Le Canard de Mai

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Numéro spécial exceptionnel du « Canard enchaîné » (juin 1968)
I F 50
Un monôme ?
Non, Sire, une révolution!
î
TOUT allait si bien. De Gaulle s'appiêtait à célébrer le dixième
anniversaire de son règne (grandeur, stabilité, et tout) et Paris,
promu capitale de la paix, recevait les plénipotentiaires de Johnson
et de l'oncle Ho... Tout allait si bien, lorsqu'un étudiant, à Nantsrre, irotta
on ne sait quelle allumette majique. Et la baraque sauta... Et l'on s'aper-
çut qu'en vérité, rien n'allait... que tout ce dont s'enorgueillissait ce ré-
gime était du trompe-l'œil, dr. clinquant, du chiqué... Il s'en fallu! de peu
que la Cinquième, comme les feuilles mottes, ne sa ramcaso à la pelle.
Etaii-cs la rèvoluùen ? Oui sar.3 doute... Au point que de Gaulle, effrayé,
s'en fut en Allemagne quérir l'appui ds l'arméa de Coblence... pardon 1
de Baden-Baden.
Rantvé à Paris, il s'aperjut qu'il aurait pu évi;3r le voyage.
La révolution, cènes, eiait venue au rendez-vous da !'hijto:re... Mais
quelqu'un lui a posé un lapin.
Pour pluj de détails, voir à l'inférieur...
LA MARE
AUX CANARDS
Le chant du faux départ
LE jeudi 30 mal, dans « Combat », la « Tribune
libre » du « Canard enchaîné » publiait un
écho, rédigé (forcément) la veille au soir, alors
que tout un chacun croyait de Gaulle parti défi-
nitivement.
Nous écrivions donc t
Quand les ministres se sont pointés à l'Elysée,
mercredi à 10 heures, on leur a dit que le Conseil
n'avait pas lieu. Puis ils ont appris (par la radio
pour la plupart) que de Gaulle était parti dans
son cher et vieux village.
Ce qu'on ne leur a pas dit, c'est que jusqu'à
4 heures du matin, on avait beaucoup causé à
l'Elysée et qu'à cette heure-là Pompidou avait
quasiment obtenu la démission (d'aucuns disaient
l'abdication de de Gaulle.
Question : est-ce pour fignoler son testament
politique ou pour revenir sur cette « décision »
qu'il est allé à Colombey ?
On va bientôt le savoir, non ?
Le lendemain, on savait : de Gaulle était revenu
sur sa décision... et à l'Elysée, que s'étoit-il donc
passé ?
Une semaine après, dans le numéro daté du
5 juin, sous le titre « Le chant du Faux Déport »,
« Le Canard enchainé » donnait les détails.
A1NTEXANT qu'une se-
maine a passe depuis
l'événement, bien des
viTsions courent sur les faits,
tvstes et intenlions de de
Gaulle du mardi 28 au
jeudi 30 mai, jour qui s'est
terminé par la manifestation
anticommuniste des Champs-
Elysées. Celle manii'eslation,
qui a quasiment fait corps
avec le discours radio de
de Gaulle, a paru constituer
le sommet de l'escalade, à
partir duquel tout a com-
mencé à redescendre. Les mi-
lieux officiels, en tout cas,
s'en tiennent à cette explica-
tion : elle correspond bien à
leur désir de faire croire que
si les communistes n'ont pas
pris le pouvoir, c'est parce
que de Gaulle et le bon peu-
Î)Ie bourgeois ont résisté
Héroïquement.
Hélas ! trois fois, ce n'est
jpas ainsi que les choses ont
eu
l'honneur de se passer.
Quand de Gaulle a parlé,
jeudi après-midi, tout était
joué depuis près de viugl-
qualre heures et on le savait
bien, tant au gouvernement
qu'à la direction du P.C.. (et
de la c.G.T.i.
A demain
Mardi après-midi à l'Elysée,
les diseussions portent sur un
point : le référendum n'est ma-
tériellement pas possible ni po-
litiquement souhaitable. Il faut
le remettre. Dans la soirée, de
Gaulle se range à l'avis de « re-
porter » le référendum à une
date ultérieure et annonce qu'on
prendra la décision officielle
le lendemain à 10 heures au
Conseil des ministres.
Sur ce, on se met à commen-
ter une nouvelle beaucoup plus
excitante : la C.G.T. organise
pour le lendemain, mercredi
29 mai, un défilé dans Paris,
avec aboutissement gare Saint-
Lazare, à vingt minutes à pied
de l'Elysée.
L'ENTREVUE DE BADERNE-BADERNE
Alors, Massu, vous me promettez de libérer Salan ?
Oui, mon général.
Cette Information va provo-
quer une sorte de panique à
l'Elysée et au gouvernement.
Ils arrivent
C'est que depuis des jours les
compagnons gaullistes sont per-
suadés — et se persuadent —
que si le P.C. et la C.G.T. n'ont
eu, au début, aucune intention
insurrectionnelle — ils ont
perdu le contrôle sinon de leurs
troupes, du moins des troupes
d'à côté et qu'ils n'ont désor-
mais plus le choix ! il leur faut
marcher avec tout le monde. A
part deux ou trois exceptions
(comme Edgar Faure, Couve de
Murville), tous les ministres
participent à la panique. Dès le
mardi après-midi, les cabinets
ministériels se vident et on voit
même un sous-ministre, Bord,
secrétaire d'Etat à l'Intérieur,
ressentir de violentes douleurs
abdominales. Douleurs qui au-
ront la bonté de s'apaiser à
temps pour lui permettre de
participer à la manifestation du
jeudi suivant.
De qui et de quoi ces braves
gens ont-ils peur ?
Jusqu'au bout
Cent fois, au cours de ces
journées, on a entendu, dans les
bureaux des ministres et dans
leurs cabinets, tout ce joli
monde refaire le raisonnement
dit « de Yalta ». Ça s'enfile
comme suit : depuis la fin de
la guerre, Russes et Américains
sont d'accord pour le partage
de l'Europe en deux zones d'in-
fluence, la remise en cau^e de
cet « équilibre » mènerait, au-
delà de la guerre froide, à une
guerre tout court. Le P.C. fran-
çais, dans cette conjoncture,
sait son rôle : ne jamais ser-
vir de levier qui dérangerait sé-
rieusement l'équilibre. Donc pas
question qu'il prenne le pou-
voir.
A contrario, les « pro - Chi-
nois » cherchent à tout prix à
faire basculer l'équilibre et à
installer en France (et si pos-
sible ailleurs en Europe) une
situation explosive pouvant con-
duire, à un affrontement Est-
Ouest, Moscou-Washington.
On en déduit que les commu-
nistes français, non parce que
de Gaulle fait une politique
étrangère qui leur agrée, mais
pour ne pas détruire l'équilibre
actuel Est-Ouest en Europe, ne
se lanceront jamais à la
conquête du pouvoir par la
force.
Or, mardi soir, l'Elysée et le
gouvernement s'affolent et se
mettent à se persuader du
contraire !
Ils nous trompent
II n'est pas besoin de contacts
spéciaux avec le P.C. pour sa-
voir tout ça et l'insistance avec
laquelle Waldek Hochet et ses
amis insistaient, au plus fort de
la crise, sur leur idée d'un
« gouvernement populaire et
d'union démocratique » en di-
sait long : un « front popu-
laire », oui ; une démocratie po-
pulaire, pas question (pour le
moment).
Mais, dans les allées de l'Etat,
on s'intoxique : les uns sou-
tiennent que les dirigeants du
P.C. et de la C.G.T. ont changé
d'avis et que leur résolution est
prise d'essayer l'insurrection.
Les autres estiment qu'ils sont
soit des faux jetons, ou incapa-
bles de retenir leurs propres
troupes, ou encore que les
troupes cohn-bendistes, trot-
skystes, pro-chinoises, anarchis-
tes, etc., vont prendre en main
le mouvement, forcer la mani-
festation à se transformer en
insurrection, selon le mot d'or-
dre : « un million de travail-
leurs à l'Elysée ».
Sur le coup de 18 heures,
mardi, on apporte du ministère
de l'Intérieur une dépèche se-
crète selon laquelle le secré-
taire général des mineurs du
Nord C.G.T. (lesquels « trauma-
tisent » l'Elysée depuis 1963)
aurait déclaré : « Nous irons
jusqu'au bout pour un gouver-
nement populaire. »
Cette phrase, anodine en elle-
même, eu égard au vocabulaire
communiste, devient une preuve
flagrante : demain mercredi, en
fin d'après-midi, les communis-
Le dernier révolutionnaire de Moi.
tes, volontairement ou poussés
pal' leurs concurrents d'ex-
trême gauche, vont s'emparer
de l'Elvsée et des bâtiments pu-
blics.
Alors, il se passe des choses
vr,liment curieuses...
Conférences
Les chefs d'état-major Four-
quet (Etat - major général) et
Maurin (armée de FAir) arri-
vent à l'Elysée, où d'autres gé-
néraux, dont Meltz, font anti-
chambre. De Gaulle les reçoit
et leur donne ses ordres. Dans
la soirée, une voiture de l'ar-
mée de l'air vient prendre plu-
sieurs caisses de dossiers à
l'Elysée. Une autre ira le mer-
credi matin ramasser des en-
fants de la famille de de Gaulle
pour les emmener vers une des-
tination plus sûre.
Avant minuit, les généraux
s'en vont. Pompidou arrive : il
sortira passé minuit et c'est de
son entourage que partira le
bruit, dans la matinée, de la
démission de de Gaulle. On par-
lait déjà de Monnerville à
l'Elysée et d'une présidentielle,
d'où le cher Pompidou sortirait
certainement vainqueur. Le
Conseil des ministres, convoqué
à 1(1 heures, allait être le der-
nier de Mongénéral...
Oui, mais de Gaulle reçoit
aussi un certain généra! Hublot,
l'héritier spirituel de feu Aille-
ret et Hublot le convainc de ne
pas démissionner !
Vers 9 h 30, coup de télé-
phone de l'Elysée à Matignon :
pas la peine de se déranger, pas
de Conseil des ministres. Pom-
pidou rapplique pour s'entendre
dire par de Gaulle que lui, de
Gaulle, a décidé de partir pour
« une tournée d'inspection » et
qu'il sera à Colombey en fin de
journée.
Effectivement, deux heures
après, l'hélicoptère de de Gaulle
part avec tante Yvonne et le
maximum de bagages (des dos-
siers).
La nouvelle se répand : de
Gaulle est parti à Colombey et
il n'en reviendra pas.
Hélas (trois fois !).
En voyage
Ce matin-là, l'ambassadeur de
France à Bonn va voir d'ur-
gence \Villy Brandi, ministre
des Affaires étrangères alle-
mand, pour l'aviser que le pré-
sident de Gaulle passera au-
dessus du territoire allemand
dans la journée pour aller à
l'ètat-major français de Baden-
A nos
lecteurs
Ce CANARD DE MAI
contient l'essentiel des
numéros du Canard en-
chaîné des 22 mai et
6 juin qu'un très grand
nombre de nos lecteurs
et la majorité de nos
abonnés n'ont pu se pro-
curer en raison des
grèves. Le numéro du
29 mai n'a pu être im-
primé, mats les collabo-
rateurs du Canard (ré-
dacteurs et dessinateurs)
ont pu exprimer leur
opinion dans une « tri-
bune libre » obligeam-
ment mise à leur dispo-
sition par le quotidien
Combat. On trouvera
donc également, dans
le présent supplément,
quelques extraits de
cette « tribune libre ».
Certains documents,
articles, dessins sont
inédits, oinsi que des
photos de la répression
policière.
Ainsi pourra - t - on
conserver ce CANARD
DE MAI comme un té-
moignage.
Baden. Brandt, qui croit au
pire, murmure :
— Vous en êtes déjà là !
Or, il n'est pas sûr du tout
que de Gaulle soit allô à Baden-
Baden : sa « Caravelle », oui,
mais lui. heuh ! A Mulhouse,
oui. à Metz, probablement. A
Metz où d'autres avions sont
arrivés, chargés de dossiers et
de plusieurs personnalités civi-
les et militaires... celles qui ne
sont pas installées en avant-
garde au P.C. atomique de Ta-
verny.
Ce serait à Metz qu'on aurait
attendu bien sagement la trans-
formation de la manifestation
cégétiste en insurrection: quand,
à 5 heures de l'après-midi il
est clair : primo que les diri-
geants communistes et cégétistes
contrôlent étroitement le défilé
et qu'ils ne laisseront en aucun
cas la masse des militants aller
au-delà de la gare Saint-Lazare;
quand on est en même temps
assuré que les cohn-bcndistes,
pro-chinois et autres « enragés »
ne sont pas dans la rue, ou n'y
sont pas en force (il n'y en a
que 5.UOO dans la manifesta-
tion), on comprend enfin qu'on
a eu bien peur pour rien.
De Gaulle regagne alors Co-
lombey : il va pouvoir, dans
vingt-quatre heures, triompher
et rameuter les rats cachés de-
puis deux semaines. Mais ce
n'est pas lui qui a empêché l'in-
surrection : ce sont ceux d'en
face qui n'ont pas voulu la
faire.
Il y a comme une nuance,
nous semble-t-il...
Moi légitime
A en croire les rares confi-
dences qu'on a pu obtenir sur
les entretiens de la nuit et de
la journée, de Gaulle aurait
expliqué aux généraux qu'il
était, lui de Gaulle, la Légalité
et la Légitimité et que si
poutsch il y avait à Paris, à
Paris et dans une ou deux vil-
les de province (on pensait à
Lyon et à Caen), l'armée devrait
l'aider, avec le peuple de la
province, à rétablir lesdites Lé-
galité et Légitimité. Les géné-
raux auraient donné leur ac-
cord, à la condition qu'il ne
s'agisse que de ça et non, par
exemple, de rentrer dans le chou
des grévistes ou des étudiants.
Il n'a manqué qu'une chose
dans cet incroyable cinéma t
l'insurrection communiste. Un
simple détail...
2 — LE CANARD DE MAI
UHIfîWDOCTIBte
RTISANDUO!AUO
«TONS ROUPUJ
Tous à genoux I Le Quartier Latin est repavé de bonnes intentions.
(t Le Cttrtnrd Knchainé » ilu 15 nuit)
GROUPUSCULE DANS LA CHJEMJT
Ce serait pour exposer notre contestation, camarades.
(t /> C:injr,l F.ni'h
» fia 22 mal)
LE CANARD DE MAI — 3
DIX ANS APRES, OU D'ALGER A BADEN-BADEN !
••*• ROIS semaines après
I révéncmcnl, en en sait
davantage. notamment
sur les rapports enlre (le
(«aille et la haute année.
Rectifions d'abord une in-
fvi'ination du • (Canard : ce
n'est pas à Mol/ que de Gaulle
a rencontré les généraux, niais
è Baden-Oos. l'aérodrome mi-
lilaire français prés du quar-
iier général de Baden-Baden.
Mais un avion militaire a
amené de Met/ à Baden-Oos,
plusieurs généraux français.
l'n autre avion en a amené
de Dijon. Celui de Met/ avait
INTELLECTUEL
l'n jt'uiH' inspecteur ilf
Id D.S.Ï'.. diari/é d'aller
prendre dit': 1rs éditeurs
le service tic presse <i»e
cen.r-ci rescri'eui u lu po-
lice, s/ii'hl île In maison
Christian Hmiri/ois. l'an-
tre joui', nltirs i/iie tlèhnii-
chuit un cnrtèt/e île inani-
[e.stniil.s île l'i'. \. /•;./•'. .-lu
hout de tj'it'i (fit es' fuis. mi-
tre flic recul un tel it'an-
ttipoinpe cl. nnnnl /l'art ir
fuit ouf. i/nclt/nex coups de
mtdruinie.
Il s'en alla pleurer an
corninissaria! le plus prn-
die. montrant sa carte île
police. X'.;j \\'(,n{ onrcrl t't
ses r c I an c n ! x ///'<//.•/ c s .
- Mais c'était lias ins-
ci i! *iir i"il-,• front. 'ni
fi! le co,i:r:>is<a;re. l'A
'iiis. it'itis -H'ic: îles lien s
i'i Si '11 '•!.!'! i !'••-. • • I ici-, I -, \cilllS
' >'>!Li;ii ;'i ' i .i - '!. i ! iii a "c-
c iciiii i!.' C;,i;Ur '.-. H • '.(-];-
< •:•*;. cil •-:. ir.r:iiU de i • i'.h'riii-
«'ant '-uj'.! rirnr l'rain :sis ' ;; AU
]( iiK;i,nc. il n\' i,::l Ml!1 | hice
ijlie depuis (|ln'!(|iies heures :
!;, •• ^ ille an soir, i! était... a
lT.!y,ce !
DEUX CLANS
Comme iiniis l'iivuMs l'iiciiritc.
<1;ins lu nuit du iniirdi -!<S ;iu nier-
rruli 2'.'. un licMiune <lissii;i(l;i (If
<i;uil!e (le s'en ;iller : le néni'-
];il Ihllilnl.
lliililut est un spécialiste de
]« stratégie « tons a/iuiiils >•, et
il est It fils spirituel île feu le
géiiérid Ailleret <iui était
l'hoiunie de confiance île île
Gaulle à rélat-inajnr xenéral.
Si, au cours de son entretien
.avec Massu et avec d'autres .ué-
-néraux île l'année « convcn-
tionneMIe s. de daulle eut dis
(joules sur le soutien qu'il pou-
vait demander a 1 armée, son eii-
trelien avec Hublot le rassura :
elui-ci, appuyé par Philippe
celui-ci, appuyé par Philippe
iUaiirin. clief d'elal-maior Air et
])ar I-'oiircpu t. chef dYlal-maior
général I succe>..seur d'Ailleret I
îili .yaranlit l'appui des cadre1-
de l'armée « moderne .. de
Directeur :
.'.- R. TRENO
* Jiédaclciir en chef [
i André RiEAUD
10, i. Fi'-N>i.'.iy.i.T'ri. ' i'-:''-
l'axiaiioi:. ea aioutanl «[ne la fi-
délité éei;:t;Mite de ce no\ au eni-
pe, lierait les aiilres imités de
!)!'( illfhl1 !'.
CONDITIONS *
C't"-l et i|iii \'est effeclive-
nien! piisve. mais à t|iieli|ties dé- |
lails prés. Les eheis de l'ar-
nn'f cdiivcntionnelle : artillerie, j
inTanU-i'ie. Idiiv.lés. etc., assurè-
rent le chef de l'I'.lat de leur j
« discipline-mais ». Oui à une
opération de police a\an! pour j
bai de maintenir la légalité i't
l'ordre. Non a une opération de
répression...
Kn outre, on eonv int ipie cer-
taines unités étaient moins <• sû-
res <;.ie il auh'e^ et MI !;(• l'i1-
tint. pour un éventuel nioii\e-
nu nt en l-'rance. <pie eertain.s i
ri'fi'naeii's de l'année blindée et j
de PeN-inl ailterie de marine. On :
se méfiait notamment des trou- '
liev issues de la réi;inii pari-
sienne... j
l-'.nfin Massu et ses petits ca-
marades, prt nant leur courage .1
Criez-leur : « Vive Selon ! »
Les cocus *?
'lus, dans leur pins1 i/raiide par- sni<icti</ni . an lanps <•'<• S/aline.
lie. t'es prtiehai;>cs tiec/ions. .!,'.'.;• .\''litaiili's i/ni pii\.-'cnl c:i
uli>rs itilc ' t son! MU'. </ non ce nO'ir.cn' lïn-!:: les , .'.'.''/;.'.-/s.
S'IL >'OUS r-LAlT
{>i:r!</iifs /niant, s après
n:ie t"illal'nralri''c île l'oili-
piiloa teléphnnait an rèdac-
/'••;;• en ilnf 'l'an araiiti i/ii"-
l'.tlicn il;; sn/r. lui df'.mndc.nt
il'inliirnu r Mi.!ii,non d" ce
•;•' ' ;,;.'-.,'// ..'-' l',-';i;ie. s; : c
' :; ne ' !'apprci:c:t ; :r .>. s
*r~~--~~-~
Ce r'eçr pcs ce que vous troytx, li ^'cgîî du Porta
-• I.i1 ]):'..'a\ ls It u:i I n ;! |)
«•If i:(i;-'iie (ian< les -t-r\ K-
CHRONIQUE DES C.D.R.
— \\ foudtoit créer te vin choud du C.R.S.
Les meilleurs mots de Mai
De Henri .!ca:i\on, dans l',-t ;;(•.,"<• : <• .Si j't'tni.i l'<mti'c
• .'iii'lc. le ri'ii. le 1,-tuitl, le Miflii lin, le n !:r,-ntis une
i traie a ce <;• .'.'( ;•/,'/-lu. »
Hé Nfaiirico C.!a\i-l, à H.T.L., à |--i"j:.'S de l'altitmlp
s'e Sé_;u\-\-:i!s-s;iV( / i\ l'éij.iiil (!is <'! n < : ia'•! t s : « II n'fi
in-i",c ;.','.s la rcc<ii>n<iixx<i!iff <Sn ci»f;v. i
4 — LE O-tsARC DE V.AI
au naircasT, CAULLE n
Lettre ouverte à Gaulle III
notre nouveau sauveur
Monsieur,
i ANS las moments difficiles,
la France, c'est une justice
à lui rendre, a to_;ou;3
trouve un homme à poicir.a.
Depuis jeudi 30 mai, ça nou-
veau Snui eur suprême es!
apparu.
C'est G;:uîle III. C'est vous,
On vous souhaite bisn du
plaisir. Voire prédécesseur,
Gaulle II, en dix années de
règne, a conduit la France au
bord du gouffre. Un jour de plus
el elle y sombrai:. Jamais au-
cun régime n'avoit abouti à un
tel iiaaco. La France est la risée
du inonde, et quîrc" elle n'en
es! pas la risée, elle est ceiU-
qu on plaint. Le président John
son parla d'slie avec commis .-•-
ra'.ion ; les Anglais font la quête
pour sauver noire iranc. Cet'a
attitude est d. autan! plus ir.sul-
tante que votre prédécesseur,
Gaulle II traitait Londres et
Washington avec le plus sou-
verain mépris, allant jusqu'à
charger son grand argentier,
l'Aine- Michel, de leur donner
des cor.sc-ils pour le redresse
ment de leur monnaie. Il aurai!
bonne -.r.ine, ce Gaulle II, s'il
s';>tci'.i cramponne au pouvoir.
C'eu' éts coirne Nasser osar.t
rester à !a télé de son pays
après la pile qu'il avait reçue.
Mais Dieu merci, les Fva.:caii
sont moins bëîes que les EgvJ-
*ior. î. Ils n'aurrtiint jamais c.c-
cep'.a de garder un chef dont
ri.'.cap.T-ite et l'imprévoyance
nous ont conduits là où nous
sommes.
Gaulle !! n'est plus. Il s'est
enfui misérablement, laissant la
France en pleine mouise, u;
ccrnn.e avrt {ai! Gaulle I i-.
Gcr.uKe I* r.'es1 p'.'.-s...
Gcu'le I" !
A vous de
Et d'abord, !
snlutaire. Au
ties servies.
|OU'>r, mor.ï-.
coup de
ra:v:ar" les
qui. pour ne
perdre leur charge, disaient
eur...
b.tlai
vnis-
pc;3
tou-
TRIBUNE LIBRE
Dans les quatre pages qui suivent, nos lecteurs trouveront
un certain nombre d'articles et de dessins émanant de rollabb-
râleurs du «Canard Enchaîné» J
« Combat »? dans le cadre de sa Tribune Libref est heureux
de leur donner la possibilité de s'exprimer k titre personnel
sur les présents événements
L'Usée V'
DE GAULLE ?
A CET
fc- _ ag^&aS&8USk(tKW 'illlliMi il UiHtaHBBMBgaBEMBglS». Jf jf
ÉLÉMENT INCONTRÔLÉ !
c./».e. c.
) Ah ! que la République était belle sous de Gaulle !
[CH'iKE oui, eile était
M belle, ce'te république,
* la vraie, cellç dont noua
a v oiis rêvé d uran t cos dî . an-
née*, la même que noua cspé-
riofu connaître à 1* Libération.
et dont les plus â«*s d entra
nous avaient déjà, l'espace d'un
été, entrev u 1* visage rayon-
nant ai 1936.. Et en ce mai 90,
la revoici plus que jamais, belle
et rebelle sur ses barricades—
Pourvu que cette f'-tîs eïle le
reste 1 C'est le souhait que nous
formulons tous pendant QU'.I! en
est t«mpa encore, pendant que
rien n'eat perdr. pendant que
tout peut être gi?n.>.
I>éjà la première mancha :
notis voilà préoipi'és dans
l'aprcs-gaullisme... al.irs que de
Gaulle est encore là. Si peu. il
est vrai... Comme Volpoae, qui
feignait d'être more, notre Gol-
pon- a l'a:ner privileg» de vnr
défiler, autour ,1e ce q-n reste
de lui. la rohorte de ses dait-
j>hlo*. IV les voir et de les ?ri-
tenJrv. C'est l'hfMi--.! d* vérité,
la minute nos «Tu q-'.-Ki'ie Bru-
tus. . » C'est l*h-iîre d<?3 retour-
Dsmenta de v^e, voire de ffi*
let» rayi»*. Qui n'a paa ton
brasaard de F.ÏM, f Qui n'a PM
Bon cf*r*[fi.-^f de résistance T
M "isiciir, mof qui vous
parle, j'ai serré la mai a à Hon-
nerville, tel Jour, 4 telle heure,
demandez-le lui.
— Moi, j'ai flanqué ma dé*
mission avant Pisani.
— Mo!, J'ai crie < Vive l'Amé-
rique ! * lors de l'anniversaire
du débarquement.
Chaque révolution a son sly-
le. Le panier de «on est périme,
dieu merci I Nous en sommée
au panier de crabes.
« II > est retourné à Columbey,
où cette foia, ni Pioay, ni Guy
Mollet n'iront l« chercher, dit
moins on 1« suppose. Et l'on ne
sait encore quel sera le titre du
quatrième tome de *es < Mé-
moire* ».
Ce qui est certain, c'est qua
la pa£e est tournée.
Attention, citoyens ( f ittes
paffe, camararlea f Tx? part' <le
la Crainte relève U tête. H.i-_-a
d* commun avec celui dont
parlait et sur !•"! t i?I cotnpt n:t
Giscard d'Estalnfc avec c^a
SI porir cent de Français qui»
pour ï'amour de l'Ordre, étaient
prêts à voier cOui» au réfé-
rendum.
I* parti de la Crainte, ïe
vrai, c'est celui qui naquit, dan»
le c Milieu » politique, le II Mai
1958 quand Pflioilm foira ;
quand 1s peur du parachutiste,
sevammçnt attisée par les hom-
mes de main gaullis'.-s. pteci-
pita le processus que vous sa-
vez. Ce parti de !• Crainte,
c'est celui dont les ch>*ts de file
s'en furent dare-darr se decu-
lo'ter à (Y.îorrfvy et qui dix
années durant, de p'pïiiscite en
plébiscite, se tut oit se terra.
Bref, celui qui. audici«"-i-z mais
pas téméraire, savait « j isqu'où
H ne faut pas aller troo loin *.
(Admirable formule qui « t'ait
été faîte pour lut)-
Ce parti de la Crainte fut
aussi, dans une certaine mesu-
re le parti de la satisfaction,
I,e« cotes < positifs >. vous sa-
vez T de la politique du géné-
ral. Cette politique extérieure
qui, ainai que le faisait remar-
quer l'autre jour un journal de
New York, lui faisait oublier sa
politique intérieure. H n'était
pas le seul. Une section impor-
tante de la grtiH-he frnr.çaise en
faisait autant-
< T,a France s'ennuie.» dUait
l'autre. Non. elle dormait. Qui
eût pu prévoir que ce qui la
réveillerait serait le chah'.it un
peu poussé d'un « quarteron >
d'étt:diants de Nanterre ? C'était
le signal ffuetté par l'Histoire.
Au* premières barricades. on
comprit que c'était du sérieujc.
Car la Dévolution, en 5'ranr». a
des traditions, un rite auquel
elle tient. II lui faut des h.ir-
ricades.. < Mais nous sommes
en 1968, le romantisme est pé-
rimé !» — € Débrouiller, vous ! »•
Elle les a eues î*s barrica-
des, et au Quartier Latin, en-
core 1 Et même un i»eu, pour
honorer les an- êtres, au fau-
bourg Si-Antoine et A !» Bas-
tille... Cette même Bastille où
1* parti de la Crainte. Q r •
d'x ans. avait fait défiler ***
foules, comme A un enterre-
ment. C'en était un d'ailleurs*,..
R. Trrîio
«*9 C Canard Knchrtné »
(suite en pag« ty
Notre confrère « Combat », dans son numéro du 30 mai, avait ouvert sa
collaborateurs du « Canard enchaîné ».
Tribune libre » aux
jouvs oui à laur maître. Vous
avez chasse des F:ncr.;f;.;s, coî
Arner Miciu;!, déjà nomnvi- qui
s'est r:dicu!;se à jamais en ua
pai'îicipan: }.-,•;;, hii, gi'cnd ir.aî-
ti'3 do l'Econoîr.is, ^nx negc;ia-
Mcns d3 la vue ris G:.eu^î'e qai
rerr. iltciant en cause, preciié-
meni, toute l'Ecr:io:ni; îi'ancciîî.
Vous l'avez votr,p!a-:2 par un
homrae jeune et nouveau. Couve
ds Murvilie, qui s'est fait ur,3
grands réputa'i'vn d-ï financier
au ministère des Affaires étran-
gères, d'où il était temps qu'il
partit car il avait compromis
toutes nos alliances. Un homme
plein d'avenir a pris sa place au
Quai d'Orsay : Michel Dobré.
Au rancart, le Fouchet qui par
sa répression au Quartier Latin
a failli nous foutre la révolution I
Cohn-Bendit avait exigé son
limogeage, vous avez obtempéré,
bravo ! Au rancart le malheu-
reux Gorse (ah ! celui-là), ce
ministre de l'Information qui
s'exprimait comme un ministre
de la police. Au rancart le
dixième ministre de l'Education
nationale du ci-devant Gaulle II,
ce Peyrefitte qui avait pris la
révolte des étudiants pour un
canular. Vous l'avez remplacé
par un technocrate qui se pro-
pose de confier la grande ré-
forme de l'Université française à
un ordinateur... Au rancart cette
Assemblée où les voix de trois
députés papous suffisaient à
neutraliser la voix du peuple
français. Au rancart ce journal
télévisé ou radiodiffusé dont les
principaux collaborateurs vien-
nent de faire l'aveu qu'on les
obligeait à mentir au pays. Au
rancart 1s pouvoir personnel qui
en dix ans a prouvé ds deux
choses l'une : ou bi3n que ce
système conduisait à la catas-
trophe, ou bien que son bénéfi-
ciaire était un incapable.
Au rancart au rancart..,
Mais après ce prologue pro-
metteur, nous attendons de vous,
ô Gaulle 111, le gesie décisif qui
d'un seul coup rendra à lu
France des ressources dont elle
fut abusivement — j'allais dira
criminellement — privée durant
ces dix ans par celui que vous
avez chassé du pouvoir. Ce tré-
sor récupéré viendra à point
nommé pour couvrir les augmen-
tations légitimes de salaires qua
viennent d'arracher les travail-
leurs.
Il s'agit, vous l'avez deviné,
de la Bombe. Car tout vient de
là, de l'obstination du ci-devant
Gaulle II à vouloir « se payer »
ce bidule ruineux et d'ailleurs
parfaitement inutile. Bien qu'avea
le fric des sous-marins atomi-
quïs déjà construits ou en chan-
tier ou projetés, on peut satis-
faire le plus clair des revendi-
cations de douze millions de
Français. Sans cette fichue
Bombe, la hausse du niveau dta
vie se serait faite graduellement
durant ces dix années, et les ré-
formes essentielles auraient pu
être entreprises.
Allez, Gaulle III, au rancart
la Bombe... Au rancart la grande
Khônerie du règne de Gaulle II..,
Encore un mot, ô Gaulle III,
cher nouveau Sauveur suprême.
La situation, ai» on, s'est dé-
gradée.
Nous en attendons autant du
nouveau chef de l'Etat... Au ran-
cart son titre et son uniforme I
Dégradez le général I Marianne
en a marre des militaires.
Civilement votre. _ _
R. Treno.
LE CANARD DE MAI — 5
CONSEIL DÈS MINISTRES OCCUPÉ
PREMIER MÉTINGE ÉLECTORAL A L'ELYSÉE
— Et à l'exclusion d'une poignée de déviationnistes irresponsables, camarades, la Gauche unie, de Tixier-Vignancour à Capitant, fera triompher Ie9
revendications des travailleurs en lutte et la juste cause de l'Université réformatrice.
(«Le Canard Enchaîné » du 5 juin)
Il faut §avoir mettre fin
à une révolution
Ouf!
Outre la Tribunf libre dans laquelle « Combat »
(nuniéro du 80 niai) accueillait « I.e Canard En-
chatnf », ce même quotidien publiait dans xcm nu-
méro des samedi 1" et dimanche 2 juin, l'article sui-
vant de R. Treno i
Citoyens, camarades, Fran-
çais, Françaises, enfin, on res-
pire !,.. Depuis jeudi on y voit
plus clair. On se retrouve les
pieds sur terre, dans un monde
<jui nous est familier... Mais
avouez qu'on a eu chaud ! Au
fait, dans quelle étrange planète
avions-nous été transportés ?
On y parlait de révolution, on
y élevait des barricades, on y
contestait la Société — celte
fameuse société de consomma-
tion que nous enviait le Tiers-
Monde et dont le P.D.G. (le Pré-
sident de Gaulle) s'était fait le
commis-voyageur. El tout cela
par la faute d'un quarteron de
gamins qui avaient découvert,
on ne sait où, ce fameux levier
vainement cherché par Archi-
mède et grâce à quoi on peut
soulever le monde.
Quel cauchemar ! Paris, pro-
mue depuis trois jours capitale
de la paix, était en proie à
l'émeute ; le gouvernement était
éhranlé ; de Gaulle, déconcerté,
allait se retremper dans un bain
co-
des
dillois, inquiets, se posaient des
questions. Ou plutôt une ques-
tion : « Qu'allons-nous devenir,
grands dieux ? ». L'opposition
ne savait plus où elle en était
exactement. « Que nous arrive-
t-il donc ? Va-t-on nous oblii/er
à prendre le pouvoir 1 Mais
alors, dans ce cas, nous ne fe-
rions plus l'opposition... Au se-
cotirx ! On vent tuer l'opposi-
tion ! "»
— Oui mais... répétait Gis-
card.
-— Non. 10 mai, 11 mai,
\ï mai, 13 niai...
Etrange d'KsIaing !
Le-.s travailleurs, les masses
cnirnicnt dans la danse. Le
inonde allait-il changer de hase
ou la base allait-elle changer
le monde ?...
Jl y a déjà en France un parti
de la révolution, un parti puis-
samment organisé, mais qui
préparait la révolution comme
une chose sérieuse, selon un
plan à longue échéance, — une
prospective, comme on dit. Ce
parti allait-il, sur une simple in-
jonction de l'histoire, modifier
un planning *i parfaitement au
lé plus
Raden-
D'ailleurs,
pouvoir...
fui.
— Où cela '? A Yarcnncs ?
— - Non, à C.olombey...
L.n vérité, il était a
loin. Ln Allemagne. A
Haden... Consulter le
Kolb.
Ensuite de quoi les choses
n'ont pas traîné... Hetour de
l'île d'Llbe...
La traversée du désert, cette
fois, n'avait duré que quelques
heures. De Gaulle avait toujours
eu un faible pour les chars.
Kn 39 déjà. Puis à Montcornet...
Les chars bien-aimés, allaient
lui permettre de reprendre celui
de l'Etat.
C'est l'ait. Il est venu, il a par-
lé. Miracle ! Le rêve, le cauche-
mar, s'est aussitôt dissipé. Fran-
çaises, Français, camarades, ci-
toyens ! Le patron est de retour.
L'homme du 1«S juin, l'homme
du 13 mai est devenu l'homme
du 311 mai... Vive de Gaulle III !
Du coup, disais-je, tout rede-
vient clair. Voici le chef de
l'Llal, voici juste, en dessous,
le gouvernement... Voici sur la
gauche l'opposition... Voici 'es
tailles de la Constitution.
— « .li' l'ous fais remarquer,
\Iet,aici:i's, que je i//.s.vr.if.v la
Chambre si Ion les rè</!es. l-'iec-
tions avant a't /i.t mois... Rom-
pez ! »
— Bien le bonjour aux clu-
rlianls... Nous parions à la cam-
pagne... A la campagne électo-
rale, comme de bien entendu...
Kt alors, cette fois, pas d'his-
toire... Qu'est-ce qu'on va lui
mettre à ce de Gaulle 1
R. Treno.
point ? Ce n'élait pas positif.
Niais d'iiulre part, voilà qu'il
surgissait, un peu partout, d'au-
tres partis de la dévolution...
Ah \ non ! pas de ça. Lisette !
La Hevohilion, c'est mitre mo-
nopole...
--- Tiens ! Seriez-vous mono-
polislcs, camarades ?
Monopolistes ou pas, il s'agis-
sait de ne pas se laisser débor-
der sur la gauche... Puisque Bé-
voluiion il y a, au pas cama-
rades... Au pas. au pas. au pas...
' y a un vide au
général s'est en-
AU COCOTIER Les dessous d'un remaniement
La Sainte Trinité
PARMI les nouveaux ministres du gouverne-
ment Pompidou, on a le plaisir de remar-
quer MM. Galley et Chalandon. Parmi les
promus, saluons bien bas le nommé Ortoli.
L'arrivée des deux premiers, l'avancement du
troisième constituent un événement signifiant,
comme on dit à la Sorbonne.
Robert Galley est l'exécutant N" 1 de la bombe
atomique et de la bombe thermonucléaire. Investi
de la confiance personnelle de de Gaulie c'est
lui qui a dirigé, sans en référer à personne
d'autre qu'au chef de l'Etat, et en disposant de
crédits teans contrôle, l'usine de Pierrelatte des-
tinée à fabriquer l'explosif thermonucléaire. Il
a merveilleusement réussi, d'abord en prenant
deux ans de retard, ensuite en augmentant le
prix prévu de 100 % (sans compter qu'on n'a tou-
jours pas de vraie bombe « H * .'). Cette remar-
quable réussite lui a valu d'être désigné à la
direction du « Plan Calcul », lequel, un an après
son lancement, est déjà dans les choux, M. Galley
est un technocrate hors concours.
ALBAN CHALANDON est un banquier : il fait
le pédégé à la « Bainiiie Commerciale île
Paris », banque du groupe Dassault. Il
p-éside aussi la « Sorit'to ci'Ktml''s. de réali-
sations et de Ddcuineniation Immobilières »,
alias la SERDI, spécialisée dans la construction
de logements de grand luxe. Passons sur les
jolies histoires de spéculations foncière et
autres de ladite SERDI, comme l'affaire du
« Parc de Béarn », à Saint-Cloud, qui fit quelque
bruit. Chalandon fut le premier secrétaire géné-
ral de l'U.N.R. et doit son influence politique
au fait qu'il est l'homme de liaison du groupe
Dassault avec l'appareM gouvernemental... qui
passe les commandes militaires concernant
l'aviation, les fusées et l'électronique.
Avant de devenir directeur du cabinet de Pom-
pidou en 1962, le nouveau ministre de l'Educa-
tion Nationale se prénommait François. Du
moins le croyait-on. Ses amis découvrirent sou-
dain que son prénom était François-Xavier. Ces
amis étant, comme lui, d'anciens M.R.P., ils
comprirent Immédiatement : le cher garçon
s'offrait un saint patron plus en rapport avec sa
manière : François-Xavier n'est-il pas le cofon-
dateur des jésuites ?
ORTOLI a du savoir-faire ! après avoir rem-
placé Pisani à l'Equipement et à la Construc-
tion, en avril 1967, II s'aperçut vite que les
chiffres officiels du nombre de logements
construits étaient faux : des petits malins avaient
en effet, découvert qu'ils excédaient de plu-
sieurs dizaines de milliers le nombre des comp-
teurs installés dans les logements neufs par
l'E.D.F. Or, l'E.D.F. installe souvent deux comp-
teurs par logement construit. Il fallait donc ré-
duire, pour 1967, le chiffre officiel des loge-
ments construits de près de 40.000 pour avoir le
chiffre réel. Que fit l'honnête Ortoli ? Il s'abstint
de publier ledit chiffre, si bien qu'on cherche-
rait en vain, en juin 1968, dans une publication
officielle, le nombre de logements construits en
1967. Ce qui montre qu'Ortoli est lui aussi un
sacré technocrate.
Responsable du Plan, d'abord au cabinet de
Pompidou puis comme Commissaire Général,
Ortoli a fait de son mieux pour adapter cette
" ardente obligation » aux besoins du régime
lesquels passaient par le sacrifice de l'expansion,
de la création d'emplois, des investissements,
des autoroutes, des hôpitaux, etc..., à la consti-
tution du magot nécessaire à la Force de
Frappe. Si en 1968 la France est en retard de
1.500.000 postes d'emploi par rapport aux prévi-
sions du Plan en 1959, elle le doit aux « rectifi-
cations » imposées au Plan une première fois
en 1964, une seconde fois en 1967, ordonnées par
de Gaulle et Pompidou, et exécutées par Ortoli.
VOILA donc trois rombiers particulièrement
qualifiés, comme on volt, pour pratiquer
une grande politique sociale. Leur promo-
tion à des postes-clés du gouvernement est une
réponse fort précise à ceux qui se demandent si,
pour faire face au coût des augmentations sala-
riales et budgétaires provoquées par les événe-
ments que vous dites, de Gaulle ne va pas devoir
sacrifier sa chère Force de Frappe.
Cette réponse, c'est I plus que jamais, la
bombe l
Jean Manan.
Alors, on essaie de prendre le Train en marche ?
(«Canard* du 22 mai)
LE CANARD DE MAI
A TRAVERS LA PRESSE DÉCHAÎNÉE
POTIN DE MOINE !
"JOURNAL^
COMMÈRE
... CARMEN TESSiER <':'M
:-riJ«-'e',TS,.(ts;F:(ir.i) ,ei; :? "6: •,„:<;
.......... .-•••.•'•:••••••-••»'• ...... ',;-?!
UN JOLI METIER
r->J8BBMRBHgggHB
Pour la police
Urgent
2.500 postes
GARDIENS
OFFICIERS
COMMISSAIRES
IFORMATION ACCELEREE!
ET AVENIR ASSURE
•BEHBBBH8BBE
Du « Parisien libéré » du 7 mai.
C'était trois jours après
l'occupation de la Sorbonne
par la police, trois jours
avant la nuit des barricades.
Fouchet avait peur de man-
quer de personnel.
CIVIQUE MAIS PAS FORCEMENT CIVILE
Conséquence de la révolution de Mai :
la Commère de « France-Soir » ne fait
plus de potins ; elle écrit un journal.
Du Boulevard à ragots au Boui'Mich,
peut-être
française en noir
• • t-'«rt?l» ta *l«rt« prît» ft. 'intervenir *»etrp t'f
(E*iiy KxprcTXt. • D«P patrouille! armé» dt niuntlir
tw m«a d« Fârîi » (Daily Mirror> jCj»'"*- *
«• Frue* . (Daiîy TcAW^tt*-- -- rf «tHVJlS
u*j:y ucpreu). • utf puronuiei MJtattt ai niUAnirUci •*
w roe« d« Pâ^î» » (Daily *ïirror> ,J_IU»("'- * «•
^^. PJ^E&:^«: s
s's.:"-» ^Tïsr^p'^'m^^ïr^-
""•r iiSiiÉm
C ETAIT LE 2 MAI.
Posupi
part
tranquille
en provnce
à l'appel te comités d'action civique
(« Les Dernières Nouvelles d'Alsace », du 16)
A CHACUN SON PAVE I
cette pierre
est liquide
(c'est une action Scfuneg)
SÉCURITÉ - ! T t"n^e Tm.jhnlalïnn clan, T. «rtr»
RENTABILITé-:
Dans le numéro qui parut après la nuit des
barricades (10 mai), France-Observnteur a
publié sur une page entière ce placard publi-
citaire — avec pavé d'époque.
En toute société de consommation.
Tous les mercredi, lisez
Le Canard
enchaino
Consternation parce que, ce lamentait le
bistrot du coin, « qui viendra encore à
Colomhey, «i le général n'est plus présideat
de la République ? »
(Extrait de i « Aurore ».)
Les zigzags de la conjoncture
CEHTAINES DE COMITES DICTION
POUR UN GOUVERNEMENT POPULAIRE
(« L'Humanité » dn 27/5)
DE GAULLE EST
A COLOMBEY
POUR PRENDRE
UNE DECISION
(France-Soir dn 30/5)
DE GAULLE A CHOISI
APRÈS LE VOYAGE A COLOMBEY
E
France-Soir E9
(France-Soir dn 31/5)
ORGANE CENTRAI. DU PART) COMMUNISTE FRANÇAIS
LA « DESESCALADB »
DE JOHNSON 1
(M rmforfa US.
continiMitt d'atrlvtr
au Sud-VMtram
AUX MILLIONS DE FRANÇAIS EN LUTTE
DE GAULLE RÉPOND EN AFFIRMANT
SA VOLONTE D'IMPOSER SA DICTATURE
(L'Humanité du 31/5)
C.G.T.: NOUS NE GENERONS
LES ÉLECTIONS
(France-Soir du 1/0)
Et les Comités d'action pour un « gouvernement populaire » dans tout ça ?
LE CANARP DE MAI
— Levez la main
droite et diret t « Je le
Jure ».
PSYCHODR
Quatre s
LI vendredi 3 mai 1968 dans
la région parisienne —
« temps assez beau, tempé-
rature moyenne, vents faibles et
modérés à Test » — II se produit
à quelques heures d'intervalle un
incident et un événement. L'inci-
dent : le doyen Grappin ordonne
la suspension des cours à la Fa-
culté des Lettres de Nanterre.
L'événement : les Etats-Unis et le
Nord-Vietnam font savoir officiel-
lement qu'ils sont prêts i entamer
les pourparlers le 10 mai, à Paris,
« capitale de la Paix ».
Quatre cents journalistes américains,
soixante reporters japonais, en tout
nulle cinq cents envoyés spéciaux de la
presse du monde entier bouclent leurs
valises en hâte pour venir assister, ave-
nue Kléber, aux suites de l'événement. Ils
arriveront juste à temps pour être les
témoins, au quartier Latin, des dévelop-
pements de l'incident.
Ce jour-là aussi — 3 mai — l'Huma-
nité publie un article-réquisitoire de
M Georges Marchais, secrétaire du Co-
mité Central du P.C., dénonçant les
« groupuscules gauchistes », notamment
le Mouvement du 22 mars, « dirigé par
l'anarchiste allemand Cohn-Bendit » et
leur « malfaisante besogne, qui tente de
jeter le trouble... »
« Ces {aux révolutionnaires, écrit
M. Marchais, doivent être énergique-
ment démasqués car, objectivement,
ils servent les intérêts du pouvoir
gaulliste et des grands monopoles ca-
pitalistes... L'aventurisme gauchiste
porte le plus grand préjudice au mou-
vement révolutionnaire. »
Entre autres préjudices, les augmenta-
tions de salaires, les réductions d'horai-
res, l'extension des droits syndicaux que
les travailleurs vont obtenir durant ce
mois de mai et qu'ils seraient encore en
train d'attendre aujourd'hui sans l'aven-
turisme gauchiste des étudiants. Pour
eux, merci quand même...
I Nanterrement de 1re classe
Sitôt connu l'incident de Nanterre, ce
vendredi-là le quartier Latin s'enflamme.
Le recteur Roche — ô combien Tar-
péienne ! — mal inspiré (ou trop bien
Inspiré, n'est-ce pas M. Peyrefitte 1) fait
appel aux < forces de l'ordre ». Des gen-
darmes casqués entrent dans la Sorbonne
et M. Peyrefitte entre dans la légende.
Et dès le premier contact la police de
M. Fouchet met pleins gaz.
« Etudiants, ces jeunes ? écrit L«
Figaro du 4. Ils relèvent de la cor-
rectionnelle, plutôt que de l'Univer-
sité. »
Les désirs du cher confrère seraient-
Ils des ordres ? Le samedi 4 et le di-
manche 5, le gouvernement mobilise un
juge et fait condamner — pour l'exem-
ple — en audience de flagrant délit, à
des peines de prison ferme des étudiants
arrêtés au hasard. Le général de Gaulle
est en week-end à Colombey, M. Pom-
pidou e n voyage e n Iran et en
Afghanistan.
Les 6, 7, 8, 9 mal le mouvement
•'étend, gagne la province, les lycées.
t)es dizaines et des dizaines de milliers
d'étudiants manifestent : c'est la « poi-
gnée de trublions » dont parlait M. Pey-
refitte. Nouvelles bagarres. Au Conseil
des Ministres, le o mai, de Gaulle
recommande la fermeté. La police de
M. Fouchet ne se le fait pas dire deux
fois. Bien compris, mon général.
Une semaine s'est écoulée depuis le
commencement des troubles, et les télé-
spectateurs français clients de l'O.R.T.F.
n ont toujours pas la moindre idée de
ces manifestations d'étudiants qui rem-
plissent les pages des Journaux, les
ondes des postes périphériques et les
écrans des T.V. étrangères. Pas d'images,
ah ! surtout pas d'images, c'est la consi-
gne de M. Gorse, ministre de l'Informa-
tion. « Ah ! Celui-là. >
Le 10 mal, jour historique : la pre-
mière rencontre, avenue Kléber, entre
déléguas américains et nord-vietnamiens.
Mais surtout nuit historique : c'est la
première nuit des barricades, la nuit des
longues matraques et des tristes grena-
aes. Cela s'achève à l'aube sur le pavé
de la rue Gay-Lussac, du nom d'un chi-
miste célèbre pour sa loi sur la compo-
sition des gaz, mais que la nature des
gaz utilisés cette nuit-là par les gendar-
mes, C.R.S. et défenseurs de la loi aurait
certainement laissé perplexe. Cela
s'achève par une répression policière
d'une brutalité inouie, « indigne d'un
pays démocratique », diront dans un
communiqué les républicains indépen-
dants de M. Giscard d'Estaing eux •
mêmes. De Gaulle attendra près d'un
mois, et son interview à Michel Droit
pour donner son avis et tranchera le
7 juin.
Je dois dire très haut que les for-
ces de l'ordre public ont fait et ont
fait très bien leur devoir tout entier.
I L'invasion chinoise
C'est aussi la nuit des fantômes et dei
ectoplasmes gouvernementaux. Complè-
tement affolés, éperdus, dépassés, Joxe
premier ministre par intérim, Fouchet
(Intérieur), Messmer (Armée), Gorse
(Information, ah ! celui-là), Peyrefitte
(Education Nationale), herrent de mi-
nistère en ministère — de la place Ven-
dôme à la place Beauvau en passant par
l'hôtel Matignon. Ils tournent autour de
l'Elysée comme des phalènes, attendant
que la lumière en vienne. Oui mais le
général dort, et nul n'ose le faire réveil-
ler. Enfin, vers 6 heures, le général dai-
gne s'extraire de son lit. Il tient aussitôt
un conseil Impromptu sur la crise de
l'Université. Signe particulier ! à ce
conseil il convoque Foccart, le super-
chef de ses polices et de ses barbouzes,
mais pas Peyrefitte, le Grand Maître de
l'Université.
Le 7 Juin, de Gaulle dira à la télévi-
sion :
Et, pendant tout ce temps-là, le gou-
vernement est resté parfaitement
cohérent autour du président de la
la rue, de la gare de l'Est à Denfert-
Rochereau, pour le souhaiter à de Gaulle
au cri de « Dix ans ça suffit 1 » L«
défilé terminé les étudiants réoccupent
leurs locaux universitaires dans lesquels
des gendarmes campaient. C'est le pre-
mier des grands soirs de la Sorbonne,
la « nuit de la liberté », la « Commune
étudiante » qui commence, c'est le dé-
but du festival de la « contestation » et
du « dialogue ». Le lendemain, l'Odéon
est pris d'assaut- Jean-Louis Barrault en
profite pour faire savoir qu'il est mort
et Madeleine Renaud renaude, renaude
en pleurnichant comme une Madeleine...
I Bon comme la roumaine
Et le général de Gaulle ? Mais non,
mais non, il ne se désintéresse pas des
événements. La preuve, c'est qu'il fait
annoncer qu'il s'adressera aux Fran-
çais... le 24 mal, dans dix jours. En
attendant il décide hardiment d'aller
haranguer les étudiants — les étudiants
roumains, bien entendu, et part pour
Bucarest.
Les menaces qui pèsent sur la paix
civile en France n'ont pas fait renoncer
le général à son voyage. Il est vrai que
— de Gaulle le dira le 7 juin à la télé-
vision — « pour ce qui est de l'intérêt
de la paix du monde », le voyage en
Roumanie « aura finalement été essen-
tiel ». Eh bien 1 puisqu'en allant à Bu-
carest, le général a sauvé la paix du
monde, bravo 1 Mais que ny est-il
resté 1
L'un des premiers personnages qu'il
rencontre là-bas est l'ambassadeur de
Chine.
« Transmettez mes meilleures amitiés
A Mao Tsé-toung » lui dit-il. De quoi
mettre en joie les 20.000 Chinois qui ont
envahi, foi de Fouchet, le quartier La-
par AnJ
« ... l'impuissance de ce grand corps à s'adopt
exigences de la vie moderne... »
•er aux
République, et je ne sais pas dans quel
régime un tel exemple aurait été
donné.
... d'un président de la République qui
a pu si bien dormir.
Quelques heures plus tard, dans la
matinée du 11 mai, l'Agence France •
Presse diffuse une note officieuse des
« milieux gouvernementaux » qui pas-
sera à la postérité.
« On déclare voir dans les manifes-
tations de cette nuit l'intervention de
forces hostiles au retour de la paix,
alors que se déroulent à Paris les
pourparlers sur le Vietnam. *
Et c'est ainsi que tout le monde l'a
su : cette nuit-là, 20.000 Chinois avaient
envahi Paris.
Le samedi 11, Pompidou « le miraculé
de Kaboul » rentre d'Afghanistan où il
a pu mesurer, dit-il, « le prestige intel-
lectuel et moral de la France », et vive
Fouchet ! Trois heures après son re-
tour, il désavoue ses ministres... et de
Gaulle soi-même. Tout ce que Joxe et
les autres avaient refusé dans la nuit
du 10 au 11, Pompidou y consent dans
la nuit du 11 au 12. Il annonce que la
Sorbonne sera évacuée par la police,
que les étudiants condamnés seront li-
bérés et amnistiés.
Trop tard, Pompidou, trop tard. Dé-
sormais c'est parti... Le 13 mai, dixième
anniversaire de la gestation de la Cin-
quième 1 A l'appel des syndicats et des
étudiants, 800.000 Parisiens sont dans
tin. Réponse de Mao : le lendemain à
Pékin de Gaulle est brûlé en effigie.
Le 15, mi-mai. C'est le jour-pivot, la
péripétie. La grève de l'Université est
totale. Le relais ouvrier arrive. De jeu-
nes travailleurs agissant en dehors des
consignes syndicales débrayent chez
Renault à Cléon, puis le lendemain à
Sud-Aviation à Nantes, chez Renault à
Flins, etc. Les syndicats, pour ne pas
être débordés, sautent dans le train et
s'installent dans la locomotive.
Et de Gaulle ? A Paris, il « fait » la
page 6 des journaux. Mais à Bucarest,
quelle éloquencescu 1 Le général se fé-
licite du « vent salubre qui se lève d'un
bout à l'autre de l'Europe ». Nous aussi.
Tout de même, le 18, il consent à
avancer d'une demi-journée son rapa-
triement et rapplique à Orly... de nuit,
sans flonflons, sans T.V., l'O.R.T.F.
ayant décidé de « s'émanciper > et de
contester. Il retrouve la France prati-
quement paralysée : les ministres ré-
duits à l'état d'épyphénomènes, seul
Pompidou conservant un semblant d'ap-
parence de réalité.
Mot historique de Séguy : * Cohn-
Bendit, qui est-ce'? » Et Séguy, c'est
inii 1 Entre les étudiants, avec" qui la
C.F.D.T. garde le contact, et la C.G.T.,
qui les tient soigneusement à l'écart des
usines — pas de contamination ! —
c'est la guerre froide à l'intérieur de la
guerre chaude antigaulliste.
« // faut qu'on sache, dit Séguy,
que la C.G.T. monte la garde aie
de» revendications ouvrières. J
Et qu'on ne lui parle surtout pal
révolution : « l'autogestion » c'est «|
idée creuse ».
Le service des ordures ménager»
en grève. Pas le vocabulaire du génl
Le 19, de Gaulle lance sa consigne :
chienlit, non I » Au fait, à quoi v(
faire allusion ? Peut-être à la lettre|
le comte de Paris, à tout hasard,
de lui envoyer.
Ce jour - là, premier tract gai
appelant à la constitution de « CoiJ
de Défense de la République ».
Le 20, article de « Dimanche-Pré^
(de Bruxelles) i « La France te
de haut. » De haut, n'exagérons ril
De la hauteur (1 m 98) du général f
au plus.
Le 20, le correspondant du « Mor
à Moscou signale que dans les jourd
soviétiques et l'agence Tass on tri
des « comptes rendus sobres et cont
ses des événements, donnant, bienT
la plus grande place aux déclara^
des leaders du P.C. et des chefs
calistes ».
Néanmoins, on chercherait en
une appréciation, une analyse en I
fondeur de la situation, encore ni
une condamnation du gouveineq
gaulliste.
... Ainsi le gouvernement frar
continue-t-il d'être épargné p>
raisons parfaitement évidentes
tiennent à la position « réaliste
général de Gaulle sur la scène i
nationale. La mansuétude offic
soviétique s'exprime ainsi par l\
lence, l'absence de commentaire.
« Dix ans, ça suffit ». Mais pas
tout le monde. Et pas plus pourl
Américains que pour les Russes.!
correspondant du « Monde > à \Nf
Jngton note à son tour :
Aujourd'hui, toutes les remar
ironiques ont cédé la place à uni
quiétude très profonde. L'opi\
estime, en effet, que si le régime
liste tombait, il serait suivi pari
arrivée au pouvoir des commun^
même si, dans un premier temj
gauche non communiste l'emporA
Si l'on comprend bien, personn^
veut la place de de Gaulle. Ni les
ricains anticommunistes, ni les Ri
communistes, ni les communistes
fais, surtout.
I La fureur d'essence
Lundi 21. Ruée sur les banques et
les pompes. L'essence obsède l'existl
des Parisiens. I
22 mai. Censuré par les événeml
Pompidou ne l'est pas par l'Asseml
ni même par M. Capitant, l'avaleuj
couleuvres et confectionneur de
nodies bien connu, mais il l'est p£
docteur Tant (Tant-Pisanl) qui
«on cas désespéré.
Le 23 mai, Carmen TessierJ
commère de France-Soir, doit iJ
rompre ses Potins. Contre son gré, "
cisera-t-elle. Déjà qu'une grenade la
— Mettez un général dans votre mol
MES DE MAI
.. et la Cinquième
— Et le capitaine d«
C.R.S. qui pleurait dam
ion casque...
[ré Kilt AI I»
four
de
lune
iest
ral.
La
ut-il
Biste
hités
• mogène a été signalée Chez Régine. On
le voit, rien n'est épargné au Tout-Paris.
Le 24 mai, un certain de Gaulle, dont
on avait complètement oublié l'existence,
parle enfin à la T.V. Guili-guili, c'est pour
gratifier ses peuples d'un petit référen-
dum-dim-dam-dam, son joujou préféré.
Les gaullistes sont atterrés de son exhi-
bition. De Gaulle, qui fut-ce ? Le PC (ou
pam
pro-
Dins
tient
çaii
des
\qui
du
bter-
\elle
ti-
fcour
les
Le
|ash-
sur
tnce
fents,
fiée,
de
fcali-
le
Puge
la
ier-
?ré-
cry-
Un autre ambassadeur, sur ces entre-
faites, se pointe au Quai d'Orsay : celui
du Japon. 11 vient protester. Il a appris
que les « patrons > de la force de frappe
craignant un changement de régime, le
renversement de la Cinquième, veulent
prendre des précautions, qu'ils deman-
dent à Messmer l'autorisation d'avancer
la campagne de tirs 1908 et d'entrepren-
dre immédiatement l'expérimentation de
la bombe H française dans le Pacifique.
A ce propos avouons notre surprise.
La Force de Frappe, c'est la Pompa-
dour, la Du Barry du règne, le symbole
de toutes les folies ruineuses de la Cin-
quième. Des « années sociales » entières
— Pompi, faites-moi le plein pouvoir !
eur )
parti de la Crainte) tourne au PD (ou
parti -de la Débandade) et le PO (ou
parti de l'Ordre ou PP parti de la
Panique). Ça va très mal pour le
régime. A l'O.R.T.F. Zitrone s'est rallié
à la grève.
Manifestations paysannes : affluences
très moyennes. Cuis terreux ou culs ter-
rés ? se demandent d'aucuns. Manifes-
tations de la C.G.T. : puissantes et cal-
mes. Manifestation, le même soir, des
étudiants pour protester contre l'inter-
diction de rentrer en France notifiée à
Cohn-Bendit par Fouchet : elle se ter-
minera par une seconde nuit des barri-
cades au quartier Latin. Au passage on
a un peu brûlé la Bourse. « L'Huma-
nité » morigène : ce n'est pas en brû-
lant la Bourse qu'on détruit le capita-
lisme. Et pan pour ceux qui, le 14 juillet
1789 avaient cru malin de prendre la
Bastille !
I Les transistors ont tort !
Cette nuit-là, le gouvernement coupe
brusquement les radio téléphones dont
les stations périphériques — R.T.L. et
Europe 1, qualifiées par M. Corse (Ah t
celui-là) de « Radio-Emeutes », se ser-
vent pour rendre compte en direct des
manifestations. Il ne les rétablira que
le 30 mai, une heure avant le début de la
manifestation gaulliste des Champs-
Elysées.
25 mai. Après le bâton, la carotte. Au
ministère des Affaires sociales, ouver-
ture-grand spectacle des discussion de
Grenelle. Il y a un monde fou, mais on
en voit un qui n'est pas là aux côtés du
Premier ministre, c'est le responsable
numéro un de l'économie et des finan-
ces : Debré. Le cher garçon boude 1
Ce samedi il se passe à l'Elysée un
événement banal en soi, mais bien inté-
ressant à observer.
De Gaulle reçoit les lettres de créance
du nouvel ambassadeur des Etats-Unis,
Sargent Schriver. Il est à la fois tout
miel et tout mystère, dit que « l'avenir
dépend de Dieu », qu'il peut être
« agité » et même dramatique > et en-
chaîne :
Quoi qu'il doive être, monsieur
l'ambassadeur, je pense que l'Améri-
gué et la France seront encore une
fois ensemble, je le rappelle, $'il de-
vait arriver de grands malheurs à no-
ire humanité.
« Notre humanité > signifiant de toute
évidence et en toute modestie, le géné-
ral de Gaulle soi-même. Il y a là une
petite phrase, encore une, qui ne passe
pas inaperçue. Dans les milieux diplo-
matiques, on s'interroge : de Gaulle
aurait-il redécouvert les vertus de l'Al-
liance Atlantique et en particulier de
l'article 4 qui permet aux Etats mem-
bres de venir discrètement en aide à tel
d'entre eux qui serait menacé de « sub-
version » ? Vous voyez ce qu'on veut
dire J
ont été englouties pour la satisfaction
de ses caprices. Or, pas une fois, dans
les manifestations d'ouvriers ou d'étu-
diants, on n'aura lu ou entendu le slo-
gan : € Non à la Bombe, non à la Force
de Frappe ». Dans cette époque de
contestation, la Bombe semble être l'In-
contestée (1).
I La manœuvre sur le Rhin
Revenons rue de Grenelle. La C.G.T.
manœuvre comme à la parade, formule
soudainement l'exigence de l'échelle mo-
bile et tout aussi soudainement l'oublie
(l'opinion gaulliste, s'entend) comme
dira de Gaulle à -Michel Droit n'a d'égale
que la passivité stupéfiante du général
que vous savez, mais qui ne sait guère,
lui, où il en est. D'autant que, dans la
nuit du 28 au 29, Pompidou aurait fait
comprendre à son patron qu'il ferait
mieux, le patron, de passer la main.
Le 29, peu avant 10 heures, les minis-
tres arrivent à l'Elysée, un par un, pour
le Conseil hebdomadaire. Ils appren-
dront, un par un, par l'huissier de ser-
vice (encore heureux qu'il ne soit pas
en grève) que le Conseil est remis au
lendemain et que le général est parti
pour une destination inconnue. Les mi-
nistres sont un peu surpris, mais pas du
tout inclignés d'être traités aussi cava-
lièrement — en toute participation —
par le patron. A la différence des étu-
diants et des ouvriers, ils n'en sont pas
encore à revendiquer la dignité, les mi-
nistres.
Mais où est parti de Gaulle, avec sa
légitimité en bandoulière et sa légitime
dans le fourgon ? Porté manquant de
l'Elysée vers 10 heures, il n'est porté
rentrant à Colombcy que vers 18 heures.
Entre-temps, on le saura le lendemain,
il a fait une fugue outre-Rhin, chez le
cousin Kolb, pour chercher secours
auprès de ses généraux, surtout auprès
de Mas.su, commandant des forces fran-
çaises en Allemagne et du gendre Bois-
.sieu, commandant de la division de
Mulhouse.
I Les clandestins du mois
Ainsi deux personnages, à deux jours
d'intervalle, auront franchi clandestine-
ment la frontière franco-allemande :
Cohn-Bendit et Gaulle-Bendit. Et, à dix
ans de distance, un troisième homme
aura été le dcus ex machina des évé-
nements : Massu qui, en mai 1958, avec
ses paras d'Alger, imposa le retour de
de Gaulle ; Massu qui, en mai 1968, ga-
rantit son maintien avec ses blindés
d'Allemagne.
Le 30, assuré du côlé militaire, d'un
chantement, l'essence réapparaît. Paris
recommence à se délecter la narine de
sa bonne odeur, tandis que des mou-
en chemin. Le 27 à 7 heures du matin,
après 20 heures de discussions, Pompi-
dou, hâve, annonce la couleur et le
« protocole ». On a un petit choc en
l'écoutant. On croit qu'il a adhéré à la
C.G.T. Car à deux reprises, il parle des
satisfactions accordées « aux travail-
leurs en lutte ». En lutte contre qui, ca-
marade ?
Mais le « protocole », les travailleurs
le rejettent. Débordée la C.G.T. ? C'est
selon. Les uns disent : oui. Et d'autres
« Pas du tout. Elle fait semblant. > En
tout cas, le 28, elle opère un renverse-
ment d'aile spectaculaire. Alors qu'elle
avait jusqu'à présent mis l'accent sur
les revendications purement sociales,
elle lance le mot d'ordre : « Gouverne-
ment populaire » (avec le P.C.) et le
fait acclamer dans Paris par des cen-
taines de milliers de manifestants.
Pour la V°, c'est la fin ? On le croit.
Les candidats à la succession se hâtent
de découvrir leurs batteries : Mitter-
rand, Mendès-France qui va au mee-
ting de l'U.X.E.F. à Charléty, qui est le
favori de la C.F.D.T. et à qui le P.C. sa-
vonne la planche avec une petite phrase
(encore une) sur les « hommes pro-
videntiels ».
C'est la fête à Fouchet. Ses flics re-
nâclent, ses liaisons avec les préfectures
sont coupées et Cohn-Bendit rentre en
France au nez et à la barbe de ses sbi-
res. Ce jour-là, rapporte le journal an-
glais Observer, le P.D.G. d'une grande
société française file en Suisse en em-
portant dans sa voiture (il a, lui, de
l'essence) plus d'un milliard d'anciens
francs.
« La stupeur passive de l'opinion »
soutien massif et d'un appui Massu, le
général rentre dans ses cantonnements
parisiens. A 16 h 30, opération micro,
le maxillaire martial. De Gaulle ne vou-
lait pas d'élections législatives : il les
décrète. Il voulait un référendum : il
l'annule. J'ai dit. Mais les concessions
auxquelles il se trouve réduit pour en
sortir, il les assène, les martèle sur un
ton jupiterien, au fulminate. C'est un
général qui sait gagner ses défaites.
A peine de Gaulle a-t-il parlé, qu'avec
une spontanéité soigneusement prépa-
rée à l'avance, dans un vaste froufrou
tricolore, les frou-froussards de la
veille se ruent vers la Concorde. Le
Tout-Parti de la Crainte, rassuré, déferle
sur les Champs-Elysées. Quel parti I Et
quelle « party » ! Tout le monde sont
là : les marquises du noble Faubourg,
les barbouzes, les gorilles, les ministres,
les gaullistes de droite, de gauche, du
milieu, les comités d'Action Civique, les
noujadistes des deux obédiences, le
Mouvement Occident, les ex-activistes
réactivés pour la D.R., tout le parti de
i'Ordre-à-vos-ordres - mou-général ! Le
vieux Mauriac fait la postiche. Maurice
Schumann, pâmé, et qui était resté
pendant tout le mois de mai terré dans
l'hébétude, salue la foule du balcon,
prêt à sauter. Debré est au bord de
l'hystérie. On s'émerveille : « Cela res-
semble à l'atmosphère de la Libération.
Et on crie: « Cohen-Bendit à Dachaul >
C'est grand, c'est généreux, la France-
aux-Fran<;ais. Un groupe de religieuses,
rapporte France-Soir du jour, scande :
« Mitterrand, fous le camp 1 » « Et ta
soeur !
Ouf ! dans la soirée, comme par en-
Voir If dictionnaire Lercane (ifc)
vements de chars et de troupes sont
signalés, à tout hasard, aux environs.
Ça rou'je, compagnons, ça roule.
Ouf ! L'autre P.C., le communiste, n'a
pas l'ai:» trop mécontent de la tournure
des événements. Lui que, un peu de
plus, on allait obligé à faire vraiment
des misères, des misères révolution-
naires, à de Gaulle. Il clame fièrement
que les élections, il ne les craint pas,
et remballe en hâte ses slogans et ses
calicots de l'avant-veille : « Gouverne-
ment populaire ». Kéksékça ?
31 mai. La fausse entrée en Sixième
s'achève par une fausse sortie style
III* : par un remaniement ministériel.
On prend les mêmes et on les met
ailleurs. « Passe-moi les Finances, je te
passe les Affaires. » Pompidou demeure
Ses amis prétendent même que les
événements lui ont fait prendre du ga-
lon. Avant, il était le second du général.
Maintenant, il est le Premier-bis. (Le
dictionnaire Littré : Hose de mai : rosé
pompon. Mais, comme n'a pas dit Dû-
tronc, y a des épines).
On note toutefois que si de Gaulle
remanie le gouvernement Pompidou, il
ne change rien au vrai gouvernement,
celui qui siège auprès de lui à l'Elysée
et dont MM. Foccard et Tricot, secré-
taires généraux de la Présidence, sont
les caciques.
Ainsi finit ce joli mois de mai.
Le 4 juin, l'hebdomadaire anglais Sun-
da;/ Times tire en ces ternies une pre-
mière morale de l'histoire.
« Le soir du 22 avril l'JtJi, alors
qu'on redoutait une attaque des t/éné-
rau.r rebelles d'A/f/cr sur Paris, un
haut fonctionnaire des services se-
crets quitta Paris dans un comparti-
ment fermé à clé d'un train qui
parlait pour Genève. Avec lui, deux
f/ai'des armés et six valises contenant
des millions de francs. Destination :
une banque de Genève. Bat : financer
un gouvernement de Gaulle en exil,
au cas où les f/énéraux auraient pris
le pouvoir à Paris.
De Gaulle l'emporta. Pour ses ser-
vices, le haut fonctionnaire fut fait
commandeur de la Lcijion d'ilonnenr.
L'argent inutilisé est toujours à Ge-
nève. Ce n'est pas celte fois qu'il ser-
vira. »
Allons, ce sera pour la prochaine.
(1) Ce contre quoi s'insurge en faux un
syndiqué céijétiste de Saflay- « .Vous étions,
m'écrit-il, trois cents travailleurs de l'Ener-
gie atomique à défiler de la gare de l'Est
à Uenfert, le 13 mai, au cri de : « Des écoles,
pas de bombe I » Et \e groupuscule que
nous formions fut remarqué et encourané. »
Dont acte. Mais cette exception brillante
n'aura que confirmé la règle.
Ce que criaient
les barricades
LE régime a, enfin, .ton mol Iiisloriqne.
.Et il le doit à qui de droit, c'est-à-
dire an préfet de Police. « IL \'EST
PAS CONCEVABLE Ql'E DES HARRl-
CADES SE DRESSEXT DA\S PARIS. »
(Déclaration à la Presse, samedi 11 mai.)
Pesez, je vous prie, celte phrase, sublime.
Certes, M. Grimuud n'est vraiment lui-
même qu'une massue an poing, te! Her-
cule. Et pourtant, ce modeste penseur du
Quai des Orfèvres, comme eût dit, en
d'autres temps, Malraux, a trouvé d'ins-
tinct la sentence géniale qui jette à la
poubelle la Marseillaise de Delacroix et
tranche entre les deux conceptions sécu-
laires de la grandeur française, les Ordon-
nances ou les Barricades. D'un coté,
l'Etat autoritaire, coupé peu à peu du
pays ; et, de l'autre, les réulités mouvantes
et méconnues.
Que l'autoritarisme finisse dans l'abs-
traction, la preuve, l'autre soir, en a crevé
les yeux. Alain Peyrefitte occupait la télé,
et, à l'instant même, le pays le démentait
mot pour mot dans la nie. Il parlait, mais
de quoi ? De la France ? Xon : de l'Etat
gaulliste, d'un système qui, à force de
certitudes en vase clos, fonctionne désor-
mais pour lui-même, nourri de ses propres
slogans, se renvoyant sa propre image ;
d'une construction pirandellienne, par-
faitement cohérente, presque crédible, où
les choses sont ce que le Chef les pense
comme le monde est pensé par Dieu : la
France ravie de son gouvernement, les
« Vous allez voir qu'il va parler de pres-
tige. * II en parla /l'entrée. « Le prestige
de la France en Iran »... dit-il. Allons, la
France était toujours la France.
Mais M. (îrimuutl a raison : les ordon-
nances on les barricades, il ]aut clioisir.
Deux constantes de l'Histoire. Deux logi-
qucs />o!iti</ues, mais aussi, lieux états
d'esprit qui se parlai/eut la France. La
preuve ? Vous la trouverez partout, au-
tour de vous, et, tenez : dans les déclara-
tions des Syndicats. Samedi soir, à Radio-
Luxembourg. ii'.X.E.F., syndicat de gau-
che, « réclame la libération de nos cama-
rades détenus » ; la F.\.E.F., syndicat
droitier, « attend un geste de clémence ».
De la première à la seconde formule, il y
a tonle la différence, entre l'homme droit
et l'homme courbé, le citoyen adulte et le
citoyen enfant soumis au Père. Ces deux
philosophics sont inconciliables <et voilà
pourquoi, entre autres, on ne peut être
gaulliste de (/anche). Le drame de la
France est, eji effet, que depuis Louis XIV,
ce qu'on appelle autorité ou grandeur porte
obligatoirement un masque de théâtre.
Rappelez-vous ce qu'on a osé. appeler le
Grand Siècle : d'une part, une France dra-
gonnée, envahie, sombrant dans la misère
(à l'annonce de la fin du règne, le pays
éclata de joie et de chansons) ; et, de
l'autre, un roi de parade, habitant un lieu
de nulle part. Versailles, avec des riles
abslrtdts de tragédie racinienne. « L'Etat,
c'est moi ? » Ah ! ce qui me fascine dans
par Morvan Lebesque
problèmes résolus ou en voie de l'être,
l'agitation insignifiante « sans rapport
avec ce qui se passe ailleurs », etc. C'était
hallucinant : au fur et à mesure que le
ministre produisait une affirmation, et
avec quelle sérénité d'archange ! la rue
hurlait le contraire par des milliers de
transistors. Tout pensé, tout imaginé, tout
prévu à l'envers. Les groupuscules deve-
naient des masses humaines, les problè-
mes éclataient dans la rue, la ville soute-
nait les rebelles. Plus rien ne restait de
la machine. Autorité broyant du vide, sauf
un levier cognant mécaniquement les
crânes. Tu cognes, tu cognes, c'est tout ce
que tu sais faire... On la sentait bougonne,
désorientée, tons azimuts, risquant de
pauvres mensonges, de misérables finas-
series. Dans mon pays, d'un homme qui
renâcle hargneusement à reconnaître sa
défaite, on dit qu'il sent le « vieux-battu *.
Eh bien ! l'Autorité gaullist sentait le
vieux-battu à plein nez. Elle eut tout de
même le dernier mot — entendez que sur
tout cela elle apposa sa signature. Car cet
Etat gaullien, à la fois Roi-Soleil, Char-
les X et Louis-Philippe, un peu de tout et
un peu de rien, cet Etat reflet, donc, pos-
téde son vocable reflet, le mot le plus vide
et le plus prostitué de la langue française,
le mot du Tout-Paris et des dépliants
publicitaires, valable pour n'importe quoi,
un parfum, une voilure, la tour Eiffel, un
slip — le mot Prestige. Samedi soir,
comme tout le monde, j'attendais Pompi-
dou. Brusquement, j'eus une intuition.
celte formule, c'est sa justesse. L'Etat, oui.
Pas tout à fait la France. Et depuis, tout
régime, en France, qui s'est prétendu
grand parce qu'il affichait une superbe
extérieure, parce qu'il en imposait, parce
qu'il était hargneux, vaniteux, péremp-
toire, a reçu le droit, refusé à tous les
autres, de commettre les pires erreurs. Il
ne comprend rien à son époque, il jette les
jeunes au chômage, il gaspille l'argent en
folies coûteuses. Mais, disent les niais avec
une mine gourmande : « Avec lui, au
moins, on se sent gouvernés. »
Restent les barricades. Et par là, je
n'entends pas seulement un amas de pavés,
mais les réunions que tiennent, en ce mo-
ment, professeurs, étudiants et, je l'espère,
ouvriers, c'est-à-dire des gens compétents
et de mérite patient, affrontant des pro-
blèmes qu'ils connaissent et s'efforçant de
les résoudre de la seule manière pratique,
hors de l'Etat superbe et incapable. ,Ye
vous y trompez pas. c'est le contraire de
l'anarchie. C'est l'ordre des réalités succé-
dant à l'ordre du songe. F.t c'est aussi la
démocratie, la vraie démocratie. que
criaient les barricades et non la carica-
ture qu'eu ont faite les républiques bour-
geoises. Quant au prestige... Ecoutez les
échos de la jeunesse du monde, à Berlin et
ailleurs. Certes, il se peut que Farah Diba
ne soit pus d'accord. Mais qui a jamais
songé à appeler 18150 les Trois Presti-
gieuses ? Les barricades de Paris n'ont pas
de prestige, elles ont de la gloire.
De Gaullescu saluant
un groupuscu d'étudiants roumains
COMMENT LES AMERICAINS VOYAIENT L'AVENIR
DE LA FRANCE
C'était le 18 mai. Et pendant ce temps, ou quartier
Latin...
Mai - manchettes
Le Canard
eneliamé
J«l aUf, pnfcm U
Le gouvernement a perdu
le contrôle de ses Facultés
(* Canard » du S-.">.)
1 ftcrnwre minute
J De Gaulle occupe
l'Elysée'
Hd
Le Canard
enragé
fâh DeC.aulle: 1 #Vv un homme I Vêff) se penche... 1
...sur ty 'il son pavé ^Lëfl
Canard » il il 22-.ÏJ
Le général
CU-En-Li
] Le Canard
J enchaîné
Jml OMn |rin»l Il mtatt
Marianne passe l'examen d'entrée en VIe
t« Canard » du 22-5J
Pourquoi hélas ! l'a-t-elle raté ?
Mon prestige à l'étranger
Du correspondant du Monde
New-Delhi Ci.Vô) :
... le désordre qui règne en
France vient de ruiner
l'image que se faisaient les
Indiens d'une France stable
et prospère que le général de
Gaulle entraînerait résolu-
ment sur le chemin de la
grandeur. L'humour, denrée
fort rare ici, fait son appa-
rition lorsque certains offrent
au président français de venir
à Delhi pour y tenir en ter-
rain neutre une « conférence
de paix » avec ses adver-
saires.
Du journal social - chrétien
belge « Vers l'Avenir » (23-5) !
« Ce sera le mérite des
jeunes d'avoir tiré le signal
d'alarme ; d'avoir fait tomber
de son nuage le vieux Merlin
qui n'enchante plus rien ni
personne ; d'avoir démontré,
en fin de compte, l'impuis-
sance d'un régime qui refuse
le dialogue et la prévision,
qui court-circuite le Parle-
ment.
> II est minuit, docteur de
Gaulle....
10 — LF CANARD t)E:MAI
Madame de Naguère à Madame d'Encore
E\DAXT quelques heures entre le 29 et 30 mai, on crut que c'était la fin, et sans recours, côté Cour. D'où une première chronique qui
piirut dons la « Tribune libre » de Combat du 30 mai.
La semaine suivante, il fallut se raviser. Ce n'était pas la fin, ce n'avait été qu'une répétition i/éncrale.
Deux chroniques. Ou, à travers ses métamorphoses : la maintenance de Madame de Maintenant.
LES RATS PARTENT..,
LE 29 Mai, dix ans jour
pour jour après qu il eut
annoncé au peuple qu'il
engageait le processus de la
restauration, le Roi fut forcé
par le peuple d'engager celui
de son abdication. Quel terri-
ble retour des chose* ! Quelle
leçon prodigieuse ! Quel fatal
accomplissement !
Les prairie» de Colombey
resplendissaient de fleur*
quand le Roi y arriva à la four.
dîne pour y méditer sur leg
malheurs du règne et l'abaisse*
ment de l'orgueil des Grands.
Pour ce prince, c'était l'au-
tomne en mai.
Déjà, depuis plusieurs jours,
on avait vu se décomposer le
peu de Cour qui restait autour
de lui. L'insolence qui avait
été pendant dix ans le masque
Ordinaire des courtisans et des
ministre!, s'était figée sur leur
visage. 11 régnait sur l'Elysée
un air de veillée funèbre, le*
corridors, les antichambres, les
arrière-cabinets offraient le
spectacle confus de la désola»
lion. On entendait les mugisse-
ments contenus des clievau.
légers, on apercevait partout
de petites compagnies de silen-
cieux qui méditaient profondé-
ment aux suites de l'événe-
ment, les yeux fichés à terre,
tirant des soupirs de leurs ta-
lons. Mais le plus plaisant à
observer, c'était les manèges de
ceux qui prenaient leurs mesu-
res pour se hâter furtivement
de courir trahir.
Recluse dans ses réduits,
Madame de Maintenant, que
dis-je ? Madame de Naguère,
exhalait du matin au soir set
regrets sur le ton éploré de la
litanie i — Ah ! ci Charle*
m'avait écoutée quand je le
suppliai en 1965 de se retirer
a Colombev dans le sein de sa
gloire et de n'aspirer point A
un second septennat.
Mais Charles n'avait écouté
que « ses voix ».
Que de jours passèrent, au
long de ces semaines cinglan-
tes, avant que le Roi sentît,
par degrés, que les temps de
ton omnipotence étaient révo-
lus. Quoique le coup de ton-
nerre de la révolte de ses su-
jets l'eût tiré du songe dont
il se berçait depuis dix ans, te»
yeux ne se dessillèrent point
d'emblée. Il voulait se persua-
der que celte Fronde était
tournée, non contre lui et
contre son despotisme, mais
contre la sottise et les bévues
de ses ministres. Il pensa
l'apaiser par ses chimères réfé-
rendaires. Il redoubla de bon*
mots, de saillies dérisoires,
clama que jusque dans sa ré-
bellion « la France était exem-
plaire ».
Le pauvre homme ! Déjà ce
n'était plus qu'un roi de plâtre
régnant sur un postiche d'Etat,
de qui l'autorité ne s'étendait
pas au-delà des murs de l'Ely.
tée. Mais il ne le savait pas
encore et longues journée*
«'écoulèrent avant que ses mi-
nistres et le» personnages de
fa manche osassent enfin de
lui dire.
C'est en vain qu'on avait vu
le Premier ministre se saisir du
timon vermoulu de l'Etat et
tenter à la dceespérade de sau-
ver la couronne. Las ! il n'était
plus question que le Roi
réchappât du naufrage.
Le rideau tombait, la scène
changeait.
Et voici qu'à l'heure «lu
dénouement, revenait à la
mémoire la sentence fameuse
de Balzac dans « Sur Cathe-
rine de Médicls » t
« À l'exception de Charte'
magne, Ions le* rois de France
du nom de Charle» ont fini
niisérablement. »
Le dernier Charles, a son
rang, axait accompli la ptuole.
André Riboud.
LES RATS REVIENNENT...
LE Roi, qui avait engagé
le 29 mai le processus de
son abdication, le sus-
pendit le 30, après qu'il eut
vu en cachette ses thaumatur-
ges et ses généraux. II avait
commencé sa fuite à ^ arcnnes,
mais par le chemin des éco-
liers, en faisant faire à ses
•ochcs volants force saut», re-
fonds et détours — à Saint-
Di/.icr, à Badnn-Badcn, ville
d'Empire, à Mulhouse, à Co-
lombey. Puis se ravisant, avant
que quelque maître de poste
pïoiset l'eut reconnu, il revint
à Paris connue un gentilhomme
qui fût allé respirer l'air de
g» maison des champ?»
Madame de Maintenant fut
fort ballottée dans cette expé-
dition. Le Ko! lui avait prescrit
d'emporter son bagage le plus
personnel, ce qui la persuada
que son voyage serait tans
retour. Déjà elle s'était accou-
tumée de «'entendre appeler
Madame de Naguère. Et voici
qu'elle refleurissait soudain,
an point qu'on lui donnait
dans ses cnloiir- du Madame
d'Encore et de Dorénavant.
Ce qui surprit c'est qu'il suf-
fit au Roi d'un coup de boîte
à babil et du court discours
qu'il y tint pour tout étourdir
en apparence autour de lui et
rebéquer la coalition de ses
ennemis. Sa couronne brimba-
lait. Son trône était plus qu'à
demi renversé i une chique-
naudc l'eût jeté à bas. El, par
son peu de mots de harangue,
le Roi avait reniaconné son
eocle, mais quel petit ciment !
Ce qui ne fil pas moins de
surprise, c'est que le Koi
qu'on avait vu le 24 dan» les
étranges lucarnes affaissé,
décadent de tout son visage,
eut retrouvé sou bronze et sa
vigueur de ^oix d'autan. Ou
rapporta que s<.s thaumaturges
avaient ac^clei-é la métamor-
phose par t'es potion- niervcil-
leuscs et des i lixiis slupé-
fiants:.
Voici qu'il léguait derechef,
mais dans «juel état et sur quel
Etat ! Le Parti Cr.iinlif, qui
s'était biolti autour de lui après
le coup de tonnerre de sa
harangue du 30 mai, s'aperce-
vait que l'effet, après quelques
jours en était fort amorti.
Cette harangue n'avait point
réduit les travailleurs à retran-
cher de leurs récriminations et
à reprendre tout d'un temps
leur ouvrage. Les courtisans,
quoiqu'ils eussent reïro»\é un
peu de leur insolence d'avant
mai, gardaient le caquet ra-
batlti, iuquiels des suites d'une
aventure dont il- tentaient bien
tju'eîfe ne tournerait pas long-
loiips à leur fortune.
Te,'.it ce grand corps de la
monarchie sonnait creux. Rien
de plus dérisoire que les posti-
ches de changements apportés
au ministère : quelques sots
chassés, quelques béats ingérés,
quelques coiitropets de porte-
feuille dont celui qui se fit
entre Monsieur le Prince et le
marquis Mouve de Curville. Ce
n'était pas assez pour faire
accroire au peuple que l'esprit
de réforme allait souffler «ur
l'Etal et abattre les Bastilles
qui s'y étaient bâties en dix
ans. Néanmoins, pour dorer la
pilule, le Roi donna pei mission,
à eon Premier miui-tre, succes-
seur de soi-même, de prendre
le nom de Poinpideux.
Mais, dans les arrière-cabi-
neïs, les plus per-pi<';u es Jes
serviteurs ifu Roi ne voyaient
point l'avenir sous des dehors
riants i le Roi, disaient-ils, a
gagné une bataille. Mais n'a-
t-il point déjà pei du !.. guerre ?
André Riboud.
LE CANARD DE MAI — 11
JE VOUS SALUE
PARIS !
Par St-.Tacques, St-Michel,
l'ai 1T.N.K.F,, la S.X.E. Slip,
L'ouvrier qui occupe
Son usine, à Javel.
l'ai- les cars pleins de bour-
[res
M:i~-,es au Luxembou'1;*,
1' H les pavés des rues
Fi par les barricades,
Par les je!s de grenades
Mt les flics qui se ruent,
îe von-, salue, Paris !
i'ar la fouie des On
En blouse ou en sarrau
Ecartant les Barrault
Place de l'Odéon
Par la grève à Auteuil
(«signant dans un fauteuil,
Par la contestation —•
Service « Immobil-Oil » —
Par la marche à l'Etoile,
La manifestation,
Je vous salue, Paris I
Par tous les syndicats
Luttant pour les S.M.I.G.,
[S.M.A.G.
Et par tous les micmacs
Pour quatre ou cinq ducats,
Par le Quartier Latin
Et ses tristes matins,
Par les hôtes-ruisseau,
Les damnés de la terre,
Par la faute à Xanterre
Et la faute à Kousseau.
Je vous salue. Paris !
Par le monde futur
Qu'il faut construire en
[hâte,
Par tous les fhiciat
El les née nieraitur,
Par la réforme-oui
Naissant de la chienlit,
Par tous les interdits,
Par Lyon, P.ortleaux, Nan-
ties,
La France bourdonnante,
L'Hexagone-Bendit,
Je vous salue, Paris !
Roland Bacri.
La grande "manif"
automobile du 4 juin
(Ou la France sort de l'immobilisme)
Vive
le Bendit né roux !
O
.V l'eut rx/iulser C.o'in-lien-
<lit. (\ul doute que si celle
mesure, était prise, M. Sé-
serait le /ire/nier à [irotes-
si nt>tm en
plus >lc clitiscs en iii.>: jour,-: f/ue
d'autres en di.r ans, certains en
seraient encore à attendre en
gare que le train ttrrii>e.
Ils l'ont i>ris en marche. Ce
n'est /lus une raison /mur en-
gueuler le mécanicien.
A. R.
IA [tins importante inani-
les!,diuu de ce chaïul
M;ii ";'i c-.i n'a pas chi'i-
nu'1 fui. >a;is coiilesle. ce! le
du 4 Juin : pins de deux mil-
] M PUS de |>;i ri icip:: n 1s o 'lit rc
un niilii'pii à la m.anif - de
la l'asiilie à Salnl-I.a/aiv.
L'original'îé (le ce rassem-
blement populaire c'i'sl (pie
ions les manil'esi.aii'.s. ici,
étaient en voiture.
l'oiir l'hisl iirc\ renicnlons
à l'origine de ce vasle mou-
vement, (|ni fui, il faut bien
le dire, un vivant symbole de
l'union, ou, tout au moins, de
l'unilé de \ ne des Français.
ORIGINE DU MOUVEMENT
Le li juin au soir, le bruit cir-
cule — c'est la seule chose <|ni
puisse circuler, en ce moulent —
que le (ir:md Pompiste revenu
(l'une futile-express à liadcn-
Haden, vient, dans un premier
geste de libération, de libérer
les liyilrocarbures. Immédiate-
ment, c'est une ruée vers les
stations-service. Les premiers
j servis sont, bien entendu, les
« prioritaires » qui faisaient
([lieue depuis une semaine, sur
îles doubles files qui s'étendaient
j parfois sur plus d'un kilomètre,
(les « activistes » ont rapide-
ment fait le plein. Après eux,
la foule non moins piaffante
des « non-prioritaires » qui ont
j hâte, eux aussi, de mettre un
j Clemenceau dans leur moteur.
| La fébrilité à toutes pompes. On
sent que la France va enfin sor-
tir de cet immobilisme dans le-
quel les yreves diverses l'ont
plongée.
Flic <[iii rit
**•-;
union * le /lomutir, iio'is lui
rctirerioiix son pusse/Kirt, n
C.nhn-llenilit. Pour l'em/iècher
île :iurtir. (.nr quand on a dans
un IHII/S un jeune homme doué
d'un ai reinarqnalile tempéra-
ment n:i[ilit/ne, on se le aarde. j
Voilà un i/arci>n résolu, dé-
chlé, i/ui dit ce qu'il fuit, qui
fnil ,•(• y//'// dit, qui déhorde de
vie. île dunamisme, d'insolence,
(/ni n dominé dans îles délxils
lo:is les l'ien.r briscards', tous les
]>rii' essioiinelx de la dialectique
n" ' i/uels il fut opi><isé, et. /i«r-
ile.tsu.s le marclié, <iai, rieur, 1(1
yV'('-'('s'<<" quoi ! (.<• qui nous'
(7<.•;.,•<• dex conslifiés de /'/i'.V.V,
dr^ sclérosés des ai>i>arei!s.
!)e-< lus de </enx, aujourd'hui,
f'inl lii fine hiiuctie, Main sans
/,'v étudiants et sans (jdhn-
/.'(••/ //( — qui ont fait boiujer
ACTION CONCERTEE ?
l-\l ce un ni'iuvcment concer-
té ? l.rs manii'e-.lanls olie:ssent-
ils à ne-, ;ii"ts d'ordre précis ?
On IK- s,un',ii! le dire, tani a é!é
.!;;• imie, d.":s h'-; nianil'( slalioiis
; \'' r:1 s : f r!";! 'ers } en; ! >s. ia Jîai't
de l'i ','.!}:', p\ isal ii Ml. Le tait est
que ie i juin, îles l'aiibe. on ob-
servait à tontes les portes de irt
capiiali'. d'impressioiinanles li-
le.s de vi.ilures convergeant vers
le e'/nire, (|ui .semblait être le
lieu du faraud rassemblement.
Masse compacte et speelacn-
laire : nous pouvons citer le cas
d'un manileslant-aulo i|ui, jiarti
à sept heures île la porte d'As-
nières, arrivait à lô heures en
vue de la gare Saint-Lazare. On
assiste, d'ailleurs, à de.s scènes
de sympathie : des nianilestunts-
Hiilomobiliste.s prennent à leur
bord des auto-stoppeurs. Pour
jouer aux caries. D'autres, orga-
nisent de.s nique-niques : on fait
sauter le.s bouchons... La manif
jirend l'allure d'une .grande ker-
messe de l'hydrocarbure...
DES POINTS CHAUDS
19 heures : Des piétons, ce-
pendant, nous signalent qu'il y
a des points chauds : des auto-
nioliilisles immobilisés depuis
plusieurs heures à l'Opéra, à
Clin ,r.:ci:t de la e?n ,: !al : ".i .1 . \
canv!'i'urs les phis eliaud -,. 1 )•. u s
un bu! d'apaiseme;;!. la l'!'.''V •-
turc les a appel; s a i Meurs, lîen-
doas ici ll'l lion, ii:;:^e d ise' et
à M. (irimaud.
'2- ht'lires. - - I! .ippar.iii q;,e
la grande manif ••- du 4 .lui'i
ne eonsislail pas en un défi!'',
mais eu un nieelini/ monstre.
Les manifestants courmcneenl a
br.iiller des slogans soeiaus :
« Auto-gestion ! Aulo-'-:eslion ! >/
Lit certains se l'elieilent même,
que Heiiauit-liillaiieourt, l'en-
{jeot et C.ilroèii soient en yrève.
— Ou'es|-ee (pie ça serait !
disent-ils.
J!.'i heures. — C.'i'st l'heure
(les x< ])(nissenrs de \oilure • —
ce petit métier né de l'institu-
tion des « prioritaires aux pom-
pes », et qui consistait à pren-
dre en charge la voiture desdils
prioritaires, dans les queues,
pour la pousser jusqu'à la sl.i-
lion-service (ils étaient paves
à la journée!. Les manifestants
n'ont plus une goutte d'essence
dans leur réservoir.
Lt la « manif •> cessa, t'aide
de carburant.
C.e qui nous valut, d'ailleurs,
ce litre du l'ianro :
/)c Ii Concnrde à l'Kloile :
i.i- lu.rt's Di- /.'.t.\.i/iv.,7//.;
Gabriel Macé.
Flic qui
La France continue !...
12 -- LE ANARD DE MAi
A la manifestation gaulliste des Champs-Elysées, le
30 mai.
Quelques jours plus tôt, au quartier Latin.
CASIiUI. — « C'est difficile à -lire,
mais il f;itil le dire : le quartier Latin
n'est pas l;i Casbah d'Aller, et il n'est
pas concevable de le « nettoyer •> tniiiin
militari, niènic si. fournie c'est sans
doute le l'as, une majorité de Parisiens
et de Français souhaitent la fin du
cauchemar... * (Le Junriuil de Génère.)
COIIX-HLXD1T. — Aninialeur du
Moiiveinent du 22 Mars (<|ui va devenir,
après sa dissolution, le .Mouvement du
18 juin). Fut le détonateur, combien
étonnant el tonifiant ! C.onnu du monde
«nlier, sauf de M. Séjjuy (« C.fjhn-Ki itilit,
qui esl-ce '.' t
C.O.\<;<)1.ISAT[()N. — Dès le début des
troubles île mai, plusieurs journaux fran-
çais et étrangers écrivirent qu'on assis-
tait en France a un processus de coni;o-
lisation. lu journal congolais pi'il lu
mouche et, d'une |>!mne offensive, répli-
(jua. à ju.sle raison d'ailleurs. t|ue tout
était calme et ordonné au Con^o actuel-
lement et <|ii'il ne fallait plus parler
de •• cuiiLMilisal ion » mais de -,- francisa-
tion • quand un voulait caractériser une
siliialion anal cbi(|l!e.
A noler les » Kalangais > de la Sor-
l)oni!e el ci1 i|iii s'est passé à Lii/abcth-
ville (près <ie 1 lins).
CM.\1.\TI-: (parti de la». — Le premier
))ai'ti (pour Badcn-Badcni de la Crainte
fut le 2!) mai. le général de CauFe. Crai-
gnant pour •-a ié.yit imité, i! alla chercher
.secours auprès de ses généraux. les([,iels
lui promirent leur aide mais sous cer-
taines eundilions. Titre de •< Combat -
du II |uin : DE CAI'LI.E S'EXE-
crn: : IL P.E.VD SAI.AX. /..; iii<èni-
tini, /irni-h-ii,!!- <lu ch-'f tic /'O..1..S. e\t
le l'ïi.r <::'e il"i'i ii' iii'rxi'dent île lu lii'-
f>iil'li(/iu i; inru'ée /;'//;;• !'ii;>mr min :i!i:!i!i
en ,'n./;('";>.
yrfiS%
'*§?
KCilKLLL \i(;i:ll.r:. - li-ve.rii.-at: .n
i ' i, : : ii .|)i 11--.ee :i;ie ii(-ii! e .tpi'es ;e inr e!tl
lancée a Lrund fracas ]iar la C.'i.T. à
la Conférence de (irenelle. On n'eu a
p.'us l'tparié ile|iiiis. I-ii;ui'(; parmi les
disparues du mois de mai.
Kl) C ÇA T 1 0.\ XATIOXALH. —
« L'JOducalion Nationale est la plus
belle réussite de la Cinquième Hépubli-
que > (Pompidou à la télévision, au-
tomne liMiX).
ELBE (re/uur </e l'i/e il'). — Lorsque
Napoléon, revenant de l'ile d'ivlhe. se mit
en l'oute vers Paris, la presse parisienne
royaliste le couvrit d'injures. Mais au fur
el à mesure (pie l'empereur se rappro-
chait de la capitale, le ton des journaux
se faisait plus doux, pour devenir enthou-
siaste quand il n'en fut plus qu'à deux
ou trois étapes. Le faux départ du gé-
néral de Caulle provoquera, toutes pro-
portions gardées, un semblable pbéno-
jnène cbe/. certains confrères. C'est
ainsi que L. Cabricl-Hobinet, qui. dans
Le l'it/tirt). avait déjà pris pied dans
l'a près-gaullisme, revint précipitamment
en arrière.
(Test ainsi que le 3l mai il écrivait :
« De Gaulle u rclroni'é hier la noi.v el
le.t nreenlfi c/''.s' annula \nurx... Puurqii'ii
n'ai'iiir /<c/.v tenu plus lot ce lum/iii/e. l:ii
seriniix-nniia urrii'é.i là... •>
ICt le lemlema in, l*r juin, après la
inanil'e.slioii des Cbamp-Llysée.s : « Le
IHIIJX '! rei/rix cmijiiiurf. •>
I-:XMA(,i:S. — Nom donné pai- Pey-
refille aux étudiants de Xanterre qui, dès
lors, décidèrent de faire eiira:;er le mi-
nistre de l'I'.duealion Xatioiiaie et, ap-
paremment y ri ussireiit.
ESCUDO. — Le Journal de (',< ::cn:
(déjà ciie) parle de «• celle p>ilitii|iie de
grandeur qui a ]')orlut;alisé l'économie
française, édifiant le défi au dollar sur
lin tas d'or — l'ex^udo aussi est iiiu:
monnaie forte — alors que tant de Fran-
çais, jeunes ou vieux, s'inierniia'nt pa-
lliétiqucmonl sur leur avenir. $
KÏTDLVNTS (et OLYMILMS». — ,< Au-
jourd'hui, je vous mets au défi de faire
JMHiiier les étudiants, sinon pour les
revendications relatives aux restaurants
universitaires. De même, je vous mets au
défi île faire bouger les jeunes ouvriers,
sauf pour Us questions de salaires. *
(De Caulle en Février 1!).">8. d'après
.1. M. Tournoux : * Lu Init/eilie du ijf-
néral. i )
FOI'CIILT. — Ancien ministre de
l'Kducal ion et de la police nationales,
ténia de reformer 1T niversiié à l'aide
des C.M.S.. mais lut limogé par le géné-
,:;l:cic ili^luruiue i!'' Y11 lurn:;; !'•. .ie-
leiiie.i !e, •• ;.'!'( e,i p u-%e u les . \ M ;:I(iis
.ii'i'cs le ijiiiiN e: i)e;iie,iî du u'énéral lui
duni;ai| salisfaclicii en dci^rélaut la dis-
.soliilinn desilils groupuscules ^;itu;)i-
sanls.
MAIÏCl Si:. — Pliilosc.pbe américain
d'origine allemande, l'n des trois M
(avec Marx et Mao) dont s'inspire l'ac-
tion de certains groupes d'étudiants ex-
trémistes en Allemagne et aussi en
France.
Vers la mi-mai, il se trouvait juste-
ment a Paris pour un congrès marxiste.
11 fit quelques commentaires.
MUTATION. — Mailrc mot du général.
Exemple : les Français étaient des
veaux. Ils sont devenus des provos : ou :
De Caulle n'a pas été muté à Colombty.
Debré a été muté aux Affaires, et Couve
aux Finances.
OCC1DF.XT. — Mouvement estudian-
tin néo-fasciste qui vient de recevoir
l'invcslilure l'.D. .">'... (et c'est pourquoi,
bien sur, le ministre de l'inlérieur Mar-
cellin a oublié de le dissoudre).
ODFON. — Théâtre National de l'anti-
France.
OMDM1-; (Foi ces de l'i. — Leur inter-
vention à la Sorbunne et au quartier
Latin sul'li! à déclencher le désordre.
Le généra! de Caulle s'élant déchiré
safislail de leur action elles espèrent que
le président de la Hépublique créera
sous peu une nouvelle décoration pmir
les recul;ipt usi-r : 1 Ordre des lorces de
l'Ordre ou Ordre de l'Ordre.
PARTICIPATION. — Prr,messe d'an-
nées sociales "' par paquet de dix.
( « DIIIIX di.r aux. 1,11 rm';! (/ne r'e.s/ une.
i'^'iixtil!' l ranci/!NV .> — De CauIU-1*. ï.e
],i'ésident de la i'i'piil)li'.|ue a e\.diq::é
ce .'pic sera la |>arlicipatiou d.ms les
e'ifi éprises. Ce sera co!n:i;e dans l'Llat-
\' Hé|i'i'diq!:c où « xi <!r!ib<'r>'ï •'-/ /<;
fuit île /;,'.'/.s/i'/'.''v. -•/!,/;• ext le Suit à >ni
M'ai ••. Si. in r;\i)':j de ;< irliciini!in:i : //-
Depuis le début de mai. toutefois. //
y a du progrès. La participation des
Français aux désastres provoqués par la
politique gaulliste est devenue nettement
[dus effective.
PFCMF. — Nom donné à la jeunesse
révolutionnaires du Quartier Latin par
le ministre F'ouchet : sous la Commune,
les Fouchet d'alors disaient : « la ca-
naille ».
PKYIŒFITTF (Hoger*. — Coup sur
coup, ce ministre de ITMucaliun natio-
nale ferma la Sorbonue puis la rouvrit,
ce qui provoqua l'extraordinaire courant
d'air que l'on sait.
HANCAMT (AD. — S'empioie dans
l'expression « politiciens au rancart '>>.
Exemple : le général dr C.iitrUe, »]r |iin-
viei' lif-iri à mai l'J.j.S, fut un puiitieien
au rancart. s>
HOCHE. — Mccleur de l'Académie de
Paris qui fit appel à !a police pour
évacuer la Sorbonne. A la suite de quoi
tout devint clair comme de l'eau de
Hoche...
SAl'VAGEOT. — Secrétaire général de
1 l ..\.L.F. La C.C.T., qui n'aime pas Its
grèves sauvages, n'aime pas davantage
les grèves Sauvageot.
SECil'Y. — Secrétaire généra! de la
(..C.r.. Ancien clieminot. l ne techp.icpie
incomparable pour prendre le train en
marche et aussi pour en sauter de* que
le train s'arrête (voir échelle i!:obH<).
"Les murs
ont la parole
O'//J/K.;).S lirics île , /.c.v nturs i.ni !,i jxiii.le t> , .,>,/ j'i'< :>t
de iinriiilrt i-he; Tt.llol' et recueillie.* /><,r Jalit n lit -M;;;. <;n
sur les murs île In .V.r/"<.";it', île l'(hlèi,n, île \uitteiie, (le.
Chariot !
Nous ne sommes plus des veoux
Nous ne sommes plus dévots devant mon général.
Les cens qui ont peur seront avec nous si rtoifs resfîms
fctfs.
Frcice pct'i'e f c-jrgïc-se, ne cro'S pc:; «;=. vcrsue !o er^ce
q;-:fi!st<J'e>, fis crois f-.-.s refe-n-cc la. .< p&. ;. r-.'h>l»-f •>, ?e
teoirrie Gif i_,i sursis.
Am-.:sr:C : ccfe DCf kqjci les '-i i^cri::"? r :,. J;.." -•>' -.î
fl i •
le pijs souvcrf les mjut'ici.s q'J'Hr c "vt •o~rus:.iîî.
Comifc civique demande bcr.nes C3r,sc:eLices pi-yr
déîoh'sn.
-K
Ne prenez pfus l'oscenscur, prenez te pouvoir.
Les motions tuent l'émotion.
Si vous avez le coeur à gauche, n'ayez pos le porte-
feuille à droite.
X-
La bourgeoisie n'a pas d'autre plaisir que celui de
les dégrader tous.
LA REVOLUTION EN MARCHE
— |e f o: obfcnu une diminuticn ce 5 c,u
Usf-.tt n ::Je'c,fcur. fisfon !
If CA'-i-'-r.D DE VAI __ 13
A la Télé-Maison Ronde
D'Aiîtilil) iv fut '.nu' simple
Ci'l 'i-e. l'uis L1 ni:il em-
pira brusquement et l'on
par'.a Je déchirure ligamen-
taire, ce qui est pénible mais
ne mcUait pas ses jours en
danger.
Lal'iu l'on connut la vraie
nature (lu mal : il s'agissait
d'une « crise de rhumatisme
aiau consécutive à une angine
de Vincent ».
Tel est le douloureux calvaire
que Kaymnnd Mareillae a pré-
féré endurer plutôt que de dé-
voiler trop tôt sa solidarité avec
les grévistes de l'O.R.T.F.
11 attendait son heure. Elle
sunna le jour où de Gaulle par-
tit pour Colombey. On vit alors
le beau Raymond, le visage
crispe par la douleur, rejoindre
(sur une seule jambe, mais avec
un courage exemplaire) ses pe-
tits camarades au Théâtre lOfî,
où ils avaient coutume de tenir
leurs assises avant que la po-
lice et les néo-croix-de-feu les
en expulsassent.
J.es propos furent d'une
extrèni:- élévation morale l
dre le travail avant minuit.
I.a grève aussitôt se durcis-
sait. Les journalistes de France-
Inter qui axaient jusqu'ici joué
le jeu de l'information « impar-
tiale, honnête et complète » re-
joignaient dans la grève leurs
camarades de la télévision.
Le moment était donc venu
pour Raymond Mareillae do
donner toute la mesure de son
talent et de sa loyauté. Ce qu'il
— Seule la maladie m'a tenu
éloigné de vous jusqu'ici. Mais
j'espère que vous n'avez pas
douté de moi. Je suis à vos cô-
tés depuis le premier jour. Et
ceux qui me connaissent savent
bien que je ne reviens jamais
sur ma parole...
Trois jours plus tard, les délé-
gués de l'Intersyndicale étaient
reçus par M. Guena. Ils lui sou-
mettaient dVs propositions rai-
sonnables et concrètes où l'ac-
cent était mis plus sur la ré-
forme indispensable et urgente
de l'Office que sur la reven-
dication, l.e ministre de l'Infor-
mation dirigée refusait d'enta-
mer la négociation et donnait
aux gré\istes l'ordre de repren-
fit avec une promptitude de ré-
flexes qui a plongé ses confrères
dans un mélange de stupeur et
d'émerveillement.
Après avoir, avec une fer-
meté dont on ne l'aurait pas cru
capable, renouvelé son intrépide
attachement aux principes mê-
mes de la revendication, il pré-
cisait, dans un codicille ano-
din ; que dans ces conditions
« il faisait confiance au non-
veau ministre de l'Information
(qui venait de mettre les gré-
vistes à la porte) et qu'en
conséquence il se prononçait
pour la reprise du travail. »
Stéphane Collaro, qui fut un
temps souffre-douleur officiel
de Léon Zitrone, et Pierre Loc-
tin, dont nous fûmes les souffre-
douleur, avaient tenu à s'asso-
cier à cette manifestation de
civisme intransigeant.
Et un certain nombre d'autres
à qui nous n'ajoutons rien pour
ne les nommer pas.
Telle cette demoiselle Cusin
qui, jusqu'ici, avait pour mission
de lire (mal) le générique de
Sports-Dimanche-
Ainsi s'acheva le
drame personnel de
Mareillae.
Le drame de la télévision
commence...
Et voici que surgit de sa
demi-retraite h
delti.
Les g a u ! 1 i s ! c s t-u\ - mêmes
avaient souhaii-.' qu'il s'éloi-
gnât. 11 leur faisait du tort en
jouant tous les soirs sur le petit
écran la farce de Maître l'ate-
lin. Et le voici qui pateline et
vaseline de plus belle.
Ce serait plutôt réconfortant
si ce n'était aussi triste. On en
est déjà, chez eux, à rappeler
les réservistes.
Les Actualités d'Ile-de-France
viennent d'offrir à la nation la
beau visage honnête de Charles
Finalfêri.
Jadis, rédacteur à i'Eclio
d'Oriin, il passait ses heures de
loisir à faire en paroles du
« c h i c h - k é bat) » avec les
« joyeuses » du Généra!.
Le voici, aujourd'hui, mis sur
sa véritable orbite.
Et voici Houbaud, qui a l'air
d'être le fils spirituel de Joseph
I.anie! et dont les joues sont
trop larges pour tenir en cin-
quanle-l'.uit ccnlimèlres.
Mais le visage que je vous de-
mande d'observer a\ee le plus
d'attention, c'est celui de Jean-
Louis Guillaud.
M. Pierre de Boisdeffre, qui
ne ressemblait à rien, s'est vo-
latilisé.
M. Sablier, qui voulait rcs-
psycho-
Ravmond
sembler à trop de gens (et qui
faillit interviewer le général
de Gaulle), s'est vaporisé.
M. Biasini, qui, pourtant, avait
l'air d'un dur, s'est désintégré.
Mais Jean-Louis Guillaud est
là. Kcoutez-le. Regardez-le.
Pierre La/areff, qui se réfu-
gie dans le paradoxe à ses mo-
CHRONIQUE DU REMANIEMENT MINISTÉRIEL
Mlle DIENESCH fait
sa Sorboiine action
L'TAXT que la nomina-
lion du technocrate
François Ortoli à la tète
de rivhiculion nationale, le
choix de Mlle Marie - Made-
leine Dicnesch comme sccrc-
taire- d'Etat à ce même minis-
tère a attiré l'attention, au
quartier Latin.
lui effet, comme l'a signalé
« L'Aurore » le samedi 8 juin,
Mlle Dienesch est une ancienne
cheftaine de scouts.
11 n'en a pas fallu plus pour
qu'un nouveau mouvement de
nie de soulever le mi-
antin et pour que la
jusqu'ici forteresse
•, devienne un clan
iiurs, les graffiti qui,
i e. huilaient à la
i, ont disparu. Ils ont
• 's par lu sage et ras-
•is,- des gens qui ne se
de questions : « Tou-
Les stands installés dans la
cour se sont entièrement méta-
morphosés. Aux propagandistes
révolutionnaires ont succédé des
doctrinaires en culotte courte,
chemise kaki et chapeau à lar-
ges bords. Ils tiennent à la dis-
position des amateurs des fou-
lards et des insignes et, au lieu
de tracts subversifs, distribuent
des brochures culturelles sur
l'art de faire des nœuds.
Après une minitieuse inspec-
tion des locaux, l'autre matin,
Mlle Dienesch. son béret d'an-
cienne cheftaine crânement in-
cliné sur l'oreille, a exposé ses
projets aux étudiants :
— Il ne s'agit plus d'organi-
ser l'insurrection, leur a-t-elle
notamment déclaré. Il s'as'U de
former les meutes.
Son plan de réforme doit con-
sister avant tout, pour les nou-
veaux « louveteaux •>, à appren-
dre à faire des « B. A. » l
comment planter un drapeau
tricolore à la place d'un drapeau
rouge, comment conslruire une
étagère plutôt qu'une barricade,
comment transformer un incen-
die de la Sorbonne en joyeux
feu de camp, etc.
Uu autre plan de réforme est
prévu pour les examens. Il vi-
sera à remplacer tous les diplô-
mes existants par des brevets
de cuisine ou de brie.ilage.
Théoriquement, les éUuliau's
devraient s'initier sans peine à
l'organisation scoute. Le voisi-
nage d<-s ('..!!.S. et de.s gardes
mobiles les a depuis quelque
temps habitués, en effet, au sys-
tème des patrouilles.
En fait, la méthode pourtant
si hautement éducative de Ba-
den - l'owel! rencontre auprès
d'eux peu de succès.
La fameuse « promesse » exi-
gée de chaque, novice, entre
autres, les laisse sceptiques.
— Des promesses, on en a
tellement eues '. soupirent - ils
d'un air désabuse.
La plupart des étudiants vont
même jusqu'à remettre en cause
la char.xe confiée à Mlle Die-
nesch à l'Education Nationale.
— l'nv adepte cîu scoutisme
féminin ? interrogent-ils. Quand
donc comprendra-t-on, en haut
lieu, que IHKÎS ne voulons pas de
Guide ?
Jean-Paul Grousset.
A i/ORTF
C'EST L
OLfC£
CHEZ VOUS
l'nc îles affiches réalisées par les étudiants.
ments perdus, avait affirmé ja-
dis « qu'on ne peut [tas mentir
à la télévision ».
Et J.-L. Guillaud a un visage
qui ne sait pas mentir.
Comme faisait dire Henri
Jeanson à Pépé le Moko i
—• Ce flic-la, il est honnête
dans son genre. 11 porte sa
carte d'inspecteur sur la fi-
gure...
Je ne traite pas M. Guillaud
de flic. Pas encore.
Mais il est l'image de la
France qu'on vent nous donner,
II est l'avenir qu'on nous pro-
pose.
Tout en méplats et zygoma-
tlques. C'est le Buster Keaton
de la bouffonnerie tragique que
le gaullisme nous fait vivre.
Il est en bois. Il a l'air dé-
cidé. Mais à quoi ? Il ne voit
rien. Il ne sent rien. Il ne com-
prend rien. 11 est là.
Regardez-le. Ecoutez-le. Un
adjudant est à la barre.
Pendant que Guillaud redresse
la situation, Zitrone, privé de
télé, erre comme une âme en
peine.
« Le comité d'action civique
de l'Actualité Télévisée (le
C.A.C.A.) •» l'a mis hors la loi.
Il est accuse « d'avoir choisi
l'illégalité et de s'être signalé
par une altitude antirépubli-
caine :•>.
Ses confrères ont aussitôt
porté plainte en diffamation
devant le doyen des juges d'ins-
truction.
— Vous croyez (lue c'est bien
le moment, a soupiré Léon... Il
n'y a pas de quoi en faire un»
montagne...
Pendant ce temps, Bernard
Dupont crée une télévision pa-
rallèle.
Eh oui ! Les choses en sont
là. La chasse aux sorcières est
commencée.
I.e.s journalistes '< honnêtes,
impartiaux et complets » en sont
réduits à tenir leurs séances de
travail au Lido. (Ce fut d'ail-
leurs assez folklorique et les
orateurs furent écoules avec
attention. Ce qui était méritoire
de la part des auditeurs. Car
les demoiselles ùu corps de bal-
let, dans le même temps, s'en-
traînaient sur la scène.i
L'après-midi de mardi, Achille
Peretti (on ne sait jamais i leur
donna asile à la Salle des Sports!
de Xeuilly.
Aujourd'hui, mercredi (ma!»
c'était hier) ils iront au bow-
ling du bois de Boulogne et il*
songent à organiser un gala de
bienfaisance au l'arc des
Princes.
Ils ont fait profession « d'apo-
lltisme » et tâchent de sauver
O 9
leur dignité en évitant lei
écueils du corporatisme et il il
vedettariat.
— Nous serons aussi fernîe'l
avec un autre gouvernement, a
déclaré François de Cioset.s,
qu'avec l'actuel.
— Peu importe, a précisé
Maurice Werther, que les gaul-
listes soient trois cent cinquante
ou trente-cinq.
Pour l'instant, on navigue au
plus près.
Mais la télévision, comme le
reste, est où on l'a mise.
A la rue.
C'est une bonne basa da
départ.
Y van Audouard.
Prière de contester
« A l'église Sainl-Séverln, des manifestants veulent rem-
placer la messe par une contestation. »
(Les journaux.)
X'itre Père qui êtes aux ci eux
Descendez ('uns la rue,
Que votre \0\ soit sanctifié,
Que votre roi/ne arrive,
Q[ie notre volonté soit fuite
A rUniveisilé. comme, à l'usine.
Donnez-nous aujourd'hui
Xos boules, miches (le chaque l'>uf,
Pardonnez-nous nos dialogues
Comme nous pardonnons aux protoc'.>!"
l't ne nous laissez pus succomber
A la société de consommation,
SI dis dé!ii>re:-noiis <ln mal
•FfWX
An nom dfx étudiants,
Des ourrit'i'S
H .'/u Suint-f^prit il? conleil'iti'i!'..
Ai.'iii soit-il,
A:ncn,
Le dr:ijifu:< r fi'/? on tl'ilr.
Le BocH moine spirituel.
14 — LE CAN i.RO DE MAI
Ah, mai ! Ça l'affiche bien !
s? • l
Quelques-unes des affiches réalisées par des étudiants des Beaux-Arts.
LE CANARD DE MAI —
< Reconnaissez que
la police aurait pu
se montrer beaucoup
plus brutale. >
(Fouchet, alors ministre
de l'Intérieur, à l'Assem-
blée nationale.)
Avant
Photos ressembles par la Commission d'enquête des éfuJUints et
ir.onîranf comment des « groupes armés Et organisés en consjquonce »
s'en prennent à la pauvre polie? désarmée.
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Title
Le Canard de Mai
Issue
no. special exceptionnel du Canard enchaine
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no. special exceptionnel du Canard enchaine