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N" .17 • MARDI 25 JUIN • PRIX MINIMUM : 0,50 F • Ce journal a été réalisé au Service des Comités d'Action, avec te soutien de l'UNEF. du SNESup et des Comités d'Action Lycéen*.
ET MAINTENANT ?
CE QUI
N'A PAS
ÉTÉ
DÉFAIT
La grande presse parle complaisamment de la
victoire du « parti de la peur », de la victoire du « non
à la révolution », en voulant faire croire que cette crainte
et ce refus ont été largement partagés par les travail-
leurs. Même « L'Humanité » rentre dans ce jeu en
imputant aux « outrances » des « ultra-gauchistes » la
peur d'une grande partie des Français progressistes.
Peut-être est-ce bien là le réflexe d'une certaine
clientèle petite bourgeoise du P.C.F., mais personne
ne nous fera croire que c'est le fait de la classe
ouvrière. Les travailleurs qui n'ont pas voté parti com-
muniste n'ont pas voté par peur. Ils n'ont pas voté non
à l'aventure. Beaucoup ont voté dans la résignation et
la déception, que celles-ci se traduisent par l'absten-
tion, le report de leurs voix sur le P.S.U. ou sur un autre
parti. C'est dans les bastions rouges que les voix
communistes ont subi les baisses les plus spectacu-
laires. Seine-Saint-Denis : 5 % de voix en moins, pour-
centage accru d'abstentions, gains du P.S.U. ; Val-de-
Marne : hausse des abstentions ; même chose dans la
Loire-Atlantique, tandis que les campagnes votaient
« contre la subversion ». On pourrait multiplier ainsi les
exemples. Seule la bourgeoisie a voté à la fois dans la
peur et dans un esprit offensif. La revanche électorale
est son terrain. Le vote des rentiers a fait toutes les
chambres réactionnaires depuis la Commune.
Cette analyse peut nous permettre d'apprécier à
leur juste mesure ce qui reste acquis et ce que nous
avons perdu. Bataille truquée, mauvais terrain, résultat
d'une politique de capitulation ? Oui, c'est vrai. Reste
que la défaite, pour électorale qu'elle soit, est réelle
et ne touche pas seulement ceux qui l'ont provoquée.
Le pouvoir est indiscutablement renforcé, la bourgeoisie
a retrouvé, pour le moment, une unité politique qu'elle
semblait avoir perdue ces dernières années. Il nous fau-
dra beaucoup d'efforts pour reconquérir la rue.
Défaite du mouvement de mai-juin, arrêt de la
bataille essentielle qui a débuté le mois dernier ? Sûre-
ment pas ! Car, encore une fois, les travailleurs ne se
sont pas rangés dans le parti de la peur, ils n'ont pas
dit non à l'aventure passionnante qu'a constitué et que
constituera la prise de pouvoir dans les usines, l'union
de tous dans la lutte, le pouvoir populaire dans la rue.
Ils ont simplement exprimé leur mécontentement envers
les carences de l'appareil du mouvement ouvrier et leur
crainte de voir repris par le pouvoir, les résultats qu'ils
ont obtenus ces semaines-ci.
Dans les usines, dans les facultés, quelque chose
est changé et ce quelque chose est un acquis qui ne se
laissera pas facilement détruire. Les travailleurs y ont
forgé leur pouvoir, le pouvoir résultant de l'union de
ceux qui possèdent la force de travail face aux tenta-
tives d'intimidation et de catégorisation du patronat.
La seule tentation, le seul danger, c'est de croire
que cet acquis nous est donné une fois pour toutes,
qu'il n'a besoin que d'être conservé en attendant la
prochaine tourmente. L'acquis, nous l'avons maintenant,
il s'agit de le défendre en maintenant en permanence
un front de lutte qui ne soit ni le retour aux éternels
débrayages inefficaces ni, dans les facultés, à un réfor-
misme universitaire entretenant l'illusion d'une réforme
démocratique de l'Université.
Nous avons des armes et il faut nous en servir. Elles
ne seront efficaces qu'à la condition que nous les utili-
sions ensemble. Nos armes, ce sont les Comités
d'action, les liaisons organiques nouées entre travail-
leurs et étudiants. Dès cet été, nous devons les
employer, pour organiser notre front de lutte,
pour préparer la rentrée d'octobre, pour remé-
dier au manque d'organisation et aux caren-
ces stratégiques qui nous ont fait défaut
durant le mouvement de mai. Le moyen
de les utiliser, ce sont les universités
populaires et l'organisation des
nouvelles formes de pouvoirs à
la base qui ont surgi durant
ces deux mois.
La droite
face
au 2e tour
Le rassemblement de toutes
les forces réactionnaires est une
des données essentielles pour
l'analyse du premier tour.
Aidée par les carences de
son opposition de gauche, la
réaction se retrouve avec un
gros paquet de voix. Mais au-
jourd'hui, pour gouverner un
Etat capitaliste, le Parlement
est de peu d'utilité. Partout le
parlementarisme se meurt, en
France un peu plus qu'ailleurs
parce que le régime est fondé
sur le principe d'autorité.
C'est justement ce manque de
souplesse dans la structure du
pouvoir qui a amplifié la crise :
après un calme presque com-
plet, un grand coup de tonnerre.
Le résultat du premier tour ne
règle pas le problème posé à
la bourgeoisie française : celui
des structures politiques pro-
pres à assurer sans heurts vio-
lents la gestion du pays. Sa
marge de manœuvre se trouve
accrue, mais les problèmes res-
tent, dans les usines comme
dans les universités. La bour-
geoisie est électoralement forte
mais comment va-t-elle gouver-
ner ?
Pompidou a senti le danger
et essaie de manier le plus
longtemps possible le bâton en
menaçant ceux qui, à la ren-
trée, seraient tentés de « faire
de l'agitation ». Malheureuse-
ment pour lui, il ne suffit pas
d'organiser la répression pour
gouverner. Dans les entrepri-
ses, dans l'Université, la bour-
geoisie doit, bon gré mal gré,
prendre des mesures qui, de
son point de vue « normalise-
rait » la situation.
En d'autres termes, le problè-
me qui est posé c'est celui de
la capacité du gaullisme à faire
face aux questions posées par
l'évolution du capitalisme.
On passe ici du domaine
électoral au domaine économi-
que. Si toutes les forces de
droite sont d'accord pour re-
pousser les perspectives dont
était gros le mouvement de mai,
il n'en va plus de même lorsqu'il
s'agit de se répartir les profits.
Les débats entre le Centre et
les gaullistes d'une part et en-
tre les gaullistes et les giscar-
diens d'autre part ne sont plus
alors de simples oppositions
d'ambition mais des oppositions
d'intérêt. La répartition des siè-
ges entre les divers courants de
la droite sera un élément de
l'arbitrage des dispositions éco-
nomiques que Couve de Mur-
ville prépare.
C'est pourquoi l'éditorialiste
de « La Nation » tapait hier à
coups redoublés sur les cen-
tristes.
La logique de la lutte politi-
que, l'exacerbation du conflit de
classes, a conduit la bourgeoi-
sie à un refus brutal des solu-
tions mendésistes qui auraient
tenté de mieux intégrer la classe
ouvrière au système.
A cause de la concurrence
internationale, il n'est pas ques-
tion, il ne peut pas être question
pour le gouvernement de défen-
dre tous les capitalistes, toutes
les branches d'industrie, toutes
les enrteprises, petites ou gros-
ses. Il y aura des coupes à faire
au profit des uns plutôt que des
autres.
Les moyens d'intervention que
peut utiliser l'état après les grè-
ves (passation de marchés, dé-
grèvements fiscaux, emprunts
et subventions) vont faire l'objet
d'âpres débats .C'est cela le
deuxième tour pour la droite.
ACTION CONTINUE
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RENAULT :
LES SATISFACTIONS
SONT MAIGRES
«Action » du 18 juin avait pu-
blié la liste des revendications
générales de chez Renault avec,
en regard, ce qui avait été obte-
nu ou plus exactement ce que
les responsables syndicaux lais-
saient entendre avoir obtenu.
Car il fallait bien que la C.G.T.
Renault justifie son appréciation
(« Nous avons arraché des ré-
sultats bien au-dessus du proto-
cole de Grenelle ») pour peser
en faveur de la reprise.
Aujourd'hui, les travailleurs de
Renault, déjà peu satisfaits des
résultats comme le montrait le
vote de reprise, découvrent que
non seulement le gâteau n'a pas
été entamé, mais que les miettes
sont vraiment bien petites.
LE BILAN
Reprenons « le bilan de vic-
toire ».
Certes, les augmentations de
salaires restent ce que nous
avions annoncé, mais :
1. En ce qui concerne les chif-
fres annoncés de 100 F pour
l'O.S. à 130 F pour le P3, ils
ne sont pas relatifs à une re-
traite complémentaire, mais c'est
une augmentation de la prime
de départ en retraite anticipée.
120 F en moyenne pour chaque
travailleur ayant donné plusieurs
dizaines d'années à la Régie,
c'est bien mince.
2. La mensualisation des tra-
vailleurs au-dessus de 55 ans
et travaillant actuellement à la
Régie ne va toucher qu'un nom-
bre extrêmement réduit de tra-
vailleurs.
3. Au lieu du paiement inté-
gral des jours de grève deman-
dé, il s'agit de 50 % du salaire
jusqu'au 17 juin inclus, le prin-
cipe de la récupération étant
admis (et non le contraire).
4. En ce qui concerne les li-
bertés syndicales, il était vite
dit que les revendications
étaient satisfaites. Quelle n'est
pas la surprise des travailleurs
de voir réaffirmer, dans les nou-
velles plates-formes revendica-
tives établies par la C.G.T., des
exigences qu'ils croyaient arra-
chées. Si la C.G.T. les réclame
de nouveau, c'est qu'elles ne
l'ont pas été !
5. Il en est de même pour la
suppression des contrats provi-
soires des 3000 travailleurs ac-
tuellement dans cette situation.
Des travailleurs de Flins et de
Renault ont reçu l'avis qu'ils
étaient débauchés (voir « Ac-
tion » n° 15 pour Flins, mais des
cas existent aussi à Billancourt).
6. Ces licenciements sont
également contraires au para-
graphe de l'accord qui disait
« pas de sanction pour faits de
grève ».
Le sentiment qui se dégage à
Billancourt, c'est que tout ce qui
a été conclu ne concerne que
des points où le patronat peut
reprendre d'une main ce qu'il
a donné de l'autre, mais que
rien de durable n'a été acquis
après quatre semaines de grève.
On m'a dit :
« La C.G.T. va vouloir faire
croire aux travailleurs que la di-
rection revient sur ses engage-
ments : elle prépare en ce mo-
ment le terrain pour une telle
campagne. Mais quels sont ses
engagements ? »
Effectivement, les travailleurs
de la Régie ignorent toujours ce
qui a été signé et par qui ?
Il est nécessaire que rapide-
ment soit publié le texte des
accords signés entre Dreyfus
et les représentants syndicaux
(lesquels ?).
Le fait qu'une commission pa-
ritaire doit siéger bientôt ne se-
rait qu'un mauvais prétexte s'il
devait être invoqué pour retar-
der le moment de la publication.
Les travailleurs ont le droit de
savoir.
LES IMMIGRES
Ils ont le droit de savoir, pour-
quoi également la C.G.T. s'est
opposée à ce qu'un texte éla-
boré par les travailleurs immi-
grés, Espagnols, Portugais,
Nord-Africains... soit soumis à
l'approbation de tous les syndi-
cats de la Régie, puis s'est op-
posé ensuite à ce qu'il soit dif-
fusé au nom de tous les travail-
leurs émigrés.
Ce texte, le voici :
« Aux travailleurs français,
« Les travailleurs immigrés de
la Régie Renault en lutte aux
côtés de leurs camarades fran-
çais, réaffirment une fois de plus
qu'ils sont partie intégrante de
la classe ouvrière française.
<• Ils ne sont pas seulement
j solidaires, mais ils sont partie
\ prenante dans le combat que
\ mènent les travailleurs français
pour la satisfaction de leurs
justes revendications générales
et particulières.
« Nous appelons les organi-
sations syndicales à s'opposer
aux manœuvres de la direction
et du patronat en défendant ré-
solument les revendications par-
ticulières de l'immigration, à sa-
voir : »
Suivent 19 points qui consti-
tuent la plate-forme revendica-
tive de la C.G.T. à Renault en
direction de l'immigration.
Le tract se terminait par :
VIVE LA LUTTE DE CLASSE.
VIVE L'INTERNATIONALISME
PROLETARIEN
VIVE LA LUTTE DES TRA-
VAILLEURS DE LA REGIE RE-
NAULT.
Dans ce texte, quelle était la
formulation qui gênait la C.G.T.
de Renault? Les travailleurs ont
le droit de savoir.
Etait-ce pour briser tout élan
nouveau de la lutte alors que
Frachon et Séguy, venus com-
j menter les accords de Grenelle,
i avaient déjà donné le signal du
repli ?
: Les travailleurs immigrés,
lourdement frappés par la sur-
exploitation, constatent que
cette attitude a porté ses
fruits : ils n'ont rien obtenu :
ni sur les contrats provisoires
ni sur le F.A.S., ni sur aucun
des 17 autres points de leur
plate-forme.
D'ailleurs ce n'est pas un ha-
sard si après avoir énuméré les
revendications « satisfaites » de
différentes catégories à la Ré-
gie : mensuels, femmes, jeunes,
« L'Humanité Dimanche » du 16
juin « oubliait » celles des tra-
vailleurs immigrés qui consti-
tuent pourtant 50 % du person-
I nel O.S. et manœuvres. (Voir
| « Action » du 18 juin).
j
SOLIDARITE ?
| Les travailleurs de Renault
veulent aussi des explications
sur l'organisation de la solida-
rité ? Quel était le but visé lors-
que, après trois semaines de
grève, il était distribué 30 F à
18000 grévistes sur 33000?
N'était-ce pas la façon la plus
efficace de dire « Voyez, nous
ne pouvons pas tenir, il faut
cesser la grève » et en même
i temps d'aiguiser le méconten-
! tement des moins résolus.
Dans ce contexte, il ne faut
pas s'étonner que la C.F.D.T.
Renault ait eu beau jeu de faire
la fine bouche : « C'est insuf-
fisant. Les résultats sont mai-
gres » (2) et de se placer ainsi
devant la C.G.T. à la pointe de
la revendication. Quelle revan-
che pour la C.F.D.T. qui se mon-
tre habituellement beaucoup
moins hardie et quelle bonne
occasion de préparer les pro-
chaines élections au comité
d'entreprise !
Ainsi, aujourd.hui, au moment
où les forces de gauche sortent
battues du champ de bataille
électoral, on peut dresser le
bilan au niveau des entreprises
de la politique qui a préféré le
recours aux urnes plutôt que le
développement de la lutte des
masses :
— les satisfactions sont ef-
fectivement maigres, demain
elles risquent de devenir sque-
lettiques ;
— le tonus de mai fait place
à l'inquiétude ;
— la C.G.T. donne prise aux
attaques démagogiques des diri-
geants C.F.D.T. comme le P.C.F.
à celles du P.S.U.
Où sont passés les motifs de
fierté ?
(2) Tract distribué le 17 juin.
LE PCF ENTRE LES GREVISTES
ET LES PETITS BOURGEOIS
L'issue des élections en Fran-
ce se règle en général par un
faible déplacement de suffrages
entre la gauche et la droite.
Les élections de juin 1968
n'échappent pas à la règle.
DEPLACER 500000 VOIX
Les élections du Front popu-
laire ont été gagnées par un
déplacement de 500000 voix.
Les raz-de-marée électoraux se
produisent à l'intérieur de la
droite et à l'intérieur de la gau-
che. L'U.D.R. gagne 1210093
suffrages. Mais la droite non
gaulliste perd plus de voix que
la gauche : 683 759 voix contre
679994. Le gaullisme n'a été
plébiscité que par le parti de
l'ordre et de la peur. Ce qui
vient d'être réussi ce n'est pas
le ralliement de la France au
Général « Sauveur » ; c'est une
opération politique précise, l'uni-
fication des forces réaction-
naires dans le pays. Cela c'était
fait avant les élections ; diman-
che, l'opération a reçu son label
de qualité.
LE MOUVEMENT DE MAI
ET LE VERDICT
DES URNES
Pour pouvoir formuler un ju-
gement valable sur les élections
de juin 1968, il importe de s'in-
terroger sur les conséquences
du mouvement de mai sur le
verdict des urnes. La région pa-
risienne, tant par son importance
politique que par son poids dé-
mographique et industriel a joué
un rôle de premier plan. Si l'on
examine les résultats de Paris
intra-muros, on s'aperçoit que
le recul du P.C.F. y est deux
fois plus important que dans
l'ensemble du pays. La F.G.O.S.
recule plus fortement et le P.
S.U. avance de façon moindre ;
au total, c'est 5 % des suffrages
exprimés que perd la gauche.
En profitent l'U.D.R. (1 %), les
Centristes (2 %), les divers
(2 %).
On pourrait croire qu'il s'agit
d'un mouvement particulier,
s'expliquant pas la composition
sociale particulière du Paris
intra - muros : prédominance
bourgeoise et petite bourgeoisie,
importance des professions in-
tellectuelles et des employés,
reflux vers la banlieue du prolé-
tariat. Il n'en est rien. Les ré-
sultats de la Seine-Saint-Denis,
le fief par excellence du P.C.F.,
un département qui avait donné
en 1967 8 députés au P.C.F. sur
9. Le P.C.F. passe de 45 % a
40 % des suffrages exprimés.
Le P.S.U. gagne 4 % des suf-
frages, ce que perd la F.G.D.S
Les gaullistes gagnent près de
dix mille voix et 3,60 % en pour-
centage.
Dans le Val-d'Oise la perte du
P.C.F. est un peu moins sensible
(3,70 %). L'U.D.R. recule de
10000 voix. Mais il s'agit là
d'une illusion comptable : les
voix du lieutenant de Giscard
d'Estaing, le Prince Poniatowski
étaient comptabilisées en 1967,
elles ne le sont plus en 1963.
Il en obtient 22512. Dans l'Es-
sonne, plus composite au point
de vue social, la gauche est au
contraire plus stable. Le P.S.U.
gagne ce que perdent le P.C.F.
et la Fédération.
AU CŒUR
DES BASTIONS OUVRIERS
D'ordinaire, les reflux du P.
C.F. se font autrement. En 1958,
c'étaient les électeurs de fraî-
che date qui avaient abandonné
le Parti : les bastions avaient
tenu, le reflux y avait été moins
net. Aujourd'hui, c'est au cœur
même des concentrations ou-
vrières que le P.C.F. perd le
PARIS
PREMIER TOUR
1968
PREMIER TOUR
1967
Nombre de voix
o/
/o
Nombre de voix
%
Exprimés
1 097 639
1 176007
P.C .........
202 733
1847
262 268
22,30
PS U ......
81 409
742
55 323
4 70
FG DS
84507
7 70
133564
11 36
U.D.R ......
480 978
43 82
505 260
42 98
SEINE-SAINT-DENIS
Exprimés
P.C.....
P.S.U. . ..
F.G.D.S. .
U.D.R. ..
PREMIER TOUR 1968
PREMIER TOUR 1967
Nombre de voix
%
Nombre de voix
%
486 947
. __
511 772
____
1 94 579
39,95
230 234
44,98
26635
5,46
5950
1,16
38273
7,85
61 816
12,07
181 688
37,31
172498
33,70
VAL D'OISE
Exprimés
P.C.....
P.S.U. ...
F.G.D.S. .
U.D.R. ..
PREMIER TOUR 1968
PREMIER TOUR 1967
Nombre de voix
%
Nombre de voix
%
278537
____
280 81 1
____
82637
29,66
93348
33,24
14003
5,02
3968
1,41
30449
10,93
46296
16,48
90690
32,55
101 235
36,05
ESSONNE
Exprimés
P.C.....
P.S.U. ...
F.G.D.S. .
U.D.R. ..
PREMIER TOUR 1968
PREMIER TOUR 1967
Nombre de voix
%
Nombre de voix
%
270 856
____
270476
____
84658
31,25
89520
33,10
17024
6,28
5803
2.14
16289
6,01
19003
7,02
94510
34,89
97145
35,91
LOIRE-ATLANTIQUE (1re, 2«, 3* et & circonscriptions)
Exprimés
P.C.....
P.S.U. ..,
F.G.D.S. .
U.D.R ..
PREMIER TOUR 1968
PREMIER TOUR 1967
Nombre de voix
%
Nombre de voix
%
203 654
____
213354
__
24792
12,17
30937
14,50
15 166
7,44
5 133
2,40
55287
27,14
53752
25.19
94850
46,57
80563
37,76
plus fortement ; ce fait sans pré-
cédent indique un déplacement
de l'assise sociale du P.C.F La
politique légaliste a conservé
quelques électeurs petits bour-
geois. Elle a désorienté profon-
,
MET KO
"/
dément les masses ouvrières.
Le prix d'une politique de « con-
quête des classes moyennes ».
En Loire-Atlantique, dans les
circonscriptions ouvrières, les
luttes de masses ont profité au
P.S.U. qui triple ses voix et à la
Fédération. Comme partout, le
P.C.F. recule. Dans le Rhône, à
Villeurbanne, le camarade Houel,
député sortant, perd 3000 voix.
A Besançon, à Montbéliard,
dans le Nord le mouvement est
du même type. A Lens, le P.C.
perd près de 4 000 voix sur
15000.
DES LUTTES OUVRIERES
MENEES AVEC FORCE
ET CONVICTION
Dans l'ensemble la perte des
voix du P.C.F. n'a pas été com-
pensée par le gain d'autres for-
mations de gauche ; la Loire-
Atlantique fait exception, mais
c'est là que les luttes ouvrières
ont été menées avec le plus de
force et de conviction. Dans le
meilleur des cas la gauche par-
vient, comme dans l'Essonne à
maintenir le niveau antérieur des
voix. Dans de très nombreuses
circonscriptions, c'est l'ensem-
ble de la gauche qui reflue. La
politique électoraliste est inef-
ficace... même sur le plan élec-
toral.
LA PUISSANCE DE L'ETAT
BATTUE EN BRECHE
Face à ces résultats, l'expli-
cation de la défaite de la gauche
par les groupuscules est bien
dérisoire. Ce qui a fait peur à
la bourgeoisie, ce ne sont pas
les barricades, c'est le mouve-
ment de masses des étudiants
et des travailleurs ; ce sont les
occupations d'usines et de Fa-
culté, c'est-à-dire la puissance
de l'Etat battue en brèche. Ce
qui a désorienté la classe ou-
vrière, c'est la capitulation du
mouvement monnayée contre
des élections. Les élections sont
là ; le résultat est là.
LES CHIENS DE GARDE
ABOIENT TOUJOURS
DE LA MÈNE FAÇON
La réaction immédiate de la
droite devant tout mouvement
révolutionnaire est de lui dénier
tout contenu politique profond,
de refuser ses causes réelles.
En effet, la société bourgeoise,
naturelle et harmonieuse, ne
saurait produire de soulève-
ments. Si le peuple, sans vo- !
lonté et pacifique, se soulève
ce ne peut être que parce qu'il
a été dévoyé par des éléments
externes, que parce qu'on a in-
troduit artificiellement le désor-
dre et l'anarchie.
Il est frappant de voir com-
ment, à cent années de distance,
la bourgeoisie a retrouvé les
mêmes clichés, les mêmes argu-
ments pour dénaturer et con-
damner la Commune de Paris
et le mouvement de mai-juin
1968.
LE THEME DES ETRANGERS
Pour montrer que le mouve-
ment n'a pas de racines objec-
tives dans la réalité nationale,
et que le soulèvement n'est pas
autonome, la bourgeoisie met
en valeur l'importance des
étrangers, agitateurs extérieurs
qui inoculent le virus révolution-
naire.
Ainsi en 1968 la presse a mis
en lumière le fait qu'un des di-
rigeants du mouvement étudiant
était un « anarchiste allemand »,
que plus de 150 « étrangers »
ont été expulsés de France pour
participation aux événements ;
M. Pompidou a parlé à l'Assem-
blée nationale d' « individus dé-
terminés, munis de moyens fi-
nanciers importants [...] dépen-
dant à l'évidence d'une organi-
sation internationale [...] qui vise
non seulement à créer la sub-
version dans les pays occiden-
taux mais à troubler Paris » (15
mai 1968) ; la publicité outran-
cière faite aux soi-disant « Ka-
tangais » s'inscrit dans la même
attitude.
En 1871, déjà, les thèmes du
cosmopolitisme de la Commune
et de son anti - patriotisme
étaient abondamment dévelop-
pés.
Pour Hippolyte Taine, les com-
munards, ce sont : « environ
100000 insurgés dont 50000
étrangers » (lettre du 19 mai
1871).
Pour le critique littéraire Paul
de Saint-Victor, le tableau est
coloré :
« Cette franc-maçonnerie du
crime dont le drapeau n'a d'au-
tre couleur que celle du sang,
trônait et régnait à l'Hôtel de
Ville. Elle avait recruté les rou-
tiers et les malandrins de l'Eu-
rope entière. Des faussaires po-
lonais, des bravi garibaldiens,
des pandours slaves, des agents
prussiens, des flibustiers yan-
kees [...] Paris était devenu
l'égout collecteur de la lie et de
l'écume des deux-mondes. »
(L'Orgie rouge.)
Quand Victor Hugo refuse de
condamner la Commune, il est
attaqué en ces termes par Bar-
bey d'Aurevilly :
« II s'appelle M. Victor Hugo.
Jusqu'ici on le croyait Français
[...] Ecrivez votre prochain livre
en allemand. » (Un poète prus-
sien, 13 mai 1872.)
LE THEME DE LA FIEVRE
Un autre procédé pour nier
les causes politiques d'un soulè-
vement est de déclarer qu'il
s'agit d'une maladie, d'une fièvre
accidentelles.
Ainsi le mouvement de mai
1968 a été impulsé par des « en-
ragés ». Ce terme implique bien,
par référence avec rage, et
chien enragé, qu'on a affaire à
un virus contagieux qui n'a rien
à voir avec la politique. On a
développé aussi le thème de la
fièvre obsidionale. Pour le doyen
Grappin, Nanterre est devenu
« je n'ose pas dire un chaudron
de sorcière mais un espace
clos, replié sur lui-même »
(L'Aurore du 4 mai 1968.) De
même qu'à la Sorbonne « L'éner-
vement constant de cette claus-
tration à l'intérieur de l'univer-
sité, cette vie qui se déroulait
absolument en vase clos, avaient
même déclenché des troubles
psychiques chez certains jeunes
gens. » (Parisien Libéré du 14
juin 1968.)
Pareillement, en 1871, une des
causes de la Commune aurait
été la fièvre causée par le siège
de Paris par les Prussiens :
« Dans cette population dé-
traquée par des mois d'angoisse
et de famine [...], ravagée de
soupçons, l'insurrection poussait
ainsi naturellement, s'organisait
en plein jour. C'était une de ces
crises morales qu'on a pu ob-
server à la suite de tous les
grands sièges. » (Zola, La Dé-
bâcle.)
LES AVENTURIERS
Pour exploiter cette circons-
tance, il a fallu qu'interviennent
quelques provocateurs, quelques
agitateurs troubles et interlopes.
Pour Maxime du Camp, la
Commune de Paris se réduit à
« un groupe de 7 à 800 indivi-
dus passionnés, réfléchis, ron-
gés par l'ambition, méprisant le
peuple au nom duquel ils par-
lent, haïssant les riches qu'ils
envient [...] Ce sont des petits-
bourgeois déclassés. » (Les
Convulsions de Paris.)
La « socialiste » George Sand
approuve :
« Le mouvement a été orga-
nisé par des hommes déjà ins-
crits dans les rangs de la bour-
geoisie et n'appartenant plus
aux habitudes et aux nécessités
du prolétariat. Ces hommes ont
été mus par la haine, l'ambition
déçue [...] le fanatisme sans
idéal, la niaiserie du sentiment
ou la méchanceté naturelle. »
(Le Temps, 3 octobre 1871.)
L'argument est identique chez
Georges Marchais. Pour lui
comme pour la bourgeoisie, si
les ouvriers agissent contraire-
ment à l'action syndicale ce ne
peut être que provoqués par des
aventuriers ou des groupus-
cules.
« Ces groupuscules — quel-
ques centaines d'étudiants »
sont « en général des fils de
grands bourgeois — méprisants
à l'égard des étudiants d'origine
ouvrière » qui sont « objective-
ment complices du pouvoir ».
Aussi lorsque 9 000 ouvriers se
défendent contre les attaques
policières à Renault-Flins, il
s'agit d'une provocation des
« groupes Geismar » (Humanité
du 8 juin 1968.)
LA PEGRE DES BAS-FONDS
Ces agitateurs trouvent ce-
pendant une base pour impulser
leurs provocations.
Le 25 mai 1968 Fouchet met-
tait en lumière l'importance de
« la pègre chaque jour plus
nombreuse, cette pègre qui sort
des bas-fonds de Paris et qui
est véritablement enragée [...].
Je demande à Paris de « vomir »
cette pègre qui la déshonore. »
L'Humanité Dimanche du 26
mai lui emboîte le pas : « on
retrouvera ces voyous douteux,
cette pègre organisée dont la
présence salit ceux qui l'accep-
tent et plus encore la solli-
citent. •»
Cela fait écho à l'analyse que
faisait un siècle plus tôt J.-M. de
Hérédia :
« Nous avons été la proie d'un
soulèvement total de tous les
déclassés, de tous les fruits
secs, de tous les singes d'Eros-
trate qui pullulent dans les bas-
fonds des sociétés modernes,
de tous les paresseux pillards,
des rôdeuses de barrière, de la
lie des prisons et des bagnes. »
(Lettre du 29 mai 1871.) Cette
pègre n'a qu'un but : l'orgie et
la chienlit.
Là, la bourgeoisie se délecte
en descriptions obscènes. Com-
me la Sorbonne en mai 1968,
les Communards avaient leur
temple : L'Hôtel de Ville.
« Du haut en bas, à toute
heure, c'était ignoble. Toutes les
salles antiques, où jadis tant de
paroles graves avaient été pro-
noncées par des bouches au-
gustes [...] étaient occupées par
la canaille vautrée dans sa
crasse exultante, dans l'orgueil
de son immondice [...]. L'Hôtel
de Ville était devenu un cabaret,
un lupanar, une latrine. Toutes
les dépravations, toutes les tur-
pitudes s'y donnaient rendez-
vous. » (Montégut, Le Mur,
1892.)
La presse bourgeoise, horri-
fiée, a appris ce qui se passait
à la Sorbonne :
- Rendez-vous du « Tout-
Paris » dès que l'on fut certain
qu'on pouvait s'y aventurer [...]
« la vieille dame du savoir »
s'encanaillait à vue d'œil »... « la
liberté tant cherchée était deve-
nue licence... Les occupants
cultivaient la saleté plus que le
paradoxe... la literie était dans
un état lamentable et cette pro-
miscuité entre garçons et filies
a donné lieu quelquefois à des
scènes où la vertu sinon la dé-
cence ne trouvaient plus leur
compte. » (Parisien Libéré du
14 juin 1968.) Le même journal
titrait en 1 page : « Un îlot
insalubre au cœur de Paris...
une épidémie de maladies véné-
riennes s'est déclenchée. »
« Le vandalisme » (Parisien
du 13 juin 1968) des étudiants
qui incendient les voitures avec
« des produits tels que l'essence
dont les manifestants paraissent
avoir de véritables stocks »
(Huma - Dimanche du 26 mai
1968) sont le pendant des incen-
dies des Communards et des
pétroleuses. « Erostrates de
banlieue. Sardanapales ivres de
vitriol. » (Catulle Mendès, Les
73 journées de la Commune.)
Enfin le meilleur moyen de
discréditer les révolutionnaires
est de dire que ce sont des am-
bitieux sans programme, qui ne
veulent qu'installer le désordre.
« Je me perds dans cet abime
de non-sens » (Leconte de Lisle,
lettre du 3 nov. 1871). « C'est
énorme d'ineptie et d'injustice »
(Flaubert, lettre à Sand du 31
mars 1871). « La question poli-
tique était le dernier de leurs
soucis » (Maxime du Camp).
C'est la même confusion, les
mêmes non-sens que l'on re-
trouve aujourd'hui, selon M.
Peyreffite (Assemblée Nat., 8
mai).
« Leur idéologie est confuse.
Anarchisme, castrisme, maoïs-
me, tout s'y mêle, mais ce qui
surnage c'est le nihilisme. Ni
doctrine, ni foi, ni loi. »
Dans sa peur la bourgeoisie
reproduit ainsi les mêmes sché-
mas, les mêmes clichés. Mais il
semble que pour cette fois, elle
a eu moins peur qu'en 1871, car
si le Figaro a bien demandé au
pouvoir de juger les étudiants :
« Ils relèvent de la correction-
nelle plutôt que de l'université »
(4 mai 1968), si la bourgeoisie a
été soulagée par le reflux du
mouvement, elle n'a pas eu
l'occasion encore d'applaudir à
la répression comme en 1871.
« C'est bon. Il n'y a eu ni
conciliation ni transaction. La
solution a été brutale... Enfin la
saignée a été une saignée à
blanc... C'est 20 ans de repos
que l'ancienne société a devant
elle si le pouvoir ose tout ce
qu'il peut oser en ce moment. »
(Edmond de Concourt, Journal,
31 mai 1871.)
Leconte de Lisle appelle la
répression aussi :
« Enfin c'est fini. J'espère que
la répression sera telle que rien
ne bougera plus et, pour mon
compte je désirerais qu'elle fût
radicale. » (Lettre du 29 mai
1871.)
Permanence diffusion
ACTION
Halle aux Vins
Travail exécuté par des ouvriers syndiqués
Le directeur de la publication :
Jean-Pierre VICIER
Grandes Imprimeries « Paris Centre »
142, rue Montmartre
Paris (!•)
RIO
le combat contre la dictature
Premières photos
Ces photos ont été prises à Rio, hier.
Elles auraient pu être prises a Pans il
y a quelques jours. Avec six morts, des
centaines de blessés, dont quelques-uns
dans un état très grave, c'est ainsi
qu'à Rio de Janeiro s'était achevée la
jourryée du 21 juin.
La concentration des étudiants a com-
mencé vers 11 h. 30, quand une grande
partie des étudiants a chanté le principal
slogan : « Un peuple uni fait tombe,' la
dictature», ainsi que des slogans récla-
mant la libération de leurs camarades
emprisonnés dans les différentes prisons
de Rio.
Une grande masse de gens s'est jointe
aux étudiants, et c'est à ce moment-là
que les batailles de rues ont commencé.
1 II était 12 h. 30. Des centaines de poli-
ciers fortement armés : mitraillettes,
I grenades lacrymogènes, voitures pompes
j et pistolets se sont lances contre les
I étudiants et les passants. Ce que Paris
• avait connu. Rio le subissait à son tour.
| En quelques secondes, le centre de la
ville se transformait en un vrai champ
de bataille. Des rafales de mitraillette
I dirigées vers le ciel donnaient aux gens
| des immeubles avoisinants l'impression
j que la guerre civile avait éclaté... Dans
! le plus moderne building de Rio, l'édi-
| fice central, les grenades lacrymogènes
traversaient les vitres pour éclater à
j l'intérieur des bureaux et des apparte-
ments, mettant les occupants en fuite.
Ceux-ci, a leur tour, sortaient dans la
rue où les mitraillettes de la police les
attendaient, et ils furent immédiatement
conduits à bord de centaines de voi-
tures de police pour interrogatoire.
Cela devait durer quatre heures...
Dans la ville on n'arrivait plus à res-
pirer, tellement l'atmosphère était char-
gée de gaz lacrymogènes. Un hélicop-
tère tournait au-dessus de Rio et lançait
des bombes lui aussi. La violence de la
police est responsable du nombre des
victimes.
Samedi, protestant contre l'arrestation
de deux cents de leurs camarades,
cinq cents étudiants ont envahi le Par-
lement de Brasilia.
A Rio, les dirigeants de l'Union natio-
nale du Brésil (U.N.E.B.), clandestine
depuis plusieurs années, et pourtant
l'une des plus puissantes organisations
étudiantes latino-américaines, ont publié
un manifeste contre la répression poli-
cière et la dictature.
Les étudiants de Rio se sont révoltés
et les masses populaires se sont jointes
à leur lutte. Il ne faut pas chercher bien
loin une explication quand on sait que
Rio n'est pas seulement une plage pour
milliardaires américains, mais surtout la
ville des « favellas », des bidonvilles,
dans sa plus grande partie ; quand on
sait qu'une dictature fascisante a pris
le pouvoir il y a quatre ans ; quand on
sait que I' <- opposition », aujourd'hui
clandestine, cherche l'alliance avec Car-
los Lacerda, celui qui a déroulé un
tapis de fleurs aux fascistes du gouver-
nement.
(Photos Gamma)
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no.17