La Commune du 20e

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Organe Populaire d'Information et B'Action du
POUR LE POUVOIR POPULAIRE
LE
CONTINS
Par dizaine de milliers, les travailleurs
de notre vingtième arrondissement de PARIS ont partici-
pé aux luttes de ces dernières semaines,aux côtés des
10 millions de grévistes que comptait la FRANCE.
En face d'eux se trouvait un gouvernement
entièrement au service- 'des banques et des grosses
sociétés capitalistes.
A leurs côtés, les étudiants dotat la ré-
volte et les combats vigoureux ont amorcé l'irréversible
mouvement auquel nous assistons, et toute la population
laborieuse de notre pays.
Assez de ce régime antipopulaire d'exploita-
tion et d'oppression!
Voilà ce qui unissait, dans un même com-
bat, les métallos de chez THOMSON et les Postiers, les
travailleurs de l'E.D.F. et du Gaz avec les employés
des Grands Magasins comme INNO et le PRINTEMPS-NATION,
les gars des Bus avec les ouvrières surexploitées des
chocolateries FOUCON, les travailleurs de l'Imprimerie
avec ceux des Banques ou de l'Administration, et tous
les autres aussi.
La grande bourgeoisie et son gouvernement
ont tremblé de peur. Ni les mensonges éhontés de la
presse et de la radio, ni les brigades mobiles et les
C.R.S. avec leurs matraques, leurs grenades offensives
et leurs gaz de combat ne sont venus à bout de la com-
bativité populaire.
Alors de Gaulle a joué le grand jeu. Il
est allé implorer l'appui des chefs de lf armée comme
MASSU, qu'il avait, il y a quelques années, expédié en
Allemagne. Il a libéré les résidus de l'O.A.S. dans
l'espoir de raccoler quelques réservee^Ên dissolvant
l'Assemblée Nationale—Croupion, il a tendu la carotte
des élections pour rameuter derrière ..son panache
défraîchi les cliques de politiciens "au rancard".
Ceux—ci se sont empressés de sauter sur l'occasion avec
l'espoir de gagner quelques strapontins. Ah, comme il
connaît bien son monde! Dans la foulée, il a pris les
décrets que l'on sait pour "dissoudre"les organisations"
dont certaines étaient corps et âme au service du peuple
en lutte.
Il y aura donc des élections. Peu importe!
Sous un misérable prétexte, bien digne de
ce gouvernement, le Sorbonne a été reprise aux étudiants
et à leurs professeurs.C'est maintenant Ici Police qui
drague dans les amphithéâtres. La belle victoire pour
un Général!
Sous la pression des politiciens de tous
bords et de certains dirigeants syndicaux, qui ont joué
les briseurs de grève, la plupart des travailleurs ont
maintenant repris le travail, avec des succès revendica-
tifs partiels. Provisoirement d'ailleurs* Ils ont été
trompés, trahis, mais pas vaincus! Et maintenant ils ont
ûnormément appris : on ne leur refera pas le coup dans
les luttes qui ne manqueront pas de se développer au cours
des prochains mois.
En effr*", rien n'est réglé!
Chacun sent très tien qu'au cours des jour-
nées que nous vivons c'est seulement une bataille qui
vient de se î.Ejrminer et que le combat continus.
Les travailleurs de RENAULT-FLINS qui sont
rentrés dans l'usine la rage au coeur, se sont battus
contre des milliers de gardes mobiles casqués, armés.
Ils savent où est leur ennemi : leur patron qui est
aussi l'Etat. Ils savent aussi quels sont leurs amis et
alliés : ils n'oublieront jamais le jeune lycéen de 17
ans tombé pour leur cause, ni le soutien qu'ils ont reçu
de la population de la région.
Les travailleurs de chez PEUGEOT à SOCHAUX
qui se sont courageusement battus également, n'oublient
pas qui a blessé et tué leurs camarades de travail : leur
patron qui a fait appel à la répression, et lr> pouvoir
qui lui a fourni ses mercenaires.
Tout comme les ouvrières du PRINTEMPS-
NATION, par exemple, n'oublieront pas comment leur
direction a fait appel à la foi •= £ la police, au tru-
quage des votes, aux menaces contre les employés et à
la concussion de certains délégués pour briser leur
grève.
Non, rien n'est réglé!
Ni pour les étudiants dont les problèmes
restent entiers et dont la combativité n'est pas entamée.
Ni pour la classe ouvrière qui a pris la
nesure de ses forces et qui veut en finir avec l'exploi-
tation qu'elle subit.
Ni pour les paysans dont les revendications,
restent insatisfaites.
Ni pour ces grévistes de la radio et de la
télévision qui n'obtiendront la liberté d'expression et
d'information qu'ils souhaitent que .par la mise en cause
du système tout entier.
Rien n'est réglé pour les centaines de
milliers de chômeurs dont le notabre va s'accroître dans
les semaines qui viennent.
Rien n'est réglé pour ceux qui depuis des
années aspirent à un logement décent et qui en voient
ia réalisation repoussée d'année en année.
Rien n'est réglé pour le droit à la santé
du peuple ; et les ordonnances rétrogrades sur la Sécu-
rité Sociale n'ont pas été abrogées.
Les C.R.S. et la police dans les usines,
à l'O.R.T.F., à la Sorbonne, les promesses électorales
habituelles et les bulletins de vote pour un scrutin
faussé, les menaces et les dissolutions : tout cela ne
résout rien. Les problèmes économiques, sociaux et po-
litiques, qui sont ceux du peuple,restent entier .
Et pour cause! Au cours de ce printemps
de la FRANCE, le peuple a appris des choses essentielles:
— d'abord il ne peut compter sur aucun
César au pouvoir, ni sur aucun tribun d'un parlement
bidon, mais seulement sur ses propres forcée -pour changer
la situation.
—ensuite, il a compris, précisément, qu'il
était assez puissant quand il est uni autour de la classe
ouvrière en lutte pour imposer ses changements.
En MAI 1968, sous la poussée populaire,
le gouvernement des Banques et des Monopoles a chancelé.
Ce n'était qu'une répétition générale. La
lutte pour un pouvoir populaire ne fait que commencer.
C'est dans cette perspective que les comités
qui se sont constitués dans le XX° arrondissement, dans
les quartiers et les entreprises, comme dans tout le pays,
vont développer leur action.
C'est à ce combat que ce journal veut appor-
ter sa contribution, face à l'intoxication et aix mensonges
d'une presse et rd'une radio asservies.
TRAVAILLEURS, HABITANTS DU XX°, REJOIGNEZ
LES COMITES D'ACTION, ECRIVEZ-NOUS!!
Collet TAUTIN
A FLIHS
Malgré la conspiration du silence,le mutisme de la radio et de
la presse, 7000 à 10.000 personnes se sont retrouvées samedi
dernier pour rendre un dernier hommage à Gilles TAUTIN, leur
camarade mort à Flins au service du peuple.
Le cortège s'est déployé du Bd Berthier au cimetière des Bati-
gnolles, fractionné en plusieurs goupes que précédaient des
porteurs d'affiches représentant notre camarade; chacun portait
à sa boutonnière une fleur rouge, symbole de la cause que Gilles
TAUTIN défendait. Le Chant de3 Martyrs, le chant des survivants
alternèrent avec l'Internationale. Mais, le pouvoir ne s'est pas
soucié du plus élémentaire respect: de nombreux cars de CRS sur-
veillaient lesparticipant.se la Porte Champerret et tout au long d
du parcours, l'hélicoptère mouchard ne cessa pas de survoler le
cortège, dans la rue comme au cimetière, les sirènes des voitu- :s
res-pie ne furent pas non plus épargnées. La police n'aura pas
même eu la pudeur du silence. Par contre le PC et les directions
syndicales en on eu l'impudeur, en n'appelant pas las travail-
leurs à participer aux obsèques.
Cette attitude complète parfaitement leur comporteement depuis le
le début des événements, à Flins.
Ils ont accusé les étudiants d'être venus à Flins pour "soulever"
les ouvriers, leur donner des conseils; alors qu'en fait IBS jeu-
nes ne faisaient que répondre à l'appel des ouvriers des usines
RENAULT. Les étudiants au côtés des travailleurs ont contribué
a convaincre les hésitants à ne pas reprendre le travail sous la
pression des BRS armés. Cinquante ouvriers seulement sur onze
mille.
Un peu plus tard, au meeting organisé par les directions syndica-
les, à 500 mètres de l'usine, on voulu refuser la parole aux étu-
diants. La foule des ouvriers ripostent en scandanti "Liberté
d'expression" et " La parole aux étudiants".
Quant aux heurts intervenus entre la police et les manifestants,
l'Humanité s'est jointe à la presse et à la radio gouvernementales
pour en rendre responsable les étudiants. Mais à Flins, la po-
pulation a vu que les étudiants n'ont fait que lutter avec les
travailleurs contre la brutalité policière.
Gilles TAUTIN est mort au cours des ratissages des forces de ré-
pression. On connaît mal les circonstances précises de sa mort.
Un fait est sûr: quand on sait les brutalités commises les jours
précédents par la police à Flins, on comprend aisément pourquoi
Gilles, cerné, sinon frappé par les CRS, a pu se précipiter dans
l'eau s'il n'y a pas été poussé. La responsabilité de sa mort
incombe aux forces de l'ordre bourgeois. A ce crime "L'Humanité"
n'a consacré que 4 lignes en cinquième page.
Assister à l'enterrement de ce camarade, c'était communier avec
les idées qu'il a servies, particJper à la même espérance, affir-
mer la volonté de poursuivre son combat, notre combat. La bour-
geoisie ne s'y est pas trompée, elle a eu peur une nouvelle fois,
une nouvelle fois ses gardes-chiourmes casqués étaient présents
en nombre, comme pour étouffer une seconde fois Gilles TAUTIN.
L'adieu à notre camarade, c'était autre chose qu'un enterrement!
M.T.
t* THOMSON
/)U
SOCI/KÊ-
Le 21 MAI, les travailleurs du Centre
Electronique THOMSON ORTEAUX, s'associant au mouve-
ment de contestation nationale et prenant conscience
de leurs responsabilités, décidèrent par un vote
massif de se mettre en grève illimitée avec occupa-
tion de leur usine. Ils revendiquent notamment :
— Réduction du temps de travail (40 H)
— Des salaires décents (1.100 rrancs)
— Droit de regard sur la gestion de
1 'entreprise
- Libertés syndicales de l'entreprise
- Sécurité de l'emploi.
Des contacts ayant été pris la semaine passée
avec la direction celle— ci se limite au protocole de
Grenelle et s'oppose à tout effort quant aux revende-
cëPtions propres des travailleurs de l'entreprise.
Jeudi 13 Juin, la direction a rompu les né-
gociations en vue d'une reprise du travail spéculant
ainsi vu la lessitude et les besoins matériels des
travailleurs. Ces derniers sont décidés à continuer
la lutte et à détourner toute manoeuvre de la direc-
tion.
Nous tenons par ailleurs à affirmer; que con-
trairement a l'opinion générale, l'industrie électro-
nique n'est qu'un"miroir aux alouettes", les salaires
pratiqués ne sont pas une juste contrepartie du tra-
vail et du niveau technique demandés.
Le patronat de l'électronique exploite au
maximum les connaissances techniques de son personel
sans accorder le temps nécessaire pour que celui— ci
d'adapté aux techniques en pertuelle évolution.
Cette réadaptation permanente est jusqu'à nouvel ordre
prise sur le temps de loisir des travailleurs (cours
le soir et le samedi).
Durant la grève des commissions de reflexion
se sont constituées, afin d'élaborer en commun une
plate— forme de réformes de l'entreprise.
Une commission Université— Industrie s'est
occupée de la liaison avec les étudiants car n DUS
estimons que leurs problèmes et ceux des travailleurs
se rejoignent pour l'instauration d'une démocratie
nouvelle.
Le 30 ème jour de grève, la direction convo-
que les ouvriers et prend l'initiative (ce qui est par-
faitement illégal) d'un vote à l'extérieur de l'entre-
prise, sur la reprise du travail : Résultat,
Imp. N. P. P.
Paris 20e.
Le Bureau d'Aide Sociale de la
Mairie du XX° Arrondissement a été le seul à
participer au Mouvement National de Grève
depuis le 20 MAI. Le travail n'a repris que le
5 JUIN, après un vote qui fut d'ailleurs an-
tache d'irrégularités. Cependant, désireux
d'assurer, dans l'intérêt de la population,
un service minimum d'urgence, le Comité de Grève
du B.A.S. n'a, en fait, pas cessé de se dépen-
ser durant toute la durée de la grève.
C'est, en particulier, sous son
action que l'Assistance Publique a décidé de
débloquer 300 000 000 d'anciens Francs pour les
grévistes de la Région Parisienne, et c'est le
Comité de Grève qui, lui-même, a assuré le paie-
ment des grévistes du XXe Arrondissement.
C'est-à-dire qu'une trentaine d'employés du
B.A.S. s'occupaient du paiemeat de 1.200 à
1.300 grévistes par jour.
Au départ, les formalités à rem-
plir étaient très simples : le travailleur
devait présenter un certificat du Comité d'En-
treprise et un certificat de domicile.
La répartition de l'aide était
ainsi établie :
- 50,- Frs pour un célibataire.
- 80,- Frs pour un couple.
-120,- Frs pour un couple et un
enfant.
- + 30,- Frs pour chaque enfant.
Les grévistes étaient donc payés
immédiatement. Mais, très vite, évidemment sur
des directives précises venant de très haut,
l'administration a introduit une foule de for-
malités nouvelles, longues et pénibles. Les
grévistes devaient aller à la Mairie retirer
un ticket, puis se présenter rue du Retrait.
Là, on leur faisait un maximum de difficultés:
quittance de loyer, feuille de saa.re,feuille
de maladie, etc...
Il fallait huit à dix jours pour
qu'ils soient payéslIl
La manoeuvre était évidente, le
pouvoir voulait briser la grève en jouant sur
la lassitude et la démoralisation des travail-
leurs.
IL FAUT DENONCER AVEC FORCE CES
AGISSEMENTS INDIGNES ET ANTI-OEMOCRATIQUES1! !
- DOLE.T
L'Entreprise WASSMER, 13 rue"
Etienne DOLET est en grève depuis le 20 MAI.
Cette Entreprise emploie une cinquantaine
d'ouvriers : mouleurs et moulistes qui créent
l'outillage nécessaire à la réalisation de
pièces finies surtout pour la rnéttu lurgie
automobile.
Le 13 MAI, l'entreprise s'était
mise en grève par solidarité avec les étu-
diants puis le travail avait, repris.
LH 20 MAI, deuxième journée (Ji-
solidarité mais, cette fois, dès le lendemain,
la grève illimitée avec occupation des locaux
était votée spontanément par tous les ouvriers
... SAUF UN.
Aux revendications à l'échelle
nationale de la ~etri:5 te à 60 ens :
— L'abrogation, des ordonnances,
— L'échelle mobile et la réduc-
tion du temps de travail sans diminution de
salaire,
s'ajoutaient les revendications
propres à la corporation :
1°) Que la mensualisation se passe en
fonction .d'une classification professionnelle
établie par les ouvriers de l'entreprise.
2°) Que la réduction riu temps de travail
aboutisse logiquement à la création d'emplois
nouveaux et à une sécurité réelle de l'emploi
par un contrôle rigoureux des heures supplé-
mentaires Pt par une interdiction du double
emploi.
3°) Que soit créœ dans l'entreprise une
commission paritaire qui aurait un regard sur
tous les problèmes de l'entreprise et spécia-
lement sur les possibilités de formation pro-
fessionnelle pour les jeunes ouvriers. Cette
commission avait pour but d'introduire ulté-
rieurement un système transitaire de co—gestion
dans l'entreprise, puis d'autogestion.
Au bout de TRENTE-DEUX jours de
grève, que proposent le Gouvernement et les
Syndicats Patronaux ?
Des seules améliorations de
salaire qui n'intéressent pas les ouvriers
conscients que la hausse des prix est inévita-
ble et qu'elle réduira immédiatement leur
pouvoir d'achat.
Les patrons offrent, par un
certari nombre de mesures successives, une
augmentation de salaire de 9,54 % pour les
salaires maxima. Dans cette augmentation est
comprise la seule décision qui semble positive
pour les ouvriers : la diminution d'une heure
de la durée hebdomadaire du travail pour les
horaires supérieurs à 45 heures.
Mais les ouvriers ne veulent pas
de ces bribes dérisoires que leur offre le
Patronat. Se réjouiraient—ils aue le patron
leur propose comme une faveur ce qui leur est
normalement dû : par exemple que les journées
de Pentecôte et de l'Ascension, normalement
fériées dans 1'entrepriseileur soient payées
à 100 %.
Par contre, aucun remboursement
de leurs jours de grève n'est envisagé ; les
ouvriers réclament le paiement à 50 % des jours
de grève, ce qui ne semble pas excessif.
Le patron concède une avance de
salaire remboursable par quinzaine ou sur les
congés payés.
Quant au principe de la commission
paritaire, le patron se réfugie derrière de
vagues promesses "plus tard, peut—être..."
Les ouvriers de chez WASSMER ne
sont pas dupes. La grève continue ET CONTINUERA.
Qu'importé si ce combat est sans espoir pour
vingt des ouvriers de l'entreprise qui devraient
être licenciés le 1er Juillet, car le patron
avait décidé de décentraliser l'entreprise vers
NANTES à cette date en ne conseillant pas à
ses employés de le suivire dans une région "où
ils ne pourraient toucher des salaires égaux
aux salaires parisiens".
POUR TOUS LES OUVRIERS DE L'EN-
TREPRISE LA SOLIDARITE N'EST PAS UN VAIN MOT,
ET LA LUTTE CONTINUE ....
SOUTENONS LEUR
COMBAT.
tLLCTiONS
MARCHE. DUPES
Le dernier discours de De Gaulle avait un but es-
sentiel et évident : replacer sur le terrain électoral le conflit
puissant qui opposait le prolétariat et le grand capital.
C'était là la dernière chance de la bourgeoisie de
rétablir une situation qui lui était extrêmement défavorable' car,
les étudiants qui occupent leurs facultés, les ouvriers qui s'ins-
tallent dans leurs usines, constituent un danger de mort pour les
farces d'argent.
La preuve en a été faite par les étudiants quand,
au lendemain des barricades de la rue Gay-Lussac, le pouvoir a
été contraint de faire partir ses C.R.S. et autres mercenaires
de la Sorbonne et du Quartier Latin.
cédé,
Pour la première fois le régime gaulliste avait
et il avait cédé^devant la Rue.
Il était donc vital, dès lors, pour le pouvoir,de
canaliser cette force immense du prolétariat en lutte afin de la
neutraliser au plus vite ; le canal était tout trouvé : les élec-
tions, ce vaste marché de dupes. La bourgeoisie trouvait là le
moyen rêvé d'Ôter au conflit son caractère véritable, celui de la
lutte de classes, pour l'enfermer dans le cadre étroit et "rassu-
rant" d'un parlementarisme qui a fait,de longue date,la preuve de
son incapacité. Et dans cette manoeuvre, elle a trouvé un allié r
précieux, sinon indispensable, au travers du Parti Communiste
Français.
Les Dirigeante du P.C.F. n'ont pas hésité un instant,
avec la complicité des Pontes de la C.G.T., à brader un des mou-
vements prolétariens les plus puissants de notre histoire, pour le
"hochet" des élections.
Certes, ils l'ont fait en se protégeant derrière ce
que"l'humanité"a appelé, sans rire,"1'immense victoire des traval—
leurs" parlant des miettes dérisoires que le patronat a octroyé
comme une aumône au Prolétariat.
Mais nul ne se fait d'illusion sur cette "victoire":
les expériences passées nous 'ont appris que tout avantage accor-
dé aux ouvriers dans le cadre de la société capitaliste ne peut
être que très minime et surtout très provisoire.
Déjà les prix augmentent, déjà le Gouvernement
lui-même (c.f. POMPIDOU le 15.6.68) dit ouvertement que la crise
économique nous guette et avec elle l'inflation et la montée du
chômage.
Au nom d'un prétendu "passage au Socialisme par la
voie pacifique", le P.C.F. a fait le jeu du pouvoir gaulliste en
contribuant à briser le mouvenent ouvrier.
Dans "Salut aux Communistes Italiens, Français et
Allemands" LENINE écrivait :
"Seuls des misérables ou des benêts peuvent croire
"que le prolétariat doit d'abord conquérir la majo-
"rité en participant aux élections organisées ..
"sous le joug de la bourgeoisie, sous le joug de
"l'esclavage salarié et après seulement conquérir
"le pouvoir.
"C'est le comble de la stupidité ou de l'hypocrisie,
"c'est substituer à la lutte de classes et à la ré-
"volution, des votes sous l'ancien régime , sous
"l'ancien pouvoir (...)"
En faisant croire au peuple que les élections pour-
ront changer quelque chose à sa condition et ouvrir la voie du
socialisme, le P.C.F. commet une erreur très grave et lourde de
conséquences.
Car il est bien évident que, quels que soient les
résultats du scrutin, rien ne saurait être vraiment modifié.
Dix ans de Gaullisme et des siècles de pouvoir capitaliste nous
ont appris la nature en M-populaire et d'exploitation de tout
régime bourgeois.
MITTERAND et sa prétendue "Gauche Unie" ne sont rien
qu'une autre expression de ce régime bourgeois et le peuple n'y
trouverait pas plus de solutions à ses problèmes qu'il n'en é
trouvé sous le gaullisme.
En fait, il apparait clairement à tous qu'il n'y
aura cessation de l'exploitation des masses populaires par une
minorité de requins, que quand le peuple tout entier, uni autour
de la classe ouvrière, prendra en main son propre destin, en ren-
versant le capitalisme et en accédant au pouvoir.
Nous n'appelons pas, cependaht au boycott des
élections des 23 et 30 JUIN, et, bien sûr, nous n'appelons pas à
voter pour un parti quelconque.
Notre seul but est de faire apparaître clairement
la monstrueuse mystification que constituent les urnes dont rien
de positif ne saurait sortir, sinon pour la bourgeoisie.
Ne nous laissons pas prendre à ce simulacre hideux
de démocratie : la véritable démocratie passe d'abord par le
POUVOIR POPULAIRE.
Projet de plate forme politique des Comités d'Action
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La lutte des étudiants, en s'attaquant de front, directement, au pouvoir lui-même, a permis de
débloquer une situation politique qui, malgré le caractère difficile de la conjoncture écono-
mique (cf. Les mouvements de Caen, Le Mans, Redon) suivait le rythme de la vie politique
traditionnelle et parlementaire avec ses défilés, ses pétitions, ses motions de censure et ses
campagnes électorales.
Mais la lutte des étudiants contre la répression n'est qu'un aspect de la lutte frontale menée
par l'ensemble des travailleurs pour renverser les structures sociales et économiques de la
société capitaliste.
Ce n'est pas par de vaines négociations que les étudiants ont réussi à paralyser les universités
et à stopper l'application du plan Fouchet, mais en se battant, en occupant.
Ce n'est pas par des commissions Toutée et Grégoire ou au conseil économique et social
que les ouvriers lancent la lutte mais en occupant tous les lieux de travail. C'est par
la lutte directe violente s'il le faut, contre toutes les formes de la répression, de l'embriga-
dement, de la collaboration des classes.
Ces luttes ont montré que c'est à un piveau politique d'ensemble, offrant des perspectives
radicalement nouvelles, tjlie^es couches moyennes et l'ensemble des travailleurs peuvent
être gagnées, et non pas par une action se limitant aux divers mots d'ordre purement reven-
dicatifs de ces couches sociales,
Le mouvement généralisé d'occupation d'usines, déclenché spontanément par les
ouvriers, témoigne de la combativité des travailleurs, particulièrement des Jeunes.
Les légitimes revendications des travailleurs ne peuvent, en aucun cas, être toutes
satisfaites par un POUVOIR BOURGEOIS.
Le problême posé aujourd'hui est de ce fait le RENVERSEMENT DE CE POUVOIR.
„ ' -^
Nous ne saurions accepter dans un tel rapport de forces la capitulation des directive?
syndicales qui, en préconisant la négociation avec le gouvernement gaulliste en légitiment
l'existence.
Les accords conclus entre les directions syndicales sont, de plus, en retrait total par rapport aux
revendications mis en avant dans les usines mêmes par les ouvriers.
La critique des directions syndicales n'implique pas la critique de l'organisation en syndicats
mais seulement :
— la nécessité du contrôle effectif des directions par les travailleurs,
— l'insuffisance de ce type d'organisation pour répondre à la situation de crise du pouvoir.
Le* comités d'action ne sont pas un parti politique, mais un mouvement regroupant des
militants d'origines politiques et syndicales diverses. Ils sont issus du mouvement
unitaire actuel où l'esprit sectaire et bureaucratique a été exclu et où la plus grande démo-
cratie doit exister. Les comités d'action sont l'expression sur le plan politique du besoin
démocratique fondamental des masses qui s'expriment aujourd'hui.
Pour renforcer l'efficacité de leur intervention politique, les comités adoptent pour base
l'accord minimum suivant :
1) le refus du régime gaulliste et de tout autre gouvernement bourgeois pour l'installation d'un
POUVOIR DES TRAVAILLEURS.
2) compte tenu de la mobilisation généralisée et de la combativité de la classe ouvrière et des étudiants,
le refus de tout accord :
— remettant en selle le pouvoir gaulliste et le pouvoir patronal ébranlés par la lutte des travailleurs et
des étudiants.
— ne comportant aucune garantie sérieuse contre les retours en arrière.
— abandonnant une partie des revendications tenues pour essenflelles par Ici travailleurs.
— opéré secteur par secteur ou entreprise par entreprise
3) L'importance accordée aux formes de lutte extra parlementaire comme élément décisif de toute
victoire et particulièrement l'affirmation combattants de la volonté des ouvriers, des étudiants, des
paysans, de ("ensemble des travailleurs, dans la rue ainsi que la grève générale avec occupation des
usines, organisées par les travailleurs en instrument actif de lutte au service des grévistes.
4) le regroupement et la coordination en comités d'action implantés dans les usines, les quartiers, les
locaux scolaires et universitaires, des militants syndiqués et non syndiqués, dans un même combat
engagés, combat anticapitaliste.
5) Les comités d'action visent non à jouer un rôle électoral ou parlementaire comme visent à le
faire les partis politiques traditionnels, mais à favoriser la mise en place par les travailleurs d'orga-
nismes de combat contre le pouvoir capitaliste: du type comités de grève élus par les assemblées
de travailleurs.
6) L'organisation de la résistance à la répression témoignant de notre refus de plier devant les tentatives
du pouvoir de liquider les grèves, les mouvements de masse ou les militants eux-mêmes.
7) La solidarité active avec les travailleurs et étudiants étrangers en France, particulièrement visés par
la répression.
8) La nécessité d'une coordination nationale des comités d'action respectant leur autonomie, par consé-
quent la nécessité de définir les objectifs et les moyens. En ce sens propositions :
a) à partir des revendications effectivement mises en avant par les travailleurs faire apparaître le carac-
tère politique de leur lutte qui tend au renversement du pouvoir capitaliste
b) participation active à la lutte contre le pouvoir notamment :
— favoriser les liaisons directes entre comités de grève,
— assurer l'information d'entreprise à entreprise et à la population en faisant connaître les décisions
des travailleurs en grève,
— collaborer activement à une éventuelle prise en charge des moyens de production par les
travailleurs pour un renforcement de la lutte,
— combattre l'action d'intoxication exercée auprès de la population par les forces capitallistes à
travers la presse écrite et parlée et susciter les manifestations de solidarité.
Le mouvement des comités d'action, en assemblée de délégués ou en comité de coordi-
nation pourra appeler à des actions et manifestations.
Chaque comité d'action décidera lui-même de s'associer ou non à ces Initiatives politiques
parisiennes ou nationales.
Nous soumettons à nos lecteurs.- pour solliciter leur point de vue - le projet de plate-forme soumis à la discussion des comités d'action.
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