant, donnant.
Le gouvernement s'engage pour sa part à faire voter
un train de lois sociales prévoyant notamment le
semaine de 40 heures et les congés payés.
Au cours de la négociation, les patrons s'inquiètent
de la capacité de la C.G.T. de faire appliquer les
accords. Au procès de Riom, Léon Blum rapportera cet
étrange dialogue entre ïes délégués de ia C.G.T. et
M. Richemond, représentant de la Chambre de Com-
merce de Paris :
* Nous nous eng™cjecns a faire tout ce que r.cus
pourrons ; mais nous ne sommes pas surs d'aboutir.
Quand on a affaire a une matée comme celle-là, il
faut lui laisser le temps de s'étaler. Et puis, c'est main-
tenant que vous oiiez peut-être regretter d'avoir systé-
matiquement prciite ries ar.nees de déflation e! de chc-
rr.cge pour exclure de vos usines tcus les militants
syndicalistes. lis r. y sont plus pour exercer sur leurs
camarades i'autcrite qui serait nécessaire roi!i execuler
nos ordres.
Ef je vois er.crre M. Kicherr.oni qui était assis c rr.c
qcuche baisser '.c: 'r-'k f.r: disant : •• C'est vrai Nous
r;vcns eu tort. •>
Rien n'indique mieux ;'espni dans lequel or:t été
rendus les ccccrds Matîar.on que i'oilocu!;c" de Lecn
• ouhaux, secrétaire général de lo C.G.T., prononcée- a
îa radio !e 8 iuln à 20 heures.
« La victoire obic-r.ue dans ia nuit de dimanche c
lundi consacre le c;ebuî d'une ère nouvelle : l'ère des
relations directes t;,iie Ses ceux grandes forces écono-
miques organisées dans Je pays. !...] On parlait depuis
un certain temps de la nécessité d'une icainuJe nou-
velle, celle-ci est trouvée : collaboration dans ia bbeité
'otale pour la discussion des revenc/kafjons ei la
?c<r;frontation des points de vue différerais, «c
Les accords Matignon n'arrêtent p-as- l'extension du
mouvement. Les négociations des Conver;fions collec-
tives s'engagent avec méfiance et difficulté. Le 3 'S juin
aa soir le P.C.F., qui, n'étant pas présent au gouverne-
ment, est resté au dehors de la négociation, enlie daus
'ia bataille. Dans un discours retentissant Moauce Tho
rez explique que l'heure de la Révohjîiorj n'es' pas
venue : « Nous n'avons pas encore derrière nous, avec
r.ous. décidée comme nous jusqu'au boiit. Icule ïa popu-
iciiicn des campagnes. Nous risquerions Trièrne, en cer-
ïair.s cas, de nous aliéner quelques sympathies des
couches de la bourgeoisie e! des paysans de Fiance.
Aiors? alors il faut savoir terminer une qièvc- dès, q~ut-
satisfaction a été obtenue. » A parlir c'u )3 juin c'est le
reflux du mouvement des masses.
Le développement ultérieur serc ic 2enie dissolution
de ïa coalition du Front Populaire. En juillet Î936. c'est
le déclenchement de la auerre d'Espagne-. Le gouver-
nement décide la non-intervention : ia Fiance laisse
écraser la République espagnole. Le fuiie des capitaux
Lcrï'iaint, à l'automne, Léon Blum a la dévahialion.
L'inflation grignote rapidement ïes avantages acquis-,
ror !o classe ouvrière. Au début de- /n;.oe-e J9J7. Léon
Ph.-rrj annonce la « pause » riar.ç les rv.'c imes. .s-c-rvaJef.
'•"-us c'est insuffisant pour calmer lo t•: liiyeoisje qui
•:: repris confiance dans ses forces. Eïîe y..'av;jo de cesse'
:;ùe soit détruite la majorité de Frcnt r'oF't'-'œrf- C'est
- hose faite dès la fin de î'anr.ee >S37. La chanjfajf du
Frcnt Populaire est celle qui approuvera k-s accord»
de Munich; c'est elle qui en 1S4G. cL-'iiqufja ses pou-
voirs au profit du maréchal Péta;;-..
On peut ergoter longtemps .~ur le 1>:-: on du Front
ï •: ""jlaire. il est vrai CTU.C- les ::vanK:c-:-f or. .ter, ri F. en
J536 sont loin d'être r.egiitjt-cbles. Il t-sl \icij qu on ne
feut faire la dernonst:c:ion qu'une Hevcîi:)jon o été
j-'CFs'ible, alors qu'elle n'a même pas été lente.?. Mais
,e Front Populaire montre a l'évidence cor/imeni s-'en-
Jl.se îe mouvement des messes dans lie rrjoïuis jxirJe-
~,en!aire. La leçon est simple ! Ailer.-tïcn !
ment de masse engage en ce moment de proposer comme
objectifs « l'augmentation des salaires, l'abrogation .mm,--
diate des ordonnances sur la Sécurité soc-alc. la garantie
du plein emploi, la réduction du temps de tr.r-.-sil pt
l'extension des libertés syndicales », comme !'a declaie
le camarade VValdeck Rochet au micro de France-Inter.
Quelle que soit l'importance de ces revendications elles
ne sont que des mots creux si leur condition fondamen-
tale n'est pas muse à jour : le renversement du rtgim*
politique. Dans ces conditions, d est insuffisant de sou-
ligner l'urgence « d'aboutir à un accord sur un programmé
social avancé entre Ifs parfis de gauche et k- organisa-
tions syndicales, programme 'enant heu cic contrat dt
majorité ».
Le but des luttes ouvrières et étudiantes de mai 19t>8
est-il de renforcer !a pu'ssance de ncgocation du PCF.
à l'égard de la fcdération ce la gauche ? E^t-il dr porter
MI pouvoir les politiciens bourgeois qui d:r:geo; cette
fédération qui se proiend socialiste? La ciassc . uvnèrf
n'a p.'is oublie que ces politiciens ont pendant plus de
dix ans dirige ia -épression et que l'un d entre tu>. Iules
Moeh, 3 crée les compagnies républicaines de -.tçurité
plus communément Appelées C R.S.
Les étudiants ne sont pat Ces t'OVC'Cafeui1. Il ff.t
i.'ib'e- de parler de provcration .-i-..-.que !oi< qu'apparatl
on ttudiant. Le mouvement etud;ant >: ' <e' dirigeant*
ont prouvé qu'ils étaient Capables de la.ie face, av» e
dnïioiïfre au cours de 'a nuit ijes b.irriC/;GÇ. <ju il' rlait'nt
(arables de retourner .:rs [_rovccattons o:'''(rc leur* âufeuiv
Les étudiants ne .cuient pa* dcr.rtr de Ueor.' i, ta
classe ouvrière.
Mais ils ne peux, nt r>,= .. lermtttrc ..-{lrf \t d( t-at sur lu
soif escamote, lo n; t.rfte-idcnt cas d'ffo •-c .-nou-
vemer.t . mais i!s (n -ont r-artie prto.-.n'f- (I* <-,nt f.>."iyé
!'<?- cher >c droit d y ct-c a^^oc'es tn 'ac.î que r.,.it'. r.,!'.*-*-
autonomes. Il est k-gitimt qu'il-- po-.e"; ,-.m O'f.ai.'-anons
f.uvïières ia quc-st-on ou voLr'ti-vcu-^ d'rigct îe r.iuuvt1-
f».ent révolutionnaire de co^tf ' iaiT^n ij., •'. ^iroe r'Ot^^'foiv?
Nous ne voulons p, ^ de cordon 'an;i,-iro autour de l;i
5)orbor>ne et des 'acuiti ^ , tx>u' ne logions pas ietoitif»er
dans les méandre": du ,(u i aricmf n'.'-.'t . ià où I'' iv.ouve-
rt)^-r*t el t toujours ^,itr nc.j' vo^iori' --(u 'ï! -t dt * (.'lopftr
vur le lerrôin où ii ^\ ^ «ainut ki luMt -Je rrit*ss«.
échec au contre-courant
Les barricades ont ouvert la porte de la Sor-
bonne. Dans la brèche ouverte par les étu-
diants en lutte, une nouvelle Sainte Alliance
s'est introduite, dans le triple but d'utiliser la
pression étudiante à des fins technocratiques.
de briser un mouvement qu'ils ne contrôlaient pas
et de susciter, aux bénéfices du pouvoir, des
divisions parmi les étudiants unis contre la ré-
pression du pouvoir. Cette Sainte Alliance qui
va des technocrates à la Zamansky jusqu'à de
prétendus professeurs de gauche, sait que le
problème des examens est un problème po-
litique ressenti, cela est compréhensible comme
un problème individuel.
Engagée en termes individuels, la discussion
des examens dissociée de la critique de l'Uni-
versité permet de masquer le caractère de
l'Université et la fonction qu'elle joue. En spé-
culant et en favorisant la peur individuelle de
perdre une année, ce courant cherche en fait
à faire oublier que cette institution est la clé de
voûte de tout le système universitaire. Nous
avons une chance de commencer à résoudre ce
problème tabou. Les mandarins se sont alliés
aux démagogues pour se débarrasser d'un dé-
bat politique fondamental. En réclamant démago-
giquement le passage rapide des examens, ce
courant a tenté de faire retomber un mouvement
qui lui échappe. Il y a échoué, en sciences no-
tamment où la gifle à Zamansky a été particu-
lièrement bienvenue. Le danger du « retour à
la normale » s'écarte de l'université dans la
mesure où la situation du pays tout entier
change. Si le pouvoir a fait du passage des
examens le symbole de l'ordre bourgeois, en
dépit des complices qu'il a pu trouver, il a très
gravement échoué : jamais nous n'accepterons
de passer comme auparavant les examens qui
nous donnent le droit d'être les chiens de garde
de l'ordre existant.
LES EXAMENS, VRAI OU FAUX ?
QUESTIONS ET REPONSES
Réponses aux objections de certains (professeurs,
ministres, étudiants, mères de famille, généraux,
cadres de partis démocratiques, etc.).
1» Les étudiante ne veulent pas perdre
une année pour causes de troubles.
VRAI ou FAUX ?
Cette question a sans doute été rédigée par
l'I.F.O.P.. Ça lui ressemble. I.'énonce de ses ques-
tionnaires est immanquablement rédigé de façon i
obtenir une confortable majorité pour « le raison-
nable », « le bon sens >. le goût du labeur et des
bons sentiments.
Aussi la réponse ne peut être que : VRAI.
Mais elle appelle les remarques suivantes : l'exa-
men joue, toutes proportions gardées, dans le sys-
tème actuel de l'enseignement. le rôle du salaria:
dans la production économique. L'examen est la
mesure officielle du • travail académique, le grade
obligatoire de l'effort e! du mérite, la sanction --- spi-
rituelle et matérielle - - du conformisme universi-
taire, l'esprit d'une éducation sans esprit.
A défaut d'une adhésion à une telle morale, beau-
coup d'étudiants ont montré qu'ils ne \oulaient
pas être les moutons qu'on mène à l'abattoir. L.i
ruse est de mise. Tout sera mis en œuvre pou-
arracher, par des moyens divers et dans les meil-
leures conditions possibles, le petit papier attestant.
sans autre preuve, que vous êtes le digne fils de
l'Aima mater.
Les étudiants sages ne veulent pas être victime-,
des événements? Les milliers d'enragés non plus
F,t ces derniers sauront en même temps s'amuser '.
Les événements, les reports d'exa-
mens, les formules de rechange défa-
forisent les étudiants qui travaillent,
les lycéens et les boursiers. VRAI ou
FAUX?
C'est VRAI, mais les événements en question n'y
sont pas pour grand-chose : les étudiants qui tra-
vaillent ont toujours été défavorisés. Se livrer
4 ou 8 heures par jour à un travail le plus souven;
ingrat ne peut que gêner le travail de bachotage
déjà connu pour son ingratitude et sa bêtise. Le
seul argument : les étudiants qui travaillent onr.
encore moins que les autres le loisir de perdre une
année.
Mais c'est FAUX : la situation exceptionnelle créée
par les événements ne change pas grand-chose. Ou
tout le monde y perd des plumes ce que personne
ne veut, ou la solution trouvée apportera la même
dose d'amélioration pour tous. I e vrai scandale :
que 40 '''<• des étudiants fournissent du travail noir
alors que le système de l'enseignement implique que
les étudiants se livrent pieds et mains à la logique
infernale des examens.
Les aménagements proposés résolvent-
ils le problème des examens. VRAI
ou FAUX?
FAUX ! Ces quelques mesures arrachées à l'admi-
nistration dépassée par le maëlstrom des occupa-
tions améliorent, sans doute, l'intérêt des étudiants,
et mettent en cause sérieusement le système d'en-
seignement. Fn aucun cas. elles le résolvent. L'exa-
men-sélection reste lu pierre angulaire d'un système
d'éducation fondé non sur l'orientation optima de
chacun, mais sur l'élimination pure et simple du
nombre d'individus que l'on juge nécessaire à em-
ployer à des tâches intermédiaires les métiers
bâtards les petits cadres à qualification spécialisée
et bornée sont le remède général de loule société
capitaliste caractérisée par l'hypertrophie des ser-
vices parasitaires. Quant au système universitaire,
en pleine expansion, il repose de plus en plus sur
l'accentuation de la division hiérarchique du savoir
à quoi correspond le pouvoir grandissant des
autorités et des castes mandarinales.
4« La suppression des examens ramè-
nerait l'université au capitalisme féo-
dal. » (Professeur Kastler.) VRAI ou
FAUX ?
FAL'X : encore une mésaventure du professeur
Kastler. Le prix Nobel propose cette curieuse équa-
tion : sv.sterne des examens ou svsterne du piston.
En vérité, il se fait le défenseur béat du système
actuel des examens, basé sur la sélection sociale et
l'apprentissage du conformisme universitaire. Le
faisant, dans la conjoncture actuelle, il se fait l'agent
de la contre-offensive gouvernementale et profes-
sorale qui utilise le maintien du sv sterne des examens
comme le moyen d'un retour généralisé à la
normale.
Supprimer la production économique capitaliste, n'a
jamais signifié supprimer la production économique
en tant que telle. Supprimer le système actuel des
examens ne signifie en aucune façon l'abandon de
tout contrôl'i de l'apprentissage intellectuel.
Le ministre Peyrefitte veut lui-même
réformer les examens. VRAI ou
FAUX ?
VRAI : 'i Nous voulons incorporer l'examen à l'en-
seignement même. Un étudiant ne doit pas être exa-
miné en une fois au mois de juin, mais continuelle-
ment depuis le début de l'année universitaire. »
Autrement dit : Faire de l'examen actuel, une
épreuve permanente. Ne pas lâcher l'étudiant d'un
pouce. Transformer l'année universitaire en éter-
nelle course à obstacles. F'aire transpirer l'étudiant
pendant les quatre saisons.
Les examens sont la garantie d'une
sélection démocratique. VRAI ou
FAUX ?
FAUX!:
Chacun sait que le système actuel des examens.
en conformité avec le mode d'enseignement dis-
pensé, maintient l'inégalité culturelle au sein même
de l'enseignement. De nombreux sociologues ont
montré que l'étudiant issu de la classe ouvrière est
démuni du bagage culturel implicite que possède le
fils d'un industriel ou d'un professeur : un certain
vocabulaire, un savoir dire, un savoir faire. L'aspect
rhétorique de l'examen (la dissertation en 3 points)
particulièrement aigu en lettres et en droit, favorise
celte inégalité.
En outre, la démocratie des examens est. dans
le système présent, la démocratie de la bêtise uni-
versitaire (conformisme, mécanisme des connais-
sances «cumulées) et l'égalité dans la concurrence
individuelle : bachotage, l'étudiant individuel livré au
bon plaisir du corps enseignant.
i La collation des grades et l'attribution des diplômes
sont conçues comme la conséquence d'un jugement
solennel et public, porté sur un étudiant pris à des
moments brefs et isolés de sa carrières (...) L'exa-
men est une sorte de procès, et le candidat s'y
prépare d'ailleurs comme un inculpé. » (M. Duvcr-
ger. « Le Monde ». 19-20/5/1968.)
Les examens orientent les étudiants.
VRAI ou FAUX?
FAUX : le système d'éducation lui-même « orien-
té » par le système économique, fait le tri des
étudiants, il ne les oriente pas. Les examens façon-
nent leur attitude docile, les illusionnent quant à
leurs réelles capacités, les sélectionnent selon des
critères étroits et partiels, les affectent à des postes
de travail sans rapport avec leur qualification, bref
ne font que donner aux plus chanceux et aux
débrouillards le grade universitaire qui les favori-
sera sans aucune raison dans leur travail profes-
sionnel par rapport à ceux qui ne l'ont pas.
UN
PROBLEME
RÉGLÉ
Première. Assemblée générale des étudiants de socio-
logie en grève : dispute sur les examens. On proposa
l'examen bidon (18 pour tout le monde, y compris pour
ceux qui dessinent des fleurs sur une copie blanche)
— ou le boycott pur et simple (année bianchg) — ou
l'examen traditionnel.
Commission le matin, commission le soir. Tout le monde
s'accorda sur le principe : le problème des examens ne
doit pas casser le mouvement étudiant (en opposant les
élèves « studieux » et ceux qui veulent prolonger la
contestation de la société et de l'université) Les étudiants
ne veulent pas isoler leur combat de celui de la classe
ouvrière : ils n'ont pas lutté sur les barricades pour repartir
en vacances et revenir dans une université que Pompidou
aura transformée sans demander leur avis.
D'où la solution adoptée en Assemblée générale : nous
continuons le travail cet été (transformation de la Sor-
bonne en université critique). Nous invitons nos camarades
ouvriers, instituteurs, étudiants étrangers à venir travailler
avec nous et nous ne resterons pas enfermés dans notre
université : nous formerons des groupes d'action et de
travail. Thèmes du travail d'été : répression policière et
Etat policier, étudiant et travailleur. Analyse critique du
système global de l'enseignement (primaire, secondaire,
supérieur). L'examen (le mot est discuté) d'automne por-
tera à la fois sur ce travail estival et sur les programmes
étudiés jusqu'au 3 mai. La forme de cet examen provisoire
sera définie au cours de ce travail d'été ; les assistants
ont promis leur collaboration ; les professeurs (absents)
sont Invités à participer.
Le cas particulier des camarades qui travaillent pendant
les vacances pour gagner leur vie peut être tranché : ils
seront interrogés sur cette expérience concrète et sur les
réflexions qu'elle suscite. Les autres étudiants prendront
des vacances (un mois) à tour de rôle.
La solution est proposée aux autres disciplines : il faut
que l'université prenne en main son propre sort et s'ouvre.
Pour chaque matière, l'examen ne devrait pas seulement
porter sur la leçon traditionnelle, chacun doit s'interroger
sur le rapport qui existe entre son travail propre et la
société actuelle. L'université critique d'été doit être un
centre de contestation de la société et d'examen auto-
critique de la culture et de l'enseignement.
LE P.D.G.
DESTITUÉ
A la Faculté de médecine le professeur
SOULIE avait reproché à l'un de ses collabo-
rateurs d'avoir pris une position politique en
protestant contre la répression policière. Par
87 voix contre 7 son personnel a sainement
décidé la destitution du professeur, lui repro-
chant son mandarinat, son autoritarisme et ses
méthodes de travail.
L'exemple des toges qui brûlent doit faire
long feu. Nous ne faisons que commencer.
M. GUY BAYET, Président
de la Société des agrégés,
commence à avoir peur pour
son agrégation et demande à
tous « les qualités de sang-
froid, d'esprit critique et de
tolérance qui ont été de tout
temps l'idéal des ensei-
gnants ». Rassurez-le surtout
-cela... Téléphonez-lui à
! 587-32-46.
ON FERME !
On terme !
Cri du cœur des gardiens du musée homme ua*
Cri du cœur à greffer
A rafistole!
Cri d'un cœur exténué
On ferme !
On ferme la Cinémathèque et la Sorbonne/avec
On ferme !
On verrouille l'espoir
On cloître les idée».
On ferme !
O.R.T.F. bouclée ' |
Vérités séquestrées !
Jeunesse bâillonnée
On ferme !
Et si la jeunesse ouvre la bouche j
par la force des choses \
par les forces de l'ordre
on la lui lait fermer. j
On ferme ! ;
Mais la jeunesse a terre '
matraquée, pietinee
gazée et aveuglée ;
se relevé pour forcer les grandes portes ouvertes j
les portes d'un passé mensonger '
périmé ;
On ouvre ! '.
On ouvre sur ic vie ;
la solidarité
et sur la liberté de la lucidité. '
Jacques PREVERT. [
Où en sont les CAL
Fn huit jours, ils ont conquis leur statut contre la
circulaire Peyrefitte appelant le corps professer»! et
ies proviseurs à ne reconnaître en aucune façon I»
réalité des comités d'action lycéen.
Les exemples se multiplient où les professeurs trou-
vent dans les (Al les interlocuteurs de choix avec
qui débroussailler les problèmes urgents posés dans te
secondaire. Dans les comités, une chose est acquise :
c'est au moment même où la question des examens
a été tranchée dans le \if à l'université avec à la clé
iout le système d'enseignement qu'il faut poser lu ques-
tion du baccalauréat en dehors des termes gouverne-
mentaux. Il s'agit d'empêcher la mise en place de la
sélection pré-uni\ersiiaire dès l'an prochain, avec la
mise en place du Plan I ouchet au secondaire.
l.'ne solution transitoire :
l.cs lycéens détiendraient un certificat d'aptitude*
universitaires après réunion en fin d'année -d'un conseil
de classe avec représentation des élèves. Devant une
décision négative, l'élève pourrait se « rattraper ; par
itn oral.
Reste à résoudre la question des « boîtes privées >.
Depuis l'appel du SM;S 'Syndicat National de !'t:n-
seignemetn Supérieur), qui demande à ses membres de
se préparer à la grevé générale, des perspectives plus
.arges d'action viennent de s'ouvrir. Les CAL ont
d'ores et delà appelé à occuper les lycées dès le lundi
20 mai. Dans la légion parisienne sont déjà en grève :
(. arnot. Hal/ac. Mallarmé. Paul-Valéry, Michèle! et
Rodin. I e mouvement doit s'amplifier en direction
tic Yoltaiie. Chaptal. Henri-IV. Buffon, Louis-lc-Ciraml.
( harleniagne. Turgot. ( ondorcet et Jacques-Decour.
« Les événements actuels
peuvent avoir, du moins, un
aspect positif. Ils vont per
mettre de faire avancer très
rapidement la réforme de
l'Université, que nous avions
entreprise et devant laquelle
nous trouvions tant de résis-
1 tance » (Peyrefitte, dimanche
19 mai 1968). Le « ministre »
^ ne veut pas en démordre. On
comprend ce que veut dire
dans sa bouche et dans celle d'un certain nom-
bre d'autres, le mot « rénovation ». Sous le ver-
biage du dialogue, à l'abri des matraques
toujours prêtes, Peyrefitte n'a rien oublié ni rien
appris. En clair, ce qu'il veut : utiliser la cau-
tion de la mobilisation étudiante et des discus-
sions dans les facultés occupées pour imposer
par la bande une adaptation plus étroite de
l'Université aux intérêts de la bourgeoisie.
La sainte alliance a retrouvé son porte-pa-
role. Notre résistance ne fait que commencer.
Si ia répression des matraques a échoué pour
un temps, nous ne devons pas oublier que le
pouvoir sait user de moyens plus subtils, les
professions de foi de nombreux réformateurs
sont partie prenante de ce jeu-là.
Les P.D.G.
de
l'Université
Soyez constructifs ! discute/, avec vos professeurs !
modernisez l'université !
Après les barricades, les porteurs d'hermine qui,
hier, nous dénonçaient ont réapparu dans leurs amphi-
théâtre, sans la moindre gêne, pour prôner la
rénovation.
Ceux qui, hier, refusaient les observateurs étudiants
dans les assemblées de faculté, se font aujourd'hui les
porte-parole du dialogue étudiants-professeurs. Deve-
nus les chantres du ravalement, ils essaient par tous
les moyens de sauvegarder les lambeaux de privilège
qui. demain peut-être, seront de nouveau les instru-
ments de leur autorité. Les doyens impuissants, marion-
nettes du système, qui pendant des années ont tout fait
pour le cautionner, veulent prendre le train en marche.
en démissionnant à la chaîne et en mettant en avant
un libéralisme désuet. Guy Bayet, président de la Société
des agrégés, ose môme faire des déclarations publiques,
sans remettre en cause l'institution mandarinale qu'il
fait vivre depuis «tes années.
Le général de Gaulle s'est félicité du < vent salubre»
qui se lève d'un bout à l'autre de l'Europe
Peu à peu. nos ennemis d'hier, au nom d'on ne sait
quelle communauté universitaire, soudain mise en avant,
se proclament nos amis et usent de leur toge pour pro-
férer des déclarations dont le seul but objectif est de
noyer le poisson, de circonscrire le mouvement dans
le cadre étroit des facultés.
Les plus dangereux sont les rénovateurs « ncvv
style * qui redécouvrant la vieille querelle des anciens
et des modernes, voudraient faire croire que les pro-
blèmes de l'université peuvent se poser dans ces seurs
termes.
Les plans universitaires du gouvernement, les ré-
formes en cours, les projets des colloques de C acn
sont modernes. Nous nous battons contre eux plus cjue
contre une vieille université libérale, aujourd'hui inof-
fensive, et qui se désagrège lentement d'elle-même. Oui.
messieurs les patrons de l'université, nous refusons votre
hiérarchie, nous demandons l'abolition de vos privi-
lèges et de l'autorité que vous confèrent vos titres.
Oui. nous sommes d'accord pour brûler avec vous
dans les cours de faculté la toge et l'hermine qui sym-
bolisent un pouvoir, aujourd'hui secondaire parce
qu'ébranlé, mais qui demain peut-être dans les facultés
vous servira à rasseoir votre autorité obscurantiste. Oui,
oous vous attaquerons tant que vous n'y aure/ pM
renoncé vous-mêmes. M.iis ce qui est décisif n'est
pas là.
Fn faisant croire qu'aujourd'hui des réformes uni-
versitaires peuvent transformer fondamentalement l'en-
seignement supérieur, ces gens-là entretiennent la mys-
tification d'une université qui n'aurait aucun lien au
système qu'elle sert.
Moderniser l'université n'est pas suffisant. Ce qui
est en cause, c'est le rôle qu'elle joue dans ce système.
M. Xamansky. patron de la faculté des sciences,
n est pas encore revenu sur ses déclarations en faveur
de la sélection. Pourtant, il n'hésite pas à multiplier les
initiatives, à donner des conseils aux étudiants et aux
assistants, à s'ériger de nouveau en mandarin univer-
sitaire. Il est un des chel de file de ce courant com-
posite qui prône la modernisation de l'université. 1-n
fait. Xam se sert du mouvement étudiant pour faire
fonctionner « son usine plus rationnellement.
Le directeur de la public al ion : Jean-Pierre Vigier,
Travail exécute par dts ouvriers syndiqués.
Grandes l.'iipnmer,
ijniiierits • Par!» Centre •
142. nie Montmartre
BERLIN: UNE OPPOSIT
» No«J3 souhaitons fes mesures sévères contre ces étu-
diants POUI évite* f ont quiproquo nous respectons toute'
opinion, lorsqu'elle s'exprime dans le cadra des règles du
jeu de l,i démocratie Mais cela ne doit en aucun cas
conduire à diffamer ;es institutions de l'Etat • Ces mots
ne sont pas tire de « Pans lour • ou d'un discours minis-
tériel, ils viennent de Berlin Ouest ou de telles déclarations-,
depuis maintenant de longs mois, là -bas aussi sont monnaie
courante De toutes parts les • extrémistes •, les chi-
nois ». les * chahuteurs • ia • populace académique • sont
l'obiet dune campagne de presse concertée, d'où la popu-
lation, conditionnée par plusieurs années de titres de jour
naux. n'est pas absente Un professeur de Hambourg, le
professeur Spuier a cne contra les étudiants : • Vous
devriez finir dans un camp de concentration » Le récent
attentat contre RUOl DUTSCHKE est Id conséquence iogi-
que de ce conditionnement. Les étudiants de gauche, en
attaquant a 3er!m, après la nouvelle de l'attentat
l'immeuble du tiust le presse SPRINGER ne s y sont pas
trompés.
(te tous vers 'es 'ntérêt? :fe
peu a peu ies premières fi
coalition entre chrétien^
engendrer ses contraires
de ianoe de l'Occident
Berlin
quelques uns apparaissaient
fissures politiques u-) grande
et sociaux démocrates allait
/Aller», jgne ~\ 'était plus le for
.est Oa n.jnq qui 'einpiaçait
LE
0-r:' LA D^vlOCRACIE
Il faut dire que ;us.|U j ,^es dernières années, le caractère
principal de la v<e politique allemande était son apathie .
une sorte de démocratie parlementaire où chacun joue ie
« jeu • et où ie • bien-vivre • enfin acquis est la valeur
morale dominante Seulemenr entaillée par quelques scan-
dales retentissants comme l'Affaire du Spieqel il y a
quelques années, l'activité pjrleme.ntaire prête seulement
à une polémique feutrée Dans le monde politique ies
désaccords oe fono se font rares Pendant les élections.
le choix offert 3u> citoyens est mmce ; ies programmes
se ressemblent • ies sociaux-démocrates proclament bien
haut leur attachement à la société de I abondance ; l'argu-
mentation politique fart place aux formules publicitaires
Depuis des années !a répression puis l'interdiction du
P.C.A avait liquide toute opposition : les dirigeants du
mouvement ouvrier allemand, vieillis allaient finir dans
l'inactivité à l'Ouest, ou en R.D.A., dotes d'une confortable
pension gouvernementale En 1959 à son congrès de Bad
Godesberg. la S.PD allait abandonner toute référence au
marxisme et au socialisme, mettant un point final à une
transformation depuis longtemps effectuée Briguant clai-
rement le rôle de parti de gouvernement elle rentrait danj
le rang, en se lavant de cette couleur écarlate, quelle
n'avait pourtant plus mais qu'on lui reprochait encore
La participation du S.PO. au gouvernement de grande
coalition et son approbation des • lois sur l'état d urgence •
visant a transformer la structure de I Etat et à préparer ie
cadre constitutionnel d'une dictature montre clairement j
ceux, qui en doutaient encore que cette évolution es<
aujourd'hui un fait acquis et irréversible. En même temps-
lé processus d'intégration du mouvement ouvrier et des
syndicats s'est accentué. La constitution des • betnebs-
râte -. commissions permanentes de conciliation entre
patrons et ouvriers (ou ces derniers sont la plupart du
temps en minorité) laissent aux syndicats dans le meilleur
des cas. le rôle de groupe de pression dans le pire, ceiu;
d'un organisme d'intégration quasi vertical, dispensateur de
l'idéologie nationale : l'anticommunisme. Cet anticoinmu
• nis»rie est le oam quotidien du trust de presse Spnnqer,
qui contrôle la très qranae iiaior te des publications alle-
mandes
LA HU DJ ,'vi'T:.v:V- -
Pourtant, e" Allemagne derrere e même refrain, beau-
coup de choses ont change er quelques années
miracle allemand iet*e le masque. Berlin-Ouest n'est pius
qu'une vitrine démodée du monde libre A I Est la
reconstruction au pays et ie développement économique
ne font plus échos aux clichés anticommunistes, généreu-
sement distribués, qu' jusgue-ia définissaient la raison
d'être de l'A'iefiaojne de l'Ouest sa politique, son idéo-
logie et par dessus tout sa cohésion sociale Contrai-
rement a Kennedy. Johnson n'est pas venu devant le • mur
de la honte - se prêter au rituel et dire : • ICH BIN ElN
BEflLiNER -. en même temps à l'Ouest des difficultés
économiques nouvelles sont venues fissurer l'autosatis
faction générale Aior s que Erhard proclamait sa volonté
d'aller plus 'om dans la construction d une société plus
« intégrée -. ou ctkique inst-tutioi: dramera-t les efforts
Le N P.O. allait reprendre de manière militante .9 flcwrv-
bleau du revanchisme et appeler I "avènement d'un nouvH
homme fort. De l'autre côte, les atudi ints firent bien vite
l'apprentissaqe des limites de • leur • démocratie et de
ses • règles du ,eu -,
IDIOTS SPECIALISES
L'origine cie cette prise d-e consoen,;e remonta a plus
d« deux ans . le 8 avril 1965 ie lecteur de l'Université
libre de Bénin-Ouest interdisait ;a /onue du journaliste
E. K'JBY qui devait parler devant ies étudiants a l'occ-j-
sion du 20' anniversaire de la capitulation du fascisme.
Dés ce mornent-'à, l'Université libre allait peu a peu deve
nir a la fo s le foyer mobilisateur et le point d'appui d'une
nouvelle opposition. Cette interdiction fut ie point de départ
de confits nombreux entre les étudiants et ie coros aca-
démique A Berlin comme un an plus tôt a l'Université
de Berkelev ies étudiants proclamée' t 'enr volonté d nvîer
• n'importe qui n' mporte quand. po-_r oar'er sur n'importe
que! suiet • Se conjuguant avec ces confins ies pre-
mières tenta; /es de contrôle de Univers te par ! éco-
nomie aiijieni donner aux luttes
terrain d'ancrage A travers ces
étudiants, un prener masque a
libéralisme dans lequel ils avaient
l'autonomie dune Université su
cer un pouvoir L'Un,: .ersite
étudiantes un nouveai.i
luttes aux -.eux aes
ait tomber . celu- au
e'e éducrjés ceiu. de
aquelle i's croya'S"t exei-
-.ii; apparaître comme un
cratisation de l'Université s'exD''im;<n
ie refus d'être
• un idiot spécialisé • bénéficiant d une certaine formation
scientifique mais servant le rég'irie a sa manière et avec
ses outils propres Cette révolte allait peu a peu trouver
son débouche dons un refus de la société elle-même et
de soi1 système de manipulation de 'individu La lutte
pour la réforme de l'Université faisait ainsi place à s.î
critique radicale, permanente et organisée, par des critiques
publiques de cours et la constitution dans ie campus uni-
versitaire d'une - UNIVERSITE CRITIQUE - gérée par ies
étudiants ouverte à tous réalisant l'unité entre leurs luttes
politiques et leur refus de !'Univer-3''e
CONTilG L'AUTORITE
Le 2 juin 196? au cours d'une manifestation contre 'e
Chah d'Iran l'assassinat d'un étudiant Benno Ohnesorg.
par un policier avait accentué cette évolution - la pro-
testation humanitaire contre la guerre du Vietnam était
peu a peu devenue une protestation politique ; I oppression
des U S.A sur le tiers monde, ia comolic;te ac^ve ctu
gouvernement fédéral comme l'aliénation a laquelle I indi-
vidu est soumis dans les métropoles apparurent vite aux
étudiants comme les deux faces d'une même pohtique
Depuis ie 2 juin le mouvement a fait tache d'huile dans
toute l'Allemagne : depuis lors les milliers de manifestants
qui, dans toutes les villes, portèrent le deuil de BENNO
OHNESORG se sont retrouvés dans d'autres manifes-
tations à l'extérieur de l'Université comme à l'intérieur •
en novembre a Ben,n alors que ie meurtrier de Ohnesorg
était acquitte par le tribunal et nue quelques jours plus
taid l'eiudijr.t Fritz Teu'e' bcci.z.e sjns preuve tanqiijie
q avoir u-incie ue3 pierres su' ia ponce aiiait passer er.
jugement après avo r fait plusieurs rr-ois de prison pré-
ventive : a l'université libre de Berlin, en janvier, ou les
étudiants en lanque romane, devant le refus de discuter
des autorités académiques, enfonçaient la porte du bureau
rectoral ; leur geste montrait qu'ils n'attendaient pas des
réformes ou des négociations de couloi' ; ce qui était
en cause, c'était leur statut d'instrument sans pouvoir
dans une Université dehbérenimerit a^ service du système ,
à Bielefeld même, une calme petite ville d'Allemagne
Fédérale ou de jeunes apprends ont une nuit, rempli
de goudron tous les rails des îtamwa^s municipaux Si
le rhveau de conscience politique des ;eunes de Biele-
teiij ou des lycéens qui manifeste"' conVe ia discipline
pas jour ie moment le "Tiêrne }ue celu! des ét
de Berlin. ieur action est in siqne dune révolte qui s orga-
nise et 3<il mûrit a Iravers ia discussion politique». • L»
mécontentement latent et très abstrait envers l'ordre établi,
tes expériences dans la rue, les explications dans les
meetings, la pression de l'extérieur, comme la conviction
consciente ou inconsciente pue la »ociété établie est cou-
pable de l'atrophie personnelle, physique et spirituelle,
contribua à créer une disposition pschychique et a faire
naîtra des tendances antiautoritaires -, expi que Ftudi
iDutschke Ce mouvement antiautonîaire brise pour une part
avec la tradition du mouvement étudiant et de '3 gauche
européenne. Il a emprunte au .mouvement amer C.IT beau-
coup de ses formes d'action ; stt-m go-in . La, les
meetings enfumes d'étudiants ne sont pas ies manifes-
tations rituelles oratoires et ennuyeuses que nous avons
longtemps connues On sait y rester cinq hec'es d;x heures
s'il ie faut pour discute.' en détail la s'rateq'e e' "J tactique-,
pour convaincre, former et informe' En même temps
l'absence de tout parti d'opposition et de toute orga-
nisation révolutionnaire a joué un grand rôle dans le
développement de l'opposition étudiante Selon ses propres
termes e 3DS constitue aujouid'hui en A'iemagne Fédé-
rale a • seule orqan sation social.ste intacte • Se trou-
vant air^, d'mcter^ent investi d'une qi.ind? responsabilité
dar"î ,j c.onst pjtion d'une extrême gauche allemande le
SOS a accélère la radicalisat'on du mouvement Cette
radija,,^ jt.on l'appareil d'Etat se.s off. ciels et sa presse
er, ont bien compris l'enjeu Au départ cherchant à le
ininiai.seï on attribuait le mo'jvemant su mécontentement
na*ure- de la jeunesse et ron schémat.sait la critique radi-
cale des étudiants en un réconfortant conflit de générations:
puis, très tôt c'est une campagne de presse hystérique
qu, répand.' a /agitât,on étudiante Le lendemain de l'assas-
sinat de :'e'.;d'-:mt Ohnesorg par un policier en civil le»
luurnai de Spr'nper. SILD justifijn; !e mejrtre osait écrire,
en parlant des étudiants . - ... Il ne leur suffit pas de faire
du bruit, il leur faut voir du sang. Us agitent le drapeau
rouge, le. s'arrête la plaisanterie, le compromis et ia tolé-
rance démocratique. • Aujourd'hui après les manifestations-
contre Sprirsqer. les autorités appellent ia population a sa
débarrasser des extrémistes. Ces dernières semaines on
a sérieusement évoqué dans les cercles gouvernementaux
la possibilité d'une interdiction du S D 3
1' MAI A BERLIN
Les étudiants socialistes allemands, ies ieunes et les
lycéens qu ils ont entraînes, savent que leur mouvement
n'a pas d'avenir durable sans une liaison véritable avec la
classe ouvrière allemande. Ils ne se satisfont pas de la
proclamation abstraite de la nécessite d'un* (onction entru
luttes étudiantes et ouvrières. Ils savent aussi qu'une-
telle liaison passe par un travail patient avec certaines sec-
tions syndicales et certains délégués d'entreprise Ils savent
aussi que le développement des luttes politiques et syndi-
cales a l'Université en est une condition : dans une société
ou id mouvement ouvrier est quasi totalement intégré et
où une nouvelle Sainte Alliance manipule la population
pour mieux ies isoler les jeunes, les étudiants et les
intellectuels qui ont forme cette nouvelle • opposition
extra-parlementaire • sont conscients que leur mouvement
en est arrivé a un point critique. Refusant le populisme
comme l'ouvriérisme ils font aujourd'hui de l'Université
le terrain de luttes spécifiques, mais aussi le point d'appui
de luttes qui doivent s'étendre au-delà
Au cours de la manifestation de soiidante avec le Vietnam
qui s'est déroulée le 17 févner dermer des ouvriers du batt-
aient basèrent ies drapeaux du F N L. que les manifestante
avaient accroches sur le faite d'un chantier j. Agnoli.
assistant a l'Université libre de Berlin déclara au micro
que ce serait peut-être ces ouvriers qui un jour, dres-
seraient le drapeau rouge au sommet de l'immeuble du
trust de presse Springer : c'était la exprimer, au-delà
de l'amertume, la conscience nouvelle de très nombreux
étudiants que ! enjeu de leurs luttes reioignait celui, géné-
rai, des producteurs dépossèdes de leurs moyens de pro-
duction
Le 1"" mai. a Berlin, pour la première fOis depuis de
nombreuses années. 25000 personnes, dont ae très nom-
breux jeunes travailleurs, participaient j un^ manifestation
dans 'es partie»s populaires
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no.3
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no.3