La cause du peuple

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la cause
du peuple
Journal de front populaire
n°5
29mai 1968 , 5O
Au misérable protocole d'accord que les directions confédérales iiu ont soumis, la ciesse ouvrière 0
répondu. C'EST NON!
Alors les directions confédérales nous font le mascarade de la DEMOCRATIE : "il fallait bien que le: classe ou-
vrière se prononce". Mais il y a dix jours qu'elle a f;.it entendre SE voix formidable. Et, pour celé, eiie
n'a pas eu besoin d'un vote. La classe ouvrière s'exprime à sa manière : 10 MILLIONS DE GREVISTES! Et -Leurs
mots d'ordre, ils les ont peint en lettres énormes sur les murs des usines occupées. Il fallait être sourds
et aveugles -ou d'indécrottables bureaucrates- pour ne pas savoir que jamais la classe ouvrière n'accepterait
d'aumône. Elle ne veut pas non plus de promesses. Assez de paroles, des actes. La classe ouvrière ne fait pas
la grève pour du vent. Elle exige des GARANTIES. Or, elle sait bien que le POUVOIR GAULLISTE ANTI-POnULAIR£
m peut pas les lui offrir. Tout ce qu'il peut garantir au peuple, c'est le chômage et la misère. Pour que
ça change, la classe ouvrière veut UN GOUVERNEMENT POPULAIRE. Alors, la direction confédérale découvre que
cette grève est politique et elle nous présente son deuxième numéro : le gouvernement populaire, c'est un
gouvernement "d'union démocratique". En clair, un accord PCF— FQDS qui porte Mitterand au pouvoir.
Mais là aussi la classe ouvrière exige des GARANTIES. Que valent ''itterand et les poJ iticiens de son
acabit ? Mitterand a parlé : "gouvernement de ge.tion,,. rétablir l'ordre... réconciliation nationale"
voilà qui n'est pas très nouveau. Il fait appel à tous les politiciens "sans exclusive" : du PCF au Centre
Démocrate. En somme, c'est 1* UNION SACREE
Dans les bureaux, le PCF et la FGDS discutent : conclusion, il faut attendre 4 jours. Attendre ? Mais la
classe ouvrière en grève ne veut pas attendre, elle veut des garafaties. Et c'est à leurs actes qu'elle juge
les hommes politiques ; car enfin tous ces homrrifes iiûuv^a^x de lr "carche" ils ont déjà plusieurs fois gouver-
né le pays. La classe ouvrière a de la mémoire.
Mitterand était ministre, comme Jules Moch, lorsqu'ils envoyèrent la troupe réprimer jusqu'au sang la grève
des mineurs de 1947. Et le moderne Mendès France le peuple se souvient de ses ple.ns "d'austérité économique".
Les patrons eux n'ont jamais eu à se plaindre de r es hommes. Aussi, aujourd'hui que l'équipe gaulliste est
complètement discréditée le grand capital prépare sa solution de rechange : on en prend d'autres et on
continue... Mais, cette fois— ci, on ne trompera pas ie peupie. Il crie :
gouvernement
populaire
9UI H
mitterand
NON
mais alors, quoi
Seulement, nombreux sont les travailleurs qui, légitimement, se posent lo question
d'autre ? Les vrais communistes répondent : Un vrai gouvernement populaire c'est :
— un programme élaboré par le peuple
- des hommes placés sous le contrôle du peuple.
* Dèsau iourd ' hui les masses élaborent elles-mêmes le programme du FRONT .PQPLJLAILilL
(9 Dans les usines : le programme des syndicalistes prolétariens de la CGT, satisfaction de
toutes les revendications concernant les salaires, suppression des cadences infernales, retraite à 60 ans,
élargissement de toutes les conquêtes sociales,. De plus, les; ouvriers qui ont chassé des usines les
patrons et leurs valets zélés, se rendent compte qu'ils pourri-Lent remettre en marche le production,
réorganisée en fonction des besoins du peupie. Ouent ûux cadrejs pourris qu'ils ont mis à In porte, des
étudiants, des intellectuels progressistes pourraient prendre leur place sous le direction des ouvriers.
H A la campagne : en masse, les paysans pauvres veulent chasser les accapareurs et répartir
La terre en fonction des besoins des familles rurales.
Des coopéra Lives pourraient sous le contrôle des ouvriers agricoles, des paysans travailleurs, des cadres
élus par Les assemblées populaires des villages, organiser la production agricole en fonction des besoins
de tout le peuplel
K n3rtouc, pour toutes les couches du peuple, employés, commerçants, artisans, intellectuels
progressistes, une ncole populaire, le bien— être et La liberté, la lutte contre la poignée des gros, Ici
v re 1 e démrc ra t. i e . ... su'i*r f«e V
CHARLETY :CONTRE
l'anti-cêgétisme et
l'anti-communisme de la
social- démocratie
VIVE LA C.G.T.!
Le grand Capital ne craint pas ses amis Seguy
et Krasuski . Il sait qu'il peut compter sur eux
pour s'entendre à l'amiable sur le dos des travail-
leurs en lutte . Mais le grand Capital craint la CGT
il craint les traditions de luttes de Classe des mili-
tants, il sait que la classe ouvrière n'abandonnera
pas l'arme qu elle s est forgée au cours de 7O an-
nées de lutte - II craint les milliers de militants
actifs sur les positions de luttesde classe, d'autant
qu'ils s opposent aux bradeurs de la Confédération.
Aussi il faut briser à la base la CGT, les dirigeants
réformistes n y suffisent pas . Il va jouer sur tous
les tableaux, ils mettent Séguy et Krasuski réformis-
tes à la tête, et il propose aux ouvriers écoeur^s
par cette direction, un courant petit-bourgeois fait
de propos révolutionnaristes, profitant des formes
de luttes résolues des étudiants et c'est la CFDT
qvi sera la tête de ce courant .
L'Anticégétisme, l'anticommunisme traditionnel
à la CFDT sont offerts aux travailleurs qui rejettent
les directions révisionnistes du PCF et de la CGT .
L'opération social-démocrate petite-bourgeoise
men^e par la CFDT et 1TNFF doit servir à cette
sale besogne .
Au meeting de Charlety, devant 25 OOO person-
nes, la CFDT qui a la vedette du meeting déclare
s'être battue au cours des négociations pour le pou-
voir et la démocratie des travailleurs dans l'entre-
prise, la gestion par les travailleurs de leur écono-
mie .
La CFDT depuis de longues années, grassement
subventionnée par le pouvoir du grand Capital, se
paye le luxe d'attaquer implicitement la collabora-
tion de classe de la direction de la CGT, et de se
gargariser des luttes à mener en commun avec les
étudiants pour réaliser une . . . société socialiste !
Earjonet fait de la propagande pour la théorie de
'ses nouveaux amis du PSU : il faut imposer la struc-
ture des doubles pouvoirs et les sornettes réformis-
tes du pouvoir étudiant à l'Université et ouvrier dans
l'entreprise .
FO, syndicat jaune fondé par la CIA fait de la suren-
chère sur la "démocratie économique et sociale qui
n'es! pas à négocier mais à conquérir. "
Non, messieurs les réformistes et démagogues
de la CFDT et du PSU, non messieurs les jaunes de
FO, les millions d'ouvriers en colère contre Séguy
et ses complices n'iront pas renforcer vossrangs '.
Les syndicalistes prolétariens mobilisent les
larges masses ouvrières pour reconquérir leurs
syndicats CGT de luttes de Classe, pour balayer les
traîtres capitulards à tous les niveaux .
devant les 35000 ouvriers
Renault-Billancourt
Benoit Frachon
annonce que les
10 MILLIONS de grévistes
sont trop faibles
pour faire céder Pompidou
Pourquoi Benoît FRACHON est-il venu à Renault ?
En apparence pour encourager les travailleurs en lutte,
en réalité pour les inviter à céder, s'appuyant sur ses
"55 ans de militantisme", jouant de toute l'autorité
qu'il peut encore avoir auprès de la classe ouvrière,
invoquant pour son compte 36 et 55, FRACHON a dit en
substance : En 36, 3 millions de grévistes ont vu leurs
revendications essentielles satisfaites car Léon BLUM
présidait un gouvernement de "gauche", mais aujourd'hui,
que Pompidou et la réaction sont au pouvoir, 10 millions
de grévistes peuvent s'estimer heureux des propositions
gouvernementales. C'est tout simplement ignorer l'am-
pleur du mouvement de masse ! Après 36, voilà qu'il évo-
que 1955. Brièvement. On le comprend. Certains n'ont pas
oublié la besogne que déjà il était venu faire à la ré-
gie : faire entériner des accords d'entreprise aux gré-
vistes qui les avaient refusés en masse et voulaient au
contraire développer le mouvement gréviste de masse,
pour soutenir ceux de SAINT-NAZAIRE. De ces accords,
sont nées les primes anti—grève. A cette époque, plu-
sieurs sections syndicales n'avaient pas hésité à voter
un blâme à Benoît FRACHON, secrétaire de la C.G.T..
Aujourd'hui FRACHON venait renouveler la même
opération : faire plier le mouvement de masse. Les ou-
vriers de RENAULT n'étaient pas dupes : pendant 20 mi-
nutes, pas un seul applaudissement et, à part une peti-
te "claque", le silence accueillit son discours. FRACHON
devait "préparer" les travailleurs à l'intervention de
SEGUY : ce fut réussi; ce dernier fut hué et sifflé,
lorsqu'il voulut présenter le fruit des pénibles négo-
ciations comme une réponse aux revendications des tra-
vailleurs.
Exemplœ : les 40 heures renvoyées à ... 1973 !
avec le nouveau SMIG (3 frs), on pourrait
atteindre selon lui, 600 Frs mensuels
mais il faudrait pour cela travailler...
200 heures par mois, donc bien plus de
40 heures par semaine !
- mais surtout :
on récupérerait la moitié des heures de
grève sur des journées de travail, avant la
fin de l'année.
Refusant la capitulation, les ouvriers ont
répondu : "GOUVERNEMENT POPULAIRE" !
La direction confédérale voulait frapper un grand
coup, convaincre RENAULT et entraîner les autres usines.
RENAULT a refusé, les autres usines aussi.
CONTRE LES PATRONS ET LES CAPITULARDS, LES OUVRIERS
POURSUIVENT LEUR LUTTE JUSQU'A LA VICTOIRE !
les magnats de la presse
veulent absolument faire
sortir leurs journaux aus-
•si ils y mettent le prix
%
La bourgeoisie tient absolument à faire sortir sa presse pour-
rie et démobilisatrice dans la période Actuelle. Mais la grève aux
Nouvelles Messageries de Presse Parisiennes gênait les magnats de la
presse. Aussi sont-ils mis le prix pour que sorte leur papier : com-
pagnies privées, taxis, particuliers ont été mobilisés pour transpor-
ter les Journaux. On a fait appel à des jaunes pour vendre à la criée;
souvent ceux-ci ne savent même pas qu'ils servent à briser la grève.
La direction du syndicat du Livre prête un coup de main aux
magnats de la presse. Elle s'engage, au nom des travailleurs, à sortir
les journaux "par souci d'objectivité", "pour que tous soient informés",
"pour faire pendant à l'ORTF". Voilà les raisons qu'elle donne pour
faire sortir les journaux les plus réactionnaires, dont les informa-
tions sont des attaques incessantes contré les grévistes. La vérité,
c'est qu'il n'y a pas aujourd'hui d'information objective. Les jour-
naux que s'engage à diffuser la direction du syndicat du livre sont
un instrument crucial de la domination du capital.
Au pouvoir de la bourgeoisie qui tient à tout prix à faire
sortir ses journaux, opposons le pouvoir des classes populaires qui
imposera une presse au service et sous le contrôle du Peuple.
MENONS LA LUTTE POLITIQUE CONTRE LA PRESSE BOURGEOISE
Aux cotés des ouvriers des N.M.P.P., et pour les soutenir,
opposons nous à sa diffusion I
UNITE CONTRE LA PRESSE DU CAPITAL
La lutte des travailleurs des N.M.P.P. se poursuit, malgré
les tentatives de sabotage.
Voici un de leurs tracts :
A LA POPULATION : APPEL DES TRAVAILLEURS DES NOUVELLES MESSAGERIES DE
PRESSE PARISIENNES -
Les événements sont graves et vous tenez è votre journal. Mais
savez vous que les diffuseurs de presse sont tous en grève ? Les ven-
deurs que vous voyez sont des vendeurs d'occasion, des BRISEURS de GRE-
VE, des JAUNES.
L'information, oui, mais pas utilisée pour faire de bonnes
affaires par de grandi tirages.
L'information, oui, mais pas pour propager les idées et les
positions d'un gouvernement au service des patrons.
PROTESTEZ auprès de ces faux vendeurs, ils essaient de casser
notre grève et d'empêcher la satisfaction des revendications des tra-
vailleurs.
LES COMITES de GREVE des N.M.P.P.
* SOUTENONS la grève des ouvriers des N.M.P.P. !
* DENONÇONS partout la presse du capital, toutes les feuilles qui
attaquent le mouvement de masse des forces populaires.
c . s . f
I ss y
Vendredi 17, avec ceux de la C.G.R., les ouvriers de la C.S.F.
entrent dans la lutte : 2.100 ouvriers; une majorité de non-syndiqués,
300 syndiqués, chez lesquels la C.G.T. l'emporte. Le mouvement démarre
à l'atelier d'usinage général. Les travailleurs parcourent l'usine en
criant des slogans mobilisateurs : la plus grande masse des ouvriers y
adhère immédiatement, c'est la grève illimitée et l'occupation des lo-
caux. Des représentants de la Direction sont consignés sous la garde
des ouvriers dans leurs bureaux. Une base minimale de revendication est
fixée : salaires minimum de 1.000 F., 40 heures payées 48, immédiate-
ment; retraite à 60 ans pour les hommes, et 55 pour les femmes; exten-
sion des libertés syndicales; abrogation des Ordonnances.
Un comité de grève se constitue de fait, expression directe de
la base : le premier soir, pas un délégué. 150 travailleurs assurent la
première garde. Le lendemain, arrivée des délégués. Ils contestent d'a-
bord la représentativité du comité de grève, et essaient d'imposer "leur"
comité. C'est un échec. Finalement un comité tripartite de 45 membres
(CGT7 CFDT, non syndiqués élus par ateliers) est mis en place.
Une lutte entre deux voies commence : elle va être incessante.
La masse des travailleurs, décidée à faire échouer la ligne capitular-
de déjoue toutes les manoeuvres de division telle que le refus des dé-
libérations publiques au comité de grève et le vote bloqué par apparte-
nance syndicale. Chaque fois la voie prolétarienne s'impose : la propa-
gande et la diffusion de la presse anticapitulardes sont assurées dans
l'usine; les contacts avec les étudiants progressistes sont actnis et
multipliés. On se bat pied à pied : si certains réussissent à adjoin-
dre aux drapeaux rouges de la lutte ouvrière deux drapeaux tricolores
l'un des emblèmes de la République bourgeoise disparaît un jour pour
passer au "lavage"... Il y est encore.
De cette lutte les ouvriers sortent aguerris, sourds aux appels
des sirènes du patronat. Un délégué CFDT qui croit déceler un sentiment
anti—C.G.T., veut en profiter pour faire passer un texte capitulard : il
est battu à plate couture. Les mille grévistes recencés, les 600 grévis-
tes actifs qui occupent par roulement l'usine, veulent rester fidèles à
un syndicalisme de lutte de classes. Unité, mais sur une ligne stricte-
ment prolétarienne. A la C.S.F., on n'a pas peur des mots. On sait que
le mouvement gréviste de masse pose la question du pouvoir, du gouver-
nement populaire.
Chaque jour, les ficelles du patronat apparaissent un peu plus
grosses. Dans l'usine occupée, on rit encore du meeting organisé lundi
20 devant les locaux par la direction : on y distribuait des casse-croû-
te gratuits aux non grévistes - qui s'empressaient de les porter au
piquet de grève - ou prenait leurs noms et adresse en promettant d'assu-
rer leur paye.
Et quand BOUDIGUES, de la direction, a envoyé vendredi aux gré-
vistes une lettre filandreuse qui prétendait leur faire reprendre incon-
ditionnellement le travail, sous prétexte qu'on risquait de perdre des
marchés internationaux difficilement acquis, un vote unanime du comité
de grève a ruiné les espoirs de ce "fin" manoeuvrier.
Les grévistes ne changeront pas de ligne; les cadres le savent
bien, qui après cinq jours de discussions ont été mis à la porte : pas
de restriction mentale devant le mouvement gréviste de mpsse. Ce sont
les ouvriers, et eux seuls, oui mèneront la lutte jusqu'au bout.
les grévistes de renault-fflins
vous disent :
"Tenez bon, camarades, tous unis jusqu'à la victoire !".
Jeudi 16 : La nouvelle circule dans les ateliers : "les
copains de Cléon occupent l'usine, ils ont bouclé le patron; débraya-
ge d'une heure à 10 H. 30".
A 10 H. 30, nous sommes quelques centaines à avoir arrêté
le travail. Beaucoup de jeunes. Des camarades disent : "Si on laisse
les copains de Cléon seuls, ils vont se faire avoir par les CRS; il
faut tous sortir". Les syndicats avaient prévu une finformation à
l'extérieur de l'usine. Mais nous savons tous qu'il ne faut pas sor-
tir. Ceux qui sont déjà dehors, passant outre les menaces des gardiens
escaladent la barrière d'entrée et nous rejoignent. Nous crions : "Vi-
ve la lutte des camarades de Cléon, tous en grève, tous avec nous".
Nous pénétrons dans la Fonderie, la mécanique, une à une les machines
stoppent, les chaînes aussi. Très vite, nous sommes plusieurs milliers.
A 14 heures, les 9.000 ouvriers sont sortis. Les délégués annoncent :
"Grève générale, nous occupons".
Dès cet instant, une lutte très dure entre la voie de l'occu-
pation de masse de la grève faite par tous du combat acharné jusqu'à
la victoire, et la voie de la démobilisation, de la passivité, de l'at-
tente de la reprise du travail, s'engage entre la masse des ouvriers,
de certains délégués, et certains dirigeants qui, coupés des masses,
craignent avant tout "d'être débordés par la base" !!
Ce sont les ouvriers qui spontanément se couchent devant les
cars qui voulaient repartir, entraînant ceux qui étaient à l'intérieur,
ce sont les ouvriers qui se mettent à faire d'immenses banderoles ,
des placards d'affiches affirmant leur détermination, ce sont les ou-
vriers qui HISSENT LE DRAPEAU ROUGE DE LA CLASSE OUVRIERE, et expli-
quent à leurs camarades que c'est notre drapeau, le drapeau de tous
les travailleurs du monde.
Lorsqu'on nous dit, il faut des piquets de grève, nous di-
sons : "Soyons tous des piquets de grève". Lorsqu'on nous dit voilà
nos revendications, nous disons : "déterminons tous ensemble nos
revendications."
Toute la nuit, les piquets de grève qui se sont placés tout
autour de l'usine organisent leur grève : "II faut faire des équipes
de propagandistes pour faire débrayer les petites boites. Il nous faut
élire des comités de grève par atelier, il faut entraîner tous les ca-
marades dans l'occupation de masse".
Nous allons voir les délégués pour leur faire part de nos
idées. On nous répond : ce comité de qrève a déjà été formé par vos
organisations syndicales, il vaut mieux que seuls les éléments sûrs
occupent l'usine car on peut craindre des provocations, nous n'avons
pas à nous occuper des autres usines. Nous savons très bien que ce
sont les travailleurs tous unis, syndiqués ou pas qui ont déclanché
la grève générale. Si le "comité de grève" ne veut pas organiser l'oc-
cupation, nous l'organiserons nous-mêmes. Dès le lendemain, des cama-
rades vont faire d'immenses inscriptions à la peinture pour appeler à
la grève. Avec des camarades de Billancourt, aidés par des étudiants ,
ils sortent un tract : "La maladie des patrons, c'est l'unité des tra-
vailleurs".
Vendredi : assemblée générale de tous les travailleurs.; IBS
délégués, après avoir rappelé "leurs" revendications déclarent :"I1 y
a des cars pour ceux qui veulent rentrer, seuls les piquets de greva
sont utiles". Nous sommes révoltés. Si ce comité de grève veut liqui-
der le mouvement, si il abandonne les travailleurs dans l'isolement
sous la pression de la bourgeoisie, nous ne pouvons lui laisser la di-
rection de la grève. Les camarades expliquent à tous le coup de poi-
gnard dans le dos de la grève que représente l'attitude du comité de
grève. Devant la détermination des travailleurs, le comité de grève
nous déclarera : "Bravo les jeunes, c'est bien, continuez". Nous avons
gagné une bataille, mais nous savons que la lutte pour défendre notre
mouvement sera dure.
Beaucoup se disent : s'il y a des délégués qui ne sont pas
bons, c'est que le syndicat s'est coupé de la masse des travailleurs.
Il faut rentrer dans le syndicat de lutte de classe de tous les tra-
vailleurs, la C.G.T., pour en faire notre syndicat de lutte. De 400
cartes, la C.G.T. passe rapidement à plus de 600. Notre objectif,
c'est 2.000 syndiqués déterminés à vaincre.
Jusqu'à aujourd'hui, les travailleurs de RENAULT ont triom-
phé de ceux qui voulaient saboter la grève consciemment ou pas. De
partout, des ouvriers des petites entreprises nous demandent de les
aider à débrayer. Nous avons créé plus de 10 syndicats C.G.T. sur des
positions de lutte -!e classe. Nous avons fait connaître à la popula-
tion de Mantes, notre détermination et notre volonté de rassembler tout
le peuple autour des ouvriers en lutte : à la manifestation de vendredi
24, les mots d'ordre et les panneaux des travailleurs de la R.IJ.U.R.
proclamaient : "Les usines aux ouvriers - le gouvernement populaire,
c'est l'affaire du peuple seul - nous nous battons pour tout le peu-
ple - halte au chômage - nos 40 heures.
Conscients de la force invincible des 10 millions de grévis-
tes, nous faisons de petits meetings pour débattre de quel gouvernement
populaire nous voulons. Nous allons voir des camarades de Billancourt
de Cléon, des autres usines de la région pour échanger nos expériences
pour briser l'isolement de notre lutte.
Nous sommes décidés à tenir jusqu'à l'obtention totale de
toutes nos revendications :
* Nos 40 heures,
* Pas de salaires inférieurs à 1.000 F.
* La retraite à 60 ans pour les hommes, 55 pour les femmes.
* Paiement intégral des jours de grève.
* Liberté syndicale.
Et si l'ensemble des travailleurs le décident, l'intégration
de la prime dans le salaire pour faire échec aux tentatives de divi-
sion des patrons.
Nous sommes décidés à gagner à la grève la grande masse de
nos camarades.
Nous sommes décidés à ne pas nous laisser tromper par les
politiciens au service des patrons, nous sommes décidés à nous battre
jusqu'à la certitude que toutes nos revendications ne pourront plus
être grignotées par les patrons. Nous sommes décidés à faire de notre
syndicat, le syndicat de lutte de tous les travailleurs.
projet de programme de luttes
des travailleurs immigrés
__ Les militants du Front Populaire soumettent à
la discussion et à la critique des travailleurs
immigrés et français,un projet de programme,concer-
nant les travailleurs immigrés.
Elaboré sous le contrôle des masses populaires,
ce programme guidera les militants dans leur
travail pour:
organiser les travailleurs immigrés
dans les usines et sur les chantiers.C'est là
qu'ils subissent directement avec les travailleurs
français,leurs frères de classe,la dictature
des patrons.
AvécPïes syndicalistes prolétariens, dans les meil-
leures traditions de lutte de classes et d'inter-
nationalisme prolétarien de 1s C.G.T.,ils lut-
teront :
— pour les salaires et les conditions de tra-
vail
- contre les cadences infernales
- contre le chômage et les licenciements
- pour les 40 h et le salaire intégral
- pour les libertés syndicales et la défense
des conquêtes ouvrières
- pour la disparition du sal.-ariat et du pa-
tronat
C'est donc là qu'ils doivent d'abord organiser
leur lutte de classe libératrice dans la C.G.T.
organiser les travailleurs i.nmigrés
dans les bidonvilles,où doivent se créer des
comités d'action populaire,pour lutter contre
la répression des flics et contre la misère.
1. Des millions de travailleurs ±mmigrés,
quittant leur pays et souvent leur famille, sont
venus en France dépenser leur force de travail
et enrichir l'économie de notre pays. Ils l'ont
fait poussés par la misère, chassés par _es 5-
nèbres du colonialisme, de L'impérialisme et du
néo-colonialisme. Ils représentent pour le mo-
ment une partie importante de la force produc-
tive de notre pays. Ils ont bien plus droit au
titre de "Français" s'ils le désirent que les
capitalistes, les exploiteurs et les oisifs qui
vivent du fruit du travail d"autrui ou Le con-
somment en parasites. La nationalité française
leur est par conséquent attribuée collectivement,
immédiatement et sans condition. Naturellement,
ils conservent en outre leur nationalité d'ori-
gine, sauf ceux qui désirent y renoncer. Tous
les travailleurs immigrés auront les mêmes droits
de logement et de culture seront résolus de façpn
particulière.
et les mêmes devoirs que les autres citoyens
français. Cependant, leurs problèmes particuliers
2. Le logement des travailleurs immigrés.
Actuellement, la très grande majorité des tra-
vailleurs immigrés vivent dans des conditions mi-
sérables : hôtels meublés sans confort et sans
hygiène (souvent à des prix exorbitants), cités
de transit, bidonvilles qui sont de véritables
camps de concentration. Il doit être mis fin à
cet état de choses dans les plus brefs délais.
l ~ ; travailleurs immigrés et leurs familles doi-
vent être relogés dans des locaux décents, et
cela gratuitement. Ces locaux existent : bâti-
ments administratifs devenus inutiles dans une
société nouvelle, demeures historiques, immeubles
nouvellement construits par des promoteurs spécu-
lateurs et non habités en raison d'? leur prix
exorbitant, etc. De plus, une fois les bidon-
villes rasés, le terrain en restera à la disposi-
tion des anciens habitants qui désireraient res-
ter sur place et y construire de véritables loge-
ments.
3. L'élébation du niveau culturel des tra-
vailleurs immigrés. Une politique culturelle cor-
recte h l'égard des travailleurs immigrés doit
satisfaire deux exigences : d'une part, le libre
épanouissement parmi eux de leurs propres cultu-
res nationales, d'autre part, leur accession à la
culture de la société dans laquelle ils travail-
lent et vivent, c'est à dire à la culture fran-
çaise.
Le peupie français leur accordera toute
l'aide matérielle nécessaire, afin qu'ils puis-
sent librement développer leurs cultures, en
fonction de leurs traditions nationales.
Pour ce qui est de l'accession des immigrés
à la culture française, c'est une tâche qui re-
quiert la mobilisatirn d'un grand nombre d'étu-
diants, d'intellectuels, d'enseignants français.
Une campagne nationale d'alphabétisation et d'é-
lévation du niveau culturel des immigrés doit
être lancée.
4. Dans l'ensemble, les travailleurs immigrés
et leurs familles doivent donc avoir le double
statut de minorités nationales et de français à
part entière ; ceux qui ne désireront qu'un seul
de ces statuts à l'exclusion de l'autre auront
libre choix.
TRAVAILLEURS
FRANÇAIS ET IMMIGRES
TOUS UNIS
* Dès l'instant que le peuple élabore lui—même son programme, le problème des hommes devient très
simple : dans la lutte toutes les couches du peuple se donnent des organisations nouvelles : comités d'ac-
tion, assemblées populaires de quartier, de village. Là des hommes dévoués au peuple vont se révéler.
Bientôt, fermement maintenus sous le contrôle permanent des masses, ils pourront représenter légitimement
la volonté du peuple.
Alors, avec un tel programme : GOUVERNEMENT POPULAIRE LUJI! Mais, pour l'instant, le gouvernement gaul-
liste anti—populaire est en place et il ne s'en ira pas de son plein gré. Pour le chasser, le peuple sôor—
ganise : en première ligne les ouvriers renforcent leur syndicat CGT de lutte de classes, ils organisent
la défense des usines occupées contre les provocations et le répression. Sur les arrières, les villes et
les campagnes organisent leur soutien aux ouvriers en grève. Soutien politique des masses qui renforcent la
vigilance populaire. Soutien matériel : collectes, ravitaillement, soins gratuits pour les grévistes.
En masse, les militants du Front Populaire se dressent pour mobiliser ia majorité réelle du peuple.
Le soleil de mai se levé sur la France.
LA FORCE DU PEUPLE EST INVINCIBLE! _ -------
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. *.Casty0. imt>.sKc. Cause oU
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La cause du peuple
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