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M" 16 f) LUNDt 24 JUIN §) PRIX MINIMUM : 0.50 F • Cs tournai a «ta réalisé au Semce des Comtes d'Action, avec le scut'«-n ds l'UNBF, du SNESup et d«3 Comités d A-t,.-,n L-.iMns.
LEUR
STRATEGIE
ET
LA NOTRE
Hier, Laurent Salini, dans l'éditonal de « L'Huma-
nite-Dimanche », rappelait, fort opportunément, que
depuis la mi-mai, le P.C.F. réclamait des élections géné-
rales. Satisfaction lui a été donnée par le pouvoir ainsi
qu'à la F.G.D.S. Le premier service vient d'être fait.
Chacun peut juger du résultat — et surtout de ce résul-
tat essentiel : alors que voici un mois il y avait dix
millions de grévistes, combien y avait-il hier de voix
communistes ?
Comment en est-on arrivé là ? Qui a été battu ?
Il faut pour répondre à ces questions, dépasser la
simple dénonciation de la trahison des directions poli-
tiques. Il faut dominer notre colère contre ce pitoyable
carnaval électoral. On ne répond pas par la morale
aux batailles politiques.
Il faut aussi, camarades Rochet et Marchais, faire
preuve de responsabilité. Expliquer comme vous le
faites que ceux que vous baptisez « gauchistes » ont
favorisé le chantage gaulliste à la guerre civile c'est
faire sur le plan intérieur la même politique que les
sociaux-démocrates ont faite voici trente ans en politi-
que étrangère : celle de la non-intervention en Espagne,
celle de Munich. C'est la politique de la capitulation.
Vous avez capitulé devant le patronat dans les
négociations de Grenelle, vous avez capitulé en face du
gaullisme en n'ayant pas le moindre geste de solidarité
à l'égard des travailleurs expulsés, des organisations
dissoutes, des militants assassinés. Comment s'étonner
alors que les masses travailleuses se soient senties
désorientées et aient repris le travail non pas « victo-
rieusement » comme vous ne cessiez de le dire, mais
avec résignation.
On n'ignore pas impunément les réalités. Les « gau-
chistes », ce ne sont pas seulement les étudiants, les
« gauchistes », ce sont les travailleurs qui, sans vous
attendre, ont occupé leurs usines, les « gauchistes » ce
sont ceux qui, plutôt que de rester à ne rien faire pen-
dant trois, quatre ou cinq semaines, ont tenté d'orga-
niser le ravitaillement et l'autodéfense.
Les « gauchistes » sont partout. Ils n'ont pas choisi
de mener une bataille électorale alors que dix années
de gaullisme ont montré la stérilité du Parlement.
Proposer les élections législatives, c'était doublement
affaiblir le mouvement, d'abord parce que cela signifiait
l'arrêt des grèves, ensuite parce que le principe de
l'élection consiste à substituer à l'initiative de milliers
de travailleurs, celle de quelques centaines d'élus —
quasiment incontrôlables. Quand de plus ces élections
sont organisées par un régime plus que tout autre basé
sur le principe d'autorité, \\ n'est pas étonnant qu'il
s'agisse d'une partie de dupes.
Laissons parler « Le Figaro » d'aujourd'hui : « Le
recours au suffrage universel, la journée d'hier l'a bien
montré, était une bonne solution ».
Ce qui a été battu, c'est la ligne stratégique visant
à réaliser l'unité la plus large sur des objectifs minima
Elle n'a jamais permis de présenter aux travailleurs un
programme politique, mais plus grave, elle s'est avérée
incapable de susciter leur initiative. Ce que les événe-
ments de mai ont au contraire mi s en lumière c'est qu'il
existait une autre stratégie, celle qui s'appuie sur l'ini-
tiative révolutionnaire des masses. Cette stratégie
n'avait pas sa place dans la bataille électorale parce
qu'elle lui est étrangère.
Devant la déroute des partis qui ont préféré la capi-
tulation, la poursuite de l'élaboration de cette stratégie
dont une part importante a été faite dans les dernières
semaines, doit se poursuivre. Elle est la seule réponse
valable au renforcement des forces réactionnaires à
l'issue du premier tour.
Ce renforcement augmente ia marge de manœuvre
du gaullisme y compris dans le domaine économique.
C'est bien pourquoi la stratégie qui cherche à s'appuyer
sur des comités d'action dans les quartiers et les usines,
même si ceux-ci sont en nombre limité, est la meilleure
réponse. En effet, cette stratégie n'a pas pour ambition
ultime de ramener plus de voix à un parti mais d'impulser
les grandes actions de masse susceptibles de transfor-
mer cette société.
Andrieu
écrit
l'histoire
« L'Humanité » de ce matin
constate en première page que
le premier tour de scrutin s'est
caractérisé par une poussée à
droite. Cela devrait faire reflé-
chir les dirigeants d'un parti qui
s'est félicité d'avoir •< contraint
le pouvoir gaulliste à faire des
élections ». L'analyse qu'effec-
tuent aujourd'hui les dirigeants
du P.C.F. est pour le moins
étrange . Sous le titre <• Pour un
sursaut républicain •>, René
Andrieu, dans < L'Humanité »,
expose les raisons de l'échec
de la gauche.
Pour lui, c'est la campagne
anticommuniste du pouvoir, ap-
puyée sur « les extravagances,
les provocations, les violences
inutiles des groupes gauchis-
tes » qui explique l'échec du
P.C.F. C'est faire preuve d'une
ignorance profonde des lois élé-
mentaires de la politique révo-
lutionnaire que s'imaginer que.
après un mouvement de grève
d'une ampleur inégalée dans
notre pays, la bourgeoisie res-
terait sans réagir.
Aujourd'hui, la bourgeoisie
l'emporte sur le terrain électo-
ral : c'est qu'elle l'avait déjà em-
porté sur le plan social par l'ar-
rêt des grèves, par le refus du
P.C.F. de donner un débouché
politique au mouvement des
masses. La bourgeoisie, battue
par la grève, peut toujours mo-
biliser les électeurs nécessaires
à sa domination. Pour cela, elle
dispose d'un registre étendu :
la crainte, la promesse, le pou-
voir.
Il est risible de prétendre que
c'est la violence de l'action des
masses qui a fait prendre à la
gauche des voix. Il ne sert à
rien de peindre le P.C.F. en
rosé ; il ne sert à rien de se
couvrir du drapeau tricolore.
Parce qu'il est encore le parti
le plus représentatif de la classe
ouvirère, )e P.C.F. fait peur à
la bourgeoisie et aux couches
sociales qu'elle influence direc-
tement. Le mouvement ouvrier
sait depuis un siècle qu'il ne
sert à rien de masquer ses ob-
iectifs. Cacher son drapeau sous
sa veste n'a jamais désarmé
'anti-communisme. Au contraire,
chacun sait que la seule façon
de le faire reculer est d'assurer
la puissance du mouvement des
masses. Dans ces conditions,
on voit mal comment ceux qui
grèves, en vue des élections,
ont arrête le mouvement des
peuvent reprocher leur défaite a
ceux qui ont voulu que le mou-
vement continue.
Toute mauvaise cause se dé-
fend avec de mauvais argu-
ments. Mais ceux du camarde
Andrieu dépassent en saloperie
ce que l'on avait pu lire jusqu'à
présent dans « L'Humanité •>.
La rue Gay-Lussac et les bar-
licades le 10 mai ont été une
<• nasse policière » : joli terme
dans la bouche d'un commu-
niste pour désigner la lutte qui
a enclenché le plus puissant
mouvement de grève qui ait ja-
mais eu lieu en France, Le ca-
marade Andrieu met d'ailleurs
le mot barricade entre guille-
mets : la preuve qu'il n'y était
pas. La même accusation est
portée contre les groupuscules
gauchistes — interdits par le
pouvoir gaulliste — dont cer-
tains éléments étaient mani-
pulés par le minstère de l'In-
térieur ». Il est facile, verba-
lement de rejeter les responsa-
bilités : il sera plus difficile de
faire croire de telles contre-
vérités aux étudiants et aux tra-
vailleurs.
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tion quotidienne.
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LES QUATRE CATÉGORIES
DES ÉLECTEURS
IDU P.S.U.
Quand le P.S.U. présente 300
candidats aux élections législa-
tives, cela n'est pas un hasard :
aujourd'hui le P.S.U. est une
force politique qui dispose d'ar-
guments électoraux, c'est-à-dire
d'une combinaison de réponses
superficielles et récupératrices
à des questions réelles mais
contradictoires. Il y a au moins
quatre catégories d'électeurs
P.S.U., correspondant à quatre
motivations différentes.
LES MENDESISTES
— D'abord la droite du P.
S.U.. celle qui vote pour le parti
de Mendès-France. Ces élec-
teurs sont évidemment partisans
d'un programme de réforme dé-
mocratique mais ce qui compte
avant tout pour eux, c'est que
ce programme soit mis en oeuvre
par un leader magiquement
doué d'autorité, de dynamisme,
d'intégrité, capable d'imposer et
de séduire. Ce qu'on appelle
un homme de gouvernement.
Que Mendès-France ait pu con-
server cette aura du leader,
malgré sa longue absence poli-
tique et son maintien à l'écart
par les grands caïds de la gau-
che, montre bien que sa « per-
sonne » compte beaucoup plus
que ses idées.
Le besoin sans exigence
d'avoir un leader politique est
un signe caractéristique des so-
ciétés libérales et développées :
les libertés sont formelles, les
contraintes sont dissimulées, on
sent bien qu'il faut devenir res-
ponsable, mais par inexpérien-
ce de la lutte réelle on députe
la responsabilité à un homme
qui a la réputation de savoir
prendre les siennes.
LES REVOLUTIONNAIRES
CATEGORIELS
— Deuxièmement, il y a ceux
qui adhèrent à cette nouvelle
construction idéologique qu'est
le « programme » indiqué sur
les affiches du P.S.U. : Pouvoir
étudiant, pouvoir ouvrier, pou-
voir paysan et pouvoir du peu-
pie. Il s'agit là de ceux qui ont
commencé à lutter dans leur
secteur professionnel (ou plus
simplement qui ont eu envie de
lutter) mais qui, à cause des
difficultés de la lutte, à cause
de leur isolement, ou tout sim-
plement parce qu'ils n'ont pas
d'autres intérêts que dans leur
secteur (faculté, entreprise, ex-
ploitation agricole), n'ont pas su
ou n'ont pas voulu lier les luttes
entre elles et apercevoir quelle
était la lutte principale. Des uni-
versitaires qui n'ont pas com-
pris que la seule université po-
pulaire était celle dont les tra-
vailleurs pourraient élaborer le
contenu et les méthodes, on
peut dire qu'ils sont de dange-
reux réformistes prêts à ac-
cepter beaucoup de proposi-
tions gouvernementales. Des
ouvriers qui se contentent du
slogan pouvoir ouvrier dans l'en-
treprise, on peut dire qu'ils se
privent de tous les moyens de
lutte effectifs qui ont justement
été inventés durant la crise, ces
comités de base dans l'entre-
prise qui loin de revendiquer le
pouvoir accomplissent les tâ-
ches actuelles de la lutte ou-
vrière : contestation perma-
nente, pression de la base,
information, organisation non-
hiérarchique des travailleurs,
c'est-à-dire extra-syndicale ou
pluri-syndicale, liaison avec les
luttes a mener hors de l'entre-
prise.
LES REVOLTES
— Troisièmement, il y a les
électeurs qui pour la première
fois de leur vie votent P.S.U.
parce que jusqu'à présent ils
votaient P.C.F. Ceux-là obéis-
sent à des raisons diverses,
avouées ou non. Il y a l'argu-
ment technique selon lequel le
scrutin permet de se compter.
Beaucoup de ceux qui ont par-
ticipé de façon radicale au mou-
vement de mai et juin vont se
compter parmi les voix que le
P.S.U. a gagnées. Méthode con-
testable puisque le P.S.U. a ga-
gné des voix pour des motifs
très divers ; par ailleurs beau-
coup de gens qui ont milité dans
le mouvement ne votent pas ou
bien, et c'est la majorité, votent
pour leur candidat habituel,
U.D.R.. F.G.D.S. ou P.C. Enfin
le besoin de se compter est
assez artificiel : les militants, ce
sont les gens qui ont travaillé
dans les comités d'action et l'on
ne sait pas encore quelle est la
situation actuelle et future des
comités d'action ; quant aux gré-
vistes on sait déjà qu'ils ont été
dix millions.
Il y a ceux qui votent par
mauvaise conscience — et pour
beaucoup c'est une vieille ha-
bitude. On mène ou non des •
luttes réelles et puis vient le
moment où les propagandes
complices du pouvoir et de l'op-
position traditionnelle organisent
l'illusion de la lutte décisive par
le scrutin. Ceux-là ont peur de
ne pas participer au spectacle,
de manquer une occasion, de
ne pas bénéficier du salut dis-
pensé par le ciel électoral.
Ceux-là sont encore religieux.
LES CONTESTATAIRES
Enfin, il y a beaucoup de gens
qui ont été concernés sérieuse-
ment par le processus révolu-
tionnaire, mais qui. faute de ne
pas s'y être engagés totalement,
expriment leur soutien par le
vote P.S.U., puisque le P.S.U. a
tout de même soutenu ia grève
jusqu'au bout, a engagé tous ses
militants, a protesté activement
contre la répression, a offert
son soutien aux organisations
révolutionnaires dissoutes. Sans
juger ici des arguments avan-
cés, il faut se demander pour-
quoi ces gens ne se sont pas
engagés pleinement dans l'ac-
tion militante. On s'aperçoit que
beaucoup d'entre eux exercent
des professions de responsabi-
lité : cadres, hauts fonction-
naires, professeurs. De plus,
comme ils le disent eux-mêmes,
ils sont mariés et ont des en-
fants, et pour eux cela limite
leurs possibilités d'action. Cons-
truire des barricades, prendre
des distances a l'égard de son
emploi du temps professionnel,
accomplir des tâches maté-
rielles, supporter la discipline
et la contestation des organisa-
tions de base comme les comi-
tés d'action, tout cela est aban-
donné aux étudiants et aux jeu-
nes chômeurs. On veut bien of-
frir ses services à la révolution,
mais uniquement des services
de spécialistes. On ne veut pré-
cisément pas se plier à ce qui
est une condition et un objectif
; de l'action révolutionnaire : la
suppression du statut de spe-
i cialiste. Et finalement on s'en
remet aux spécialistes de la
contestation à quoi posent les
1 candidats P.S.U.
Permanence diifusion
ACTION
Halle aux Vins
ET
DU PARTI A EVITE
ATTITUDE- SAK/6LAA/TE
PU GOUVERNEMENT A ÉVITÉ À
PtVfS Me
rr
ÇUE SO/T L'ATTITUDE DU
COMITÉS D'ACTION XIII:
TRAVAIL A LONG TERNE
Maintenant que le travail a repris dans
la plupart des entreprises (Citroën-
Choisy est encore en grève dans le
13e), les comités d'action sont à un
tournant. Tout le travail d'aide aux ou-
vriers en grève et d'information des
habitants du quartier qui avait été la
principale activité depuis plus de trois
semaines, doit aujourd hui être organisé,
pensé à plus long terme.
En effet, lorsqu'il s'agissait de soutenir
les grévistes, comme nous l'avons fait.
«vi collectant de l'argent, en organisant
la ravitaillement, en informant les habi-
• tant» du quartier par des tracts et des
affiches, en faisant des manifestations
locales, on pouvait agir au jour le jour,
répondre immédiatement à l'aide que les
(wrvatHeurs sollicitaient de nous.
1 Meia aujourd'hui les comités eprou-
v«««t le besoin d'approfondir le travail
qtrils vont désormais continuer auprès
d*« entreprises. En effet, à l'occasion
d* ces grèves, nous avons noué de
nombreux contacts avec les travailleurs
(dépôt Lebrun de la R.A.T.P.. SNECMA.
Citroen, Sesco. etc.) et, à I occasion
de meetings hebdomadaires avec ces
tnavwlleurs et la population locale, nous
avons commence à réfléchir sur les
luttes menées, sur la façon dont elles
M sont déclenchées, sur la politique
des syndicats et des partis de gauche.
sur l'absence de coordination et d'infor-
rostion entre les usines en grève, etc.
A partir de là. nombre de problèmes
«• sont posés a nous et aux travailleurs ;
•64* d»s syndicats et des comités d'ac-
tion d'entreprise, relation des C.A. avec
les ouvriers au-delà de la grève, néces-
sité de mettre en lumière les expériences
avancées qui avaient pu surgir ici ou là :
! grève active, gestion ouvrière, etc.
C est donc en se renforçant poli-
tiquement, en se donnant les armes
idéologiques nécessaires pour un tra-
vail à long terme, que les comités vont
pouvoir continuer la lutte, aider les
travailleurs et informer les habitants
du quartier.
Ce travail, qui va certes soulever
des discussions et des difficultés est
nécessaire maintenant pour affronter
les nouvelles luttes a venir.
FRANCO A L'ÉCOLE
La presse espagnole 3 fait beaucoup
de bruit sur les événements français,
trop heureuse d y trouver une diversion
a des problèmes intérieurs bien préoc-
cupants depuis les grandes manifesta-
tions ouvrières et étudiantes du rr Mai
à Madrid. Toutes les brutalités de notre
police ont été exposées, commentées,
voire critiquées — avec des photos
inédites. Une façon comme une autre
de dire : • Et vous vous plaignez, et
vous parlez chez nous de répression ! •
Pourtant, il semble que nos barri-
cades, conjuguées a la lutte des cama-
rades de la-bas, aient flanque la trouille
au généralissime : un décret vient d'au-
toriser la formation des premiers syn-
dicats libres étudiants (^depuis la guerre
civile) a Madrid. Bilbao et Barcelone.
En fait, le Syndicat démocratique des
étudiants n'a pas attendu d autorisation
gouvernementale pour exister dans
toutes les universités d'Cspagrve.
PREMIÈRE AUTOPSIE
D'UN EAUX
COMBAT
En 1967 il y avait eu 50 can- ;
didats U.D. V République élus j
au premier tour. Le 24 juin 1968,
à 0 h 45, sur 424 circonscrip- J
tions, on en comptait déjà 138. j
Ce résultat donne la tonalité des
élections « imposées au pou-
voir personnel » par l'action des
masses. Jamais mystification
n'aura été plus grande. En 1967
plus de 25 circonscriptions
avaient été gagnées par la gau-
che d'extrême justesse. Dans la
9 circonscription de la Gironde
(Libourne), au second tour, M.
Robert Boulin, secrétaire d'Etat
au budget ne l'emportait que de
800 voix. Il est aujourd'hui réélu
dès le premier tour.
Dans la première circonscrip-
tion de la Dordogne, M. Yves
Guéna, ex-ministre des P.T.T.,
nouveau ministre de l'Informa-
tion l'emportait au second tour
de mille voix. Il remporte le siège
aujourd'hui dès le premier tour.
A Brive, 2e circonscription de la
Corrèze, le P.C.F. perd 1 000
voix : elles sont suffisantes pour
faire passer le candidat gaul-
liste Charbonnel. Dans la Cor-
rèze (3e circonscription, Ussel),
M. Chirac, ministre de l'emploi,
est élu au premier tour; il n'avait,
au second tour en 1967, gagné
que de 500 voix. Il gagne près
de 5 000 voix.
La victoire aisée des candi-
dats gaullistes dans des régions
même mouvement. La V Repu-
blique gagne plus de 5000 voix.
Un siège que la F.G.D.S. avait
remporté avec moins de 400
voix d'avance en 1967 !
Dans les lieux qui ont été le
théâtre de luttes ouvrières im-
portantes, le P.C.F. ne progresse
guère. A Montbéliard, où se
trouvent les usines Peugeot, le
député sortant, M. Boulloche est
stable ; le P.C. perd près d'un
tiers de ses suffrages (5 000
voix). Le candidat P.S.U., délé-
gué C.G.T. des usines Peugeot,
absent en 1967, fait un score de
3418 voix. A Saint-Nazaire, en
Loire-Atlantique, la F.G.D.S. et
le P.S.U. progressent de 3000
voix alors que le P.C.F. perd
1 000 voix. En Loire-Atlantique,
2P circonscription, le P.C. perd
3000 voix que récupère le P.
S.U. A Villeurbanne, le P.S.U.
gagne 4441 voix. En Meurthe-
et-Moselle, où le camarade Du-
pont n'avait manqué le siège que
de 600 voix en 1967, le P.C. perd
près de 6000 voix. Le P.S.U.,
absent en 1967, obtient 3388
voix.
A Besançon, dans le Doubs
(1' ), lieu des conflits de la Rho-
diaceta, le P.C. perd la moitié
de ses voix (près de 4 000) ; le
P.S.U., absent en 1967, fait un
score de 2 562 voix. La F.G.D.S.
s'effondre : le niveau d'absten-
tion s'élève très fortement.
W. Rochet : Contraindre le pouvoir gaulliste aux élections.
où les sièges leur avaient été
chèrement disputés en 1967
n'est pas le seul aspect de ce
scrutin. De nombreux sortants
de gauche se trouvent dans un
ballottage difficile. Dans la Drô-
me (3f circonscription, Romans),
M. Georges Fillioud (F.G.D.S.-
Convention) gagne 2000 suf-
frages, le P.S.U. en obtient 700.
Le P.C.F. en perd 2 700. Pour
se faire élire, comme en 1967,
M. Fillioud devra solliciter l'ap-
pui des électeurs centristes ; il
lui sera en 1968 mesuré. Dans
l'Eure-et-Loir (Dreux), la V Ré-
publique recule de 20 000 voix ;
mais le Centre Démocrate en
gagne 4 000. La Fédération pro-
gresse de 500 voix, mais le P.C.
perd plus de voix que n'en ga-
gne le P.S.U. Un ballottage dif-
ficile pour la gauche qui n'avait
enlevé le siège que de 200 voix
en 1967.
Dans la 4° circonscription de
l'Isère (Grenoble-Nord), le P.C.
et la F.G.D.S. reculent tandis
que la V République progresse.
En 1967 le siège avait été enlevé
par la F.G.D.S. avec 1 000 voix
d'avance.
Dans les Bouches-du-Rhône
(Ire circonscription Marseille),
! Le bilan du 1er tour est pour
i la politique electoraliste du P.
j C.F. très lourd. Les régions
! où la lutte ouvrière a été la plus
j violente, sont celles où le P.C.F.
; a subi les pertes les plus fortes.
! Que le P.S.U. ait gagné des voix
| dans ces endroits n'étonnera
! pas ; quelles que soient les am-
I biguïtés de ce parti, il a repre-
! sente pour les étudiants et les
travailleurs en lutte la solution
• la plus à gauche ». Ce qui,
pour nous, constitue la leçon es-
sentielle du scrutin, c'est la vic-
toire sans précédent du parti
i gaulliste. Demain, c'est fort
d'une majorité accrue, peut-être
de 300 sièges, que le gouver-
! nement pourra continuer sa po-
| litique de répression. Mais, pour
avoir dès le départ dénoncé la
mystification électorale, nous
savons que la riposte au pou-
voir ne peut résider que dans le
mouvement des masses. C'est
pour avoir oublié cette règle
fondamentale de l'action révolu-
tionnaire que le P.C.F. aujour-
d'hui doit faire les comptes de
ses pertes. C'est dans la force
du mouvement populaire que se
jugera, en dernière analyse, les
résultats de la crise révolution-
naire de mai.
LES C.A.L.
PRÉPARENT
LA RENTRÉE
La fermeture des lycées sur ;
décision du ministère et du rec-
torat de Paris, et motivée par
des considérations d'organisa-
tion des examens, n'a trompé
personne et surtout pas les ly- <
céens. Malgré les rappels à
l'ordre donnés par le ministre,
malgré les appels au calme lan- |
ces par les syndicats ensei-
gnants, les Comités d'action ly-
céens ne sont pas entrés au
bercail. Plusieurs lycées
de Paris et de sa banlieue (J.
Decour, Jeanson de Sailly, Va-
léry, Henry-IV, Turgot, Condor-
cet, Gilles Tautin ex Mallarmé,
etc.) sont toujours occupés par
les élèves. Les occupants sont
parfois, il est vrai, peu nom-
breux, mais rares ont été les
lycéens à vouloir reprendre le
travail comme si de rien n'était.
C'est que pendant tout le mois j
de mai et le début du mois de j
juin, les lycéens, en masse, j
avec de nombreux enseignants
ont démontré pratiquement.
qu'ils étaient capables de réali-
ser leurs propres expériences
pédagogiques et de construire
leur propre pouvoir politique.
CONTRE L'ORDRE SCOLAIRE
Le pouvoir ne veut voir dans
les événements qu'ont connus
les lycées parisiens, que le dé-
sordre et la démolition. Ce qui
est vrai, par contre, c'est que les
lycées et les collèges ont vu
s'effondrer en quelques semai-
nes l'autoritarisme et la disci-
pline répressive qui y régnaient.
Or rien d'important ne se
passe dans le calme et le « dia-
logue constructif ». Devant un
professeur réactionnaire, on ne
discute pas, on combat. Ici, il
n'est plus question de chahut,
« parce que le prof est emmer-
dant » ; les lycéens ont étudié
très sérieusement les racines
du chahut qui règne dans la ma-
jorité des classes : Ils en ont
conclu que le chahut était
inséparable des rapports péda-
gogiques autoritaires qui régis-
sent l'enseignement secon-
daire, que le professeur soit ou
non réactionnaire ou « emmer-
dant ». La seule possibilité pour
l'enseignant ne réside pas, par
conséquent, dans un jeu pater-
naliste ou dans un laisser-aller
généreux, mais dans la mise en
cause des structures pédago-
giques réactionnaires sur les-
quelles est fondé l'enseigne-
ment. Cette mise en cause, seul
l'enseignant ne peut la mener.
Elle suppose la contestation or-
ganisée et permanente de l'or-
dre scolaire de la part des ly-
céens ; et cette contestation
passe par la contestation du
système politique qui permet
cet ordre scolaire.
COUP DE BALAI
A VOLTAIRE
C'est en ce sens que les
commissions formées par les ly-
céens ont travaillé durant plus
d'un mois dans de nombreux
lycées parisiens : débats politi-
ques, expériences d'autogestion
de l'enseignement, projets de
participation des élèves aux
Conseils de classes. Certains
lycées sont à l'avant-garde de
ce mouvement. Ainsi, au lycée
Voltaire, en accord avec la ma-
jorité des enseignants, les ly-
céens ont supprimé les sanc-
tions disciplinaires rétrogrades
(abolition des « colles », droit
de regard dans le Conseil de
discipline), mis fin aux institu-
tions du mérite scolaire (sup-
pression du tableau d'honneur),
entamé une démocratisation
réelle du rapport enseignant/
enseigné (conseil de classe me-
né devant tous les élèves).
HENRI IV :
PEDAGOGIE EN LIBERTE
Au lycée Henry-IV, les élèves
ont expérimenté avec succès les
« cours de pédagogie nouvelle »,
démontrant que ce que les ré-
formateurs qualifiaient d'utopi-
que, était en réalité possible du
moment que les intéressés eux-
mêmes construisaient les mo-
dèles d'apprentissage culturel :
« désormais, nous organisons
notre travail nous-mêmes ; le ly-
cée démarre sur des bases
nouvelles. » (...) * Pendant trois
semaines, les élèves organise-
ront leur enseignement comme
ils le désirent ayant supprimé de
l'étude ce qui empêche d'étu-
dier : l'ennui et la contrainte. »
(Autonomie pédagogique d'Hen-
ry-IV, texte de présentation des
commissions).
Le travail de ces commissions
a été de deux sortes : d'abord
la transformation expérimentale
des cours classiques : (anglais,
physique, mathématiques, etc.).
Chaque groupe de travail (25
élèves au maximum) organise
son planning comme il l'entend
(matière étudiée, emploi du
temps, exercices pratiques) et
demande la participation d'un
(ou de plusieurs) enseignant se-
lon qu'il le juge utile. Chaque
jour, on fait le point, on prépare
la journée du lendemain... ou
l'on décide de ne rien faire.
Parallèlement à ces cours
classiques transformés, les élè-
ves ont formé des commissions
de travail sur des problèmes
politiques généraux (1936, oc-
tobre, la presse), sur l'intégra-
tion des moyens d'expression
culturels (cinéma, théâtre) dans
l'enseignement, sur le système
d'éducation et sa critique.
De toute cette expérience,
l'administration d'Henry-IV n'a
voulu rien retenir et vouloir faire
comme si rien ne s'était passé.
Les lycéens d'Henry-IV ont ré-
pondu comme on l'a vu ces der-
niers jours.
D'une façon moins spectacu-
laire, c'est ce qui se passe dans
la plupart des lycées. Le seul
souci de l'administration est de
faire passer le bac dans le calme
et l'ordre retrouvés tandis que
les C.A.L. ne sont toujours
pas reconnus.
POUR DES LYCEES
OUVERTS
Aussi les comités d'action ly-
céens se préparent-ils à la ba-
taille de la rentrée. Dans plu-
sieurs lycées sont discutés les
thèmes sur lesquels les C.A.L.
développeront leur campagne.
On peut, grosso modo, les ras-
sembler en quatre rubriques :
1. Dépasser le caractère cor-
poratiste de l'action dans lequel
la réalité de classe de l'ensei-
gnement secondaire risque de
l'enfermer : faire des lycées des
pôles ouverts qui puissent être
des lieux de rencontre avec les
élèves des collèges d'enseigne-
ment technique (C.E.T.) et les
jeunes travailleurs.
2. Exigence complémentaire :
développer les libertés politi-
ques à l'intérieur du lycée :
droit de réunion, d'affichage, de
distribution de tracts, etc.
3. Suppression de la discipli-
ne réactionnaire : collantes, tou-
te-puissance des proviseurs et
censeurs, interdictions diverses,
etc.
4. Cogestion, avec les ensel-
! gnants, de certains domaines de
I la vie des lycées : conduite de
l'enseignement dans les classes,
programmes, activités culturel-
les, affectation des locaux, etc.
| A cet effet, les C.A.L. étudient
la revendication dans chaque
lycée d'un comité d'établisse-
ment composé pour moitié d'élè-
ves et d'enseignants et qui au-
j rait pour tâche de discuter et
I de décider des réformes péda-
gogiques, des matières d'ensei-
gnement, des questions de dis-
cipline et des activités d'ordre
culturel ou politique. Cette re-
vendication soulève tout le pro-
| blême du pouvoir dans le lycée
et les C.A.L. se gardent de vou-
loir tomber dans le piège de
l'intégration.
Ce sont ces thèmes qui se-
| ront discutés par les militants
I C.A.L. des lycées de Paris et de
| sa banlieue à l'assemblée qu'ils
: tiennent mercredi prochain à
i 14 heures, à la Halle aux Vins.
lt directeur de la publication :
Jean-Pierre VICIER
Travail exécuté par des ouvriers lyndiquéi
Grandes Imprimeries « Paris Centre a
142, rue Montmartre
Paris (M
BUREAUX D'ETUDES :
MOQOETTE
ET RÉVOLUTION
La Défense. Le Quartier Bel-
Uni. Pelouse. Jets d'eau. Massifs
discrets. Entrée au luxe un peu
appuyé. Ascenseur, avec télé-
phone d'appel. Troisième étage.
Des bureaux,
Ce sont des Bureaux d'études.
L'entreprise qu'ils constituent
comporte ainsi environ 80 - em-
ployés », dont peut-être 60 ca-
dres. Les salaires, pour ceux-ci,
s'échelonnent entre 2 000 et
4 000 F. Il y a. en plus, d'appré-
ciables avantages : un restau-
rant self-service qui n'a vrai-
ment rien à voir avec un res-
taurant universitaire ou même
une cantine d'entreprise ; prix :
2 ou 3 francs, selon le salaire :
il est subventionne aux deux
tiers. Les salariés touchent le
13e mois ; il y a la coopérative
d'achats ; les notes de frais lors
des missions assez nombreuses
en dehors de Paris (ce qui équi-
vaut donc a un double salaire) ;
horaire de 42 heures et demie
par mois : et. bien sûr, si un
leur vous avez envie de partir
a 4 heures de l'après-midi, ou
de ne pas venir du tout, vous
ne trouverez personne pour
vous faire une remarque.
Dans ces conditions, pourquoi
voudriez-vous donc que le per-
sonnel se soit mis en grève lors
des « événements » ?
UNE GREVE EXEMPLAIRE
Le personnel s'est mis en
grève : le premier lour. Par soli-
darité avec les étudiants qui
soignaient leurs premières
plaies, et avec les travailleurs
qui, d'heure en heure, commen-
çaient un débrayage illimité. Par
solidarité seulement?... Oui et
non. Au départ, c'est sans doute
un-e motivation de cet ordre qui
détermine la plupart. D'une ma-
nière plus confuse, peut-être
aussi le désir de s'associer à
un mouvement anti-gaulliste, de
rejoindre., sans plus. « la gau-
che », II y aurait sans doute
beaucoup a dire sur la popula-
tion des bureaux d'études : d'où
vr-'ennent. politiquement les char-
ge^, d études- et-les chargés de
mission ? On / revendra Mais
a^sez vite sont apparues de-s
revenrlrrations plus précises :
propres a l'entreprise, d'abord,
gui touchaient les problèmes
d organisation interne, a vrai dire
assez mineurs. Mais surtout,
très nettement avance dès la
première reunion, le mot d ordre
chi mouvement fut : non aux
actuels bureaux d'études ! Il faut
un peu expliquer ce qu'est un
bureau d'études.
Un administrateur, dans un
ministère (l'Equipement, les Af-
faires sociales et économiques,
le Logement, les Transports,
sont les plus fréquents), a be-
soin, pour valider l'une ou l'autre
de ses hypothèses de travail,
de savoir par exemple ce que
la population concernée par sa
décision risque de penser clé
celle-ci. Il confie alors le soin
d"é réaliser cette étude a telle
'équipe, siégeant dans tel bureau
'd'études, et passe avec elle un
contrat. Dans le cas du C.E.R.
A.U. (Centre d'Etudes et de
Recherches sur l'Aménagement
Urbain), dont nous nous inspi-
rons ici. on peut compter que
90 % environ des contrats pas-
ses le sont avec une adminis-
tration ministérielle : les autres
•> clients » possibles, d'ailleurs,
c'est-à-dire les municipalités par
exemple, n'ont évidemment ab-
solument pas les moyens de si
gnpr de tels contrats qui portent
facilement sur plusieurs dizaines
clé mi-HTons:
Mais le client ministériel n'est
pas le seul payeur. Pour tout
l'ensemble des travaux d'inves-
tissement rie l'entreprise (exten-
sion des locaux, achat de maté-
riel électronique, couverture des
dépassements inévitables de
crédits, etc.), l'entreprise consi-
dérée a besoin d'une assise fi-
nancière permanente, une ban-
que ou tout autre organisme, et,
en l'occurence, H s'agit là de la
Caisse des Dépôts-et Consigna-
tions (Bloch-Lame en étant le
directeur connu du public) Des
lors, l'argent ministériel des con-
trats remplit simplement un rôle
de subvention de fonctionne
ment.
On voit dom;, clairement les
deux données politiques rie dé-
part : dune paît, la responsa-
bilité rie l'entrepnse - - c'est-à-
dire, en clair, le nsque qu'elle
prend en se mettant en greva.....
est engagée par tapport a ses
clients (les ministères), en ceci
que les lois de la concurrence
jouent pour ce secteur comme
pour les autres : si grève il y a.
les délais de remise d'études
seront augmentes (a moins que
les charges d'études fassent
une - récupération -, c:e qui nie
le sens de leur grève), et l'en
(reprise sera en plus mauvaise
posture poui obtenir pat la suite
d'autres contrats, D'où, d'autre
part, une responsabilité encore
' une des commissions consti-
tuées durant la grève (celle-ci
se faisait avec occupation des
lieux), gui travaillait sur le pro
blême, de la finalité des but eaux
d'études, on s'est livie a une
petite description des laisons
: pour lesquelles telle étude était
demandée, et quoi usage ulte
iieur en était fait II apparut
ainsi qu en lait la majeure par
tre des études et recherches
tartes servent moins a éclairer
une décision qu'a servir de
- bonne carte: - dans un dossier'
que tel ministère défend contre
un autic a propos du même
problème . ainsi la pensée et la
science n'auiaient comme prin-
cipale fonction que rie pei mettre
I ai gumentation rie positions in-
ternes a l'administration! Cela
aussi, c'est l'aliénation. Il est
très difficile aux chercheurs de
savoir ce qu'on fait rie leur rap-
port une fois que celui-ci est
remis : sans doute il va rejoin-
dre sur" quelque étagère d'autres
découvertes prestigieuses? Mais
// est apparu soudain intolérable
que le chetcheui n'ait finalement
aucun dioit de i égard sur le
pioduit de son ticivail Rappoits
remises, ou utilises d une façon
tendancieuse, et ceci au nom
d'un droit de propriété retenu
comme naturel par le bailleur
; de fonds, voila ce qu'un certain
1 nombre de techniciens remet-
présence syndicale -au- C E fi
A U: II y a deux' sections syndi-
cales C.G T et CFDT Elles
sont toutes les deux reconnues
de facto pat la direction, et les
éléments les plus dynamiques
parmi les charges d'études et de
mission y sont affilies Elles rie
cident rie la composition des
listes soumises au vote du pei
sonnel pour constituer le comité
d'entreprise , on lira d'autre part
une motion du syndicat C.G.T
des Sciences Humâmes sortie
au début du mouvement, qui
avait lentier soutien de la sec
tion C.G.T . et qui tranche quel ;
que peu avec les positions HP.
la confédération C'est dire qi.c;
leur rôle, tant sur le plan do
leur positron sur I ensemble du
mouvement que sut celui rie leur
participation réelle a la grève,
y compris son déclenchement,
ne peut être conteste Mais ce
que les sections syndicales pu
rent seulement fane, c'est rie
constituer un Comité de Grève
unitaire, avec certains non-
syndiques. Si bien que- sur
la base d'une repi esentati-
vite leelle de ce qui fut baptise
» pat solidarité ! - - Comité d'ac-
tion - une modération très géné-
rale du mouvement et de son
corporatisme latent fuient asse/:
vite les caractéristiques essen-
tielles. Le mouvement est politi-
quement limité, non parce que
ngs a la mai-on la direction
n est pas intraitable et partiri
paît cl ailleurs on certain.1'- rie ses
ec'hélons aux assemblées ejene
raies et aux commissions- . sui
bon nombre- ci." points (en parti-
culiei temps de I ormatron pei
inancnte pris sui le- temps rie
ti aval! . cela veut c:ue qu on
peut aller passer i api PS midi
dans la Kihlrothoquo de la mai
son. ou ! 11 o dans son i i u i e a u tel
uuviage ip.cent c est nf'iciali
se;i une piatiqu.'1 évidemment en
place i), satisfai tioi> tuf donnée
Sut (i auti e-> la du ection de
I cntropiise- ne.- pouvait qui-: k'vei
les bias au ciel il .,' avait un
coitam nombre de choses sur
lesquelles elle- était, elle, sans
pouvoit ! Vou,, me parle/ de
I autogestion de lenliennse. rli
sait elle on substance, mais cela
pose le pioblemf- d" son finan-
cement vous compioufV hic-n
ail"/ i p.foi moi les re-qi^s de
fonctionnement rie I i Caisse-,» de'•>
Dépôts et Consignations !
D'LIUÛI r-,
Aurait il erp po-sihl^ de dé-
passer ce ( adi1': c est a dn"p de
poser les piohlrniPs levendroa
tifs a un pivau suffisamment
gênerai pour' gué ks préalables
dp tous otriie , qui les condi
I tiennent puissent être abordés ?
plus grande par rapport a leur
couverture financière p^rmanen-
i te, laquelle peut, évidemment
| mal s'accommoder d un . mau-
vais » fonctionnement, de I entre
! prise qu'elle gai aritit,
; RESPONSABILIJE
OU ALIENATION?
La première r.hnse que les ça
i dres du C.E.R AU. en grève ont
j refusée, c'est rie: se satisfaire
i de cette impropriété de termes.
I Ils - en ont eu marre » do pion-
j dre cette double tutelle: pour' fart
[ naturel, et donc l'ont contestée.:.
i Comment? C'est qu'a y bien ré-
fléchir, ils n'ont plus bien com-
pris pourquoi ils seraient par
rapport a tel ministère en posi-
tion de simples prestataires de
services. Le ministère donne rie
l'argent pour faire une étude; sur
la manière dont les habitants de
X perçoivent l'urbanisation nou-
velle du centre démoli par la
guerre En guoi le fait de donner
l'argent pour ce fane: conféie
rait-rl o l'administration le: • droit.
du payeur - dans la relation mai-
chandn habituelle: ? A qui appar
tienf l'argent ? Qui l'a donne7
C'est 1°, contribuable, c est vc.us,
c est moi. c'est nous aussi di
rorit les grévistes. Ft la ( 'aissr-:
des Dépôts ? Pa.r qui est elle
alirnpntee ? Sinon pour l'essen-
tiel par l'ensemble des épargnes
privées ?
AHon? plus !om. Ce gui sur-
tout mécontente les cadre-,
c'est qu ils n'ont pas le senti-
ment que leur travail serve à
grand-chose. Oo plutôt si ; dans
taient = n cause avec plus ou
moins de clarté
UNE GREVE EXEMPLAIRE
PAR SES LIMI1EÙ
La grève était exemplaire par-
or qu elle était une illustration
piesqun * pure. - rie ce que peut
représenter aujourd'hui un mou-
vement de jonction avec les
luttes ouvrières et étudiantes
des cadres, techniciens et cher-
cheurs, le fut aussi d'une ma-
nière négative mais pleine d'en
seignements sur d'autres points.
Solidarité avec le mouvement
de: mai (solidarité morale et poli-
tique, mais aussi financière :
environ un million et demi d'an-
ciens francs ont été verses à
l'U.N.E.F. et à l'Intersyndicale de
Puteaux, et plut; récemment au
C.L.E.O.P.) ; mauvaise; conscien-
ce d'un certain nombre de cher
cheurs se sentant •< fie gauche »
niais profitant très évidemment
de l'organisation sociale qu'ils
combattent ; malaise enfin, très
pi ofondenient ressenti, face au
«sale boulot- qup. représente
globalement cette entreprise
éminemment idéologique des
bur eaux d études.
Ce deiniei point inrligije-t il
par la même occasion les rai
sons pour lesquelles le mnuve
ment de. nre.ve est, clans ce sec-
teur, limite ? II s agit d une popu-
lation certainement désireuse ri0,
changer |q situation actuelle, et
même de. la ohanqer beaucouo.
En a-t-elle les moyens ? Est-sHs
prête a ?e les donner? Nous
n'avons pas encore parle de la
c G i
245, rue Lafa/ettp PARIS-,'-'
Pans |e 18 mai 10*-iS - i^sr--^
L er-3 trq vai t IFU '-^ d'j Synd!f"at national F- n I-TII -; ,- r^ ^;''p..ii- - -, t,,-,t r , np
ries S-'ie-nip.^ Humâmes atfirmpnt IPIJI : rpp-, a--n-r ,r"'>:, -; r;uo I P! i -.rnih V -ir* ^
•/nlontp dp von Ipur travail mi.q au -^Pr- ' --'.v.-.r- ri' j ,-t .^:, .-.ri'-"! P- i ruidit; m=. ne
--'ir.R dfis ti availlpu'-v et nrv-i au servir e. t'-fl/a-i lb<-itp-, -.., i,ri" a;p rt h-'!1! rj:ji=
du patronat pt dp lappaieii rlrtat -'a I ', anpr.i|p|it 'n,|-, ;PS i, j ,r1 !P,H -, HP-,
Ils mettant PII qai'dp rnntre. toute ten le=. p;<j-, pjf;i a,T--, IH.NI r--., j;i"-ci a|-ir,:|ti-
rlitPi JP mnijvpmpnt phjHMn)
iricini Ï.G'-, plpn-ipnt^; IP^ pllj
f=t a dî'-'i^Pi ti-a\Millpiji-=; pt st
nant une lijtîp rrtmmi.inp
pt
! p Svndirat na'"-.na:
H,,.-naines apppUp t^l-
a pi endrc tnijte; jp- r|,=
compte de I mt-praynrjicaie, r) une
recherche sur I emploi dans la
région Puteaux Suresnes-Nan-
terre, avec un contrat dont les
clauses financières- seront sym-
boliques (donc tiavail non pavpj.
Espérons que cela piendra for-
me sans trop tarder Mars les
quelques idées ri une présence
plus effective des « techniciens
de I urbanisme •• au sem de la
population locale non) pas pris
coi ps encore il y aurait pour-
tant la tout un travail de dénon-
ciation et d explication a faire,
sur des problèmes dont tnijt
montre a la fois qu'ils déter-
minent le cadie de vie ^t d9
pensée, et qu'il?, restent inso-
lubles dans un cadre capitaliste.
Un autre mode; • d ouvprtui'9
sui I extérieur » résidait dans les
diverses tentatives de coordi-
nation qui se firent jour entre les
différents buieaux d'Etudes en
qieve. Le résultat fut décevant.
Des réunions se tinrent uns
trentaine, de Buieaux d Etudes
(dont II N.S E.E . certains ser-
vices de l'Education Nationale,
e-t ou C N R.S ) votèrent des
motions d une belle vigueur'. La
combativité •• a la base «...la
aussi était ieelle malcjie des
situations particulières souvent
très difficiles , piesciue partout,
on letrouvait deux phénomènes
essentiels du mouvement : Ig
très grand nomhie des cadres
en grève, donc, l'accent mis sur
oes i ev endications des ciene-
H'OT, a la fois politiQuernent m-
tei essarites mais pratiqu^rnent
ijunque. j'ieu abstraites, d aijtrg
paît, chacun a pu se ir-:id!"c5
- omptP. d une convei qr>nr a très
oenerale des thèmes abordes
dans la quasi totalité doc hy-
eau» d Etudes et orqgmsmgs
-emhlables p|-e'-.i-,emm-it le
thème du r-tahjt nti te
c' du rh°rr/iP(;'
rî CLASSES MO'f FUMES
il resterait bc-9UCnup 3 dlr*5,
"t pPut-ê.tre ri p^t-r.e pas encore
le moment l,a suite de i action ?
Pour le moment, il reste du mou-
vement lance au C.E.R A U. le
très vif desn, alors même que
la grève a cesse, de garder une
structure de contact perma-
nente, qui poursuit un travail
d information sur I ensemble g a
I i situation sociale. Pins profon-
dément, un oeil,un nomb10 dr»
' les te/rtes issus des commis | La solution ,sc-. ft-r>u -ait d ahnrd
sions" étaient 'd un ton mesure, au niveau d une liaison plus
! triais parce que, lace a leurs : étroite avec k mouvement ou
puissantes tutelles, les bureaux ; virer, notamment oui la localité
d études restent éminemment : de Putoau.» on a /u que ries
dépendants de l'Etat, quel qu'il : contacts tuif-- MOUS',, L'aide fi
soit, et que c est a ce niveau nancieii.: est un i ut po-,it.il Plus
que le ptobieme se pose. positif encoi.- ,:-,t un pmiet sui
Le cor poratisme ? l.e moir.p la ieahsation duquel il spiaii im
ment de grève posait, on ! a dit, prudent de prnph"! ise: , ciui con
ries problèmes purement inter siste en la ip.alr-ation pou: le
2 documents :
1) Déclaration du Syndicat C.G.T. des Sciences
Humaines au début des evenemRntv
2) Motion de la première assemblée générale du per-
sonnel des C.E.R.A.U.
;p rro-p-i j- -j p •-.-,;-ip;;t^*-.-, r-, r;-, ,-s^:^-.^, 1
1--, --al K-' .P-, t--,--i ^liipijr^ ---j --I--.--J.
pont ii-i|i", -,--!!-'P-, pi ie,|ii IIP;;. -|c t,-^.
vail, pf df!Mt la luttp i';ui :'IP rp-^p ,-jp
'-, prp'-irlrp - --rirl^, i: a i]r-, \-| r • n.-e - rjp
d une sc'cietc: rie i •"•pi r-ssirm gt
ie|iiimes par la snciele de René-
fie f s. ont |)i is consc:icin<.R qij'ilg
etnient paitio prenante dima
n itocjration dos class';s mn/nn-
iif, au coml'jat pour le (Socia-
lisme; aux cotes de. ',< classe
.),i,'iieie: cl des étudiant, « Le
pouvoir est dans la i ue ! *, \\
ne-,! pus dans les Rureaux
ei Etude*, et avant, tout le mon-
de n'en était pas persuadé.
Acquérir cette notion r>s( peut-
êtie la moi Heure voie: p<>ui in-
citer che:i cl'ieur s et techniciens
a me-ttie leur travail a la cl i s po-
sition des forcer, qui s0u!°3
peuvent donner a leur malaise
un contenu réellement anticapi-
tahsto
II est : I,J|| CHU-: I '"''.ernple- d<5
re iju 3 ère le- mois cje mai dans
les bureaux d ptud<= pose-- |g pro-
blème plu:-, qeneral du statut des
classe s m o y o n n ° r,
-Pijn:p |a jr'1 mai
n-!P*trp pp QI-P-.-P
part'ripp1 av-P- IP^ pt;jd-arit^ p+ 1^5 tra-
t P ^- î a 11 o n.
IIPIJ. dp tra'/aii
IPA anti-pi; mndp- i"|p p'a'-fi
a1! "Mil j ,-pn-ipnf
I ai /tnrjp^tmti ,-JP ! pntrppi I-
I ana'v-p rriti.-ji.ip d J i-nip
Pt polltiqijp, HP SCS a('tp-ltp
•-!! n^n, qui r-nt été vi-time;s d?. Iq l-c- qr.'rc \e,
prea^inn ds 13 DO'I^P, 3JJ COUi-5 de>S Hp- mêmpa q
roiauss ca^b^t» du O'JS^'sr Lat"i. et t-.gf-n/e^ d=
quront amenés uns iotival(« phas« dans i pitai'ste.
,,-rno par a,l.
a
S?H rs^'Srs?r Ipi !-n^n*-ant CÇrC'J, T'Oi
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