Le Monde Libertaire

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MONDI I U
Organe de la Fédération Anarchiste
Pt
ir
No I 41 . Mai 1968 2 F
appartient a la
lutte révolutionnaire
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di^qu* !c prcr;,arction du ç;c,'a et d-.i c^';;g't.>
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Notre moyen d'expression, « Le Togem », po-
rair bimr st'ieLcment. Pour tout renseignemeni,
écrire RIDONC TOGEM, 3, rue Te-noux, Paris M1.
GROUPE LIBERTAIRE DE L'EST PARISIEN
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Ternaux, Pa-is il'l'i.
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BanHeue Sud, écrire à Richard PEREZ. 3, rue
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7, rue du V.uguet, 33 BORDEAUX.
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'adresser à
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Activité des groupes de la Fédération Anarchiste
Cours
de formation anarchiste
organisés
par le Croupe Libertaire
Louise-Michel
le jeudi soir à 20 h 30 précises, au local
110, passage Ram«y, PARIS (18')
Les cours de cette année, qui traitaient
des révolutions, vont se terminer le 9 mai
par un cours de synthèse.
' Rappelons que le thème de cette année
'achève un cycle de trois années, au cours
'desquelles nous avons étudié tout d'abord
'les différentes formes de pensée anar-
chiste, puis les qrandes figures du mou-
' veinent libertaire. Cette année, nous avons
voulu nous intéresser à ce qui, dans les
.révolutions, constituait, d'une part, une pré-
paration aux révolutions qui allaient suivre,
'd'autre part, un enseignement venant enri-
:chir la pensée anarchiste.
: L'année prochaine, nous envisageons, et
! nous en discuterons, de reprendre un cycle
analogue en un an, car nous avons retnar-
',qué que rares sont les camarades qui ont
jpu sui.yre toute la série depuis son début.
! Nous essaierons de traiter les cours qui
,ont semblé intéresser le plus les camarades
;qui y assistaient.
i Voici les dates des derniers cours :
; Jeudi 2 mai 1968
cours d'orateurs, avec Maurice Laisant :
:- Violence révolutionnaire ou non violence •
(par un jeune camarade).
: Jeudi 9 mai 1968
• cours de synthèse, par Maurice Joyeux.
: Les camarades désireux de connaître
mieux l'Anarchie dans son esprit et sa por-
tée sont invités à venir amicalemen: écou-
ter nos cours.
Pour tous renseignements complémen-
taires, s'adresser à Paul CHAUVET, Groupe
libertaire Louise-Michel, 110. passaqe
Ramey. PARIS (18'), ou téléphoner à
ORN. 57-89
LE CROUPE LIBERTAIRE
Louise Michel
organise
MERCREDI 15 MAI
à 20 h. 30
110. passage Ramey, PARIS |18'I
M" : J -joffrin ou Marcadet-Poissonniers.
une
Causerie
suivie d'un colloque
avec
Gui SEGUR
Sujet L'ANARCHIE ET LES PRO-
BLEMES INTERNATIONAUX.
L'INSURGE n' 6 vient de paraître. Vous
le trouverez en venté à la librairie Publico.
3, rue Ternaux (Hr) (VOL. 34-08), et
auprès des militants des groupes de la
Région Paris-Banlieue-Sud. N'oubliez pas
que L INSURGE ne peut vivre sans vous.
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Egalement faites-nous part de vos critiques
et de vos suggestions.
Dans quelque temps une souscription
exceptiononelle sera ouverte pour permettre
a L'INSURGE d'améliorer sa présentation,
d'agrandir son format et peut-être de deve-
nir bimensuel.
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Le Groupe du 14" va sortir très prochai-
nement un Bulletin d'Information Liber-
taire d'intérêt local, le « DRAPEAU
NOIR •». Ce Bulletin sera envoyé gratuite-
ment à tous les sympathisants de l'arron-
dissement qui le désirent. Si cela est votre
cas, faites-le nous savoir en écrivant au
Croupe Socialiste Libertaire Albert Camus.
3, rue Ternaux. Paris (11 ) (VOL. 34-08).
SYMPATHISANTS DU 14", ECRIVEZ-
NOUS POUR RECEVOIR LE « DRAPEAU
NOIR ».
L'assemblée générale de l'A.ED.
P.R. aura lieu le samedi 1" juin
1968, à 21 h, au Gymnase de
la Nature. 15, rue du Terras,
Marseille-2'.
Le Congrès national de la F.A.
se tiendra les 1"', 2 et 3 juin
prochain à MARSEILLE.
Pour tous renseignements, se reporter
.iu Bulletin Intérieur (parution début
mai| ou se mettre en contact avec !ts
camarades de Marseille.
TRESORERIE
Le montent de ^c cotisation féuérc e -.V-'ilvc à
/. F par mois et pcr adhèrent.
Versements 6 iflecluer à Rob"-t P/'-!N'IEE,
,3, rue Ttmaux, PAHIS
C C P. PARIS H 217-S6
Le Groupe Socialiste
Libertaire Albert-Camus
et la XI'' Région
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LUNDI 20 MAI,
à 20 h 30 précises
au
THEATRE DE PLAISANCE
111, rue du Château (14')
{Métro Gaité)
CONFERENCE PUBLIQUE
Sujet :
Maurice JOYEUX
LA SOCIETE MODERNC
ET L'ANARCHIE
CONGRES NATIONAL DE LA F.A.
Nous foi sons connaître aux militant-- q,M
désirent utiliser le chcrfin de fer pour s'y tt -ire,
qu'ils peuvent bénéficier d'une réduction de 20 °o
ainsi que leur fomiife, sur le prix du r< -M
AHcr et Retour.
Que les camarades qui ^ont cdhérents a >tc
qroupes se fassent instr'rc auprès de 'eur ^ecrr
l'aire de groupe pour que celui-ci env-if < s
-nscriptions à t.a Trésorerie ; tes individu' - ,••<."-
vent envoyer (a leur directement au sujet dt-
io F.A., 3, rue Ternaux, 75-PARtS • t I'"
Dès que nous aurons reçu les tickets oe -f-
«Juction cmanant de la S.N.C.F., HOUÏ Sc^ *< -"<••'•*>
parvenir eux camarades intéressés.
LA TRESORERIE.
Tous
RALLYE - CAMPING ANNUEL
organise par le Croupe anarchiste d'Asnières
et le Croupe libertaire Louise Michel
en ple-ne forêt, .1 SAINT-NOM-LA-BRETECHE
les ! 4, • 5 et \6 juin prochain
U seront donner d^1- ie prochain numéro du <- Monde Libertaire
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Le Monde Libertaire page 2
EDITO
ÊTRE PRÉSENT
Si on jette un coup d'oeil sur l'histoire héroïque du mouvement ouvrier international 3ti
s'aperçoit assez vite que notre époque n'a pas a s'enorgeuillir de sa triste realite. Il n'y :< qu'a
voir ce qu'est devenue la journée du 1 ' Mai, journée des travailleurs, symbole de la lutte ae =
travailleurs pour leur émancipation, de Chicago a nos jours.
Il n'est pas question de regretter le fait qu'il n'y ait pas de martyrs a se mettre < soui
la plume », non; seulement quand on connaît la signification du 1 "' Mai actuellement pour la
plupart des gens : nouveau « pont », nouveau tierce, week-end a la campagne bistrot, etc...
Il y a de quoi désespérer. C'est a se demander si les martyrs de Chicago sont bien morts
pour quelque chose. Et ce ne sont pas les « mascarades » syndicales faites < pour la forme >
qui y changeront quoi que ce soit.
Il serait grand temps que la classe ouvrière dans son ensemble sort du labyrinthe dans
lequel l'ont enfermée les politiciens et prenne elle-même sa destinée en main, en se débarras-
sant des cadres bourgeois réformistes qui l'abusent et lui font miroiter un avenir superficiel ec
trompeur ; tous ces syndicalistes et parlementaires, privilégiés d'une société qu'ils ne veulerie
plus abattre, ne sont que de tristes clowns dont il faut se débarrasser au plus vite.
Ce n'est pas, par exemple, dans l'actuelle proposition d'intéressement des travailleurs
que la classe ouvrière trouvera sa libération. Au contraire, elle se forge de nouvelles chaînes
(cf. l'aliénation complète de la classe ouvrière américaine qui vit sous ce principe de l'intéresse-
ment des travailleurs vu par le capitalisme).
C'est donc, à l'occasion de ce 1 r Mai, la constatation de l'échec — peut-être partiel, e^
nous le souhaitons — de la lutte ouvrière contre le capitalisme qui a su la prendre de vitesse.
Cependant, le potentiel révolutionnaire des ouvriers, même latent, est trop important pour
desespérer de voir prochainement reprendre la lutte franche et directe contre les exploiteurs
L'époque actuelle n'est peut-être que la recherche d'un second souffle après la faillite du
marxisme comme solution miracle.
Il faut donc, plus que jamais, que les anarchsites soient présents dans les rangs ouvriers
aux premières lignes, pour participer activement aux futurs combats qui se préparent dans les
coulisses. Et c'est au mouvement anarchiste international, par uns présence dans toutes les
luttes ouvrières mondiales, à dépasser le cadre nationaliste de notre lutte et a réaliser cet'.e
Internationale indispensable pour donner du poids et une réelle résonance a notre combat
LA FÉDÉRATION ANARCHISTE
et la XI" Région organisent
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le Vendredi 17 Mai à 20 heures 30
à la Mutualité
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DANS LE COMBAT ACTUEL
Les libertaires et la révolte des ieunes
pa' Munoz CONGO SI
Les libertaires et les mouvements révoluiso^na^res du tiers monde
par Maurice JOYEUX
Les libertaires et les mouvements sociaux,.
par Federica MONTSENY
Réahsme de la pensée libertaire
par Aristide LAPEYRE
Sous la présidence de Maurice LAISANT
A NOS ANIS LECTEURS
Depuis notre dernier Congres, l'administration de notre journai et de notre l'CKairie 3
fait les efforts nécessaires pour rendre plus agréable le siège de notre mouvement
La maison a été décrassée, briquée, rangée, pomponnée n'oubliant pas que notre
siège est un lieu de rencontre pour nos lecteurs, pour nos amis, pour nos militants et 'même
pour ceux qui veulent nous connaître.
Nous avons voulu que chacun s'y sente à l'aise et que lorsqu'il voulait chois-r un
livre, un disque, demander un renseignement, il puisse le faire en toute sérénité.
'Nous ie répétons et le répéterons inlassablement, nou3 avons besoin de la collabora-
tion de tous afin que cet îlot de liberté représenté par notre LIBERTAIRE qui fut
Louise Michel et à Sébastien Faure, puisse continuer
II continuera d'ailleurs malgré toutes les difficultés que nous avons parfois
Le Libertaire par son contenu, comme par sa gestion est un organe sa»" et
qui honore notre Fédération
Nous sommes persuades plus que jamais que nous pouvons compter sur votre s
Passez vos commandes de disques, de livres, de brochures à notre librairie.
Abonnez-vous, Réabonnez-vous sans tarder, Souscrivez
Les administrateurs. Maurice Joyeux al Richard Père*.
S&mtnavie
N" 142
Mai
En France
J'i^et • LK- due! ai'Ht ' ....
put CAVÀLLIKR
LA [,ii>orU' t'ii lais.s? .....
;>a< /M CHEXAIllt
La foiiv au parleuu-m . . .
par NKSTOR
Sui ie Miiiia^f uuive!''*?!
par .-t'Vr B/f/.-I.VO.
Un iXMi d'air irais p-mr I
;»ar .Idf^'.-.-iin-- GILLK'f
Dans le Monde
AuïtiU!- ci';m j.^-,.i.ï.si;ia.
par IlKMf"!'.
Ceux qui '.(U'iircnt 01 e<?icv
par M. LAtSA\'T.
La répres.M.iti îranq i-.-vit.'
Europe .
par P.IJ.L.
T'i'.is coupables .....
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Le ~2l avril c(c~ r-o; me;-,
;>a: ,/ -/.. Cri:H -lRi>.
En dehors des clous
A reorousse-ijoii
par ,".-'.'. BKRTIIIKR
p!'OJl("> MlOvei'Sit.s
par L.- ['<•>•• FEIXAllîj
Faits divoi•> .......
par Ri-iki>«i PIKRRK
Pt>ri.scoj.ie ..................
par XRVGER
Syndicalisme
P'.eiuier Mai d anti'.i
pai M(";>-:<;> JOYKUX
Syndical', util- :>'? rfi(ti)-, ' ... .
;ia.: M CAVALLIKK
Classiques de l'anarchie
Propos anarchistes
par R. 1--ISSTKK.
iclatiiiv et l'i.'Vfilui.io;. de LM-" •'• n
par C ;.'.'( SkGl'li
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a rvf .»'<> f^?'-, a. nie Tentât'.. Party (tl-i
La liste de $<mscript<on paraîtra dans l<e prochain
c'-ju- de ij Du'o'iO-if'O
Mjurice Liiiin*
miiT-mt1'*: C<??»rrjU? au Cr
9, ru^ du CfOISiOftf - Paf>
Le Mo.n<3e Libertaire
* PÉRISCOPE
Ainsi donc, Johnson ne se repré-
sentera pas aux élections présidentielles
de 1968. Quel vieux renard, quel singe
rusé (II n'est, d'ailleurs, que de regar-
der sa face pour se convaincre de sa
nature simiesque...) Ce n'est plus le
gypaète des armes des Etats-Unis, ce
n'est plus le charognard du Vietnam,
ce n'est plus le vautour des charniers
mondiaux. Le président Johnson est
redevenu un politicien.
I! entame les négociations, du moins
se le propose-t-il, puis annonce son
départ. Quel tacticien des leurres poli-
tiques, quel cabotin des tréteaux élec-
toraux. Une fois les négociations, avec
le FN[., sur la bonne voie, il ne lui
restera plus qu'à se faire plébisciter.
S'il se retire à Colombey oh, par-
don, au Texas . les U.S.A. lui réser-
veront un retour iriomphal à la Maison-
Blanche...
Américains, on vous trompe ! Et
veillez toujours à laisser vos vieux pré-
sidents et vos tableaux naïfs au fond
des greniers ou dans leurs ranchs
texans.
M. Brundage a bien du souci. Pau-
vre M. Brundage! On ne \eut pas de
pays racistes aux Jeux Olympiques de
Mexico. Ce en quoi l'on a parfai-
tement raison. Mais certains de ces
« on » qui ne veulent pas de pays
racistes aux Jeux de Mexico, poussent
l'hypocrisie jusqu'à s'emparer de la
poutre qui se trouve dans l'œil de leur
voisin pour en faire du feu et se
réchauffer ! Qu'il fait bon ! messieurs
des pays arabes ! Qu'il fait bon, mes-
sieurs de l'URSS ! On danserait bien
autour de ce brasier. Mais prenez garde
de ne pas vouj y brûler la plante des
pieds. Vous ne pourriez plus courir !
Pauvre M. Brundage ! il a bien du
souci...
Prague. Prague, le cœur de l'Eu-
rope, Prague se réveille. Prague secoue
la longue léthargie du communisme
stalinien. Jusqu'où cela ira-t-il ? Les
tempes nous battent, l'espoir nous se-
coue. A-t-on trouvé enfin la méthode
pour concilier socialisme et liberté ?
Hélas ! hélas ! hélas ! les fonctionnaires
se réveillent, la bureaucratie se remue.
Ce n'est pas encore au printemps 1968
que les Tchécoslovaques trouveront le
moyen de concilier socialisme et liberté.
Ce n'est pas encore à Prague le prin-
temps bondissant de l'anarchie. Mais
Prague nous aura t'ait rêver...
Un piéton aurai!, paraît-il, trouvé le
moyen radical de supprimer les automo-
bilistes en stationnement: il les supprime
au sens le plus net et le plus précis
du mot. Alors là. je ne suis plus d'ac-
cord. Que l'on parte de ce principe :
qu'importé le geste pourvu qu'il soit
beau est parfaitement acceptable. Mais
sortir un couteau en pleine rue est
d'une inélégance rare, en frapper un
homme est encore plus vilain. Cela est
même sale et. de toute façon, ça ne
résout pas le problème du stationne-
ment. Car si l'automobiliste s'en va,
l'automobile reste. L'on me dira que
ce piéton irascible aurait pu se munir
de quelques cartouches de dvmnnite
qu'il aurait subrepticement placé sous
la voiture. Non cela est encombrant et
dangereux, c'est ce que disait Pauwells
en entrant à la Madeleine...
Alors il y a d'autres solutions : élar-
gir les rues, rapetisser les voitures,
creuser des trappes le long des trot-
toirs, l'automobiliste dépassant le temps
de stationnement limite, serrait sa voi-
ture engloutie dans un cul de basse
fausse et se diriger par un tapis roulant
vers un marteau-pilon souterrain...
Ou bien, ou bien, ou bien...
Puis, pour termine]', je vous recom-
manderai la lecture des citations du
général de Gaulle - au Seuil, collection
politique. L'exportation en Chine popu-
laire serait, parait-il, interdite pour
cause de concurrence directe avec les
citations du président local. Pourquoi
ne ferait-on pas pendant six mois
l'échange des deux présidents '.' Cela
amuserait les foules et Mao-tsé-toung
pourrait s'écrier : « La France a
choisi une fois pour toutes d'être la
France et j'invite tout le monde à s'en
accommoder. »
KUGER.
LA SOUTANE SYNDICALISTE
A l'heure actuelle nous possédons, en France, un outil imprévu pour la défense
d« l'école laïque, le S.G.E.N. (Syndicat Général de l'Enseignement National), adhérent
à la C.F.D.T., fondé pour concurrencer dans le monde enseignant le S.N.I. (Syndicat
National des Instituteurs) qui lui, entre autres, l'accuse de faire de la diversion syndi-
cale ; mais malheureusement, lui-même détourné de son objectif par les néo-moscou-
taires waldeck-rochetiens en diable qui les noyautent de plus en plus, les dirigeant
dans des actions syndicales sans issue afin de les convaincre que seule l'action poli-
tique paie. Au point que d'ici à quelque temps, le soir après la fermeture des classes
et la fin des retenues, on en verra un certain nombre par des chemins buissonniers
faire de la campagne électorale en faveur de la F.G.D.S. qui, elle, a un programme
laique plus que mince pour le moins exigeant.
La C.F.D.T., après avoir abandonné le C chrétien et par l'intermédiaire du
S.G.E.N., se laïcise en jetant la soutane aux orties, devient le défenseur de l'école
sans Dieu et tel un petit père Combe rejette l'école confessionnelle et lui refuse en
son programme tout crédit ; dans ses motions, il fait feu de tout bois sur l'école
dite libre tout en supportant, hélas ! les aumôniers dans les lycées.
Défenseur de la démocratie, plus syndicaliste que quiconque, arborant même une
doctrine socialiste, empruntant, sur beaucoup de points, à Camus son humanisme,
insistant sur la liberté de l'individu à diriger sa vie, revendiquant une société au
service de l'homme, aux yeux de certains, il apparait très sympathique.
Mais en regardant de plus près, nous sommes saisis soudain d'une inquiétude,
ces positions sont-elles brandies pour amuser la galerie ? C'est à se le demander car
nous voyons pointer à l'horizon de cette même centrale C.F.D.T., un autre syndicat :
La fédération des syndicats de l'enseignement privé qui vient de tenir son congrès
le 12 avril dernier, à Besançon. Il en ressort que l'ensemble du congrès se félicite
des résultats obtenus par l'aide financière de l'Etat aux maîtres , elle a assuré une
amélioration substantielle de leur situation. Il déplore, d'autre part, que ces rému-
nérations demandent en contrepartie bien de lourdes compromissions et que beaucoup
d'établissements ne puissent remplir les conditions nécessaires aux normes exigées
par l'éducation nationale leur permettant d'accéder aux contrats : Etat-enseignement
privé, seul moyen d'obtenir des subventions.
L'enseignement distribué dans nombre de ces écoles apparait donc plus misé-
rable que dans la laique, pourtant critiquée de toute part.
Pour la cogestion tant et tant prônée par les syndicalistes C.F.D.T., y a-t-il un début
de réalisation dans ce domaine ?
Il est évident que l'impôt autoritairement versé par l'ensemble du peuple est
détourné de ses buts et maintenant « cogestionné • par l'Etat et les éducateurs en
religion.
Le ' populo », croyant ou pas, verse démocratiquement le Denier du cutte et en
ceJa avec la bénédiction de la C.F.D.T. tout entière.
M. Eugène Descamp, secrétaire général de la C.F.D.T.. en prononçant le discours
de clôture du congrès de Besançon, a le culot de déclarer, à peu de chose près :
- Le S.G.E.N., défenseur de l'école sans Dieu doit travailler à défendre et a améliorer
le service public, leur devise — Pas de pognon à l'Eglise ! — est juste, faut les
comprendre... •
Mais doucereusement, il ajoute : « Les revendications des écoles privées sont
nécessaires... Il y a grand intérêt à harmoniser les enseignements... -
II a du courage, le frère « Ugène », pour soutenir une position pareille, il faut
avoir la foi. Dans ce pays béni, faute de Dieux, par de multiples syndicats « faisant
dans » le bonheur du peuple, la course aux effectifs n'est plus un moyen mais un
but ; qu'importé les contradictions, il faut grossir les troupes ! Vendons de la déma-
gogie et ainsi, aliénés par leurs formes de revendication, ils finissent par croire en
leur efficacité et devenant, par là, pires que les femmes de mauvaise vie qui parti-
cipent à l'acte — mais les sens n'y sont pas.
PERE PEINARD.
Le Monde Libertaire page 4
Ci
par P.-V. BERTHIER
PAS DE NUREMBERG POUR GALLIFFET
Un officiel de police, Jacques Delà-
rue, a pour violon d'Ingres mais à
cette échelle, c'est devenu un second
« job » - l'histoire de l'occupation.
Il a publié un livre sur la Gestapo,
un autre sur les trafics et crimes de
cette période lugubre. Et, dans ce
dernier, que je ne connais encore
que par la critique, il relate que le
général SS Lammerding, qui fit
pendre une centaine de jeunes gens
à Tulle, en 1944, coule des jours
heureux, comme directeur d'une
grosse entreprise, à Dùsseldorf, sans
avoir été le moins du monde inquiété.
Que cela paraisse •— et même soit
— un scandale, nous n'en voulons ni
disconvenir ni même discuter. Il est
évidemment scandaleux qu'un multi-
meurtrier, un maxi-assassin, vive pai-
siblement, entouré de sympathie et
de considération, tandis qu'on fourre
au bloc, quand on ne les envoie pas
à l'échaforud, des minables du crime,
des mégoteurs du banditisme artisa-
nal. Ce n'est pas nous qui nous
feront les avocats du général Lam-
merding. Nous nous permettrons lout
juste une très légère observation.
A la fin de son compte rendu, le
critique littéraire, par qui j'ai eu
connaissance du livre en question,
nous invite, même si un jour on
pardonne, à ne pas oublier. Et c'est
à ce sujet que je tiens à lui dire :
« D'accord ! Pas d'amnésie. N'ou-
blions pas ; n'oublions rien. » Bien.
La principale chose à ne pas
oublier, celle dont il faut se souvenir
toujours, c'est que, tant qu'il y aura
des généraux il y aura des Lammer-
ding. Certes, si prévenus que nous
soyons contre la gent militaire, nous
consentons à admettre que les géné-
raux ne se comportent pas tous et
toujours avec le degré maximum
d'inhumanité et de barbarie : de
faibles nuances peuvent exister. Un
général nazi, un général SS, c'est
sans doute ce qui se pouvait faire de
pire en tant que général ; et nous
n'entendons pas... généraliser. Mais
enfin, des Lammerding, il y en eut
des tas d'autres, auxquels on n'a
jamais demandé de comptes, et qui
sont morts sans avoir comparu
devant aucun tribunal pour les
crimes cependant flagrants qu'ils
avaient commis. Sans compter ceux
à qui il ne manqua que l'occasion !
Tout le monde sait qu'en 1871, le
général marquis de Galliffet s'est
conduit à Paris et à Satory aussi
sauvagement, aussi sanguinairement,
que Lammerding à Tulle, et c'était
contre ses propres compatriotes qu'il
sévissait. Il est mort fort âgé, fort
honoré, et la République avait même
fait de ce soudard impérial un
ministre de la Guerre. Pas de Nurem-
berg rétrospectif pour Galliffet !
On sait aussi ne serait-ce que
par sa correspondance les abo-
minables atrocités perpétrées en
Algérie par un certain Arnaud, dit
Leroy de Saint-Arnaud, sinistre bou
gré dont le coup d'Etat du 2 dé- |
cembre avait lait un homme arrivé
d'important, c'est de ne tremper que
dans de grands crimes !). Eh bien !
ce macabre bonhomme fut fait maré-
chal de France, et d'avoir enfumé
des Arabes dans des grottes et brûlé
les récoltes des fellahs qu'il voulait
affamer, ne l'ont point empêché
d'avoir des admirateurs jusqu'en ce
siècle de colonisation, puisque le
centenaire de sa mort fut célébré en
1964. Pas de Nuremberg posthume
pour Saint-Arnaud.
Où sont les généraux français qui
couvrirent d' « Oradour » la région
de Sétif lors des troubles survenus
au lendemain de la Seconde Guerre
mondiale ? Et ceux qui tuèrent
80 000 Malgaches pour les découra-
ger de réclamer l'inévitable indépen-
dance ? Eux aussi coulent de confor-
tables retraites dans quelque « Dùs-
seldorf * bien de chez nous.
Et qu'est-il devenu, celui qui écri-
vait, dans des lettres que l'histoire
nous a conservés, les phrases que
voici :
« II faut absolument que vous
profitiez du moment pour soumettre
tous les villages de votre province.
Prenez des otages des sept ou huit
que se sont le plus mal comportés,
et livrez aux flammes celui qui s'est
le plus mal conduit. Il ne faut pas
qu'il reste une maison. »
« La manière de punir les villages
qui se révoltent, c'est de prendre le
chef et de lui faire couper le cou. »
« Les révoltés ont perdu une couple ',
de milliers d'hommes. Toutes les
nuits nous faisons couper une tren-
taine de têtes. Cela, je crois, leur ser-
vira de leçon. »
« Vous combinerez votre marche de
manière à tomber sur leur camp,
prendre tous les bestiaux, femmes,
enfants, vieillards. Vous tuerez tous
les hommes que vous ne pourrez
emmener. »
« Vous ferez fusiller les nommés
H..., I..., I..., S.., M..., B..., B..., M. H... ;
faites fusiller les prisonniers qui fe-
ront le moindre mouvement. »
Qu'est-il devenu le général qui
écrivait de telles choses ?
Eh bien ! son Dùsseldorf à lui s'est
appelé Sainte-Hélène. Ces citations
sont extraites de lettres de Bonaparte
envoyées aux généraux Dugua, Rey-
nier et Murât pendant la campagne
d'Egypte.
Il n'y a pas eu non plus de Nurem-
berg pour celui-là. Il a au centre de
Paris le plus somptueux mausolée
qui existe au monde, on accourt vers
son tombeau de tous les points de
la terre, et la France entière est con-
viée à célébrer l'année prochaine le
second centenaire de sa naissance.
Je propose qu'on y invite le général
Lammerding.
Faits divers
Horizon sans Tour
La Pologne, où je n'oserais pas vous
rappeler qu'elle est en régime communiste,
a pour chef de gouvernement, un général.
Comme moi, vous devez certainement res-
sentir une aigreur en pensant à ces mili-
taires qui entachent très souvent leur pays
d'un régime fasciste.
Donc, Moczar, général, ce qui ne l'em-
pêche pas d'être communiste, attaque ceux
qui faussent l'éducation de la jeunesse, en
professant le mépris de l'héroïsme et exalte,
par contrecoup, les notions de patriotisme,
de dignité nationale. Comment ! Je croyais
pourtant bien que ces notions rejetables
n'étaient le fait que d'une société bour-
geoise et qu'il s'agissait bien là d'une
regrettable erreur de la part de Moczar.
Pourtant, je m'aperçus peu de temps après
que cela n'avait rien d'une erreur et que
des problèmes identiques à propos d'intel-
lectuels non-conformistes aux lignes du
parti se posaient en U.R.S.S.
Un paradoxe subsiste. Des intellectuels
luttant contre des notions bourgeoises sont
attaqués par les partis communistes en
tant que propagandistes bourgeois. Ce qui
n'est pas fait pour m'étonner, car j'ai tou-
jours considéré la phraséologie marxiste
comme étant une explication en termes
différents de valeurs bourgeoises, afin de
leur donner une signification nouvelle.
Cela me fait curieusement penser a cette
Eglise qui, sous un couvert de libéra-
lisme, remet en question certaines de ses
actions et certains de ses principes afin
de mieux asservir les hommes.
Un refus de visas d'entrée dans un pays
il n'y a pas plus bête que cela et pour-
tant une formalité aussi futile peut mettre
en déroute des révolutionnaires. Conclu-
sion : la délégation du parti communiste
soviétique n'assista pas au congrès du P.C.
guadeloupéen, à Pointe-à-Prtre.
Si je pouvais me permettre de juger, je
dirais que les révolutionnaires profession-
nels sont trop respectueux des vicissitudes
douanières.
Enfin, leur absence fut à demi pardonnée
par l'envoi d'un chaleureux message de
félicitations où le verbalisme révolution-
naire se trouva à nouveau à l'image d«
ce« révolutionnaire» à part entière.
LA LIBERTÉ EN LAISSE
Les sociologues, les partis, par l'inter-
médiaire de leurs intellectuels fonction-
narisés, s'interrogent, ils dissertent, ils
condamnent, ils analysent, ils rigolent
car il existe un domaine où toute la
gent faisant dans le social est pour
une fois d'accord : c'est le malaise de
la jeunesse; pour tous rien ne va plus.
Mais les remèdes apportés, si remède il
y a dans le cadre de la société actuelle.
n'ont qu'un seul but : la récupération
des jeunes énergies pour la consolida-
tion et la perpétuation de la société
« archiste ».
Depuis quelque temps des groupes.
des individualités dans les milieux étu-
diants s'agitent et remettent en cause
l'Université, les mœurs et les mouve-
ments sociaux, et. ce qui est remar-
quable sur le plan international, par
leurs activismes, leurs * icclamismes ».
ils forcent les dirigeants politiques à
prendre position.
Action de jeunes ciitiquable par cer-
tains côtés, surtout que trop souvent
ils s'abreuvent à des sources idéolo-
giques sentant le moisi et ne sortant pas
du cadre admis par les théologiens à
formules.
Présentement, nous voyons difficile
une « Révolution sexuelle » surgir à
coup de décrets. Une révolution dans
les mœurs ne se fait pas en remplis-
sant des Livres blancs.
Les lois, les règlements ne se trans-
forment ou ne se détruisent qu'une
fois que le peuple, dans son cœur, dans
ses réflexes, les a rejetés. Les règles
nouvelles sont entérinées par les lois
toujours avec un décalage et souvent
bien longtemps après ifue les anciennes
apparaissent caduques aux yeux de tous.
et cela tant qu'il y aura des gouver-
nements. Un peu de volontarisme, nom
de dieu !
Actuellement, on ne peut revendi-
quer que les moyens. Après, le temps
et la décomposition sociale feront leur
oeuvre. Mais attendre qu'un ministre
prenne pitié de la misère sexuelle de
ses administrés n'est que démagogie ou
infantilisme. 11 ne va pas risquer sa pla-
carde pour un sujet pareil, à moins
qu'un jour la majorité soudain bascule,
alors, là, il changera son fusil d'épaule.
Milieu d'étudiants, terrain d'élection
des apprentis politicards, sans nul doute
pour certains.
Cette agitation débordera-t-elle les
milieux étudiants? La jonction se
fera-t-elle entre Enjoints et Gavroche '.'
Laissons cela aux tireuses de cartes,
elles abondent; de toute manière, les
jeunes têtes de Turcs auront eu la pri-
meur de faire poser des problèmes, et
de sévères.
Ft. d'autre part, le fait dans son
intégralité étant notre péché, obser-
vons les mouvements ayant pignon sur
rue et nous voyons l'Etat et les partis,
leurs compléments nécessaires, se déme-
nant pour parer à lotit cela, employant
tous la démagogie à la jeunesse, ouvrir
boutique en grand, racolant afin de leur
donner un cachet qui les mènera éblouis
par la culture du navet sur la voie de
garage de tous les espoirs et de toutes
les révoltes.
Ainsi l'emprise envahissante de l'Etat
sur les Maisons de la culture, obligeant
leur président, André Philip, professeur
de l'L'iiiverMté, ex-social-démocrate
maintenant gaulliste, pourtant à la botte
celui-là, à donner sa démission, écœuré.
tant et tant de servilité pour si peu de
résultat !
Du côté de L'Huma, derrière la bar-
ricade de l'opposition constructive
comme ils se nomment, ou à peu près,
après avoir fait Une campagne dégueu-
lasse sur - les groupuscules ». avec
ricanements, calomnies selon leur habi-
tude de déformer les événements parce
qu ils ne les avaient pas créés. Nous
avons espéré un instant de voir le
Comité central pour reconquérir une
partie de la jeunesse, revêtir «. blond
gine • et perrruques. et de l'Institut Mau-
rice Thorez du boulevard Blanqtii. qui.
haut lieu du non-conformisme comme
chacun sait, débouler le Boul'Mich. et
atterrir rue de la Huchette pour dé-
montrer aux hurluberlus fumeux les
délices du programme commun de la
gauche. Non ! ils préférèrent couver
leur jeunesse dans les communes de
banlieue où ils tinrent leur congrès.
Il est à voir de près ce mouvement
de jeunes-vieux, partagé en quatre orga-
nisations : l'LJECF (l'Union des Etu-
diants Communistes de France). l'UJFE
(l'Union des Jeunes Filles de France).
l'UJCF (l'Union des Jeunesses Commu-
nistes de France), et l'UJAF (l'Union
des Jeunesses Agricoles de France),
les filles à Bagneux. les garçons à Ivry.
les étudiants à Montreuil et les pay-
sans à Vigneux. Organisations dénotant
le souci ségrégationniste des sexes et
des situations et pourtant n'ont-ils pas
les mêmes problèmes '! Faut-il les cloi-
sonner pour que les fameuses contra-
dictions inhérentes au monde commu-
niste n'éclatent pas trop à leurs yeux'.'
A moins que la démagogie à la jeunesse
faite dans chaque milieu ne se contre-
dise mutuellement.
Le gars de charrue assis à côté de
l'étudiante en sociologie, serait-ce un
scandale ? Et cela pourrait poser des
problèmes, surtout celui de la Révolu-
tion sexuelle tant agité par les jeunes
trublions.
A la fin du congrès, on les réunit
quand même tous ensemble au moins
une fois à Ivry. sous la surveillance de
leurs parents lie Comité Central), et
pour entendre l'ineffable Waldeck. pas
Provo pour deux ronds, le Berrichon !
La panoplie du parfait révolutionnaire
fut déballée, les paroles d'or coulèrent
dans le souci de ne pas mécontenter la
jeunesse et de ne pas choquer le bour-
geois, et les revendications furent énon-
cées, entre autres : le droit de vote à
18 ans qu'ils auront peut-être d'ici à
vingt ans et. dans ce cas. ne leur servira
à rien.
Et une mesure antimilitariste par
excellence : le retour du service mili-
taire à un an; dire qu'avec des trucs
de ce genre-là ils ont encore des clients !
Jeunes, attention ! les derniers décrets,
s'ils n'accèdent pas au pouvoir, vivent
de la revendication sans ambition, c'est
leur job. le jour où la protestation pour
les petites bricoles sera close, il faudra
qu'ils se reconvertissent, bourrcurs de
crânes craignant le chômage, ils sont
pour le plein emploi. Méfiez-vous !
Pol CHENARD.
Tout bouge. Sous des prétextes vagues,
une épuration grandiose d'intellectuels se
fait en Union soviétique. Prétextes qu'il
est facile de dissimuler sous des mots son-
nant le creux. En Tchécoslovaquie des grè-
ves eurent lieu. Motif effarant : contre la
façon de répartir les primes où la direction,
sans consultation des syndicats, s'en est
attribuée une grande partie. Et fait plus
prodigieux, nous montrant sous une lumière
plus crue encore, la véritable autogestion
des entreprises : les ouvriers continuèrent
la grève, tant que certains dirigeants n'eu-
rent pas encore démissionné. Pour bien
comprendre combien le système étatique
communiste n'est pas ce qu'il prétend être,
mais plutôt la forme la plus finie de société
capitaliste, il suffit d'écouter les propos
de ses dirigeants dont la similitude avec ce
que disent nos exploiteurs, est frappante :
« Nos entreprises doivent apprendre a
produire ce qui est nécessaire aux marchés
intérieur et extérieur ».
Nouvelle citation : - La victoire sur
l'impérialisme dépend de l'union de toutes
les forces anti-impérialistes -. a déclare
Ceausescu (secrétaire général du P.C. rou-
main). Qui ne pourrait ne pas être d'ac-
cord ~> Lorsque l'on essaye d'accoler à la
réalité ce* justes paroles, qui ne pour-
rait pas crier : « Vous êtes les cocos,
une bande de traîtres ' 1
Derrière ce verbalisme se cache la plus
profonde mystification du socialisme entre-
prise jusqu'à maintenant. Souvenez-vous
des accords franco-soviétiques de l'an der-
nier à propos d'échanges techniques et
industriels, de ces 7 % d'exportation en
pays capitalistes que la Tchécoslovaquie a
réalisé depuis le début de cette année.
Vous me direz que ces paroles dites ne
sont que des paroles comme ces mots ne
sont rien que des mots auxquels il ne
faut guère attacher de véritable importance.
Mais comme le disait un Monsieur bien,
un maître à penser, aux pensées de Maitre,
il n'y a pas d'effets sans cause. Et la cause
c'est le marxisme. En se faisant, sous ses
apparences d'illusionniste, le champion du
socialisme, le marxisme a trompé fraudu-
leusement le monde ouvrier. Il a détourné
les principes d'un socialisme véritable pour
ne plus avoir à les combattre, il a parlé de
liberté, d'égalité, pour mieux nous faire
accepter la subordination à l'autorité et
la hiérarchisation des valeurs. Vu mainte-
nant l'ordre des valeurs de la société, le
communisme reste le plus parfait précur-
seur d'un capitalisme transmué dans un
Etat-patron.
Roland PIERRE.
Autour d'un assassinat
« L'hypocrisie es( /'hommage
que le vice rend a la vertu. »
de La Rochefoucauld.
< Je demande à KHI?. les citovens de
renoncer ù lu violence aveugle qui a
frappe le pasleur K.ing qui vi\ait par
la non-violence. »
C'esi par ces étranges parole-, que le
président Johnson a rendu hommage à
celui qui. faute d'avoir été pour lui
un exemple, lui est peut-être un remords.
\i tant est que le remords puisse exister
pour les monstres politiques.
Il y a entre celui qui n'est plus et
celui qui en parle : l'abîme qui sépare
l'homme du chef d'Etat, la dignité de
la bassesse, le courage de la veulerie.
Un tel précipice entre eux devrait
interdire à l'un d'ouvrir la bouche sur
l'autre.
Cela devrait interdire à celui qui ne
\it et ne règne que par la violence d'en
appeler à la morale d'un Martin I.uthei
Ring.
Ce que nous en disons est d'autant
plus désintéressé que nous ne songeons
pas. à l'instar de certains, à nous appro-
prier des morts.
Nous ne sommes pas d'accord avec
celui qui voyait l'émancipation de ses
frères de race par le bulletin de vote.
Nous ne sommes pas d'accord avec
celui qui en appelait à l'Evangile pour
justifier des actions ne relevant que de
la seule morale des hommes.
Mais nous sommes avec celui qui
luttait contre la stupide et criminelle
ségrégation.
Nous sommes plus encore, s'il est
possible, avec celui qui ne se contentait
pas de combattre l'injustice là où elle
le frappait, mais, là aus.si où il n'en
était pas menacé, nous sommes avec
celui qui s'élevait contre la guerre au
Vietnam au même titre que contre le
lynchage des Noirs.
Nous sommes enfin avec celui qui
servit une idée, au lieu de s'en servir.
qui lui sacrifia tout... jusqu'à la vie.
Cela ne devrait-il pas réduire au
silence tous ceux pour qui les opinions
ne sont prétexte qu'à sinécure '?
Cela ne devrait-il pas interdire à
tous les Houphouet-Boigny. les mains
encore rouges de sang, de rendre hom-
mage à la non-violence d'un homme .'
Mais, si l'on fait justice de cette
fumée d'hvpocrisie (dont on prétend
envelopper ce crime) pour tenter d'en
découvrir les mobiles, tout nous laisse
penser qu'il n'était pas dirigé seulement
contre les noirs des U.S.A., mais aussi
contre les pourparlers de paix au
Vietnam.
Nous sommes inéluctablement amenés
à constater que le premier effet de ce
meurtre a été de suspendre le vovage
de Johnson et de remettre à plus tard
l'entrevue dont peut dépendre la fin
des hostilités, nous sommes amenés à
conclure à un crime politique et contre
les revendications noires et contre la
Paix.
Il est certain qu'aujourd'hui les diri-
geants des U.S.A. se trouvent pris dans
celte alternative : satisfaire à l'industrie
de guerre sur laquelle ils ont basé
leur économie, faire cesser intérieure-
ment et extérieurement les troubles dus
à cette guerre.
Nul doute que. sur le plan financier,
comme stir le plan politique, les U.S.A.
(et. disons-le, les financiers et les poli-
ticiens de l'univers) comptent des par-
tisans du premier et du second terme.
Nul doute que dans le monde de la
Haute Banque les intérêts se trouvent
opposés et que. selon ceux-ci, les uns
veuillent la poursuite de la Guerre et
les autres sa fin.
Quoi qu'il en soit, l'assassinat de Mar-
tin Luther K.ing a donné un sursis à la
tuerie.
Il aura servi aussi le jeu politique :
la flambée de révolte que vient de tra-
verser l'Amérique justifiera l'éternel
« rétablissement de Tordre a et satislera
à l'opinion grégaire et raciste des popu-
lations.
Paré de cette auréole. Johnson, le
laudateur de Martin Luther King.
Johnson qui a fait mettre les drapeaux
en berne au lendemain de l'assassinat
de l'apôtre de la non-violence. Johnson
qui adjure les Noirs de ne se livrer à
aucune représaille. Johnson voit sa
popularité remonter (les sondages d opi-
nion en témoignent) et les masses se
montrer oublieuses de ses crimes et de
ses infamies.
HEMEI .
JUGER ? DE QUEL DROIT ?
La bonne âme Camille Leduc, le bon
arbitre, tient justice tous les jours en
page 2 d'un journal que je n'ose
nommer de peur de passer pour ce
que je ne suis pas ; un imbécile. S'il
m'arrive de lire ce journal, je le recon-
nais, ce n'est pas par goût mais bien
plutôt par un certain sadisme qui me
fait vouloir de temps en temps me
détendre en regardant la bassesse et
la bêtise d'une forme de journalisme
qui, malheureusement, est la plus cou-
rante et ne fait pas honneur à la pro-
fession. Pour en revenir à ce Camille
Leduc qui se prend pour un Don Qui-
chotte moderne, celui qui avait déjà
lancé une croisade contre les beatniks
et autres jeunes délinquants revient à
la charge.
Dans le n" 2677 de « Paris-Jour » ce
bon monsieur s'en prend à ce jeune
homme qui, provoqué par un automo-
biliste trop nerveux, a tué ce dernier
d'un coup de couteau, boulevard Saint-
Germain. Le fait en lui-même est inad-
missible et nous sommes d'accord sur
ce point ; seulement où se fait la diffé-
rence entre l'honnêteté et la bassesse,
la justice et l'hypocrisie, c'est quand ce
monsieur en arrive, toutes œillères
dressées, à porter tous les péchés du
monde sur le jeune assassin.
« Des gens sensibles s'ingénient à
trouver des circonstances atténuantes ».
Mais on ne s'ingénie pas à trouver une
réalité, et cette réaliié quelle est-elle 1
Une enfance difficile, oui, et Camille
Leduc ne doit pas savoir ce que c'est.
Un étoufiement de la personnalité et ce
même Camille Leduc doit ignorer que
la découverte par certains du processus
d'épanouissement ou de non-épanouis-
sement de l'individu au sein de la
collectivité est peut-être l'une des dé-
couvertes primordiales de notre époque,
qui sert en tout premier l'homme d'une
autre manière que toutes les nouvelles
découvertes scientifiques qui ne donnent
que des armes nouvelles pour tuer et
des nouveaux éléments d'exploitation de
l'homme par l'homme. Et le manque
d'une véritable affection et présence
masculine lors de l'enfance. Tout
homme censé sait bien que cela joue
énormément sur l'évolution vers la re-
cheiche de la stabilité adulte. Pas
monsieur Camille Leduc.
En fin de compte si, il le sait, seule-
ment cela ne va pas dans le sens de
ses idées. Alors on tourne le problème
en citant des cas semblables d'hommes
qui n'ont pourtant pas été jusqu'à tuer.
L'homme n'est pas fait dans un même
moule et ce qui fait sa richesse et en
même temps sa faiblesse c'est justement
sa diversité. Mais l'assassin n'est qu'un
type raté, un pauvre type, tandis que le
mort quelqu'un « d'installé » dans la
société chère à Camille Leduc, l'un a
tous les torts, l'autre toutes les vertus et
le tour est joué. Trop facile.
Le problème n'est pas de choisir, de
désigner un bon et un méchant, mais
de constater que la société est si mal
foutue qu'elle ne donne pas à tous les
hommes la possibilité de s'exprimer
comme ils l'entendent. Tout le drame
de l'homme est là. Et monsieur Camille
Leduc si vous n'avez pas de pitié pour
l'assassin, je n'ai pas de pitié pour vous.
Et moi je ne me permet pas de vous
juger, je constate simplement votre
ignominie
Michel CAVALLIER.
Le Monde Libertaire page 5
• Ecrasées, ovtlie-s eWes *lef mos-
«es on/ contiacté F habitude tcilale
z! une obéissance et d'une resig.QO-
tion moutonnières et se sont, en
conséquence, tiansioimees en im-
menses troupeaux artificiellement
divises et parques, pour 7o pJus
grande commodité de leurs exploi-
te-un; de toute sorte. » BAKOUN1NE
Des nouvelles conditions socio-écono-
miques est né le nouveau prolétariat.
La longue marche des révolutions tech-
nicpies a amené une grande améliora-
tion dans le confort matériel de la
classe ouvrière. Le confort étant mis à
la portée de tous, il est facile de com-
prendre l'apathie des masses. Le capi-
talisme dictant une devise bien connue :
• Travaille, tu posséderas », la course
au rendement est née et avec elle les
heures supplémentaires. Beaucoup d'ou-
vriers font encore 14 heures de travail
par jour. Celui qui a travaillé 12 heures
en ajoutant une heure de trajet n'a plus
aucun souffle de révolte. Le temps qui
lui reste, il le garde pour se distraire,
c'est-à-dire le tiercé le dimanche, la
télé. On peut considérer qu'à Paris,
130 minutes par jour sont consacrées
aux spectacles de télévision. Nous n'al-
lons pas faire le procès de la télévision ;
nous savons qu'elle appartient à une
classe dirigeante. Et il serait naïf de
croire que cette classe fasse une pro-
pagande allant contre ses intérêts. Les
émissions ont donc un but : sauvegar-
der la morale bourgeoise. Certains pro-
létaires sont tout de même conscients
de cette aliénation. Mais le temps leur
manque pour • faire quelque chose ».
Alors ils prennent une carte de parti
De l'aliénation
à la révolution
ça de syndicat et ils ont conimp on dit
• la conscience en paix ». Voilà un
bilan des possibilités de révolte chez les
exploités bien pessimiste.
Le schéma social au début du siècle
était plus simple. Deux classes s'oppo-
saient et s'affrontaient. L'ouvrier mis
dans des conditions de vie misérable
se rebellait contre ses maîtres. Mais
aujourd'hui la surabondance des biens,
dans notre civilisation occidentale, a
fait diminuer les prix, le crédit mis à la
disposton de chacun et les prix compé-
titifs ont augmenté le pouvoir d'achat.
La classe ouvrière est donc devenue
une classe consommatrice. Plus l'ouvrier
possède d'appareils ménagers, de voi-
ture, de possibilités de loisirs, bref plus
il développe son standing, plus il monte,
pense-t-il, dans l'échelle sociale. Une
fois atteint le but qu'il s'est fixé, il se
trouve face à des intérêts de petit
propriétaire et oublie sa condition
d'exploité.
par K. FINSTER
Au début du siècle les « socialistes •
s'étaient donné pour but d'unifier la
classe ouvrière. Nous pouvons dire
qu'ils ont échoué. Après la seconde
guerre, les ouvriers écrasés, se sont
retrouvés parqués dans les structures
des partis politiques, qui faisaient pas-
ser l'intérêt du parti avant les intérêts
des ouvriers. Les partis oni détruit
l'unité de la classe ouvrière. Ils en
ont fait des clans et les clans à force
de démagogie ont voulu prouver qu'ils
étaient les meilleurs. Ils se sont mené
et se mènent encore actuellement, «ne
guerre froide. Les querelles de chapelle
ont dégoûté ceux qui croyaient encore
qu'unis dans la fraternité les hommes
pouvaient réussir quelque chose. Que
reste-t-il dans les partis 7 11 ne reste
plus que les doctrinaires, ceux qui,
comme des aveugles, avancent pour le
parti et donnent des ordres aux mili-
tants de base à qui on ne demande
même pas de penser. Les autres, c'est-
à-dire une grande majorité, sont indiffé-
rents, refusent toute étiquette politique,
ils végètent d'élection en élection. Le
joui où il faut choisir un député ou un
président, afin de se donner l'impression
dt participer à la vie politique du pays,
ils vont voter.
Combien dans tous ces indifférents
sont prêts à partir « quand ça voudra
vraiment le coup » ?
C'est parmi les écœurés, voire même
les indifférents que l'on doit propager
nos idées, sans distinction de classe.
Le socialisme centraliste a fait ses
preuves : en Russie, en Chine, à Cuba...
Une certaine évolution matérielle o été
leussie. Mais l'homme se demande ce
qu'est vraiment le socialisme. Pour la
majeure partie, le socialisme reste des
slogans. Mais concrètement, la liberté,
la fraternité, la solidarité où sont-elles ?
Le socialisme centraliste n'a rien de
socialiste puisqu'il est centraliste. Le
moteur est resté à la même place.
On lui a donne des noms différents
mais les rouages et les engrenages
sont restés en place. On a seulement
changé le lubrifiant qui sert à faire
marcher la machine. En changeant de
lubrifiant les socialistes autoritaires ont
cru changer le moteur.
Le vrai socialisme c'est avant tout
changer le moteur. Mais les chefs des
partis ne peuvent pas accepter de chan-
ger de moteur car c'est tout remettre en
question, tout y compris les postes c)é
aue détiennent ces « chefs *.
Le socialisme c'est avant tout briser
sa vieille machine étatique. Ensuite vient
;e travail constructif et cela seulement
ou prix de la REVOLUTION.
LA FOIRE AU PARLEMENT
Si la démonstration était à faire que
k parlementarisme est une fumisterie,
les députés, ces jours-ci, nous l'auraient
fournie de la manière la plus évidente.
).e sujet important de cette rentrée était
on le sait, la discussion d'un projet de
loi concernant l'introduction de la pu-
blicité de marque à la télévision.
Déjà, il s'agit là d'un premier leurre
puisque de toute façon le gouvernement
a pris sa décision sans attendre lavis
des < représentants du peuple » et
i'O.R.T.F. tout préparé sur le plan tech-
nique pour assurer cette publicité. ( e
(jiii veut dire que nous ne sommes
même pas en démocratie. I.e parlement
ne joue plus aucun rôle, on le savait,
il n'existe plus. Malgré tout I"opposition
fait semblant. La F.G.D.S. s'est avisée
en retirant in-extremis la proposition
de loi de R. Dumas et en déposant une
rnolion de censure qui englobe le pro-
blème de l'information en général : Ri-
canements de C'haban-Delmas, fou-rire
de Pompidou, fureur du mousquetaire
Déferre... et c'est le chahut.
.'le ne pense pas qu'il soit utile d en-
1rt> dans les détails de la réglemenla-
tmn en vigueur dans l'hémicycle: lais-
sons cela aux spécialistes comme M. P.
Vianson-Ponté qui. dans «. I.e Monde i
se désole du spectacle lamentable donné
par ces grands enfants que vont ies
dtputés : claquements de pupitres,
gueulemenls. licpignemenls. enlin la
vraie foire paraît-il, une vraie classe de
cancres, Ht M. Vianson-Ponté s'émeut
de cet étal de choses, sermone les dépu-
tés, dénonce nomément les plus exci-
tés, leur colle un /éro de conduite et se
félicite que la télévision n'ait pas donné
It soir même des images de cette mémo-
rable séance.
Moi je le regrette. Il est M'ai que je ne
suis pas <: de gauche ï. que je n'ai ja-
mais considéré le suffrage universel
tomme un idéal et que je ne sais pas
de quoi il s'agit quand on me parle de la
dignité du parlement. Mais c'est (out
«Je même une curieuse réaction pour
un « esprit libre < que de consentir que
soient cachés à la population (ne serait-
ce qu'une fois) tels agissements de ses
représentants. Sans insister outre me-
sure -ur la conception de l'information
de ce journaliste, on peut déjà entre-
voir ce que sera celte conception dan«
un régime qui se dira « réellement dé-
mocratique ». (elle lois-ci c est la di-
flrutc du parlement qu'il s'agissait de
présenter. Parions que même sous, .un
gouvernement de gauche il \ aura tou-
jours la dignité de quelque chose ou de
quelqu'un à sauvegarder, dans l'intérêt
Le Monde Libertaire page 6
de la nation et au détriment évidem-
ment de la vérité, de l'information
exacte de la population.
Est-ce un hasard ? C'est justement «k
l'information qu'il s'agissait dan* e«
débat préliminaire à la Chambre.
l.a gauche voudrait s'opposer (puis-
qu'elle est l'opposition) à l'introduction
de la publicité à la télévision ; mais elle
ne trouve pas d'arguments très convain-
cants à dresser contre le gouvernement
parce qu'elle sait bien qu'à sa place, tôt
ou tard elle ferait pareil. Ht puis tout de
même c'est encore sur les postes péri-
phériques, financés par les publicisles
qu'elle peut s'exprimer de temps en
temps, cette opposition. Ht puis aux
U.S.A. paraît-il... Alors 7
la gauche, une lois de plus, --'est
mise à louvoyer, à noyer le poisson, s'est
discréditée... Non. pardon, c'était déjà
Sait. L'argument qui m'a paru le plus
savoureux est celui qui a consisté à dire
que l'introduction de la publicité à la
lélévision se ferait au détriment de la
presse écrite (c'est vrai) et... de von in-
dépendance puisqu'elle serait privée
ainsi d'une partie île ses revenus publi-
citaires.
.'e ne savais pas que la publicité «Sans
!>n journal est un gage d'indépendance.
A ce compte-là le « Monde Libertaire ••
t vi probablement soumis à lies prenions
incommensurables et Panv-Malch c-ï un
modelé d'indépendance.
Le gouvernement, quant à lui. n'a pas
t-u a prendre de gants, li se sent fort,
i! n ;'. pas à faire appel aux moindres
principes, il n'en a jamais eu. II peut se
ononlrer à visage découvert, visage hi-
deux qui est celui d'un fascisme oui
l'ose dire son nom.
De ce jeu. les centristes espèrent tirer
leur épingle en proposant une solution
intermédiaire : la création d'un orga-
nisme où seraient représentés. Je gou-
vernement, la presse écrite, et les an-
nonceurs. Kux, ce vont les rois de la
synthèse.
Dans quelques temps les petits pois
<Jc la télévision auront un nom. les dé-
putés se chamailleront sur un autre su-
tei eî rien n'aura changé. Si, peut-être
y aura-l-i! davantage de <• digmlé > au
parlement ? J'attends qu'on m'explique
ce qu'elle est
Sil y a eu alleinle à t.; dignité, c'est
de la noire qu'il s'agit. Mais cela est
inhérent à notre condition de gouverné».
e! aucun parlement ne le changera.
NESTOR.
Du Vietnam
ceux qui en meurent
et ceux qui n'en crèvent pas
Deux informations nous parviennent simultanément.
La première par les ondes à l'occasion d'une interview du repoiiage d'un
témoin de retour d'Extrême-Orient, émission du jeudi 11 avril.
La seconde de M. Tixier-Vignancour, par voie de presse.
11 y a au Vietnam des centaines de milliers d'enfants victimes de îa guerre,
Ja plupart mutilés et orphelins.
Le plus grand nombre ignorent où sont leurs frères et leurs soeurs eî roérr.e
s'ils sont encore vivants.
Les hôpitaux n'en ont recueilli qu'une infime minorité.
Les familles généreuses en ont adopté une minorité plus infime encore :
soixante cas pour la Belgique (le reporter est de Bruxelles). Soixante enfants
sauvés de l'enfer, sauvés d'une existence faite d'un continuel bombardement,
d'une continuelle course contre la mort, soixante enfants pour qui s'estompera
peut-être ipour les plus jeunes du moins), l'horreur des spectacles don! ils on;
été les témoins.
M. Tixier-Vignancour adjure les U.S.A. de ne pas inter-
rompre leur lutte pour la civilisation.
Quant aux autres enfants, la majorité, ceux qui ne sont ni hospitalises, ni
recueillis, ils eirent par les rues des grandes villes, se nourrissant comme ils
peuvent, se prostituant dès l'âge de douze ans pour vivre, trafiquant de tout,
même leurs sœurs, décimés par les bombardements qui leur épargnent peut-être
une tin par inanition.
Le reporter nous cite le cas de l'un d'entre eux, amputé d'un bras par les
liis du Sud-Vietnam, recueilli dans un hôpital et qui perdit l'autre bras sous les
obus du Nord-Vietnam, vivant symbole de toutes les victimes de le ouerre,
de la guerre aveugle, de la guérie stupide, de la guerre odieuse.
M. Tixier-Vignancour adjure les U.S.A. de ne pas inter-
rompre leur lutte pour la civilisation.
;,e reporter fait entendre l'interrogation directe faite a des enfants ei leurs
réponses, des enfants dont certains portent de la guerre Ses marques et Ses
cicatrices, comme cette petite fille dont le poumon es! perfore par un e-cial
de bombe.
Et tous, ou presque tous, a cette question : « Que veux-tu faire plus tend ? »
repondent sans hésitation : « Je veux être soldat. »
L'auteur de l'émission nous explique le pourquoi :
Ces enfants meurtris, sous-alimentés, mutilés, sont moins atteints dans leur
corps que dans leur esprit. Dans ce monde de force et de haine dans lequel
ils se trouvent plongés, ils n'aspirent plus qu'à la haine et à la force.
1! n'y a plus d'enfants au Vietnam, il n'y a plus que des vieillards, même
pour ceux qui n'ont pas dix ans.
M. Tixier-Vignancour adjure les U.S.A. de ne pas inter-
rompre leur lutte pour la civilisation.
Hue l'ancienne capitale, trésor d'art et d'architecture, est pratiquement
détruite, des dizaines de milliers d'hommes et de femmes sont sans abri.
Le gouvernement américain prévoit pour la reconstruction de la viiîe
'naturellement pas son impossible reconstitution) une somme qui n'équivaut
pas au cinquantième de ce qui serait nécessaire pour assurer un toit aux
sinistres.
M. Tixier-Vignancour adjure les U.S.A. de ne pas inter-
rompre leur lutte pour la civilisation.
Eh bien ! oui, en dépit de l'horreur et du dégoût que le guerre nous
inspire, nous souhaiterions, nous onissi, qu'elle se poursuive le temps d'ense-
lir tous les Johnson, tous les Mac fsé-Toung eî tous les Tixier-Vignoncoui
de la terre.
Mais nous savons trop bien c^e si ta.oi d'hommes en meurent. ceo>:-)c
n'en crever-; pas.
Maurice LAISANT.
Premier Mai d'Antan
Syndicalisme
par Maurice JOYEUX
Le muguet ou l'églantine ! Voilà ce qu'évoqué pour la foule le 1er Mai.
Pour les uns, c'est la ruée vers les sous-bois où la fleur plonge ses racines
dans l'humus humide. C'est la journée des amoureux, des familles, de la
tradition. Pour les autres, c'est l'églantine, les rassemblements houleux sur
le parvis de cette cathédrale du mouvement ouvrier, la Bourse du Travail.
C'est la journée des militants, des luttes contre la flicaille, des charges qui
laissent le pavé rouge d'églantines arrachées aux boutonnières, rouges aussi
parfois, du sang des ouvriers.
1 " Mai d'antan ! Née avec les huit heures, cette revendication noble,
toujours accrochée a notre Cahier, possède une histoire que chaque
année nous rappelons avec un peu de lassitude. Le 1"' Mai eut ses jours
de gloire — toujours présents à nos mémoires —. Ceux-ci, disons-le, furent
rares et, pour qui survole 75 ans de lutte, le 1 Mai apparaît comme la
grande illusion de la classe ouvrière, comme le grand frisson d'une bour-
geoisie terrée derrière ses rideaux, interrogeant la rue d'un œil rond. Ce
'qui caractérise le mieux de 1" Mai historique, c'est certainement le
1" mai 1906. La C.G.T., enfin réunifiée, a pris son vol de croisière. L'organi-
sation est rodée, ses deux rameaux, les Bourses du Travail et la Fédération
syndicaliste se sont fondues. Une école de militants est née qui reprendra
le flambeau légué par Fernand Pelloutier. Comme toutes les fois que l'orage
social approche, les socialistes révolutionnaires et les anarchistes se sont
donné la main pour faire front contre les deux adversaires : la bourgeoisie
représentée par les libéraux, le marxisme représenté par les guesdistes.
Griffuehles, venu du blanquisme, Poujet, de l'anarchie, sont les éléments
de cette entente d'où naîtra le syndicalisme révolutionnaire, une tendance
bien particulière au syndicalisme français et dont la doctrine sera tout entière
contenue dans la charte d'Amiens. Autour de ces deux hommes, Yvefot,
Delesalles, Niel et quelques autres. Les syndicats qui ont porté cette équipe
à la tête de l'organisation, sont pour l'action directe, entraînés certainement
par les libertaires pour lesquels l'action directe est un principe, mais égale-
ment par un instant de l'histoire d'une économie qui n'a pas encore trouvé
son équilibre. Oui ! Le l'1 mai 1906 fut une grande date en ce sens que
l'outil est en place, et jamais plus dans l'histoire, même en 1936, il ne
donnera une telle impression de volonté, de force, de maturité, d'audace
réfléchie, d'efficacité.
En face, le pouvoir qui veille sur la tranquillité d'une société chloro-
formée par les dividendes, qui compte ses écus et ne retrouve de la virilité
que lorsque son œil se porte sur la ligne bleue des Vosges. Sur le boulevard
du Crime, venant de la place de la République, les troupes à cheval défilent,
sabre au clair, pour rassurer le bourgeois. Dans les encoignures des portes,
des loustics lancent des quolibets. Les femmes qui ont rangé les équipages
s'indignent. Les cochers des fiacres d'Yvette Guilbert attendent placidement
les clients qu'il faudra transporter rapidement à l'hôpital Boucicaut.
Depuis des semaines, la presse a préparé cette journée. Les feuilles
ouvrières, savamment orchestrées par le « Père Peinard », ont tonné. La
journée de huit heures, la paix, la suppression du capital et son rempla-
cement par la. Sociale, tels sont les thèmes les plus fréquemment évoqués.
Le vocabulaire est riche, précis, volontiers rabelaisien. En face, dans les
journaux où l'on écrit bien, les chroniqueurs ont cambré les reins, redresse
le menton. En phrases savamment élaborées à la terrasse du Café de Paris,
ils ont mis en garde le peuple, enjoint à M. Lépine de faire régner l'ordre,
réclamé des réformes au gouvernement, prôné la fermeté au ministère.
Tout est prêt pour que cette journée soit pour les uns une manifestation
.révolutionnaire, pour les autres une manifestation de l'ordre.
'•Il ne se passera rien / Si toutefois on peut appeler « rien » des meetings
dans les Bourses du Travail, quelques bousculades sur les boulevards, un.
déploiement de sabres inusité, des discours menaçants de part et d'autre,
et des communiqués de victoire des uns et des autres que le vent emportera.
Il ne se passa rien, et il ne pouvait rien se passer. Déjà, sous le Second
Empire, la manisfestation après l'assassinat de Victor Noir nous avait appris
que l'Histoire n'est jamais au rendez-vous qu'on lui donne. A Grenoble,
à Fourmies, à Draveil, comme à Courrière, ces instants sanglants de nctre
histoire ouvrière, la hargne, la provocation déclenchent des drames que,
ni le mouvement ouvrier ni peut-être les pouvoirs publics n'avaient prévus,
encore peut-être que pour Draveil cela puisse se discuter.
Lorsque le temps a passé, on s'aperçoit de la « prudence » aussi bien du
bureau confédéral de la C.G.T., toujours hanté par la provocation, que du
gouvernement, toujours hanté par l'exploitation des mouvements de rue
par sa minorité. C'est à l'échelon inférieur, parmi les hommes qui s'affrontent,
que naît l'étincelle que les autres devront justifier et couvrir.
1"' Mai d'antan, votre véritable visage fut autre part que dans la lutte.
Et aujourd'hui, alors que nous avons connu en 1936 une vague sociale sans
précédent se déclencher en dehors de la C.G.T., et parfois contre elle, nous
savons également que le choc révolutionnaire n'a rien d'un combat sur le
pré où les adversaires se convoquent, donnent du verbe, claquent les talons,
se piquent élégamment à l'avant-bras, puis regagnent leur maison l'honneur
sauf et la fierté au cœur.
1 ' Mai d'antan, votre visage fut celui de la solidarité, de la communion,
du rassemblement au coude à coude. 1er Mai d'antan, ce qui nous est le
plus cher, ce que nous voudrions bien revoir, c'est le timbrage spécial de la
carte ce jour-là, le meeting de la fraternité où, une fois par an, on se revoit
tous, ce qui nous permet à la dislocation de mesurer devant le verre de
l'amitié nos efforts et nos résultats, le rappel des objectifs de l'année et en
particulier la journée de travail réduite à huit heures, les augmentations de
salaire, le refus du travail à la tâche, etc.
Quant aux journées révolutionnaires qui, d'un effort gigantesque, pous-
sent le monde du travail sur un nouveau palier, c'est autre part et autrement
qu'elles s'élaborent et se déclenchent. Le 1"' Mai, par sa masse compacte,
peut simplement nous démontrer que le rendez-vous de l'Histoire est possible.
1' Mai d'antan, le drame de'notre mouvement ouvrier est justement que
la foule qui va cueillir le muguet n'ait pas compris que la récolte ne pouvait
être fructueuse qu'après que l'autre foule eut moissonné l'églantine.
LA FAIM,
SES PALLIATIFS,
SCS VRAIS REMÈDES
n Vaincre la faim, c'est sauver la
paix >, nous dit le slogan de ceux qui
puisant dans nos poches pour secouru
les affamés des pays démunis.
Pensent-ils vraiment, ces gens bien
intentionnés, que quelques tonnes de
ii/. de lait en poudre et autres nour-
ritures suffiront à guérir cette maladie
de la faim dont sont atteints endémique-
ment des millions d'individus par le
monde ? Ce serait, alors, trop facile.
Il me paraît qu'il serait grand temps
d'user d'autres moyens plus efficaces et
à plus long terme: par exemple, em-
ployer une partie de cet argent recueilli
à grand renfort publicitaire à l'envoi de
matériels qui permettraient de cultiver
avec un meilleur rendement des terres
plus ou moins ingrates qui sont jusqu'ici
traitées par des méthodes incroyable-
ment primitives. Dans une étude fort
bien pensée, Walter I aqueur note ceci :
« Pour toutes sortes de raisons, une
grande partie de l'aide économique
accordée durant ces vingt dernières
années n'a pas eu l'effet escompté, mais
cela ne justifierait absolument pas qu'on
l'interrompe. La nouvelle idéologie
afro-asiatique est cependant dange-
reuse, en ce qu'elle tente d'apporter
une justification idéologique à ce qui
est. pour dire les choses crûment, une
relation parasitaire qui. à long terme,
devient aussi déplorable pour la dignité
des peuples asiatiques et africains que
le fut la relation coloniale. Par-dessus
tout, elle a aussi pour effet d'aveugler
ces pays, et particulièrement leurs
élites, sur leurs propres responsabilités
dans les insuffisances et les échecs
actuels. »
par Jeanne HUMBERT
II serait aussi urgent de combattre
che/: ces populations défavorisées, qui
piétinent dans leur ignorance, leur apa-
thie, leur nirvana, leur fatalisme et leur
attachement à des croyances morbides,
à des traditions hors de notre siècle:
leur donner le goût de l'effort afin
qu'elles arrivent à se suffire dignement
sans le concours perpétuel d'une charité
dégradante.
F.t surtout, surtout, qu'on leur ensei-
gne, qu'on les oblige même, à tempérer
leiii exubérance génésique. à freiner
leur prolifération qui est une des causes
premières de leur grande misère, une
menace pour leur vie. leur santé géné-
rale et pour l'équilibre et la paix du
monde. Car tous ces pays sous-déve-
loppés. quels que soient leur race, leur
climat ou leur régime politique, sont
atteints de démographie galopante.'
C 'est cela qui serait faire vraiment
œuvre de paix, au lieu de ces remèdes
à la petite semaine, insuffisants et tou-
jours renouvelables. Mais, veut-on rem-
placer la sensiblerie par la raison .'
J'en doute.
J.a restriction de la natalité dans ces
régions déshéritées surpeuplées s'avère
un fait de prévoyance sociale utile,
une mesure urgente de salut public.
« Sauver la paix ! ». qui plus que
nous ici ne le désire '.' Mais il faut
pour cela beaucoup plus que quelques
tonnes de ri/ vite englouties et envoyées
davantage pour libérer la conscience de
ceux qui n'ont pas faim, que pour faire
œuvre réelle et obtenir des résultats véri-
tablement solidaire».
SYNDICALISME ou CHAOS ?
Le syndicalisme étudiant connaît des
réunions mouvementées et fait l'objet
de conclusions fort hâtives. On l'a bien
vu lors de la dernière assemblée géné-
rale de l'U.N.E.F. où la tendance « poli-
tisée » a sorti manu militari les « apo-
litiques ». Cependant, le problème tel
qu'il est posé dans la presse et par
beaucoup d'étudiants eux-mêmes -
politisation, apolitisme —- n'est pas aussi
simple qu'il le paraît tout d'abord.
Le rôle premier du syndicat, qu'il soit
ouvrier ou étudiant, est de défendre
les intérêts de ses syndiqués et donc
d'agir sur le plan professionnel et éco-
nomique. Le premier travail de l'U.N.E.F.
doit donc être de contester la forme
de l'enseignement actuel et de reiuser
la situation instable de l'étudiant dans
la société. Cela débouche forcément sur
un plan politique, mais où le syndica-
lisme étudiant, tout comme le syndica-
lisme ouvrier, outrepasse ses fonctions.
c'est quand les préoccupations purement
politiques prennent le pas sur l'aspect
purement syndicaliste. C'est ainsi que
l'U.N.E.F. joue le rôle d'un mouvement
politique et agit dans ce contexte
comme le ferait un parti. Et chacun sait
que le syndicalisme étudiant est un
tremplin pour les futurs politiciens qui
formeront les cadres politiques de la
société. L'U.N.E.F. est la proie des par-
tis marxistes et ceux-ci s'en servent tout
en prenant garde de ne pas se laisser
contaminer par l'enthousiasme étudiant
jugé trop fou par les dirigeants « arri-
vés » et bien intégrés dans la société.
Cela explique toutes les discussions
actuelles sur le rôle du syndicalisme
étudiant et on peut penser raisonnable-
ment qu'elles ne déboucheront jamais
sur quelque chose de bien précis. Cela
peut se comprendre d'ailleurs. En effet,
et c'est là que réside la différence entre
le syndicalisme étudiant et le syndica-
lisme ouvrier, l'étudiant est étudiant
pour un temps limité, alors que l'ouvrier
est ouvrier pour la vie. Quand on est
jeune, qui plus est, on ne voit pas,le
problème immédiat avec toute sa valeur,
surtout quand on sait qu'il ne durera
pas dans le temps et on préfère « dres-
ser des plans sur la comète » ; la reven-
dication syndicale se trouve alors mini-
misée par rapport à l'action politique.
Le noyautage du syndicalisme par
l'esprit partisan est mauvais en soi, c'est
lui qui a causé les scissions successives
du mouvement ouvrier, et l'on voit ce
que cela a donné. Encore maintenant,
c'est la liberté du syndicalisme qui est
en cause, et le syndicalisme étudiant
n'est pas libre.
Si la révolte des étudiants peut sem-
bler avoir une réelle valeur et elle
l'avait au début on se rend compte
maintenant que les militants des partis
en mission dans les syndicats ont repris
la situation en main, ou du moins,
semblent l'avoir reprise, au bénéfice
d'une gauche électorale aux ambitions
pour le moins douteuses.
Pour que le syndicalisme étudiant
soit libre sans pour autant être réac-
tionnaire, il doit se placer sur un ter-
rain pleinement révolutionnaire, c'est-à-
dire refuser toute ingérence des partis
politiques et trouver sa propre éthique
révolutionnaire dans sa définition syn-
dicaliste étudiante.
Le problème est complexe, nous
venons de le voir. Ce qu'on peut dire,
c'est que le syndicalisme étudiant qui
n'a pas à vrai dire de passé révolution-
naire, doit aborder lui-même son pro-
blème en essayant de se définir exacte-
ment afin d'éviter toutes les bêtises que
l'on peut sortir à son propos. Et si les
structures actuelles du syndicalisme étu-
diant ne correspondent pas à la réalité,
il n'y a qu'à reposer le problème en
repartant de zéro de façon à construire
un outil de combat étudiant libre, même
si cela exige des remises en cause et
des scissions. Il faut parfois savoir ris-
quer le tout pour ne pas tout perdre.
Michel CAVALLIER.
Le Monde Libertaire page 7
LITTÉRA
et
Par Maurice JOYEUX
Ta: !a pœoïe ou par l'écrit, ïe besoin qu'ont )»•<
hommes rie s'exprimer, de se peindre eu rie pemrhf-
Jes elies ou ies choses qui les entourenl se peic: daii;
Ja naît des temps. Cependant, et pendant de? sm-Jes.
seule une catégorie d'hommes G pu traduire cf jes,li-
ment dans des faits. L'absence d'une langue loirr.ee.
J analphabétisme, la pauvreté des moyens d'étiiticoi.
Jeur prix, limitèrent l'expression écrite, moins oepc-ji-
dant que !e privilège que s'octroyèrent les classes
dirigeantes et leurs clients sur tout ce qui toucha..*
j'opinion publique, support indispensable a la péren-
nité des institutions politiques ou religieuses qu; Jeu-
assuraient une situation privilégiée dans la société.
Au cours des premiers âges, le livre chanta les louan-
ges des seigneurs et du dieu qui leur ccnle:œ? in
puissance, décrivit leurs guéries, leurs amcL.:t- •:>;!
Je-urs haines. Même lorsque franchissant ce on}-. «•
Jivre s'ouvrit a la philosophie, le sujet resta limite •-;
une classe de la société dont les membres se dépu-
taient entre eux le privilège de régner sans païiaye
sur le grand nombre. Des premiers livres que ;,c:;>
connaissons, les hommes du peuple y restent crser,"--
en tar.t qu'êtres de raison, simplement cites CCST,.'..I.
lurent cilées les choses utiles qui entouraier»; ;'éJ:i«-:
de ia société. Comme une table devait être basse m,
bahut proiond, un fauteuil confortable, !e peuple GC-C:;;!
dans !e livre devait être obéissant, travailleur, ^.-.-i'---
trj îouie chose pour le service du maître.
On ie traita dans le livre comme une chose oi"--
baite que l'en pesé là où cela convient ie rnie.-i. C'j,
t'assure simplement de la qualité de son an.t .'•' <i-
Ja souplesse de son échine comme on s'assuiar; •.'<>•
Ja solidité au chêne destine an mobilier, du pis a<- ;••••
vache destine à alimenter la progéniture, c.e ! bi;!.-....\
destine c: recevoir le grain. D'ailleurs le peuple i,»-
bsait pas. i! écoutait les histoires racontées pc:: <v(-"-
hommes qui transposaient le récit de façon c: roi •(-•),-
ter î auditoire. Et ce peuple exigeait qu'on lui rocc-.Me
des légendes sur ce merveilleux dont il était excii: '-1
plus :aid, lorsqu'il aura appris a lire, les hj?!i ;••-:
de sa vie crise, de sa souffrance le laisserez: ir.'.•..;••
temps indifférent. Avant de lui apprendre « ic scienc»
de sa misère », la lecture lui peindra des parut;,s
imaginaires ou il n'accédera jamais. D'ailleurs, ;. n f••-1
pas certain que de nos jours il ne cherche pas cc:vc::i-
lage l'évasion que procure la légende ou ie rêve a
la description 6e la condition d'existence QXÎÎ <r"1 Je
sienne.
Le temps du mépris
Pendant toute l'Antiquité, l'ouvrier, l'artisan, en nij
mol l'homme de métier qui travaille de ses mains seïo
l'objet de mépris pour le lettré et dans ie iivre ,-J
n'interviendra que comme repoussoir. Le Moyen Aqe
reprendra à son compte ce préjugé des classes diri-
geantes d'Athènes ou de Rome. « La chanson de
fioland " nous décrit un vilain, naïf, paresseux, voieuj.
dont Rutebœuf, pourtant attentif à s'apiloyer sur sa
propre misère, dit : « Après la mort il seic je/e.'t
même de l'enfer tellement il sent mauvais. « Ce sonl
ces artisans qui pourtant inventeront ou perfecticr.-ne-
jont au cours des âges cette industrie élémenlaiit
dont le clerc ou le seigneur jouiront sans vergogne tl
j'Eglise elle-même ne concédera à ces parias qu: vonl
construire ses cathédrales qu'une pitié de commande
teintée de mépris; il est vrai que le compagnon se
•vengera en sculptant dans les encoignures des païai?
réservés à Dieu, le mufle du recteur en proie a ïct
gourmandise, à l'avarice ou à la concupiscence.
La société féodale n'a que mépris pour le payson
ou l'artisan, et le trouvère qui veut plaire aux darnes
et glaner des écus les accable de sarcasmes. )i Jtrui
attendre Chrétien de Troyes qui nous décrit les tjsse-
rands pour entendre des vers déchirants :
• TOUJOUJS drap et sois tisserons
• Et n'en serons pas mieux vêtus.
• Toujours serons pauvres et nus
• Et toujouis faim ef soif aurons »
avant qu'Alain Chartier et François Villon vienjjejil
nous chanter la misère du pauvre monde.
C'est l'invention de l'imprimerie qui va p'ejroe'iie
ou livre d'atteindre le peuple par l'intermédiaire d'une
bourgeoisie naissante et qui envahit le bas clergé ei
les cours de justice. Bien sûr les auteurs consacrés son;
réserves aux seigneurs qui n'en profitent guère, aux
clercs ei aux robins et la représentation du peuple-
rions ces ouvrages, même lorsqu'elle prend un coroc-
<ère sympathique et compatissant, se ressent de la
clientèle à laquelle ils sont destines. Raielais lui-
même au rire énorme n'est pas tendre pour le paysan ;
Erasme, Thomas Morus écrivent en latin, Montaigne
et La Boetie dans une langue savante audible povu Jes
parlementaires et les abbés au bel esprit mais incom-
préhensible au petit peuple. Ce qui est alors la pchiit
intellectuelle des classes pauvres c'est J'almonacri
ei pendant Irois siècles le peuple continuera à ignorer
ce que nos actuels professeurs appellent la grcî.de
hlterature classique. Ces almanachs vendus par de?
colpoîleurs répondaient au goût populaire pou; Je;
fabliaux, les vieilles légendes orales, les romans cajc-
Jingiens. ies mythes, les prophéties de Nosïradarr..!iç,
Jes blagues. ;es recettes de cuisine, ïes sermons f-ajj-
Jcids, ies remèdes contre les pèches, etc. 13s iaisaveni
Je p sndani c: cc-s Mystères joués par des-. h;s!i;or.-f -£'j-
Je parvis des calhedraies dont Victor Hjqc r.o-ï£ n
Jaissc- «ne description haute en couJeui dans l--uj
JC.JT.an •• A'cfje-Dojnc- de Paris ...
Ej s;- des auteurs s'élèvent contre ia cdr.dilion iaiit
eu peuple aucune de ces vcix ne vient du pti-pk
Thcrnas Morus e&l un clerc chancelier d'A
Antoine dç- LCÎ Boetie un parlementaiie ei iJ
que J'Ar.gJaJE Thomas Deicr.ey qui a pcucci
Le- Monde Libertaire page 8
pays d'aleiîer en alejie: ecnve pour qu'on ni! «ne
vue d'en^embie de ici conditicr. des artisans c }a fin
d'û XVi' siècle, il es! ie premier des écrivcins ouvriers.
Tl dédiera son ouvrage « A tous les célèbres fjovoij-
ieass du diap anglais », il nous y décrit un « capi-
taliste » contemporain de Shakespeare don* ; atelier
comprend deux cents métiers, cent cardeuses, e: deux
ce-rils iileuses travaillant ou fuseau.
Le peuple, fa poésie
et le romantisme
En Frar,ce, le XVII siècle est celui de ia poésie
classique, celle de Racine, des deux Corneille, de
Molière. Il est aussi celui de la. pcésie de métiers,
Je siècle du poète ouvrier et Adam Eillaut « Je Vnqile
du rabot » choyé par les grands, sera surtout un
poète bacchique. 11 nous a pourtant laisse des vers
empreints d'une tendresse résignée où il peint ia joie
du travail bien fait. Eccutcns-le !
- Le vice n'est pas grand de ne posséder :isr./
« Un homme de vertu ne manque pas de Dïen.
« J'en (;ou ver ai assez dans ma boutique
« Suivent de mon labot la première pratique. »
On comprend que dans ce siècle ou pour 'igurer
à Versailles le hobereau porte ses près sur son naDit,
une telle poésie puisse charmer les précieuses de l'Hôtel
Rambouillet. De nombreux confrères, venant ce diffe-
3en 1s métiers imitent le poète servile crux crânes qui
pressurent le peuple et ce sera un prêtre, ie -'are
Meslier lui même soni du peuple qui posera le premier
Je problème de la condition sociale de l'ouvrier -o.is
l'Ancien Régime et proposera des solutions dent quel-
ques-unes sont encore des règles pour ie mouvement
syndical. Dans son Testament, il écrira : « Tau, tes
hommes .vont égaux par la nature, sis ont tous e-gcJe-
ment ie dioit de vivre et de marcher sur ia :eire,
également d'y jouir de ieui liberté naturelle en tm:vcti-
}ani utilement les uns et tes autres » et, plus "cir. :
« Le vrai pèche originel peur les pauvres peuples est
de vivre dans le misère, dans ia dépendance f.t srus
lo tyrannie des grands. »
Et pendant que les philosophes tonnent centre 1 in-
justice politique on laisse en marge l'injustice écono-
mique et sociale. Alors que la bourgeoisie d'affaire et
de robe s'apprête a renverser le régime, les ouvriers
qui, pourtant, ont redécouvert leur arme de lutte, ia
grève, se taisent ou protestent par des chansons.
La Révolution française sera dure aux hommes des
métiers. La bourgeoisie qui conquiert ses libertés poli-
tiques défend âprement les avantages économiques
ojrachés des mains défaillantes de la classe nobiliaire.
Le grand cycle de l'association contre nature du bour-
geois et de l'ouvrier vient de commencer. Les ouvriers
f-1 les artisans, qui prendront la Bastille, auront comme
salaire la loi Le Chapelier qui leur interdira de se
coaliser pour défendre leurs salaires.
A la veille de la Révolution, la population indus-
trôelle compté environ neuf millions d'individus ; mais
ceux-ci ne constituent pas encore une classe ouvrière
car il n'existe ni continuité dans le travail, ni concen-
trations importantes. C'est ce qui explique que les
ouvriers ne seront pas représentés aux Etats Généraux
et Lichtenberger nous apprend que sur cinq mille bro-
chures parues avant la réunion de l'Assemblée, une
vingtaine seulement protestent contre la condition faite
cfax salariés. Le monde ouvrier reste un quatrième Etat
en marge des trois autres. Il en a conscience et il
demandera la refonte de son statut dans une pétition
écrite d'une main anonyme et que signeront cent cin-
quante mille salariés et- qui dit entre autres : « Pourquoi
nous oublier, nous pauvres artisans sans lesquels nos
frères éprouveraient des besoins que nos corps pré-
viennent chaque jour ? «
Non, les hommes qui travaillent de leurs mains ne
«ont pas encore des hommes libres, mais ils veulent
le devenir. C'est ce que vont dire les ouvriers devenus
des écrivains et jetés dans la bataille par la révo-
lution industrielle.
Cassure profonde entre l'ancienne et la nouvelle
société,-la Révolution française va accoucher de deux
lévolutions complémentaires, ia révolution économi-
que el la révolution littéraire. Saint-Simon et Fourier
vont amorcer la première. Chateaubriant et Madame
de Staël la seconde, et par cette brèche ouverte dans
le confort intellectuel et social de la société le peuple
va s'engouffrer.
Révolution littéraire, ie romantisme derrière Hugo
•va rapprocher la littérature du peuple, écrire le lan-
gage du peuple, prêter au peuple les sentiments de
tragédies et de noblesses jusque alors apanage de
3'élite. Révolution économique, le socialisme domine
par Proudhon et Marx va hisser le peuple à la res-
ponsabilité économique, lui conférer ie droit a l'égalité
sociale, a l'accession a .une propriété débarrassée de
l'accumulation. Mutation gigantesque qui aboutira à
ce morceau de littérature ouvrière d'eu est ne notre
mouvement syndical « Le Manifeste des soixante ».
Mutation dont le moyen fut la presse don! les ouvriers
^'empareront. Dès ie milieu du siècle •• L Ate'r.er ». ie
premier des journaux ouvriers, ressemblera ir^ïc-.s les
signatures des autodidactes ce l'époque.
Siècle extraordinaire que ce XiX1 s:ede .' Alors eue
Ja bourgeoisie d'affaires represeniee par ies Pereire-,
3es Guise!, .'es Thiers pressurent durement 'le peuple,
.les intellectuels libéraux représentes par 1/Sicheiei,
George Sand, Victor Kugo vont an peuple. Cepeivjn/.'ï
r'est en marge de cède bourgeoisie ce tons t.er/i-
ments qu'il fan! chercher ies vrc.s rep-p-cris tjy.r-r- jo
iitleralure et ie peuple.
- L'Al(.-hei " ÏLT; le pierre: ces jciirncrux OUVI^-ÎE..
• 2-e- Peut-le »• de Picuclhior.'. aiiiOiird'haî dans oe!.i.::/j-
qes mains, « La MorseijJ'ojse * d'Eugène Varlin. bien
d'autres encore suivirent. Mais en marge eu ",o>,ï:na-
Jisme les ouvriers traduiront leur colère comme leuip
espoirs a travers la poésie et ia chanson avant d'abor-
der enfin le livre, saisissant ainsi une arme qui depuis
des siècles était restée aux mains des classes diri-
geantes.
L'instruction se répand paimi le peuple, favorisée
par la diffusion a bon marche des oeuvres romanti-
ques. En 1847 le nombre des hommes sachant lire
n augmente de 50 "o. Les cours du soir pour adultes
rassemblent plus de deux cent mille ouvriers. Les
écoles se multiplient, ce mouvement va susciter de
nombreuses vocations littéraires parmi ies ouvriers.
inquiet, Guizot jette un cri d'alarme : « L'invasion êtes
classes pauvres par l'instruction élémentaire es! un
élément qui doit miner la société dans .ses .'cnc/e-
ments » dit-il à ia tribune de la Chambre en s 847
e! ce seront les ordonnances sur ia presse et ies barri-
cades de Quarante-huit, qui sent indissolublement nées
avec la révolution culturelle née d'une tournée hislc-
riique, ia bataille d'Hemani.
La littérature ouvrière
l'es ia naissance ce cette interallié ou\:iere-, ce,.x
ccaiants vont s'opposer. Le premier, compose ci étu-
diants studieux, démarquera ia littérature traditionnelle,
ie second construire, une littérature -du peuple. Le pre-
mier donnera naissance eu populisme puis au notu-
Kîlisme et dans ce courant .es écrivains vsnan: -.if
i université ou de l'usine se mêlèrent etrc-ite inc-ni. ..e
•••econd créera ce qu'on appelle la littérature ouvrière.
Michèle! prendra nettement parti pour ce dernier en
f-'rivant : •< Les leities font pou: les lettres c':', .'ivres,
cie^ journaux, des drames eu le petite notion travaille
•:: ; ;;:su de .'a grande. 11 laut franchir Je cercle. ••• Et piuK
join, précisant sa pensée : "Presque toujours :M-U>:
oui montent y perdent i'oiig'-nciitc de leui ciass? ?a~is
gagner celle des autres. » Ce sera une éruption spec-
taculaire de la littérature issue d'à peuple et ce mou-
vement se trouvera encore impulse par ie discours
de réception a l'Académie française de Nodier cji cho*
fïia comme thème « L'Art social ».
Des 1832 Félix Piat fera jcuer une pièce •• i' r,e :tvc-
Jation d'autrelois », Agricole Perdiguier écrira •< Les
mémoires d'un compagnon » reédité de nos jours dans
une collection de poche, Martin Nadaud publiera en
exil « Mémoires de Léonard, ancien garçon maçon »
et Norbert Truquin « Les mémoires d'un prc Je taire «.
Enfin Proudhon, ouvrier typographe, bâtira une oeuvre
qui donnera naissance au mouvement ouvrier e; qui
est la seule a avoir résisté au temps. Et Sainte-Beuve
pouvait écrire : « Seuls des grands écrivains de ieur
époque Proudhon et Michèle! lurent lus par ie peu-
ple ». Les populistes, eux, créaient des oeuvres popu-
laires un peu larmoyantes, truffées de bons sentiments
qui permettent, depuis deux mille ans, a ia classe
riche d'exploiter la classe laborieuse. Le sommet de
cette littérature qui s'achèvera avec les disciples de
Georges Ohnei reste Eugène Sue.
Au lendemain de la Commune nous assisterons, a
un double mouvement littéraire dont le peuple sera
Je sujet. Nous verrons d'une part l'intellectuel ocur-
geois ou universitaire venir au peuple tt placer ie
peuple au centre de son œuvre, tels Jules Voiles dans
- l'Insurgé » ou Emile Zola dans « Germinal •-. Comme
Je prêtre apostat i'inteileciuel se défroque. Mais nous
verrons également des hommes s'arracher du peu-
ple pour venir prendre place dans le cénacle que
crée la société littéraire satisfaite de soi-même, tels
Fernand Gregh, Jean Ajalbert, Lucien Descaves. El
ceux-là trouveront la consécration au sein ce l'Aca-
démie pour enfants pauvres, l'Académie Concourt.
Ce sera la grande période des Universités populai-
res. du régionalisme littéraire, et le paysan prendra
an instant la relève de l'ouvrier pour accéder a son
lour à une expression authentique du milieu social.
Eugène Le Roy devait être avec son roman « Le Mou-
lin de Fiau » qui ne le cède en rren à « /acquou Je
Croquant » le représentant le plus authentique de ce
courant. Les universitaires eux-mêmes seront séduils
pai le bric-à-brac réqionaliste. Romain Rolland nous
donnera son chef-d'œuvre « Colas Breugnon » et plus
tard Roger Martin du Gard cette petite pièce malicieuse
- Le Testament du père Leuleu ». Au début du siècle
une société des écrivains de province se fondera el
nous y retrouverons les noms familiers de Henri Pour-
rat, Charles de Pesquidoux, Ernest Pérochon, Gustave
Cher au, Maurice Genevoix qui, lui, a réussi a monter
d'un étage a l'Académie française. Mais c'est autre
part qu'il nous faut chercher les soubresauts tumul-
tueux de ce mariage du peuple avec cette belle fille
un peu putain, la littérature. Quatre noms se détachent
des essais "littéraires des travailleurs au début du
siècle. Ce son! ceux de Lucien Jean, d'Emile Guillau-
min et Charles-Louis Philippe, dent ie roman •• Bubu *
es) devenu un classique, de Marguerite Audcux écri-
vain des métiers dent « Marre-Claire » vient de iepa-
roiiie dans une coiïeclion c'e poche. On peu! ranger
ri leur côle Leci-'i F'rapié dont nous avens ;ou:- ,'u ce
livre plein de tendresse « Lo Ma,'e;rjerte >•.
Cette génerc'icrj iul une génération chcur.ieie et
j] appartenait c: le; suivante issue des tranchées de'
peser ciairc-mey.i le problème ces rappcrts emre ïa
Jîliéralure et ;c peuple. Jusqu'alors ïa i^ieraUire-
tiivriere avail e'c ccnsidé-rée co-rnr'.e une exccfi!;cr, t'1
J'écrivais aufo:htlac!c ccmme .;n phénornèr-e qu'on
regardai; avec ^c;;.ic, = ;;ce e; sv:^po!h:e. On îc- :u^ea3i
cc-mn:e en juge J c;ma!eur en rr-ai'id civ. DTc'ï—sior.xe-J.
lancer une véritable école où le roman prolétarien n»
se contenterai! pas seulement de peindre la vie rlus
travailleurs mais aurait également l'ambition du (en
guider dans leurs luttes et de prétendre a la relève de»
œuvres des intellectuels venus au peuple et qvu for-
maient le gros des théoriciens du Mouvement ouvjjeu
- Que ceux-Jà seufe écrivent, qui ont que/que r>jr>s*>
o dire -, s'écriait Henri Poulailie. Et André Gide lui
repondait avec dedcrin : « En dehors de ce qiïij o vu
l'auteur n'a rien a nous dire *, ce qui confieinraii cei
esthète de la littérature.
La querelle était ouverte, ia littérature prole-lMueiuip
lancée. Entre les deux guerres mondiales elle rievori
se faire âne place honorable, sans plus, ô cote du
surréalisme avant dé sombrer comme d'autiet éc-ojf-s-1
du même caractère dans des querelles qui pjr-vi-
queront un éclatement suscite pai ie parti cc-mr)iGjiistt
et la politique de Staline. Cependant Pouiciîie rieria
rail que pour la littérature le problème du paiii etaj.
un problème plus tragique et plus admirable que if
problème de l'amour. 1! nous donnait, pour nous en
convaincre, deux livres magnifiques « Le jcc-;;. guoli
dien >> et « Les Damnes de ia ;e;;e •• et iilnn?. un
cuivrage important « Nouvel âge l'ilte/oie «• ij lêntait
cie définir une esthétique prolétarienne. Auteur cit .lui
Michel Martinet, Aîber; Thierry. Dame: Ho.eA y J-.n;jjui.-.
Giono et sur la fin un ;eune terrassier ',(.•:' •"ciruiu
aujourd'hui qui nous a donne avec « 7";cvnuj- >• k
c-hcf-d'ceuvre cie ici littérature ouvnerc-, -e veu>.
Les temps modernes
Les tentatives ce regroupeme'-,: Je? ecrïiOi.o.- issu?
du peuple, au lendemain de JG iiberaîicri )..j(r' wiiif.
Jendemain. Les temps étaient passes. Un ia' cppii'jnm'
cru peuple se concevait lorsque ie peuple tinr; ie-i.ua
hors de la so;ié!e. Mais îe peuple aujoiiid'r/uï ovtni
accès a la connaissance et ses oroanisatic-r.t s y adi-
cnles comme ses luttes sauvages i avaient !t..]j1ecot
dans ia société. Le peuple, pour peu qu'il ie voulji,
avait accès à ia culture. Non seulement ar,e liîtejntijjf
prolétarienne ne se justifiait plus mais elie e;onl jec.;jt
comme une insuite par un peuple qu'on sùppc^tjcrjl
incapable d'accéder c la culture sans adjectiij iintt-
iatif. Les écrivains ne seraient plus ces. ecïi\o.irif.
ouvriers ou bourgeois, ils seraient des êcrïva:iJjî. et
on les jugerai! sans indulgence et sans corioesceri
dance sur le style, sans plus. Un universitaire cci/imt-
î.P. Sartre, par exemple, pourra être un philosophe
intéressant et un écrivain médiocre alors que Louit
Guilloax venu du peuple et auteur, entre o-.ibee de
- La Maison du peuple » e! du « Sanç /Voir *. es' un
oàmirable écrivain. La partie pouvait donc tire CIMIKI-
cieree comme gagnée par les ouvriers, d'onl î'în'ipoj-
iance so mesurait a celle que l'écrivain alkichiwait
aux sentiments émotionnels crées par ieui ccT.'f.biiciri
e! au cadre où ils évolueraient. Voire...
La ségrégation -littéraire existe toujours. Tl es* un*-
ioîs pour toutes entendu chez l'homme de Jetlies-. de-
bon ton, que les qualités nobles du militant ouvrier
sont dignes d'une admiration étonnée, alors que ces
qualités vont de soi lorsqu'elles proviennent d'une cer-
taine classse de la sociélé : « Jean était poh. il poiiaîl
correctement, bien qu'i] lut un ouvrier... «. ).t est
entendu que les héroïnes de Françoise Sagan fout
î'amour avec une souplesse acrobatique, inconnue aux
ouvrières de chez Renault, dont les reins sont foligaét
par huit heures de travail à la chaîne. Les pre-ùes-
sont des saints pour M. Mauriac, les comm-unistes
ont de la vertu et de la fidélité aux grands prinopet
pour M. Aragon, ies militaires de l'obéissance- et rit
3'abnégation chez M. de Montherlant eî ies iiiiiversi-
taires sont de farouches barricadiers pour Mme d€
Beauvoir. Mais à qui la faute J
A qui la faute, sinon au peuple lui-même, qui depuis-
dès millénaires s'obstine à se contempler dans ce
miroir déformant qu'esl la littérature, d'abord
puis écrite, de légendes'et de rêves. L'ouvrier
sa journée répugne à se contempler avec son lajdeau
dans un livre qui, en creusant son asservissement pour
en déterminer et les causes et le remède, avive sa
lassitude. En marchant pendant des siècles à le cou-
quête du livre qui pouvait être l'arme suprême de- BU
libération, l'ouvrier n'a jamais cessé de rêve? ô ces.
drogues orientales qui endorment ia douîeu: t-1 c-ièeui
des songes heureux. Etat second, où il rêve de îocjelt-
pciradisiaque. 11 a parfois donné un coup de j-ouct
pour transformer ce rêve en realite, e! ce coup d>
pouce fut le moteur ce l'Histoire. Aujourd'hui1 que le-
mariage du peuple et de ;a iilleralure est ùii Jciit
accompli, il ne lient plus que ou peuple que >. etlt
union soit lecor.de.
Pendant des siècles, ic iiiierature îaj 'i exaltation
ries vertus d'une cîasse dominante eus se mira dans
.-err.iic g
;r,c-jjd;aïe
coi>6cl^c-ii e-csc-e pai Ge-c^ges
iiccjedïe de seizième cnrcndissemenl. F\,ÏE- au siecic--
dernier ic lii'eroiure lomarJique coiiee a ki b-ojjjf.odt
avança pas à pas. o ia conquête des libères t-c-C'ji<:-
miques et sociales, ccmpiemen! e; qaranï de Ja ht-erit-
inieilccluelie. Aux-urcî hui. îa iitiéraïure dc-ïi c .tcjjjie?
peur le peuple ies :cies de .a ;n:;r,ïîorn..a1;£.':-j sc^iajt
de demaii:.
Mais cvila r.-es! p-ds-sibie que- s; ie îecie-u.!. : eï"! o Jjrt-
ie- peuple, cesse tie Jue ie ïivre tr.< tiïuçc'riaJe-.
Le Monde Libertaire
e 9
TOUS COUPABLES
I.a jjuerre est toujours dVjjueiilassf.
nu-Mi»- lorsqu'elle s»- <k>iin<- mission df
piviulre fin.
On lu voit ergoter, pinailler sur le
choix d'un lieu dé rem-outré, faire entrer
ilt-s notions de procédure |H>ur savoir à
quelle date, à quelle heure, prendra fin la
simulante saloperie, tandis «lue des villes
continuent à brûler, de-, malheureux à se
sauver sous les bomlv-s. des blessés :<
rrm k-r de douleur, et des hommes à
mourir.
Tout cela parce <|i:e les j>ouvfrii;ints
rie veulent pas de la I';ii\. qu'ils n y
consentent qu'à rejjret.
Nous disons bien, tous les >;ouvei liants,
et l'attitude de PéUin MOUS en donne ..la
preuve : la Chine a adressé mu-
« .deu\ienie sommation » au Vietnam du
Nord l'invitant à résister à la tentation
d'une solution politique.
V.t I organe central du parti communiste
chinois déclare que : « t 'est seulement
en iiiflitieant aux agresseurs américain*
uir," iléjaite complète sur le champ Je
e et en chassant île son sol chaque
ltit agresseur que le peuple vietnamien
ptmrra atteindre les huis tnie sont la libé-
ration nationale et lu réitnijication de la
jxitrie: »
Cette déclaration eu dit long sur les
sentiments de Paix de ceux qui se sont
(Misés en champion de celle-ci.
(Kisés en champions de celle-ci.
Cela est bien dans la tradition de tous
les chefs d'Etat, daller jusqu'au bout...
avec le sang du peuple :
\je sinistre Clemenceau, dont l'O.R.T.I".
vient d avoir la fâcheuse inspiration de
commémorer le souvenir, disait, lui aussi :
« Je lais la guerre! » lue guerre dans
laquelle il ne risquait pas de laisser sa
sinistre carcasse.
Son héritier Mao n a pas changé de
discours ni de méthode.
CeiK'iidant, un tel acharnement ne sau-
rait être mis sur le seul compte du fana-
ti-.me. et de la férocité
Ces fauves sont aussi de froids calcu-
lateur».
Un |>etit écho |>assé iua|H-n.u dans la
presse nous instruit à ce sujet par la
question de- savoir si les Ktats pourront
faire face aux problèmes posés par la
fin de la guerre.
Cela dit bien ce que cela veiit dire.
[.'idéologie socialiste, le péril commu-
niste et autres slogans usités ici ou là.
n'étaient que paravents à la cause pro-
fonde de la guerre : orienter les économies
respectives des pays d'Orient on d'Occi-
dent vers l'industrie de mort, la seule
qui paie*, la seule* qui soit ;"i la mesure
du système qui régit le- monde.
Le en de Jaurès est autre chose- que
le couronnement d'un discours, la chute
d une [x'rmde oratoire : oui. « le capita-
lisme porte en lui la guerre comme la
nuée porte l'orage ».
Il ne |K-ut vivre que clé la guerre et
dans la guerre.
I oute son ac'tivite. ou plutôt son agi-
tation, débouche sur cela.
II ne produit pas pour produire, mais
)x>ur s'enrichir, il ne \ ise pas à satisfaire
les besoins des hommes, mais à exploiter
ses besoins dans les voies qui lui sont
bénéfiques.
C'est ainsi qu'il sera impuissant à
satisfaire à la faim dans le inonde, mais
qu'il trouvera toujours des capitaux |K>ur
entasser des munitions.
Ce|»endant, il arrive que lui-mêiive se
trouve pris à l'immense paradoxe social
et économique qu il a créé.
I es l .S.A. ne le payent-ils aujourd'hui
d une crise sans précédent ?
l ne crise qui engendre non seulement
chômage et misère pour les travailleurs,
ce dont capitalistes et chefs d'Ktat se
soucient assez peu, mais aussi difficultés
politiques et effondrement monétaire, la
seule chose à laquelle ils prêtent impor-
tance.
l.a guerre, cette guerre odieuse qui a
fait tant de victimes et de ruines,
n était-elle pas autre chose' que la guerre
du dollar .'
KUCIMI:.
LA RiPRiSSIOH
FRANQUISTE
iii ESPAGNE...
ET EU EUROPi...
EN ESPAGNE : David Urbarto sera jugé
le 18 avril, à Madrid, avec pour seul
« délit • le fait d'avoir appartenu en
France à la F.I.J.L. Le Procureur demande...
six ans d'emprisonnement !...
' Julian Millan va passer très prochaine-
ment devant un tribunal de guerre « Suma-
risîmo -.pour avoir soi-disant participé en
1962 à des activités antifraquistes...
' En février. 5 ouvriers des environs de
Sévilte ont été condamnés à des peines
de- 1 à 5 ans de prison pour avoir sim-
plement- diffusé la revue • Presencia »...
;Tous les jours, travailleurs et étudiants
sont traînés devant les tribunaux pour délit
d'opinion.
Cela, mieux que tous les discours, donne
une image exacte de la <• Libéralisation *
du régime, mais les sentiments européens
de Franco lui font un devoir de ne pas
limiter la répression aux territoires qu'il
contrôle ! En effet :
EN FRANCE : après le jeune militant
anarchiste Antonio Ros, ce sont maintenant
trois autres militants : José Sos, Placida
Aranda et José Peirats, qui font l'objet d'un
mandat d'expulsion en dépit de leur statut
de réfugiés politiques et en l'absence de
toute accusation concrète. Cette complai-
sance du gouvernement français à exécuter
les ordres de la police franquiste susci-
tera-t-elle une réaction adéquate de la part
des secteurs • progressistes » de l'opinion
française ? Nous avons l'optimisme de le
croire. Ces manœuvres d'intimidation ne
sauraient, dans tous les cas, qu'affermir
notre volonté de lutte.
EN BELGIQUE : le militant anarchiste
Octavio Alberola est jeté en prison pour
ses activités antifranquistes, et déjà il est
l'objet d'un mandat d'expulsion pour le
jour où il sera mis en liberté... Les pléni-
potentiaires franquistes qui attendent à
Bruxelles leur admission eu Marché com-
mun bénéficient, eux, de toutes les consi-
dérations...
LES PRISONNIERS POLITIQUES EN
ESPAGNE ET LES VICTIMES DE LA
REPRESSION FRANQUISTE EN EUROPE
ATTENDENT VOTRE SOLIDARITE ACTIVE !
F.I.J.L
Révoltant : nous apprenons que 4 mili-
tants antifranquistes résidant dans le sud
de la France ont reçu un mandat d'expul-
sion sans aucune explication.
CONGRÈS INTERNATIONAL
DES FÉDÉRATIONS ANARCHISTES
Secrétariat de la Commission
Préparatoire
3, rue Ternaux, Paris (IIe), France
LISTE DES ORGANISATIONS
ADHERANT AU CONGRES
« Union des Anarchistes Bulgares
en Exil » (U.A.B.)
« Fédération Anarquista Ibérica »
(F.A.I.)
« Mouvement Anarchiste Hollan-
dais » (Federatie Van Vrije So-
cialisten De Vrije)
« Federazione Anarchica Italfana1»"
(F.A.I.)
« Fédération Anarchiste Française »
(F.A.F.)
« Fédération Anarchiste japonaise »
« Movimiento Libertario do Brasil »
(Brésil)
« Movimiento Libertario Cubano en
el Exilio » (M.L.C.)
« Federacion Anarquista Mexicana »
(F.A.M.)
« Deutsche Anarchistische Beweg-
ung » (Allemagne Fédérale).
« Federacion Libertaria Argentins »
(F.L.A., Argentine)
« Fédération of Australian Anar-
chists » (Australie)
« Anarchist Fédération of Britain *
(Grande-Bretagne)
« International Anarchist Commis-
sion » (C.I.A., London)
« Fédération Anarchiste du Qué-
bec » (Québec)
« Organizaciones Libertarias de)
Pem » (Pérou)
« New Zealand Fédération of Anar-
ehists » (Nouvelle-Zélande)
« Anarchist Movement of thé United
States of America » (U.S.A.)
< Mouvement Libertaire de Finlan-
de » (Suomi)
« Federacion de Agrupaciones Liber-
tarias de Chile » (Chili)
« Fédération Anarchiste de Chine »
(Chine communiste).
Observateurs
« Movimiento Anarquista de Colom-
bia » (Colombie)
« C.I.R.A. » - Lausanne CH.
« Mouvement Libertaire Hongrois »
(Hongrie).
Mouvement Anarchiste Belge
« Helliniki Anarchiki Kinici »
(Grèce)
DICTATURE ET RÉVOLUTION
DE LUIGI FABBRI
La nouvelle rubrique mensuelle : * Bibliogra-
phie Anarchiste », se propose de commenter,
brièvement, chaque mois, une œuvre d'un auteur
anarchiste ou une étude traitant du mouvement
/libertaire.
Ces ouvrages seront choisis, particulièrement,
parmi tes éditions contemporaines et en toutes
langues, afin que les militants désireux d'acqué-
rir l'œuvre donf il est question, puissent se Jor
procurer.
Nous espérons ainsi attirer l'attention des mili-
tants du Mouvement Anarchiste et des lecteurs
du « Monde Libertaire » sur les livres les plus
significatifs, actuellement publiés à travers le
monde.
Cette série de courtes édudes pourra consti-
tuer Ja base d'un fichier.
Gui SEGUR.
< DICTADURA Y REVOLUCION -, en espagnol,
288 pages, éditorial « Proyecciôn ., Avenida de Mayo
1370-P.12-OF.335. - Buenos Aires. — Edité sur les
presses de « Talleres Grâficos Zlotopioro Hnos », San
Luis 3149, Buenos Aires, Repûblica Argentine:.)
Les Editions « Proyecciôn » de Buenos Aires (Argen-
tine), qui publient, inlassablement, des ouvrages anar-
chistes (1), nous offrent, aujourd'hui, dans leur collec-
tion « Lazo Libertario » (Lien Libertaire), une réédition
de l'œuvre importante de Luigi Fabbri : « Dictature et
Révolution ».
Cet ouvrage, depuis longtemps introuvable, fut écrit
par Fabbri, entre 1919 et 1920, dans le climat tendu
d'une dramatique espérance soulevée par la révolution
russe de 1917 (2). Il fut édité, pour la première fois,
en espagnol à Buenos Aires en 1923, puis une
deuxième édition vit le jour à Barcelone en 1938.
Cette troisième édition espagnole nous est donnée
dans une traduction nouvelle de Diego Abad de
Santillàn.
L'ouvrage, qui surprendra le lecteur par la valeur
« prophétique » de certaines affirmations, développe
une thèse centrale : dictature et révolution sont incon-
ciliables. Une véritable révolution ne peut être réalisée
« par le haut », depuis un Etat qui obéit à sa mécanique
propre, à ses propres lois. Lorsque la dictature se
consolide, la révolution s'éteint.
Le Monde Libertaire page 10
Ce livre, clair et simplement écrit, se divise en
quinze chapitres, précédés d'un prologue écrit en 1922,
par Errico Malatesta. Certains de ces chapitres sont
particulièrement importants par les problèmes qu'ils
posent, souvent pour la première fois, et par les solu-
tions logiques et libertaires que propose l'auteur :
I. — Du socialisme autoritaire au communisme
dictatorial.
VI. — Communisme autoritaire et communisme
libertaire.
X. -- Le concept anarchiste de la révolution.
XII. La peur de la liberté.
XIV. — La défense de la révolution.
XV. —- La fonction de l'anarchisme dans la révo-
lution.
Tout au long de cette œuvre, riche et passionnante,
Fabbri nous fait revivre l'exaltante aventure de la
révolution russe, de l'espoir à l'abattement, de l'insur-
rection triomphante de la vie et de la liberté à leur
assassinat par la « Commissariocratie » du parti
unique.
« Que l'exemple de la Russie soit utile à tous. Laisser
mettre un frein à l'espérance sous prétexte d'être
mieux guidé ne peut conduire qu'à l'esclavage. Que
tous les révolutionnaires étudient le livre de Fabbri.
Cette méditation est nécessaire pour être mieux préparé
et pour éviter les erreurs des Russes », écrivait Mala-
testa en conclusion de son texte de présentation.
Luigi Fabbri (auquel notre camarade Alfonso Failla
consacre un intéressant article dans le numéro du
13 janvier 1968 de « Umanita Nova»), né en 1877,
mort en exil à Montevideo en 1935, est l'une des
figures les plus attachantes du mouvement anarchiste
italien, et l'une des plus grandes du mouvement inîer-
nortional.
« Les anarchistes, certains de leur victoire dans un
lointain avenir, tomberont la tête haute, en répétant
l'antique invocation stoïcienne : « AVE, LIBERTAS,
MORITURI TE SALUTANT ! » (L. Fabbri.)
Il faut lire ce livre, et le méditer.
Gui SEGUR.
(1) Déjà publiés : « La Revoluciôn • de Gustav Landauer.
« Problemâtica de la Autoridad en Proudhon » de Peter Heintz,
. Rebelde en el paraiso yanqui » de Richard Drinnon (il s'agit
d'une biographie de Emma GoldmanX • Marxismo y Socialisme
Libertario • de D. Guérin, « • Cataluiia 1937 . de G. Orwells.
« Ideoloqias y Tendencias en la Comuna de Paris > de Hein-
rich Koechlin, etc.
(2i • Dittatura e Rivolu2ione ». édité à Aacoua BU 1921, par
la < Libreria Editrice Internationale ».
ORDRE DU JOUR DÉFINITIF
DU CONGRÈS DE CARRARE 1968
1) La situation économique, sociale et politique des
pays représentés; la situation du Mouvement Libertaire,
ainsi que les perspectives d'activités et de diffusion
des idées libertaires dans ces pays (rapport des
délégués).
2) Les libertaires, le mouvement ouvrier et les oiga-;
nisations ouvrières -— nationales et internationales.
3) L'anarchisme et le marxisme à l'épreuve de
l'expérience du XX' siècle, et en tenant compte des
expériences des révolutions russe, espagnole et cubaine.
4) L'Internationale de Fédérations Anarchistes face
aux blocs impérialistes, aux pays non alignés, et aux
problèmes essentiels de notre époque : la jeunesse, la
lutte contre la guerre, contre la faim dans le monde,
contre les dictatures, le racisme, etc.
5) Attitude du Mouvement Anarchiste face à l'ex-
pansion des religions et moyens à mettre en œgvre
pour les combattre.
6) Organisation de l'économie dans une société anar-
chiste ou durant l'étape de transformation révolution-
naire vers l'anarchie.
7) Les bases idéologiques, tactiques et organisation-
nelles de l'Internationale de Fédérations Anarchistes,
8) Pacte d'association et engagement formel de sou-
tien matériel précis el de collaboration régulière uux
activités internationales.
9) Nomination d'un organisme de relations anar-
chistes internationales chargé, en outre, de la publi-
cation d'un bulletin d'information et d'orientation
libertaires. Cet organisme comprendra, également, un
Comité International de Solidarité avec les Mouve-
ments d'exilés des pays totalitaires.
Le CONGRES INTERNATIONAL DE FEDERA-
TIONS ANARCHISTES aura lieu à CARRARE
(Italie), les 3l août, l", 2 septembre et jours suivants
si nécessaire.
La Commission Préparatoire.
Secrétariat Général.
COMMUNIQUE
Le groupe FA 3 Bakounine de Marseille forme une
bibliothèque à Marseille. Celle-ci sera ouverte à tous,
et en particulier sera un outil de travail indispensable
pour les camarades et pour ceux qui fréquentent nos
cours de formation du militant. Pour enrichir rapide-
ment cette bibliothèque, nous recherchons de toute
urgence les ouvrages de bases indispensables.
Les canv-iradas et amis qui voudraient bien nous
CEDER ou nous VENDRE des ouvrages sont priés
d'écrire ù :
Pierre COMTE, Salle 3 B, 13. rue de l'Académie,
Marseille (1" >
D. FLORAC.
• Les grands Etats ont entre les
moins deux moyens pour tenir les
peuples en dépendance et se laiie
naindre et obéir ; un moyen plus gros-
sier, /aimée, un moyen plus subtil,
J'eooJe. »
F. NIETZSCHE.
KULTURE
Le Kulture que j'écris comme ça, c'est
celle qui a besoin d'un ministère et
d'une majuscule pour se faire valoir.
Avec un « K »? Je ne sais pas pour-
quoi, peut-être pour que ça commence
comme Klu-Klux-Klan...
La culture est, indique le dictionnaire,
• l'ensemble des comportements hu-
mains d'un groupe d'individus unis par
une tradition commune et transmis par
l'éducation ». Mais le propre de la
culture est d'appartenir à tous, tout en
étant ressentie individuellement. Et
•voilà qu'il est question de culture de
masse, promulguée par des artistes, des
historiens, des hommes de science ?
Non pas, mais par le grand égalisa-
teur des têtes, par le grand pacificateur
des esprits critiques, je veux dire par
l'Etat.
Deviendrait-il mécène ? Sa Grandeur
lequerrait bien quelques artistes offi-
ciels. Mais il suffit de Malraux. Non, la
vérité est que la Sainte Planification
annonce, avec une mécanisation accrue,
j'avènement de la journée de 6 heures.
Ils vont se mettre à penser durant
loui ce temps passé loin du contre-
maître ? Peut-être même va-t-il leur
pousser des griffes et des dents et des
idées, s'alaiment nos gouvernants !
Fort heureusement la machine, en
hâte consultée, a prescrit le remède :
« Civilisation des Loisirs ». « Civilisa-
tion des loisirs ! » ont-ils tous repris en
chœur. Et chacun de distribuer la
culture en livres de poche, en disques-
jéclame, en cours télévisés. On brade !
On liquide pour ne pas s'en aller !
La kulture, cette culture-là, c'est la
mainmise de l'Etat sur le dernier sec-
leur des activités humaines où la liberté
avait encore un sens. La kulture, c'est
Je processus totalitaire par lequel la
création artistique devient « l'œuvre
d'art-objet », c'est la liberté tissée sur
toile et stéréotypée pour être vendue en
grands magasins et au mètre carré.
L'Instruction publique nous avait déjà
enseigné le « Bien-Penser » avec les
Maisons de la Jeunesse et de la Culture.
L'Etat veut nous apprendre à - bien
La kulture, cette culture dévaluée,
c'est Rimbaud vendu et compris pctr Se-
ghers, c'est la « jeune poésie » aux
mains du trust Jean-Pierre Rosnay, c'est
la cinémathèque à Barbin. C'est la
forme vidée de son contenu. C'est la
bombe désarmorcée.
Nous ne marchons pas !
Car la culture qui se sent, pas celle
qui se vend, est intimement liée à la
liberté. Et le combat pour la culture
vraie est aussi celui de la liberté et de
l'émancipation de l'homme. Ma culture,
c'est celle que je me choisis, celle que
je prends DIRECTEMENT dans l'héri-
tage laissé par la civilisation, héritage
artistique, scientifique, mais aussi philo-
sophique et social. De quel droit l'Etal
s'interposerait-il entre Van Gogh et moi ?
De quel droit se ferait-il l'interprète de
Proudhon auprès de moi ?
Car ne nous y trompons pas, la cul-
ture de masse, la culture d'Etat, est une
forme subtile de censure. Censure d'au-
tant plus dangereuse qu'elle est subtile
et d'apparence attrayante. Censure d'au-
tant plus intolérante qu'elle atteint l'au-
teur et le lecteur, le curieux comme le
créateur.
En effet, à l'un et l'autre bout de la
chaîne, l'Etat, dans son entreprise de
césarisme intellectuel, anémie le phéno-
mène culturel de sa dynamique liber-
taire et révolutionnaire : « La création,
notait André Breton, est inséparable de
la Liberté et de l'Amour. » Aujourd'hui,
l'art-libération devient art-institution. La
révolte de l'artiste est elle-même idéali-
sée, statufiée, figée en modèle par les
grands sorciers qui nous préparent la
civilisation des loisirs, de la sensibilité
préfabriquée, du goût conditionné. Qu'on
me comprenne bien : autrefois et dans
le meilleur des cas, le poète était mau-
dit, ce qui lui laissait la liberté d'aller
jusqu'au bout de sa révolte. Aujour-
d'hui, à peine a-t-on insulté sa première
toile qu'on l'expose a la télé, que son
œuvre devient modèle public et pro-
priété d'Etat. Elle cesse dès lors d'être
dynamique et révolutionnaire. Elle de-
vient académique et réactionnaire.
11 suffit aux « spécialistes » de dissé-
quer cettç œuvre desséchée de son souf-
fle libertaire et de la débiter au hasard
des maisons de îa culture, manne sté-
rile qui ne fécondera pas les imagina-
tions d'une assistance installée pour un
spectacle. Le public frustré de ce germe
libérateur, qui élargirait son champ de
vision, devant une pâle représentation
se confine dans une admiration formelle
doublée de cette auto-satisfaction propre
à tout snobisme intellectuel. Ce n'est
plus à Brecht que l'on bat des mains
au T.N.P. Non, le spectateur applaudit à
son propre génie. L'espace de sept rap-
pels il communie avec « l'élite » et, un
soir par trimestre, il achète avec son
billet le droit de s'identifier à elle. Par
ses applaudissements (systématiques,
les acteurs l'on souligné récemment) il
exprime la satisfaction de sa vanité. Cet
intellectualisme de façade est pire que
tout car il mené à toutes les soumis-
sions.
La mise en condition du consomma-
teur est chose faite au niveau des arti-
cles matériels. Elle a eu pour résultat
d'enfanter l'automobiliste, le week-en-
deur. Bientôt une carte d'adhésion aux
M.J.C. sera votre signe extérieur d'in-
telligence. Et c'est cette béte-là, le faux
intellectuel, l'idiot distingué, qui est en
gestation dans le projet culturel fian-
çais. On a le « Français moyen » ; par
la fumisterie de l'éducation culturelle
on aura le « Français supérieur ». Le
peuple allemand aussi avait été dé-
claré supérieur...
Cependant que la gauche, notre
bonne gauche naïve, reste fidèle à la
cuisine politicarde de papa, sans se
rendre compte qu'elle échoua dans sa
mission voilà un peu plus de 30 ans.
Sentimentale, va ! La politique n'est
plus votre affaire, mais celle des tech-
nocrates. Les gaullistes disposent aussi
d'une technocratie culturelle.
Mais la kulture, produit du césarisme
intellectuel n'empoisonne pas seulement
le spectateur et le lecteur. Elle attaque
aussi le citoyen. L'Inquisition libérale
veut tirer parti de l'apport social des
idéologies ouvrières, et les désamorcer
de leur contenu émancipateur tout
comme elle essaie d'oter à l'art sa sub-
stance subversive.
Dans notre monde totalitaire et comme
l'avait si bien envisagé Camus, le
combat « entre la Création et l'Inqui-
sition, entre la Liberté et la Justice »,
p'eriqage. 13 es? edifianl. à cet égard
d'examiner les premiers balbutiements
d'une jeunesse qui se cheîchf en 'Tiéirjf
temps qu'elle proclame la faillite d'une
société qui lui es! étrangère. Qu'ils rf-
clament à corps et à cris une lefonte
de l'Université ou la liberté de l'art ipcn-
fois les deux) leur revendication- f»e
place sur le terrain de la liberté O;
c'est Proudhon qui avait désigné k>
politique comme étant « la scierie*- de*
la liberté ».
Certains avaient déjà senti cette- évo-
lution, qui se sont empressés de léhobi-
liter Fourier, d'autres comme M. Buion
reprennent le fédéralisme et 1* mutua-
lisme proudhonien. C'est que. pour ce»
penseurs libertaires, la liberté aura é*é
au centre et à la périphérie de leuis
préoccupations, elle aura été pou? «>ux
la fin et les moyens... Et la liberté ne
laisse d'être un problème pour l'huma-
nité et plus encore pour l'humanité à
venir. En un lustre le schéma socialiste
marxiste aura pris plus de poussièie;
qu'en cent ans. En quelques année» la
liberté sera sortie des zones d'ombj*f
où l'économie politique l'avait reléguée;.
Mais qu'on ne s'y trompe pot,, si
M. Buron inscrit le fédéralisme o SOK
programme c'est qu'il a pris, soii? au
préalable de ne pas remettre er. cause'
l'autorité. Il veut utiliser le s-chémo
proudhonien tout en contrôlant ses e-Jfetf
émancipateurs : ce faisant il ne quotle-
pas son rôle de Grand Inquisiteur mais
se sert du principe lédératif pou? dis-
tribuer la liberté, comme l'appoieiï à
sous distribue des friandises. I! ranvèiie
îa « liberté-phénomène » à une - bt-erteV
objet ». Il lui été en cela sa dynamique-
révolutionnaire. Car la liberté es! mou-
vement, création permanente de*
hommes.
De la même façon, si Danieî Guemi
veuf réconcilier les « frères ennemis, «
du socialisme, libertaires ef auloiitaiies,
il ne remet pas en cause l'acquit du
marxisme. En tentant d'injecter )o sè-ve-
libertaire du premier dans le corps
massif du second il sépare l'insepojoble,
îa forme du contenu. 11 reste er.- cela
prisonnier des cadres impérialistes de-
pensée, tout comme le presse bour-
geoise décrivait, a la mort de Bietorj,
ie - pape du Surréalisme • el rjojj Je-
poète révolutionnaire.
Qu'elle soit culture artistique ou rul-
ïure politique, la culture vraie de-vin
être défendue par les intéresses, eux
mêmes et contre les cuisiniers de J'ordïe
e-tobli.
Maicd BONNET.
------------(LflSSIOUES DE L'flNflRCHISME-----------
Aux anarchistes révolutionnaires
de toutes tendances et de tous pays
Chefs Compagnons.
- Depuis longtemps je songe et je
travaille à on projet dont l'exécution
sera, pour la diffusion des idées anar-
chistes à travers le monde, d'une
exceptionnelle utilité.
Ce projet, d'accord avec les cama-
^ades de tous les pays, et grâce a
""appui qui m'est apporté par - l'Œuvre
internationale des éditions anarchistes -,
le le realise en publiant •• L'Encyclo-
pédie anarchiste *.
Immense utilité
de cet ouvrage
tes services qu'il rendra
II s'agit d'un ouvrage destiné à
embrasser, dans la mesure du possible,
toutes les conceptions et toute la docu-
mentation se rapportant au mouvement
anarchiste et, par extension, au mouve-
ment social tout entier.
Le puissant intérêt de cet ouvrage
consistera :
T ° A grouper toutes les connaissances
que peut et doit posséder un militant
révolutionnaire ;
2° A les présenter dans un ordre
méthodique, en conformité d'un plan
oenéral bien conçu et bien exécuté :
3e A les exposer sous une forme sim-
ple, claire, précise, vivante, à la portée
de tous ;
4° A les traduire en diverses lan-
ques afin de les répandre à peu prés
partout.
Des considérations multiples et
d'ordre divers m'ont insensiblement
amené a l'idée de cet ouvrage et gra-
duellement convaincu de son immense
utilité.
le veux indiquer brièvement les ser-
vices essentiels que cette - Encyclopé-
die anarchiste » rendra à nos cama-
rades du monde entier et à la cause
magnifique qu'ils ont embrassée :
a) Sur presque toutes choses — et
c'est logique — les anarchistes ont une
façon de concevoir, de sentir, d'appré-
cier, de vouloir et d'aqir qui n'appar-
tient qu'à eux, et les sépare de tous les
autres. Cela étant, i| est naturel qu'ils
possèdent une multitude d'idées et. cent
fois pour une. ;'ai eu l'occasion et la
(oie de constater cette extraordinaire
richesse de conceptions personnelles.
Mais que de fois aussi j'ai eu le
regret d'observer que, chez la plupart,
ces conceptions sont en vrac, c'est-à-
dire : pêle-mêle, sans classement, sans
ordre, sans méthode !
Telle que je la conçois, cette - Ency-
clopédie anarchiste » aura l'énorme avan-
tage d'ajouter aux idées et aux connais-
sances que possède chaque anarchiste,
celles qui lui font défaut et d'introduire,
dans cet ensemble plus ou moins dis-
parate, broussailleux et touffu, le clas-
sement et l'ordonnance qui, mettant
chaque idée à la place qu'elle doit
rationnellement occuper, confère à
celle-ci toute la force et toute la clarté
désirables.
b) La littérature anarchiste est déjà
fort copieuse. Rares, très rares, sont les
compagnons, les curieux, les chercheurs
et les studieux qui ont les moyens de
se procurer et le temps de - potasser -
les livres, brochures, journaux, revues
et écrits innombrables où se reflète,
sous une forme extrêmement variée et
intéressante, la pensée anarchiste.
Il serait pourtant de la plus vive uti-
lité, que tous ceux — anarchistes ou
non — qui désirent se renseigner exac-
tement sur l'anarchisme. puissent le faire
sans être dans la nécessité de compul-
ser une foule d'écrits, dont chacun ne
traite que d'un aspect spécial ou d'un
problême fragmentaire de l'andrchisme.
Sorte de synthèse claire et condensée
de t'anarchisme, cette - Encyclopédie ••
sera une œuvre relativement complète,
conçue et présentée dans un ordre dé-
terminé et qui. intelligemment et facile-
ment consultéç. renseignera chacun — à
son gré et selon ses besoins de docu-
mentation — sur l'ensemble et sur le
détail des conceptions anarchistes.
•:) De toutes les doctrines sociales,
aucune n'est ignorée, méconnue, défor-
mée, travestie, ridiculisée autant que
f'anarchisme. l'intérêt de tous ceux qui
détiennent actuellement le Pouvoir se
confond ici avec l'intérêt de tout ceux
qui ambitionnent de le conquérir.
Eh bien ! sans être un catéchisme ni
un évangile, cet ouvrage sera un recueil
unique et complet, aussi bien qu'un
guide impartial et sûr, en même temps
qu'un répertoire précieux que, en toutes
circonstances, pourront consulter, avec
fruit, ceux qui désireront s'instruire et
se documenter exactement, loyalement.
d) Un camarade voudra-t-il traiter pu-
bliquement — par l'écrit ou la parole —
un sujet ressortissant à la propagande
anarchiste ? Il lui suffira, après avoir
rassemblé, par la méditation, les idées
que lui suggère le sujet à traiter,
d'ouvrir cette - Encyclopédie anar-
chiste • à la page voulue et il y trou-
vera des considérations, des thèses et
une documentation adéquates au sujet
à développer. Il n'aura plus qu'à ajouter
à ses propres idées et à celles qui lui
seront fournies par cette recherche, les
illustrations qu il empruntera &u* événe-
ments les plus récents.
Que de propagande en perspective !
e-; Par essence et par définition.
! anarchisme est international. If est cfo-nc
indispensable que tout anarchiste, r.on
seulement possède un notion claire des.
courants d idées et des méthodes fif
lutte qui existent clans le pays qu'il
nabite, mais encore qu'il se rnette et se
tienne à la page de tout ce qui a tirait
au mouvement anarchiste mondial
La vie internationale tient, en eHe«,
Hle est appelée a prendre de plus er
plus, une si large place, qu'un hofrwT^e
de notre temps ne peut plus se conten-
ter d'une information locale, regioria.it
ou nationale. Toutes les parties dv
monde ont. par des traits multiple* F!
importants, pai le jeu des répercussions
et des contre-coups, une existence
commune et, pour ainsi dire, solidair*.
Accords ou discordances politique»,
ententes ou conflits économiques, mani-
festations scientifiques et artistique*,
mouvements sociaux : tout, à l'heure
actuelle, revêt un caractère mondial.
Le militant trouvera, dans cette - Ency-
clopédie anarchiste ». nombre rie rensei-
gnements et de précisions qui l'aideront
à se guider dans l'étude extrêmement
complexe de la vie sociale universel*.
Par ce qui précède — et sans que
j'insiste davantage — on doit être pérte-
tré du haut intérêt et de l'utilité consi-
dérable de cette • Encyclopédie anar_
chiste '.
Sébastien FAUBE
Entrait de la préface de • '• Encyclopédie
anarchiste • rééditée en 'atticulef-
S adresser, pour toutes oerriandts «i
Germinal GRACIA. Plaint des Af-tief,
Villa Candema 34-Mont&by (Hé'&ulti
Le Monde Libertaire page 1E
SUR LE SUFFRAGE UNIVERSEL
par Alex BRIANO
Une toute petite constatation : il est difficile de faire
des généralités au sujet des différentes élections.
1" D'une part, les élections municipales, cantonales,
législatives. (Ne parlons pas des élections consulaires,
prud'homales et des Chambres de commerce ou de
métiers.)
2° D'autre part, les référendums et les présidentielles.
S'il y a en effet un nombre considérable d'absten-
tionnistes dans les premiers modes de scrutin, voisi-
nant parfois les 48 °o et nous donnant parfaitement
raison dans notre propagande anti-électorale qui
invite nos compatriotes à aller à la pèche ou aller
cueillir des jonquilles.
Par contre, le système cher au général en retraite
et qui consiste à faire croire au peuple qu'il est seul
juge et seul souverain obtient un succès que nous
aurions tort de ne pas prendre en considération et
de sous-estirner.
Et veuillez m'excuser si je me permets de confir-
mer qu'aux deux tours des présidentielles les grands
perdants ne furent pas les Lecanuet, Mitterrand ou
autres Barbu, mais bel et bien les libertaires et les
clubs marxistes qui préconisaient pour des raisons
pas du tout identiques, d'ailleurs, l'abstention pure et
simple.
En analysant les 15 "o d'abstentions, nous savons
que 10 % environ de ces électeurs sont des malades,
des vieillards ou des gens en voyage, souvent dans
l'impossibilité de se déplacer jusqu'aux urnes. Il reste
donc 5 % de vrais abstentionnistes. Alors, acceptons
de cœur léger la défaite...
Donc, le vieux monsieur de l'Elysée a trouvé un
mode de vote qui semble plaire aux Français, à ceux
du Nord-Est gaullistes à 85 %, comme à ceux du
Midi, attachés plus profondément à la liberté et à la
République (pourquoi riez-vous ?) qu'à un nom entré
tout vivant dans la légende.
Le processus, rappelant un peu l'antique démocratie
grecque, passionne les foules et occupe la majorité
des esprits par ces duels oratoires à la télé, radio
et par ces flots d'affiches, gigantesques pour notre
vieux pays, dont quelques-unes couvrent encore les
murs de certaines localités.
Et si, supposons-le, de Gaulle avait été élu à une
voix de majorité (celle de Madame...), il serait resté
président d'un Etat, imposant sa politique à une
immense majorité d'opposants !
Dans une démocratie occidentale, chacun le sait,
la minorité brimée doit se soumettre avec Fair-play,
bonne humeur, travailler sans rechigner et surtout pas
détruire ! C'est la coutume !
En dépit de cet attrait pour l'élection soi-disant
directe, il ne faut surtout pas abandonner la lutte
anti-électorale, en considérant que le vote n'est pas
encore obligatoire comme chez nos proches voisins
belges, mais qu'il est mené d'une manière savante
grâce au truquage et aux fraudes électorales, chiures
politiques, plus graves que les promesses qui bernent
un peu plus les électeurs, belles brebis qu'on tond,
trait et égorge sans un bêlement, sans une révolte.
- « Certes, direz-vous, la fraude existe, mais en
Corse, dans les départements ou territoires d'outre-
mer. En France métropolitaine, ça n'existe pas. » - —
Et de se voiler la face rien que d'y songer ! Nous
faire ça, nous brimer dans ce geste qui est un droit
et soi-disant un devoir !
Si je dénonce les truquages que j'ai pu constater
en témoin, n'importe quel affreux peut les exécuter
impunément.
Citons-en quelques-uns. (Il y en a une foule d'autres
que mon enquête n'a pu déceler sérieusement étant
un amateur dans cet art et je m'en excuse. 1
1° Echange de bulletins de vote par correspon-
dance, par exemple : 4 voix du candidat Untel sont
échangés contre 4 bulletins du candidat Machin.
Ce système ne dérangeant pas le nombre des votants.
Donc pas de problèmes au dépouillement pour faire
coïncider les colonnes.
2° Vote forcé d'abstentionnistes convaincus donc
repérables sur les registres. On jette un nombre d'en-
veloppes x en émargeant x noms d'électeurs non
votants. Cette fraude ne peut être réalisée qu'avec
des complicités sûres et se pratique entre 12 h 30
et 13 heures dans les bureaux de voie où les asses-
seurs sont tous du même bord.
33 Echanges de bulletins aux dépouillements grâce
à la présence dans certaines enveloppes de deux
bulletins identiques. En principe, l'un est valable, le
second doit être détruit. Voici comment on procède :
habile tour de passe-passe que les scrutateurs avertis
ont tous pratiqué sous les yeux des spectateurs et
qui consiste à supprimer un bulletin du candidat
adverse purement et simplement et on garde les deux
bulletins identiques. Le compte des bulletins devant
concorder au compte des enveloppes sur la feuille
de scrutin.
Et je passe l'éponge sur les grandes irrégularités
pratiquées un peu partout sur le globe, les unes plus
épouvantables que les autres par leur malhonnêteté,
basée souvent sur la psychologie des couleurs, des
bruits, qui ont une grande influence sur certains peu-
ples encore analphabètes.
« Dame Démocratie » se complaît dans cette
immense farce qu'animent les voyous, les politicards
de tout poil, les tricheurs, les surexcités et les fiers-
à-bras.
Il serait intéressant dans nos activités de militants
d'aller fourrer nos nez, propres, dans cette foire élec-
torale. Il serait passionnant de dénoncer sans pitié,
preuves en main, les fraudes et les irrégularités cons-
tatées.
Cela apporterait un peu de désinfectant aux cer-
veaux des individus conscients qui ne supporteraient
sans doute pas d'être une fois de plus roulés dans
la farine comme de vulgaires ablettes qu'on va faire
frire et manger !
L'expérience peut s'avérer payante, enrichissante,
humoristique, effleurant le mélodrame et la tragédie.
— « Les élections ? C'est comme le buste de cer-
taines vamps : si on retire le soutien-gorge les seins
leur arrivent au nombril. » Le vieil anarchiste qui
me tenait ces propos n'avait pas tout à fait tort ! Et
l'image de la fraude n'est pas trop exagérée.
EDUCATION
L'ENFANCE, QU'EST-CE ?
par B. SANDRE
Un jour, où je posais quelques ques-
tions à Hervé Bazin pour le journal
« La Raison », organe de la Libre
Pensée, je voulus savoir ce qu'il pensait
de la garde et de l'éducation au foyer
paternel et s'il considérait que les pa-
rents étaient indispensables pour élever
harmonieusement les enfants.
En substance il me répondit que
n'importe quel crétin, parce qu'il a le
droit de faire l'amour, se trouve du
même coup investi de l'autorité pater-
nelle sans préparation aucune. Comme
LILY THEYNARD N'EST PLUS
Brusquement arrachée à l'affection
des siens et amis, Lily Theynard dis-
paraît, laissant près elle le vide que
cause la mort de tout être dont l'exis-
tence fut bien et dignement remplie.
Heureux ceux qui, comme elle, ont
trouvé dans un idéal de pensée libre
une sérénité face au destin et à
l'inéluctable fin de tout.
Heureux ceux qui, comme elle,
ont trouvé dans la lutte pour un
mieux-être humain une raison et un
sens à la vie.
Au nom de ce sens de la vie, au
nom de cet idéal, nous nous devons
de poursuivre le combat qui fut le
sien.
C'est par là que nous pouvons faire
survivre ceux qui nous quittent.
C'est ce qu'ont rappelé les cama-
rades qui prirent tour à tour la parole
au cimetière.
Maurice Joyeux au nom de la Fédé-
ration Anarchiste », Perrodeau au
nom de « la Calotte » et Jean Cot-
terau au nom de la « Libre Pensée ».
Mais tous trois parlèrent plus en-
core, au nom de l'amiré qui nous liait
à Lily Theynard et qui nous fait plus
douloureusement et plus sensible-
ment ressentir sa perte.
Que Jeannine et Maurice Azoulay,
ses enfants, trouvent ici toute la part
que les membres de la F.A. prennent
à leur deuil. M. L.
moi, il trouvait absurde qu'on rende
obligatoire beaucoup de formations
moins importantes que celle d'édu-
cateur alors qu'on laisse inculquer
des idées (fausses' des religions
(ineptes), une morale (rétrograde). Il
concluait, en manière de boutade :
« Tout le monde ne peut pas être
orphelin » de Poil de Carode, trouvant
triste que la formation se fasse sur le
tas, alors qu'il existe des cours de
chauffeurs, d'enseignement ménager,
de brancardiers, etc.
La chance, pour lui, était d'avoir de
bons parents avec leur bonne volonté
et leur affection.
Certes, il existe à l'heure actuelle des
écoles de Parents. Dans plusieurs quar-
tiers l'expérience est valable si les pro-
blèmes sont sensiblement du même
niveau social et financier. De toute
façon, la formule est enrichissante,
même si un psychologue intervient en
fin de soirée pour dire ce que tout le
monde a compris, même si ce psycho-
logue vit seul, sans chien et sans
enfant. Ne cherchez pas à comprendre...
Mais qui peut se vanter de connaître
les enfants ? Ceux de deux ans et ceux
de huit, ceux de douze et ceux de
quinze ? Les pédiatres peuvent se ré-
clamer du soin de leur corps, mais
personne n'a le droit de se targuer de
connaître à fond ce que cachent leurs
yeux rieurs, leur front songeur et leur
volonté agressive.
Pourtant, l'institutrice de mon fils, qui
aura bientôt cinq ans, me disait un
jour, sans modestie : « L'enseignant
connaît mieux vos gosses que vous,
parents. » Et, de temps en temps, elle
administre des fessées parce qu'elle
connaît mieux nos mômes ! Je veux
bien !
Mon mécanicien connaît mieux le
bourrin de ma 2 CV que moi. Je veux
bien ! Mais cet ouvrier n'en profite pas
pour « tabasser » ma carrosserie !
Eh non ! le comportement d'un gosse
à l'école n'a rien à voir avec ses
attitudes à la maison, dans la rue,
dans ses jeux, dans son travail !
Si certaines théories, auxquelles je ne
suis pas opposé, étaient mises en pra-
tique, bousculant toutes les notions de
diététique, nous verrions dee choses
merveilleuses dans l'alimentation des
garnements par eux-mêmes...
Je vous assure que je ne suis pas
mal placé et je verrais, enfin, mon fils
se nourrir, en dépit des interdictions
de sa mère, de ce qu'il aime : le sau-
cisson, à la rigueur des fèves fraîches,
dans la proportion d'un saucisson pour
une fève... Mais surtout pas de pain,
ça ferait sandwich...
Allez donc savoir, la diététique c'est
de la rigolade !
Il y a des points où nous pouvons
admirer, sans danger, et avec le sou-
rire leur manière de se vêtir eux-mêmes :
tête des parents antimilitaristes dont le
rejeton choisit des vêtements galonnés
et de coupe militaire parce que c'est la
mode, qu'il y a des jolis verts, des
beaux galons dorés...
Je ne dirai rien des jouets. Ah ! si
les adultes ne vendaient pas des jouets
guerriers. Alors là, nous sommes tous
d'accord. N'empêche que les gars se
fabriquent des arcs, des fusils, des
blockhauss. Ils montent des westerns
avec saloons, tentes d'Indiens (y com-
pris les plumes et les squaws).
Et pourquoi ces bruits plutôt que
ceux-là, cette route plutôt que celle-là ?
C'est drôle et ça tient de la magie.
(Des salauds diront que ça relève de
la psychiatrie). Car l'enfant, c'est des
histoires extravagantes dans un monde,
hélas ! fermé aux adultes.
Foncièrement il est bon, dites-vous,
mais des millions d'années d'hérédité
combative en font un être féroce envers
les animaux et les vieillards. Et toc !
en douce, un coup de pied aux tibias
de la vieille même assise devant sa
porte ! J'ai vu des gosses d'une dizaine
d'années, dans une époque sans télé,
dans un lieu sans cinéma égorger sans
pitié des chats, tuer des perroquets en
cage, sans oublier de confectionner des
ennuis aux chiens.
A l'heure actuelle, si ça se trouve,
ils sont pères de famille.....
La force ne pliera pas la volonté
des enfants, c'est exact. Je ne compte
pas non plus sur l'infinie douceur, sur
la totale liberté des gosses en dépit de
tous les espoirs qu'on pouvait miser
sur eux.
Concluez vous-mêmes. Pour ma part
je pense qu'il serait souhaitable que les
enfants vivent exclusivement entre eux
dans des colonies animées par des
adultes (quand même), parents ou non,
rester eux-mêmes assez enfants, pour
ne pas prendre au sérieux toute les
paroles ou tous les gestes de leurs
colons. Car dans certains désirs comme
dans certains rêves caractéristiques des
tout-petits il y a avant tout un jeu que
l'adulte a tort de considérer comme une
révolte capricieuse.
L'enfant est spontané mais, ô com-
bien, comédien !
L'enfant est un imitateur et singe
l'adulte avec une classe !...
Et je dirais encore que c'est un monde
passionnant qui accapare notre vie et
notre liberté si on les lui donnait. Mais,
hélas ! en cet univers lui aussi pas-
sionnant, quoi qu'on en pense, la liberté
de l'enfant comme la nôtre s'arrête bien
avant celle qui pourrait gêner le voisin.
Une conférence comme
on en voudrait beaucoup
Le 5 avril dernier, à la Mutualité,
s'est tenue une conférence réalisée
dans le cadre des manifestations
F.A.F. - XI région. Federica Mont-
seny et Richard Ferez ont développé
tout au long de cette soirée les
thèmes de l'Anarchisme, de l'Orga-
nisation et du Fédéralisme, répon-
dant justement aux critiques que des
marxistes - - ou marxisants, si l'on
préfère - - n'ont pas manqué de
formuler, notamment sur le problème
de l'action révolutionnaire et de la
lutte des classes.
C'est devant un public fort nom-
breux qu'a eu lieu ce dialogue, où
beaucoup d'Espagnols ont donné à
cette soirée une ambiance méridio-
nale qui n'était pas pour déplaire
aux auditeurs qui paraissaient en-
chantés de cette réunion. Il faut dire
que son organisation était en tous
points exemplaire.
Nous souhaitons avoir un public
aussi chaleureux à la prochaine
conférence de cette série qui aura
lieu le lundi 20 mai au Théâtre de
Plaisance et dont vous trouverez les
coordonnées dans ce numéro (p. 2 .
Le Monde Libertaire page 12
Une revue culturelle et littéraire d'expression anarchiste
Les Editions du Groupe libertaire Louise Michel qui viennent de sortir un
nouveau disque : Poèmes de notre ami Maurice Laisant, chantés par Consuelo
Ibanez, éditent une revue « La Rue » qui sortira au début du mois de mai.
« La Rue » se présentera sous la forme d'une revue classique : tels « Les
Temps Modernes » ou la « Nouvelle Revue Française ». Elle aura près de
soixante-dix pages et peut-être plus et paraîtra tous les trois mois. Le titre
lui-même, qui est celui d'un journal créé par Jules Vallès, indique bien ce
que fut le projet de ses créateurs. Elle sera à la fois théorique, culturelle,
littéraire et d'informations sans vaines préoccupations d'orthodoxie, mais dans
le cadre de la pensée anarchiste, c'est-à-dire qu'elle sera révolutionnaire.
Mais, présenter le sommaire de son premier numéro indiquera encore
mieux le caractère qu'elle entend prendre. Dans ce sommaire, on peut distin-
guer trois groupes d'articles : un premier groupe d'approfondissement de notre
pensée, un deuxième groupe d'informations culturelles, un troisième groupe d'art
et de littérature.
Dans le premier, un article de Maurice Fayolle : « La révolution énergé-
tique », un autre de Gui Malouvier sur « L'état du mouvement anarchiste à
l'échelle internationale », un troisième de Maurice Joyeux sur « La société
moderne et l'anarchie ». Enfin, de Jean-Lou Puget : « Réflexions sur le problème
du sous-développement ».
Dans le deuxième groupe, celui de l'information culturelle, un article de
Jean-Louis Gérard : « Epitomé du mouvement provo », une étude de Michel
Cavallier : « L'information dans la société moderne », puis, de Marie-Simone
Rollin : « Littérature allemande contemporaine et impuissance » auquel on
peut joindre un travail sur un sujet qui retint toute l'attention de Bakounine
- il est de Michel Bonin — il est titré : « Science et responsabilité ».
Enfin, dans le troisième groupe d'art et littérature, nous aurons de Léo
Ferré : « Je donnerais dix jours de ma vie », quelques pages de Maurice Frot
intitulées : « La Rue », une nouvelle de Roger Grenier, un article de Jean
Rollin : « Merveilleux cinéma merveilleux » auquel s'ajoutera, si elle est prête,
une étude sur « le structuralisme » d'Arthur Mira-Miros.
Pour terminer, quelques chroniques habituelles intéressant les variétés, le
théâtre, les livres venant de paraître, etc., et les pages du souvenir que
Maurice Laisant, dans ce numéro, consacrera à Maurice Rostand qui vient de
disparaître.
Nous avons voulu notre revue copieuse et diverses comme les aspects
multiples de l'anarchie qui sont les aspects de la vie avec son caractère
universel.
Soigneusement imprimée et reliée avec une couverture originale, elle est
conçue pour être un approfondissement de l'anarchie mesurée à l'Homme et
à toutes ses exigences économiques, sociales, culturelles et artistiques.
Le problème qui se pose naturellement est de savoir si le mouvement anar-
chiste français avait besoin d'une telle revue, s'il avait la force de la soutenir.
La réponse n'est plus entre nos mains mais entre celles du lecteur.
« La Rue », qui aura la vocation de l'universalité, paraîtra aussi longtemps
que celui-ci sentira la nécessité d'ajouter à la propagande de notre « Monde
libertaire », la réflexion sur les moyens de la construction d'une société à
l'image de l'homme.
LE GHOUPE LIBERTAIRE LOUISE MICHEL.
LE 21 QYRH DES COLONELS
Il y a un an, Athènes s'éveil-
lait sous la botte : des blindés
avaient pris position devant les
principaux bâtiments officiels, tous
les opposants éventuels connus
avaient été coffrés au cours de la
nuit. Il y a un an déjà... Et depuis
un an, malgré les proclamations
des politiciens et les protestations
des artistes et intellectuels exilés,
le pouvoir est toujours entre les
mains des usurpateurs. Depuis un
an, la Grèce est muselée. Com-
ment pourrait-il en être autrement
dans un pays où non seulement la
presse est censurée mais où encore
le secret de la correspondance pos-
tale privée n'existe pas (courrier
décacheté, écoutes téléphoniques) ?
J'ai personnellement dénoncé dans
une lettre ouverte le mensonge de
l'ambassadeur de Grèce à Paris à
ce sujet (cf. le M.L., N" 138, jan-
vier).
Comment pourrait-il en être au-
trement dans un pays économique-
ment dominé par les puissances
capitalistes étrangères et principa-
lement américaines ? Il suffirait de
dresser un tableau sérieux des in-
vestissements étrangers en Grèce
pour pouvoir affirmer que ce pays
est une colonie américaine. Com-
ment pourrait-il en être autrement
dans un pays militairement occu-
pé par l'armée reconnue comme la
plus forte du monde ?
J'ai vu, cet été, à Athènes, le
centre d'information U.S. installé
au cœur de la ville, dans une des
artères principales, la rue Stadiou.
Il consacrait une de ses deux vi-
trines à deux ouvrages, traductions
grecques de :
— « On trial. The Soviet State
versus Tertz and Arzhak ».
— « Tarsis. Word 7 ».
Devant cet étalage de prop«h
gande, je ne me suis alors posé
qu'une question : les écrivains
grecs sont-ils plus libres que les
écrivains russes ?
J'ai vu, cet été, à Athènes, pen-
dant une semaine, au mouillage
bien en évidence devant le port un
porte-avîons (le « Saratoga *) et
quatre unités diverses de fort ton-
nage, tous U.S. Chaque jour, les
matelots et les officiers de l'U.S,
Navy (Noirs, Jaunes et Blancs)
déambulaient en ville surveillés
par leur propre police. A noter que
la police militaire grecque a stric-
tement copié la police militaire U.S.
J'ai même vu mais moins nom-
breux, des fantassins U.S. déambu-
ler en ville comme s'ils y étaient
au repos.
J'ai vu, le 9 septembre, dans le
port d'Héraklion, un transport de
guerre U.S. (le « Colonel William
J.O'Brien ») débarquer des tonnes
de matériel pour l'U.S. Air Force
basée en Crète.
J'ai même vu, mais moins nom-
dés militaires U.S. rouler dans de»
voitures totalement dépourvues de
plaques d'immatriculation comme
si tout vraiment leur était permis,
ce que je n'avais jamais vu même
dans un pays d'occupation.
Cette année, la Pàque orthodoxe
tombe le 21 avril, le nouveau ré-
gime célébrera donc son premier
anniversaire le dimanche suivant.
N'est-il pas symbolique ce recul du
pouvoir temporel devant le pouvoir
de l'Eglise ? En tout cas, les Grecs
n'ont pas à attendre plus de l'un
que de l'autre. Le salut des Grecs
ne viendra que d'eux-mêmes.
L'étranger peut certes les aider
mais qu'ils se gardent des sirènes.
Jean-L. GÉRARD.
UN PEU D'AIR FRAIS POUR L'ENSEIGNEMENT
Cette bouffée d'air frais nous vient d'Amiens, lieu
où se sont réunis au mois de mars des enseignants et
des psychologues lors d'un colloque dont les travaux
avaient pour but de déterminer ce que serait une école
nouvelle. Au moment où l'enseignement est remis en
question par la relance des budgets pour les établisse-
ments privés et par la réforme de l'Orientation sco-
laire, cette étude apporte un peu de réconfort en fai-
sant sortir de sa prison actuelle, l'école nouvelle.
Les perspectives offertes, que ce soit clans le secteur
primaire, dans le secondaire ou dans le supérieur, ne
sont pas neuves. Des pédagogues depuis une cinquan-
taine d'années se sont épuisés à répéter que l'école ne
doit pas être une caserne où l'enfant subit une instruc-
tion, mais un fo>cr où il développe ses aptitudes et sa
personnalité. Ils n'ont guère été entendus et c'est une
minorité enthousiaste qui courageusement applique les
méthodes dites actives comme celles préconisées par
Deccroly ou Freinet, dans un contexte qui les repousse.
Jl faut être très enthousiaste pour ne pas céder car
toutes les conditions de travail vont à ["encontre et
multiplient les difficultés : élèves trop nombreux pour
individualiser un enseignement, locaux peut-être peu
colorés mais conçus pour de grands groupes, absence
d'équipement, etc. Les épreuves matérielles sont insi-
gnifiantes à côté de l'hostilité ou de l'inertie des per-
sonnes qui gravitent autour.
Aujourd'hui un vent de révolte souffle : on sent la
nécessité de faire quelque chose ; mais il faut soulever
des montagnes. Par où commencer '.' Balayer tout ce
qui existe, semble être l'objet d'une véritable révolu-
tion . et pour faire celle-ci, il f.iiil que la marée entraîne
les parents et les enseignants. Les universités \erront
peut-être s'implanter plus vite ce nouvel état d'esprit
puisque les étudiants comme ceux de Nanterre, s'en
occupent activement.
Mais pour les enseignements primaire et secondaire, le
chemin semble long et pénible à gravir...
Il y a d'abord le problème des maîtres. Instituteurs
et professeurs sont séparés dans leur formation et
constituent deux clans. Les participants du colloque ont
mis au jour cette division et proposent une transfor-
mation radicale de cette formation : « Que les institu-
teurs recruté:» après le baccalauréat, aient une formation
universitaire de deux ans, suivie d'une formation pro-
fessionnelle également de deux ans. Ils seraient ainsi
formés dans les mêmes établissements que les profes-
seurs du secondaire ». A l'heure actuelle, la formation
des instituteurs se fait dans les écoles normales mais
il faut souligner que la majeure partie de ceux qui
entrent dans cette carrière, viennent munis de leur
bachot et se trouvent devant une classe d'une quaran-
taine d'élèves avec pour mission de leur apprendre des
techniques comme la lecture sans avoir été conseillés
ou guidés dans cette tâche. Les gouvernants doivent
juger que ce travail est sans responsabilité puisqu'il
confie à des apprentis, des enfants pendant plus d'un
an avant de les apprécier lors du G.A.P. Ce qui signi-
fie qu'ils apprennent leur métier sur le dos des enfants
qui peuvent se trouver défavorisés toute leur vie en
ayant des bases défaillantes en arithmétique ou en ortho-
graphe. Quelle est l'entreprise qui permettrait à l'homme
de s'entraîner sur les pièces en cours pour apprendre son
métier et préparer son C'.A.P. ? Sur ce terrain la fiance
surprend des pay.s voisins...
Toujours sur le plan formaiion. un problème d'éduca-
tion permanent se pose. Les connaissances acquises
à tous les niveaux sont encyclopédiques et ne se tour-
par Jacqueline GILLET
ncnl pas vers la vie. Les programmes \ sont certaine-
ment pour quelque chose mais comment une personne
qui. pendant 35 ans suit les mêmes directives (les fameuses
instructions dont certaines datent de Jules Ferrv ), peut-
elle adapter son enseignement à l'évolution du temps
si elle n'est pas amenée à faire quelques stages dans les
milieux où elle prétend orienter les enfants .'
La commission chargée d'étudier ce problème à
Amiens, a déterminé la nécessité de créer des instituts
de recherche qui regrouperaient des chercheurs et des
enseignants (provisoirement détachés), la recherche
devant se faire « sur le las •;•.
Voilà déjà de quoi attirer les foudres de beaucoup de
personnes du corps enseignant, habituées à répéter
devant des visages interrogateurs, les mêmes éléments
d'année en année. L'Lcole Nouvelle lutte contre cette
conception d'une instruction qui est à tous les niveaux,
inculquée par de beaux exposés agrémentés de bons
mois qui font sourire, faits toujours du haut d'une
eslrade (en évitant d'éciire au tableau car. dans ce
cas. on tourne le dos aux élèves et on ne peut assurer
sa discipline). Llle lutte contre le principe de faire
répéter comme une mécanique les échos des livres et
des professeurs.
Lt quand on considère le rôle de l'enseignant qui
doit parler, dialoguer avec ses élèves plusieurs heures
de suite, on constate que les capacités intellectuelles ne
doivent pas être les seuls critères (comme elles le sont
actuellement) de recrutement. C'est un véritable drame
pour l'enseignant timide, qui a des difficultés à extério-
riser rapidement ses pensées ou bien à articuler. Il se
trouve seul devant le risque du chahut.
Trop peu d'enseignants sont conscients de ce que
leur formation est inadéquate. Une enquête menée
che/. des professeurs du secondaire indique que 25 ",,
seulement d'entre eux sont insaiisfaits de la formation
actuelle. H y a tout de même un petit espoir pour les
partisans d'une rénovation...
Mais pour réussir, il faut vaincre aussi l'inertie des
parents et obtenir leur adhésion. < I Fcole des Parents >
ne réunit qu'une minorité et c'est navrant, car une
école conçue dans le sens de la participation de l'entant
et non plus du gardiennage, a besoin des parents.
lin effet, un enseignement basé sur le développement
de la personnalité de l'enfant, qui donne une place
importante à l'éducation artistique ne peut se concevoir
dans le svsterne compétitif des notes et des classements.
Beaucoup de parents qui on! subi un enseignement axé
sur la sélection pensent plus à demander à leur enfant :
< Combien es-tu ce mois-ci '.' s. qu'à connaître les appré-
ciations des professeurs. Il \ a plus de mérite à être le
dernier dans une classe où toutes les notes sont très
proches qu'à être dans les premiers d'une classe où les
écarts sont très grands. D'autre part la note, si elle
encourage ceux qui réussissent, décourage ceux qui
éprouvent des difficultés.
l.'n autre point brûlant est celui de l'empressement à
inculquer les techniques scolaires. Mors que l'obligation
scolaire est allongée jusqu'à 16 ans, on est clé plus en
plus exigeant sur l'âge auquel l'enfant doit apprendre à
lire. Il faut aller vite, tout sauter au risque de se briser
l'esprit. Aujourd'hui on apprend à lire à la maternelle.
L'enfant subit la lecture apprise par des méthodes méca-
nisées et il n intègre pas cet apport extérieur dans la
substance de son esprit. Le résultat est une épidémie de
la mauvaise orthographe car la l'orme du mot a été
donnée avant que l'intérêt pour celui-ci soit né. Le
résultat est que l'esprit n'est pas cultivé, qu'un Fran-
çais sur deux n'ouvre jamais un livre et que dans un
journal, le Français cherche d'abord les nouvelles
locales et les bandes dessinées. Nous ne savons plus
al tendre et suivre le rv [finie de l'enfant. Nous lui impo-
sons le nôtre, inquiet et accéléré qui entraîne les désé-
quilibres nerveux...
I e lait que ces problèmes soient évoqués dans la
presse, à la radio, à propos du colloque d'Amiens est
réjouissant. Mais il ne faut pas se leurrer et faire croire
que tout cela est nouveau, plein de promesses. Il v a
plus de cinquante ans, que ces idées ont été énoncées
et noire bon vieil enseignement est toujours solidement
ancré. Les étudiants le remettent en question, feront-ils
tache d'huile '.'...
Le Monde Libertaire page 13
i
I
i
1
i
i
VARIÉTÉS--------
Enfin une récompense i
Catherine
SAUVAGE
à BOBINO
• Un jour tu as trouve mon nom
dans le bottm de la ritournelle.
Plus tard, j'ai trouve le tien sur
les lèvres des gens qui sifflaient
« Paris-Canaille -. Comme on dit.
tu m'as fait - descendre dans la
rue "... Tes disques, je les mets
de côté pour les jours heureux. •
Léo Ferre.
A grands coups de tendresse et de sensibilité à grands coups
d'icône et d'humour, à grands coups de passion ou de révolte, rendant
31.1 texte toute sa suprématie, un timbre de voix envoûtant, une diction
impeccable qui tranche, caresse, mord dé-ci dé-là... De belles mains
qu> soulignent encore plus la magie des mots ; enfin un dépouillement
courageux, et la sobriété des grandes comédiennes
par Suzy Chevet
C'EST CATHERINE SAUVAGE qui fait sa rentrée à Bobino dans
un tour de chant éblouissant ; un tour de chant le plus achevé, le plus
'nreiligenf, le plus émouvant qu'il nous ait été permis de déguster
depu<s longtemps Un tour de chant à nous couper le souffle qui
débouche parfois sur un argot coloré, éclatant, mais aussi dans une
Ungue pure et raffinée, pleine de poésie, qui nous prend le cœur et
l'esprit parfois comme un acide fort ou telle une rosé rouge épmglée
djns un coin de ciel bleu
Catherine a un allié : Léo Ferré et ses chansons merveilleusement
écrites et nanties d'une musique inégalable.
Catherine Sauvage - Léo Ferré ! deux grands noms qu'on ne peut
diisocier. L'interprète et le poète démontrent à eux deux que la chan-
son peut être du grand ART non seulement au niveau de sa compo-
sition .-nais encore à celui de son interprétation.
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ni bouseuladi' à t'entrée.
A l'entracte : Consuelo IBANEZ dédicacera son disque
qui vient de paraître aux Editions LA RUE
Les p.we-. i'Wtjii-es Je not-o :nouve<nePt dédicaceront k^.ir, v.iv-tr-,
Maurice LAISANT - Cliude KOTTELANE - Maxime RELO
w
W//////////////^^^^^
Monde Libertaire page 14
DISQUES
REEDITION
par J.-F. S TAS
Avec beaucoup d'a-propos, « Le Cham
du Monde » publie une nouvelle édition
en 33 tours des premières chansons de
Léo Ferré (LDX 435K
Les chansons contenues dans ce
33 tours lurent enregistrées en 78 tours,
puis, lors de l'apparition du microsillon,
en 33 tours. La comparaison entre les
* vieux • 78 tours et le nouveau 33 est
saisissante, on n'entend plus mainte-
nant que Ferré et son piano débarrassés
du bruit de surface que provoquait l'an-
cien système. Ces chansons, que ceux
de mon âge n'ont pas oubliées, sont
celles que Ferré apporta à Paris tout
de suite après la guerre à une dure
époque où l'espoir constituait l'essentiel
du confort. Ferré les promena avec
bonheur dans bien des cabarets de la
rive gauche dont quelques-uns ont dis-
paru ou évolué. Je pense spécialement
aux « Trois Maillets » où je iis sa décou-
verte, il doit y avoir vingt ans de cela.
Ces chansons, pleines de poésie, annon-
çaient déjà le Ferré révolté que nous
connaissons. « L'Ile Saint-Louis » et « La
vie d'artiste » écrites avec Francis
Claude, « La chanson du scaphandrier •
avec R. Baër, « Barbarie », * L'inconnue
de Londres -, « Le bateau espagnol -,
• A Saint-Germain-des-Prés », « Le fla-
menco de Paris », « Les forains », « Mon-
sieur Tout-Blanc », « L'esprit de famille »,
sont un parfait échantillonnage d'i -aïeul
si varie de Léo.
Le pianiste virtuose qu'il est sou
ligne impeccablement les mélodies bieei
venues dont il est familier. Successive
ment réalistes ou surréalistes, tendre*
ou cyniques, lucides ou d'un hermé-
tisme jamais impénétrable mais qu'il
laut en quelque sorte savoir méu
ter, les poésies que Ferré nous livre
sont toujours de qualité, de celles qui
font penser. Elles ont su percer l'am-
biance idiote de l'époque (consolons*-
nous). La facilité n'est malheureusement
pas l'apanage d'aujourd'hui.
Il semble que l'on pourrait réaliser un
autre disque des premières chansons du
Ferré avec, par exemple : « Le temps
des rosés rouges », « Amour, amour •,
« Chacun sa chance », « Les amants d»
Paris », que la grande Piaf popularisa,
« Le Métro *, « La Chambre », « Lan
Cloches de Notre-Dame », « Mon Géné-
ral », « Elle tourne, la Terre », « Qu'as-tu
fait, Popaul ? ».
Il y a bien d'autres titres qui échap-
pent à ma mémoire défaillante ou quel
ques bonnes chansons qui n'ont pas eu
le sort qu'elles méritaient et que Lé»
pourrait relancer pour la circonstance
En attendant cet événement heureux,
nous avons tout de même la chance de
pouvoir mettre à peu de frais une bellt»
pièce dans notre discothèque. Le disque
réédité est vendu 19,95 F. Il est en.
vente, ainsi que tous les autres, à iiotri-»
Librairie PUBLICO, 3, rue Ternaux. à
Paris (ll'>.
TÉLÉVISION
TELI - SOTTISE
MM. Dumas et Gorse ont discuté de
la télévision. Et de dénoncer l'un et
l'autre l'information dirigée par l'adver-
saire au pouvoir. Tous les deux ont
raison, c'est certain. La télévision fut
mobilisée sous la IV" République comme
elle l'est aujourd'hui par les hommes
du jour, installés au pouvoir. Ce qui
caractérise la mentalité de ces politi-
ciens, c'es! justemeni que lorsque l'un
d'eux crie au privilège et en demande
l'abolition, cette abolition, il l'exige en
sa propre faveur, en dehors de tous les
autres formes et groupes de pensées,
lesquels sont alors constamment écar-
tés de l'information, quelle que soit la
couleur politique de ceux qui exercent
le pouvoir.
Car, enfin, dans le domaine philoso-
phique, ni les libres penseurs, ni les
pacifistes, ni les anarchistes n'ont droit
à une émission si courte soit elle. Les
heures d'écoute qu'on pourrait leur attri-
buer sont monopolisées par les clans
religieux. Même les syndicats sont com-
plètement écartés du petit écran en
dehors de brèves entrevues qui sont
raccourcies, édulcorées jusqu'à ne plus
avoir de sens.
Les grandes enquêtes ouvrières ou
ayant trait a la femme ou à la jeu
nasse sont savamment orientées et le
commentateur a toujours sous la main
un personnage officiel chargé de réta
blir l'équilibre.
Cet ostracisme politique, nous le
retrouvons dans toutes les manifesta-
tions artistiques.
Ni André Breton, ni Albert Camus,
malgré quelques pleurnicheries, n'ont eu
l'émission que leur talent et l'origina-
lité de leurs œuvres philosophiques
imposaient.
La dictature des médiocres règne sur
les émissions de variétés, consacrées,
il faut le dire une fois de plus, à des
personnages qui n'ont ni voix, ni talent,
ni intelligence.
La littérature et le disque sont un
domaine réservé aux clans... Quelques
dramatiques, une ou deux comédies
par-ci par-là, ont essayé de sauver
l'honneur, mais dans le domaine du
feuilleton (il faut mettre à part ceux
de Cécile Aubry! on est revenu au
mélodrame et aux maladresses du début
du siècle.
Mais à quoi bon crier ! La télé est un
instrument à la disposition d'une classe.
Le remède ne relevé pas du Parlement
mais de la rue ! La rue dort... et !a
bureaucratie du quai Kennedy et ses
petites cervelles s'en donnent a cœur
ioie.
Suzy CHEVET
MUSIC-HALL
DU ROLE DE LA PUBLICITÉ
Nous avons en France quelque»
vedettes de classe internationale, connu.--*
on dit, et en particulier la toute derniers
de celles-ci, Mireille Mathieu. C'esi à
Londres qu'elle vient d'acquérir se-j
galons de vedette internationale, loru
d'une représentation cru London Palla-
dium.
1! est vrai qu'après son silence du i
l'accident qui l'a immobilisée plusieurs
semaines, il fallait d'entrée frapper un
grand coup ; pour cela on pouvait faire
confiance a Johnny Stark, et on voit-
maintenant le résultat. Mais si la pressa
française et la presse anglaise se pr<>
tent a ce jeu, nous, nous le dénonçons
Peu nous importe que Mlle Mathieu soit
ou ne soit pas vedette internationale,
mais, où nous protestons, c'est dati.**
l'habitude fâcheuse qu'a maintenant
M. Stark d'user et d'abuser de la publi-
cité a grands effets. Si sa protégée a
besoin de cette publicité régulièrement
tous les six mois pour tenir, on peut
regretter qu'elle ne tienne que par cela,
car si elle arrivait à tenir uniquement
en tant que chanteuse, elle n'aurait pa»
besoin de tout ce remue-ménage.
Et si, je le reconnais, je n'ai pas ucu-»
attirance particulière pour Mlle Mathieu,
c'est qu'elle n'est, pour moi, qu'un pr<>
duit de consommation. Et puis, à vrai
dire, je n'ai jamais vraiment aimé le*
imitations, et Edith Piaf avait pour elle
la sincérité et la vraie sensibilité, celtf>
qu'on n'invente pas ; elle ne mentait
pas cette copie.
Jacques LIBEfl
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Le Monde dune Voix
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3 DlJCC Si MIC-:•'-•! a Par..
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L_* cii-t'cinc' :' .. '>'a< a t I -. 51)
GEORGES LAS VtRGNAS
•>c'0.- vcji'e a lu ^ at'.'.'d"a:e d<- L>rn-Kj.'
j".; -••- aL,n-ôn,cr ju Lv''..V Je !.•<»..g.<,
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AUJOURD'HUI ET DEMAIN
l'>v'l:!f.>^ CVdlG'-' CK>* COPt'Odl' K1' "V
?"..• lu li.'.tu'-.- JO !0 301.....
Réunion d'Information
I LIVRE DU MOIS par Maurice Joyeux
Le mouvement ouvrier
aux États-Unis (1867-1967)
par Daniel (, lier in
(Maspero Fditeur)
Voici un livre de notre ami Guérin qui arrive à son
temps, l.e mouvement ouvrier américain est. d'une
Pi»ri. mal connu, mais, d'autre part, et c'est en cela
que ce livre est essentiel, il est important d'examiner
le développement parallèle de la société américaine
vers une société hautemenl industrialisée et celui d'un
mouvement ouvrier qui essaie de trouver son second
souffle, de s'adapter, el qui finalement sera dévoré
par le haut salaire, mais peut-être plus encore par une
certaine démocratisation des fonctions, dans leurs rap-
ports sociaux entre elles, ce qui masquera les inégalités
économiques qui perpétuent le régime des classes.
Enfin, il est important de constater les différencia-
tions économiques nées du problème racial et d'en
examiner les répercussions à l'intérieur du mouvement
ouvrier, car le problème dont nous avons connu les
prémices au moment de la guerre d'Algérie, pourrait
se poser dans notre pays, où l'on voit déjà les tra-
vaux les plus rebutants assurés par une main-d'œuvre
étrangère, voire africaine.
Guérin nous conte l'histoire des « Chevaliers du
travail >> dont Dommangct a récemment décrit I évo-
lution de la branche française C'est là que naîtra la
tradition de la journée de 8 heures et du l"r mai. Hntm.
nous trouverons une analyse de l'opposition qui existe
entre les ouvriers hautement qualifiés à mentalité
petite bourgeoisie et le prolétariat des usines. Et je
pense que c'est à partir de cet instant et malgré la
création des I.W.VV. qu'on peut expliquer l'évolution du
mouvement ouvrier américain, énergique dans ses
luttes pour la défense de ses conditions de vie. mais
inapte à relier ces luttes aux conditions de la société
américaine.
Les I.W.VV. furent, certes, une réaction contre la
collaboration des classes. Ils préconisaient la création
des fédérations d'industrie et mettaient l'accent sur la
situation des ouvriers non qualifiés. Jusqu'à l'entrée en
guerre des Etats-Unis, en 1917. les I.W.W. fuient le
fer de lance du mouvement ouvrier. Puis la répression
d'une part, l'entrée en scène du parti communiste
d'autre pari amenèrent une régression qui ne fit que
s'accentuer.
C'est alors qu'un certain nombre de ses militants
rejoignirent l'A.F.L. dans l'espérance de la noyauter. Il
était déjà trop tard et la politique communiste dans
Ses syndicats vidait l'organisation de ses jeunes mili-
tants. Il il fallut voir arriver John 1 evvis SLII le devant
de la scène pour assister à ce compromis qui est la
marque du syndicalisme américain. En échange de hauts
salaires, les travailleurs organisés abandonneraient
toutes les revendications ouvrières d'ordre structurel.
Aujourd'hui, la lutte syndicale se réduit à une lutte
pour les salaires que trouble parfois la rivalité entre
Reuther et Georges Meanv.
Bien sûr. Guérin nous donne le détail de toutes les
luttes des syndicats américains, mais ce qui fait la
richesse de son ouvrage est moins le détail que 1 en-
semble qui nous met en garde contre les illusions du
haut salaire et de la société industrielle.
que ce qui fut la pierre d'achoppement fut surtout ta
présence tatillonne de l'Etat bureaucratique qui ne peut
jamais trouver des structures convenables au monde
p.iv sali.
On petit naturellement discuter les conclusions que
lire Louis F ischer de l'impossibilité du régime commu-
niste à trouver une assise où l'homme ait sa part. l:ne
de ses conclusions demande pourtant à être réfléchie
sérieusement. C'est le prix élevé en hommes que paie
la politique d'accélération à tout prix de la production
et de l'économie. Elle a en Russie réduit à l'esclavage'
deux générations d'hommes et cette erreur est en train
d'être répétée par des peuples du tiers monde récem-
ment décolonisé. Il a, d'ailleurs, bien compris que
l'erreur fondamentale que commirent les Russes fut de
conserver des structures nationales renforcées par un
nationalisme de parti qui les isolèrent du reste tk
l'Europe.
l'n livre discutable, bien sûr. mais intéressant car ii
élève le débat au-dessus des querelles d'écoles.
COLLECTIONS POPULAIRES
DU REGIME SOVIETIQUE IE DEUXIÈME SEXE
par Louis Fischer
(Julliard Editeur)
On doit à Louis Fischer un livre sur Lénine et un
autre sur Staline ainsi, d'ailleurs, qu'une biographie sur
Ciandhi. Journaliste américain, il se trouve en Russie,
en 1922. où il adhère au parti communiste. Il en
sortira en 1939 au moment du pacte germano-sovié-
tique, mais déjà l'attitude du parti pendant la guerre
d'Espagne l'avait éloigné de la dictature Malienne.
Dans le « Dieu des ténèbres •-,-. Louis Fischer nous a
conté une évolution qui ne fut pas seulement la sienne,
mais celle de Silone. de Koestler et de quelques autres.
Aujourd'hui, il nous donne un essai sur la révolution
russe. C'est un ouvrage intéressant qui pcul servir de
cadre à ceux qui désirent mieux connaître les grandes
lignes d'une évolution intérieure qui. de la révolution
de 1917. conduisit ce pavs à la coexistence pacifique
de 1967.
Tout d'abord, l'auteur fait ressortir toutes les contra-
dictions qui existent entre la prophétie de Marx et la
révolution russe. Au passage, quelques portraits des
principaux artisans de cette révolution... Puis il va
analyser la politique des communistes à travers quelques
grands thèmes dont les têtes de chapitre définissent
bien l'ordonnance de l'ouvrage. La politique étrangère
soviétique, l'impérialisme soviétique, la prudence sovié-
tique, la guerre froide, le rôle de l'idéologie, voici les
points qu il nous propose d'examiner d'abord avec lui.
Puis il met l'accent sui l'absence de plan de Lénine
pour organiser la révolution ce qui. d'ailleurs, s'inscri-
vait à la suite de l'absence de plan de Marx pour
appliquer les versets de la bible qu'il nous proposait...
Enfin, il nous explique le mécanisme qui maintint pen-
dant toute cette période la culture, l'art et même les
sciences dans une étroite obédience. L écrivain pense
de Simone de Beamoir
(Idée)
Voici l'ouvrage qui rendit Simone de Beauvoir
célèbre, ("est l'étude la plus complète que l'on ait écrite,
sur la lemme. A la relire, elle n'a pas vieilli, même si
l'on redécouvre avec attendrissement les naïvetés qui
passèrent alors pour de l'audace, en particulier dans le
chapitre consacré à l'initiation sexuelle. Même si on est
un peu étonné de voir l'auteur ignorer que l'amour se
tait dans les guenilles aussi bien que dans du satin.
B DE MARCO POLO A CHRISTOPHE COLOMB [LP! Pc- te.
Fovicr. Vr>,ci .jn -lo^vc! cx.V'Cgc do G ,ol:e^)iOn LCI-CL.- -^ -J.J
De 125û à 1 -}'••-. L auteur de cet ouvrage '<. rr>o"
i conduit du hcLit V'A<_'' Aqe à !a Renaissent!., c
•"r-v.e. la r.a'i^cr.cc 3- ',->>•(•- (ration, la p'i-e <k '
luIiGf'o'e. i'exporisiO'1 •. urivc-3'^u- On croit IroD. iJ't
t LI tranches de c i^ i.^oîir"^ <; nr coupées d'u'i ~-i-^',
nc'l.r !a Rcnaissc^ce uv L: ;we de Constortr--' i><c
f .1 u'-e 'ente gestctcrn eie deux siècles.
f CHRONIQUES MARTIENNES, eit kcv B'adoury (L.P.î. D. "n-i.
EJgar Poe ve..i eonc ,c roma- fa-ta^ique et son frère u-i ccu.
e ro-^C'T d ,:.!-1 ii ipotion qui pénètre do-1- la collection de- f<!cn*
ohtL'-.cnt u'-1- c"n-,ccration plus soiije qu'une -cterence acadc---:ctuc.
Les Chroniques Martiennes so-it cemp'see^ de nouvelles d'i"cco>*-c
valeurs, mais qui possèdent toutes ce m'aut des ouvrages ee «
gecre : 'a pauvreté de i'tnve"! ^n L autour se conttrte dt
développer les cléments de la co.-nuis'-o--ce plutôt que d'en c-c<r
d'inédits. '! eil vrai qu'un moteur super nui-sont reste ejop'> f
cnu np ck :'eSD'it et que la ccn,cqueeLi • -<: dépayse pas le ;tcie.jr
convie un aut'c moyen de propulsion
H SUD, de Julien Green (LP1 Da"*
un roman, ' auteur évoquo cette
paîcrnaiisH qui marqua les Etats
c,ue-"e de Sccfi-ion. Ce monde Qu
ricci^s de la génération perdue ne,^
évoqué- ici ovec honneur. Il cor-.ervê ,,
fle^r- fa-'ét-i '.ic^t les péta'es jau'1!---::
f PARIS BRULE-T-IL ? par Domi-iqut
• LP.i Un livre de guerre, certes, ma.
rétablit un certain nombre de faits Or
d'Epina, QLJO IfS communistes nous tirer
la Libc'ation. M est vrai qu'on G -;
auteurs forcent le trait, mais da-~s i.
ocaucoup à apprendre €t leu's exae
cncofo loin des aragcnneries du Pof'i i
tu ;.;ece qui se !ît ••_.••<.'•>*•
. itib,u» ion aristocratique tt
'j^d des U.S. A. avcr-t c
•\ grands romoncie-s a-'.e -
O'-1 =i souvent cor. te f-t
i'1 oeu cie cette grâce- de«
•M avant de tombe r.
Lapierre et Lorry L>" t'-n~.>.
-s un '• vre intéresse''! <HM
e^r bien lom des in-iogr -,
; avaler au lenderrai'- ftc-
•le ,-; !'impres*.tcn q..t- t -
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LA MANIFESTATION
d'Eric \Vestphal
'Editions Gallimard)
Prix : 9,70 F
LANARCHISME
ET LES ANARCHISTES
PIERRE BESNARU :
Le inonde nouveau ...... 4.50
CH.-A. BONTEMPS :
L'anarchi.sme et le réel .
L'homme et la liberté ...
L'homme et la race .....
L'homme et la propriété
LOUIS LECOIN :
Le Cours d'une vie .......
SEBASTIEN FAURE :
Mon communisme .......
Propos subversifs ........
Mon opinion sur dieu . .
La fin douloureuse de
S Faure ..............
10
8
5
5
16
6
6
4
PROUDHON P. .1 :
Du principe fédérant —
La fédération et l'unité
en Italie — Nouvelles
observations sur l'unité
en Italie -- France et
Rhin (nouvelle édition,
un fort volume) ...... 25
De la création de i 'ordre
dan.s l'humanité — Prin-
cipes d'organisation po-
litique ................ '25
De '.a capacité politique
des classes ouvrières . . 25
Avertissement aux pro-
priétaires Le droit de
propriété ............. 25
La révolution sociale dé-
montrée par le coup
d'Etat du 2 décembre .. 25
Idées générales de la révo-
lution du XIX' siècle . . 25
Contruciictio.vs polit'qr-s . 25
Philosophie du progrès . 25
Philosophie de la misère
— Contradictions écono-
miques 12 l ornes i ...... 40
Confessions d'un révolu-
tionnaire ............. 25
Carnets ' 2 lonu-s) ........ 50
Œuvres choisies i,Co!lec-
tion Idées) ............ 4.80
Qu'est-ce que la Proprié-
té ? 'Collection Garnicr-
Flammanon) .......... 3.85
1)U REGIME SOVIETHJCE
de
Ixiuis Fischer
'Editions Julliard)
ECRITS SUR L ANARCHISME
DANIEL GITJKIN :
Ni dieu, ni maître ........
L'anaichisnie
(Idée.-, N.R.F.i ........
JEAN MAITIÎON :
Tone IV du dictionnaire
du Mouvement ouvrier
français ..............
Histoire du Mouvement
anarchiste .............
Ravachol et les anarchistes
ERNESTAN :
Valeur de la Liberté - Le
socialisme contre l'auto-
rité - Socialisme et hu-
manisme i Ruche Ou-
vrière, collection « Coin-
44
57
15
4.80
6
MAURICE OOMMANGET :
La Chevalerie du Travail
française ............... 14.20
Histoire du drapeau rouge 30
Histoire du Premier Mai. 8
Proudhon Educateur so-
cialiste ................ 1
POESIE
FLAMMES
par Maurice LAISANT 'Editions I.a Rue) Prix
6 F
CLAUDE KOTTELANNE :
Le Mauvais Sang
Le Chien de garde ...
MAXIME REI.O :
Plume noire
10
A GRIFFE CŒUR
de
Ravmond Morgues
DISQUES
Nous vous rappelons que nous
vendons tous les tlisiiues de votre
choix et, bien entendu, les disques
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33 t oursi
Editions Barda;, Prix : 50 F
33 tours
de CH.-AUG. BONTEMPS
KLOGI: ni: I/EGOISMK
et POEMKS dits par l'auteur.
Prix : 15 F
Jl'ORA VAl'CAIKi: chante $
> Coînplainles. Ballades. S
* Mélodies. Disque PA- >
î THE .................. 19,95?
JCora Vaucaire filante et <
i iV-cite Prcvcrt. Disque \
f PA THE .............. 23,00?
Tout dernier 45 Tours de
Henri GOl GAUD
Enregistré sur disque AZ.
Prix : 9 P
33 tours
La voix des anarchistes
Edition.--- l.\ RUE
Albert CAMIS
La revoit^ et la mesure
par Maurice JOYKl'X
Prix : lit F
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Vient de ptt'ditn:
LA RUE
revue culturelle et littéraire
d'expression anarchiste
éditée par le Groupe libertaire Louise Michel
En vente librairie Publico. 3. rue Ternaux. Pans
11')
L« Monde Libertaire
15
Le droit
imilllllllllMllti!lllf!l!l!ll(!llli«)!l]iil1J(1]llllll!IM)»ll(il!IJII))lllllH11llllll lllHIIIHIIIHIIIII-illiimillittlIlllllimiU
aurice LAISANT
LIBRES PROPOS
"%
a
erreur !
« L'erreur est humaine » nous
apprend le vieil adage, peut être le
plus sage de tous, puisqu'il consi-
dère avant toute autre chose Sa
faillibilité de l'homme.
Mais allons plus loin et envisa-
geons sous tous ses aspects « l'huma
nité de l'erreur ».
L'erreur est excusable parce que
l'homme y est sujet, parce que,
relatif il ne saurait prétendre à
l'absolu d'une vérité, à l'absolu d'un
système, parce que toute affirmation
définitive est en soi un mensonqe.
une grimace d'absolu, une imposture.
Et cela nous ouvre l'horizon sur
cette évidence que, non seulement
l'erreur est excusable, mais qu'elle
est nécessaire.
Nécessité cruelle parfois, et sanc-
tionnée parfois aussi par la loi uni
verselle de la vie, mais nécessite
vivifiante, enrichissante sans laquelle
l'espèce humaine stagnerait avant d>
disparaître.
En effet, nuile tentative, nulle expé
rience ne peut être conçue, établie,
tentée, sans envisager la possibilité
de l'erreur.
Dans les tâtonnements, dans Les
errements des civilisations et des
masses humaines, une lumière ne
jaillira qu'au prix de multiples fau.<
pas, d'amers déboires parfois.
De combien de chutes, l'enfant
paiera-t-il la possibilité d'évoluée
dans la fierté de la march= ?
Ce n'est que par ses erreurs qu<^
l'homme peut modifier son jugement
rectifier son tir, admettre d'autres
hypothèses qui le conduiront à leur
tour vers un peu plus de vérité.
C'est par ses échecs, beaucoup
plus que par ses victoires, qu'il peut
mesurer la route parcourue, faire le
point, rejeter les fardeaux inutiles e*
peut-être s'orienter dans une voie
plus lumineuse, au bout de laquelle
il prévoit ou entrevoit quelque ra-
dieuse cité.
LÀ NATURE
SANCTIONNE...
Dacis tôas les domaines, il y eu'
to'iiout.s des martyrs.
On ne défie pas l'aveugle navar;
sasts que celle-ci, aveuglement, vous
frappe.
De ceux qus veulent braver ie;
éléments et même se servir d'eux,
de ceux qui tendron: leur voile au-
dacieuse a ia tempête, combien som-
brerDiU.
De ceux qui veulent, sortant do
leur état, descendre aux fonds inex-
plorés des océatîs combien y seront
engloutis
De ceux qui veuier:-', s"appir/~cv'
sur l'é:her, s'élever dcna les airs
selon le rêve éternel d'Icare corn-
bien s'abimeront a cette terre que
leur fier orgueil avait survole de
haut.
N'est-ce pas le tribu: que l'intei
ligence paie à la matière, que i'3
novation paie a la routine, que la
vie passagère des hommes paie a l-~
rigueur aveugle et sourde des choses
C'est l'éternel combat entre la toute
puissance inerte du système univer-
sel et la faiblesse er. :r.ouvetr.err iv
l'homme.
LA RELIGION
SANCTIONNE...
fusque-lo, rien a dire, rien a faire
sinon de considérer la chose comme
âne fatalité au sens le plus vrai du
terme.
Ou les choses ne vont plus, c'est
lorsque l'homme prête à l'horlogerie
qui l'entoure les pensées, les préoc-
cupations qui sont les siennes, c'est
lorsqu'au stupide lahvé l'individu
accorde l'intelligence dont il s'est
grandi et la morale qu'il a faite
sienne.
O'jt les choses ne vont plus, c'es!
Lorsque l'homme don! toute la vie es'
Uiie lutte contre la nature implore
cette nature de lui venir en aide.
Ou 195 choses vont encore moins.
c'est lorsqu'au nom des religions re-
présenta'rices des Dieux, les erreurs
ie i homme se trouvent sanctionnées
par elles
Ce jour-la, la dignité humaine es-
trahie par ce qui devait la défendre
Ce jour-là, ajoutant la sanction
morale des dogmes a la sanction
automatique des choses, la prêtre se
montre sous son vrai jour, celui de
l'ennemi de l'humanité, celui de rem-
part au progrès, celui d'adversaire
à toutes connaissances.
Mon objet n'est pas de rappelé:
ici la liste (fastidieuse à force d'être
entendue^ de tous les hommes de
pensée, de science et d'art que
l'Eglise a frappés systématiquement
au cours des siècles, mais le pour
quoi de cet acharnement ?
L'Eglise les a frappes parce qu'ils
avaient revendiqué le droit a l'exa
men, c'est-à-dire le droit a l'erreur
le droit, dans ua domaine ou dans
un autre, de faire leur exoérietic'--'
sans préjuger si cela ies amènerai?
à confirmer ou a infirmer les mo-
rales en cours, les connaissances du
jour ou le tabou du moment, le droit,
pour y parvenir de prendre d'autres
v/oi-ij que celles déjà parcourues,
quitte a en affronter les fondrières,
à s'y perdre dans les méandres, mais
à approcher peut-être quelque véu'e
pressentie
LÀ SOCIÉTÉ
SANCTIONNE...
La religion sanctionnant, comment
la société ne sanctionnerait-elle pas ?
Comment celle-ci ne s'alignerait-
elle pas sur celle-là ? Alors que son
rôle n'a jamais été autre chose que
de figurer un absolu politique, com-
me la religion figure un absolu mo-
ral.
Avec le même fanatisme que
l'Eglise, l'Etat s'est élevé contre les
novateurs.
Parlons en mieux : l'une et l'autre
ont agi de concert contre toute rébel-
lion de l'esprit, contre toute origina-
lité de l'intelligence, contre toute ré-
volte de l'homme.
L'homme ne doit pas se tromper
et, pour éviter toute erreur, il doit se
refuser à rien tenter, quitte à set
vir entretenir et perpétuer les erreurs
millénaires, invisibles à force d'être
pratiquées.
Comme toute recherche est une hé-
résie aux yeux de la religion, toute
novation est une monstruosité au*
yeux de la société.
Et l'on invoquera les abîmes pos-
sibles où cela mené, sans souffler
mot des possibles enrichissements vu
cela conduit.
AUJOURD'HUI
Sommes-nous sor'.is de nos jours
de ce cercle infernal :
Non, malgré les apparences.
Envisagez tous les domaines : du
flic a l'instituteur, de l'employé de
chemin de fer ou des postes au di-
recteur artistique, tous vous contes-
teront le droit à l'erreur, je veux dire
celui de transgresser aux norme.,
é'ablies
La defailiar.cc même n'est pas ad-
mise.
Malheur au conducteur qui amorce
un virage dans un sens interdit, ='.
parfois mal signalé.
11 ne fallait pas se tromper, et le
représentant de l'ordr? tire son car-
net de contraventions.
Malheur à l'enfant qui he ;ite ou
confond dans un texte. N'en avait-il
pas compris le sens, commet-il un
lapsus, va-t-on lui préciser la chose
l'ouvrir à une vérité ?
I! ne fallait pas se tromper et le
représentant du savoir tire sou car-
net où il inscrit la mauvaise note
qui servira au classement puéril de
son troupeau.
Malheur au voyageur qui s'est
trompé de train et qui doit payer le
supplément d'un voyage qu'il ne vou-
lait pas faire.
Il ne devait pas se tromper si le
contrôleur facture le supplément
quand il n'y ajoute pas une amende.
Toute la société est basée sur le
contrepied de l'adage antique :
« L'erreur est inhumaine . »
Entendons-nous, il est bien évident
qu'un monde ne peut pas vivre, s'éta-
blir et fonctionner sur une succes-
sion de bévues, il est bien évidetv
que l'erreur n'est admissible que
dans la mesure ou elle nous épargne
les erreurs à venir.
Mais précisément, dans le monde
ou nous vivons, cela rie peut pas
être, en raison des institutions mê-
mes de la société.
L'erreur n'es1 enrichissante que
dans ia mesure DU celui qui la cocti-
met en paie les conséquences (non.
par des sanctions humaines', mais
par le sanction automatique dos
choses.
Or, a la faveur des régimes autorc
'aires de tout acabit qui régissent U?
monde, les erreurs commises son'
décidées par ceux qui n'en paierotù
pas les conséquences, et subies pac
ceux qui ne les ont pas décidées
Des lors, elles sont sans enseigne-
mer; ;.
Le ministre prépose au logement
peut accumuler toutes les bévues de
la '.erre, il ne couchera pas pour au-
tant sous les ponts.
El le sans-abri qui, par sa démis-
sion, a refusé de prendre ses respon-
sabilités des erreurs possibles, n'est
pas enseigné davantage.
L'enrichissement de l'erreur est
dans la notion qu'elle est une erreur
Celles perpétuées a travers les sie
clés, érigées en vertus, approuvées
par les codes, prônées par les mo-
rales, ne sauraient naturellement être
d'aucun prix pour l'homme, et qui
plus est portent en elles le malheur
des temps à venir.
Patries, religions, armées, police,
cierge, elles ne sont un apport que
pour ceux qui ont mesuré le vide de
ces entités, la criminelle sottise de
ces mythes et les ont écartées de leur
route et rejetées de leur cœur.
L'erreur ai-je dit est nécessaire ,
elle est nécessaire a ceux qui ouvrent
les yeux sur ses dangers et non à
ceux qui les ferment sur ses cons-?
quences.
Pour ceux-là, il n'y a pas d'erreurs.
même quand ils les ont payées de
leurs peines et de leurs souffrance-.
Encore une fois ici. comme et'
l'étude de bien d'autres problèmes,
il n'y a de solution possible que dans
la prise de conscience par l'homme
de son droit à la liberté, à la digni'é
et a îa responsabili'e. trou notion*
inséparables
Monde Libertaire
oa.se 16
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Le Monde Libertaire
Issue
no.142
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no.142