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QUAND LES FLICS
ONT REMPLACÉ
LES ÉTUDIANTS
Le matin déjà nous remarquons
la présence d'inspecteurs de po-
lice. A 13 heures, dans la cour
de la Sorbonne, un individu muni
d'un haut-parleur signifie aux
étudiants d'évacuer les lieux.
Sommé de décliner ses qualités,
il présente sa carte de police et
affirme parler au nom du préfet.
Le périmètre de la Sorbonne est
alors envahi par les forces de
polices : trois brigades territo-
riales, avec à leur tête MM. Mar-
chand, Matta et Jobard suivis de
nombreux inspecteurs entourant
M. Crimaud, préfet de police. Ce
dernier donne sa parole que rien
ne sera entrepris pour investir
les lieux. On sait maintenant ce
que pèse la parole d'un préfet de
police.
Enquête prétexte
Le bruit court d'une enquête
criminelle, quelques passants
sont interpelés et emmenés dans
les cars, les policiers prétendant
avoir été insultés. Crimaud entre
en contact avec le comité d'oc-
cupation de la Sorbonne et le
vice-recteur Chalain. Il quitte
les lieux à 14 heures sans faire
de déclaration.
On apprend alors que le pré-
texte à l'intervention policière
est une enquête judiciaire : Jac-
ques Barbier, 18 ans, attaqué et
grièvement blessé dans la rue la
nuit précédente aurait été trans-
porté à l'infirmerie de la Sor-
bonne, aux alentours de 1 h du
matin. Une voiture, utilisée com-
me ambulance durant les barri-
cades et reprérée par la police,
l'aurait transporté à l'Hôtel-Dieu.
Le comité d'occupation pré-
cise sa position, le préfet désire
effectuer une enquête dans les
locaux universitaires. Les étu-
diants refusent cette enquête
tant que le quartier sera cerné
par les flics. Les étudiants exi-
gent donc que l'enquête soit pu-
blique, c'est-à-dire contrôlée par
des représentants des étudiants
et que les forces de police soient
immédiatement retirées du quar-
tier. Grimaud demande que la
Sorbonne soit évacuée avant mi-
nuit; il promet qu'elle sera à
nouveau ouverte et libre une fois
l'enquête terminée. Il promet
que les occupants de la Faculté
ne seront pas inquiétés s'ils quit-
tent les locaux sans résistance.
Le comité d'occupation annonce
qu'il donnera sa réponse à 20 h.
Trahison des radios
Les communications avec
l'extérieur sont très difficiles. Les
téléphones sont coupés. Jacques
Sauvageot, vice - président de
l'UNEF, essaie de gagner la Sor-
bonne. Des officiers de police
déclarent ne mettre aucun obsta-
cle à ce déplacement ; pourtant,
J. Sauvageot ne peut franchir
les barrages de police.
Vers 15 h 20, le comité d'oc-
cupation appelle tous les étu-
diants et travailleurs à venir au
Quartier Latin pour empêcher,
dans le calme et la discipline, la
provocation policière de se déve-
lopper. Cet appel, communiqué
par téléphone aux radios péri-
phériques, ne passe pas à l'an-
tenne. Ces dernières invoquent
des pressions gouvernementales
et craignent d'être privées d'an-
tenne. L' « objectivité » de l'in-
formation a ses limites...
Parlementaires flics
Le vice-recteur Chalain, ac-
compagné de M. Fernet, direc-
teur de la police judiciaire et de
quatre commissaires, reviennent
parlementer à 15 h 50. Le comité
d'occupation se réunit tandis que
le directeur de la P.J. et les com-
missaires attendent. A 16 h 20,
ces derniers sont reçus par le
comité d'occupation. Le vice-
recteur Chalain et le professeur
Fraysse arrivent à 16 h 25. On
entend chanter à l'extérieur
« l'Internationale » ; des barri-
cades sont montanément cons-
truites dans la cour.
A 16 h 45, la rue Victor-Cou-
sin et la porte de la Sorbonne
sont investies par de nombreux
inspecteurs en civils. Les négo-
ciations traînent en longueur. A
17 h 25, la sono intérieure de
la Sorbonne appelle un témoin
des faits qui se sont déroulés la
nuit précédente. A 17 h 30, le
comité d'occupation réaffirme sa
position. A 17 h 45, le directeur
de la P.J. réaffirme que rien ne
sera fait avant minuit.
L'assaut
Sans que rien ne le laisse pré-
voir, les inspecteurs en civil de
l'intérieur tentent d'enfoncer la
porte de la Sorbonne ; courtes
bagarres entre les policiers en
civil et les étudiants. Les flics
pénètrent quelques instants dans
le vestibule donnant sur la cour.
Ils sont repoussés mais les portes
restent ouvertes. Des policiers,
casqués, entrent dans le vesti-
bule sous les huées des étudiants
massés derrière quelques tables.
Pendant quelques secondes, on
peut croire que l'attaire en res-
tera là. Mais derrière, puis autour
des autorités policières, les flics
avancent avec la ferme intention
de « casser » du manifestant. Les
choses vont très vite. A la de-
mande du directeur de la P.J., les
policiers forment un couloir par
lequel certains étudiants com-
mencent à évacuer la Sorbonne.
Les inspecteurs fouillent les étu-
diants pour « vérifier si des armes
sont en leur possession ».
La police refuse à l'un des res-
ponsables de la garderie d'enfants
de donner les enfants restés dans
la Sorbonne aux parents qui
attendent derrières les cordons.
Les responsables de la garderie
seront obligés de faire passer les
enfants à leurs parents par une
fenêtre. Dans la cour, on intime
l'ordre de se retirer aux derniers
résistants ; les membres du co-
mité d'occupation sont expulsés
de force. Avec eux, le doyen Las
Vergnas et le secrétaire général
de la Sorbonne Bourjac qui rece-
vra des coups. Peu après 18 heu-
res, la Sorbonne sera rendue,
comme le dit le ministère de
l'Intérieur, à sa « véritable voca-
tion ». La police gaulliste occupe
l'Université.
Vive l'Université Populaire d'été I
COMPLOT
CONTRE
LA SORBONNE
Pendant plusieurs jours..,, la
presse et la radio ont été des
meilleurs alliés du pouvoir.
Vendredi, samedi, dimanche,
pour le gaullisme une page de
DEL DUCA et un bulletin radio
de PAOLI valaient cent gre-
nades, R.T.L., un escadron de
gardes mobiles.
Les meurtres de Flins et de
Sochaux, la semaine dernière
avaient été passé sous silence.
La presse avait mieux à faire :
elle parlait des « katangais » ;
et puis, Guena, le ministre de
l'Information l'avait dit lui-
même : « ces morts n'étaient
que des hasards tragiques ».
L'heure était aux élections.
Les C.R.S. avaient quitté So-
chaux ; des grèves qui conti-
nuaient ou n'en parlait plus. La
plupart étaient « terminées ».
Chacun parlait de la reprise du
travail. La presse n'allait pas
émettre de sons discordants. Il
n'y a plus qu'une ombre au ta-
bleau : les étudiants, la Sor-
bonne.
L'OPERATION
« KATANGAIS »
Pour faire éclater l'excès le
pouvoir lança une première
opération ; l'opération « katan-
gais » se solda par un échec
relatif, les étudiants et les tra-
vailleurs qui occupent la Sor-
bonne avaient réagis à temps.
Jeudi soir, en lisant PARIS-
PRESSE ils avaient compris que
l'affaire des « Katangais »
montée de toute pièce par le
pouvoir, serait le premier pré-
texte de son intervention : pour
déjouer la provocation il fallait
agir avant vendredi matin. Lors-
que dans ACTION nous ti-
trions : SORBONNE : CONTRE
LES PROVOCATIONS, nous ne
nous étions pas trompés. Ven-
dredi, le matin commençait à
peine que la police investissait
l'ODEON, les derniers cordons
venaient faire de l'intimidation,
matraque tournoyante, jusqu'au
coin de la rue de la Sorbonne \
Depuis 5 h 30 du matin les
étudiants et les travailleurs
avaient expulsés les « légion-
naires » Katangais. Le pouvoir
avait perdu un prétexte qui lui
avait coûté plusieurs tonnes de
papier journal, beaucoup de sa-
live radiophonique, et, c'est sûr.
quelques liasses dans les po-
ches des « légionnaires ».
Dès vendredi, dans la presse
et à la radio, la contre-attaque
commençait : on ne parlait plus
des Katangais. Un seul thème :
les étudiants nettoyent la Sor-
bonne, les C.R.S. l'ODEON. Le
PARISIEN LIBERE qui n'est
jamais le dernier dans l'abjec-
tion titrait : « LA SORBONNE
DESINFECTEE, L'ODEON EVA-
CUE PAR LA POLICE » ; et en
sous-titre, « La sagesse est en
route déclare M. Georges Pom-
pidou ». L'AURORE que ces
quelques semaines n'ont même
pas appris à distinguer une ma-
traque d'un balai titrait : « LE
GRAND COUP DE BALAI A LA
SORBONNE... ET A L'ODEON »;
Les exemples ne manquent
pas.
La radio, de son côté, béné-
ficiant d'une plus grande sou-
plesse de réaction développait
en long et en large les mêmes
thèmes : les bons étudiants
vident la pègre, la chienlit ; en-
tendons cette fois non plus les
Katangais », mais tout ce qui
n'est pas étudiant ; selon les
radios la situation apparaissait
ainsi : maintenant que les grou-
puscules sont interdits, que les
agitateurs étrangers sont expul-
sés ou regroupés dans des
camps, dans le Massif Central,
les gentils étudiants libérés de
la pègre et de la subversion
vont pouvoir discuter de la ré-
forme de l'enseignement. On
sous-entendait aux ouvriers :
« les grèves, c'est fini ; l'ordre
est rétabli. Maintenant, vous les
travailleurs, ce qui se passe à
'Université ne vous regarde
plus et les étudiants ont raison
de passer aux choses « sé-
rieuses » et « concrètes »...
L'avertissement était clair ;
l'objectif politique aussi : isoler
un peu plus les étudiants des
travailleurs, faciliter à l'Univer-
sité le développement de cou-
lants réformistes. En même
temps qu'il libérait Salan le
gouvernement faisait des pro-
' messes gratuites de réforme
universitaire et ORTOLI, mi-
i nistre de l'Education nationale
faisait des déclarations dont on
; ne peut pas nier, à la lumière
! de l'occupation de la Sorbonne
I par la police, qu'elles ont beau-
I coup de sel : « qu'il soit au-
I jourd'hui simplement entendu
que je suis prêt à m'engager
dans des voies nouvelles avec
| l'esprit le plus large, le plus ob-
jectif, le plus ouvert à la concer-
tation »...
Mais, alors que la presse se
gavaient des déclarations de
j SALAN et de la tournée de Bl-
| DAULT, PIERRE CHARPY, dans
j PARIS-PRESSE de samedi soir
i pointait un doigt policier :
| « le gouvernement espèce arri-
ver (...) en débordant les ilôts
parisiens par les facultés « rai-
sonnables », de province sur-
tout. Mais c'est peut être en-
I core une illusion qu'il se fait
I sur la Sorbonne » ; il expli-
quait : « Les choses étant ce
qu'elles sont, le nouveau comité
d'occupation passera tranquille-
ment à la création d'une « uni-
versité populaire d'été », le
matin même, Raymond ARON
avait su tirer la conclusion dans
le FIGARO : « Reste à savoir
si l'Etat bourgeois entretiendra
une école révolutionnaire et
quels emplois en dehors de ce-
lui de guérilleros, trouveront les
étudiants formés à la contesta-
tion permanente. » La réponse
ne se fera pas attendre.
DIMANCHE : DEUXIEME
OPERATION
A R.T.L., le bulletin d'infor-
mation de 13 h annonce : on
s'est battu à la Sorbonne ;
| cette nuit un jeune homme y a
été gravement blessé ; une en-
quête est ouverte, la police a
pris la Sorbonne (1). Celui qui
écoute son transistor et a lu
PARIS-PRESSE et FRANCE-
SO/R ces derniers jours, ne
peut avoir aucun doute : la
police intervient contre la « pè-
gre ». A peu de choses près les
autres stations diffusent le
même refrain. Pourtant le ton
changera légèrement au fil de
l'après-midi. A 16 heures on
annonce que le « meurtre » n'a
pas eu lieu à la Sorbonne mais
aux alentours du carrefour de
l'Odéon. La police n'aurait pas
investi la Sorbonne, qui serait
simplement quadrillée. Le pré-
fet de police Grimaud aurait
« négocié » avec le comité d'oc-
cupation de la Sorbonne qui
accepterait qu'une commission
judiciaire enquête à la Sor-
bonne. Le comité d'occupation
a téléphoné une déclaration aux
radios précisant l'ensemble de
ces points. C'est tout juste si
l'on y fera allusion.
Un peu plus tard on annonce
que l'hôpital de l'Hôtel-Dieu n'a
pas connaissance de la venue
du blessé. La manœuvre a été
déjouée ; le prétexte devient to-
talement inconsistant par rap-
port au dispositif de police mis
en place, mais personne ne s'en
étonne. Un peu plus tard, vers
17 h 30, Pompidou viendra met-
tre les points sur les i et le pré-
texte à sa juste place ; il dé-
clare : « i! fallait que cela se
fasse ». Raymond Aron a été
entendu. Un peu avant 18 heu-
res on apprend par les bulletins
radio que « malgré les accords
passés entre le comité d'occu-
pation et la police des bagarres
ont été provoquées à l'intérieur
et à l'extérieur de la Sorbonne
par des éléments étrangers ».
La fausse information selon
laquelle un accord serait inter-
venu entre la police et le comité
d'occupation est répétée avec
insistance. Des communiqués
du comité d'occupation lui-
même on n'entend pas parler.
Dans son édition du soir, le
« Journal du Dimanche » expli-
que en un raccourci saisissant
comment la police est entrée
dans la Sorbonne : « 17 h 50;
une bousculade se produit, la
police pénètre dans la Sor-
bonne ».
Pour le " Journal du Diman-
che » tout est limpide.
L'APPEL
POIR CE SOIR
A LA HALLE AUX VINS
Une fois de plus le gouvernement provoque. Hier la
police a envahi la Sorbonne et expulsé par la force
les travailleurs, les étudiants, les enseignants et le
personnel administratif.
LE PRETEXTE OFFICIEL:
Un fait divers grossièrement monté, démenti
deux heures après, mais « préparé » plusieurs
jours durant par une campagne de presse diffa-
matoire. Le fait divers n'était vraiment qu'un
prétexte, Pompidou l'a déclaré lui-même : pour
le pouvoir « il fallait que cela se fasse ».
LES VERITABLES RAISONS:
Le gaullisme veut tenter de décapiter le mouve-
ment en attaquant l'un de ses symboles : la Sor-
bonne.
Le gaullisme et la bourgeoisie n'ont renoncé à
aucun de leurs buts. Ils veulent à tout prix per-
pétuer l'Université bourgeoise et ses privilèges.
Ils veulent bien que les étudiants discutent de
réformettes, mais ce qu'ils veulent surtout c'est
que rien ne change à l'Université bourgeoise et
au système gaulliste.
Le gaullisme veut empêcher la réalisation à la
Sorbonne, des projets d'UNIVERSITE POPU-
LAIRE ouverte, dès cet été, à tous les travail-
leurs. C'est parce que ces projets sont en voie
d'organisation que le gouvernement a voulu
frapper un grand coup et les tuer dans l'œuf.
Pour déjouer les manoeuvres gouvernementales,
Pour déjouer les campagnes de presse et d'in-
toxication,
Pour riposter à la répression policière,
Pour rendre la Sorbonne à tous les travailleurs,
Pour organiser cet été à la Sorbonne la première
Université populaire,
TOUS AUJOURD'HUI A LA
FACULTE DES SCIENCES
(Halle aux Vins).
Dès 16 heures, discussions dans les amphithéâtres.
A 18 heures, RASSEMBLEMENT.
SNEsup
Comités d'Action
C.A.L.
Comité d'occupation de la Sorbonne.
AVEC NOUS
Tous les enseignants de la Sorbonne.
réunis d'urgence hier soir, s'élèvent dans
un communiqué « contre l'occupation
par la force des locaux de la faculté
sous un prétexte fallacieux et contre
l'expulsion par la violence et le matra-
quage d'étudiants et d'enseiqnants parmi
lesquels le premier assesseur faisant
fonction de doyen, et deux directeurs
d'instituts. Ils alertent l'opinion devant
la gravité de cette nouvelle violation de
franchise universitaire et déclarent qu'ils
n'accepteront en aucun cas de rentrer
dans la Sorbonne sous le contrôle d'une
quelconque force policière ».
ACTION
CONTINUE
COMPLICE
Pour « l'Humanité », il n'y a
eu hier qu'une provocation : celle
dont auraient été responsables les
étudiants qui se sont défendus
contre les charges des C.R.S. Pas
un mot sur le démenti de l'Hôtel-
Dieu selon lequel aucun Jacques
Barbier n'a été soigné à l'hôpital.
Pas un mot pour dénoncer la
véritable provocation, celle qui
a été montée par les polices pa-
rallèles. « L'Humanité », par
contre, prend le parti de l'opi-
nion publique, celle de la petite
bourgeoisie fabriquée par la radio
et la télévision. En vue des élec-
tions, « l'Humanité » cherche les
votes démocratiques où elle peut.
En raison des circonstances
le présent numéro d'ACTION
n'a que deux pages. Dès de-
main, ACTION, reprendra sa
parution quotidienne dans sa
pagination habituelle.
Contrairement à certaines in-
formations diffusées par la radio,
Action n'est pas interdit à la
vente publique. Nous rappelons
à nos diffuseurs que la vente
par colportage occasionnel est
autorisée et ne nécessite pas
de carte délivrée par la préfec-
ture de police. Toute manœuvre
d'intimidation, comme celles
dont ont été victimes plusieurs
de nos diffuseurs hier est illé-
gale.
ATTENTION !
PERMANENCE
DIFFUSION
ACTION
transférée
a la Halle aux Vins.
Le directeur de la publication
Jean-Pierre VICIER
Travail exécuté par des ouvriers syndiqués
Grandes Imprimeries « Paris Centra •
JUrant 142, rue Montmartn
B^rl Paris («
N° 1 1 • LUNDI ,17 JUIN • PRIX MINIMUM : 0,50 F • Ce |ournal a été réalisé au Service des Comités d'Action, avec le soutien de l'UNEF, du SNESup et des Comités d'Action Lycéen».
AVAI
voque
mouvement
pouvoir
récupérer notre
reconstruction
université gaulliste
I emploie
mercenaires • Nais
marche
nouveau
pouvoir
blufle • Même avec le silence com-
partis politiques
moyens
amser
répression
rande échelle
Notre mouvement
arrête
Tous
Halles
CONTINU
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