Action

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4 -JEUDI 5 JUIN 1968 -PRIX MINIMUM, 0,50 F - c. ^ . «. **» , s^o, ». CMé. «cnon, .^ ,. 30u.,.n d. fuNE, dl, sffiSun ., „.. ,„„,„. ,,„,......_
NOTRE
PARLEMENT :
LA
GRÈVE
Bourgeois, prends ta voiture et va klaxonner sur
les Champs-Elysées, ton général a parlé. Comme tout
le système qu'il défend, ton oracle n'avait rien vu, rien
entendu, rien compris, son pouvoir disparaissait dans
la rue. Il a fallu sortir le grand jeu. L'oracle a parlé,
cette fois sans télé, écoute-le.
Contre l'espoir d'une Commune, de Gaulle évoque
la Semaine sanglante et rapproche la légion de Paris.
Tandis que Massu devient son bras droit, Pompi-
dou, fébrile, cherche dans les poubelles constitution-
nelles de la Ve le légume pourri qu'on donnera en
pâture au peuple : les élections. Pour faire bonne
dose elles seront générales. Ce sera tout pour les
ondes.
Mais, se contenter, comme l'ont fait exclusivement
et unanimement les leaders de gauche de relever, dans
cette allocution, le chantage à la guerre civile, c'est
esquiver le fond du problème et justifier par avance
toutes les capitulations.
Il s'agit d'abord pour le gouvernement de séparer
le social du politique, c'est-à-dire de tout faire pour
éviter que les travailleurs comprennent qu'en ce
moment ils ont à leur disposition la seule arme que
leur laisse vraiment cette société : la grève. On veut
faire croire que les revendications sont du ressort des
cabinets ministériels tandis qu'ailleurs se ferait la
politique. Depuis quand une augmentation des salaires
de plus de 10 % n'est pas un problème politique ? En
faisant le chantage : « c'est la grève ou les élections »
le gouvernement, avec l'appui inconditionnel d'Europe-
Intox n° 1, veut faire croire que la grève ne serait pas
démocratique. Il refuse ainsi de répondre aux ques-
tions qui démocratiquement se posent :
— Oui ou non l'énorme majorité des travailleurs
s'est-elle mise en grève ?
— Oui ou non le pouvoir des piquets de grève
est-il plus démocratique que le pouvoir d'un seul ?
Le fait que les bureaucraties des partis se soient
jetées avec allégresse sur l'os qu'on leur tendait
comme elles l'avaient déjà fait à propos du référen-
dum, n'empêche personne de constater que la seule
démocratie directe dont disposent les travailleurs
c'est aujourd'hui la grève.
Encore une fois les élections ne vont servir qu'à
désigner des parlementaires qui, au nom du suffrage
universel, feront mieux taire les travailleurs que ne le
peuvent les CRS aux portes des usines. L'irresponsa-
bilité, la lâcheté intellectuelle qui s'est étalée au Palais-
Bourbon, en sont la garantie. Nous savons tous, même
si nous ne votons pas, que les élections « se font »
comme « se fait » un référendum, comme « se font »
les votes patronaux pour la reprise du travail. L'Etat
policier a, pour cela, son armée de fonctionnaires aux
ordres, de préfets, de notables parasites, de journa-
listes serviles'. Si "un gouvernement sert à quelque
chose c'est, entre autres, à faire régulièrement des
élections qui ne remettent pas le système en cause et
légitiment la répression.
Le chloroformage de la Pentecôte a échoué. Le
patronat n'a pas réussi hier à faire travailler les ouvriers
au profit de ses capitaux. Les accords par lesquels
les patrons veulent terminer les grèves n'offrent
aucune garantie que ce qui est donné aujourd'hui ne
sera pas repris demain. Déjà Pompidou a lancé des
appels à la productivité, premier signe des futures
manipulations gaullistes pour gommer ce que les tra-
vailleurs ont obtenu. Nous ne rendrons pas les armes
en notre pouvoir. La grève a déjà battu le référendum,
elle peut empêcher le pouvoir bourgeois de se sauver
sur le terrain des élections !
« Plutôt
une fin effroyable
qu'un effroi sans fin.
C'»*t le testament policier
de toute classe
agonisante. »
(Karl Marx.)
AUJOURD'HUI
00
DEMAIN
UN
MOUVEMENT
RÉVOLUTIONNAIRE
extraits
delà
conférence
de presse
du mouvement
du 22 Mars
le 1er juin
en SorDonne
Cohn-Bendit :
La conférence de presse qui a lieu
aujourd'hui n'est pas l'élaboration d'un
texte d'un comité central, mais l'éla-
boration d'une assemblée générale du
Mouvement du 22 mars qui a eu lieu
ce soir, c'est-à-dire que en rupture
avec toutes les conférences de presse,
que ce soit la conférence de la direc-
tion générale des patrons de France,
que ce soit la conférence de presse
de la Fédération et du Comité direc-
teur de la Fédération de la Gauche,
que ce soit la conférence de presse
du Comité directeur du P.C., ce n'est
pas un Comité directeur qui a pris des
décisions, mais c'est la base du Mou-
vement du 22 mars qui va s'exprimer,
c'est-à-dire qu'il y aura aujourd'hui des
divergences et nous allons clairement
les montrer. Nous ne jouons pas la
fausse unité; ce que nous voulons,
c'est montrer clairement qu'un mouve-
ment tel qu'il a été développé en
France est un mouvement qui a été
développé à la base et que, dans cha-
que mouvement réellement démocra-
tique, c'est-à-dire se basant sur la dé-
mocratie ouvrière, il y a des diver-
gences mais que ces divergences sont
la seule possibilité de surmonter les
contradictions du système.
Nous sommes tout à fait conscients
qu'il y a aujourd'hui en France une cam-
pagne de démoralisation contre la classe
ouvrière ; cette campagne de démorali-
sation est orchestrée par la radio, est
orchestrée par la presse. Des grands
titres comme : « Le travail va repren-
dre », on veut faire croire que le tra-
vail a repris. Exemple : on nous a dit
qu'à Villeurbanne le travail avait .repris;
il est effectif, comme dirait le général
de Gaulle, qu'à Villeurbanne il y a
200 femmes qui ont défilé pour la re-
prise du travail avec un drapeau tri-
colore en tète; mais cette entreprise
compte 5000 ouvriers; alors il faudrait
savoir si on dit dans les informations
que ce sont 200 personnes qui ont dé-
filé avec le drapeau pour la reprise ou
si ce sont 4 800 personnes qui refusent
de reprendre le travail.
Nous ne disons pas qu'il n'y ait pas
de petites entreprises qui recommen-
cent ou qui veulent recommencer à tra-
vailler; mais le pouvoir sait très bien
que là n'est pas le problème; le pro-
blème est de refaire marcher les gran-
des entreprises car ce sont les grandes
entreprises qui déterminent le climat
social. Et nous en arrivons au troisième
problème qui est le problème de la
grève. Evidemment, aujourd'hui par des
titres tels que : « La révolution est
finie », on tente de nous faire croire
que le problème est réglé. Première-
ment, il faut faire une déclaration très
simple : personne d'entre nous n'a ja-
mais prétendu que le problème de la
Révolution se réglait en un soir, en une
nuit; nous ne sommes pas des roman-
tiques qui croient qu'en une nuit la
Révolution est faite parce que nous
avons construit des barricades.
Ce que nous disons, c'est qu'aujour-
d'hui on veut l'ordre révolutionnaire.
Cet ordre révolutionnaire n'est pas seu-
lement l'ordre de la grève générale,
mais c'est la possibilité de reprendre
la production au profit de la classe ou-
vrière. On prétend substituer cet ordre
à l'ordre bourgeois par le moyen des
élections. Nous condamnons toutes les
organisations qui, aujourd'hui, sont
prêtes à abandonner le combat pour
laisser se faire dans l'ordre des élec-
tions bourgeoises.
Nous disons qu'il ne s'agit pas pour
nous de poser le problème des élec-
tions à toute occasion mais qu'il s'agit
de continuer notre action révolution-
naire, c'est-à-dire que la mise sur pied
de tout pouvoir parallèle dans les
usines — comme on l'a dit à propos
du ravitaillement — nous permettant de
continuer la lutte aussi longtemps que
les ouvriers eux-mêmes auront décidé
de continuer la lutte et non aussi long-
temps que les directions quelle qu'elles
soient veulent continuer la lutte.
S'organiser
pour la révolution
Donc nous posons ici un problème
qui est fondamental, c'est le problème
de l'organisation révolutionnaire. Nous
avons eu aujourd'hui un grand meeting
avec le lancement d'un mouvement ré-
volutionnaire; là-dessus nous devons
dire qu'il y avait à ce meeting plusieurs
orateurs de la J.C.R. ou de la IV
Internationale. Notre but n'est pas de
polémiquer. Il y a des camarades com-
me Daniel Ben Said qui participent au
mouvement du 22 mars qui ont parti-
cipé au meeting ce soir; cela veut dire
qu'il y a des divergences au sein du
mouvement du 22 mars sur le parti ou
sur l'organisation révolutionnaire, que
ces divergences vont être discutées à
la base. Nous sommes conscients que
se pose à nous aujourd'hui un pro-
blème d'organisation révolutionnaire
c'est-à-dire un problème de coordina-
tion de tous les comités d'action qu'ils
soient des comités d'action révolution-
naires, des comités d'action de la Sor-
bonne. de Censier ou des comités d'ac-
tion du mouvement du 22 mars.
Ce que nous disons, c'est que cette
initiative de créer un mouvement a été
une initiative prise d'en haut et non pas
une initiative de la base ; pour nous il
est inintéressant de reposer le problème
en termes de : structurer l'avant-garde;
ce qu'il faut c'est avoir une organisa-
tion technique qui puisse justement
faire passer toutes les informations à
travers tous les C.A.; nous condam-
nons effectivement — une partie du
mouvement du 22 mars en tout cas —
cette initiative d'aujourd'hui parce
qu'elle nous parait prématurée, parce
que le problème n'a pas encore été
discuté à fond à la base. Nous savons
que cela risque de durer encore un
certain temps mais nous savons que
i c'est la seule chance réelle de trouver
des formes d'action révolutionnaires
qui ne soient pas des formes scléro-
sées telles que tous les mouvements
révolutionnaires en France jusqu'à pré-
sent en ont produit c'est-à-dire que
nous trouverons des formes d'organisa-
tion en faisant travailler, en démulti-
pliant aujourd'hui les C.A. dans les
quartiers, dans les usines: ces C.A.
sont les bases que nous proposons
1 permettant la continuation de la lutte
et en même temps une liaison de tous
les mouvements révolutionnaires.
Contre la bureaucratie,
pour l'organisation
D. Ben Said : Je crois que nous
avons l'occasion ce soir de nous expli-
quer sur un problème de fond.
Est-ce que la divergence entre nous
vient d'un problème de principes, d'un
point de principe sur les questions
d'organisation ? En tant que militant
politique — et au meeting de la Mu-
tualité, nous étions d'accord et pendant
toute la genèse du mouvement du 22
mars nous étions d'accord, j'ai dans les
premiers temps du mouvement été d'ac-
cord pour dire qu'il fallait les struc-
tures les plus souples, la spontanéité
la plus complète, l'initiative et la li-
berté les plus totales des militants pour
s'organiser, pour prendre des initia-
tives, pour proposer des objectifs poli-
tiques, le tout à la base. Mais je ne
fais pas — et là c'est une prise de
position personnelle qui n'engage au-
cun mouvement, je ne fais pas de
l'inorganisation un principe permanent
et je pense que, autant le caractère
informel du mouvement a permis à ce
mouvement de croître, de se dévelop-
per, de prendre l'ampleur qu'il a ac-
quise, autant aujourd'hui, pour plusieurs
raisons, je pense que la conjoncture
politique demande un minimum d'orga-
nisation. Cela est apparu dans plusieurs
débats des comités : dans les comités
au début toute proposition d'orga-
nisation était rejetée a priori comme
bureaucratique ; et puis, au fur et
à mesure qu'on a pris conscience
de l'ennemi qui était en face, des
moyens dont il disposait, on a vu qu'on
ne pouvait pas continuer comme ça et
qu'il fallait un minimum d'organisation
pour continuer à lutter. Dany dit qu'on
est d'accord là-dessus; je pense donc
que sur le point de principe on est
d'accord.
Les comités
Le tout est de voir dans la situa-
tion présente ce qui motive et ce
qui fonde notre désaccord. Je crois
qu'il y a là un débat très large à ins-
taurer, peut-être le débat fondamental
de ce soir, c'est d'après moi le carac-
tère ambigu des C.A. à la base. Les
comités sont de deux sortes : il y a
les comités qui constituent l'embryon
ou du moins l'élément moteur de la
constitution d'organes de double pou-
voir qui sont les comités de grève, qui
sont, dans une certaine mesure les C.A.
de quartier dans la mesure où ils as-
sument les tâches de ravitaillement,
dans la mesure où ils prennent en
charge le contrôle de la spéculation et
des prix ; effectivement, ces comités-là
sont des structures larges de type so-
viétique; à la base sont représentés
tous les courants et ils jouent le rôle
de structures de double pouvoir bien
ou mal — mais ils tendent à le jouer
et c'est un type de comité, un carac-
tère de comité.
Parallèlement, superposés ou même
au sein de ces comités il y a un autre
type d'organisation et qui constitue le
regroupement des militants d'avant-
garde sur des bases relativement ho-
mogènes, je ne dis pas un accord poli-
tique total mais des militants d'avant-
garde qui ont en commun des perspec-
tives de révolution socialiste, certains
principes même théoriques fondamen-
taux et qui se considèrent comme un
regroupement minimum de militants
d'avant-garde. Je pense que ces deux
types de regroupement n'ont ni la
même tâche ni le même avenir.
Contre les manipulations
En ce qui concerne l'opération de
Charléty, nous avons été à Charléty en
disant que pour la première fois, en
dehors de la C.G.T. et du P.C. appa-
raissaient 50000 militants d'avant-
garde qui se réclamaient du socialisme
et c'était un point fondamentalement
positif. Mais en dessus on a vu les
manœuvres des partis, on a vu rame-
ner dans les coulisses de Charléty
Mendès-France — on a dénoncé l'opé-
ration politique et c'était juste de la
dénoncer. Mais il ne suffit pas aujour-
d'hui de dénoncer; aujourd'hui nous
avons prouvé que contre le P.C., que
contre Je P.S.U., contre les réformistes,
il existait, née de la rue et de l'action,
une force réellement révolutionnaire.
Mais cette force, en raison de son
inorganisation, ne constitue pas un pôle
de référence possible et les militants
[ révolutionnaires étaient obligés de dé-
! pendre des initiatives de l'U.N.E.F.
Il s'agit donc de regrouper les mili-
tants d'avant-garde. J'ai participé tout
à l'heure à un meeting qui a lancé un
appel à ce regroupement. Il s'agit de
regrouper les militants d'avant-garde.
Je précise que ce n'est pas là la
structure mère, la matrice d'où vont sur-
gir toutes les organisations de base à
la manière d'une génération par le haut.
Les militants révolutionnaires qui doivent
construire ce mouvement ce ne sont pas
les vieux militants qui se sont renfloués
par cette opération, ce sont effective-
ment les gens qui dans les C.A. à la
base se regroupent, restent prêts à aller
plus loin, sont prêts même au reflux qui
peut arriver dans quelques mois s'il y a
répression.
La parole aux comités
D. C.-B. : Ce que nous disons aujour-
d'hui c'est que créer avant qu'il y ait
eu une large discussion dans le mouve-
ment cette organisation est justement
une erreur fondamentale ; je ne dis pas
qu'il ne faut pas d'organisation et nous
sommes conscients de ce problème ; il
ne s'agit pas non plus, en condamnant
l'initiative d'aujourd'hui, de dire que nous
condamnons toute organisation, que
[ nous voulons rester simplement aux C.A.
tels qu'ils existent aujourd'hui. Et la
critique de Daniel est tout à fait juste
quand il dit que s'il y a reflux, les C.A.
risquent de devenir vides de contenu.
Mais aujourd'hui, les C.A. ne sont pas
vides de contenu ; aujourd'hui ils exis-
tent et c'est d'abord par ces C.A. que
doit être menée la discussion. Ces C.A.,
effectivement, ne resteront pas des co-
mités de 150 ou 200 membres comme ils
existent aujourd'hui ; ce seront des
comités plus restreints. C'est à partir
de là qus nous verrons réellement la
force du mouvement révolutionnaire ;
car nous savons tous que tout mouve-
ment révolutionanire dans notre société
de consommation devient à un moment
un mouvement de spectacle, c'est-à-dire
que cela fait bien de participer à une
action et nous savons très bien que
beaucoup de C.A. ont été d'abord décou-
ragées et ont eu peur après le discours
du général de Gaulle parce qu'effecti-
vement c'était une menace mais le devoir
des militants révolutionnaires c'est de
continuer dans les C.A. pour faire échec
à cette peur car aujourd'hui ces C.A.
ne sont pas encore vides de contenu ;
ils peuvent encore élaborer une ligne.
Le reflux
Nous n'avons pas peur du reflux parce
que c'est dans le reflux que resteront
les militants révolutionnaires voulant
continuer la lutte. Ce sont ces militants
alors que nous rassemblerons. Mais la
période actuelle est encore euphorique :
beaucoup de gens sont capables de
s'inscrire dans un mouvement : il est
facile pour quel mouvement que ce soit,
pour quel groupuscule que ce soit de
faire la pêche à la ligne.
Je crois qu'il ne faut pas avoir peur
de fa difficulté pour que. justement, une
organisation ayant toutes les possibilités
d'expression pour tous les mouvements
révolutionnaires puisse se créer. Et, peut-
être, il y en aura deux ; cela ne voudra
pas dire qu'il y aura deux mouvements
révolutionnaires opposés mais qu'il y
aura deux mouvements révolutionnaires
qui continueront à avoir leur ligne poli-
tique mais qui pourront avoir des actions
communes.
Il est vrai qu'aujourd'hui, le problème
est beaucoup plus laborieux qu'une ac-
tion spectaculaire comme l'action des
barricades et qu'il est aussi important.
C'est pour ça que je propose que la
discussion organisationnelle soit vrai-
ment portée dans tous les comités. Et
puis nous verrons si, effectivement, la
demande de la base, la demande des
différents mouvements correspond à une
forme d'organisation telle qu'elle a été
proposée pour ce soir, nous reviendrons
sur notre position.
La masse critique
Vigier : Moi je suis d'accord avec Ben
Saïd et pas avec Cohn-Bendit. Nos di-
vergences ne portent pas sur la question
politique générale. Un des aspects re-
marquables de ce mouvement c'est la
convergence politique — le refus des
élections, le refus de la récupération.
Mais je ne suis pas d'accord avec lui
sur la question d'organisation. Dany pré-
tend que l'organisation est prématurée ;
nous avons dit ce soir au contraire que
nous pensions qu'elle était urgente.
Pourquoi ? Pour trois raisons.
| D'abord, parce qu'il est extrêmement
! important, à notre avis, face à la me-
nace gaulliste, de présenter immédiate-
ment devant l'opinion une masse criti-
que révolutionnaire suffisante pour rallier
la masse des jeunes travailleurs, la
masse des révolutionnaires qui sont
prêts aujourd'hui à se détourner de la
voie néo-sociale-démocrate présentée
par les partis parlementaristes de la
respectueuse opposition de S.M. de
Gaulle, et qui veulent trouver une autre
voie. Et il ne faut pas oublier que la
classe ouvrière française, la masse des
militants communistes, des militants syn-
dicalistes de la C.G.T., a pris l'habitude
du travail de masse et qu'elle a besoin
d'adhérer à une organisation suffisam-
ment importante pour pouvoir conduire
son action révolutionnaire dans les usi-
nes.
Une ligne - communarde » contenant
un certain nombre des idées que Dany
a développées ce soir, apparaît et une
des tâches essentielles du nouveau M.R.
sera d'organiser la recherche théorique
dans le libre affrontement des courants
révolutionnaires qui y conflueront.
Dany dit que c'est fait par le haut ; mais
je pense qu'il fallait le faire, en partie,
pour déverrouiller la situation aujour-
d'hui, pour déverrouiller les bureaucra-
ties spontanées qui refusent toute ligne
politique, tout débat politique aujour-
d'hui.
Le prix du temps
Weber : Camarades, je ne repren-
drai pas ce que viennent de dire le
camarade ben Said et le camarade
Vigier. Je crois que le désaccord qui
nous oppose au camarade Daniel Cohn
Sendit — à une partie du mouvement
du 22 mars, on vient de me corriger —
n'est 'pas tant de principe, que de mé-
thode. On dit, on répète, on tonitrue
que la situation actuelle est une situa-
tion révolutionnaire. On le dit, on le
répète mais pour bien des camarades
— et j'espère que le mouvement du
22 mars n'est pas à ranger parmi ceux-
là — cette affirmation reste une affir-
mation abstraite qui ne tire pas à con-
séquence au niveau du comportement
du militant révolutionnaire.
Camarades, je suis parfaitement d'ac-
cord avec la partie du mouvement du
22 mars qui est d'accord avec Daniel
Cohn-Bendit, je suis d'accord avec
elle, quant à la mesure et quant à la
méthode qu'elle propose et je dis :
cette méthode est une méthode cor-
recte dans une période de calme plat
de la lutte des classes, dans une pé-
riode normale, dans une période natu-
relle, dans une période où les événe-
ments vont lentement, dans une pé-
riode où les révolutionsnaires ont leur
temps. Dans une période comme la
nôtre, dans une période de révolution
comme celle que nous vivons, — et le
temps ne s'écoule pas simplement jour
par jour, ni heure par heure, chaque
minute compte énormément, je crois
que c'est une affaire de bon sens, il
y a une accélération du temps qui est
tout à fait considérable.
Nous décider
Camarades, dans la période révolu-
tionnaire que nous vivons, les heures
coûtent cher et on n'a pas le temps de
se donner des gants, on n'a pas ie
temps de faire du supra-démocratisme,
il y a des moments où il faut savoir
prendre des décisions, il y a des mo-
ments où même il faut prendre les res-
ponsabilités, en tant que militant révo-
lutionnaire, de hâter des processus qui
sont trop lents. (Appl.). Et là-dessus,
camarades, je voudrais rappeler les
choses suivantes : à partir du moment
où le centre de gravité des luttes s'est
déplacé des Facultés et du mouvement
étudiant aux usines et au mouvement
ouvrier, à partir de ce moment, les
choses ont changé du tout au tout. A
partir du moment où le centre de gra-
vite des luttes s'^st déplace des Fa-
cultés vers les usines, le problème qui
s'est posé à nous est le suivant : ou
bien les organisations réformistes, les
organisations traditionnelles du mouve-
ment ouvrier, le parti communiste et la
C.G.T., pourront faire ce qu'ils veulent
et ramener le torrent dans son lit, ou
bien le mouvement étudiant et l'avant-
garde seront capables de se donner les
forces organisationnelles qui leur per-
mettront de peser encore sur les évé-
nements.
Les travailleurs décident
D. C.-B. : Pour l'instant il ne s'agit
pas pour moi de dire si on est socia-
liste, libertaire ou communiste intran-
sigeant ou communiste enragé, il s'agit
de dire si oui ou non on peut conti-
nuer une lutte révolutionnaire en France
aujourd'hui c'est-à-dire si on est prêt
non pas à entrer, comme je l'ai dit
dans le jeu d'une fausse légalité, mais
de continuer avec la lutte des travail-
leurs tant que les travailleurs conti-
nueront leur lutte. Ce n'est pas à nous
effectivement de décider si les travail-
leurs doivent continuer c'est à eux,
c'est eux qui le décideront dans leurs
usines; ce que nous pouvons faire, et
il y a effectivement toujours le pro-
blème de notre soi-disant opposition
au parti communiste et à la C.G.T., je
crois que maintenant l'affirmation que
nous faisons le jeu du pouvoir gaul-
liste que nous sommes de mèche avec
le pouvoir gaulliste, tombe après la
dernière manifestation; ce que nous
disons, et je crois que nous le démon-
trons ici ce soir, c'est que ce ne sont
et ce n'ont jamais été les divergences
qui, justement, empêchent un mouve-
ment de continuer, donc effectivement
ce ne sont pas des divergences avec
le parti communiste qui empêchent
qu'on ait de fait (si nous continuons
l'action et si le mouvement ouvrier con-
tinue l'action) une liaison; il ne s'agit
pas, pour nous d'être suivis par la
classe ouvrière mais il s'agit pour nous
d'être solidaires dans la lutte avec la
classe ouvrière aussi longtemps qu'elle
lutte. Nous disons qu'effectivement
tout va très vite, nous n'avons pas
dit que cela durerait des semaines et
des semaines avant que nous puissions
nous organiser ; mais nous répétons
que ce n'est pas, et c'est bien que les
camarades aient posé, et peut-être que
d'abord quelque chose que l'on pose
c'était la seule manière en créant
le problème de l'organisation. Très bien.
Mais à partir d'aujourd'hui il n'est pas, je
crois important de faire maintenant un
problème, de dire : il faut aller vite, très
vite, très vite car les autres vont très
vite; de toute façon nous savons que
le mouvement révolutionnaire a si l'on
veut certaines barrières, c'est-à-dire
qu'il ne pourra pas se développer infi-
niment, parce qu'il existe des organi-
sations traditionnelles de la classe ou-
vrière; ce que nous savons donc c'est
que le mouvement révolutionnaire en
prenant souvent l'initiative a pu lancer
les mouvements, c'est pour ça qu'on
l'a appelé le fer de lance...
L'internationale
II y a encore un autre problème que
nous avons délaissé, c'est le problème
des universités. Je crois qu'il faudra
poser le problème de la relance de ces
universités d'été de faire de toutes les
universités de Paris des centres d'ac-
cueil pour toute la jeunesse révolution-
naire du monde, c'est-à-dire d'obliger le
gouvernement à laisser rentrer en France
les jeunes révolutionnaires allemands,
italiens, qui veulent discuter avec nous
dans les facultés parce que des facultés
on peut faire des bases, des dortoirs,
etc., des problèmes révolutionnaires qui
se posent au niveau européen nous
avons maintenant une situation qui nous
permet d'occuper toutes les universités ;
faisons de ces universités des bases de
discussion européennes pendant tout
l'été pour développer le mouvement ré-
vohrtkmneire à une échelle européenne.
LE THÉÂTRE
DES
OPÉRATIONS
Faute de risquer un coup d'Etat —
il n'en a pas les moyens — le pouvoir
a fait son coup de théâtre : Je me retire
puis je reviens, tout recommence comme
avant, les C.R.S. m sont pas S.S.
les ouvriers n'ont pas occupé les usines,
tout rentre dans l'ordre : le* travailleurs
travaillent, les bourgeois partent en
vacances. Des réformes oui : Debré
prend la place de Couve et Couve
celle de Debré. Et tout le rette n'est
que chienlit, anarchie, pègre. 1958-
1968, le régime s'installe et se maintient
en agitant le spectre de la guerre civile,
cet épouvantai! à moineaux parlemen-
taires.
Terrorisme + répression
Ne pouvant pas organiser la répres-
sion en grand, il veut faire des exem-
ples ; les C.R.S. et les autre» polices
officielles ou privées, il les utilise à pe-
tites doses, sur des points précis. Ter-
reur en grand, répression en détail,
phrases pompeuses contre - l'anarchie »
et petits coups des nervis, telle est la
nouvelle politique de Pompidou.
C'est aujourd'hui, sur les lieux de tra-
les
pirates
de
l'ORIF
Depuis le 19 mai, l'O.R.T.F.
est en grève. Mais la loi impose
que soit maintenu un tournai
télévisé à 20 heures. Jusqu'au
3 juin, ce journal télévisé a été
assuré par des « jaunes » et le
comité de grève n'en garantit
aucunement l'objectivité.
Par contre, les bulletins de
France-lnter ont été assurés par
des /ourna/istes partisans du
mouvement de grève, mais qui
ont réussi en quelque sorte à
imposer l'objectivité, notamment
en ce qui concerne le contrôle
des communiqués concernant
les reprises de travail. Cette
lutte des journalistes de France-
lnter est devenue chaque jour
plus difficile. Depuis le retour
de la directrice Jacqueline Bau-
drier, certains journalistes ont
dû démissionner, parce qu'ils
apprendre
l'autodéfense
Le « Comité d'Action Civique
du Bas-Rhin - a déclenché son
offensive contre les étudiants
et les travailleurs qui occupent
l'université de Strasbourg. La
tactique qu'il utilise fait appa-
raître sa double fonction : pro-
pagande électorale et répres-
sion. Le 1er juin, il a organisé
un meeting de défense de la
République qui n'a pas réuni
plus de huit cent personnes. Ce
meeting s'est transformé en une
manifestation à la tête de la-
quelle marchaient André Bord,
secrétaire d'Etat à l'Intérieur,
Radius, député U.D.-V6, et le
professeur Fontaine qui jusque-
là avait milité dans le mouve-
ment pour la transformation ré-
formiste de l'Université.
Les " Favorites
de
Guéna
L'ex - ministre des Postes Guéna
(aujourd'hui à l'Information) a mené le
premier une offensive généralisée pour
la « liberté du travail ».
Sans chèques postaux, sans cour-
rier comme sans essence, la vie bour-
geoise s'affole. Ce sont là des points
névralgiques. Il faut y mettre bon ordre.
Ministre de combat, M. Yves Guéna a
pris les devants •. faire craquer la
chaîne par un maillon qu'il espérait
faible. Le maillon a tenu bon.
JEUDI 30 MAI :
Guéna appelle les postiers à se
constituer en comités pour la liberté du
travail. Ils recevront l'appui des forces
de l'ordre, si besoin.
L'accueil réservé à ces propositions
est frais ; Centre 13, avenue d'Italie,
principal centre postal du 13*. La poste
compte environ 150 employés, en majo-
rité des hommes. Il y a 3 non-grévistes.
Aux C.C.P., en revanche, 50 des
200 employés sont violemment contre la
grève. Parmi les mieux payés (800 F par
mois), ces non-grévistes forment seule-
ment le T des effectifs gloBaux. Jeudi
soir, après l'appel de Guéna, êtes gre-
vai! occupés, dans les quartiers, sur les
places publiques, que nous combattons
la dernière offensive du pouvoir. Par le
maintien de la grève jusqu'à pleine et
entière satisfaction de leurs revendica-
tions, les travailleurs peuvent mettre en
échec le plan gouvernemental, c'est au-
jourd'hui qu'ils entreprennent de gagner
le jeu électoral de demain ; ne pas céder
dans la grève, c'est dégonfler le mythe
de la terreur par lequel ce gouvernement
aux abois essaie de paralyser toute criti-
que, c'est dissiper la menace qui pèse
sur l'électeur et le fait tourner en bour-
rique, c'est-à-dire, en gaulliste.
La France ne peut plus être ordonnée
d'en haut, par la volonté terroriste d'un
gouvernement menaçant de guerre civile
chaque fois qu'il est contesté ; l'organi-
sation viendra d'en bas ; par le socia-
lisme que veulent ouvriers-étudiants,
techniciens et paysans — toutes les
forces productrices de la Nation.
De Gaulle veut régner par la terreur.
Il menace du « pire », c'est la politique
du « bord de l'abîme ». (La comparaison
a été faite par - Le Monde » 2-3 juin).
De Gaulle peut user de sa force, mais
n'en a pas. De quoi en effet nous mena-
cent les gaullistes ?
Intox + promesses vides
Un journal bourgeois anglais a fait
froidement le compte (- The Observer »,
2 juin).
ne pouvaient plus garantir l'ob-
jectivité de leur travail d'infor-
mation. Ces gens de la direc-
tion se sont livrés à un véritable
sabotage : vols de dossiers,
subtilisation de dépêches à leur
arrivée au télex. Un dernier
carré de journalistes a résisté.
La menace de leur démission
est restée la dernière arme dans
la bataille de la négociation.
Il faut savoir que la grève
générale à l'O.R.T.F. — c'est-
à dire si le technicien de service
au sommet de la Tour Eiffel
coupe l'antenne — entraîne im-
médiatement la prise en charge
des programmes techniques par
l'armée. L'occupation des lo-
caux est irréalisable comme l'a
montré l'expérience d'Issy-les-
Moulineaux où les C.R.S. sont
immédiatement intervenus. S'il
y a la moindre manifestation
dans Paris, tous les locaux de
l'O.R.T.F. sont cernés par la po-
lice.
Les miliciens
Un orchestre jouant de la mu-
sique militaire a donné au dé-
filé un style martial, entraînant
ainsi la foule des bourgeois peu-
reux qui assistaient en badauds :
A Strasbourg les trottoirs sont
avec les gaullistes.
Le recteur Bayen a proposé
sa médiation. Il a obtenu du
Comité d'Action Civique la pro-
messe que le défilé passerait
sans s'arrêter devant le palais
de l'Université. Par ailleurs, i! a
obtenu que les étudiants ne
protestent pas contre le recours
à la police pour « protéger »
le palais universitaire et n'en-
qagent aucune riposte.
La manifestation gaulliste est
arrivée avant la police. La dis-
persion a eu lieu devant l'uni-
versité. Un commando d'anciens
parachutistes s'est alors lancé
vistes prennent contact avec les comités
d'action du 13e. Le lendemain matin les
comités viendront renforcer le piquet de
grève, participer à l'organisation de
meetings entre les postiers en grève et
la population du quartier.
VENDREDI 8 HEURES :
Le piquet de grève en place depuis
5 heures du matin s'est grossi d'habi-
tants du quartier. Ils sont une centaine
devant l'entrée, vers laquelle s'avancent
les 50 employées antigrévistes des
C.C.P., coude à coude, menées par le
receveur. (Ce dernier a laissé trois jours
auparavant la police pénétrer dans les
locaux.)
Après une heure d'hésitation, la police
force la porte, barricadée. Arrivé en
renfort un car de flics reste à l'extérieur.
Le travail a-t-il repris ce vendredi
31 mai aux C.C.P. du centre 13? Les
grévistes qui avaient pris la décision de
refuser l'épreuve de force physique avec
la police pour désamorcer la provocation
gouvernementale contrôlent, en tout état
de cause, la situation : les 6/7 d'entre
eux n'ont pas repris le travail. A elles
seules, 50 employées des C.C.P. ne
peuvent pas faire fonctionner la maison.
Elles ne sont pas même capables d'assu-
rer les urgences garanties par les gré-
vistes quand ils occupaient les locaux.
Toute la journée, la population du
quartier verra se tenir un meeting per-
— Police sous « contrôle » du minis-
tère de l'Intérieur : 83 000 hommes, y
compris 13 500 uniformes noirs de C.R.S.
— Gendarmerie Nationale, dépendant
du ministère des Forces Armées : 61 000
hommes, la plupart fixés en province et
indéplaçables. Comprenant une section
« rouge * de 16000 hommes avec tanks
et voitures blindées. Les réserves appe-
lées la semaine dernière se montent à
7 000 hommes.
— L'armée enfin : 168000 hommes,
dont 120000 du contingent absolument
pas disposés à soutenir un coup d'Etat.
Cela ne suffit pas contre 10 millions
de grévistes qui tiennent en leurs mains
les rouages essentiels de la vie écono-
mique du pays. De Gaulle se conduit
comme s'il avait une force de frappe
mais il sait bien qu'il n'en a pas. Ses
menaces sont de l'intoxication (on multi-
plie par trois ou quatre les manifestants
bourgeois à la Concorde, on proclame
la reprise du travail assurée, etc.).
La tactique du pouvoir est limpide :
puisqu'il ne peut pas user de la force
en gros, il va attaquer en détail, sur des
points sélectionnés (C.R.S. contre pi-
quets de grève). En même temps sa
propagande accentuera à fond l'inquié-
tude de la population (terrorisme de
I' « action civique ») et la promesse
de la paix gaulliste (l'essence revient).
On applique aux travailleurs français
La révolution du statut
Pair ailleurs, la bataille syn-
dicale est elle-même difficile.
| Le statut de l'O.R.T.F. ne peut
| être modifié que par une loi.
Aujourd'hui il n'y a pas de par-
lement. Pour surmonter cet obs-
tacle, l'intersyndicale a élaboré
des principes de base d'un futur
statut de l'O.R.T.F., mais aussi
un projet de régime transitoire.
Ce régime transitoire se définit
ainsi :
— Remplacement du Conseil
d'administration actuel par un
comité de gestion composé
pour un tiers des représentants
désignés par l'Etat, pour un
tiers des représentants désignés
par le personnel et pour un
tiers par des personnalités dé-
signées par les deux collèges
et choisies pour représenter les
divers aspects de la société
française.
— Direction générale propo-
sée par le Conseil de gestion et
à l'attaque du palais, appuyé
par la foule qui réclamait que
le drapeau rouge soit amené.
A coups de pavés ils ont dé-
foncé portes et fenêtres pour
pénétrer dans l'aile gauche du
palais. Armés d'extincteurs et
de chaises, les étudiants les
ont refoulés dehors.
Alors sont intervenus des mé-
diateurs de tous poils : étudiants
et professeurs réformistes,
doyens, ecclésistiques et rec-
teur. Le drapeau européen, puis
le drapeau tricolore ont été his-
sés à côté du drapeau rouge.
La foule gaulliste huait ces ten-
tatives de compromis, réclamant
qu'on brûle le « chiffon » rouge.
Finalement la police a fait éva-
cuer les alentours de l'univer-
sité, s'assurant ainsi le contrôle
permanent des lieux.
Le lendemain, le conseil de
rnanent de solidarité constamment renou-
velée. Un meetinq se tient aussi devant
la mairie à 14 heures.
MARDI 5 JUIN :
Le même dispositif est prêt.
— Centre des chèques postaux, rue
des Favorites (15S), l'un des 3 principaux
centres de Paris (mécanographie, etc.) :
6000 employés.
VENDREDI 31 MAI, 11 HEURES :
La député U.N.R. Hautecloque mène
une manifestation offensive « d'action
civique ' devant le Centre, à la tête de
260 employés, 200 CRS à l'appui, blo-
quant les deux issues, rue d'Alleray et
rue des Favorites, ils refoulent les gré-
vistes. Grimpant sur la terrasse par des
échelles, les flics pénètrent dans les
locaux en cassant les carreaux. Grâce
à quoi la <• manifestation » rentre à son
tour. Les 260 employés signent leur
feuille de présence qui, leur ont dit les
autorités, vont leur assurer une prime.
Toutes les usines du quartier, ainsi que
le comité d'action sont alertés.
Le soir, les grévistes qui vont pren-
dre la relève trouvent les portes fermées
par la police ; la police veut « éviter les
sabotages ».
Là non plus, rien n'a fonctionné, mal-
gré les bons offices de Mme de Haute-
cloque.
« l'action psychologique - qui a raté
contre les Algériens.
De Gaulle parle et l'essence coule à
flots : le parti de l'ordre a retrouvé son
Dieu. Maintenant tout le monde sait
quel ordre on prétend rétablir : celui
de la répression et de la terreur.
Les gaullistes ont peur
De Gaulle a accompli la première par-
tie de son programme : il a réussi à
terroriser ses propres troupes — en agi-
tant la menace de guerre civile, il a
réveillé le petit bourgeois peureux, celui
que les commandos fascistes manipulent.
Toute la paresse du XVIe arrondissement
s'est donné rendez-vous aux Champs-
Elysées, encadrée par les groupes de
choc venus par cars de la France entière,
encadrée encore par les flics en civil.
Manifestation extrêmement importante :
pour la première fois depuis 1934 la
bourgeoisie réactionnaire est obligée de
se compter dans la rue. Elle n'a pas
changé, elle est chauvine mais se vendra
aux Américains dont elle agite le dra-
peau, elle est raciste (< Cohn-Bendit à
Dachau I » crie-t-elle), elle est prête à
faire le lit de n'importe quel Miller.
La deuxième partie du programme de
de Gaulle est ciaire : il veut terroriser
les travailleurs. Il assimile la grève et
l'insurrection (« on empêche les travail-
leurs de travailler »), II envoie les C.R.S.
désignée par le gouvernement.
— Commissions paritaires au-
près de chaque direction locale
pour préparer la future organi-
sation de la radio et de la télé-
vision.
— Impartialité de l'informa-
tion contrôlée par le Conseil
de gestion.
Lundi 3 juin, le ministre de
l'Information a convoqué l'inter-
syndicale pour lui signifier ses
décisions :
— création d'une commission
d'études de la réforme du sta-
tut ;
— augmentation de 13,77 %
de la masse salariale -,
— promesse d'examiner les
revendications professionnelles
du personnel non permanent ;
— réduction de la durée heb-
domadaire du travail à 44 heures.
Cela signifiait la rupture de
I a négociation. E n riposte,
France-lnter s'est mis en grève
à 19 heures.
l'université autonome a voté le
retrait du drapeau rouge, jus-
tifiant cette décision par le fait
qu'il ne fallait pas être plus fé-
tichiste que les nationalistes et
tout sacrifier à l'objectif fonda-
mental : l'occupation des lo-
caux. L'autodéfense du palais
a été assurée provisoirement
par des barricades intérieures
bloquant les escaliers et les cou-
loirs.
Instructions militaires
Les étudiants enragés de
Strasbourg peuvent tirer plu-
sieurs leçons :
1) II est imbécile de compter
sur la protection de la police.
2) Les réformistes apportent
une médiation dont le seul but
est de dépolitiser le mouvement.
contre les piquets de grève, il promène
ses dix mille parachutistes dans toutes
les campagnes pour effrayer les paysans,
il prétend quadriller les quartiers par
ses commandos du « civisme » qu'un
journal aussi bourgeois que « Le
Monde - fait rimer avec fascisme. C'est
cela, la campagne électorale qu'il orga-
nise. La méthode est connue : il s'agit
d'appliquer à la France entière les mé-
thodes qui ont fait élire Michel Debré
à l'ile de la Réunion : que les grèves
cessent, qu'on ferme la bouche à coups
de matraques, le petit bourgeois terro-
risé votera pour l'ordre et la France sera
colonisée par les groupuscules fascistes.
Mais la seule force réelle du pouvoir,
c'est la faiblesse, l'inorganisation et la
trahison de ceux qui représentent les
travailleurs en grève. Ce n'est pas le
discours de de Gaulle qui fait planer
la menace fasciste, c'est le vide qu'il
peut avoir en face de lui, c'est l'absence
d'une stratégie qui sache utiliser la force
unie des travailleurs en grève.
Il faut répondre au chantage par l'or-
ganisation, aux coups par des coups. La
violence du pouvoir est la violence ter-
roriste d'une minorité. La violence det
travailleurs et des étudiants n'est pas
terroriste mais d'auto-défense ; l'occu-
pation des lieux de travail par les tra-
vailleurs en grève jusqu'à la satisfaction
de leurs revendications, c'est l'affirma-
tion de la force de la majorité.
O.R.T.F. silence
La menace de lock-out s'est
précisée. Toutes les portes qui
permettent d'accéder au bureau
de l'Intersyndicale ont été ver-
rouillées. Seuls les délégués
syndicaux ont eu le droit d'en-
trer.
Les émetteurs de Nancy et
Lyon ont été encerclés par
l'armée et réquisitionnés.
Dans la journée du 4 juin
ces mesures répressives ont
été levées. Mais les négocia-
tions n'ont pas reprises. La di-
rection de l'O.R.T.F. a donné
un film en pâture aux téléspec-
tateurs. Cela n'a eu pour con-
séquence que de souder l'unité
syndicale parmi toutes les ca-
tégories de personnel. Désor-
mais la vraie grève commence.
L'O.R.T.F. aux mains du pouvoir
n'existe plus. Les journalistes,
les techniciens, les auditeurs et
les téléspectateurs vont assu-
rer leur propre information.
3) L'autodéfense est une né-
cessité urgente.
Le retrait des drapeaux rou-
ges est présenté comme une né-
cessité tactique. Mais c'est déjà
un abandon de la liberté d'ex-
pression politique. De toute fa-
çon, les Comités d'Action Civi-
que trouveront d'autres prétex-
tes d'intimidation. Leur but est
de liquider les occupations. Dé-
jà à la Sorbonne, la campagne
alarmiste sur le trafic d'armes
à feu, les calomnies puritaines
sur l'immoralité, les incendies
provocateurs, etc. tendent à
donner des prétextes à une in-
tervention policière. Le mot
d'ordre d'autodéfense est plus
que jamais justifié : démentez
les faux bruits, dissimulez-vous
aux flics, protégez les locaux
que vous occupez, préparez-
vous des terrains de repli.
-3
LES
ACCORDS
MAQUIGNONS
M y a une semaine, la matinée
du lundi 27 mai fut éloquente et
a exprimé, plus que tout dis-
cours, la portée réelle de l'occu-
pation quasi générale des usines
et entreprises de France.
L'occupation des usines conti-
nuait, — le pouvoir était en dé-
route, — la bourgeoisie, gagnée
par la peur, hésitait quant aux
solutions de rechange.
Vendredi 31 mai, au terme
d'une laborieuse mise en scène,
le Général de Gaulle entend
frapper le grand coup et assure
envisager toutes les éventualités
sans exception. La bourgeoisie
pousse son « ouf » de soulage-
ment et se resserre derrière le
pouvoir. L'intoxication reprend
de plus belle. Les journaux, les
radios égrènent la liste des
reprises de travail. Pourtant, une
semaine après les accords de
Grenelle, « Le Monde » constate
que « les signes avant-coureurs
d'une large reprise de l'activité
paralysée par les grèves n'ont
pas été confirmées... ».
Les accords de Grenelle n'ont
donc rien réglé. C'est à travers
leur échec que se révèle la
réelle crise politique que tra-
verse !e régime. De Gaulle et
Pompidou ont beau menacer du
bâton, la classe ouvrière tient.
Doit-on affirmer pour cela qu'elle
mène prioritairement une grève
politique dont les objectifs re-
vendicatifs ne sont que le pré
texte. Cette alternative semble
fausse à l'analyse et il est bon
de revenir sur le contenu du
protocole d'accord et les cir-
constances dans lesquelles il a
été signé.
Les «accords» de Grenelle
Dans la nuit du dimanche 19
au lundi 20 mai tout semble
consommé dans la modestie sou-
cieuse qui caractérise les direc-
tives des Centrales ouvrières.
Séguy insiste sur !e dur combat
qu'il a mené avec ses collègues
durant 28 heures « non-stop »
« pour essayer de DENOUER
LA CRISE dans l'intérêt des tra-
vailleurs et de leurs familles =
le constat est positif puisque
« des revendications qui se sont
heurtées au refus du gouverne-
ment et du patronat, ont trouvé
une solution, sinon totale du
moins partielle ». « Ce qui a été
décidé ne saurait (par consé-
quent) être négligé ». M. Pompi-
dou, qui n'est pas sourd, affirme
quant à lui que « les organisa-
tions syndicales (...) souligne-
ront le caractère très fécond de
cette négociation ».
Mais la suite des événements
ne se déroule pas comme prévu.
La C.G.T. avait certes conseillé
aux travailleurs de rester en
grève pour négocier les détails
avec leurs directions patro-
nales respectives. Cependant,
dès 8 heures, les ouvriers des
« usines-témoins » vont donner
un autre sens à ce maintien de
la vigilance. Avant même que
Benoît-Frachon, G. Séguy et A
Jeanson n'interviennent à Billan-
court, 12000 ouvriers de Renault
décident de ne pas s'arrêter
Pour eux, c'est l'évidence et il
ne s'agit pas simplement de polir
le protocole d'accord dans le
cadre de la Régie. Quand il
protestent contre l'augmentation
hiérarchisée des salaires, quant
ils interrompent Séguy qui an-
nonce le projet d'indemnisation
des journées de grève par une
avance de 50 % de leur salaire
quand, à la fin du discours de
Descamps qui pour faire la pièce
à la C.G.T. entend apporter son
soutien aux étudiants, ils répon-
dent aux cris de « Unité ! » et de
« Gouvernement populaire », les
12000 ouvriers de Billancourt
expriment clairement une réac
tion partagée par une très
grande majorité de la classe
ouvrière : l'occupation des
usines, les exigences revendi-
catives ne se résument pas à
un mouvement social d'une am
pleur inaccoutumée, il s'agit bien
pour eux d'obtenir que ÇA
CHANGE, que la politique re
vendicative à la petite ou à I;
grande semaine soit enterrée
Si Séguy se retient de parle
de grève générale, eux la vivent
ça ne fait pas de problème. L
revendication de 1 000 F comme
salaire minimum, la semaine de
10 heures payée 45 ou 48 heures
xpriment cette volonté. La dé-
ermination de voir les journées
de grève payées entièrement
xprime le sentiment de force
absolument nouveau, partagé
par tous ceux qui, d'un bout à
'autre de la France, occupent
es usines, le drapeau rouge à
eur fronton. 1 000 francs par
mois, ils le savent, le gosverne-
ment gaulliste n'est pas en
mesure de les accorder. Mais,
ce lundi matin, ils maintiennent
cet objectif : il est l'expression
d'un refus du pouvoir, la volonté
de la fin du régime.
Or, qu'ont conclu les Syndi-
cats avec Pompidou et le
.N.P.F. ? Des accords qui sont
en-deçà de tout ce qu'ils pou-
vaient imaginer. Les 1 000 F et
es 20 % d'augmentation sont à
cent coudées de ce qui est pro-
posé.
10 % D'AUGMENTATION DES
SALAIRES? En fait, en faisant
quelques calculs, ce ne sont que
7,75 % d'augmentation de la
masse salariale qui sont en jeu,
ce qui n'a vraiment rien d'excep-
tionnel (1). Or, cette hausse glo-
bale fut de 6 % dans l'industrie
en 1967. Le bilan réel de la lutte
serait donc de 1,75% alors que
es salaires français sont ceux
parmi les plus bas du Marché
commun.
LA REDUCTION A 40 HEURES
DE TRAVAIL? Un vague accord
est conclu promettant une réduc-
tion de 2 heures sur 48 heures
et d'une demi-heure pour les
semaines de 45 à 48 heures
D'ICI LE TERME DU Ve PLAN,
c'est-à-dire vers 1970!
UN RALENTISSEMENT DES
CADENCES DE TRAVAIL?
Rien ! Alors que la « producti-
vité » du travailleur français est
jugée l'une des plus élevées
d'Europe occidentale. Il est affir-
mé que le droit syndical est amé-
lioré, mais les travailleurs ne
reçoivent aucun pouvoir de
contrôle précis dans la marche
de l'entreprise, etc.
Des accords
sans garanties
A défaut de satisfaction des
travailleurs, le pouvoir et le
patronat seraient-ils sérieuse-
ment ébranlés ? Voir... Certes,
la compétitivité de l'économie
française en prend un coup
dans l'aile à quelques semaines
de l'ouverture de nouvelles fron-
tières dans le Marché commun.
Mais à terme ? Rien n'est moins
sûr et l'on peut avancer que le
protocole d'accord, s'il avait été
acquis, irait dans l'intérêt de la
politique économique giscar-
dienne : les projets d'accord
conclus seraient indéniablement
défavorables aux petites et
moyennes entreprises. Leur fai-
ble compétitivité, leur politique
de bas salaires les rendraient
vulnérables et favoriseraient leur
soumission progressive aux
grandes unités industrielles.
Pour ces dernières, rien de
grave ne les atteindrait. Des diri-
geants de la Régie Renault répé-
taient en coulisse, la semaine
dernière, qu'accorder 7 à 10%
ne les généraient pas outre
mesure. Pratiquant une politique
des salaires supérieurs à la
moyenne, l'augmentation du
SMIG de 2,20 à 3 F de l'heure
ne les concernerait pratique-
ment pas. La hausse de 7,75 %
de la masse salariale ne pourrai
qu'accélérer des processus de
fusion qu'acceptent de plus en
plus les représentants du granc
capital industriel.
Reste que l'aspect le plus
important de cette tentative de
« dénouement » de la crise fu
son caractère de démission e
sa réalité dérisoire : non seule
ment la signification politique
profonde de l'occupation des
usines était escamotée et ren-
voyée à l'ordre légal du réfé
rendum mais, plus encore, ce ré
sultat des négociations était en
deçà des revendications de sa
laires et de conditions de tra
vail actuelles rendues à l'évi
dence possibles par le rapport
de forces tel qu'on pouvait l'ap
précier dimanche soir.
Un faux calcul
Vain calcul. FAUX calcul de
bureaucrates. Les ouvriers, e
particulièrement ceux des sec
teurs de pointe (automobile
aéronautique, chimie) n'ont pas
balancé entre la poursuite d'un
mouvement qu'ils sentent sans
précédent et des avantages seu-
ement un peu plus solides que
l'habitude. Les délégués cégé-
istes de base eux-mêmes n'ont
pas hésité.
Dans de nombreuses entre-
prises, les délégués C.G.T. du
ersonnel, sans aucun doute sin-
cères pour la majorité d'entre
eux, affirmaient à qui voulait
es entendre, qu'il n'était pas
question d'accords signés dans
a nuit du 26 au 27 mai. Ils affir-
maient que les « propositions
que Pompidou avait concédées »
ne correspondaient en rien à
eurs revendications.
Les drapeaux rouges conti-
nuent à flotter au faîte des
usines, aux portes, aux grillages.
Dès mardi 28 mai, la C.G.T., sui-
vant le mouvement, avance l'ob-
ectif de « Gouvernement popu-
aire » qui constituera le leit-
motiv de la grande manifesta-
ion du mercredi 29.
Mais, avec, la contre-attaque
du pouvoir, avec le discours me-
naçant de de Gaulle, le scéna-
rio du week-end précédant va se
reproduire. Très vite, la direc-
ion de la C.G.T. abandonne le
mot d'ordre officiel de « Gouver-
nement populaire » et précise,
par la bouche de Séguy, que la
Centrale ne gênera en rien les
élections et qu'elle se déclare
prête à poursuivre cette négo-
ciation à l'échelle gouvernemen-
tale et du C.N.P.F. et à tous les
autres niveaux afin de parvenir
à un accord susceptible d'être
accepté par les travailleurs »
(conférence de presse du
31 mai).
Du côté du pouvoir, l'intoxica-
tion est largement mise à contri-
bution, pour faire croire que, dès
ces jours-ci, les reprises du tra-
vail ne font que se multiplier. On
croit enfin la boucle bouclée.
M. Ferniot, l'éditorialiste de
« France - Soir » affirme que
« la révolution est morte » et que
le soleil de Pentecôte annonce
le retour à l'ordre serein des
choses.
La question du pouvoir
Mais, heure après heure, la
confiance réactionnaire du pou-
voir est battue en brèche. Les
C.R.S. peuvent vider les comités
d'occupation, ils ne peuvent
remplacer les grévistes. La
R.A.T.P., la S.N.C.F., les P.T.T.
considérés comme points vulné-
rables (salaires plus bas, sec-
teur public, possibilités de réqui-
sition) demeurent, contre l'at-
tente de certains, dans la para-
lysie complète, qu'aucun accord
dans le proche immédiat ne sem-
ble briser. Au contraire, les syn-
dicats se durcissent ; la base ne
désarme pas ; elle commence à
organiser les conditions durables
de la poursuite de la grève. Le
pouvoir direct des travailleurs,
prenant sa source dans l'occu-
pation des usines, émerge lente-
ment dans le processus de
l'action.
Le 27 mai au matin, Benoît-
Frachon, à Billancourt, faisait
allusion aux accords Matignon.
S'ils furent non suivis d'effet
quant aux pouvoirs réels des tra-
vailleurs, ils étaient toutefois à
cent coudées des projets d'ac-
cords du 27 mai.
(1) A la suite des grèves de 1953-1954,
des augmentations de salaires de l'ordre
de 15 % avaient été accordées. Les
salaires allemands durant la première
moitié des années 1960 augmentaient de
7 à 10 % par an. Cf. «• Le Nouvel
Observateur » n° 185, 30 mai.
AUX MILITANTS
Pour qu'ACTION soit vraiment un
instrument de lutte, pour qu'ACTION
dise ce que la presse tait, le journal
sera maintenant à votre disposition
tous les trois jours, tous les deux jours,
tous les jours peut-être. Pour cela,
nous avons besoin d'argent, nous
avons besoin d'équipes de distribution,
nous avons besoin de i'aide et
de la participation de tous. Que
les comités d'action nous transmet-
tent l'information que la presse passe
sous silence. Tous les jours la table
du Comité de Rédaction sera à votre
disposition dans la cour de la Sor-
bonne.
le directeur de la publication :
Jean-Pierre VIGIER
Travail exécuté par des ouvriers syndiqués
Grandes Imprimeries « PONS Centre
fâJEJirt 142, rue Montmartre
HZFTl Paris (2-)
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N/o/V
Tableau (incomplet) des Comités d'action
des quartiers de Paris
Pour contacter les autres Comi-
tés, se rendre à la Coordination
des Comités d'Action, Institut de
Psychologie, 28, rue Serpente,
Paris-Vle (près de la place Saint-
Michel).
COMITES D'ACTION AYANT
UNE PERMANENCE PUBLIQUE
III . — TEMPLE : Ecole des Arts
Appliqués, 11, rue Dupetit-
Thouars. ARC. 59-09.
IV". — SAINT-LOUIS : Direction
des Services Parisiens de l'Edu-
cation surveillée, 18, rue Saint-
Louis-en-L'Isle. Tél. 633-95-34. -
F.N.A.C. : Ecole primaire, 3, rue
Paul-Dubois.
V". — CONTRESCARPE : Halle
aux Vins, Amphi 32. Réunions à
21 h. - MOUFF-MUTUALITE :
•• Maison pour tous », 19 bis, rue
Tournefort. Permanence 18-20 h.
VII'. — BELLECHASSE : « Beaux-
Arts ».
VHP. — GRAND PALAIS : même
adresse.
IX'. — CHAPTAL : Théâtre 347,
rue Chaptal.
XI". — VOLTAIRE : Maison des
Jeunes, 4, rue Mercœur. Tél.
805-25-54.
Xlll". — NATIONALE : Centre
Censier, 8, rue de Santeuil (5e).
Permanence Salle 225. - ARAGO :
I.E.D.E.S., 58, bd Arago. - GLA-
CIERE : idem.
XIV. — CITE UNIVERSITAIRE :
dans la Cité, Maison Internatio-
nale GOB 87-70, poste 312.
XVI". — PORTE DE SAINT-
CLOUD : Maison des Jeunes et
de la Culture, 1, rue du Général-
Malleterre.
XVIII". — BARBES : Ecole des
Arts Appliqués, 24, rue Duperré.
- HAUTS DE BELLEVILLE : Mai-
son des Jeunes et de la Culture,
43, rue Borepo, Paris (20e).
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Title
Action
Issue
no.4
Date
Keywords
Publication information
no.4