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L-UNDI 1er IUILLET • PRIX MINIMUM : 0,50 F • Ce Journal a été réalisé au Servies des Comités d'Action, avec le soutien de i'UNEF, du SNESup et des Comités d'Action Lycéens.
PRENEZ
VOUS LES SABREDRS, LES GAVES
LES BOURGEOIS ET LES CURES !
LES BOURGEOIS ET LES CURES !
FACE
A
FACE
Avec ce deuxième tour des élections législatives
s'achève la remise en place du gaullisme après l'alerte
de mai. Il a fallu un mois avant que le régime réagisse,
un autre mois lui a été nécessaire pour asseoir son
emprise. Au premier tour des élections il avait usé du
chantage à la guerre civile ; pour le second tour la
manœuvre s'est déployée plus habilement : l'allocution
de de Gaulle avant-hier était un appel à l'unité nationale
tandis que des commandos de truands faisaient des
coups de main, dont un jeune camarade de la jeunesse
communiste devait être la victime. Pour la gauche parle-
mentaire, c'est un nouvel échec. Il n'y a pas eu de « sur-
saut républicain ». Voter a un sens quand il s'agit de
sanctionner une action inscrite dans une perspective de
lutte, ça n'en a plus quand le travailleur est laissé seul,
face à face avec la propagande bourgeoise, sans autre
arme qu'un petit rectangle de papier blanc. A l'heure
où nous écrivons, nous n'avons pas assez d'informa-
tions pour faire des études complètes de déplacements
de voix. D'ores et déjà il semble bien que l'électorat
de gauche, y compris celui du P.C.F., soit par réaction
petite bourgeoise, soit par manque de maturité poli-
tique a été se réfugier dans l'abstention ou même chez
les gaullistes. De cette situation nous devons nous
sentir en partie responsables dans la mesure où les
Comités d'Action ne sont pas encore apparus comme
une direction politique.
s'achève la remise en place du gaullisme après l'alerte
de mai. Il a fallu un mois avant que le régime réagisse,
un autre mois lui a été nécessaire pour asseoir son
emprise. Au premier tour des élections il avait usé du
chantage à la guerre civile ; pour le second tour la
manœuvre s'est déployée plus habilement : l'allocution
de de Gaulle avant-hier était un appel à l'unité nationale
tandis que des commandos de truands faisaient des
coups de main, dont un jeune camarade de la jeunesse
communiste devait être la victime. Pour la gauche parle-
mentaire, c'est un nouvel échec. Il n'y a pas eu de « sur-
saut républicain ». Voter a un sens quand il s'agit de
sanctionner une action inscrite dans une perspective de
lutte, ça n'en a plus quand le travailleur est laissé seul,
face à face avec la propagande bourgeoise, sans autre
arme qu'un petit rectangle de papier blanc. A l'heure
où nous écrivons, nous n'avons pas assez d'informa-
tions pour faire des études complètes de déplacements
de voix. D'ores et déjà il semble bien que l'électorat
de gauche, y compris celui du P.C.F., soit par réaction
petite bourgeoise, soit par manque de maturité poli-
tique a été se réfugier dans l'abstention ou même chez
les gaullistes. De cette situation nous devons nous
sentir en partie responsables dans la mesure où les
Comités d'Action ne sont pas encore apparus comme
une direction politique.
Parce qu'il a pu faire accepter à la gauche « parle-
mentaire » le terrain électoral, le gaullisme a pu faire
une démonstration qui a un caractère de masse, carac-
tère encore grossi par les règles du scrutin majoritaire
uninominal à deux tours.
mentaire » le terrain électoral, le gaullisme a pu faire
une démonstration qui a un caractère de masse, carac-
tère encore grossi par les règles du scrutin majoritaire
uninominal à deux tours.
Ce caractère de masse s'estompera rapidement :
le conglomérat des voix gaullistes est, idéologiquement
et socialement, trop disparate pour subsister aux mesu-
res politiques et économiques que doit prendre le gou-
vernement dans les mois qui viennent. « Le Figaro »
donne, ce matin, le son de cloche : « II faut surmonter
sa victoire », titre-t-il. Devant les difficultés que le gou-
vernement ne manquera pas de rencontrer, certains
secteurs de la bourgeoisie pourront être tentés de
recourir à la manière forte, à l'intimidation des travail-
leurs et des étudiants.
le conglomérat des voix gaullistes est, idéologiquement
et socialement, trop disparate pour subsister aux mesu-
res politiques et économiques que doit prendre le gou-
vernement dans les mois qui viennent. « Le Figaro »
donne, ce matin, le son de cloche : « II faut surmonter
sa victoire », titre-t-il. Devant les difficultés que le gou-
vernement ne manquera pas de rencontrer, certains
secteurs de la bourgeoisie pourront être tentés de
recourir à la manière forte, à l'intimidation des travail-
leurs et des étudiants.
Ceci n'est qu'une éventualité, bien sûr, mais il n'y
a aucune raison décisive pour l'écarter complètement.
Andrieu l'envisage dans « L'Humanité » d'aujourd'hui.
La question qui se pose ici n'est donc pas de savoir
si oui ou non ceci va arriver mais quelles sont les condi-
tions requises pour empêcher que cela arrive. Alors
qu'elle vient de démontrer son impuissance, va-t-on
encore une fois évoquer l'union de tous les républicains
contre le péril antidémocratique ? Ce serait une erreur
profonde. S'il arrivait que demain la bourgeoisie inca-
pable de résoudre les difficultés que lui a causées la
crise de mai recourrait à la manière forte, ce n'est qu'en
proposant une solution à ces difficultés que pourra être
reformé le formidable bloc des travailleurs et des étu-
diants qui a ébranlé le gaullisme. Les questions mises
en lumière par le mouvement de mai ne se rapportent
pas à la défense de la démocratie bourgeoise mais à
la mise en œuvre de transformations révolutionnaires
de la société. C'est en réunissant les forces nécessaires
pour ce combat que toute tentative néofasciste sera
écartée.
a aucune raison décisive pour l'écarter complètement.
Andrieu l'envisage dans « L'Humanité » d'aujourd'hui.
La question qui se pose ici n'est donc pas de savoir
si oui ou non ceci va arriver mais quelles sont les condi-
tions requises pour empêcher que cela arrive. Alors
qu'elle vient de démontrer son impuissance, va-t-on
encore une fois évoquer l'union de tous les républicains
contre le péril antidémocratique ? Ce serait une erreur
profonde. S'il arrivait que demain la bourgeoisie inca-
pable de résoudre les difficultés que lui a causées la
crise de mai recourrait à la manière forte, ce n'est qu'en
proposant une solution à ces difficultés que pourra être
reformé le formidable bloc des travailleurs et des étu-
diants qui a ébranlé le gaullisme. Les questions mises
en lumière par le mouvement de mai ne se rapportent
pas à la défense de la démocratie bourgeoise mais à
la mise en œuvre de transformations révolutionnaires
de la société. C'est en réunissant les forces nécessaires
pour ce combat que toute tentative néofasciste sera
écartée.
Dans cette situation, la gauche « parlementaire »
va-t-elle accentuer son glissement à droite à la recher-
che des voix perdues ou au contraire placer l'effort là
où il doit l'être : dans un travail renouvelant les formes
d'intervention politiques et syndicales dans les entre-
prises et dans les facultés ?
va-t-elle accentuer son glissement à droite à la recher-
che des voix perdues ou au contraire placer l'effort là
où il doit l'être : dans un travail renouvelant les formes
d'intervention politiques et syndicales dans les entre-
prises et dans les facultés ?
Quelle que soit sa réponse, la nôtre est claire : On
pourra multiplier les polémiques, les pressions, les
chantages, chaque Comité d'Action, chaque embryon
d'université populaire d'été est déjà l'amorce des luttes
de la rentrée.
pourra multiplier les polémiques, les pressions, les
chantages, chaque Comité d'Action, chaque embryon
d'université populaire d'été est déjà l'amorce des luttes
de la rentrée.
L'Université
commence
à Bergerac
commence
à Bergerac
A premier tour on n'a guère
fait attention à la 3 circonscrip-
tion de la Dordogne, celle de
Bergerac. Pourtant le candidat
U.D.R. y avait fait une perfor-
mance assez remarquable
49,06 % des suffrages, contre
28,6 % en 1967. Aujourd'hui ce
candidat est élu ; il a battu le
député sortant F.G.O.S. Mais
cela, en soi, ne saurait retenir
l'attention. De tels exploits sont
hélas en juin 1968 très ordinai-
res. Ce qui est important, c'est
la personnalité du nouvel élu ;
il s'agit du Recteur Capelle.
fait attention à la 3 circonscrip-
tion de la Dordogne, celle de
Bergerac. Pourtant le candidat
U.D.R. y avait fait une perfor-
mance assez remarquable
49,06 % des suffrages, contre
28,6 % en 1967. Aujourd'hui ce
candidat est élu ; il a battu le
député sortant F.G.O.S. Mais
cela, en soi, ne saurait retenir
l'attention. De tels exploits sont
hélas en juin 1968 très ordinai-
res. Ce qui est important, c'est
la personnalité du nouvel élu ;
il s'agit du Recteur Capelle.
Le recteur Capelle est peu
connu dans le grand public ;
mais tous ceux qui, de près ou
de loin ont eu affaire aux pro-
blèmes de l'Education Nationale
connaissent bien ce nom. Di-
recteur des enseignements au
ministère de l'Education Natio-
nale, le recteur Capelle a fait
partie dès le départ du groupe
des novateurs notamment en
matière universitaire. C'est lui
qui prépare les dossiers du mi-
nistre de l'Education Nationale
en 1964, qui aboutissent au plan
Fouchet. Mais le recteur Ca-
pelle refuse de présider à l'exé-
cution de ce plan. Il l'estime
trop timoré. Il démissionne et
à l'automne 1965, dans une in-
terview fracassante à l'hebdo-
madaire Arts il précise sa po-
sition.
connu dans le grand public ;
mais tous ceux qui, de près ou
de loin ont eu affaire aux pro-
blèmes de l'Education Nationale
connaissent bien ce nom. Di-
recteur des enseignements au
ministère de l'Education Natio-
nale, le recteur Capelle a fait
partie dès le départ du groupe
des novateurs notamment en
matière universitaire. C'est lui
qui prépare les dossiers du mi-
nistre de l'Education Nationale
en 1964, qui aboutissent au plan
Fouchet. Mais le recteur Ca-
pelle refuse de présider à l'exé-
cution de ce plan. Il l'estime
trop timoré. Il démissionne et
à l'automne 1965, dans une in-
terview fracassante à l'hebdo-
madaire Arts il précise sa po-
sition.
DES ETUDIANTS INAPTES
S'il condamne la réforme gou-
vernementale, c'est qu'elle ne
va pas assez loin. L'université
française se prépare à produire
en trop grand nombre des étu-
diants inadaptés aux tâches que
leur offre la société industrielle.
Il estime que les barrages ins-
tallés au niveau du bac et au
niveau du premier cycle sont
insuffisants. L'enseignement su-
périeur accueillera un trop grand
nombre d'étudiants, dont une
partie est inapte à recevoir un
enseignement de qualité. Ce
flot mettra les universités dans
l'incapacité de donner un en-
seignement adéquat à l'élite
pour laquelle elles sont faites.
Favorable à la création des
I.U.T,. il en souhaite l'extension
rapide. Sa politique pourrait se
résumer en deux mots : sélec-
tion et adaptation.
vernementale, c'est qu'elle ne
va pas assez loin. L'université
française se prépare à produire
en trop grand nombre des étu-
diants inadaptés aux tâches que
leur offre la société industrielle.
Il estime que les barrages ins-
tallés au niveau du bac et au
niveau du premier cycle sont
insuffisants. L'enseignement su-
périeur accueillera un trop grand
nombre d'étudiants, dont une
partie est inapte à recevoir un
enseignement de qualité. Ce
flot mettra les universités dans
l'incapacité de donner un en-
seignement adéquat à l'élite
pour laquelle elles sont faites.
Favorable à la création des
I.U.T,. il en souhaite l'extension
rapide. Sa politique pourrait se
résumer en deux mots : sélec-
tion et adaptation.
Lorsque l'on présente à la dé-
putation un homme comme le
recteur Capelle, ce n'est jamais
parce que l'on manque de can-
didats. Lorsqu'un homme com-
me le recteur Capelle accepte
de briguer un siège au Palais
Bourbon, ce n'est pas pour le
plaisir d'être 1/355 d'une majo-
rité servile ou 1/487 d'un par-
lement croupion. Il y a fort à
parier que le recteur jouera un
rôle important dans la réforme
de l'université ; peut-être même,
le portefeuille de l'Education
Nationale l'attend au prochain
remaniement ministériel.
putation un homme comme le
recteur Capelle, ce n'est jamais
parce que l'on manque de can-
didats. Lorsqu'un homme com-
me le recteur Capelle accepte
de briguer un siège au Palais
Bourbon, ce n'est pas pour le
plaisir d'être 1/355 d'une majo-
rité servile ou 1/487 d'un par-
lement croupion. Il y a fort à
parier que le recteur jouera un
rôle important dans la réforme
de l'université ; peut-être même,
le portefeuille de l'Education
Nationale l'attend au prochain
remaniement ministériel.
UN HOMME INTELLIGENT
Le fait est important. Le rec-
teur Capelle est un homme in-
telligent. Contrairement à tous
ses prédécesseurs, il n'ignore
rien des dossiers de la plus
importante des administrations
françaises. Il a des idées et il
les appliquera. Cela signifie que
le gaullisme va prendre l'offen-
sive sur le terrain universitaire.
Pour la première fois, peut-être,
il va essayer de façon cohé-
rente d'adapter l'université aux
exigences de la société néo-
capitaliste.
teur Capelle est un homme in-
telligent. Contrairement à tous
ses prédécesseurs, il n'ignore
rien des dossiers de la plus
importante des administrations
françaises. Il a des idées et il
les appliquera. Cela signifie que
le gaullisme va prendre l'offen-
sive sur le terrain universitaire.
Pour la première fois, peut-être,
il va essayer de façon cohé-
rente d'adapter l'université aux
exigences de la société néo-
capitaliste.
Dans ce but, le gouverne-
ment jouera sur les divisions
du corps professoral. Sous la
houlette des réformateurs, style
ZAMANSKY, il essaiera de re-
grouper tous les enseignants
conservateurs qui ont tremblé
pour leur chaire. Il tentera peut-
être de mobiliser le courant ré-
formiste en milieu étudiant ;
mais il ne fera pour cvja au-
cune concession. Les réformes
gaullistes sont toujours oc-
troyées.
ment jouera sur les divisions
du corps professoral. Sous la
houlette des réformateurs, style
ZAMANSKY, il essaiera de re-
grouper tous les enseignants
conservateurs qui ont tremblé
pour leur chaire. Il tentera peut-
être de mobiliser le courant ré-
formiste en milieu étudiant ;
mais il ne fera pour cvja au-
cune concession. Les réformes
gaullistes sont toujours oc-
troyées.
Tout cela risque d'aller très
vite. La sélection pourrait même
être instituée à la prochaine
rentrée. La bataille de l'univer-
sité commence à Bergerac.
vite. La sélection pourrait même
être instituée à la prochaine
rentrée. La bataille de l'univer-
sité commence à Bergerac.
LA FIN
DE LA GAUCHE
RÉPUBLICAINE
Au lendemain du premier tour,
des commentateurs de gauche
avaient émis l'hypothèse qu'une
part importante des abstention-
nistes étaient de gauche. Ils
avaient aussi avancé l'idée que
la vague gaulliste, provoquée
par un réflexe de peur, serait
contenue au second tour par
une volonté d'équilibre de l'élec-
torat. Inquiet d'une victoire trop
massive du gaullisme, l'électorat
aurait au second tour nuancé
son approbation.
des commentateurs de gauche
avaient émis l'hypothèse qu'une
part importante des abstention-
nistes étaient de gauche. Ils
avaient aussi avancé l'idée que
la vague gaulliste, provoquée
par un réflexe de peur, serait
contenue au second tour par
une volonté d'équilibre de l'élec-
torat. Inquiet d'une victoire trop
massive du gaullisme, l'électorat
aurait au second tour nuancé
son approbation.
C'est sur cette analyse, au
fond, que s'est fondée la stra-
tégie du P.C.F. : le sursaut ré-
publicain. Ces hypothèses se
sont révélées fausses. Non seu-
lement les candidats de la gau-
che n'ont pas réussi à mobiliser
comme en 1967 une partie de
l'électorat centriste ; non seule-
ment les candidats communistes
n'ont pas réuni toutes les voix
de gauche là où ils étaient pré-
sents, mais encore les candidats
fédérés, devenus porte-drapeau
de la gauche n'ont pas fait le
plein des voix.
fond, que s'est fondée la stra-
tégie du P.C.F. : le sursaut ré-
publicain. Ces hypothèses se
sont révélées fausses. Non seu-
lement les candidats de la gau-
che n'ont pas réussi à mobiliser
comme en 1967 une partie de
l'électorat centriste ; non seule-
ment les candidats communistes
n'ont pas réuni toutes les voix
de gauche là où ils étaient pré-
sents, mais encore les candidats
fédérés, devenus porte-drapeau
de la gauche n'ont pas fait le
plein des voix.
Une défaite est à cet égard
exemplaire : celle de Charles
Hernu (F.G.O.S.) à Châteauroux.
dans l'Indre. Au premier tour la
gauche représente 21 183 voix.
Le candidat U.D.R., Gerbaud,
seul candidat de droite obtient
19717. Au second tour, Charles
Hernu n'obtient que 19000 voix,
alors que son concurrent en ga-
gne environ 2 000. On pourrait
trouver de nombreux exemples
de ce genre ; une partie de
l'électorat du P.C.F. et du P.S.U.
refuse de cautionner l'alliance
sans principe ni programme avec
la Social-démocratie.
exemplaire : celle de Charles
Hernu (F.G.O.S.) à Châteauroux.
dans l'Indre. Au premier tour la
gauche représente 21 183 voix.
Le candidat U.D.R., Gerbaud,
seul candidat de droite obtient
19717. Au second tour, Charles
Hernu n'obtient que 19000 voix,
alors que son concurrent en ga-
gne environ 2 000. On pourrait
trouver de nombreux exemples
de ce genre ; une partie de
l'électorat du P.C.F. et du P.S.U.
refuse de cautionner l'alliance
sans principe ni programme avec
la Social-démocratie.
Dans le Sud-Ouest, un double
mouvement est en train de faire
basculer les fiefs de la gauche
traditionnelle. D'une part la
clientèle de type Radical-socia-
liste qui votait autrefois pour
ce parti parce qu'il représentait
('axe du pouvoir, se tourne au-
jourd'hui par le même réflexe
vers le gaullisme ; d'autre part,
les électeurs qui veulent expri-
mer une option réelle à gauche
refusent de voter pour les no-
tables qui en sont les porte-
drapeau. Exemple significatif :
la Dordogne. En 1967, un député
gaulliste, trois députés F.G.O.S.;
en 1968, quatre députes gaul-
listes. Pourtant dans la troisième
circonscription, la gauche, quoi-
qu'en recul, avait obtenu au pre-
mier tour près de 60 % de voix.
Au second tour, elle est battue ;
belle leçon pour ceux qui ont
accepté que les - candidats uni-
ques de la gauche » soient
Georges BONNET, l'inspirateur
des accords de Munich et Ro-
bert LACOSTE, le tortionnaire
d'Alger. Ou' pourrait croire à
un sursaut républicain avec de
tels hommes ?
mouvement est en train de faire
basculer les fiefs de la gauche
traditionnelle. D'une part la
clientèle de type Radical-socia-
liste qui votait autrefois pour
ce parti parce qu'il représentait
('axe du pouvoir, se tourne au-
jourd'hui par le même réflexe
vers le gaullisme ; d'autre part,
les électeurs qui veulent expri-
mer une option réelle à gauche
refusent de voter pour les no-
tables qui en sont les porte-
drapeau. Exemple significatif :
la Dordogne. En 1967, un député
gaulliste, trois députés F.G.O.S.;
en 1968, quatre députes gaul-
listes. Pourtant dans la troisième
circonscription, la gauche, quoi-
qu'en recul, avait obtenu au pre-
mier tour près de 60 % de voix.
Au second tour, elle est battue ;
belle leçon pour ceux qui ont
accepté que les - candidats uni-
ques de la gauche » soient
Georges BONNET, l'inspirateur
des accords de Munich et Ro-
bert LACOSTE, le tortionnaire
d'Alger. Ou' pourrait croire à
un sursaut républicain avec de
tels hommes ?
LES COMITÉS DE BASE
D'ENTREPRISE
D'ENTREPRISE
Lundi matin, un commando U DR ,
accompagne de membres de la direction
a attaque la Slviem (Suresnes). Des
vitres ont été brisées et du matériel
démoli. Les ouvnrers ont essayé d'm-
accompagne de membres de la direction
a attaque la Slviem (Suresnes). Des
vitres ont été brisées et du matériel
démoli. Les ouvnrers ont essayé d'm-
erdire I accès de l'usine au susdit
commando avec des pompes d incen-
die. Hélas la municipalité a coupé l'eau.
Immédiatement la sirène d'alerte, qui
avait déjà servi pendant la grève, a
commando avec des pompes d incen-
die. Hélas la municipalité a coupé l'eau.
Immédiatement la sirène d'alerte, qui
avait déjà servi pendant la grève, a
etenti, appelant tout le personnel de
Saviem à se rassembler. Il a appelé a
Saviem à se rassembler. Il a appelé a
a rescousse les travailleurs de Sud-
Aviation et de l'usine Dassault. Ils fu-
rent 1 500 en tout.
Aviation et de l'usine Dassault. Ils fu-
rent 1 500 en tout.
Une heure après, la direction soitait.
amcue. entre deux haies d ouvriers
qui criaient • continuons la lutte •
qui criaient • continuons la lutte •
A la C.F.S. (Issy-les-Moulmeaux) les
ouvriers exigent la mutation de deux
contre-maîtres particulièrement odieux
ouvriers exigent la mutation de deux
contre-maîtres particulièrement odieux
oute I usine s est mise en grève. La
direction n'a pas encore pris de décision
au sujet des contre-maîtres, mais elle
a admis pour la première fois, la dis-
direction n'a pas encore pris de décision
au sujet des contre-maîtres, mais elle
a admis pour la première fois, la dis-
:ussion avec les comités de base. Pla
cee devant le fait accompli, elle a dû
cee devant le fait accompli, elle a dû
econnaitre le droit des travailleurs a
discuter de tous leurs problèmes au
sem des ateliers.
discuter de tous leurs problèmes au
sem des ateliers.
A Citroen, multiples débrayages cette
semaine, d une demi - heure, d une
semaine, d une demi - heure, d une
leure, ou d une demi-journée (notam-
ment aux usines d Asmeres. Ivry, Nan-
ment aux usines d Asmeres. Ivry, Nan-
eric. Clichy Lsvallois Javel). Motif
des débrayages : le problème non en-
core resotu. de la récupération des
des débrayages : le problème non en-
core resotu. de la récupération des
L'échec de la gauche au pre-
mier tour était prévisible, mais
il a été plus ample que prévu ;
la défaite au second tour était
encore plus prévisible, mais elle
a été encore plus ample que
prévu. Que l'on en juge par les
résultats : 293 sièges pour les
gaullistes de stricte obédience
(39 de plus que la majorité ab-
solue). 355 députes de la majo-
rité, 394 députés réactionnaires :
ptus qu'en 1958. Et en 1958. la
réaction était divisée, aujour-
d'hui, elle est unie. 91 sièges
pour la gauche. Rapport de force
à l'Assemblée : 80 % - 20 %.
mier tour était prévisible, mais
il a été plus ample que prévu ;
la défaite au second tour était
encore plus prévisible, mais elle
a été encore plus ample que
prévu. Que l'on en juge par les
résultats : 293 sièges pour les
gaullistes de stricte obédience
(39 de plus que la majorité ab-
solue). 355 députes de la majo-
rité, 394 députés réactionnaires :
ptus qu'en 1958. Et en 1958. la
réaction était divisée, aujour-
d'hui, elle est unie. 91 sièges
pour la gauche. Rapport de force
à l'Assemblée : 80 % - 20 %.
Les gaullistes ont été forte-
ment aidés par le découpage
électoral ; avec 48 % des suf-
frages (1), ils trustent 75 % des
sièges. Mais l'analyse ne peut
se borner à cet aspect des cho-
ses. La gauche a, dans de très
nombreuses circonscriptions, re-
culé entre le 23 et le 30 juin.
Il importera d'analyser plus pro-
fondément les causes et d'en
tirer les conséquences. Mais en
tout cas, ces résultats condam-
nent sans appel, la ligne poli-
tique qui, des attaques contre
les « gauchistes - au <• sursaut
républicain -, a guide l'action
du P.C.F.
ment aidés par le découpage
électoral ; avec 48 % des suf-
frages (1), ils trustent 75 % des
sièges. Mais l'analyse ne peut
se borner à cet aspect des cho-
ses. La gauche a, dans de très
nombreuses circonscriptions, re-
culé entre le 23 et le 30 juin.
Il importera d'analyser plus pro-
fondément les causes et d'en
tirer les conséquences. Mais en
tout cas, ces résultats condam-
nent sans appel, la ligne poli-
tique qui, des attaques contre
les « gauchistes - au <• sursaut
républicain -, a guide l'action
du P.C.F.
Il est vain pour un parti ou-
vrier d'essayer de disputer à
la bourgeoisie ses thèmes élec-
toraux. Lorsque le drapeau porté
en avant par plusieurs millions
de travailleurs est rouge, il est
vain d'essayer de paraître plus
bleu, blanc, rouge que les gaul-
listes ; il est vain de se vouloir
un parti de l'ordre, lorsque l'on
sait ce que l'ordre signifie pour
la classe ouvrière. Comment les
électeurs n'auraient-ils pas été
désorientés lorsque tous les can-
didats du gaullisme au commu-
nisme, drapés dans les couleurs
nationales, se prétendaient éga-
lement partisans de l'ordre ?
Comment ont-ils pu comprendre
que tous fassent appel au ré-
flexe de défense républicaine ?
vrier d'essayer de disputer à
la bourgeoisie ses thèmes élec-
toraux. Lorsque le drapeau porté
en avant par plusieurs millions
de travailleurs est rouge, il est
vain d'essayer de paraître plus
bleu, blanc, rouge que les gaul-
listes ; il est vain de se vouloir
un parti de l'ordre, lorsque l'on
sait ce que l'ordre signifie pour
la classe ouvrière. Comment les
électeurs n'auraient-ils pas été
désorientés lorsque tous les can-
didats du gaullisme au commu-
nisme, drapés dans les couleurs
nationales, se prétendaient éga-
lement partisans de l'ordre ?
Comment ont-ils pu comprendre
que tous fassent appel au ré-
flexe de défense républicaine ?
Si le P.C.F. fait peur à la bour
geoisie et à sa clientèle, c'est
en raison même de son carac-
tère prolétarien. Si le mouve».
ment des masses effraie les pe-
tits bourgeois, ce n'est pas a
cause des désordres qu'il en-
gendre, c'est à cause de sa puis-
sance. Il suffit de lire la presse
pour voir que c'est les occupa-
tions d'usines et pas les barri-
cades qui ont mobilisé le parti
de la crainte. La classe ouvrière,
c'est la leçon de plus de cent
ans d'histoire, n'a jamais été vic-
torieuse que sous sa propre
bannière.
geoisie et à sa clientèle, c'est
en raison même de son carac-
tère prolétarien. Si le mouve».
ment des masses effraie les pe-
tits bourgeois, ce n'est pas a
cause des désordres qu'il en-
gendre, c'est à cause de sa puis-
sance. Il suffit de lire la presse
pour voir que c'est les occupa-
tions d'usines et pas les barri-
cades qui ont mobilisé le parti
de la crainte. La classe ouvrière,
c'est la leçon de plus de cent
ans d'histoire, n'a jamais été vic-
torieuse que sous sa propre
bannière.
(1) Et non 44 ">/„ . car flu< 44 '':'n obte-
nus par l'U D R , il faut ajouter les 4 ">,
obtenus par les candidats Républicains-
Indépendants non investis par l'U.DR.
nus par l'U D R , il faut ajouter les 4 ">,
obtenus par les candidats Républicains-
Indépendants non investis par l'U.DR.
! jours de grève Dans une usine, toute-
i fois, les ouvriers ont débraye a la suite
' du licenciement, pour faits de grève,
d'une employée femme de ménage. Un
quart d'heure après le debrayags, cette
femme était re-embauchee.
Tous ces débrayages sont décides a
la base, sans ordre syndica'
la base, sans ordre syndica'
Aux Galeries Lafayette, victoire du
personnel qui a réussi a imposer QU*?
les grévistes soient remboursés s 72 %
pour les jours de grève (lors de la rf •
prise, la direction avait annonce qufi
les grévistes seraient rembourses a
50 •>/,. et les non-grévistes cadres pour
la plupart, le seraient a 100 %. Même
système au Printemps).
personnel qui a réussi a imposer QU*?
les grévistes soient remboursés s 72 %
pour les jours de grève (lors de la rf •
prise, la direction avait annonce qufi
les grévistes seraient rembourses a
50 •>/,. et les non-grévistes cadres pour
la plupart, le seraient a 100 %. Même
système au Printemps).
A Renault-Flin», la reprise a été mar-
quée par une accélération du travail
a la chaîne Les ouvriers sont pries de
fabriquer b75 unités par jour, au lieu
de 500 avant la grève
quée par une accélération du travail
a la chaîne Les ouvriers sont pries de
fabriquer b75 unités par jour, au lieu
de 500 avant la grève
A Rhône-Poulenc (Vitry). les comités
de base sont au nombre de 36. Il y
a un comité de base par service (cha-
que service groupant plusieurs ateliers,
lahos, etc ). Chaque comité de base
élit un reoresentant au Bureau des co-
mités de base, et les élus de plusieurs
Bureaux forment le Comité d'usine.
de base sont au nombre de 36. Il y
a un comité de base par service (cha-
que service groupant plusieurs ateliers,
lahos, etc ). Chaque comité de base
élit un reoresentant au Bureau des co-
mités de base, et les élus de plusieurs
Bureaux forment le Comité d'usine.
Cette organisation — par en bas --
des comités de base a. entre autres,
l'avantage de permettre la consulta
tion en un temps record, de plus d«
50 % du personnel, alors que les cOn
sulfations syndicales ne touchent qu«i
13 "'„. c'est-à-dire que les ouvriers
syndiques, soit 13 % du personnel,
sonnpl
des comités de base a. entre autres,
l'avantage de permettre la consulta
tion en un temps record, de plus d«
50 % du personnel, alors que les cOn
sulfations syndicales ne touchent qu«i
13 "'„. c'est-à-dire que les ouvriers
syndiques, soit 13 % du personnel,
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Une ronsultatiori par !P«Î comités H**
base vient d avoir heu a la suite» duf*<*
i décision de la direction peJon laqu«tt«
LE QUARTIER
NE SE LAISSE
INTIMIDER
NE SE LAISSE
INTIMIDER
Samedi soir au Quartier La-
tin, vers minuit, la foule habi-
tuelle descend et remonte le j
Boul'Mich. Les terrasses des |
cafés s'étalent jusqu'au bord du !
trottoir. Personne ne semble
prêter attention à la sombre
masse de la Sorbonne gardée
par de petits paquets de flics
noirs. On vend photos, albums
et livres de Mai comme on vend
de la quincaillerie au marché aux
puces.
tin, vers minuit, la foule habi-
tuelle descend et remonte le j
Boul'Mich. Les terrasses des |
cafés s'étalent jusqu'au bord du !
trottoir. Personne ne semble
prêter attention à la sombre
masse de la Sorbonne gardée
par de petits paquets de flics
noirs. On vend photos, albums
et livres de Mai comme on vend
de la quincaillerie au marché aux
puces.
LES NOSTALGIQUES
DU DEPAVAGE
DU DEPAVAGE
Deux ou trois automobilistes
gaullistes, grisés par la perspec-
tive du second tour, se mettent
à klaxonner le ti-ti-ti-ta-ta bien
connu de la droite depuis la
guerre d'Algérie. La nonchalence
estivale des lendemains de bar-
ricades laisse place alors à l'uni-
té retrouvée contre les cris de
victoire intempestifs. Quelques
dizaines de passants se retrou-
vent sur la chaussée et malmè-
nent gentiment les voitures gaul-
listes. Puis d'autres passants,
trop à l'étroit sur les trottoirs,
envahissent eux aussi la chaus-
sée qu'on a abandonnée depuis
trois semaines, un peu comme
des convalescents réapprennent
à marcher. Ils sont bientôt 300
au carrefour Saint-Germain -
Saint-Michel. Tout naturellement
on bloque la circulation, mais
toujours sur le mode de la fête, ;
en riant. Quelques internationa- J
les sont entonnées. On exprime I
gaullistes, grisés par la perspec-
tive du second tour, se mettent
à klaxonner le ti-ti-ti-ta-ta bien
connu de la droite depuis la
guerre d'Algérie. La nonchalence
estivale des lendemains de bar-
ricades laisse place alors à l'uni-
té retrouvée contre les cris de
victoire intempestifs. Quelques
dizaines de passants se retrou-
vent sur la chaussée et malmè-
nent gentiment les voitures gaul-
listes. Puis d'autres passants,
trop à l'étroit sur les trottoirs,
envahissent eux aussi la chaus-
sée qu'on a abandonnée depuis
trois semaines, un peu comme
des convalescents réapprennent
à marcher. Ils sont bientôt 300
au carrefour Saint-Germain -
Saint-Michel. Tout naturellement
on bloque la circulation, mais
toujours sur le mode de la fête, ;
en riant. Quelques internationa- J
les sont entonnées. On exprime I
LATIN
PAS
PAS
son opinion sur les élections :
« Elections - Trahison !» Un ou
deux nostalgiques expriment pu-
bliquement leur envie de dépa-
ver la chaussée.
« Elections - Trahison !» Un ou
deux nostalgiques expriment pu-
bliquement leur envie de dépa-
ver la chaussée.
A ceux qui leur répondent que
ce n'est pas tout à fait le mo-
ment, ils rétorquent qu'on ne
s'est pas battu depuis trois se-
maines. Quelques pas plus loin,
quelques diffuseurs de - L'En-
ragé » essayent de placer leurs
images : « Ne vous laissez pas
abuser, mangez de l'Enragé ».
De jolies filles en robes d'été
rient comme on rit sur le ma-
nège. Quelques vieilles femmes
du quartier sont manifestement
heureuses de pouvoir à nouveau
discuter avec des jeunes.
ce n'est pas tout à fait le mo-
ment, ils rétorquent qu'on ne
s'est pas battu depuis trois se-
maines. Quelques pas plus loin,
quelques diffuseurs de - L'En-
ragé » essayent de placer leurs
images : « Ne vous laissez pas
abuser, mangez de l'Enragé ».
De jolies filles en robes d'été
rient comme on rit sur le ma-
nège. Quelques vieilles femmes
du quartier sont manifestement
heureuses de pouvoir à nouveau
discuter avec des jeunes.
Tout le Quartier Latin, mainte-
nant, retentit de klaxons. Sur le
Boul'Mich, à la hauteur de la
rue des Ecoles, quelques indivi-
dus se prennent de nouveau
pour des agents de la circula-
tion et s'emploient à détourner
les voitures vers la rue de
l'Ecole-de-Médecine. Peine per-
due, les chauffeurs de limousi-
nes font d'eux-même demi-tour
avec force rotation du volant et
un brin d'inquiétude au visage.
nant, retentit de klaxons. Sur le
Boul'Mich, à la hauteur de la
rue des Ecoles, quelques indivi-
dus se prennent de nouveau
pour des agents de la circula-
tion et s'emploient à détourner
les voitures vers la rue de
l'Ecole-de-Médecine. Peine per-
due, les chauffeurs de limousi-
nes font d'eux-même demi-tour
avec force rotation du volant et
un brin d'inquiétude au visage.
En bas, au carrefour, on laisse
tout de même passer des voi-
tures. Quand on reconnaît des
sympathisants par exemple ou
quand ce sont des autobus.
« C'est la R.A.T.P., laissez pas-
ser ! ». On déride le chauffeur
en lui lançant des * Gross'kapi-
talist, gross autobus ! »
tout de même passer des voi-
tures. Quand on reconnaît des
sympathisants par exemple ou
quand ce sont des autobus.
« C'est la R.A.T.P., laissez pas-
ser ! ». On déride le chauffeur
en lui lançant des * Gross'kapi-
talist, gross autobus ! »
MARC LANVIN :
LA VRAIE PEGRE
A ENCORE Ml
LA VRAIE PEGRE
A ENCORE Ml
Après les violences U.D.R.
contre les cheminots de la gare
Saint-Lazare, qui avaient fait un
blessé par balle, après les mul-
tiples agressions des prétendus
colleurs d'affiches Ve République
tant dans la région parisienne
(Paris 2e circonscription, Bougi-
val, Saint-Denis) qu'en province
(Nièvre, Nîmes, Marseille) l'iné-
vitable s'est produit : les nervis
U.D.R. qui disposent d'armes
dans leurs expéditions, les ont
employées ; ils ont tué. Dans la
circonscription de Guy Mollet,
près d'Arras, un commando gaul-
Hste armé qui faisait la tournée
des panneaux électoraux pour
en arracher les affiches de la
gauche, a sorti 7,65 et 22 long
rifle contre des communistes et
des socialistes qui les avaient
contre les cheminots de la gare
Saint-Lazare, qui avaient fait un
blessé par balle, après les mul-
tiples agressions des prétendus
colleurs d'affiches Ve République
tant dans la région parisienne
(Paris 2e circonscription, Bougi-
val, Saint-Denis) qu'en province
(Nièvre, Nîmes, Marseille) l'iné-
vitable s'est produit : les nervis
U.D.R. qui disposent d'armes
dans leurs expéditions, les ont
employées ; ils ont tué. Dans la
circonscription de Guy Mollet,
près d'Arras, un commando gaul-
Hste armé qui faisait la tournée
des panneaux électoraux pour
en arracher les affiches de la
gauche, a sorti 7,65 et 22 long
rifle contre des communistes et
des socialistes qui les avaient
suivis. Avant même que ceux-ci
interviennent, cinq coups de feu
avaient claqué et un jeune mili-
tant de la J.C. était abattu à bout
portant (moins de deux mètres
d'après les premiers éléments de
l'enquête).
interviennent, cinq coups de feu
avaient claqué et un jeune mili-
tant de la J.C. était abattu à bout
portant (moins de deux mètres
d'après les premiers éléments de
l'enquête).
Après avoir tenté vainement
de nier l'évidence, ils ont avoué
qu'ils avaient tiré et pour qui ils
travaillaient.
de nier l'évidence, ils ont avoué
qu'ils avaient tiré et pour qui ils
travaillaient.
Malgré l'inculpation qui les a
aussitôt frappés, malgré la cou-
verture de professions honora-
bles que les communiqués de
radio leur ont attribuée avec em-
pressement, malgré la protesta-
tion de la Fédération Ve Répu-
blique locale condamnant « les
violences d'où qu'elles vien-
nent », il devient clair que sous
couvert de création de « Comi-
aussitôt frappés, malgré la cou-
verture de professions honora-
bles que les communiqués de
radio leur ont attribuée avec em-
pressement, malgré la protesta-
tion de la Fédération Ve Répu-
blique locale condamnant « les
violences d'où qu'elles vien-
nent », il devient clair que sous
couvert de création de « Comi-
LES CLOPORTES
DE LA PREFECTURE
DE LA PREFECTURE
C'est la fête. Mais ça ne dure
pas. Vers minuit, les cloportes
de la Préfecture débarquent.
Quinze cars de police, précédés
d'une centurie de C.R.S. et gen-
darmes mobiles, casqués, ma-
traques hautes... grenades en
gibecières et même bouclier sur
le poitrail. Les « manifestants -
s'écartent de la même manière
qu'on laisse passer des bêtes
sauvages qui ne sont pas encore
décidées à vous dévorer. La
cohorte investit le carrefour, éta-
blit ses têtes de pont sur les
coins de trottoirs, refoulent, en
poussant du bâton une foule qui
lui oppose la force d'une cer-
taine inertie moqueuse. On dia-
logue, ou plutôt on tente le dia-
logue : « Eh ! les flics, on net-
toie ? », ou « La bougeotte, les
cocus ? ». Quelques drôles, sur
le trottoir, conseillent à leur voi-
sin d' « aller voter au lieu de
glander dans la rue ». On sou-
rit et on retourne voir de près
les flics, les gros de préférence.
pas. Vers minuit, les cloportes
de la Préfecture débarquent.
Quinze cars de police, précédés
d'une centurie de C.R.S. et gen-
darmes mobiles, casqués, ma-
traques hautes... grenades en
gibecières et même bouclier sur
le poitrail. Les « manifestants -
s'écartent de la même manière
qu'on laisse passer des bêtes
sauvages qui ne sont pas encore
décidées à vous dévorer. La
cohorte investit le carrefour, éta-
blit ses têtes de pont sur les
coins de trottoirs, refoulent, en
poussant du bâton une foule qui
lui oppose la force d'une cer-
taine inertie moqueuse. On dia-
logue, ou plutôt on tente le dia-
logue : « Eh ! les flics, on net-
toie ? », ou « La bougeotte, les
cocus ? ». Quelques drôles, sur
le trottoir, conseillent à leur voi-
sin d' « aller voter au lieu de
glander dans la rue ». On sou-
rit et on retourne voir de près
les flics, les gros de préférence.
Peut-être ceux-ci se sentent-
ils encore peu en sûreté. En tout
cas, avec force klaxon, les cars
gris-blancs des C.R.S. dévalent
du boulevard Saint-Germain, re-
broussant le sens unique. Trois,
quatre, dix, vingt cars tournent
dans le Boul'Mich' et, sans s'ar-
rêter, semblent regagner leur
port d'attache, le parvis de No-
tre-Dame, qu'ils ont quitté cinq
minutes plus tôt. Maintenant, on
est un peu plus nerveux. Quel-
ques « C.R.S. - S.S. ! » fusent.
Quelques flics ont des gestes
agressifs. Et puis on continue à
se regarder...
ils encore peu en sûreté. En tout
cas, avec force klaxon, les cars
gris-blancs des C.R.S. dévalent
du boulevard Saint-Germain, re-
broussant le sens unique. Trois,
quatre, dix, vingt cars tournent
dans le Boul'Mich' et, sans s'ar-
rêter, semblent regagner leur
port d'attache, le parvis de No-
tre-Dame, qu'ils ont quitté cinq
minutes plus tôt. Maintenant, on
est un peu plus nerveux. Quel-
ques « C.R.S. - S.S. ! » fusent.
Quelques flics ont des gestes
agressifs. Et puis on continue à
se regarder...
A quelques centaines de mè-
tres, au carrefour de l'Odéon,
ce sont cette fois cinq à six
cents manifestants qui barrent
le boulevard Saint-Germain. La
présence proche des flics po-
tres, au carrefour de l'Odéon,
ce sont cette fois cinq à six
cents manifestants qui barrent
le boulevard Saint-Germain. La
présence proche des flics po-
litise. On dresse des mini-barri-
cades avec des détritus et quel-
ques panneaux électoraux. On
les allume. Le lourd appareil
policier intervient. Cette fois les
policiers chargent à deux re-
prises. Quatre manifestants bles-
sés sont transportés à l'hôpital
Laënnec.
cades avec des détritus et quel-
ques panneaux électoraux. On
les allume. Le lourd appareil
policier intervient. Cette fois les
policiers chargent à deux re-
prises. Quatre manifestants bles-
sés sont transportés à l'hôpital
Laënnec.
Mais ces manifestants spon-
tanés absolument désarmés ne
se laissent pas impressionner.
Vers 3 heures des groupes de
manifestants continuent à allu-
mer des feux du côté de Mau-
bert. C'était bientôt le même
scénario sur le pont Sully. Les
irréductibles atteignaient la Bas-
tille vers 4 heures, toujours
pourchassés par le forces de
police.
tanés absolument désarmés ne
se laissent pas impressionner.
Vers 3 heures des groupes de
manifestants continuent à allu-
mer des feux du côté de Mau-
bert. C'était bientôt le même
scénario sur le pont Sully. Les
irréductibles atteignaient la Bas-
tille vers 4 heures, toujours
pourchassés par le forces de
police.
On parle ce matin dans la
presse de mini-manifestations.
Les flics eux n'appréc«9nt pas
les nuances. Ils ne le peuvent
pas d'ailleurs.
presse de mini-manifestations.
Les flics eux n'appréc«9nt pas
les nuances. Ils ne le peuvent
pas d'ailleurs.
LES C.D.R. ONT BESOIN
DES C.R.S.
DES C.R.S.
Lundi, 3 h 20. Durant toute la
nuit, les équipes de C.D.R. ont
sillonné Paris en voiture. Coups
de klaxons. Drapeaux français.
Injures, braillements d'ivrognes
et jeunes filles distinguées. Les
| enfants de la patrie avaient ce
soir la permission de fréquenter
les maquereaux. Mais pour eux
le Quartier Latin s'est fait coupe-
gorge. A coup de pavés et de
bouteilles, une centaine d'étu-
diants ont endommagé les jolies
bagnoles américaines et leurs
occupants tricolores. Ça et là
quelques esquisses de barri-
cades ont fichu la trouille aux
petits soldats de de Gaulle. Il
j a fallu que les C.R.S. Inter-
j viennent pour leur sauver la
j mise. Il ne suffit pas de gagner
I les élections pour faire la loi
i dans les rues.
nuit, les équipes de C.D.R. ont
sillonné Paris en voiture. Coups
de klaxons. Drapeaux français.
Injures, braillements d'ivrognes
et jeunes filles distinguées. Les
| enfants de la patrie avaient ce
soir la permission de fréquenter
les maquereaux. Mais pour eux
le Quartier Latin s'est fait coupe-
gorge. A coup de pavés et de
bouteilles, une centaine d'étu-
diants ont endommagé les jolies
bagnoles américaines et leurs
occupants tricolores. Ça et là
quelques esquisses de barri-
cades ont fichu la trouille aux
petits soldats de de Gaulle. Il
j a fallu que les C.R.S. Inter-
j viennent pour leur sauver la
j mise. Il ne suffit pas de gagner
I les élections pour faire la loi
i dans les rues.
tés de Défense de la Républi-
que », le gouvernement a enrôlé
la pègre (la vraie, celle des
proxénètes et des trafiquants)
pour organiser la violence et
l'intimidation.
que », le gouvernement a enrôlé
la pègre (la vraie, celle des
proxénètes et des trafiquants)
pour organiser la violence et
l'intimidation.
Il y a trop de revolvers près
des permanences U.D.R. et trop \
de repris de justice qui appro-
chent les candidats de la majo-
rité pour que cela soit ignoré de
la police. Et si ce n'est pas ignoré
c'est que tout ce joli monde tra-
vaille la main dans la main avec
répartition des tâches (récem-
ment un militant U.D.R. abattu
dans son bar donnait l'occasion
à la presse de poser la ques-
tion : « Attentat politique ou rè-
glement de comptes ?» Le seul
fait de poser une telle question
ne laisse aucun doute sur le
caractère... douteux du person-
nage).
des permanences U.D.R. et trop \
de repris de justice qui appro-
chent les candidats de la majo-
rité pour que cela soit ignoré de
la police. Et si ce n'est pas ignoré
c'est que tout ce joli monde tra-
vaille la main dans la main avec
répartition des tâches (récem-
ment un militant U.D.R. abattu
dans son bar donnait l'occasion
à la presse de poser la ques-
tion : « Attentat politique ou rè-
glement de comptes ?» Le seul
fait de poser une telle question
ne laisse aucun doute sur le
caractère... douteux du person-
nage).
Où veulent en venir Frey, Mar-
cellin, Pompidou et leurs acoly-
tes ? Est-ce que devant l'impos-
sibilité qui apparaît de mettre en
place des réformes et une parti-
cipation ayant quelque consis-
tance, la tentation n'est pas forte
de faire appel à la violence des
cellin, Pompidou et leurs acoly-
tes ? Est-ce que devant l'impos-
sibilité qui apparaît de mettre en
place des réformes et une parti-
cipation ayant quelque consis-
tance, la tentation n'est pas forte
de faire appel à la violence des
! groupes armés qui, en conver-
I gence avec celle des C.R.S. et
I des flics paralyserait les réac-
\ tions, déjà bien défensives, de
I la gauche ?
I gence avec celle des C.R.S. et
I des flics paralyserait les réac-
\ tions, déjà bien défensives, de
I la gauche ?
Est-ce que le gouvernement
n'a pas lancé un ballon d'essai :
voir ce que donnerait l'amorce
d'un processus de fascisation
pour faire face aux difficultés
j d'octobre ?
n'a pas lancé un ballon d'essai :
voir ce que donnerait l'amorce
d'un processus de fascisation
pour faire face aux difficultés
j d'octobre ?
' En tout cas la consigne don-
née aux radios de mettre cet
assassinat sur le compte du
- climat de violence » et de ren-
voyer dos à dos gauche et
C.D.R. laisse entendre que les
tribunaux inspirés de haut lieu
seront indulgents et qu'on ne
découragera pas les gaullistes
des bas-fonds qui voudraient
jouer du 7,65 pour mieux parti-
ciper au combat politique.
née aux radios de mettre cet
assassinat sur le compte du
- climat de violence » et de ren-
voyer dos à dos gauche et
C.D.R. laisse entendre que les
tribunaux inspirés de haut lieu
seront indulgents et qu'on ne
découragera pas les gaullistes
des bas-fonds qui voudraient
jouer du 7,65 pour mieux parti-
ciper au combat politique.
Le gouvernement a tué à Flins
et à Sochaux avec ses flics. Le
gouvernement vient de tuer à
Arras avec ses fascistes.
et à Sochaux avec ses flics. Le
gouvernement vient de tuer à
Arras avec ses fascistes.
A quand Salan, Bidault, Sous-
telle réembauchés : à défaut de
troupes nombreuses, il faudra
bien des experts en Défense de
la République ?
telle réembauchés : à défaut de
troupes nombreuses, il faudra
bien des experts en Défense de
la République ?
ACTION :
DU QUOTIDIEN
A L'HEBDOMADAIRE
L'existence d'Action a fait la preuve que contraire-
ment à ce que pensaient les « techniciens » de la presse,
la création d'un quotidien n'était pas un problème finan-
cier mais une question politique. En 1955, J.-J. Servan-
Schreiber et Mendès-France transforment l'Express en
quotidien pour soutenir la campagne du Front Républi-
cain. L'expérience ne dure que quelques semaines ;
depuis l'Express de virage à droite en virage à droite
est devenu l'hebdomadaire que l'on connaît. Là où
l'Express avait échoué, les militants anonymes de 1968
ont réussi : partiellement, avec quantité de manques, de
faiblesses, et d'approximation, mais réussi quand même.
Il vaut la peine de se demander pourquoi.
ment à ce que pensaient les « techniciens » de la presse,
la création d'un quotidien n'était pas un problème finan-
cier mais une question politique. En 1955, J.-J. Servan-
Schreiber et Mendès-France transforment l'Express en
quotidien pour soutenir la campagne du Front Républi-
cain. L'expérience ne dure que quelques semaines ;
depuis l'Express de virage à droite en virage à droite
est devenu l'hebdomadaire que l'on connaît. Là où
l'Express avait échoué, les militants anonymes de 1968
ont réussi : partiellement, avec quantité de manques, de
faiblesses, et d'approximation, mais réussi quand même.
Il vaut la peine de se demander pourquoi.
D'abord parce que le rythme rapide que le mou-
vement a imposé dans sa période de crue a modifié le
visage même de la politique. L'initiative était tous les
jours dans la rue et dans les usines; les militants avaient
besoin de l'arme quotidienne qu'était leur journal.
vement a imposé dans sa période de crue a modifié le
visage même de la politique. L'initiative était tous les
jours dans la rue et dans les usines; les militants avaient
besoin de l'arme quotidienne qu'était leur journal.
Ensuite parce que ces militants, dont l'immense
majorité étaient inorganisés avant le 3 mai, ont eu besoin
d'un lieu d'unification : Action est devenu le signe de
cette unité sur des mots d'ordre simples, à partir d'infor-
mations non « truquées » et à travers l'esquisse d'une
analyse qui dessinait, à la gauche de l'Humanité, le vi-
sage d'une nouvelle ligne.
majorité étaient inorganisés avant le 3 mai, ont eu besoin
d'un lieu d'unification : Action est devenu le signe de
cette unité sur des mots d'ordre simples, à partir d'infor-
mations non « truquées » et à travers l'esquisse d'une
analyse qui dessinait, à la gauche de l'Humanité, le vi-
sage d'une nouvelle ligne.
Aujourd'hui les questions qui se posent au mou-
vement sont d'un autre ordre : il s'agit de préparer la
bataille de la rentrée, d'en élaborer les thèmes, d'en
mettre au point les modalités. Il s'agit de poursuivre
la campagne d'explication sur l'échec de la politique de
capitulation.
vement sont d'un autre ordre : il s'agit de préparer la
bataille de la rentrée, d'en élaborer les thèmes, d'en
mettre au point les modalités. Il s'agit de poursuivre
la campagne d'explication sur l'échec de la politique de
capitulation.
C'est la raison pour laquelle nous avons décidé de
publier à partir de cette semaine un hebdomadaire dont
le nombre de pages plus important nous impose le prix
de un franc. II devrait être la tribune des Universités
d'été, le lieu de confrontation de toutes les expériences
et de toutes les réflexions. Cela pendant 10 numéros.
publier à partir de cette semaine un hebdomadaire dont
le nombre de pages plus important nous impose le prix
de un franc. II devrait être la tribune des Universités
d'été, le lieu de confrontation de toutes les expériences
et de toutes les réflexions. Cela pendant 10 numéros.
Ensuite, parce que nous pensons que la lutte doit
reprendre, le quotidien reparaîtra dans une forme amé-
liorée, tenant plus compte du travail des Comités d'ac-
tion, étendant sa diffusion en province.
reprendre, le quotidien reparaîtra dans une forme amé-
liorée, tenant plus compte du travail des Comités d'ac-
tion, étendant sa diffusion en province.
Action n'a pu exister que grâce à l'action de ses
diffuseurs militants et bénévoles et grâce au soutien de
ses lecteurs. La parution hebdomadaire pendant la pé-
riode des vacances rend insuffisante cette méthode de
diffusion. Nous demandons à tous nos lecteurs de
s'abonner :
diffuseurs militants et bénévoles et grâce au soutien de
ses lecteurs. La parution hebdomadaire pendant la pé-
riode des vacances rend insuffisante cette méthode de
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10 numéros : 15 F
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paiement (chèque ou mandat-lettre) à Thomas JALLAUD
204, rue de la Croix-Nivert, Paris (15').
paiement (chèque ou mandat-lettre) à Thomas JALLAUD
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Permanence diffusion
ACTION
Halle aux Vins
le personnel horaire, gréviste de la
Thomeon serait remboursé à 50 % Pour
les jours de grève, pendant que le per-
•onnel mensuel non gréviste serait rem-
boursé à 100 %. La majorité a décidé
de remettre * septembre un mouvement
de protestation qui pourrait prendre la
forme d'une nouvelle grève
Thomeon serait remboursé à 50 % Pour
les jours de grève, pendant que le per-
•onnel mensuel non gréviste serait rem-
boursé à 100 %. La majorité a décidé
de remettre * septembre un mouvement
de protestation qui pourrait prendre la
forme d'une nouvelle grève
A la Thomeon (Bagneux) où le travail
• reprie lundi, le directeur est rentré
dans son usine au eon de l'Internatio-
nale », entre deux cordons de grévistes.
Il a constaté que les locaux avaient
été entretenus tout au long de la grève,
d'une façon exemplaire.
• reprie lundi, le directeur est rentré
dans son usine au eon de l'Internatio-
nale », entre deux cordons de grévistes.
Il a constaté que les locaux avaient
été entretenus tout au long de la grève,
d'une façon exemplaire.
Lors du vote, les C.A. ont exigé un
vote à part pour les grévistes. Ceux-ci
•e sont prononcés comme suit : 160 voix
pour la reprise, 150 voix contre la re-
prise.
vote à part pour les grévistes. Ceux-ci
•e sont prononcés comme suit : 160 voix
pour la reprise, 150 voix contre la re-
prise.
" Ensuite un autre vote a eu lieu, au-
quel participaient cette fois grévistes et
non-grévistes. 1 600 personnes se eont
prononcées pour la reprise et 300 contre.
quel participaient cette fois grévistes et
non-grévistes. 1 600 personnes se eont
prononcées pour la reprise et 300 contre.
Cependant lee C.A. exigèrent qu'une
etrtre question soit posée : - Estlmez-
veue avoir obtenu satisfaction pour
voe revendication » ? 700 personnes
eut répondu oui, 1 200 ont répondu non.
etrtre question soit posée : - Estlmez-
veue avoir obtenu satisfaction pour
voe revendication » ? 700 personnes
eut répondu oui, 1 200 ont répondu non.
Si le protocole, d'accord n'a paa donné
•etisfaction i tou*, la grève aura servi
a plusieurs choses, tangibles et intan-
gibles. Formée» pendent la grève, les
équipes d* standardistes et de cuisi-
niers bénévoles eont prêtes, a tout
moment, • à remettre ça -, c'eet-à-dlre
à assurer les liaisons et à organiser
« la bouffe - de plusieurs milliers d'ou-
vriers. Le contact avec les paysans,
QUI a permis aux ouvriers de se nourrir
ftS tonnée de pomme» de terre et
2 tonnée d^arttchauts eu dernier arri-
•etisfaction i tou*, la grève aura servi
a plusieurs choses, tangibles et intan-
gibles. Formée» pendent la grève, les
équipes d* standardistes et de cuisi-
niers bénévoles eont prêtes, a tout
moment, • à remettre ça -, c'eet-à-dlre
à assurer les liaisons et à organiser
« la bouffe - de plusieurs milliers d'ou-
vriers. Le contact avec les paysans,
QUI a permis aux ouvriers de se nourrir
ftS tonnée de pomme» de terre et
2 tonnée d^arttchauts eu dernier arri-
vage) pourra être repris en cas de be-
soin. La grève a révélé de nouveaux
militants, actifs et totalement dévoués,
parmi les travailleurs qui, en d'autres
circonstances, restaient totalement ef-
facés. La grève terminée, les employés
de tous niveaux (professionnel, intel-
lectuel et hiérarchique) continuent à se
tutoyer.
soin. La grève a révélé de nouveaux
militants, actifs et totalement dévoués,
parmi les travailleurs qui, en d'autres
circonstances, restaient totalement ef-
facés. La grève terminée, les employés
de tous niveaux (professionnel, intel-
lectuel et hiérarchique) continuent à se
tutoyer.
LONGUE MARCHE
DE LA JEUNESSE
DE LA JEUNESSE
Parmi les initiatives prises par le
mouvement pour la poursuite de la
lutte cet été sous d'autres formes et
en vue de la préparation de la rentrée,
il y a « le longue marche de la jeu-
nesse -. Elle est organisée par le
• Mouvement pour le soutien aux lutte»
du peuple ». mets ses promoteurs
souhaitent la participation d'atrtree cou-
rants. De nombreuse» réunions prépa-
ratoires ont déjà eu Heu, notamment
aux Beaux-Arts avant que les force» de
police Investissent lee bâtiments.
mouvement pour la poursuite de la
lutte cet été sous d'autres formes et
en vue de la préparation de la rentrée,
il y a « le longue marche de la jeu-
nesse -. Elle est organisée par le
• Mouvement pour le soutien aux lutte»
du peuple ». mets ses promoteurs
souhaitent la participation d'atrtree cou-
rants. De nombreuse» réunions prépa-
ratoires ont déjà eu Heu, notamment
aux Beaux-Arts avant que les force» de
police Investissent lee bâtiments.
Cette longue marche, rassemblent
étudiants, Jeunes travailleurs, lycéens,
devrait se faire en partie à p»ed, en
partie par le train, etc. Il s'agit de se
rendre par groupes dans plusieurs villes
et villages de France, sur lee lieux de
vacances comme l'ont fait les gardes
rouges en Chine avec la révolution cul-
turelle.
étudiants, Jeunes travailleurs, lycéens,
devrait se faire en partie à p»ed, en
partie par le train, etc. Il s'agit de se
rendre par groupes dans plusieurs villes
et villages de France, sur lee lieux de
vacances comme l'ont fait les gardes
rouges en Chine avec la révolution cul-
turelle.
Plusieurs buts ont été fixés pour le
moment à cette longue marche. D'abord
former dans les villages des comités
populaires rassemblant ouvriers, pay-
sans, ensuite renforcer la « gauche
moment à cette longue marche. D'abord
former dans les villages des comités
populaires rassemblant ouvriers, pay-
sans, ensuite renforcer la « gauche
prolétarienne • dans les usines (1), enfin
multiplier les meetings publics sur les
grandes places des agglomérations.
multiplier les meetings publics sur les
grandes places des agglomérations.
On discute par ailleurs des possibi-
lités d'opérer des Jonctions entre la
• longue marche • et lee universités
populaires de province. Ainsi, les mar-
cheurs pourraient participer pendant
plusieurs jours à des débats et des
discussions à l'université de Montpel-
lier.
lités d'opérer des Jonctions entre la
• longue marche • et lee universités
populaires de province. Ainsi, les mar-
cheurs pourraient participer pendant
plusieurs jours à des débats et des
discussions à l'université de Montpel-
lier.
Un autre point est en discussion.
Celui des formes que devront revêtir
ces marches pour ne pas susciter dès le
départ, des réactions négatives chez le*
paysans que la propagande gaulliste
effraye plus facilement sur les agisse-
ments des révolutionnaires des grandes
villes.
Celui des formes que devront revêtir
ces marches pour ne pas susciter dès le
départ, des réactions négatives chez le*
paysans que la propagande gaulliste
effraye plus facilement sur les agisse-
ments des révolutionnaires des grandes
villes.
Signalons pour terminer, que le Mou-
vement de soutien tient une perma-
nence au Centre Censier, où sont af-
fichés les dates et lieux de réunion»
préparatoires à la « Longue Marche •.
vement de soutien tient une perma-
nence au Centre Censier, où sont af-
fichés les dates et lieux de réunion»
préparatoires à la « Longue Marche •.
(1) II est prévu que d«« Mudlmtts »» feront
•mbauch«r comme manœuvras pour l'été.
•mbauch«r comme manœuvras pour l'été.
ÉCRIVAINS :
PAS D'AUTOPSIE
PAS D'AUTOPSIE
Le mercredi soir 26 juin, lee étudient»
de la Fac de Médecine avaient Invité
dans l'Amphi Che Guevara quelques
écrivains (Clara Malraux, d'Astler de
la Vigerie, Armand Lanoux. Clavel —
Maurice et Bernard --) è. débattre de-
vant eux sur le thème « Littérature et
Révolution .. Débat moroe*. Discours
successifs et contradictoire». Den» |»
de la Fac de Médecine avaient Invité
dans l'Amphi Che Guevara quelques
écrivains (Clara Malraux, d'Astler de
la Vigerie, Armand Lanoux. Clavel —
Maurice et Bernard --) è. débattre de-
vant eux sur le thème « Littérature et
Révolution .. Débat moroe*. Discours
successifs et contradictoire». Den» |»
fond de la salle, soudain, des insultes
bruyantes : le Comité d'Action écrivains-
étudiants s'exprimait (Maurice Blanchot,
Marguerite Duras, Dionys Mascolo, Jac-
ques Bellefroid, Michel Thurlotte). Le
porte-parole du Comité accède à la
tribune. Il dénonce le thème du débat,
sa teneur, et ses participants. Le mo-
ment n'est pas a faire l'autopsie de ta
Révolution, ni à disserter sur la litté-
rature : le moment est a s'engager
concrètement dans l'action révolution-
naire au même titre que tout travail-
leur. Le Comité d'Action annonce qu'il
quitte la salle. Celle-ci se vide, mais
les étudiants exigent aussitôt que les
écrivains du Comité d'Action s'expli-
| quent —• dans i'Amphi Bons Vian —
sur leur attitude. La discussion reprend,
sans tribune, mais les écrivains comme
les étudiants éprouvent de grandes dif-
ficultés à sortir du domaine littéraire,
auquel les étudiants surtout semblent
très attaches. Le Comité d'Action écri-
vains-étudiants explique ea position :
la seule manière de changer vraiment
les rapports écrivains-lecteurs passe par
le changement radical des structure» eo-
clales, et donc par la Révolution.
bruyantes : le Comité d'Action écrivains-
étudiants s'exprimait (Maurice Blanchot,
Marguerite Duras, Dionys Mascolo, Jac-
ques Bellefroid, Michel Thurlotte). Le
porte-parole du Comité accède à la
tribune. Il dénonce le thème du débat,
sa teneur, et ses participants. Le mo-
ment n'est pas a faire l'autopsie de ta
Révolution, ni à disserter sur la litté-
rature : le moment est a s'engager
concrètement dans l'action révolution-
naire au même titre que tout travail-
leur. Le Comité d'Action annonce qu'il
quitte la salle. Celle-ci se vide, mais
les étudiants exigent aussitôt que les
écrivains du Comité d'Action s'expli-
| quent —• dans i'Amphi Bons Vian —
sur leur attitude. La discussion reprend,
sans tribune, mais les écrivains comme
les étudiants éprouvent de grandes dif-
ficultés à sortir du domaine littéraire,
auquel les étudiants surtout semblent
très attaches. Le Comité d'Action écri-
vains-étudiants explique ea position :
la seule manière de changer vraiment
les rapports écrivains-lecteurs passe par
le changement radical des structure» eo-
clales, et donc par la Révolution.
PAS DE VACANCE
POUR LES BARBOUZES
POUR LES BARBOUZES
Parmi les • conditions normales néces-
j saires a ia consultation électorale • (ce»
conditions au nom desquelles on a
i désarme dix million* de grévistes, inter-
| dit les groupes révolutionnaires, assas-
! sine un lycéen à Flins. deux ouvrière
I à Sochaux, etc.). nous avon» vu eclor»
j saires a ia consultation électorale • (ce»
conditions au nom desquelles on a
i désarme dix million* de grévistes, inter-
| dit les groupes révolutionnaires, assas-
! sine un lycéen à Flins. deux ouvrière
I à Sochaux, etc.). nous avon» vu eclor»
les Comités d'Action Civique. Les si-
lencieux, les trouillards, les patrons, les
jaunes, les gaullistes avaient été conviés
dans !« discours du 30 mai de Notre
Général à « organiser l'action civique •
pour soutenir le régime défaillant. Est-ce
à dire que ce petit monde s'est mue
du Jour au lendemain en groupe de
combat, que l'épicier (gaulliste) du coin
a enfilé chaque soir sa chemise noire,
ou bleu-blanc-rouge, et ceint son cein-
turon ? Ils n'en avaient ni les moyens,
ni même la volonté. Pourtant nous
voyons sévir depuis plus de quinze jours
une organisation paramilitaire. D ou
vient-elle donc en si psu de temps ?
lencieux, les trouillards, les patrons, les
jaunes, les gaullistes avaient été conviés
dans !« discours du 30 mai de Notre
Général à « organiser l'action civique •
pour soutenir le régime défaillant. Est-ce
à dire que ce petit monde s'est mue
du Jour au lendemain en groupe de
combat, que l'épicier (gaulliste) du coin
a enfilé chaque soir sa chemise noire,
ou bleu-blanc-rouge, et ceint son cein-
turon ? Ils n'en avaient ni les moyens,
ni même la volonté. Pourtant nous
voyons sévir depuis plus de quinze jours
une organisation paramilitaire. D ou
vient-elle donc en si psu de temps ?
Les raids, les attentats, «t ils sont
nombreux (grenades contre les piquets
de grève, plastiquages, fusillades a la
Rochelle et dans la banlieue parisienne,
attaqua du campus d'Orléans, etc.) ont
été, cela ne fait aucun doute, organisés
par des professionnels. La profession ?
Flics. Des flics d'un genre très spécial :
des • parallèles -. des barbouzes, des
CAC, quoi ; les humbles, les secrets,
ceux qui font le sale boulot ; on ne peut
paa toujours, lorsque l'on est Officiel,
arrêter et passer à tabac des militants
révolutionnaires, téléphoner des mena-
ces, mitrailler à tort et à travers ; il
y a de» lois. Mais les patriotes, les
CAC...
nombreux (grenades contre les piquets
de grève, plastiquages, fusillades a la
Rochelle et dans la banlieue parisienne,
attaqua du campus d'Orléans, etc.) ont
été, cela ne fait aucun doute, organisés
par des professionnels. La profession ?
Flics. Des flics d'un genre très spécial :
des • parallèles -. des barbouzes, des
CAC, quoi ; les humbles, les secrets,
ceux qui font le sale boulot ; on ne peut
paa toujours, lorsque l'on est Officiel,
arrêter et passer à tabac des militants
révolutionnaires, téléphoner des mena-
ces, mitrailler à tort et à travers ; il
y a de» lois. Mais les patriotes, les
CAC...
Nous n'en sommes cependant pas
(revenus) au mussolinisrne. L'univers
gaullien du gaullisme, la politique des
revenus, la participation et le dialogue
demeurent encore hermétiques aux nos-
talgiques de cette époque heureuse
Pourtant, la multiplication des provoca-
tions, les arrestations, les rondamna-
tlons et I action des CAC, vont toutes
(revenus) au mussolinisrne. L'univers
gaullien du gaullisme, la politique des
revenus, la participation et le dialogue
demeurent encore hermétiques aux nos-
talgiques de cette époque heureuse
Pourtant, la multiplication des provoca-
tions, les arrestations, les rondamna-
tlons et I action des CAC, vont toutes
dans un même sens : nous accoutumer
a l'arbitraire.
a l'arbitraire.
« II déchire une affiche de de Gaulle :
six mois avec sursis. • (« France-Soir •
du 19 juin). - Porteur d'un couteau a
cran d'arrêt (En réalité un clic-clic a
plusieurs lames familier au boy-scout
respectueux des lois) six mois •
« Insultes à agent (to;.; seul, devant un
barrage de C.R.S.) ; inculpe •
six mois avec sursis. • (« France-Soir •
du 19 juin). - Porteur d'un couteau a
cran d'arrêt (En réalité un clic-clic a
plusieurs lames familier au boy-scout
respectueux des lois) six mois •
« Insultes à agent (to;.; seul, devant un
barrage de C.R.S.) ; inculpe •
Ne crions pas au fascisme Ce serait
mal nous préparer a >~R qui peut suivi fi,
à la vraie répression (celle des assav-i
nats politiques et des enquêtes sommai.
res). Beaucoup d'entre nous en ont <*u
un avant-goût, mais ils n'ont encore vu
qu'un Etat bourgeois qui tente encore de
masquer ses illégalités.
mal nous préparer a >~R qui peut suivi fi,
à la vraie répression (celle des assav-i
nats politiques et des enquêtes sommai.
res). Beaucoup d'entre nous en ont <*u
un avant-goût, mais ils n'ont encore vu
qu'un Etat bourgeois qui tente encore de
masquer ses illégalités.
Le gaullisme se prépare des armes
plus graves, au cas où...
plus graves, au cas où...
ACTION CONTINUE
Créé sans aucun capital, sauf celui d«
la confiance des militants, le journal a
besoin de rentrées régulières.
la confiance des militants, le journal a
besoin de rentrées régulières.
Si vous voulez que sa parution con-
tinue, assurez le soutien financier à
« Action >. Versez les fonds à Serge
Bo«c, C.C.P. 24642-72 Pari», en indi-
quant - Pour Action -.
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« Action >. Versez les fonds à Serge
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quant - Pour Action -.
Lt directeur d* ta publication :
Jean-Pierre VICIER
Jean-Pierre VICIER
Grandet Imprimeries « Pons Cer»fft »
1 42, ru« Monrmartr»
Prjri, (2<)
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Trorall txecuté par d»«
tyndiqu»
A QUOI REVE
SERVAN-SCHREIBER,
GAULLISTE AMERICAIN
SERVAN-SCHREIBER,
GAULLISTE AMERICAIN
Les semaines que nous ve-
nons de vivre ont permis à
chacun de passer au crible ses
critères de jugement. Le résultat
général est connu : débordé par
un mouvement qu'ils n'ont pas
pu récupérer les commentateurs,
comme les chefs de partis ont
adopte la même attitude : l'au-
tojustification. Par exemple, le
3 mai, Marchais dénonce les
groupuscules, le 28 juin, Rochet,
à la télévision, les: rend respon-
sables de tous les maux. La
boucle est fermée.
nons de vivre ont permis à
chacun de passer au crible ses
critères de jugement. Le résultat
général est connu : débordé par
un mouvement qu'ils n'ont pas
pu récupérer les commentateurs,
comme les chefs de partis ont
adopte la même attitude : l'au-
tojustification. Par exemple, le
3 mai, Marchais dénonce les
groupuscules, le 28 juin, Rochet,
à la télévision, les: rend respon-
sables de tous les maux. La
boucle est fermée.
Comment dans ces circons-
tances s'est comporté le cou-
rant moderniste du capitalisme
que symbolise l'Express ? C'est
ce qu'on peut voir en examinant
le « Réveil de la France », re-
cueil des articles écrits entre le
13 mai et le 12 juin, qui, si la
typographie en avait été sérieu-
sement faite, tiendrait en une
petite quarantaine de pages. Il
est vrai qu'une campagne élec-
torale personnelle était en vue...
tances s'est comporté le cou-
rant moderniste du capitalisme
que symbolise l'Express ? C'est
ce qu'on peut voir en examinant
le « Réveil de la France », re-
cueil des articles écrits entre le
13 mai et le 12 juin, qui, si la
typographie en avait été sérieu-
sement faite, tiendrait en une
petite quarantaine de pages. Il
est vrai qu'une campagne élec-
torale personnelle était en vue...
DROLE DE SYMPATHISANT
Le titre l'indique, J.-J. Servan-
Schreiber manifeste une sympa-
thie diffuse pour « le mouve-
ment » comme on pouvait s'y
attendre, le jeune se vendant
bien. Au-delà de cette habileté
journalistique il a une attitude
plus profonde face à la crise de
mai : la reconnaissance des
faits.
Schreiber manifeste une sympa-
thie diffuse pour « le mouve-
ment » comme on pouvait s'y
attendre, le jeune se vendant
bien. Au-delà de cette habileté
journalistique il a une attitude
plus profonde face à la crise de
mai : la reconnaissance des
faits.
Servan-Schreiber veut être un
politique réaliste. Il laisse a
d'autres (R, Aron par exemple)
le soin de bâtir la thèse du com-
plot, lui l'écarté sans équivoque :
politique réaliste. Il laisse a
d'autres (R, Aron par exemple)
le soin de bâtir la thèse du com-
plot, lui l'écarté sans équivoque :
« A pareille vague de fond cor-
respond une explication de
fond. » Ceci lui permet aussitôt
de donner son interprétation de
la crise, interprétation qui se
développera tout au long des
articles : les responsables c'est
le pouvoir. Pas seulement de
Gaulle mais « tous les hommes
qui ont détenu le pouvoir de
faire ou de ne pas faite les
choses depuis la Liberation ».
Et. deuxième volet de la démons-
tration, ils sont responsables
parce qu'ils n'ont pas compris
que les transformations scienti-
fiques et technologiques ont en-
traine la dislocation des tradi-
tions et de l'autorité. Il faut « le
dialogue ».
respond une explication de
fond. » Ceci lui permet aussitôt
de donner son interprétation de
la crise, interprétation qui se
développera tout au long des
articles : les responsables c'est
le pouvoir. Pas seulement de
Gaulle mais « tous les hommes
qui ont détenu le pouvoir de
faire ou de ne pas faite les
choses depuis la Liberation ».
Et. deuxième volet de la démons-
tration, ils sont responsables
parce qu'ils n'ont pas compris
que les transformations scienti-
fiques et technologiques ont en-
traine la dislocation des tradi-
tions et de l'autorité. Il faut « le
dialogue ».
La thèse de Servan Schreiber
est simple, simpliste même : il
y a inadaptation des structures
économiques, juridiques et poli-
tiques ou de progrès tech-
niques. Ayant ainsi réduit les
données à une simple inadapta-
tion notre capitaine de presse
ne va pas manquer de proposer
des solutions-miracles qui, com-
me on le verra sont, on s'en
serait doute, purement techni-
ques. En d'autres termes, en se
donnant les gants de reconnaître
l'importance et la vitalité du
mouvement de mai, Servan
Schreiber arrive à expulser de
son analyse toute référence po
litique, II ne s'agit pas ici de
faire à Servan-Schreiber le pro-
cès de n'être pas marxiste mais
de reconnaitre que la pensée po-
litique bourgeoise qu'il repre
sente et qui se veut « dyna-
mique » s'est trouvée en porte-
à-faux dans cette situation.
est simple, simpliste même : il
y a inadaptation des structures
économiques, juridiques et poli-
tiques ou de progrès tech-
niques. Ayant ainsi réduit les
données à une simple inadapta-
tion notre capitaine de presse
ne va pas manquer de proposer
des solutions-miracles qui, com-
me on le verra sont, on s'en
serait doute, purement techni-
ques. En d'autres termes, en se
donnant les gants de reconnaître
l'importance et la vitalité du
mouvement de mai, Servan
Schreiber arrive à expulser de
son analyse toute référence po
litique, II ne s'agit pas ici de
faire à Servan-Schreiber le pro-
cès de n'être pas marxiste mais
de reconnaitre que la pensée po-
litique bourgeoise qu'il repre
sente et qui se veut « dyna-
mique » s'est trouvée en porte-
à-faux dans cette situation.
CAFE DU COMMERCE
Ce que Servan-Schreiber of-
fre finalement c'est une pensée
politique au niveau du café du
Commerce même encadrée par
des publicités sexy pour ciga-
rettes américaines, un paragra-
phe du genre : « La jeunesse
intimide. Quand elle gronde et
s'insurge, personne n'ose lui
donner tort. Et c'est bien ainsi »
est digne de Marcel Pagnol.
fre finalement c'est une pensée
politique au niveau du café du
Commerce même encadrée par
des publicités sexy pour ciga-
rettes américaines, un paragra-
phe du genre : « La jeunesse
intimide. Quand elle gronde et
s'insurge, personne n'ose lui
donner tort. Et c'est bien ainsi »
est digne de Marcel Pagnol.
En particulier on cherchera en
vain dans tout l'ouvrage une
analyse des rapports entre la
structure de l'Etat et l'évolution
du capitalisme français depuis
1945. Pour Servan-Schreiber le
gaullisme n'existe pas. Tout se
passe comme si on avait une
continuité des institutions de-
puis un quart de siècle. En opé-
rant ainsi Servan-Schreiber se
dispense de voir le gaullisme
comme adaptation des structures
politiques du capitalisme fran-
çais après la liquidation presque
complète de l'empire colonial
avec la fin de la guerre d'Algé-
rie. On a là une des contradic-
tions de la société française :
pour assurer son adaptation au
néocapitalisme la bourgeoisie
s'est trouvée contrainte d'aban-
donner le parlementarisme au
profit d'une forme plus centra-
lisée de gouvernement ; ce fai-
sant la bourgeoisie française a
considérablement diminue le
rôle des assemblées élues aux
échelons intermédiaires, ce qui
place directement le citoyen face
au pouvoir central. Si la crise
de mai débouchait sur une re-
mise en cause du régime c'est
que justement il n'y avait pas
d'écran entre les travailleurs et
la realite du pouvoir. Sous la
IV Republique on aurait eu une
crise ministérielle qui au niveau
politique aurait tout réglé. Sous
la V' ce n'est pas possible ; le
craquement du gouvernement
c'était le craquement du régime.
vain dans tout l'ouvrage une
analyse des rapports entre la
structure de l'Etat et l'évolution
du capitalisme français depuis
1945. Pour Servan-Schreiber le
gaullisme n'existe pas. Tout se
passe comme si on avait une
continuité des institutions de-
puis un quart de siècle. En opé-
rant ainsi Servan-Schreiber se
dispense de voir le gaullisme
comme adaptation des structures
politiques du capitalisme fran-
çais après la liquidation presque
complète de l'empire colonial
avec la fin de la guerre d'Algé-
rie. On a là une des contradic-
tions de la société française :
pour assurer son adaptation au
néocapitalisme la bourgeoisie
s'est trouvée contrainte d'aban-
donner le parlementarisme au
profit d'une forme plus centra-
lisée de gouvernement ; ce fai-
sant la bourgeoisie française a
considérablement diminue le
rôle des assemblées élues aux
échelons intermédiaires, ce qui
place directement le citoyen face
au pouvoir central. Si la crise
de mai débouchait sur une re-
mise en cause du régime c'est
que justement il n'y avait pas
d'écran entre les travailleurs et
la realite du pouvoir. Sous la
IV Republique on aurait eu une
crise ministérielle qui au niveau
politique aurait tout réglé. Sous
la V' ce n'est pas possible ; le
craquement du gouvernement
c'était le craquement du régime.
Le refus de Servan Schreiber
d'analyser le gaullisme n'est pas
fortuit. S'il le faisait il lui fau-
drait abandonner un de ses
thèmes favoris ; celui selon le-
d'analyser le gaullisme n'est pas
fortuit. S'il le faisait il lui fau-
drait abandonner un de ses
thèmes favoris ; celui selon le-
quel l'alternative entre ça pi ta- j
lisme et socialisme serait un
faux problème puisqu'avec l'évo-
lution industrielle la question qui
se poserait, ne serait pas celle
de la propriété mais celle du
pouvoir. Or la spécificité du
gaullisme ne peut être reconnue
que si on admet que face aux
luttes de libération nationale, les
capitalistes devaient trouver de
nouvelles méthodes d'exploita-
tion pour maintenir la rentabilité
de leurs capitaux. Les réactions
du C.N.P.F. à la hausse des sa-
laires montre assez que la ques-
tion de la propriété n'est pas
dépassée. U^o autre chose est
de constater qu'avec le progrès
scientifique s'est créé la tech
nocratie, c'est-à-dire le système
par lequel les propriétaires, a
condition de toucher leurs divi-
dendes, délèguent à des cadres
compétents le soin de gérer
leurs entreprises.
lisme et socialisme serait un
faux problème puisqu'avec l'évo-
lution industrielle la question qui
se poserait, ne serait pas celle
de la propriété mais celle du
pouvoir. Or la spécificité du
gaullisme ne peut être reconnue
que si on admet que face aux
luttes de libération nationale, les
capitalistes devaient trouver de
nouvelles méthodes d'exploita-
tion pour maintenir la rentabilité
de leurs capitaux. Les réactions
du C.N.P.F. à la hausse des sa-
laires montre assez que la ques-
tion de la propriété n'est pas
dépassée. U^o autre chose est
de constater qu'avec le progrès
scientifique s'est créé la tech
nocratie, c'est-à-dire le système
par lequel les propriétaires, a
condition de toucher leurs divi-
dendes, délèguent à des cadres
compétents le soin de gérer
leurs entreprises.
CAPITALISME
ET SOCIALISME
ET SOCIALISME
Servan-Schreiber refuse
d'analyser le gaullisme parce
que justement, même si dans
certains aspects de leurs reven-
dications les travailleurs ont
pose la question du pouvoir, la
propriété privée demeure une
des bases du système. Dans ces
conditions l'alternative entre ca-
pitalisme et socialisme reste
fondée, à condition bien sûr que
lorsqu'on parle de socialisme, on
ne se limite pas à l'expérience
soviétique et à celles des démo-
crates populaires qui cinquante
ans après 1917 ont.aussi peu de
rapport avec le socialisme que
la France de 1849 avait de res-
semblance avec celle de 1789.
d'analyser le gaullisme parce
que justement, même si dans
certains aspects de leurs reven-
dications les travailleurs ont
pose la question du pouvoir, la
propriété privée demeure une
des bases du système. Dans ces
conditions l'alternative entre ca-
pitalisme et socialisme reste
fondée, à condition bien sûr que
lorsqu'on parle de socialisme, on
ne se limite pas à l'expérience
soviétique et à celles des démo-
crates populaires qui cinquante
ans après 1917 ont.aussi peu de
rapport avec le socialisme que
la France de 1849 avait de res-
semblance avec celle de 1789.
Une des règles élémentaires
du débat politique c'est de pren-
dre pour cible ce qui chez l'ad-
versaire est le plus élabore et
non ce que lui-même répudie.
Faute d'avoir appliqué cette rè-
gle Servan-Schreiber ne con-
vaincra guère les forces qui se
sont mises en mouvement en
mai et juin.
du débat politique c'est de pren-
dre pour cible ce qui chez l'ad-
versaire est le plus élabore et
non ce que lui-même répudie.
Faute d'avoir appliqué cette rè-
gle Servan-Schreiber ne con-
vaincra guère les forces qui se
sont mises en mouvement en
mai et juin.
UN EXECUTIF FORT
Affichant des prétentions po-
litiques, mais ne parlant ni du
système politique ni du système
économique, le Revnl ne Iri
Fianco reste au niveau de ces
aimables monologues télévises
qu'on a baptises campagne élec-
torale. Servan-Schreiber ne
parle pas de ce qu'il veut de
fendre. Quand il reconnaît, dans
son premier article, que la ques-
tion du pouvoir était posée», c'est
aussitôt pour dire : il faut dé-
sormais le partager ~. Ce qui
montre bien que pour J. I. Ser-
van-Schreiber les mots n'ont
pas le même sens que pour
nous. C'est bien ce qui apparaît
au niveau des propositions de
réformes qui parsèment dc-ci
de la le livre. Il ne s'agit pas
d'examiner à quelles conditions
la réalisation de certains objec-
tifs permettrait aux travailleurs
et aux étudiants d'élever leur
niveau de conscience et de pas-
ser à un stade ultérieur de la
lutte, il s'agit de graisser les
rouages du système qui existe.
litiques, mais ne parlant ni du
système politique ni du système
économique, le Revnl ne Iri
Fianco reste au niveau de ces
aimables monologues télévises
qu'on a baptises campagne élec-
torale. Servan-Schreiber ne
parle pas de ce qu'il veut de
fendre. Quand il reconnaît, dans
son premier article, que la ques-
tion du pouvoir était posée», c'est
aussitôt pour dire : il faut dé-
sormais le partager ~. Ce qui
montre bien que pour J. I. Ser-
van-Schreiber les mots n'ont
pas le même sens que pour
nous. C'est bien ce qui apparaît
au niveau des propositions de
réformes qui parsèment dc-ci
de la le livre. Il ne s'agit pas
d'examiner à quelles conditions
la réalisation de certains objec-
tifs permettrait aux travailleurs
et aux étudiants d'élever leur
niveau de conscience et de pas-
ser à un stade ultérieur de la
lutte, il s'agit de graisser les
rouages du système qui existe.
C'et particulièrement net au
sixième article (entre le repli et
le mouvement) où Servan-
Schreiber revient sur la question
du pouvoir. On est tout d'abord
averti : « la redistribution des
pouvoirs est une formule equi-
| voque - mais après avoir ainsi
parlé en son nom, Servan-
Schreiber, par un tour d'écriture.
se range derrière le peuple. Il
écrit « Elle pourrait laisser croire
! que la volonté populaire sou-
i haite mettre l'Etat en lambeaux,
| le dépouiller et le piller. Jamais
: au contraire, la présence d'un
executif fort [...] n'a été plus
nécessaire. »
sixième article (entre le repli et
le mouvement) où Servan-
Schreiber revient sur la question
du pouvoir. On est tout d'abord
averti : « la redistribution des
pouvoirs est une formule equi-
| voque - mais après avoir ainsi
parlé en son nom, Servan-
Schreiber, par un tour d'écriture.
se range derrière le peuple. Il
écrit « Elle pourrait laisser croire
! que la volonté populaire sou-
i haite mettre l'Etat en lambeaux,
| le dépouiller et le piller. Jamais
: au contraire, la présence d'un
executif fort [...] n'a été plus
nécessaire. »
D'une pierre il fait deux coups,
1) en écrivant, ce qui est faux,
! que la volonté populaire ne vou-
lait pas mettre en cause l'Etat
(qu'on se souvienne du mot
d'ordre •• A bas l'Etat policier) ;
! que la volonté populaire ne vou-
lait pas mettre en cause l'Etat
(qu'on se souvienne du mot
d'ordre •• A bas l'Etat policier) ;
2) en ajoutant qu'il faut un exe
i cutif fort, il règle un problème
que personne ne peut prétendre
avoir résolu : celui du rôle de
que personne ne peut prétendre
avoir résolu : celui du rôle de
l'appareil d'Etat. Servan-Senrel-
ber lui, volontairement ou par
limitation idéologique, reconnaît
a priori la nécessite d'un exé-
cutif fort. Après avoir fait sem-
blant de critiquer le régime Ser-
van-Schreiber, qui n'a pris qus
des epees de carton pour le
combattre, reconnaît la nécessité
d'un executif fort. C'est effecti-
vement la solution, qu'avec de
Gaulle, a trouve la bourgeoisie,
ber lui, volontairement ou par
limitation idéologique, reconnaît
a priori la nécessite d'un exé-
cutif fort. Après avoir fait sem-
blant de critiquer le régime Ser-
van-Schreiber, qui n'a pris qus
des epees de carton pour le
combattre, reconnaît la nécessité
d'un executif fort. C'est effecti-
vement la solution, qu'avec de
Gaulle, a trouve la bourgeoisie,
'• Le livre montre d'ailleurs com-
ment Servan-Schreiber a pris le
tournant du 30 mai ; en douceur
et sans perdre sans doute un
seul lecteur. Partisan du dia-
logue, le directeur de l'Express
fait semblant d'être au-dessus
de l'affrontement, il débat de « la
participation » : - Le pire con-
tresens serait de voir dans la
•< participation » une sorte ds
tribut a payer au démon de la
pagaille - (page 65), En patron
moderne il propose (page 69)
« un pouvoir salarie, structure
et équipe pour jouer le rôle d'un
partenaire et non d'un frein »,
On ne saurait mieux discuter
des possibilités de participation
ment Servan-Schreiber a pris le
tournant du 30 mai ; en douceur
et sans perdre sans doute un
seul lecteur. Partisan du dia-
logue, le directeur de l'Express
fait semblant d'être au-dessus
de l'affrontement, il débat de « la
participation » : - Le pire con-
tresens serait de voir dans la
•< participation » une sorte ds
tribut a payer au démon de la
pagaille - (page 65), En patron
moderne il propose (page 69)
« un pouvoir salarie, structure
et équipe pour jouer le rôle d'un
partenaire et non d'un frein »,
On ne saurait mieux discuter
des possibilités de participation
!des ouvriers... à la réalisation
des profits de leurs patrons.
Pour ceux qui trouvent que c'est
là un bien morose destin, J.-J.
Servan-Schreiber a des mots
lyriques : - Car un homme, ou
une femme, qui sait que son
destin personnel, celui de sa fa-
mille, que ses chances de se
réaliser dépendent de moins en
moins de sa solidarité avec un
ordre social donne, mais essen^
tiellement de sa propre valeur,
quel que soit le régime de la
propriété et quelles que soient
les structures des entreprises,
celui la, ou celle-là, n'a plus
vraiment •< peur ». Malheureuse-
ment cette déclaration arrive
page 85 et dans les trois pages
restantes on ne saura pas en
fonction de quoi sera jugée la
valeur des citoyens dans le pa-
radis du directeur de l'Express.
des profits de leurs patrons.
Pour ceux qui trouvent que c'est
là un bien morose destin, J.-J.
Servan-Schreiber a des mots
lyriques : - Car un homme, ou
une femme, qui sait que son
destin personnel, celui de sa fa-
mille, que ses chances de se
réaliser dépendent de moins en
moins de sa solidarité avec un
ordre social donne, mais essen^
tiellement de sa propre valeur,
quel que soit le régime de la
propriété et quelles que soient
les structures des entreprises,
celui la, ou celle-là, n'a plus
vraiment •< peur ». Malheureuse-
ment cette déclaration arrive
page 85 et dans les trois pages
restantes on ne saura pas en
fonction de quoi sera jugée la
valeur des citoyens dans le pa-
radis du directeur de l'Express.
L'idéologie du progrès scien-
; tifique, sous son apparence ds
| neutralité, nourrit parfaitement
I les ambitions du capitalisme.
; tifique, sous son apparence ds
| neutralité, nourrit parfaitement
I les ambitions du capitalisme.
Category
Title
Action
Issue
no.20
Date
01/07/1968
Keywords
Publication information
no.20