Action
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N* 24 • MERCREDI 4 SEPTEMBRE 1968 • PRIX : 0,50 F • Ce journal a été réalisé au Service des Comités d'Action, avec le soutien de IUN.E.F.. du S.N.E.Sup. et des Comités d'Action Lycéen-
LE
DEUXIEME
SODFFIE
Au début des vacances les journaux bourgeois
annonçaient un Octobre rouge, du ton de ceux qui
crient « au voleur ! » sachant leur portefeuille en sécu-
rité. Nous voici en septembre et leurs voix se sont
tues. « France-Soir » préfère titrer sur huit colonnes
« Eté pourri » et les radios s'extasier sur le retour des
vacances sans trop d'accidents automobiles. C'est que
le pays est sous tension.
annonçaient un Octobre rouge, du ton de ceux qui
crient « au voleur ! » sachant leur portefeuille en sécu-
rité. Nous voici en septembre et leurs voix se sont
tues. « France-Soir » préfère titrer sur huit colonnes
« Eté pourri » et les radios s'extasier sur le retour des
vacances sans trop d'accidents automobiles. C'est que
le pays est sous tension.
Les usines viennent seulement de reprendre. Il est
encore trop tôt pour voir comment vont s'organiser les
luttes ouvrières cet automne. Même sans cela le gou-
vernement a fort à faire du côté de l'Education natio-
nale. Entre Marcellin-le-bâton et Edgar Faure-la-carotte,
le choix n'a pas encore été fait. Il n'est pas exclu que
le pouvoir préfère user des deux en même temps ; mais
quelles que soient ses préférences il a compris qu'il
fallait lâcher du lest. Après, dans un premier temps,
avoir emprisonné des militants, après avoir fait saisir
« Action » il a, dans un second temps remis en liberté
provisoire la plupart de ceux qui ont fait l'objet de
poursuites.
encore trop tôt pour voir comment vont s'organiser les
luttes ouvrières cet automne. Même sans cela le gou-
vernement a fort à faire du côté de l'Education natio-
nale. Entre Marcellin-le-bâton et Edgar Faure-la-carotte,
le choix n'a pas encore été fait. Il n'est pas exclu que
le pouvoir préfère user des deux en même temps ; mais
quelles que soient ses préférences il a compris qu'il
fallait lâcher du lest. Après, dans un premier temps,
avoir emprisonné des militants, après avoir fait saisir
« Action » il a, dans un second temps remis en liberté
provisoire la plupart de ceux qui ont fait l'objet de
poursuites.
Pour la même raison les forces de police ont, bien
avant la rentrée, été retirées des facultés parisiennes.
Le gouvernement ne pouvait pas faire autrement. Pen-
dant toutes les vacances, bien que les initiatives pro-
posées au début de l'été se soient soldées en général
par des échecs, une mobilisation militante s'est main-
tenue. A Paris, même si leur fonctionnement est loin
d'être parfait, plus de cinquante comités d'action sont
restés en activité. L'abandon de la Halle aux Vins par
la police a été l'occasion de tenir sur le champ un
meeting qui a rassemblé 1 200 personnes, première
application de la volonté de maintenir le débat politique
dans l'université.
avant la rentrée, été retirées des facultés parisiennes.
Le gouvernement ne pouvait pas faire autrement. Pen-
dant toutes les vacances, bien que les initiatives pro-
posées au début de l'été se soient soldées en général
par des échecs, une mobilisation militante s'est main-
tenue. A Paris, même si leur fonctionnement est loin
d'être parfait, plus de cinquante comités d'action sont
restés en activité. L'abandon de la Halle aux Vins par
la police a été l'occasion de tenir sur le champ un
meeting qui a rassemblé 1 200 personnes, première
application de la volonté de maintenir le débat politique
dans l'université.
Cela veut dire que les luttes de la rentrée ne sont
pas du ressort de ces états-majors que Marcellin veut
poursuivre mais déjà, dans une large mesure, des mil-
liers de militants qui doivent maintenant sous d'autres
formes concrétiser )es aspirations du printemps.
pas du ressort de ces états-majors que Marcellin veut
poursuivre mais déjà, dans une large mesure, des mil-
liers de militants qui doivent maintenant sous d'autres
formes concrétiser )es aspirations du printemps.
Ceux qui s'imaginent que la montée de la tension
internationale va freiner notre lutte se trompent. Nous
laisserons au P.C.F. le soin de rejoindre un peu plus la
sociale-démocratie à l'occasion de l'intervention des
troupes du Pacte de Varsovie. Au contraire, la tragédie
que traverse le peuple tchécoslovaque, souligne pour
nous, la nécessité d'ouvrir une perspective révolution-
naire en Europe Occidentale. Une perspective où les
travailleurs de tout le continent trouvent l'expression de
leurs aspirations.
internationale va freiner notre lutte se trompent. Nous
laisserons au P.C.F. le soin de rejoindre un peu plus la
sociale-démocratie à l'occasion de l'intervention des
troupes du Pacte de Varsovie. Au contraire, la tragédie
que traverse le peuple tchécoslovaque, souligne pour
nous, la nécessité d'ouvrir une perspective révolution-
naire en Europe Occidentale. Une perspective où les
travailleurs de tout le continent trouvent l'expression de
leurs aspirations.
Malgré la Sainte-Alliance il n'y aura pas de répit.
VOUS
allez
regretter
regretter
les .
paves L
paves L
Consommez
plus
plus
vous vivrez
moins
moins
Prenez le montant de votre
salaire, augmentez-le de 25 %,
:aites le total. Divisez ce total
par le chiffre obtenu en ajoutant
1 (pour vous) à 0,7 (pour votre
femme) et à autant de fois 0,5
que vous avez d'enfants. Vous
obtiendrez ainsi ce que l'INSEE
appelle le revenu mensuel en
rancs par unité de consomma-
:ion. Les premiers résultats pu-
aliés d'une enquête annuelle sur
les conditions de vie des mé-
nages français indiquent que
c'est aux environs de 416 francs
par mois qu'en 1965 se situait
le plus souvent le revenu men-
suel par unité de consommation
qui donne une idée du revenu
mensuel par personne !
salaire, augmentez-le de 25 %,
:aites le total. Divisez ce total
par le chiffre obtenu en ajoutant
1 (pour vous) à 0,7 (pour votre
femme) et à autant de fois 0,5
que vous avez d'enfants. Vous
obtiendrez ainsi ce que l'INSEE
appelle le revenu mensuel en
rancs par unité de consomma-
:ion. Les premiers résultats pu-
aliés d'une enquête annuelle sur
les conditions de vie des mé-
nages français indiquent que
c'est aux environs de 416 francs
par mois qu'en 1965 se situait
le plus souvent le revenu men-
suel par unité de consommation
qui donne une idée du revenu
mensuel par personne !
Encore faut-il ajouter que ces
416 francs sont obtenus en ne
considérant que les salaires
non-agricoles. Même si les to-
mates ne poussent pas dans le
métro chacun sait bien que les
salaires agricoles sont encore
plus bas. Mais plus encore que
la faible valeur de ces 416 F
ce qui est important c'est que
cette enquête de l'INSEE véri-
fie, une fois de plus que l'éven-
tail des revenus va de 100 francs
par mois à plus de 2.000 francs
416 francs sont obtenus en ne
considérant que les salaires
non-agricoles. Même si les to-
mates ne poussent pas dans le
métro chacun sait bien que les
salaires agricoles sont encore
plus bas. Mais plus encore que
la faible valeur de ces 416 F
ce qui est important c'est que
cette enquête de l'INSEE véri-
fie, une fois de plus que l'éven-
tail des revenus va de 100 francs
par mois à plus de 2.000 francs
par mois soit un facteur 20.
Compte tenu des salaires agri-
coles l'éventail s'ouvrirait sans
doute jusqu'à 30 et 40.
Compte tenu des salaires agri-
coles l'éventail s'ouvrirait sans
doute jusqu'à 30 et 40.
Ceci montre que la société
française, malgré la publicité et
malgré ses laudateurs, est et
reste fondamentalement une so-
ciété où l'inégalité des revenus
est la règle même de l'organisa-
tion sociale. Loin de mener vers
une société égalitaire elle ren-
force l'étalement de la hiérar-
chie des salaires.
française, malgré la publicité et
malgré ses laudateurs, est et
reste fondamentalement une so-
ciété où l'inégalité des revenus
est la règle même de l'organisa-
tion sociale. Loin de mener vers
une société égalitaire elle ren-
force l'étalement de la hiérar-
chie des salaires.
Ce qui voile les chiffres de
l'INSEE, officiellement, qui ren-
dent compte de la « hiérarchie
des salaires non-agricoles »
c'est que pour la mince frange
de ceux qui ont plus de 2.000 F
par mois les salaires n'en sont
pas. Ils ne sont qu'un moyen
parmi d'autres pour les possé-
dants d'arrondir leurs revenus.
l'INSEE, officiellement, qui ren-
dent compte de la « hiérarchie
des salaires non-agricoles »
c'est que pour la mince frange
de ceux qui ont plus de 2.000 F
par mois les salaires n'en sont
pas. Ils ne sont qu'un moyen
parmi d'autres pour les possé-
dants d'arrondir leurs revenus.
En effet, combien de patrons
se trouvent dans la tranche des
100 francs par mois ? Les ré-
sultats ne sont pas connus,
mais soyons-en sûrs : aucun.
La société de consommation,
malgré le modèle standardisé
que popularise la presse heb-
domadaire du jeune cadre qui
réussit, est, sans doute aucun,
une société de classe. Une so-
ciété où chaque fois qu'on con-
somme on est un peu plus ven-
du. Une société qui, lorsque la
crise éclate, jette le masque et
remplace la carotte par le bâ-
ton.
se trouvent dans la tranche des
100 francs par mois ? Les ré-
sultats ne sont pas connus,
mais soyons-en sûrs : aucun.
La société de consommation,
malgré le modèle standardisé
que popularise la presse heb-
domadaire du jeune cadre qui
réussit, est, sans doute aucun,
une société de classe. Une so-
ciété où chaque fois qu'on con-
somme on est un peu plus ven-
du. Une société qui, lorsque la
crise éclate, jette le masque et
remplace la carotte par le bâ-
ton.
Une marque de stylos-bille
nous abreuve actuellement d'af-
fiches dans Paris et feint d'in-
terroger le passant : « Pourquoi
tant d'affiches ?» La réponse
est simple et mériterait d'être
collée sur chacune de ces affi-
ches : pour que les patrons
continuent de posséder, pour
que les travailleurs continuent
d'être exploités. — Nous ne
sommes pas à vendre ! Ecrivez-
le sur leurs affiches avec n'im-
porte quel stylo-bille ou crayon-
feutre (ça se voit mieux).
nous abreuve actuellement d'af-
fiches dans Paris et feint d'in-
terroger le passant : « Pourquoi
tant d'affiches ?» La réponse
est simple et mériterait d'être
collée sur chacune de ces affi-
ches : pour que les patrons
continuent de posséder, pour
que les travailleurs continuent
d'être exploités. — Nous ne
sommes pas à vendre ! Ecrivez-
le sur leurs affiches avec n'im-
porte quel stylo-bille ou crayon-
feutre (ça se voit mieux).
Le directeur de la publication :
Jean-Pierre VICIER
Grandes Imprimeries • Paris Centre »
Grandes Imprimeries • Paris Centre »
saSHii 142. rue Montmartrt
!BCSF!l Paris <2->
!BCSF!l Paris <2->
Travail exécuté par dci ouvriers syndiqué»
U.S.A. :
ELECTIONS
ELECTIONS
PIEGE A COCHONS
Vous êtes un bon Américain :
patriote, intelligent, libéral. Vous
avez confiance dans les institu-
tions de votre pays. La démo-
cratie américaine vous semble
sinon parfaite, du moins supé-
rieure en ceci qu'elle prévoit la
consultation permanente des ci-
toyens. Vous trouvez bien qu'on
exagère un peu avec les son-
dages d'opinion, mais enfin,
vous accueillez toujours genti-
ment la jeune fille qui vient vous
demander si...
patriote, intelligent, libéral. Vous
avez confiance dans les institu-
tions de votre pays. La démo-
cratie américaine vous semble
sinon parfaite, du moins supé-
rieure en ceci qu'elle prévoit la
consultation permanente des ci-
toyens. Vous trouvez bien qu'on
exagère un peu avec les son-
dages d'opinion, mais enfin,
vous accueillez toujours genti-
ment la jeune fille qui vient vous
demander si...
Tiens, au fait, il y a peu de
temps, comme ça, on vous a de-
mandé qui vous estimez le plus
apte à gagner les prochaines
élections présidentielles. Vous
êtes Républicain de tradition, et
vous habitez une grande ville du
Nord-Est. Vous avez répondu
Rockfeller, libéral de réputation,
et bon administrateur. C'est ce
que vous avez raconté le soir
même à votre voisin, un arrière
petit-fils d'émigrant d'Europe
Centrale qui, lui, est Démocrate
II a participé l'autre dimanche à
des élections primaires de l'Etat,
et il a voté Me Carthy : il en a
plein le dos de la guerre du Viet-
nam ; il n'est pas très fier,
d'abord, des exploits des « ma-
rines », et de plus il est patron
d'industrie ; passé un certain
stade, « coloniale » ou « impé-
rialiste », une guerre ruineuse
menée à plusieurs milliers de ki-
lomètres de là, n'est pas bien
rentable.
temps, comme ça, on vous a de-
mandé qui vous estimez le plus
apte à gagner les prochaines
élections présidentielles. Vous
êtes Républicain de tradition, et
vous habitez une grande ville du
Nord-Est. Vous avez répondu
Rockfeller, libéral de réputation,
et bon administrateur. C'est ce
que vous avez raconté le soir
même à votre voisin, un arrière
petit-fils d'émigrant d'Europe
Centrale qui, lui, est Démocrate
II a participé l'autre dimanche à
des élections primaires de l'Etat,
et il a voté Me Carthy : il en a
plein le dos de la guerre du Viet-
nam ; il n'est pas très fier,
d'abord, des exploits des « ma-
rines », et de plus il est patron
d'industrie ; passé un certain
stade, « coloniale » ou « impé-
rialiste », une guerre ruineuse
menée à plusieurs milliers de ki-
lomètres de là, n'est pas bien
rentable.
Il y a quelques semaines de
cela, vous avez appris avec dé-
plaisir que les bureaucrates du
parti Républicain, nonobstant
votre avis, qui rejoignait celui de
la majorité de l'électorat du parti,
a désigné Nixon. Et dimanche
dernier, votre voisin, qui n'avait
pas non plus le sentiment d'avoir
voté d'une manière isolée pour
Me Carthy, a appris que ses bu-
reaucrates à lui avaient plébisci-
té Humphrey.
cela, vous avez appris avec dé-
plaisir que les bureaucrates du
parti Républicain, nonobstant
votre avis, qui rejoignait celui de
la majorité de l'électorat du parti,
a désigné Nixon. Et dimanche
dernier, votre voisin, qui n'avait
pas non plus le sentiment d'avoir
voté d'une manière isolée pour
Me Carthy, a appris que ses bu-
reaucrates à lui avaient plébisci-
té Humphrey.
Tant pis pour les libéraux
américains ! Ils devront avaler la
couleuvre Nixon et la couleuvre
Humphrey : un vieux réaction-
naire malchanceux qui a su pro-
noncer les cinq mots néces-
saires pour rallier sans vergogne
les pacifistes de son parti, et un
arriviste falot, et renégat, ma-
rionnette bonasse d'un Johnson
discrédité. Si vous voulez avoir
une option sur ces élections, il
ne vous reste plus qu'à redouter
une victoire de Nixon, dont l'en-
tourage est inquiétant quand il
n'est pas médiocre. Et à méditer
sur le « système » qui pour la
première fois a été amené à
violer ses propres règles « dé-
mocratiques ». Et à chercher
américains ! Ils devront avaler la
couleuvre Nixon et la couleuvre
Humphrey : un vieux réaction-
naire malchanceux qui a su pro-
noncer les cinq mots néces-
saires pour rallier sans vergogne
les pacifistes de son parti, et un
arriviste falot, et renégat, ma-
rionnette bonasse d'un Johnson
discrédité. Si vous voulez avoir
une option sur ces élections, il
ne vous reste plus qu'à redouter
une victoire de Nixon, dont l'en-
tourage est inquiétant quand il
n'est pas médiocre. Et à méditer
sur le « système » qui pour la
première fois a été amené à
violer ses propres règles « dé-
mocratiques ». Et à chercher
pourquoi les milieux industriels
des grandes régions du Nord-
Est souhaitent la fin de la guerre
du Vietnam.
des grandes régions du Nord-
Est souhaitent la fin de la guerre
du Vietnam.
Car l'important est ailleurs.
Les E.-U. sont aujourd'hui con-
frontés à une situation sinon ré-
volutionnaire, du moins explo-
sive. La guerre du Vietnam et la
situation des Noirs n'en sont que
les aspects les plus connus à
l'étranger, ce ne sont pas les
plus insolubles au moins à
moyen terme. Mais c'est toute
l'organisation intérieure des E-
U. qui est en crise : comment
lutter contre la pauvreté ? Com-
ment gérer les villes ? Quel est
le statut de la police? Quelle
fonction est celle de l'Universi-
té ? Comment s'opposer à la bu-
reaucratisation complète de l'Ad-
ministration ?
Les E.-U. sont aujourd'hui con-
frontés à une situation sinon ré-
volutionnaire, du moins explo-
sive. La guerre du Vietnam et la
situation des Noirs n'en sont que
les aspects les plus connus à
l'étranger, ce ne sont pas les
plus insolubles au moins à
moyen terme. Mais c'est toute
l'organisation intérieure des E-
U. qui est en crise : comment
lutter contre la pauvreté ? Com-
ment gérer les villes ? Quel est
le statut de la police? Quelle
fonction est celle de l'Universi-
té ? Comment s'opposer à la bu-
reaucratisation complète de l'Ad-
ministration ?
A toutes ces questions, les
forces politiques constituées
sont bien incapables d'apporter
un début de réponse. Les deux
Partis, qui n'ont aucune autre
activité que de préparer les dif-
férentes élections, ont des struc-
tures sclérosées, aucune disci-
pline interne, et leurs « pro-
grammes » respectifs, difficile-
ment distinguables, ont un con-
tenu à peu près aussi précis
que ce qui peut sortir d'un col-
loque de l'U.N.R.... Ils seront af-
faiblis l'un et l'autre par ces élec-
tions, mais la règle du bipartis-
me — qu'on nous propose en
France comme un garant de clar-
té et de simplification politique !
— interdit de fait tout regroupe-
ment vraiment « engagé », par
exemple des libéraux et de la
« Nouvelle Gauche ».
forces politiques constituées
sont bien incapables d'apporter
un début de réponse. Les deux
Partis, qui n'ont aucune autre
activité que de préparer les dif-
férentes élections, ont des struc-
tures sclérosées, aucune disci-
pline interne, et leurs « pro-
grammes » respectifs, difficile-
ment distinguables, ont un con-
tenu à peu près aussi précis
que ce qui peut sortir d'un col-
loque de l'U.N.R.... Ils seront af-
faiblis l'un et l'autre par ces élec-
tions, mais la règle du bipartis-
me — qu'on nous propose en
France comme un garant de clar-
té et de simplification politique !
— interdit de fait tout regroupe-
ment vraiment « engagé », par
exemple des libéraux et de la
« Nouvelle Gauche ».
C'est pourquoi les catégories
de plus en plus nombreuses que
le système opprime à un titre ou
à un autre : les pauvres, les
Noirs, une partie des Etudiants,
n'ont plus d'espoir à mettre dans
les institutions parlementaires
du pays. C'est dans la rue que
le combat se portera désormais
de plus en plus. La manifesta-
tion de Chicago, réprimée com-
me on sait par les S.S. locaux,
qui a salué l'investiture de Hum-
phrey, apparaît comme un sym-
bole parfaitement clair : il y a
quelques années, l'opposition
extra-parlementaire était consi-
dérée par les politologues bour-
geois comme un phénomène
propre aux pays économique-
ment et politiquement « sous-
développés ». Aujourd'hui ces
pays portent un nouveau nom :
Chicago, Berlin, Rome, Tokyo,
Paris... Le mouvement révolu-
tionnaire, en France, doit pren-
dre contact avec son homologue
américain.
de plus en plus nombreuses que
le système opprime à un titre ou
à un autre : les pauvres, les
Noirs, une partie des Etudiants,
n'ont plus d'espoir à mettre dans
les institutions parlementaires
du pays. C'est dans la rue que
le combat se portera désormais
de plus en plus. La manifesta-
tion de Chicago, réprimée com-
me on sait par les S.S. locaux,
qui a salué l'investiture de Hum-
phrey, apparaît comme un sym-
bole parfaitement clair : il y a
quelques années, l'opposition
extra-parlementaire était consi-
dérée par les politologues bour-
geois comme un phénomène
propre aux pays économique-
ment et politiquement « sous-
développés ». Aujourd'hui ces
pays portent un nouveau nom :
Chicago, Berlin, Rome, Tokyo,
Paris... Le mouvement révolu-
tionnaire, en France, doit pren-
dre contact avec son homologue
américain.
LES DONNÉES
DE LA RENTRÉE
UNIVERSITAIRE
DE LA RENTRÉE
UNIVERSITAIRE
Tout le monde se prépare à
la rentrée universitaire. L'enjeu
qu'elle constitue n'échappe à
personne : sans tomber dans
l'erreur qui consisterait à n'en-
visager comme possibilité que
la répétition du « scénario » de
mai (l'histoire ne se déroule ja-
mais de la même façon) le mou-
vement de mai a au moins clai-
rement établi que l'Université
est un champ de bataille essen-
tiel au sein du mouvement po-
litique général. Dans cette opti-
que, la hantise du pouvoir est
de se retrouver face à un mou-
vement de masse des étudiants
et enseignants. C'est l'horizon
qui détermine la politique du
gouvernement en la matière, ses
hésitations comme ses résolu-
tions.
la rentrée universitaire. L'enjeu
qu'elle constitue n'échappe à
personne : sans tomber dans
l'erreur qui consisterait à n'en-
visager comme possibilité que
la répétition du « scénario » de
mai (l'histoire ne se déroule ja-
mais de la même façon) le mou-
vement de mai a au moins clai-
rement établi que l'Université
est un champ de bataille essen-
tiel au sein du mouvement po-
litique général. Dans cette opti-
que, la hantise du pouvoir est
de se retrouver face à un mou-
vement de masse des étudiants
et enseignants. C'est l'horizon
qui détermine la politique du
gouvernement en la matière, ses
hésitations comme ses résolu-
tions.
LES VESTIGES
DE L'UNIVERSITE LIBERALE
DE L'UNIVERSITE LIBERALE
Plusieurs articles accompa-
gnés si possible d'un large dé-
bat, seront consacrés à la ba-
taille universitaire. Aujourd'hui
nous nous contentons de dé-
crire la situation présente et de
replacer dans ce contexte la po-
litique suivie par le SNE-Sup.
gnés si possible d'un large dé-
bat, seront consacrés à la ba-
taille universitaire. Aujourd'hui
nous nous contentons de dé-
crire la situation présente et de
replacer dans ce contexte la po-
litique suivie par le SNE-Sup.
Depuis deux mois environ,
après « la tempête » et en vue
de la rentrée, chacun fournit
ses armes, du moins verbale-
ment. Les forces en présence
(même si ce qualificatif est
beaucoup trop louangeux pour
certains) commencent à se dé-
gager. On trouve d'abord la
droite ultra réactionnaire d'une
partie notable du corps profes-
soral. M. Deloffre, président de
la section lettres du Syndicat
autonome, en est le représen-
tant attitré. Résolus à défendre
après « la tempête » et en vue
de la rentrée, chacun fournit
ses armes, du moins verbale-
ment. Les forces en présence
(même si ce qualificatif est
beaucoup trop louangeux pour
certains) commencent à se dé-
gager. On trouve d'abord la
droite ultra réactionnaire d'une
partie notable du corps profes-
soral. M. Deloffre, président de
la section lettres du Syndicat
autonome, en est le représen-
tant attitré. Résolus à défendre
leurs privilèges féodaux, parti-
sans résolus de l'autoritarisme
le plus réactionnaire, ils ne re-
présentent plus que les vestiges
de l'Université libérale. Le mou-
vement de mai a contribué à les
condamner historiquement et de
Gaulle l'a très bien compris. Ils
gardent cependant des alliés
dans le pouvoir comme le mon-
tre l'existence de cet organisme
singulier qu'est le C.D.R. de
l'enseignement supérieur.
sans résolus de l'autoritarisme
le plus réactionnaire, ils ne re-
présentent plus que les vestiges
de l'Université libérale. Le mou-
vement de mai a contribué à les
condamner historiquement et de
Gaulle l'a très bien compris. Ils
gardent cependant des alliés
dans le pouvoir comme le mon-
tre l'existence de cet organisme
singulier qu'est le C.D.R. de
l'enseignement supérieur.
On trouve ensuite les réfor-
mistes de droite déclarés qui se
manifestent principalement à tra-
vers ces « nouvelles * organisa-
tions (sic !) étudiantes que sont
le M.U.R. (Mouvement Universi-
taire pour la Réforme), le Con-
seil étudiant de France, etc., etc.
Ces enseignes ont fleuri dès
que furent acquis le maintien du
pouvoir et le déclenchement de
la réaction. Les organisations ne
sont représentatives que d'elles-
mêmes c'est-à-dire de quelques
individus, vieux routiers étu-
diants de droite qui ont pensé
qu'il était temps de changer de
parure et, qu'il était intéressant
de jouer la réforme légitime con-
tre le « désordre marxiste ».
mistes de droite déclarés qui se
manifestent principalement à tra-
vers ces « nouvelles * organisa-
tions (sic !) étudiantes que sont
le M.U.R. (Mouvement Universi-
taire pour la Réforme), le Con-
seil étudiant de France, etc., etc.
Ces enseignes ont fleuri dès
que furent acquis le maintien du
pouvoir et le déclenchement de
la réaction. Les organisations ne
sont représentatives que d'elles-
mêmes c'est-à-dire de quelques
individus, vieux routiers étu-
diants de droite qui ont pensé
qu'il était temps de changer de
parure et, qu'il était intéressant
de jouer la réforme légitime con-
tre le « désordre marxiste ».
En troisième lieu, il y a bien
sûr le pouvoir et ses représen-
tants universitaires essentielle-
ment enseignants. Si le gouver-
nement comme force d'état, pré-
sente les deux faces d'un même
visage, les hommes et les grou-
pes eux, se répartissent en « li-
béraux » ou en réactionnaires
déclarés.
sûr le pouvoir et ses représen-
tants universitaires essentielle-
ment enseignants. Si le gouver-
nement comme force d'état, pré-
sente les deux faces d'un même
visage, les hommes et les grou-
pes eux, se répartissent en « li-
béraux » ou en réactionnaires
déclarés.
Face à la droite deux forces
sont en présence : l'avant-garde
révolutionnaire et d'autre part la
masse des étudiants et ensei-
sont en présence : l'avant-garde
révolutionnaire et d'autre part la
masse des étudiants et ensei-
gnants qui ont participé au mou-
vement de mai.
vement de mai.
Cette masse, on peut la quali-
fier de « réformiste ouvert »,
de « progressiste », les étiquet-
tes importent peu et en l'occur-
rence elles ne peuvent traduire
sa spécificité. Ce qui est clair
en revanche, c'est qu'elle cons-
titue l'enjeu de la bataille univer-
sitaire. L'essentiel pour le pou-
voir comme pour le mouvement
n'est pas tant de savoir quelles
sont les possibilités effectives
d'une réforme de l'université,
mais si le mouvement né en mai
fier de « réformiste ouvert »,
de « progressiste », les étiquet-
tes importent peu et en l'occur-
rence elles ne peuvent traduire
sa spécificité. Ce qui est clair
en revanche, c'est qu'elle cons-
titue l'enjeu de la bataille univer-
sitaire. L'essentiel pour le pou-
voir comme pour le mouvement
n'est pas tant de savoir quelles
sont les possibilités effectives
d'une réforme de l'université,
mais si le mouvement né en mai
3E MARCHÉ DEPUIS
-ONCT
-ONCT
CT-
ment à pratiquer (du moins pro-
visoirement) sa politique « libé-
rale ». Edgar Faure a (provisoi-
rement) le dessus sur Marcellin
visoirement) sa politique « libé-
rale ». Edgar Faure a (provisoi-
rement) le dessus sur Marcellin
| et Poujade. D'où la libération de
Krivine et de ses camarades,
d'où le retrait des forces de po-
lice aux alentours des facultés,
d'où enfin l'option ministérielle
pour le droit (réglementé) au dé-
bat politique à l'université. Il est
remarquable de voir qu'au même
moment le pouvoir accentue la
Krivine et de ses camarades,
d'où le retrait des forces de po-
lice aux alentours des facultés,
d'où enfin l'option ministérielle
pour le droit (réglementé) au dé-
bat politique à l'université. Il est
remarquable de voir qu'au même
moment le pouvoir accentue la
| répression à l'O.R.T.F. C'est que,
dans ce secteur, l'opposition fut
finalement moins radicale, et
dans ce secteur, l'opposition fut
finalement moins radicale, et
3K SAIS .
MA(5 JC Ht
ET FUI', Si Jf
ce
if. M'** ter et.
Si'7tff.fi>!
vue
va conserver à l'université, son
caractère de masse ou pas.
caractère de masse ou pas.
Accorder des libertés politi-
ques « légales » dans les Facul-
tés, c'est finalement un pro-
blème secondaire. Faire en sorte
que les libertés politiques, ac-
cordées ou non, soient l'occa-
sion d'un débat politique de
masse et que du même coup, les
facultés continuent, comme en
mai, d'être l'une des bases d'un
large mouvement d'opposition à
la société capitaliste, tel est le
véritable enjeu de la rentrée uni-
versitaire.
ques « légales » dans les Facul-
tés, c'est finalement un pro-
blème secondaire. Faire en sorte
que les libertés politiques, ac-
cordées ou non, soient l'occa-
sion d'un débat politique de
masse et que du même coup, les
facultés continuent, comme en
mai, d'être l'une des bases d'un
large mouvement d'opposition à
la société capitaliste, tel est le
véritable enjeu de la rentrée uni-
versitaire.
LA REPRESSION
NE PAIE PAS
NE PAIE PAS
L'assemblée des comités d'ac-
tion étudiants du 8 août et l'as-
semblée de la Fac. de Sciences
du 3 septembre, qui ont réuni
chacune plus de 1 200 partici-
pants, ont montré qu'actuelle-
ment, le mouvement de mai
n'était pas en passe de devenir
minoritaire à l'université. La po-
litique de répression menée par
Marcellin ne paye pas.
tion étudiants du 8 août et l'as-
semblée de la Fac. de Sciences
du 3 septembre, qui ont réuni
chacune plus de 1 200 partici-
pants, ont montré qu'actuelle-
ment, le mouvement de mai
n'était pas en passe de devenir
minoritaire à l'université. La po-
litique de répression menée par
Marcellin ne paye pas.
C'est sans doute l'un des fac-
teurs, qui ont décidé ces der-
nières semaines, le gouverne-
teurs, qui ont décidé ces der-
nières semaines, le gouverne-
s
surtout le risque de réaction de
masse y est beaucoup moins
prévisible...
masse y est beaucoup moins
prévisible...
C'est dans ce contexte qu'il
faut replacer la tactique suivie
par le SNE-Sup. En acceptant
de rencontrer Edgar Faure, les
dirigeants du SNE-Sup savaient
pouvoir compter sur les contra-
dictions du pouvoir pris entre la
nécessité de la répression et
cette autre nécessité, de ne pas
voir se renouveler une lame de
fond qui paralyserait l'université.
Us savaient également que la po-
litique d'Edgar Faure vise en re-
tour à couper l'avant-garde du
mouvement de l'ensemble des
étudiants et enseignants enga-
gés dans ce mouvement en mai.
En ce sens l'attitude de leur po-
litique est claire : il s'agit de sai-
sir les concessions du pouvoir
comme le signe de sa faiblesse
politique et comme résultats de
l'efficacité d'un mouvement de
masse. Seule cette tactique (du
moins en ce qui concerne les
organisations syndicales ou
« représentatives ») permet de
tenir en échec les promesses du
pouvoir qu'il ne pourra pas tenir
si les étudiants et les ensei-
gnants dépassent leurs carac-
tères formels : ainsi en est-il
des libertés politiques comme
faut replacer la tactique suivie
par le SNE-Sup. En acceptant
de rencontrer Edgar Faure, les
dirigeants du SNE-Sup savaient
pouvoir compter sur les contra-
dictions du pouvoir pris entre la
nécessité de la répression et
cette autre nécessité, de ne pas
voir se renouveler une lame de
fond qui paralyserait l'université.
Us savaient également que la po-
litique d'Edgar Faure vise en re-
tour à couper l'avant-garde du
mouvement de l'ensemble des
étudiants et enseignants enga-
gés dans ce mouvement en mai.
En ce sens l'attitude de leur po-
litique est claire : il s'agit de sai-
sir les concessions du pouvoir
comme le signe de sa faiblesse
politique et comme résultats de
l'efficacité d'un mouvement de
masse. Seule cette tactique (du
moins en ce qui concerne les
organisations syndicales ou
« représentatives ») permet de
tenir en échec les promesses du
pouvoir qu'il ne pourra pas tenir
si les étudiants et les ensei-
gnants dépassent leurs carac-
tères formels : ainsi en est-il
des libertés politiques comme
des commissions paritaires ou
encore de l'abolition des privi-
lèges féodaux.
encore de l'abolition des privi-
lèges féodaux.
L'autre aspect de la politique
du SNE-Sup est de donner, à la
faveur du débat de masse ins-
tauré en mai-juin dernier, leur
pleine dimension politique aux
réels problèmes universitaires
autres que ceux, formels, de
l'autonomie ou de l'autogestion.
Ainsi le SNE-Sup entend récla-
mer que la loi d'orientation « re-
connaisse la nécessité de l'unité
des enseignements supérieurs
dans le cadre des universités »,
en d'autres termes que des sec-
teurs tels que l'enseignement
agricole, la formation paramédi-
cale (infirmières entre autres),
les beaux-arts et l'architecture
ne soient plus considérés com-
me des zones marginales et in-
dignes de « l'Université ». Il en-
tend aussi réclamer l'abolition
de al hiérarchie enseignante et
la fin de la collusion entre « gra-
du SNE-Sup est de donner, à la
faveur du débat de masse ins-
tauré en mai-juin dernier, leur
pleine dimension politique aux
réels problèmes universitaires
autres que ceux, formels, de
l'autonomie ou de l'autogestion.
Ainsi le SNE-Sup entend récla-
mer que la loi d'orientation « re-
connaisse la nécessité de l'unité
des enseignements supérieurs
dans le cadre des universités »,
en d'autres termes que des sec-
teurs tels que l'enseignement
agricole, la formation paramédi-
cale (infirmières entre autres),
les beaux-arts et l'architecture
ne soient plus considérés com-
me des zones marginales et in-
dignes de « l'Université ». Il en-
tend aussi réclamer l'abolition
de al hiérarchie enseignante et
la fin de la collusion entre « gra-
de » et fonction, manifestations
de l'autoritarisme bureaucratique
de l'université.
de l'autoritarisme bureaucratique
de l'université.
LA QUESTION
DE LA REPARTITION
DES ROLES
Le débat ne fait que commen-
cer. L'une des questions impor-
tantes auxquelles le mouvement
sera affronté sera sans doute la
répartition des « rôles » entre
les organisations syndicales ou
représentatives (UNEF, SNE-
Sup, CAL) et les comités d'ac-
tions et les groupes politiques.
Mais il est certainement un fait
acquis : le clivage entre ligne
révolutionnaire et ligne réformis-
te n'est pas celui entre problè-
mes extra-universitaires et pro-
blèmes universitaires. La lutte
de masse sur le front universi-
taire est au contraire l'une des
conditions d'une lutte de masse
des étudiants qui dépasse le
cadre universitaire.
cer. L'une des questions impor-
tantes auxquelles le mouvement
sera affronté sera sans doute la
répartition des « rôles » entre
les organisations syndicales ou
représentatives (UNEF, SNE-
Sup, CAL) et les comités d'ac-
tions et les groupes politiques.
Mais il est certainement un fait
acquis : le clivage entre ligne
révolutionnaire et ligne réformis-
te n'est pas celui entre problè-
mes extra-universitaires et pro-
blèmes universitaires. La lutte
de masse sur le front universi-
taire est au contraire l'une des
conditions d'une lutte de masse
des étudiants qui dépasse le
cadre universitaire.
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engage la lutte contre la répres-
sion qui veut priver le mouve-
ment de tous moyens d'expres-
sion. Il organise le soutien
politique et financier à ACTION.
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ment de tous moyens d'expres-
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1881 : « La distribution et le
colportage accidentels (de jour-
naux ou de livres) ne sont assu-
jettis à aucune déclaration. »
Cette loi est toujours valable.
1881 : « La distribution et le
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naux ou de livres) ne sont assu-
jettis à aucune déclaration. »
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L'INFORMATION
AU CARREFOUR
DES LITTES
AU CARREFOUR
DES LITTES
On a vu à Prague l'importance de
l'information radio télévisée dans la
lutte contre l'occupant. On l'avait déjà
compris à Paris, sur les barricades, et
déjà le gouvernement avait bâillonné
l'information. Il s'est agi ensuite de mu-
seler définitivement l'O.R.T.F. Le pouvoir
a fait taire les journalistes, supprimé les
magazines, appliqué la censure directe
à tous les programmes.
l'information radio télévisée dans la
lutte contre l'occupant. On l'avait déjà
compris à Paris, sur les barricades, et
déjà le gouvernement avait bâillonné
l'information. Il s'est agi ensuite de mu-
seler définitivement l'O.R.T.F. Le pouvoir
a fait taire les journalistes, supprimé les
magazines, appliqué la censure directe
à tous les programmes.
On a vu aussi à Prague qu'une infor-
mation à peu près libre ne peut être
supportée par un régime autoritaire.
Qu'il s'agisse de la bureaucratie sovié-
tique ou du régime répressif que nous
subissons, la radio et la télévision sont
à la fois le principal instrument de pro-
pagande, c'est-à-dire de répression po-
litique, et un des carrefours de la lutte
révolutionnaire.
mation à peu près libre ne peut être
supportée par un régime autoritaire.
Qu'il s'agisse de la bureaucratie sovié-
tique ou du régime répressif que nous
subissons, la radio et la télévision sont
à la fois le principal instrument de pro-
pagande, c'est-à-dire de répression po-
litique, et un des carrefours de la lutte
révolutionnaire.
Mai-juin a vu naître à l'O.R.T.F. comme
ailleurs un embryon de pouvoir parallèle.
Comités de grève et comités d'action
avalent en mains les leviers d'un sys-
tème à moitié balayé. Là comme ail-
leurs la répression du gouvernement,
d'une part, et surtout celle de la plupart
des syndicats et du P.C., ont réussi
à empêcher la création d'un réseau
d'information indépendant.
ailleurs un embryon de pouvoir parallèle.
Comités de grève et comités d'action
avalent en mains les leviers d'un sys-
tème à moitié balayé. Là comme ail-
leurs la répression du gouvernement,
d'une part, et surtout celle de la plupart
des syndicats et du P.C., ont réussi
à empêcher la création d'un réseau
d'information indépendant.
Comment lutter dans les conditions
actuelles contre la désinformation et la
propagande qui font de l'O.R.T.F. l'exem-
ple le plus évident d'une administration
directe d'un service public par de
Gaulle ? C'est en effet lui qui a décidé
cas par cas les licenciements et les
sanctions.
actuelles contre la désinformation et la
propagande qui font de l'O.R.T.F. l'exem-
ple le plus évident d'une administration
directe d'un service public par de
Gaulle ? C'est en effet lui qui a décidé
cas par cas les licenciements et les
sanctions.
A l'intérieur les syndicats sont pro-
fondément affaiblis car la façon dont
fondément affaiblis car la façon dont
ils ont récupéré, puis brisé la grève,
avec des procédés très exactement cal-
qués sur ceux du gouvernement : infor-
mations mensongères, menaces, votes
forcés, voire truqués. Une organisation
nouvelle est née de la grève, sur le
modèle de* comités d'action : Autono-
mie et Liberté. Ce groupe cherche à
susciter des comités de base dans
chaque centre O.R.T.F. et à relier leur
combat au mouvement révolutionnaire
dans son ensemble. Il organise par
exemple le mercredi 4 septembre à
19 h 30, 92, rue d'Assas, un meeting
où sera présenté un contre-journal télé-
visé avec le concours de journalistes
licenciés. Cette expérience est faite
pour être reprise dans tout le pays par
les Comités d'action d'après une for-
mule très simple : écoute du J.T. gou-
vernemental, contre-information réunie
par le C.A., débat-critique.
L'importance de cette forme de lutte
avec des procédés très exactement cal-
qués sur ceux du gouvernement : infor-
mations mensongères, menaces, votes
forcés, voire truqués. Une organisation
nouvelle est née de la grève, sur le
modèle de* comités d'action : Autono-
mie et Liberté. Ce groupe cherche à
susciter des comités de base dans
chaque centre O.R.T.F. et à relier leur
combat au mouvement révolutionnaire
dans son ensemble. Il organise par
exemple le mercredi 4 septembre à
19 h 30, 92, rue d'Assas, un meeting
où sera présenté un contre-journal télé-
visé avec le concours de journalistes
licenciés. Cette expérience est faite
pour être reprise dans tout le pays par
les Comités d'action d'après une for-
mule très simple : écoute du J.T. gou-
vernemental, contre-information réunie
par le C.A., débat-critique.
L'importance de cette forme de lutte
tient à ce que la grève de l'O.R.T.F.
a été reliée dès l'origine au mouvement
ouvrier plus qu'à la révolte des intellec-
tuels. C'est l'occupation de Sud-Avia-
tion qui a donné le véritable signal de
la grève. C'est d'ailleurs de Renault
et de Citroen que les grévistes se sen-
taient les plus proches. Il ne faut pas
oublier qu'il y a quinze mille personnes
à l'O.R.T.F., dont seulement quelques
centaines de journalistes et de personnel
dit - artistique -, contre des milliers de
techniciens, d'employés administratifs et
d'ouvrier* durement exploité*.
a été reliée dès l'origine au mouvement
ouvrier plus qu'à la révolte des intellec-
tuels. C'est l'occupation de Sud-Avia-
tion qui a donné le véritable signal de
la grève. C'est d'ailleurs de Renault
et de Citroen que les grévistes se sen-
taient les plus proches. Il ne faut pas
oublier qu'il y a quinze mille personnes
à l'O.R.T.F., dont seulement quelques
centaines de journalistes et de personnel
dit - artistique -, contre des milliers de
techniciens, d'employés administratifs et
d'ouvrier* durement exploité*.
C'est donc de la force du mouvement
dans les usines et dans les entreprises
que dépend une lutte efficace sur le
plan de l'information.
dans les usines et dans les entreprises
que dépend une lutte efficace sur le
plan de l'information.
ZAN SANS FLICS
Premier meeting de la rentrée : 1 200
étudiants en sciences se sont revus dans
un amphithéâtre de la Halle aux Vins
libérée de ses flics. Ils ont affirmé
ainsi leur volonté d'utiliser librement
les locaux universitaires. La Commis-
sion Centrale Provisoire a appelé étu-
diants et enseignants à reformer immé-
diatement les comités de base nés en
mai pour lutter contre la répression
administrative. En effet, après les trois
chercheurs de l'hôpital Broussais, plu-
sieurs chercheurs ont été chassés sans
motif des laboratoires qui dépendent de
Zamansky.
étudiants en sciences se sont revus dans
un amphithéâtre de la Halle aux Vins
libérée de ses flics. Ils ont affirmé
ainsi leur volonté d'utiliser librement
les locaux universitaires. La Commis-
sion Centrale Provisoire a appelé étu-
diants et enseignants à reformer immé-
diatement les comités de base nés en
mai pour lutter contre la répression
administrative. En effet, après les trois
chercheurs de l'hôpital Broussais, plu-
sieurs chercheurs ont été chassés sans
motif des laboratoires qui dépendent de
Zamansky.
LES DAMNÉS
DE MARCELLIN
DE MARCELLIN
SI les militants de l'ex-J.C.R. étaient
restés à la Santé, la politique d'Edgar
Faure serait rapidement devenue inte-
nable. Nous découvrons non sans plaisir
que nous sommes la seule opposition
avec qui de Gaulle a compté cet été.
Mais comme toute décision du pouvoir,
celle-ci cache un piège dans lequel
n'ont pas manqué de tomber les chro-
niqueurs dits de gauche. Le gouverne-
ment a fait la fallacieuse distinction
entre accusés politiques et accusés de
droit commun. Les « politiques » sont
les bons, ceux qui se livrent à des
activités militantes de type classique.
On en fait aujourd'hui l'éloge de façon
si comique qu'eux-mêmes avec tout le
monde en rigolent beaucoup. Mainte-
restés à la Santé, la politique d'Edgar
Faure serait rapidement devenue inte-
nable. Nous découvrons non sans plaisir
que nous sommes la seule opposition
avec qui de Gaulle a compté cet été.
Mais comme toute décision du pouvoir,
celle-ci cache un piège dans lequel
n'ont pas manqué de tomber les chro-
niqueurs dits de gauche. Le gouverne-
ment a fait la fallacieuse distinction
entre accusés politiques et accusés de
droit commun. Les « politiques » sont
les bons, ceux qui se livrent à des
activités militantes de type classique.
On en fait aujourd'hui l'éloge de façon
si comique qu'eux-mêmes avec tout le
monde en rigolent beaucoup. Mainte-
nant que Daniel Cohn-Bendit est exilé,
voici notre camarade Krivine sacré
grand stratège de Mai. Ces bêtises
font oublier les autres emprisonnés qui
encourent des peines de droit commun ;
eux sont les damnés. On les accuse
d'avoir fragmenté des tissus tricolores,
endommagé des bâtiments administratifs
et outragé des agents. Si ces délits
ne sont pas politiques, alors le
mouvement de mai ne l'a pas été non
plus. Il y a sans doute parmi nous
des divergences de principes et de
méthodes d'action. Cependant le mou-
vement de Mai est indivisible. Chaque
style d'action y a trouvé sa place et
les différents styles se sont inspirés
mutuellement dans l'action commune.
Nous sommes totalement solidaires des
14 emprisonnés arrêtés à Bordeaux, et
de tous ceux qui se sont fait embar-
quer chaque samedi de juillet et d'août
sur le boulevard Saint-Michel, parce
qu'ils résistaient aux intimidations poli-
cières. Le gouvernement doit savoir ce
qu'il risque à ne pas les libérer.
voici notre camarade Krivine sacré
grand stratège de Mai. Ces bêtises
font oublier les autres emprisonnés qui
encourent des peines de droit commun ;
eux sont les damnés. On les accuse
d'avoir fragmenté des tissus tricolores,
endommagé des bâtiments administratifs
et outragé des agents. Si ces délits
ne sont pas politiques, alors le
mouvement de mai ne l'a pas été non
plus. Il y a sans doute parmi nous
des divergences de principes et de
méthodes d'action. Cependant le mou-
vement de Mai est indivisible. Chaque
style d'action y a trouvé sa place et
les différents styles se sont inspirés
mutuellement dans l'action commune.
Nous sommes totalement solidaires des
14 emprisonnés arrêtés à Bordeaux, et
de tous ceux qui se sont fait embar-
quer chaque samedi de juillet et d'août
sur le boulevard Saint-Michel, parce
qu'ils résistaient aux intimidations poli-
cières. Le gouvernement doit savoir ce
qu'il risque à ne pas les libérer.
LES SUPERMARCHÉS
DE LA CULTURE
DE LA CULTURE
Pour les contestataires d'Avignon il
s'agissait de démontrer le mécanisme
de la récupération culturelle de la bour-
geoisie et l'impossibilité d'un festival
réellement populaire dans une société
de classes.
s'agissait de démontrer le mécanisme
de la récupération culturelle de la bour-
geoisie et l'impossibilité d'un festival
réellement populaire dans une société
de classes.
Il est évident que malgré les théories
popularistes des organisateurs du Fes-
tival d'Avignon, des places è 5 F ne
I font pas un festival populaire ; il ne
{ peut y avoir d'art populaire que si celui-
I ci descend dans la rue et sort du sys-
I terne du spectacle bourgeois.
popularistes des organisateurs du Fes-
tival d'Avignon, des places è 5 F ne
I font pas un festival populaire ; il ne
{ peut y avoir d'art populaire que si celui-
I ci descend dans la rue et sort du sys-
I terne du spectacle bourgeois.
Même si le créateur n'appartient pas
à l'idéologie bourgeoise, par exemple
Maurice Béjart, s'il accepte de s'insérer
dans le système du spectacle est
récupéré par la bourgeoisie et n'est
plus offensif. Ces généralités se sont
confirmées dans les faits.
à l'idéologie bourgeoise, par exemple
Maurice Béjart, s'il accepte de s'insérer
dans le système du spectacle est
récupéré par la bourgeoisie et n'est
plus offensif. Ces généralités se sont
confirmées dans les faits.
Le Festival d'Avignon commença par
une interdiction marginale, celle du
théâtre du Chêne Noir. L'organisation
du Festival ayant pris position en fa-
veur du théâtre du Chêne Noir, l'entre-
prise de récupération se dévoila. En
effet, Maurice Béjart demanda à la
troupe de figurer dans un tableau de
« La Messe pour le Temps Présent »
et ce tableau fut applaudi par ceux-là
mêmes qui approuvent la censure.
une interdiction marginale, celle du
théâtre du Chêne Noir. L'organisation
du Festival ayant pris position en fa-
veur du théâtre du Chêne Noir, l'entre-
prise de récupération se dévoila. En
effet, Maurice Béjart demanda à la
troupe de figurer dans un tableau de
« La Messe pour le Temps Présent »
et ce tableau fut applaudi par ceux-là
mêmes qui approuvent la censure.
Par contre, le Living Theater, sortant
du système traditionnel du spectacle,
voulut communiquer directement avec la
population, sans passer par l'intermé-
diaire de l'appareil bourgeois, c'est-à-
dire l'organisation du festival. Il fut
frappé d'interdit. En effet, le Living
Theater ne pouvait jouer « Paradis
Now » qu'à condition de faire payer
les places et de ne jamais faire déborder
le spectacle du cadre dans lequel on
l'avait emprisonné.
du système traditionnel du spectacle,
voulut communiquer directement avec la
population, sans passer par l'intermé-
diaire de l'appareil bourgeois, c'est-à-
dire l'organisation du festival. Il fut
frappé d'interdit. En effet, le Living
Theater ne pouvait jouer « Paradis
Now » qu'à condition de faire payer
les places et de ne jamais faire déborder
le spectacle du cadre dans lequel on
l'avait emprisonné.
Dès la première représentation, Julian
Beck sort de ce schéma et veut ouvrir
les portes du théâtre des Carmes. Il
rencontre dès lors l'opposition de l'or-
ganisation qui l'avait invité et qui savait
ce que comportait Idéologiquement
- Paradis Now ».
Beck sort de ce schéma et veut ouvrir
les portes du théâtre des Carmes. Il
rencontre dès lors l'opposition de l'or-
ganisation qui l'avait invité et qui savait
ce que comportait Idéologiquement
- Paradis Now ».
Donc ce qui est dangereux pour le
système bourgeois n'est pas tant le
contenu politique de la pièce que la
transformation de celle-ci en une action
politique directe. Sur cet interdit, on
a vu l'organisation du Festival, en
grande partie P.C.F., prendre le* mêmes
système bourgeois n'est pas tant le
contenu politique de la pièce que la
transformation de celle-ci en une action
politique directe. Sur cet interdit, on
a vu l'organisation du Festival, en
grande partie P.C.F., prendre le* mêmes
positions que la bourgeoisie, c'est-à-
dire dévoiler dans les faits que le Fes-
tival d'Avignon est du service de la
récupération bourgeoise. Lors d'une ma-
nifestation organisée contre l'interdic-
tion de • Paradis Now • devant le Pa-
lais des Papes, le service d'ordre du
Festival s'est fait le complice tacite
de la répression policière. Le processus
de fascisation était entamé et le dernier
jour du Festival on a vu ce même ser-
vice d'ordre transformé en Comité
d'Action Civique, pourchassant dans les
rues les gauchistes.
dire dévoiler dans les faits que le Fes-
tival d'Avignon est du service de la
récupération bourgeoise. Lors d'une ma-
nifestation organisée contre l'interdic-
tion de • Paradis Now • devant le Pa-
lais des Papes, le service d'ordre du
Festival s'est fait le complice tacite
de la répression policière. Le processus
de fascisation était entamé et le dernier
jour du Festival on a vu ce même ser-
vice d'ordre transformé en Comité
d'Action Civique, pourchassant dans les
rues les gauchistes.
La représentation la plus grotesque
de la récupération bourgeoise a été
l'aïoli à gogo organisé par la mairie
d'Avignon et une organisation qui avait
mauvaise conscience. On a pu voir
20 000 personnes baffrant de l'aïoli pen-
dant que Maurice Béjart dansait de
l'art d'avant garde et populaire.
de la récupération bourgeoise a été
l'aïoli à gogo organisé par la mairie
d'Avignon et une organisation qui avait
mauvaise conscience. On a pu voir
20 000 personnes baffrant de l'aïoli pen-
dant que Maurice Béjart dansait de
l'art d'avant garde et populaire.
Autre entreprise de récupération poli-
tique, celle du P.S.U., par l'intermédiaire
de Jacques Sauvageot qui, profitant de
la présence des révolutionnaires, après
une campagne publicitaire bien orches-
trée, fit un cours magistral sur l'univer-
sité alors qu'en Avignon la contestation
culturelle était à l'ordre du jour.
tique, celle du P.S.U., par l'intermédiaire
de Jacques Sauvageot qui, profitant de
la présence des révolutionnaires, après
une campagne publicitaire bien orches-
trée, fit un cours magistral sur l'univer-
sité alors qu'en Avignon la contestation
culturelle était à l'ordre du jour.
Jean Vilar et l'organisation du Festival
avaient mis eux-mêmes la contestation
à l'ordre du jour en l'intégrant dans le
Festival. Pour ce faire, ils firent venir
des membres de l'atelier populaire des
Beaux-Arts et organisèrent la tribune
libre du Verger.
avaient mis eux-mêmes la contestation
à l'ordre du jour en l'intégrant dans le
Festival. Pour ce faire, ils firent venir
des membres de l'atelier populaire des
Beaux-Arts et organisèrent la tribune
libre du Verger.
Hélas pour l'organisation du Festvial,
la contestation est sortie du cadre qui
lui était imposée pour rendre dans
la rue et prendre un caractère offensif.
la contestation est sortie du cadre qui
lui était imposée pour rendre dans
la rue et prendre un caractère offensif.
Le Festival d'Avignon a démontré que
seul le théâtre joué dans la rue est
dangereux pour la bourgeoisie.
seul le théâtre joué dans la rue est
dangereux pour la bourgeoisie.
PRAGUE ET LA LUTTE POUR LE SOCIALISME
L'intervention soviétique à Prague a fait définitivement voler en éclats la
façade déjà fortement lézardée du Mouvement Communiste International. Le P.C.F.
a reçu, à l'occasion, de ses partenaires social-démocrates un label de « ralliement
à la démocratie ». Cette position ne signifie pas que ses déclarations aient un
caractère « tactique ». Elles concrétisent et sanctionnent une évolution engagée
depuis plusieurs années : celle qui fait de sa réintégration dans le jeu parlemen-
taire français l'axe de la politique du P.C.F. Contre notre attente sentimentale, les
réactions des pays révolutionnaires (Corée, Vietnam, Cuba) ont surpris. Comme
on l'avait déjà vu à propos du mouvement de mai la difficulté de compréhension
entre les forces révolutionnaires est le signe d'un mal plus profond. Aucun système
de valeurs révolutionnaires n'est capable aujourd'hui de fonder un nouvel interna-
tionalisme. Dans cette situation difficile, il ne peut être question de se contenter
de peser ce qui dans les prises de position des capitales révolutionnaires nous
agrée plus ou moins, il faut aussi regarder dans quelle mesure nous sommes res-
ponsables de ce qui se passe à Prague. Récusant le « socialisme » tel qu'on le
pratique à Moscou, les Tchèques se sont tournés vers l'Occident. Mais peut-être
leurs objectifs auraient-ils été différents si au lieu d'y découvrir la fascination de la
société de consommation ils y avaient trouvé un mouvement révolutionnaire adap-
té aux pays développés. Ce qui fait l'intérêt des prises de position du P.C. chinois
à l'égard du mouvement de mai, comme à l'égard de la Tchécoslovaquie c'est
qu'elles se situent dans le cadre d'une réflexion sur la Révolution à l'échelle mon-
diale. Ce que Mai a révélé, que les perspectives d'une révolution sont ouvertes dans
les pays développés, il reste encore à le fondre dans une stratégie et une concep-
tion mondiale du socialisme.
façade déjà fortement lézardée du Mouvement Communiste International. Le P.C.F.
a reçu, à l'occasion, de ses partenaires social-démocrates un label de « ralliement
à la démocratie ». Cette position ne signifie pas que ses déclarations aient un
caractère « tactique ». Elles concrétisent et sanctionnent une évolution engagée
depuis plusieurs années : celle qui fait de sa réintégration dans le jeu parlemen-
taire français l'axe de la politique du P.C.F. Contre notre attente sentimentale, les
réactions des pays révolutionnaires (Corée, Vietnam, Cuba) ont surpris. Comme
on l'avait déjà vu à propos du mouvement de mai la difficulté de compréhension
entre les forces révolutionnaires est le signe d'un mal plus profond. Aucun système
de valeurs révolutionnaires n'est capable aujourd'hui de fonder un nouvel interna-
tionalisme. Dans cette situation difficile, il ne peut être question de se contenter
de peser ce qui dans les prises de position des capitales révolutionnaires nous
agrée plus ou moins, il faut aussi regarder dans quelle mesure nous sommes res-
ponsables de ce qui se passe à Prague. Récusant le « socialisme » tel qu'on le
pratique à Moscou, les Tchèques se sont tournés vers l'Occident. Mais peut-être
leurs objectifs auraient-ils été différents si au lieu d'y découvrir la fascination de la
société de consommation ils y avaient trouvé un mouvement révolutionnaire adap-
té aux pays développés. Ce qui fait l'intérêt des prises de position du P.C. chinois
à l'égard du mouvement de mai, comme à l'égard de la Tchécoslovaquie c'est
qu'elles se situent dans le cadre d'une réflexion sur la Révolution à l'échelle mon-
diale. Ce que Mai a révélé, que les perspectives d'une révolution sont ouvertes dans
les pays développés, il reste encore à le fondre dans une stratégie et une concep-
tion mondiale du socialisme.
LES TCHÈQUES
NE POUVAIENT QU'ÊTRE
BATTUS POURQUOI ?
« Depuis vingt ans nous
n'avions pu nous exprimer aussi
librement que nous l'avons fait
au cours de ces derniers jours...
peut-être ne pourrons-nous plus
dire tout ce que nous pensons,
mais nous ne dirons et n'écri-
rons jamais quoi que ce soit qui
soit contraire à notre cons-
cience. »
n'avions pu nous exprimer aussi
librement que nous l'avons fait
au cours de ces derniers jours...
peut-être ne pourrons-nous plus
dire tout ce que nous pensons,
mais nous ne dirons et n'écri-
rons jamais quoi que ce soit qui
soit contraire à notre cons-
cience. »
A cette phrase on mesure le
seul gain que le peuple tché-
coslovaque a pu obtenir dans un
règlement de compte entre deux j
appareils qui ne s'entendaient
plus sur la meilleure manière de
!e contenir dans l'impuissance.
Entendons-nous : Ce communi-
qué provient d'un journaliste
appartenant à l'appareil tchécos-
lovaque. Le peuple n'a guère eu
l'occasion de s'exprimer claire-
ment.
seul gain que le peuple tché-
coslovaque a pu obtenir dans un
règlement de compte entre deux j
appareils qui ne s'entendaient
plus sur la meilleure manière de
!e contenir dans l'impuissance.
Entendons-nous : Ce communi-
qué provient d'un journaliste
appartenant à l'appareil tchécos-
lovaque. Le peuple n'a guère eu
l'occasion de s'exprimer claire-
ment.
Mais l'appareil tchécoslova-
que, grâce à ses journaux et
son réseau de radios a utilisé à
son profit le sentiment popu-
laire. Les slogans ont été sélec-
tionnés, et les manifestations
dénoncées comme l'œuvre de
provocateurs. Cependant, l'ap-
pareil tchécoslovaque s'est trou-
vé dans l'obligation de faire
appel au peuple pour manifes-
ter la cohésion de la nation
derrière les autorités légales en
face de l'occupant.
que, grâce à ses journaux et
son réseau de radios a utilisé à
son profit le sentiment popu-
laire. Les slogans ont été sélec-
tionnés, et les manifestations
dénoncées comme l'œuvre de
provocateurs. Cependant, l'ap-
pareil tchécoslovaque s'est trou-
vé dans l'obligation de faire
appel au peuple pour manifes-
ter la cohésion de la nation
derrière les autorités légales en
face de l'occupant.
A ce niveau bureaucratique,
une certaine préparation à l'in-
vasion a eu lieu pour mettre en
place les équipes des émetteurs
clandestins. Ce sont ces mili-
tants de base, ces journalistes,
qui, étant en contact étroit avec
le peuple, ont subi une évolu-
tion politique : ils ont fait l'ap-
prentissage d'une conscience
presque révolutionnaire. Jamais,
même pendant la période du
programme de démocratisation,
ils n'ont été aussi libres. En ef-
fet, de janvier à août, la liberté
d'expression ce fut essentielle-
ment la liberté pour les journaux
officiels d'harmoniser l'informa-
tion avec les orientations poli-
tiques et économiques de la bu-
reaucratie tchécoslovaque :
vanter les valeurs occidentales,
ne pas vexer les Etats-Unis ni
l'Allemagne fédérale. Concrète-
ment : présenter des excuses à
l'ambassade américaine quand
des étudiants brûlaient un dra-
peau yankee ou bien ironiser
sur le « révolutionarisme » cu-
oain. Certes, il était également
devenu possible d'acheter à
Prague les œuvres de Marx, de
Lénine et de Mao Tsé-Toung.
Mais, en dehors des intellec-
tuels, il n'y aurait personne,
pensait-on, pour les lire. Seuls
les Russes, qui ont connu une
révolution, pouvaient avoir peur
de ces possibilités de culture
révolutionnaire.
une certaine préparation à l'in-
vasion a eu lieu pour mettre en
place les équipes des émetteurs
clandestins. Ce sont ces mili-
tants de base, ces journalistes,
qui, étant en contact étroit avec
le peuple, ont subi une évolu-
tion politique : ils ont fait l'ap-
prentissage d'une conscience
presque révolutionnaire. Jamais,
même pendant la période du
programme de démocratisation,
ils n'ont été aussi libres. En ef-
fet, de janvier à août, la liberté
d'expression ce fut essentielle-
ment la liberté pour les journaux
officiels d'harmoniser l'informa-
tion avec les orientations poli-
tiques et économiques de la bu-
reaucratie tchécoslovaque :
vanter les valeurs occidentales,
ne pas vexer les Etats-Unis ni
l'Allemagne fédérale. Concrète-
ment : présenter des excuses à
l'ambassade américaine quand
des étudiants brûlaient un dra-
peau yankee ou bien ironiser
sur le « révolutionarisme » cu-
oain. Certes, il était également
devenu possible d'acheter à
Prague les œuvres de Marx, de
Lénine et de Mao Tsé-Toung.
Mais, en dehors des intellec-
tuels, il n'y aurait personne,
pensait-on, pour les lire. Seuls
les Russes, qui ont connu une
révolution, pouvaient avoir peur
de ces possibilités de culture
révolutionnaire.
Contre les chars soviétiques,
une seule résistance était pos-
sible : celle du peuple armé.
Mais les dirigeants tchécoslo-
vaques n'y pouvaient faire appel
étant donné la ligne politique
qu'ils avaient suivie et leur style
d'organisation. On ne peut
une seule résistance était pos-
sible : celle du peuple armé.
Mais les dirigeants tchécoslo-
vaques n'y pouvaient faire appel
étant donné la ligne politique
qu'ils avaient suivie et leur style
d'organisation. On ne peut
que donner corps au prétexte
des agissements impérialistes
en Tchécoslovaquie lorsque
la solidarité avec les pays en
contact direct avec l'impérialis-
me (Cuba, Vietnam) n'est pas
hautement revendiquée. On ne
défend pas la liberté de conclu-
re des accords commerciaux ou
d'introduire les mécanismes du
marché en appelant les ouvriers
au soulèvement. Ceux-ci d'ail-
leurs ne se soulèveraient pas
pour cela. Pourtant les ouvriers
et les étudiants n'étaient pas
loin de se soulever : pas seule-
ment contre l'étranger qui inves-
tissait le territoire national, mais
aussi contre le système que re-
présentait cet étranger, système
qu'allait d'ailleurs incarner Dub-
cek au retour de Moscou : ré-
formisme et liberté surveillée.
Alors les dirigeants tchécoslo-
vaques manipulèrent : ils utili-
sèrent le sentiment patriotique
ici porteur d'exigences révolu-
tionnaires mais dans le sens
restrictif du nationalisme et du
légalisme. Ne pas collaborer
avec l'occupant, donner une ap-
parence de fonctionnement aux
autorités légales, mais surtout
ne pas manifester. Ces mots
d'ordre s'appuyaient sur des ar-
guments certes valables. La ré-
sistance armée immédiate, à la-
quelle les jeunes de Prague
étaient prêts puisque le premier
jour ils ont fait des barricades,
ne pouvait conduire sur le
moment qu'à un bain de sang.
des agissements impérialistes
en Tchécoslovaquie lorsque
la solidarité avec les pays en
contact direct avec l'impérialis-
me (Cuba, Vietnam) n'est pas
hautement revendiquée. On ne
défend pas la liberté de conclu-
re des accords commerciaux ou
d'introduire les mécanismes du
marché en appelant les ouvriers
au soulèvement. Ceux-ci d'ail-
leurs ne se soulèveraient pas
pour cela. Pourtant les ouvriers
et les étudiants n'étaient pas
loin de se soulever : pas seule-
ment contre l'étranger qui inves-
tissait le territoire national, mais
aussi contre le système que re-
présentait cet étranger, système
qu'allait d'ailleurs incarner Dub-
cek au retour de Moscou : ré-
formisme et liberté surveillée.
Alors les dirigeants tchécoslo-
vaques manipulèrent : ils utili-
sèrent le sentiment patriotique
ici porteur d'exigences révolu-
tionnaires mais dans le sens
restrictif du nationalisme et du
légalisme. Ne pas collaborer
avec l'occupant, donner une ap-
parence de fonctionnement aux
autorités légales, mais surtout
ne pas manifester. Ces mots
d'ordre s'appuyaient sur des ar-
guments certes valables. La ré-
sistance armée immédiate, à la-
quelle les jeunes de Prague
étaient prêts puisque le premier
jour ils ont fait des barricades,
ne pouvait conduire sur le
moment qu'à un bain de sang.
Cependant, très vite la résis-
tance pas du tout passive s'or-
ganisait. Les radios se multi-
pliaient, échappaient au repé-
rage goniométrique et donnaient
des renseignements sur les dé-
placements des troupes.
tance pas du tout passive s'or-
ganisait. Les radios se multi-
pliaient, échappaient au repé-
rage goniométrique et donnaient
des renseignements sur les dé-
placements des troupes.
Cela suppose une très forte
organisation populaire de ren-
seignements. En effet, le télé-
phone ne fonctionnait pas.
organisation populaire de ren-
seignements. En effet, le télé-
phone ne fonctionnait pas.
Tous les soirs à Prague, il y
avait des manifestations inter-
dites et des échanges de coups
de feu. L'organisation santé
s'améliorait avec la vigueur des
combats comme en témoigne le
fait que les Russes ont occupé
plusieurs hôpitaux. Les grèves
ouvrières se multipliaient comme
en témoignent les appels inces-
sants à la reprise du travail.
avait des manifestations inter-
dites et des échanges de coups
de feu. L'organisation santé
s'améliorait avec la vigueur des
combats comme en témoigne le
fait que les Russes ont occupé
plusieurs hôpitaux. Les grèves
ouvrières se multipliaient comme
en témoignent les appels inces-
sants à la reprise du travail.
La propagande à destination
de l'occupant commençait à por-
ter ses fruits. Il y eut plusieurs
désertions et peut-être le der-
nier mot d'ordre de s'abstenir
de discuter avec les soldats n'a
pas été excellent. Enfin, le parti
en l'absence des dirigeants,
continuait à agir, des unités de
l'armée tchèque commençaient
à se battre, et les apparitions
de francs-tireurs se faisaient
plus nombreuses.
de l'occupant commençait à por-
ter ses fruits. Il y eut plusieurs
désertions et peut-être le der-
nier mot d'ordre de s'abstenir
de discuter avec les soldats n'a
pas été excellent. Enfin, le parti
en l'absence des dirigeants,
continuait à agir, des unités de
l'armée tchèque commençaient
à se battre, et les apparitions
de francs-tireurs se faisaient
plus nombreuses.
Aussi bien, Dubcek à Mos-
cou ne pouvait que capituler
pour éviter de se trouver à la
tête d'un pays en guérilla. Ne
voyant pas d'issue révolution-
naire, le peuple ne pouvait que
manifester sa solidarité avec
ses dirigeants. Mais cette soli-
darité commençait à avoir son
prix. Il a fallu toutes les triste
manipulations du retour de Mos-
cou pour désarmer le peuple
Mais désormais en Tchécoslo-
vaquie des militants de base
ont conscience qu'un choix est
à faire entre la révolution et la
capitulation.
cou ne pouvait que capituler
pour éviter de se trouver à la
tête d'un pays en guérilla. Ne
voyant pas d'issue révolution-
naire, le peuple ne pouvait que
manifester sa solidarité avec
ses dirigeants. Mais cette soli-
darité commençait à avoir son
prix. Il a fallu toutes les triste
manipulations du retour de Mos-
cou pour désarmer le peuple
Mais désormais en Tchécoslo-
vaquie des militants de base
ont conscience qu'un choix est
à faire entre la révolution et la
capitulation.
QUI A PEUR
DE LA RÉVOLUTION
RUSSE ?
Nous refusons les explications
pré-digérées,
pré-digérées,
— Celle des Américains : le
communisme est diabolique ;
communisme est diabolique ;
— Celle de De Gaulle : c'est
parce que « Je » n'étais pas à i
Yalta ;
parce que « Je » n'étais pas à i
Yalta ;
— Celle du P.C.F. : une sim-
ple « erreur » (après les « er-
reurs » de Staline, les « erreurs »
de Krouchtchev — c'est trop
pour un régime socialiste).
ple « erreur » (après les « er-
reurs » de Staline, les « erreurs »
de Krouchtchev — c'est trop
pour un régime socialiste).
En envahissant la Tchécoslo-
vaquie, les Russes savaient
qu'ils prenaient une décision j
lourde de conséquences. De-
puis dix ans, toute leur propa- i
gande faisait manœuvrer deux
chevaux de bataille : la coexis- j
tence pacifique et la condamna-
tion de la Chine par le mouve- |
ment communiste international.
Un seul jour a suffi pour rame- j
ner à zéro ces mystifications ;
chacun peut voir que la « co-
existence » se réduit à justifier
le partage du monde entre deux
états impérialistes répressifs et
policiers. Chacun peut voir aussi
comment le parti russe conçoit
l'unité du mouvement commu-
niste, c'est l'unité du Maître et
des esclaves.
vaquie, les Russes savaient
qu'ils prenaient une décision j
lourde de conséquences. De-
puis dix ans, toute leur propa- i
gande faisait manœuvrer deux
chevaux de bataille : la coexis- j
tence pacifique et la condamna-
tion de la Chine par le mouve- |
ment communiste international.
Un seul jour a suffi pour rame- j
ner à zéro ces mystifications ;
chacun peut voir que la « co-
existence » se réduit à justifier
le partage du monde entre deux
états impérialistes répressifs et
policiers. Chacun peut voir aussi
comment le parti russe conçoit
l'unité du mouvement commu-
niste, c'est l'unité du Maître et
des esclaves.
Les Russes savaient qu'ils
anéantissaient dix ans de pa-
tiente propagande, qu'ils se-
raient « désapprouvés » par les
P.C. occidentaux. Ils savaient
aussi qu'ils risquaient de faire
triompher Nixon, d'accélérer une
course aux armements qui leur
anéantissaient dix ans de pa-
tiente propagande, qu'ils se-
raient « désapprouvés » par les
P.C. occidentaux. Ils savaient
aussi qu'ils risquaient de faire
triompher Nixon, d'accélérer une
course aux armements qui leur
coûte plus cher qu'à leurs con-
currents américains.
currents américains.
Pourtant ils ont choisi d'inter-
venir. Il fallait qu'à leurs yeux
le danger soit immense et pres-
sant. Quel est ce danger ? Il n'y
a qu'une raison à tant de pré-
cipitation, c'est l'instinct de
conservation. Si les dirigeants
russes ont envoyé leurs chars à
Prague c'est qu'ils craignaient
pour leur propre peau, ils crai-
gnent une contestation popu-
laire et intellectuelle pouvant à
terme provoquer la révolution
en Russie.
venir. Il fallait qu'à leurs yeux
le danger soit immense et pres-
sant. Quel est ce danger ? Il n'y
a qu'une raison à tant de pré-
cipitation, c'est l'instinct de
conservation. Si les dirigeants
russes ont envoyé leurs chars à
Prague c'est qu'ils craignaient
pour leur propre peau, ils crai-
gnent une contestation popu-
laire et intellectuelle pouvant à
terme provoquer la révolution
en Russie.
La presse de « gauche » avan- j
ce d'autres explications : l'ob- j
session du danger allemand, le
dogmatisme du Kremlin opposé
au libéralisme de Prague, le ris-
que de contagion dans les autres
« démocraties populaires ». Cer-
tes, tous ces motifs peuvent ser-
vir de prétexte. Mais aucun
d'eux n'explique la hâte des
Russes (en Pologne ils ont pris
| leur temps pour reprendre en
i main les intellectuels ; en Hon-
i grie ils ont accepté certaines ré-
! formes libérales). Moscou a
| voulu agir avant le congrès du
: Parti communiste tchèque (pré-
vu pour le début de septembre)
| pour interdire deux décisions
' fondamentales, qu'aurait prises
le congrès :
ce d'autres explications : l'ob- j
session du danger allemand, le
dogmatisme du Kremlin opposé
au libéralisme de Prague, le ris-
que de contagion dans les autres
« démocraties populaires ». Cer-
tes, tous ces motifs peuvent ser-
vir de prétexte. Mais aucun
d'eux n'explique la hâte des
Russes (en Pologne ils ont pris
| leur temps pour reprendre en
i main les intellectuels ; en Hon-
i grie ils ont accepté certaines ré-
! formes libérales). Moscou a
| voulu agir avant le congrès du
: Parti communiste tchèque (pré-
vu pour le début de septembre)
| pour interdire deux décisions
' fondamentales, qu'aurait prises
le congrès :
1) La liberté de la presse et
de l'information ;
de l'information ;
2) La liberté de discussion au
sein du Parti (le « droit de ten-
dances ») c'est-à-dire la possi-
sein du Parti (le « droit de ten-
dances ») c'est-à-dire la possi-
Iraient-ils au Vietnam ?
bilité pour les minorités de for-
muler et de soutenir leurs opi-
nions particulières : la majorité
décidant de l'action menée par
tous, dans le cadre de cette dis-
cipline chacun devait avoir le
droit de défendre son idée du
communisme.
muler et de soutenir leurs opi-
nions particulières : la majorité
décidant de l'action menée par
tous, dans le cadre de cette dis-
cipline chacun devait avoir le
droit de défendre son idée du
communisme.
C'est cela que la Tchécoslo-
vaquie risquait d'exporter au-
delà de ses frontières, jusqu'en
Russie même. C'est cela que les
dirigeants de Moscou ne peu-
vent à aucun prix admettre. Les
mouvements de révolution po-
pulaire naissent dans le monde
entier ; bon gré, mal gré, Prague
servait de relai. L'U.R.S.S. a'
voulu interrompre la contagion
et mettre le bloc soviétique en
quarantaine.
vaquie risquait d'exporter au-
delà de ses frontières, jusqu'en
Russie même. C'est cela que les
dirigeants de Moscou ne peu-
vent à aucun prix admettre. Les
mouvements de révolution po-
pulaire naissent dans le monde
entier ; bon gré, mal gré, Prague
servait de relai. L'U.R.S.S. a'
voulu interrompre la contagion
et mettre le bloc soviétique en
quarantaine.
La liberté de parole dans les
masses et dans le parti serait la
fin du régime « soviétique »
actuel. Cela entraînerait un bou-
leversement beaucoup plus pro-
fond que celui qu'avait introduit
Dubcek. Les masses populaires
tchèques se seraient satisfaites
de la liberté limitée qui leur
était acordée. D'abord parce
qu'elles ont encore, par tradi-
tion, une conception bourgeoise,
parlementariste de la liberté.
Ensuite parce qu'elles craignent
la Russie et auraient accepté de
limiter leurs revendications de-
vant les menaces discrètes du
Père Fouettard.
masses et dans le parti serait la
fin du régime « soviétique »
actuel. Cela entraînerait un bou-
leversement beaucoup plus pro-
fond que celui qu'avait introduit
Dubcek. Les masses populaires
tchèques se seraient satisfaites
de la liberté limitée qui leur
était acordée. D'abord parce
qu'elles ont encore, par tradi-
tion, une conception bourgeoise,
parlementariste de la liberté.
Ensuite parce qu'elles craignent
la Russie et auraient accepté de
limiter leurs revendications de-
vant les menaces discrètes du
Père Fouettard.
Mais en U.R.S.S. la liberté
d'expression entraînerait une
r é v o lution politique. Aucune
mystification parlementaire ne
fait oublier l'expérience de la
véritable liberté politique, celle
des Soviets de 1905 et 1917.
Aucune menace extérieure non
plus ne saurait freiner le mou-
vement des masses, une fois
éveillées : il y a beau temps que
l'U.R.S.S. n'est plus une cita-
delle assiégée.
d'expression entraînerait une
r é v o lution politique. Aucune
mystification parlementaire ne
fait oublier l'expérience de la
véritable liberté politique, celle
des Soviets de 1905 et 1917.
Aucune menace extérieure non
plus ne saurait freiner le mou-
vement des masses, une fois
éveillées : il y a beau temps que
l'U.R.S.S. n'est plus une cita-
delle assiégée.
L'état russe actuel utilise trois
appareils de répression : la bu-
reaucratie administrative, l'ar-
mée et entre les deux, la police
politique. C'est un état policier,
qui se conduit comme tel. Mais
ce n'est pas seulement un état
policier, il a besoin d'une cou-
verture révolutionnaire et mar-
xiste qui le justifie aux yeux des
masses populaires. C'est préci-
sément pourquoi il ne peut
accepter que son prestige idéo-
logique soit mis en question si
peu que ce soit.
appareils de répression : la bu-
reaucratie administrative, l'ar-
mée et entre les deux, la police
politique. C'est un état policier,
qui se conduit comme tel. Mais
ce n'est pas seulement un état
policier, il a besoin d'une cou-
verture révolutionnaire et mar-
xiste qui le justifie aux yeux des
masses populaires. C'est préci-
sément pourquoi il ne peut
accepter que son prestige idéo-
logique soit mis en question si
peu que ce soit.
Les tanks russes ont voulu
écraser non pas le « modèle
tchécoslovaque » du socialisme
mais simplement la possibilité
qu'on puisse poser la question
d'un socialisme qui ne soit pas
l'image que les maîtres de Mos-
cou imposent pour justifier leur
dictature. Seuls eux se donnent
le droit de définir le socialisme,
car toute possibilité de contes-
tation les balaierait.
écraser non pas le « modèle
tchécoslovaque » du socialisme
mais simplement la possibilité
qu'on puisse poser la question
d'un socialisme qui ne soit pas
l'image que les maîtres de Mos-
cou imposent pour justifier leur
dictature. Seuls eux se donnent
le droit de définir le socialisme,
car toute possibilité de contes-
tation les balaierait.
Les tanks russes à Prague
tentent d'écraser toute possibi-
lité de contestation révolution-
naire en Russie.
tentent d'écraser toute possibi-
lité de contestation révolution-
naire en Russie.
La répression à Prague appel-
le une réponse. Ce n'est pas
la guerre froide qui solidifie les
blocs, ni la politique gaulliste
qui qualifie l'U.R.S.S. de « pilier
de l'ordre » en Europe, ni la co-
existence pacifique qui fait fra-
terniser toutes les forces de ré-
pression. C'est la révolution en
Occident comme en Russie.
L'une appuyant l'autre, qui libé-
rera Prague.
le une réponse. Ce n'est pas
la guerre froide qui solidifie les
blocs, ni la politique gaulliste
qui qualifie l'U.R.S.S. de « pilier
de l'ordre » en Europe, ni la co-
existence pacifique qui fait fra-
terniser toutes les forces de ré-
pression. C'est la révolution en
Occident comme en Russie.
L'une appuyant l'autre, qui libé-
rera Prague.
Category
Title
Action
Issue
no.24
Date
04/09/1968
Keywords
Publication information
no.24