La cause du peuple

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la eau
du peupl
journal de front populaire -'« 43 j*.
A SOCHAUX, deux ouvriers sont tombés dans le combat de classe. Les CRS de Peugeot les ont assassinés; ils en ont griè-
vement blessés des dizaines d'autres.
A BELFORT, quand la nouvelle est arrivée, Bull et Alsthom ont débrayé aussitôt en bloc. Un immense cortège de 7.000
travailleurs, venus tout droit de l'usine, s'est formé au coeur de la ville. Dans un silence grave, il a marché sur
la préfecture. Devant, le drapeau rouge flottait avec un crêpe.
Les ouvriers l'ont hissé devant la préfecture et puis ils ont amené le drapeau tricolore. Les permanents de l'LJ.D.
étaient blêmes; ils tremblaient pour leurs élections qui n'intéressent personne. Comme les patrons, ils craignaient
la colère des ouvriers.
Ils ont évincé l'un d'eux qui montrait les capsules des grenades au chlore utilisées à SOCHAUX, sous prétexte qu'il
ne fallait pas "chauffer les gars". Ils ont voulu coupler le drf.peau rouge avec le drapeau tricolore. Ils ont récla-
mé "le calme et la dignité" pendant la visite de la délégation au préfet, alors que la juste révolte était sourde.
Ils ont ordonné à plusieurs reprises le retour aux usines, lorsque tous criaient : "A SOCHAUX, A SOCHAUX", pour
rejoindre le combat de leurs frères de classe.
Hors de la CGT les ennemis du Peuple.
Au yeux des ouvriers de BELFORT et de la France, les martyrs de SOCHAUX, de FLINS, ont frayé la voie au prix de leur
sang. Ils ont éclairé le chemin de la révolution populaire.
Demain, le drapeau rouge qu'ils dressent unira tout le peuple, pour la victoire, pour le bien-être et la liberté.
PEUGEOT ASSASSIN !
VIVE LES EDNBATTANTI
DE IDBHAUX
Dans les usines .la résistance prolétarienne
se développe. '
le comitj intersyndical de ~r':ve et la commission
luttes ouvrières-luttes étudiantes, écrivent dans un tract :
RENFORÇONS L'OCCUPATION PASSIVE DES USINES :
..."Ici même, à POITIERS, à LECLANCHE, les pe:trons pourraient user de
cette arme : ils ont envoyé à chaque ouvrier de In Pile une lettre men-
songère dictant leurs conditions et prétendant que le travail allait
reprendre. Au même moment, à la chambre de commerce, les patrons re-
fusaient toutes les revendications en bloc. Les travailleurs ont com-
pris la manoeuvre. Trois semaines de grève valent plus qu'un bulletin
de vote et une aumône."...
COMITE INTERSYNDICAL de GREVE
COMMISSION LUTTES OUVRIERES-LUTTES ETUDIANTES
1.2s s\ idicalistes prolétariens CGT de RICHARD CONTINEN-
TAL Développent la résistance prolétarienne contre la trahison de la
direction CGT, ils écrivent dans leur appel du 1 1-6-68 :
..."Depuis le début du mouvement gréviste de masse, les directions de
la CGT et du PCF cherchent à désarmer la classe ouvrière; en concluant
les accords de Grenelle, la direction de la CGT proposait aux travail-
leurs d'abandonner leurs justes revendications et d'accepter les r.,it c-
tes lâchées par les patrons. Tous les ouvriers ont rejeté les accords
de Grenelle; dés lors, la direction confédérale n'a pas cessé d'atta-
quer le mouvement de grève. Elle a brisé la grève illimitée en faisant
reprendre le travail par secteur.
Mais tous les métallos, unis, restaient à leur poste de combat. Les
élections approchent "la CGT fera tout pour que les élections se dé-
roulent dans le calme" a dit SEGUY. A Lyon, la direction de la CGT a
fait vite : elle a BRISE NOTRE GREVE à RICHARD CONTINENTAL, parce que
la grève était dure et exemplaire. EN BRISANT NOTRE GREVE, LA DIREC-
TION de la CGT A DIVISE NOTRE GRAND MOUVEMEN .' REVENDICATIF.
"NOTRE DIRECTION CGT A SACRIFIE LA BATAILLE DE CLASSE A SA BATAILLE
ELECTORALE.
NOUS VOULONS LA SATISFACTION DE TOUTES NOS REVENDICATIONS !
CONTRE LES CAPITULARDS, REPRENONS EN MAINS NOTRE SYNDICAT DE
LUTTE de CLASSE !
Camarades déçus : NE DECHIREZ PAS VOS CARTES !
Ne restez pas isolés
Ne tombez pas dans le piège de la CFDT, qui
cherche par sa position, à faire du racolage.
ORGANISONS-NOUS : * pour refaire de notre grande CGT, le vrai syn-
dicat prolétarien;
* pour en chasser les dirigeants qui nous ont
trahis;
VIVE LA C.G.T. DE LUTTE DE CLASSE ! "
Ce matin à Nanterre nouvelle provocation de la direction
CITROEN : deux foyers d'incendie se déclarent dans l'usine occupée.
Les travailleurs sont les premiers à combattre cet incendie. Comme par
hasard, les agents de maîtrise au se vice du patron sont tous à la
porte au grand complet. Ils accusent les ouvriers d'avoir déclenché
l'incendie. Le patron prétend utiliser cef'incident". Il veut faire
rentrer ses flics dans l'usine, sous prétexte de contrôler la sécuri-
té. La provocation produit l'effet opposé de ce qu'attendait le pa-
tron. A la nouvelle de l'incendie, de très nombreux travailleurs re-
joignent l'usine. Le nombre des travailleurs occupant l'usine triple.
Le patron et ses flics sont renvoyés. A CITROEN Manterre, les ouvriers
à l'exemple de ceux de FLINS et de 30CHAUX, sont bien décidés à rester
les maîtres de leurs usines. Et les provocations de BERCOT le fasciste
nr pourront rien contre cèle.
POUR LA SATISFACTION de TOUTES les REVENDICATIONS
POUR LES LIBERTES SYNDICALES
VIVE LA RESISTANCE PROLETARIENNE rie nTTnrFM-r.W.'TEP.RE !
Maurice Thorcz ecriVait..,en
"Les ouvriers en grève ne peuvent renoncer à la violence
collective sans se condamner eux-mêmes à l'impuissance et à la défaite.
La grève des "bras croisés" est une bêtise et une faute. Les grévistes,
lorsqu'ils groupent la majorité du personnel, ont raison d'assurer, au
besoin par le violence, l'arrêt total de l'entreprise et ne doivent pas
permettre à une équipe de jaunes, roccoiés teint bien que mal, de briser
le mouvemant. Les grévistes ont raison de se protéger et de protéger
leurs militants contre les arrestations en faisant front courageusement
à l'attaque policière.
Cette violence organisée et collective du prolétariat en
lutte ne peut même pas s'arrêter devant les fétiches du légalisme. La
loi est l'expression de la domination capitaliste, et le prolétariat
étant en rébellion légitime et permanente contre le capitalisme et
ses lois. "
..."Le P.C. peut dormir tranquille. Il est désormais interdit de l'at-
taquer et de lui disputer sa clientèle sur sa gauche. C'est en sommo
sa récompense pour avoir m- nifes a' sa bonne volonté dapuia les accords
de Grenelle et pour être resta dans 1'. i.:.'^:'litâ tricolore."
(L'arar,;-: du 13.5.50)
tir. «le p
Les ouvriers cumnunistas jugeront. . . (•*)». Sp
LES TAXIS dans la LUTTE
Devant la situation revendicative exceptionnelle des travailleurs
les organisations syndicales du taxi suivent le mouvement général en lan-
çant lançant l'ordre de grève pour le mercredi 23 fiai.
Après les différents meetings pleins d'optimisme, les dirigeants
syndicalistes sont obligés de reconnaître leur impuissance à se faire re-
cevoir par les autorités compétentes.
Pendant trois semaines, les délégués ont le plus grand mal à
freiner les chauffeurs et à les empêcher de se faire entendre en descen-
dant dans la rue. Mais mardi dernier, la coupe débordait, les délégués
acculés, acceptaient le défilé qui devait conduire les taxis devant "les
finances" rue de Rivoli.
Malgré l'ampleur du mouvement, les autorités revoient les délé-
gués en promettant de les recevoir seulement le soir à 18 heures.
Devant la colère redoublée de la masse des chauffeurs, les délé-
gués essaient de disloquer le mouvement. Les taxis demandent à leurs
"représentants" d'accepter la décision de tous.
Devant le refus des délégués, la tension monte. L'un de ceux-
ci, et non des moindre, répon devant l'insistance générale : "Vous croyez
.tout de même pas que je vais rester dans un salon à attendre, moi je vais
casser la croûte". Ce délégué ne se rendait même pas compte que les chauf-
feurs, eux, attendent depuis trois semaines le casse-croûte. Un autre es-
saie la diversion en faisant prendre l'un des taxis présents pour un per—
tubateur étudiant. Devant l'échec de sa tentative idiote, les délégués se
sauvent sous les horions de la masse. "Bon appétit, messieurs les délé-
gués dirigeants", (il faut supposer que la grève n'a guère entamé vos
portefeuilles).
Les chauffeurs s'installent quant à eux de façon à bloquer
totalement la rue de Rivoli envers et contre tous.
Nous assistons alors aux tentatives ridicules des finances
qui envoient "des indics" déguisés en ouvriers, venant dire aux taxis
"qu'en haut, on avait décidé de faire "chabler" les taxis par les flics".
C'était compter sans la combativité des taxis qui sont autre
chose que des ballons de baudruche. Le pouvoir gaulliste après bien des
hésitations envoie ses flics à l'attaque. Les taxis résistent à la pres-
sion. L'affrontement est inévitable, c'est alors que des collègues "non
dirigeants" prennent sur eux de demander au gradé de parler à ses supé-
rieurs. Ils sont mis en communication avec le quartier général par ra-
dio et obtiennent que l'heure de réunion soit avancée et surtout que les
milices stopent leurs provocations jusqu'au résultat de la négociation.
Ainsi, grâce à l'action des camarades chauffeurs, malgré l'op—
position des syndicats, le pouvoir personnel commence a CEDER : cette
petite heure obtenue en est un SYMBOLE.
Les taxis ayant obtenu en partie satisfaction, décident (là
aussi malgré l'opposition des dirigeants qui ne participeront pas), de
descendre sur FRANCE-SOIR afin de corriger Lazareff pour le punir de
l'impudence avec laquelle il traite les revendications des camarades
taxis.
Après avoir cassé glaces et vitres pour un premier avertisse-
ment, les chauffeurs obtiennent de voir la rédaction, qui, devant la
détermination des collègues, décide de passer un rectificatif en faisant
amende honorable.
La masse des taxis se dirige alors vers la République, et,
trouvant un camion FRANCE-SOIR chargé le stoppe et jette les torchons
de Lazareff sur la chaussée, communiquant le feu à ces immondices.
Chacun pouvait voir, le lendemain dans FRANCE-SOIR le volte-face de
Lczareff qui n'arrive cependant pas à cacher son dépit devant la dé-
termination des chauffeurs.
Ainsi, camarades chauffeurs, en deux occasions, vous avez
montré que vous étiez capables de suppléer à la carence et la molbsse
de certains dirigeants, et vous avez réussi en cuelques heures tout ce
que des discussions ds trois semaines n'avaient pu donner. Tirez en la
leçon, camarades, et évincez les dirigeants qui ne méritent plus votre
confianes.
Un camarade chauffeur u'e taxi.
PROPOS ^«DISSOLUTION
A la Sorbonne hier, c'était la grande dissolution. Pour cer-
tains, c'était de toute évidence la dissolution... finale. Ceux-là, en
pliant bagages fiévreusement, ils avaient l'air tout à fait dissouts; on
voyait bien qu'ils se sentaient disparaître comme un morceau de sucre
sous le jet d'eau du ministre de l'intérieur. Adieu, donc, les dissouts..,
Mais pour d'autres dissouts, le décret magique ne semblait pas
faire beaucoup d'effet, sinon de les rendre plus confiants et plus op-
timistes que jamais;
"- qui êtes vous ?
- Nous, on est les ex-Union des Jeunesses marxistes-léninistes;
- mais vous êtez dissouts aussi, et c'est tout ce que ça vous fait ?
- eh oui !
— ... ?
- c'est pas compliqué : est—ce que le décret peut dissoudre la pensée
de Mao Tsé toung ? Les masses laborieuses ? Notre ligne politique ?
le mouvement de révolte des ouvriers, des paysans et de la jeunesse ?
est-ce que le décret peut dissoudre la ligne prolétarienne de lutte
de In jeunesse avec les luttes révolutionnaires du Peuple Français ?
Il peut faire ça le décret ?
- ben... non, évidemment !
- Juste. C'est ce qu'on pense aussi. Le décret dissout une organisa-
tion. Mais une organisation, c'est simplement un outil au service
de la ligne politique. C'est la ligne politique qui pénètre chaque
jour les masses laborieuses de notre pays, c'est la pensée du cama-
rade [.'an Jsê toung à l'oeuvre qui arme chaque jour plus d'ouvriers
pour le combat commun; alors des organisations, le peuple peut s'en
fabriquer des quantités, tous les jours; et il s'en fabrique tous
les jours; Alors pourquoi s'affoler ? ce qui compte, c'est que cha-
que jour, le Parti Communiste Révolutionnaire Prolétarien s'édifie
dans la lutte, et ça, le décret, il n'y peut rien. "
SOCHAUX: LE LION EST MORT!
Les accords de trahison de Grenelle ont été conclus. A 30—
CHAUX comme partout ailleurs, les travailleurs n'ont rien obtenu.
PEUGEOT veut leur faire rattraper le temps perdu. 20 voitures de
plus par jour, récupération du prêt patronal le samedi.
5.000 ouvriers ont voté la reprise à 100 voix près seule-
ment. Les OLvi-Lars occupent l'usine à nouveau pour lutter contre
les cadences infernales et obtenir l'indemnisation à 100 c,. non
récupérable.
Les membres du comité de grève jurent partou, avoir arra-
cha au préfe. la promesse que les CRS n'interviendraient pas. Ce
prétendu pacte de non agression est en fait l'arme dont ils vont
jouer pour démobiliser au maximum : les piquets sont dégarnis, seu-
lement 6 gars à certaines portes; et puis, LOUE .rétexte de ne pas
les fatiguer, ils manigancent un décalage d'horaires de une heure
pour la relève. Inutile de dire que ce sera le moment choisi pour
l'attaque des CRS. Il faut dire que chez PEUGEOT, le CFDT est ma-
joritaire, les délégués sont un peu spéciaux. Ici, le délégué s'oc-
cupe directement du flicage dans l'usine. Il pointe lui—même le
dimanche les ouvriers qui vont à l'église. Pour la CGT, ce n'est
pas mieux, puisque les délégués actuels sont les rescapés de l'é-
puration de 1965 (23 ouvriers et 5 délégués CGT licenciés); ce sont
ceux qui ont accepté de travailler main dans la main avec le patron.
A 3 heures moins dix, les CRS passent à l'attaque. Les jeu-
nes travailleurs du piquet les attendent de pied ferme. De puissan-
tes lances à incendie sont mise en action, balayant les entrées.
Les délégués du comité de grève s'affolent : ils n'avaient pas prévu
le coup. Ils craignent les provocations (l), ils décident donc de
fermer les vannes d'alimentation d'eau. Les palabres ne suffisaient
plus pour briser les luttes, ils n'ont pas hésité à poignarder les
travailleurs dans le dos...
Les ouvriers se replient sur SOCHAUX et MONTBELIARD le long
de la route et dans l'usine. Entre 6 et 9 heures du matin, le com-
bat atteint son paroxisme. Les CRS ont investi l'atelier des piè-
ces détachées; ils sont planqués derrière les portes métalliques
et balancent par dessus des grenades au chlore, offensives, lacry-
mogènes. Mais les travailleurs parviennent à enfoncer la porte. Les
CRS, terrorisés, se ruent vers leurs commands-cars pour s'y mettre
à l'abri. L'un d'eux, abandonné, abbat sauvagement d'une balle de
PM un jeune travailleur de 23 ans qui se baissait pour ramasser
une pierre. Quant à l'autre, tombé tout seul d'un mur selon la pres-
se du mensonge, il a été projeté par une grenade et tué. Les gré-
vistes renversent un command—car, y mettent le feu et s'emparent
des armes et des munitions.
Les combattants se replient vers MONTBELIARD. Dès qu'ils
pénètrent dans la ville, la situation change. Les CRS sont obligés
de distendre leur front, de se disperser dans des rues qu'ils ne
connaissent pas et où la population soutient les grévistes et par-
ticipe au combat. Sous le pont de chemin de fer de MONTBELIARD, la
résistance s'organise. Des bobines de cable sont couchées, un ca-
mion est mis en travers et incendié, on commence à dépaver. Du haut
de la voie ferrée, les combattants harcèlent les CRS, avec les
cailloux du ballast. Les frondes entrent en action, les vitrines
d'exposition de PEUGEOT volent en éclats, les CRS s'effondrent.
Finalement, sous la pression des masses, le préfet de BE-
SANCON demande aux CRS de se retirer. Bonne aubaine pour les muni-
cipalités des socialos et les pontes de l'UD, qui tentent de rafler
quelques voix de plus aux élections législatives, en se présentant
comme les sauveurs du peuple. Dare dare, le PCF édite un tract de
calomnies signé Serge PAGANELLI, membre du CC. Selon lui, comme à
FLINS "sans doute certains éléments provocateurs, étrangers au mou-
vement, ont accentué le climat provocateur".
Les ouvriers ont compris, ils font des petits morceaux avec
le tract et se remplissent les poches de cailloux...
Vers 3 heures, les CRS commencent à se replier. Ils recu-
lent en troupeaux, la tête basse, sous les huées et les sifflets
de la population de MONTBELIARD qui les raccompagne. De temps en
temps, un caillou fait tinter un casque. Ils s'amassent mainte-
nant le long de la voie ferrée de PEUGEOT par petits groupes con-
fus. Ils ne sont pas fiers vu de prés, les CRS, encombrés de tout
leur attirail de boucliers, sacs à grenades, et rembourrages, eux
"u'un caillou anéantit à 50 mètres ! Ouvriers et ouvrières, enfants
et vieux, les fixent sans crainte; eux, ils baissent le regard ou
bien font volte face. Ils sont maintenant complètement noyés dans
la doule qui scande :"CRS = SS". Une femme se détache, elle vient
sous leur nez, les pointe du doigt, se retourne pour prendre les
masses à témoin; elle explique sa haine pour ceux qui retournent
leurs armes contre le peuple. L'un d'eux, un ancien mineur, tout
gauche, tente de se disculper : "ce n'est pas notre faute, on nous
paye pour celé.; c'est comme vous, on vous paye pour construire des
voitures". Un ouvriers leur donnera la clé du problème : "A 30-
CHAUX, c'est des coriaces, laisse tomber tes armes et ton b-?rda,
rentre chez toi et cherche toi un autre boulot". Soumis à le cri-
tique des larges masses, et vu le rapport de force qui leur est
défavorable, certains CRS sont réellement ébranlés. Mais un su-
périeur, d'un gests, coupe court au dialogue.
Les combats ont recommencé. De grandes lueurs suivies
d'explosion violentes, trouent la nuit. Au cours de l'ultime vague
d'assaut, les CRS lanceront 600 grenades offensives. Mais les tra-
vailleurs ne se laissent pas intimider : ils savent que ces gre-
nades sont peu efficaces contre des combattants diséminés.
Du grand arrière de f.lONTBELIARD, la population afflue.
Les vieux travailleurs qui se sont battus ici même en 36, viennent
voir avec leurs femmes comment l'attaque se déroule. Certains d'en-
tre eux parlaient ce matin, avant l'ordre de retrait des CRS, d'al-
ler chercher leur fusil. Une milice de trente travailleurs étaient
déjà prévue pour réquisitionner l'armurerie locale. Les vieux con-
seillent les jeunes et renfrocent leur résolution. Certains ont
leur fils ou leur fille en première ligne et ils en sont fiers.
La première ligne est mouvante et s'adapte très rapidement aux
circonstances et au terrain qu'elle connaît. Dans la bouche de tous
les travailleurs, les CRS sont comparés aux yankees brutaux et stu-
pides du Vietnam. Les 5.000 travailleurs sont déterminés à opposer
la lutte des masses jusqu'au bout contre la violence réactionnaire.
La situation devient intolérable pour les CRS maintenant,
ils reculent et tout le monde sait que ce n'est pas grâce à l'or-
dre du préfet. Sous les coups des frondres, les CRS s'écroulent,
ils doivent se replier sur l'hôtel PEUGEOT où se trouve installé
leur Q.G. Ils commencent à vider les lieux en vitesse dans leurs
commands—cars. Terrorisés, les CRS des trois derniers cars font
pleuvoir sur la foule leurs dernières grenades. Ils se rendent
ainsi coupables d'un nouveau crime : un enfant a eu la jambe arra-
chée par une grenade.
La presse bourgeoise commente à sa façon la prise de l'hô-
tel par les grévistes; elle parle de pillage, de dévastations...
évidemment, elle n'expliquera jamais la signification du combat, de
sa conclusion, lorsque les travailleurs seront passés maîtres du
repaire à la vermine d'espions et de cadces fascistes. PEUGEOT vo-
le à chaque ouvrier environ 1.200.000 frs anciens de profit par an.
Aussi les ouvriers n'ont pas été demander la permission pour se ser-
vir dans les caves, regorgeant de foie gras et de mousseux pour les
banquets des patrons, de même, ils ne lui présenteront pas leurs
excuses pour avoir sali les moquettes.
Maintenant que le front a fait la place nette, les arriè-
res lignes se rapprochent. Les combattants organisent une chaîne
ininterrompue de bouteilles qu'ils passent à l'extérieur par les
soupiraux des caves. En un temps record, des milliers de litres
sont ramenés sur MONTBELIARD, dans un grand climat de liesse. La
révolution populaire, c'est la fête des opprimés.
Sur un mur de l'usine, des travailleurs ont peint en
lettre gigantesques : "LE LION EST MORT".
Chei Peugeot", l'ort est ou service de la lutte
La première étape de la révolution populaire a au deux caractéristiques principales :
* à partir de la révolte étudiante, le développement d'un puissant mouvement gréviste de masse;
* autour de la classe ouvrière, l'unité du peuple dans la solidarité avec les grévistes, dans le combat contre le
régime du grand capital et des assassins.
Cette immense vague de fond a balayé tous les capitulards, tous les défaitistes, tous les révolutionnaires
en chambre ou en paroles. Les multiples sabotages et trahisons du PCF, s'appuyant sur la direction confédérale de le
CGT, les manoeuvres des dirigeants sociaux-démocrates, le chantage et la répression du régime gaulliste, n'ont pas
entamé la volonté populaire de lutte: un million de grévistes organise la résistance prolétarienne et ceux qui, trahis,
ont repris, se préparent à nouveau pour la lutte; la population des villes et des campagnes, est toute unie autour
des ouvriers. Nul ne pourra plus arrêter la marche de la révolution populaire, quels qu'en soient les détours.
Mais le pouvoir du capital et ses complices du PCF tentent de briser le flot populaire. Leurs armes : la
matraque et le fusil d'un côté, la duperie électorale et les manoeuvres de l'autre. Ils cherchent pour cela à s'ap-
puyer sur les fractions du peuple qui ne sont pas encore entré dans la lutte, sur les masses encore hésitantes.
La paysannerie pauvre et moyenne ne s'est pas encore soulevée; certaines fractions du prolétariat, non mobilisées en
raison de la trahison des directions syndicales bureaucratiques, n'ont pas participé activement à la grève; une par-
tie de la petite bourgeoisie des villes est restée dans l'expectative. Qui gagnera à sa cause les masses non encore
engagées ? La bourgeoisie ou le prolétariat ? à coup sûr, ce sera le prolétariat : car l'immense mouvement qui a
dressé le peuple a montré que les 90 % de la population peuvent et doivent être unis, et que les réactionnaires ne
sont qu'une poignée.
La jeunesse a pour cela un grand rôle è jouer. Les étudiants ont dans leur grande masse montré leur désir
de se lier au peuple, de SERVIR le PEUPLE. Ils ont par leur action, contribué à unir le peuple autour de la classe
ouvrière.
Les taches de la jeunesse sont claires :

- SOUTENIR LES BASTIONS de la RESISTANCE PROLETARIENNE : comme RENAULT, CITROEN, PEUGEOT;
- Aider le peuple à s'organiser dans les quartiers et les villages.
La masse des jeunes est prête à accomplir ces tâches. Beaucoup se sont déjà mis au travail. Mais la jeunesse
progressiste reste encore apparemment divisée en plusieurs mouvements et organisations, divisée par des disputes de
chapelle. La jeunesse progressiste a besoin d'être unie pour participer au combat du peuple. Or tous les éléments de
cette unité sont là. Au cours de la lutte de ces dernières semaines, les principales idées justes issues de l'expé-
rience d'un siècle de lutte du prolétariat et des peuples opprimés ont pénétré massivement dans la jeunesse, et sont
devenues une puissante force matérielle. Les diviseurs ont été balayé; l'arrogance de l'intellectuel bourgeois a été
fortement ébranlée. SERVIR le PEUPLE, s'unir eu Peuple, sont aujourd'hui des idées maîtresses du mouvement de la
jeunesse qu'il fait siennes à travers l'expérience de plusieurs semaines de luttes. Quel est ce bien commun de la
jeunesse progressiste, qui permet et exige son unité ?
1° - la jeunesse a joué et peut jouer encore, le rôle de pionnier donnant le signsl de l'ébranlement de l'ordre
ancien.
2° — Les étudiants ne se sont pas battus pour améliorer une université de privilégiés, pour quelques réformes de
structures. Ils ont attaqué le système universitaire qui forme les continuateurs de la cause bourgeoise et les
cadres de l'exploitation capitaliste.
3° - La jeunesse intellectuelle a compris qu'elle n'était qu'une petite partie de l'armée de la révolution, et qu'il
lui fallait fusionner avec les forces principales. Elle a compris qu'il lui fallait pour cela se lier aux mas-
ses laborieuses, qui lui fallait SOUTENIR les LUTTES du PEUPLE. Et elle l'a mise en pratique, même au prix de
son sang, comme à FLINS.
4° — La jeunesse a su reconnaître ses amis et ses ennemis. La clique dirigeante du PCF et de la CGT a tout fait pour
s'opposer à la fusion des étudiants et des travailleurs, elle a employé les calomnies les plus ignobles et a
armé le bras des assassins. Aujourd'hui, la jeunesse comprend que le meilleur allié du capital, ce sont les
politiciens bourgeois infiltrés dans la classe ouvrière.
5° — La jeunesse a su déjouer les manoeuvres de ceux qui voulaient utiliser sa révolte au profit d'une solution de
rechange du grand capital. L'opération de "Combat" et le meeting de Charlety, les sourires de la CFDT pour
mettre à l'avant-scène un MENDES FRANCE, ont fait long feu.
6° - La jeunesse a balayé tous les donneurs de leçons à la classe ouvrière, tous ceux qui voulaient faire du pro-
létariat une simple force d'appoint. Elle s'est placée sous la direction de la masse des travailleurs, elle a
su faire la distinction entre les directions syndicales de trahison et les militants syndicaux à la pointe du
combat, avec à leur tête les syndicalistes prolétariens de la CGT.
7° - La jeûnasse a rejeté massivement la farce électorale; le mot d'ordre "Elections = trahison" a été repris massi-
vement. Elle sait qu'un gouvernement populaire doit naître de la masse des travailleurs, et non d'élections
truquées et d'accords parlementaires entre partis bourgeois.
Sur tous ces points, la jeunesse est unie. Cette unité doit aujourd'hui se concrétiser. Les bases, on l'a vu,
sont claires et saines. Sur elles un mouvement de masse, uni, puissant, doit s'édifier le plus vite possible mettant
de côté les querelles. A cette condition, la jeunesse pourra faire sien ce mot d'ordre :
"S'UNIR AU PEUPLE" "UNIR LE PEUPLE".
Déjà les étudiants se sont lié aux travailleurs. Déjà ils ont, par leur action, aider toutes les couches de
la population a resserrer les rangs contre le capital. La longue marche de la jeunesse a déjà commencé. Elle doit se
poursuivre et s'intensifier. Vers les usines, les quartiers, les campagnes. Vers les usines pour soutenir les bastions
de la résistance prolétarienne. Vers les quartiers pour faire de chaque meeting électoral un meeting populaire de dé-
nonciation du régime et des élections. Vers les campagnes, pour expliquer massivement aux paysans pauvres et moyens
la lutte des ouvriers et des étudiants, pour se mettre au service de la paysannerie laborieuse et l'aider à entrer
massivement dans le grand combat populaire.
La révolution populaire sera une lutte prolongée, celle-là même qui unira progressivement dans la lutte 90 %
de la population contre la poignée d'exploiteurs. L'expérience de la révolution chinoise balaie les théories du
"grand soir", de la "minorité agissante prenant le pouvoir par surprise". Notre révolution ne sera pas le fruit d'un
hesard heureux. Mais d'une lutte âpre, sans merci, et prolongée. Elle ne sera pas l'oeuvre soudaine d'une minorité,
mais le ralliement progressif, par étapes, des larges masses de notre pays. On ne fait pas la révolution pour le
compte des masses, se sont elles qui la font.
La tâche de la jeunesse : LA LONGUE MARCHE VERS LE PEUPLE, VERS CES 90 % de la POPULATION QUI ONT
COMMENCE, AUTOUR DU PROLETARIAT, LA REVOLUTION POPULAIRE.
Nous balaierons-aisément les courants négatifs qui freinent ou dévoient le mouvement étudiant : la routine
de la violence stérile des barricades, le style de travail petit bourgeois et décadent, les manoeuvres de groupus-
cules. Pour cela, l'unité de la jeunesse intellectuelle et de la jeunesse ouvrière est indispensable. Les jeunes
travailleurs qui sont une partie active et enthousiaste du prolétariat, aideront les étudiants à s'unir au peuple
et à unir le Peuple.
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La cause du peuple
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