Le nouveau clarte (supplement/edition speciale "Nous les garcons et les filles")

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DEVANT LA GREVE GENERALE
le pouvoir commence à reculer
UNION ET ACTION
DES ÉTUDIANTS
ET DE LA JEUNESSE
AVEC LA CLASSE OUVRIÈRE
o Halte à la répression !
o Amnistie immédiate de tous les emprisonnés !
o Le Quartier Latin aux étudiants et aux pro-
fesseurs !
o Réouverture effective de toutes les facultés !
L1NTÉHÊT DES ÉTUDIANTS,
DES LYCÉENS, DES JEUNES
TRAVAILLEURS
Voilà maintenant qu'on essaie de nous faire croire au
miracle : le retour du « professeur » Pompidou va tout arran-
ger. C'est une mystification. D'autant plus énorme que Pom-
pidou s'est solidarisé avec la répression « le gouvernement
comme c'est son devoir » a rétabli « l'ordre ».
La vérité est simple : le gouvernement a commencé à reculer.
Quelles sont les causes de ce recul ?
Pour les découvrir il suffit de regarder les faits :
— la lutte des étudiants, des lycéens a pris une ampleur
considérable (en témoigne par exemple la manifestation de
mercredi) ;
— la jeunesse, la population est indignée par la répression de
la police gaulliste ;
— enfin et surtout, la grève générale a été décidée en
commun par la C.G.T. et la C.F.D.T., soutenue par F.O., la
F.E.N. Cette grève est accompagnée de manifestations puis-
santes. Avec le Parti Communiste Français, l'Union des Etu-
diants Communistes de France et tout le Mouvement de la
Jeunesse Communiste ont jeté toutes leurs forces dans la
préparation de la grève du 13 mai affirmant dans les actes,
------------ par------------
FRANÇOIS HILSUM
Secrétaire général du Mouvement
de la Jeunesse Communiste de France
leur solidarité avec les étudiants, les lycéens, contre la répres-
sion et pour leurs légitimes revendications. Ils agissent éner-
giquemertf dans l'intérêt des étudiants et montrent la respon-
sabilité du régime dans la crise actuelle.
Lorsque nous parlons de responsabilité, nous n'évoquons pas
seulement la fusée rouge qui, à 2 h. 15, a donné le signal
de l'assaut policier contre les étudiants.
NON, c'est plus que cela.
Le pouvoir gaulliste a dix ans ; et depuis dix ans il dirige
l'Etat au service des monopoles capitalistes dans un sens
contraire aux intérêts du peuple, des jeunes et des étudirnts.
Les uns n'ont pas de débouchés à la sortie des facultés ;
d'autres sont chômeurs dès la sortie de l'école. L'enseigne-
ment est inadapté : cela est vrai du centre d'apprentissage,
de l'enseignement secondaire, comme du supérieur. La moitié
des étudiants doivent trouver un moyen extra-scolaire pour
gagner de l'argent (les bourses sont insuffisantes, mal répar-
ties) et parmi les jeunes travailleurs on trouve ceux qui ont
les salaires les plus bas, les journées de travail les plus
longues, le plus grand nombre de chômeurs : l'incertitude du
lendemain est le lot de toutes les catégories de la jeunesse,
des jeunes gens comme des jeunes filles.
Cette énumération fait apparaître ceci : la cause des difficultés
rencontrées par toutes les catégories de jeunes est unique :
le régime capitaliste, le pouvoir gaulliste. Il est notre adver-
saire à tous.
Constater cela ne suffit pas ; d'autres questions surgissent.
Comment mener une action efficace ? Pour quels objectifs
lutter ? Avec qui lutter ?
(Suite page 2)
0,50F
Dl< I,\ MATRAQUE
QUATRE cents étudiants
blessés. Des dizaines
d'entre eux aveuglés par
les gaz fumigènes. Des bras et
des jambes cassés. Des blessés
que la police arrache aux se-
couristes pour continuer à les
frapper. Des étudiants qui at-
tendent des .soin. - périrent
4 heures sous une porte cochè-
re. Le Quartier latin dévasté, dé-
pavé, jonché de voitures calci-
nées et de grilles d'arbres. Des
passants poursuivis et matra-
qués. Des habitants bouleversés,
dont la tête résonne encore des
gémissements des blessés, du
bruit des grenades lacrymogè-
nes, et des cris sauvages de la
police chargeant les barricades.
Des policiers appliqués et méti-
culeux dans la sauvagerie.
La matraque : la réplique du
gouvernement aux revendica-
tions étudiantes.
De Gaulle responsable
Le vendredi 3 mai, à quelques
jours des examens le gouver-
nement ferme Nanterre et la
Sorbonne. 11 donne l'ordre à la
police d'occuper le Quartier la-
tin et de disperser par la force
ceux qui protestent.
Le lundi 6 mai le dispositif po-
licier se rcniorce autour de la
Sorbonne et du boulevard St-
Germain. Dans l'onrès 'v.cli il
charge violemmer. > ^ .eurés pjr
la brutalité de la répression, des
milliers d'étudiants qui sortent
des cours :e joignent à leurs
camarades. les heurts repren-
nent. Des \oitures sont renver-
sées, des grilles d'arbres arra-
chées. Des barricades s'organi-
sent tandis que les autos-pom-
pes entrent en action. Tard dans
la nuit on compte les blessés par
centaines. La police interpelle
des dizaines de manifestants
Les militants de l'U.E.C. sillon-
nent le Quartier latin : s Le
pouvoir gaulliste est responsa-
ble : c'est lui qui a ordonné le
répression policière. C'est lui qui
refuve depuis des années de sa-
tisfaire les revendications des
étudiants. »
Mardi 7 mai. Vingt mille étu-
diants se rassemblent place
l'enfi rt-Rochereau à l'appel de
l'TJ. N. E. P. En trois jours
l'U.B.C.F. A distribué 100.000
tracts dans Paris afin de contri-
buer à une juste orientation du
mouvement.
— Pour l'arrêt immédiat et to-
tal de toute répression policière,
le retrait de la police des locaux
universitaires ;
— la réouverture des facultés
et le passage normal des exa-
mens :
— la libération des emprison-
nés ;
— la construction de nouvelles
facultés i notamment Villeta-
neuse, Créteil et Verrières, dans
la région parisienne i ;
— l'ouverture massive d'insti-
tuts universitaires de technolo-
gie' adaptes aux réalités con-
temporaines ;
— la nomination d'enseignants
••il nombre suffisant.
Mercredi 8 mai. L" conseil des
ministres rejette e>i bloc toutes
les revendications des étudiants,
L! s députés communistes de-
mandent la mise en liberté im-
médiate de tous les emprison-
nés la réouverture des facs et
le retrait des forces de police.
Duns l'après-midi, 1.500 élèves
des lycées R.-Rolland et J -Mas-
sé de Vitry tiennent un meeting
au cours duquel le maire com-
muniste de la ville prend la
parole. L'U.E.C.P., les secteurs
Fou r h et s'occupe toujours
de l'Education N\ituinalr
Le Parti communiste français :
VIVE LA LUTTE DES OUVRIERS ET DES ETUDIANTS !
Le régime gaulliste a fêté dans le sang son dixième anniversaire.
La colère des étudiants pose un problème essentiel, un problème national, un problème de régime.
Que veulent les étudiants ? D'abord, et avant tout, n'être pas intégrés malgré eux à un système
dont on leur interdit de discuter le but et le sens.
Toutes les autres revendications découlent de cette exigence première : un réforme démocratique de
l'Université qui abolira toute ségrégation sociale, mettra fin au recrutement technocratique dans une
caste soumise aux monopoles, qui garantira le droit de discuter de l'orientation des programmes et
des cours. Cette réforme comportera une participation active à la vie nationale afin de créer des
débouchés au travail intellectuel non en fonction des profits de quelques-uns, mois en fonction des
besoins de tous.
Contre la perversion du sens même de fa culture, les étudiants se révoltent.
Les ouvriers refusent, eux aussi, d'être des rouages de cette entreprise.
Ouvriers et étudiants éprouvent ensemble les contradictions du régime qui engendrent l'exigence
révolutionnaire.
La grève générale de solidarité, décidée par la C.G.T. et les autres syndicats ouvriers, exprime ce
qui peut unir les travailleurs manuels et intellectuels contre un régime qui leur refuse toute partici-
pation active à la gestion de l'économie, à l'élaboration de la politique, à la création d'une culture
vivante.
Cette unité de la classe ouvrière et des étudiants met en cause le régime même, qui est le contraire
de la démocratie à tous ces niveaux.
Tel est le dénominateur commun de toutes les colères : celle des étudiants comme celle des ouvriers
et de tous les démocrates.
Un problème immense est posé. Il importe donc qu'aucune provocation, aucune diversion, ne détourne
la moindre force dirigée contre le régime et ne donne ou gouvernement le moindre prétexte pour
obscurcir le sens de ce grand combat.
Le Parti Communiste Français s'associe sons réserve au juste combat des étudiants.
Il travaille à cimenter l'unité de toutes les forces ouvrières qui luttent contre le même ennemi, au
nom de la même espérance.
La grève ouvrière et étudiante de lundi est la condamnation du régime des monopoles et de leur
pouvoir personnel, l'affirmation que les problèmes des étudiants, comme les problèmes des ouvriers,
ne peuvent être résolus par la répression, seule réponse du régime despotique des monopoles, mais
par une démocratie ouvrant la voie au socialisme.
Le Bureau politique du Parti Communiste Français.
Paris, le 12 mai 1968.
Rassemblement des étudiants et des lycéens, pla.ee De nfert-Rorhereau, vendredi à 18 h. 30.
Suite de
l'édirorial
de
François
HILSUM
La réponse à ces interrogations essentielles a été donnée par
les récents congrès des organisations du Mouvement de la
Jeunesse Communiste : elle est d'une actualité brûlante. C'est
pourquoi nous publions, à nouveau, l'appel adopté le 7 avril
par les 1.800 délégués aux congrès de l'U.J.C.F. et de l'U.E.C.F.,
de l'U.J.F F. et de IUJ.A.R.F. Un appel ? D'abord un appel à
l'action. Agir nous-mêmes. Mais pas dans n'importe quelle
direction ni isolément. Il s'agit, disent nos congrès, de lutter
tout à la fois pour défendre nos droits et de contribuer réel-
lement au bouleversement révolutionnaire que la France
actuelle peut connaître. Ce régime peut être vaincu. Mais
pour y parvenir il faut avoir un objectif clair : une démocra-
tie authentique ouvrant la voie du Socialisme. Défendre nos
revendications, contester la société, devenir un révolution-
naire, conduit à agir « avec le Parti Communiste Français pour
un gouvernement populaire ».
C'est à cette grande bataille que vous appelle le Mouvement
de la Jeunesse Communiste de France. f H.
LE REGIME
DE LA
MATRAQUE
(Suite de la page 1)
lycéens de l'U.J.C.F. et de l'U.J.
F.F. appellent à la manifesta-
tion de la Halle aux Vins. Par-
mi la foule massée dans la cour
de la faculté, les lycées P.-Valé-
ry, Condorcet, Saint-Louis, etc.
arrivent avec leurs banderoles.
Un immense cortège s'ébranle.
Il évite le boulevard St-Michel
noir de C.R.S. et de cars de
police. Il s'engage boulevard
Saint-Germain : il a la puis-
sance d'un large fleuve. Des
mots d'ordre sont repris par
trente mille poitrines : « Libé-
rez nos camarades », « De
Gaulle resppnsable », « Peyre-
fitte démission ». Mercredi soir
le gouvernement annonce la
réouverture de la faculté de
Nanterre. La Sorbonne reste
fermée. Vendredi matin le mot
d'ordre de grève est lancé dans
les lycées.
Ordre de grève
dans les Lycées
Des cortèges se forment au fur
et à mesure de l'arrivée des élè-
ves. Quelques grandes manifes-
tations s'organisent. Partie du
lycée Jules-Ferry, l'une d'elles
comprenant 6.000 jeunes se di-
rige vers la gare Saint-Lazare.
3.000 élèves des lycées de la Sei-
ne-Saint-Denis et 3.000 des ly-
cées du 12' (Paul-Valéry, Hélè-
ne-Bouche) convergent vers la
Nation. Partout des mee-
lings se tiennent, tandis que
l'appel à un rendez-vous des
lycéens, le soir même à 16 h. 30
nu métro Gobelins est large-
ment diffuse.
De nombreux professeurs, des
previsi tirs, des censeurs de ly-
cées se déclarent solidaires des
étudiants et de leurs élèves. Les
animateurs des C.A.L. distri-
buent, dis tracts.
Dès 16 h. plusieurs milliers de
lycéens envahissent les trottoirs
du boulevard de l'Hôpital. A
16 h. 30 quand arrivent les ly-
cées Gabriel-Fauré. Claude-
Monnet et Rodin. la manifesta-
tion s'organise sur la chaussée1
aux cris de : -.< Lycéens solidai-
res des étudiants \ « Libérez
nos camarades ». « Fouchet en-
ragé, libérez la Sorbonne >, le
gouvernementaux de sélection à
l'entrée des facultés. Devant
l'impossibilité pour beaucoup
d'entre eux. diplôme en poche,
de trouver un emploi. Devant
]e refus de permettre une vie
démocratique à l'intérieur des
établissements universitaires.
Une Université
démocratique
n est 17 h. 30 quand les 10.000
lycéens s'assoient autour du
Lion de la place Denfert-Ro-
chereau. En attendant l'arrivée
des étudiants prévue pour
17 h. 30, les orateurs se succè-
dent. Maurice Goldring. profes-
seur, dirigeant de la Fédération
de Paris du Parti Communiste,
déclare notamment qu'outre la
violence policière le pouvoir
gaulliste impose à la jeunesse
un enseignement fondé sur la
ségrégation sociale, sur l'élimi-
nation des plus pauvres en
cours d'étude. Ils appellent les
lycéens et les étudiants à pren-
dre toute leur place dans la lut-
te engagée par les forces ouvriè-
res et démocratiques de notre
pays pour des changements dé-
mocratiques. Un jeune commu-
niste Navarro. exprime la soli-
darité des normaliens d'Auteuil
avec les étudiants et les lycéens.
A 18 h. 30, une immense cla-
meur accueille l'arrivée de di-
zaines de milliers d'étudiants
parmi lesquels on reconnaît
Jean-Michel Catala, secrétaire
général de l'U.E.C.F.
Les manifestants vont vers le
Quartier latin aux cris de :
«. De Gaulle responsable »,
Les lycéens de Saint-Denis manifestent avec leur maire: Auguste Gillot.
cortège impressionnant de puis-
sance, de discipline et de colère
contenue, s'engage dans la rue.
En tête on reconnaît entre au-
tres Robert Clément, secrétaire
général de l'U.J.C.F., Nicole Me-
nier, secrétaire générale de
l'U.J.F.F., de nombreux élues
communistes parmi lesquels
Guy Ducoloné, Serge Bouche-
ney, P. Nérou, M. Berlemont,
A. Reaux, R. Pérona. Les ly-
céens reprennent à pleine voix
les revendications qui leur sont
particulières notamment « Non
à la sélection ».
Ils sor.t, dans la rue, le témoi-
gnage de H profonde inquiétu-
de qui secoue les élèves du se-
condaire. Devant les projets
« Université Démocratique »,
« Libérez nos camarades »,
« Fouchet enragé libérez la Sor-
bonne ». A 21 h., la manifes-
tation s'immobilise dans le bou-
levard Saint-Michel. Sauvageot
et Geismar demandent : « l'oc-
cupation du Quartier latin ».
Des barricader sont dressées. A
22 h., un dialogue s'engage en-
tre le Recteur Roche et les diri-
geants de l'U.N.E.F. et du
S.N.E.S. Sup. A 2 h., le dialogue
s'interrompt, et après un en-
tretien entre Fouchet, Joxe,
Peyrefitte et Bernard Tricot
(secrétaire général de l'Elysée)
repiésentant officiellement De
Gaulle, l'oidre est donné à la
police de dégager le Quartier
latin. Ainsi non seulement le
Su'li'f>I<vmrîti :ill mini
Dii-crtci
Ijîi'prinu'i il1 J'oi>s<.
île « Nuits Ifs
Jii jMllilicMliiii
- ÏJrpôt la-j^
iiii* cl les Filles >>. m:ii 1%8.
Jean OJ'Almi.
: «leiixicme trimeslre I9<-i,H.
pouvoir est responsable de la
politique universitaire, mais il
allait devenir le responsable di-
rect de la sauvage répression
qui s'est abattue sur le Quartier
latin.
Les C.R.S. s'acharnent
Impitoyablement la police char-
ge, ce sont les grenades lacry-
mogènes et fumigènes de divers
types (grenades au chlore no-
tamment), les matraquages où
tous sont visés : manifestants,
passants, secouristes, blessés.
Quelques étudiants sont aveu-
glés par les grenades, les C.R.S.
s'acharnent sur les blessés, des
voitures brûlent ainsi que la
façade d'un café. Jusque dans
les appartements, les ambu-
lances, les forces policières ma-
traquent et asphyxient. Des
blessés inanimés sont roués de
coups.
Jusqu'au petit matin les poli-
ciers vont pourchasser « le jeu-
ne» et le matraquer.
Le samedi matin se lève au
Quartier latin sur un spectacle
de désolation. Tout de suite
des manifestations s'organisent
ajoutant aux précédents mots
d'ordre : «• Hâte à la ré-
pression », « De Gaulle
assassin ». La riposte lycéen-
ne prend diverses formes. A Ro-
din, Turgot, Jules-Ferry, à Sa-
vigny-sur-Orge, à Paul-Valéry,
à Saint-Louis « grève sur le
tas » et réunion avec les pro-
fesseurs. A Victor-Hugo, on
adopte une motion contre la
répression policière, on dénontx-
le pouvoir gaulliste. Un cartège
de 600 Ivcéens se forme boule-
vard des'Batignolles aux cris de
« C.R.S. SS » et « De Gaullr
responsable *. A Saint-Louis un
meeting avec le maire commu-
niste raFsemble tous les t'ièves
des lycées et collèges de la ville.
Vers 10 h. 30. des militants de
l'U.E.C. sont en tête d'une ma-
nifestation, alors que d'autres
diffusent en mas.se l'édition
spéciale de l'< Humanité » et
que l'appel des Assises Natio-
nales pour le droit aux Etudes
est diffusé à plus de 200.000
e x e m p 1 a ires dans toute la
France.
Ouvriers, étudiants,
tous ensemble
Les étudiants communistes sou-
lignent, lors d'une prise de pa-
role, la nécessité urgente pour
les étudiants de se joindre à la
classe ouvrière, appellent à une
participation massive à la jour-
née organisée par la C.G.T., la
C.F.D.T. et la F.E.N. et dénon-
cent les menées anticommu-
nistes de certains. A 13 heures,
j.-C. Dufour, secrétaire général
adjoint de l'U.E.C., prend la
parole devant 5.000 étudiants,
les appelant au nom de l'U.E.C.
à manifester dans l'après-mijji.
Dans le même temps, les agré-
gatifs faisaient la grève des
examens.
Dans l'après-midi, plusieurs
milliers de manifestants, étu-
diants, lycéens, derrière la ban-
derole de l'U.E.C. : « Amnistie,
libérez nos camarades, la po-
lice hors du Quartier latin »
vont exprimer leur solidarité —
ainsi que des étudiants de
'.< Sciences Pô. » — envers les
blessés en restant quelques mi-
nutes, silencieusement, devant
la Salpêtrière. Tous sont prêts
à donner leur sang si cela peut
secourir leurs camarades bles-
sés. La manifestation continue
vers « Bastille », pendant
qu'une autre se tient à St-Michel
face à des barrages de police.
Durant tout l'après-midi, des
centaines de lycéens se ren-
dront sur les lieux des bruta-
lités policières. A 18 h. 30, une
centaine d'étudiants occuperont
les locaux de la faculté au
« Cerisier ».
Devant le mot d'ordre de grève
générale lancé par la CGT, la
CFDT puis FO, le gouverne-
ment, par une allocution de
Pompidou a cherché à calmer
les esprits. Le premier ministre
de retour du Moyen-Orient, as-
surait l'ouverture de la Sorbon-
ne mais restait éyasif quant
aux exigences des étudiants et
n'assurait pas de garanties pour
l'amnistie des emprisonnés et
des poursuivis.
Aussi l'UNEF. après avoir ren-
contré les dirigeants du SNES
Sup. s'est-elle déclarée insatis-
faite. Les problèmes qui sont la
cause réelle de ce mouvement
étant loin d'être résolus par les
bonnes paroles de Pompidou, le
mot d'ordre de grève générale
est maintenu par la CGT pour
lundi 13 mai, marquant ainsi,
comme il se doit, le dixième an-
niversaire du pouvoir gaulliste.
Nicole VIGREUX
Pierre ZARKA
Manifestation de protestation, samedi
après-midi au Quartier Latin. On recon-
naît sur la photo, J.-CI. Dufour, secrétaire
général adjoint de l'UECF et François
Hilsum, secrétaire général du mouvement
de la jeunesse communiste.
Les étudiants avec les forces populaires
contre la politique gaulliste
Pompidou, profitant d'une
absence momentanée, essaie
île dégager les responsabili-
tés île son gouvernement et
de se présenter en sauveur
de l'Université. De Gaulle et
les autres ministres seraient-
ils de simples comparses
maladroits ? Le gouverne-
ment gaulliste serait-il jus-
qu'ici resté en dehors des
affaires de l'Université ?
La vérité est que le pouvoir
doit reculer. La vérité est
que sa politique, suscitant
un profond mécontentement,
rencontre une opposition
grandissante dans la jeunes-
se étudiante. La vérité est
que les organisations syndi-
cales ont décidé une grève
générale. La vérité est que la
réforme gaulliste a été élabo-
rée en dehors de l'avis des
organisations représentati-
ves des enseignants et des
étudiants, quand ce n'est
pas contre elles. Et aujour-
d'hui, alors que poussés par
les nécessités, ceux-ci font
connaître leur hostilité à sa
politique, le pouvoir fidèle à
lui-même n'a pu répondre
que par le déchaînement
bestial des violences policiè-
res. Car « le pouvoir est
responsable » c o m m e le
scandent les manifestants
depuis 10 jours : il est res-
ponsable d e s brutalités
d'aujourd'hui comme de la
s i t u a t i o n s'aggravant à
l'Université depuis plusieurs
années.
La fermeture de la Sorbon-
ne et de Nanterre, leur in-
vestissement par une police
provocatrice et agressive à
quelques semaines, quelques
jours, voire même pendant
les examens (comme l'agré-
gation) est un événement
grave. Grave, mais qui est
l'aboutissement d'une cer-
taine politique, et il n'est pas
étonnant que l'hostilité au
pouvoir se soit développée
rapidement ces dernières se-
maines, dans les îacs et les
lycées, alors que le conseil
des ministres vient de déci-
der d'instaurer une sélection
plus féroce et des mesures
restrictives.
Car IVniversité française
est en crise. Inadaptée aux
développements contempo-
rains tics sciences et des
techniques, elle manque de
moyens matériels et hu-
mains ; elle tend de plus en
plus à donner une culture
morcelée, adaptée à la divi-
sion actuelle du travail et
non aux exigences du déve-
loppement scientifique
comme de l'épanouissement
de l'homme.
Elle est l'image renversée de
la Nation par sa composi-
tion sociale. Le nombre et le
taux des bourses grossière-
ment insuffisants obligent
ve lies jeunes a la poussée
des forces de gauche, au
renlorccment de l'inlluencc'
du parti communiste.
Les imposantes manifesta-
tions de mardi et de ven-
dredi dernier avec des nou-
veaux mots d'ordre comme,
<•, Le pouvoir est responsa-
ble % ou -.. la gauche au
pouvoir , -, unité ouvriers-
étudiants ont témoigné, on
ne peut plus èloqiiemment,
de celte volonté de changer
l'université et la société
actuelle.
C'est une exigence profon-
de comme cela s'est expri-
mé à l'appel de l'U.E.C.F.
lors de la tenue de la Con-
par
JEAN-CLAUDE DUFOUR
Secrétaire général adjoint de l'Union ries Etudiants Communistes
vailler pour payer leurs étu-
des. Actuellement trois étu-
diants sur quatre ne peuvent
obtenir le diplôme terminal.
Four eux, et aussi pour un
nombre croissant de diplô-
més se pose le problème du
chômage et de l'inséctirilé
de l'emploi. En outre, le mal-
thusianisme et l'anarchie de
l'économie capitaliste pri-
vent beaucoup d'étudiants
de débouchés correspondant
à leurs diplômes.
Une telle situation est sour-
ce d'un profond et légitime
mécontentement, surtout
pour ceux d'origine modes-
te. La politique de classe du
pouvoir gaulliste en est res-
ponsable.
Comme l'ensemble de la
jeunesse, les étudiants ont
manifesté ces dernières an-
nées leur volonté croissante
de participer à la vie poli-
tique, de s'opposer au pou-
voir des monopoles respon-
sables de leur situation. Les
élections présidentielles,
législatives, puis cantonales
ont été marquées de l'avis
même des sondages officiels
par une participation massi-
fcrence Nationale (les Etu-
diants Salariés, ou lors des
.Assises pour le droit aux
éludes et à une université
démocratique, préparés par
plus de 35.01)0 étudiants.
Et parce que c'est une exi-
gence profonde, le pouvoir
est obligé aujourd'hui de re-
culer et de manœuvrer.
Mais la question est mainte-
nant posée d'une transfor-
mation protonde de l'uni-
versité, d'une remise en cau-
se d'une politique réaction-
naire.
Nous continuons à exiger
que le pouvoir satisfasse to-
talement aux mots d'ordre :
-— cessation de la répres-
sion policière ;
— - pas de police au quar-
tier latin :
-— amnistie immédiate et
totale pour les étudiants em-
prisonnes, selon la propo-
sition de loi déposée par
notre Parti ;
—- réouverture immédiate
des facultés et garantie que
les examens auront lieu
dans de bonnes conditions
en tenant compte des diffi-
cultés éprouvées par les
étudiants dans leur prépara-
tion, et dont le pouvoir est
l'unique responsable.
Mais aussi, nous appelons
les étudiants à lutter pour
une réforme démocratique
de l'université, qui réponde
aux intérêts des étudiants,
comme le l'ait le plan global
de réforme démocratique de
renseignement proposé par
notre Parti, dans le cadre
d'un programme de démo-
cratie véritable. Un quart du
budget à l'Education Nou-
velle, une refonte totale des
structures et des méthodes
de l'enseignement, une dé-
mocratisation profonde de
tout l'édifice universitaire, le
développement des (etivres
sociales et culturelles, l'ins-
tauration d'une réelle vie
démocratique avec notam-
ment le droit à l'aclivité
syndicale et politique... Voi-
là quelques titres de chapitre
de ce programme.
Mais une transformation ré-
volutionnaire de l'Université,
du sort des étudiants, est
utopique sans l'envisager
dans le cadre d'une grande
lutte politique dans le pays.
Nous appelons donc les étu-
diants à participer aux lut-
tes révolutionnaires pour
une transformation radicale
de notre société. Comme le
disait J. M. Catala, secrétai-
re général de l'U.E.C. au
Cirque d'Hiver : <• Le com-
bat des étudiants n'a d'ave-
nir que dans le combat des
masses populaires pour leur
émancipation et la culture :
c'est cette lutte révolution-
naire pour une France socia-
liste que mène le Parti
Communiste Français. »
« Dix ans c'est trop >,
criaient les manifestants
ces derniers jours. Et cer-
tes le 13 mai' H«>8, dix ans
après le coup de force des
gaullistes, la grève générale
exprime la volonté profon-
de des étudiants comme de
la grande masse de la po-
pulation française de réali-
ser autour de la classe
ouvrière une politique dé-
mocratique et sociale nou-
velle.
APPEL DU MOUVEMENT
DE LA JEUNESSE COMMUNISTE DE FRANCE
AUX JEUNES ET ETUDIANTS
Les agrégatifs en grève. C'était la dernière épreuve de leur examen.
Le Quartier Latin aux étudiants !
L'APPEL
DE LA C.C.T.
« De très graves événements se
sont produits cette nuit au
quartier Latin. Les forces poli-
cières ont à nouveau chargé les
étudiants avec une brutalité
qui soulève l'indignation géné-
rale et appelle une puissante et
rapide riposte.
Après la protestation de Geor-
ges Séguy, secrétaire général de
la CGT, exprimée au cours de
la nuit, le Bureau confédéral,
qui a suivi heure par heure
révolution de la situation, dé-
nonce les graves responsabilités
prises par le gouvernement. Il
proteste avec la plus grande vi-
gueur contre l'attitude inadmis-
sible du pouvoir qui répond par
la force aux revendications
légitimes des étudiants et du
monde universitaire, lesquelles
correspondent pour l'essentiel
aux préoccupations de l'ensem-
ble des travailleurs. Il exprime
son entière solidarité aux étu-
diants, enseignants et universi-
taires et exige avec eux l'amnis-
tie des manifestants condamnés
et la libération immédiate des
emprisonnés.
Face à de tels événements, le
Bureau confédéral vient de pro-
poser une réunion immédiate
des confédérations ouvrières de
la Fédération de l'Education
nationale et de l'UNEF, afin
d'organiser en commun la vas-
te riposte populaire qu'imposé
la gravité de la situation.
(11 mai 1968)
A 12 heures paraissait l'appel
commun C.G.T.-C.F.D.T. à la
grève générale que nous pu-
blions ci-dessous :
Les organisations syndicales
ayant appelé à la riposte popu-
laire face aux grave événements
du Quartier Latin se sont réu-
nies d'urgence samedi 11 mai.
Elles décident de relever le
défi du Pouvoir en appelant à
une grève générale de 24 heures
le lundi 13 mai et à de puis-
santes manifestations auxquelles
la population ne manquera pas
de participer massivement.
HALTE A LA REPRESSION :
LIBERTE, DEMOCRATIE !
VIVE L'UNION DES TRA-
VAILLEURS ET DES ETU-
DIANTS !
NOUS LES GARÇONS ET LES FILLES
LE NOUVEAU CLARTE
2 journaux du Mouvement de la
Jeunesse Communiste de France.
2 journaux au service de la jeunesse
en lutte aux côtés de la classe
ouvrière.
LANCE LE 7 AVRIL 1968 PAR LES 1.800 DELEGUES
DES CONGRES DE L'U.J.C.F., DE L'UJ.F.F., DE L'U.E.C.F., DE
L-U.J.A.R.F. AU NOM DES DIZAINES DE MILLIERS DE JEUNES
GENS ET JEUNES FILLES ADHERENTS DU MOUVEMENT DE
LA JEUNESSE COMMUNISTE DE FRANCE.
NOUS CONNAISSONS TOUS DES DIFFICULTES DE MEME NATURE; ELLES S'AP-
PELLENT : EXPLOITATION, OPPRESSION, INCERTITUDE DU LENDEMAIN.
Nous en avons assez de cette société qui engendre le chômage, les bas
salaires, les études limitées, la culture mutilée,
Nous voulons que cela change. Nous ne sommes pas les seuls : cbs misions
de Français le veulent aussi.
Aujourd'hui noire pays peut être libéré du pouvoir personnel, de l'emprise
des banquiers et des grands patrons de l'industrie.
Nous sommes « la jeunesse avec Vietnam », solidaires de ce peuple
héroïque agressé par l'impérialisme américain.
OUI, JEUNES ET ETUDIANTS, NOUS POUVONS ETRE UNE GRANDE FORCE REVO-
LUTIONNAIRE.
Nous pouvons êtres aux premières lignas de la grande bataille contre le
gaullisme, le capitalisme, pour la démocratie, pour le socialisme.
Mais pour agir efficacement contre nos ennemis et pour notre avenir, il est
une condition essentielle et absolue :
ETRE AUX COTES DE LA CLASSE OUVRIERE ET DE NOTRE PEUPLE.
Le Parti (oirmunisfe Français, seul parti révolutionnaire, est la plus grande
force démocratique, ouvrière, populaire de France.
Le Parti Communiste Français est le principal artisan des reculs du gaul-
lisme et du progrès de l'unité de la gauche.
La présence de ministres communistes dans un gouvernement populaire
est pour nous, jeunes, la principale garantie pour que le régime da demain
soif vraimenl celui du peuple et de la démocratie.
JEUNES ET ETUDIANTS DE FRANCE !
En 1968, prendre ses responsabilités, agir réellement :
— c'est lutter avec le Parti Communiste Français pour un gouvernement
populaire,
— c'est lutter pour le soutien et la victoire du peuple vietnamien.
Nous vous appelons, jeunes et étudiants, à rejoindre par dizaines de
milliers le Mouvement de la Jeunesse Communiste de France, la jeunesse
révolutionnaire de notre temps. »
LE MOUVEMENT DE LA JEUNESSE COMMUNISTE DE FRANCE.
J'ADHERE A l'une des organisations
DU MOUVEMENT DE LA JEUNESSE COMMUNISTE
DE FRANCE
UNION DES JEUNESSES COMMUNISTES DE FRANCE - UNION DES JEUNES
FILLES DE FRANCE - UNION DES ETUDIANTS COMMUNISTES DE FRANCE
- JEUNESSE AGRICOLE ET RURALE DE FRANCE (1).
NOM : ...
ADRESSE
Prénom .............. Age :
LIEU D'ETUDES : .
OU PROFESSION :
Retournez ce bulletin : 9, rue Humblot, PARIS-15".
(1) Rayez la mention inutile.
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Title
Le nouveau clarte (supplement/edition speciale "Nous les garcons et les filles")
Issue
no. 58
Date
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Publication information
no. 58