L'Humanité

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UMEW
11 MAI 1968
(13» leur)
•UmEMENT
nrr
0,50 F
6, bcul. Poissonnier*
PARIS-9-
pue. II-N . M*. r».»
anité
ORGANE CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS
HALTE
LA REPRESSION !
Le pouvoir répond à la colère de l'Université
par la violence sanglante
Des centaines de blessés, parfois grièvement atteints
Le Parti Communiste a demandé la convocation
de l'Assemblée nationale et il appelle les travailleurs
et le peuple de France à une riposte massive
C'ETAIT la quatrième manifestation depuis la
répression policière du 4 mai. En ce vendredi
soir 11 mai, à 18 h. 30, place Denfert-Roche-
reau, on n'avait encore jamais vu autant de monde.
11 y avait eu d'abord quelque 10.000 lycéens avan-
çant'par le boulevard Ara«o vers le célèbre Lion.
Puis l'arrivée d'un millier d'étudiants en médecine
suivis par les enseignants de la Sorbonne, de Nan-
terre, de la faculté des Sciences, etc.
Dans les cortèges qui convergeaient vers la place
Denfert'Rochereau on reconnaissait entre autres
Jean-Michel Catala, secrétaire général de l'Union
des Etudiants communistes, Robert Clément, secré-
taire général de l'Union de la Jeunesse Commu-
niste. Nicole Menier. secrétaire générale de l'Union
des Jeunes Filles de France ; de nombreux élus
communistes parmi lesquels Guy Ducoloné, Serge
Boucheny députés, P. Xéron. M. Berlemont. A.
Piéaux. R. Pérona, conseillers de Paris, Dominique
Frétant, maire de Colombes.
Puis les orateurs s'étaient succédé. On avait no
DÉCLARATION
DU PARTI COMMUNISTE
FRÀNÇftiS
HALTE A LA RÉPRESSION
Le pouvoir gaulliste a. cette nuit, lancé avec
une violence inouïe ses forces de répression poli-
cière contre les étudiants et les professeurs pari-
siens. Le bilan est déjà lourd.
Le Parti Communiste Français condamne cette
répression féroce et exprime la protestation indi-
gnée des travailleurs, des intellectuels, des jeunes.
Il exige :
— l'arrêt Immédiat et total de la répression ;
— l'évacuation du Quartier latin par les force»
de police ;
— l'amnistie des manifestants condamnés, la
libération immédiate des emfflfeonnés, l'«rr*t des
poursuites ;
— la réouverture des facultés.
Solidaire des victimes de la répression, l« Parti
Communiste appelle les travailleurs et la popu-
lation à élever dès aujourd'hui leur vigoureuse
protestation et è renforcer leur union : pour l'am-
nistie, pour les libertés syndicales et politiques.
Le groupe parlementaire communiste a demandé
la convocation extraordinaire de l'Assemblée
nationale. Le Parti Communiste apporte et «ppor-
tera son soutien total à la grande riposte unitaire
prévue par les organisations syndicales ouvrières,
d'étudiants et d'enseignant».
Le Parti Communiste propose une réunion des
partis de gouche.
LE BUREAU POLITIQUE
DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS
Le 11 moi 1768 (« h. 30)
La marche sur
le''QuaTH'èrr CStîri
Pendant ce \ temps, un
important dispositif était
mis en place occupant les
19 ponts de Paris, coupant
la capitale en deux pour
Interdire la rive droite aux
manifestants. Mais à
19 h 30, quand les dizaines
de milliers d'étudiants, de
lycéens, d'enseignants se
mettent en marche, leur
but est le Quartier Latin.
La manifestation longe
la prison de la Santé. « Li-
bérez nos camarades •>
scande la foule. Par la rue
Monge, elle gagne la place
Haubert. Sur plus d'un ki-
lomètre, elle s'allonge en
rangs serrés d'où montent
particulièrement deux mots
d'ordre : « Libérez nos ca-
marades ! », « De Gaulle
responsable ! »
20 h. — La tète du cor-
tège arrive place Maùbert
avec les dirigeants des
syndicats d'étudiants et
d'enseignants parmi les-
quels Gérard Alaphilippe,
secrétaire de la section
académique du Syndicat
national des enseignants
du secondaire (S.N.E.S.).
Puis le défilé remonte le
boulevard Saint-Michel. Il
y a des forces de police qui
se font huer, mais ne bou-
eent pas. Elles sont nom-
breuses devant la Sorbon-
nr. Là le cortège s'arrête
et. les dirigeants de l'UNEF
pt du S.N!E. Sup. décident,
alors d'occuper le Quartier
Latin.
Barricades
Plusieurs milliers de ma-
nifestants sont encore blo-
qués boulevard Saint-Mi-
chel quand à l'initiative de
certains groupes sont éri-
gées les premières barri-
cades.
21 h 30. — Deux d'entre
elles, faites de pavés et,
d'automobiles, sont dressées
a l'angle de la rue Gay-
Lussac et, Claude-Bernard
et des rues Saint-Jacques
et des Fossés-Saint-.Jac-
ques. D'autres s'élèvent all-
,L
DERNIÈRE MINUTE
Une délégation de notre Parti dirigée par Waldeck
Rochet et comprenant Paul Laurent et Roland Leroy se
rendra à 11 h 30 au siège de la FGDS pour y rencontrer les
dirigeants de la Fédération de la gauche : François Mit-
terrand, Guy Mollet, Bérard-Quélin et Charles Hernu.
....^. . .
cinquantaine. Dans Ta rué
d'Ulm il y en a deux dont
une au coin de la rue
Lhomond. Dans la rue St-
Jacques, près de la rue
Soufflot, une barricade at-
teint 3 mètres de hauteur.
Dans les petites rues du
quartier Mouffetard, rue
des Ecoles, rue de la Mon-
tagne, rue Sainte-Geneviè-
ve, on en compte une quin-
zaine. Toutes ces barrica-
des improvisées sont faites
de matériaux divers : voi-
tures mises au travers de
la cnaussée, pavés, ma-
driers. parpaings, etc.
22 h. — Par l'intermé-
diaire d'un poste périphé-
rique, un dialogue s'engage
entre le recteur Roche et
les dirigeants syndicaux de
l'UNEF et du SNE (Sup.).
0 h 15. — Le recteur
Roche reçoit -dans son bu-
reau à la Sorbonne Cohn-
'Bendit, deux autres étu-
diants et trois professeurs
qui viennent tous, disent-
ils, à titre personnel.
0 h 45. — Deux cars de
police créent un premier
incident près des jardins
du Luxembourg. Mais le
calme revient.
1 h 50. — Colin-Bandit
et les autres interlocuteurs
du recteur Roche quittent,
...l*......§ça&QRn& £-JH.<ws. .ne,
nommes mandate* par per-
Le préfet
de police est
satisfait !
Ce matin In préfet de
police Grimaud faisait l'in-
croyable déclaration sui-
vante : II a fallu un extra-
ordinaire sang froid rm.r
responsables dit service
d'ordre pour que nous
n'ayons pas des conséquen-
ces sanglantes à ces mnni-
jestation. Nous nous som-
mes trouvés dcronl des
groupes npplirçumil In tac-
tique de, puéril/ri. Nous
rirojis eu fie ï'on'breu.i"
(liesses rtr»tf ries blessés
grnres. Jl n'y n pus eu rie
morts ni d'un roté ni de
l'antre. >
sonne. Nous n'avons ouvert
aucune négociation >, di-
sent-ils.
L'assaut policier
2 h. — Après un entretien
interministériel auquel par-
ticipaient notamment
Fouchet et Peyrefitte
J« ministre de l'Intérieur
ordonne l*--ti*f*8tanent-4u-.
quartier latin.
2 h 15. — Cinq cents
C.R.S., bouclier d'une main,
matraque de l'autre, se sont
mis en mouvement rue Au-
guste-Comte. Ils avancent
vers le boulevard Saint-Mi-
chel, repoussant les mani-
festants devant eux.
Les C.R.S. attaquent alors
à coups de grenades lacry-
mogènes la place Edmond-
Rostand où se trouve le
groupe le plus important
des étudiants.
2 h 35. — La première
barricade tombe. Elle est
située 87, boulevard Saint-
Michel. La bataille fait
rage. Les étudiants ripos-
tent avec des pavés. L'at-
mosphère devient irrespira-
ble tant est grand le nom-
bre de grenades lacrymogè-
nes lancées par les poli-
ciers.
Près de la place Edmond-
Rostand une barricade est
enflammée. A l'angle des
rues Gay-Lussac et Claude-
Bernard d'autres étudiants
poussent des voitures contre
les C.R.S.
2 h 55. — Les policiers
montent à l'assaut d'une
autre barricade 5, rue Gay-
Lussac. Un groupe est réfu-
gié derrière. Le feu jaillit.
Il y a des arrestations.
tarnrnent applaudi notre camarade Maurice Gol-
ring. professeur, dirigeant de la Fédération Com-
muniste de Paris. Un jeune communiste, Xavan'0,
avait exprime la solidarité des normaliens d'Au-
teuil venus nombreux. Quand le président dp
l'I.'.N.K.F. avait annoncé la manifestation corn mu iv
déridée pour mardi avec la C.O.T., la C.F.D.T.. la
F.K.X.. la l'otde avaii éclate en applaudissement-.
3 h. — Quatre voitures
5<»nt en feu à l'angle des
rues Gay-Lussac et Royer-
Collard, à une trentaine
de mètres de la gare du
Luxembourg.
3 h 15. — --• Nous avons
essayé de négocier. Nous
avons essayé par tous les
moyens d'éviter le recours à
la force. Maintenant la si-
tuation nous échappe. Nous
avons échoué ;-, déclare le
vice-recteur.
Incendies
3 h 20. — Six voiture.?
sont en feu rue Gay-Lus-
sàc, rue Le Goff et, rue
Royer-Collard, leurs réser-
voirs explosent.
A l'angle de la rue Gay-
Lussac et de la rue Royer-
Collard, la façade d'un
café est incendiée. Les
flammes atteignent le se-
cond étage de l'immeuble.
Toutes les vitres de ces
rues volent en éclats au mi-
lieu des explosions ininter-
rompues des grenades la-
crymogènes. Une barricade,
rue Royer-Collard est, elle
au?;si en feu et cette der-
nière rue est W/t.érslement
barrée par les flammes.
3 h 50. — Une quinzaine
rie voitures incendiées, clé."
façades roussies, do nom-
breux blessés, de nombreux-
intoxiqués par les gaz la-
crymogènes, tel est le bilan
de l'assaut policier rue
Gay-Lussac, rue Royer-Col-
lard et rue de l'Estrapade.
Les pompiers qui sont arri-
vés finalement sur place
maîtrisent les divers foyers
d'incendie.
Des projectiles sont, lan-
cés du haut des fenêtres de
certains immeubles par des
habitants indignés des bru-
talités policières. Les C.R.".
lancent des grenades lacry-
mogènes en leur direction.
4 h. - - La Faculté dp;,
Sciences ouvre ses 'portPS
aux étudiants blessés. Un
centre dq soins, nu opèrent,
une vingtaine, de méde-
cins, fonctionne dans la
tour 42. Des amphithéâ-
tres ont été transformés;
en salles de repos.
• SUITE KN PAGK a
Etudiants, profçs-îeur? et lycéens, place L'enlert-Rorherp^ij, .ni début rie la manifes-
ta*».
Georges Séguy
protester dans l'unité
et avec vigueur
Dans la nuit de vendredi à samedi Georges SEGUY,
secrétaire général de la C.G.T., a déclaré :
'< La C.U.T. suit avci: une exlrême «Mention ?(
une vive émotion 1rs événements graves du Quartier
l.alin.
i.c nuuvcnicnicnl vient de publier un communiqué
qui tend à faire porter aux étudiants la responsabilité
des violences de cette nuit. Mais dans le même temps,
sur son ordre, des forces de répressions policières
multiplient leurs brutalités contre les jeunes manifes-
tant?.
\,n C.G.'l. proteste avec véhémence et indignation
contre l'attitude du gouvernement ; s'il veut réelle-
ment éviter que la situation s'aggrave il doit retirer
immédiatement ses forces de police du Quartier Latin,
prononcer l'amnistie de tous les manifestants et
condamnés et prendre en considération concrètement
les revendications légitimes des étudiants et du
monde universitaire qui correspondent vers de nom-
breux points à celles des travailleurs.
La C.G.T. appelle les travailleurs à protester dans
l'unité et avec la vigueur qu'imposé la situation contre
l'attitude des pouvoirs et à préparer activement une
puissante riposte populaire, décidée par les organi-
sations syndicales ouvrières, d'étudiants et d'ensei-
gnants.
Elle leur propose à cet effet de tenir une réunion
d'urgence (1).
(1 ) Uit» rfcriNM «fowrnV M t*>>r è 9 AMTM.
NUIT DRAMATIQUE
(Soft* de la lr» page)
D'autre part, les Initia-
tives privées pour accueil-
lir les nombreux étudiants
blessés se succèdent. Des
centaines de volontaires se
présentent avec leurs voi-
tures aux centres de soins
pour évacuer les blessés.
4 h. 05. — Des groupes
d'étudiants refluent boule-
vard Saint-Germain où
des Toitures sont incen-
diées à hauteur de la rue
de Tournon et de la rue
de Seine.
4 h. 15. — Le réservoir
d'essence de l'une des voi-
tures incendiées explose.
Les flammes ont jailli jus-
qu'au 4* étage de l'immeu-
ble situé au coin de la rue
de l'Arbre-de-1'Epée et de
la rue Gay-Lusac. A la
Suite de cette explosion et
de nombreux jets de gre-
nades lancés par les poli-
ciers, de nombreux mani-
festants sont blessés.
4 h. 30. — La progres-
sion des C.R.S. est tou-
jours très difficile rue
Gay-Lussac où se trouve
devant eux le mur de
flammes des voitures in-
cendiées, et de la troisième
et dernière baricade érigée
dans cette artère. Des
conduites d'eau ont éclaté
et transformé la chaussée
en torrent. Un locataire du
3' étage, qui ne refermait
pas ses volets asez vite, re-
çoit une grenade en pleine
poitrine et un commence-
ment d'incendie se déclare
dan* son appartement.
Rue Gay-Lussac
5 h. — Alors que le jour
se lève, policiers et gardes-
mobiles prennent position
en haut de la rue Claude-
Bernard, à une cinquan-
taine de mètres de l'entrée
de la rue Gay-Lussac, pour
prendre à revers les étu-
dants qui défendent les
dernières barricades de la
rue Gay-Lussac. Des am-
bulances ne cessent d'aller
et venir vers les hôpitaux
voisins ou vers la mairie
du 5' arrondissement.
C'est le déclenchement
de scènes de violence
inouïes. Les CRS matra-
quent sauvagement les
groupes Isolées d'étudiant*,
rue Gay-Lussac, rue Lho-
mond, rue d'Ulm, rue Pier-
re-Curie, rue de la Con-
trescarpe.
Rue Claude-Bernard, une
mère dont le fils est étu-
diant, implore — en vain
— les C.R.S. d'arrêter leurs
exactions.
5 h. 15. — Les policiers
occupent toujours la rue
Gay-Lussac où les pom-
piers finissent d'éteindre
les dernières carcasses fu-
mantes des Toitures.
Dans les petites rues,
vers la Montagne-Sainte-
Geneviève, les C.R.S. pour-
suivent leurs ratissages. A
l'Ecole supérieure de la
rue d'Ulm, des grenades
lacrymogènes sont lancées
à l'intérieur des locaux où
des manifestants se sont
réfugiés. Ceux-ci montent
sur les terrasses, où à nou-
veau des grenades sont
tirées.
Un grand silence
5 h. -30. — « Au-nom des
Prix Nobel, les professeurs
Kastler et Monod, et d'un
Le gouvernement
décidé à la r«|H*ession
Toute la nuit, Joxe qui a,*-
Bumel'intérim du Premier mi-
nistre a conféré avec Peyref-
fite ministre de l'Education
nationale, Fouchet, ministre
de l'Intérieur. Puis après s'ê-
tre entretenu avec Bernard
Tricot, secrétaire général à la
LES DÉPUTÉS COMMUNISTES
demandent la convocation
de l'Assemblée nationale
A maintes reprises, tout au
long de la nuit, les députés
communistes sont intervenus
auprès des Pouvoirs publics
pour réclamer l'arrêt du
massacre.
Fernand Dupuy. qui avait
ns.sisté aux charges de la po-
lire, a immédiatement télé-
phoné au ministre de l'In-
térieur pour élever une éner-
gique et vive protestation.
D'autre part, comme l'ont
annonce les postes P?rlp^,e:
ricmes, il a essaye de jomdie
Chaban-Delmas à 4 heures
du matin pour demander la
convocation immédiate de
1-Assemblée nationale. D au-
tres démarches ont été faites
par le groupe communiste
pour que dès cet après-midi,
les députés aient a se pro-
noncer sur la situation ac-
tuelle et qu'ils puissent dis-
cuter et voter sur les Pr°P°-
sitions de loi dont celle des
députés communistes pré-
voyant l'amnistie.
A 6 h 30, l'A .P.P. annon-
çait que François Mitterrand
su nom du groupe parlemen-
taire de la F.G.D.S., avait
demandé également la réu-
nion exceptionnelle de 1 As-
semblée. _
A 8 heures, c'était au tour
«Je Jacques Duhamel, prési-
Un communiqué
de la C.F.D.T.
Le bureau de la C.F.D.T.
déclare que « •profondément
indigné par les violences po-
licières du Quartier Latin, il
confirme sa solidarité avec
Ie5 étudiants et les organisa-
tions syndicares ». Le bureau
de la C.F.D.T. rencontera, à
9 heures « les dirigeants des
organisations syndicales qui
ont déjà exprimé leur toli-
darité ».
— Roger LOUET, secrétaire
de F.6., a fait la déclaration
suivante :
« Indigné par l'attitude in-
qualifiable de la police au
Quartier Latin, je tuis inter-
venu pour exiger le retrait
immédiat du service d'ordre.
dent du groupe P.D.M.. d'an-
noncer qu'il demandait une
« réunion du Parlement lun-
di prochain >.
Force Ouvrière s'élève véhé-
mentement contre une ré-
pression policière sans --merci
qui ne peut en aucun cas ré-
gler les problèmes fondamen-
taux qui se posent à l'Uni-
versité. Le bureau confédé-
ral de F.O. va se réunir dans
le courant de la matinée pour
apprécier la situation créée
par ces violences et exami-
ner les éventuelles mesures à
prendre. »
— Mgr MARTY, archevêque
de Paris, a également lancé
un appel :
« II faut que la violence
s'arrête immédiatement. Je
demande à tous ceux qui por-
tent une responsabilité, d'un
côté ou de l'autre, de se ren-
contrer à nouveau. Il faut
arriver rapidement à une so-
lution juste. Nous somme»
tous concernés. >
Présidence de la République
au nom du gouvernement, il
a fait publier (à 4 heures)
un communiqué déclarant no-
tamment que € les instruc-
tions aux forces de l'ordre,
preuve d'une extrême patien-
ce... ont été exécutées d'une
façon exemplaire ».
Il affirme que « l'offre de
dialogue » sur < les modali-
tés 'd'une reprise normale des
travaux universitaires » n'a
pas été acceptée.
Ce communiqué poursuit :
« Devant l'échec des tenta-
tives d'apaisement, la police
a reçu mission, à deux heures
et quart du matin, de faire
disperser les .manifestants et
de rétablir l'ordre public qui
ne pouvait pas étrt troublé
plus longtemps. >
A six heures du matin, à
l'issue d'une réunion intermi-
nistérielle qui s'était tenu*
place Beauvau entre Fouchet,
Joxe, Messmer, Gorse et Foc-
cart du cabinet de de Gaulle,
les ministres se sont refusés
à faire des déclarations.
Ils se sont retrouvés quel-
ques minutes après à l'Elysée
Puis à 6 h 50, Fouchet a re-
gagné' le ministère de l'Inté-
rieur, et Joxe celui de la Jus-
• Au nom de la municipalité
d'Iry, Jacques Laloë, maire et
Marins Prunières, 1er adjoint,
accompagnés de Georges Gos-
nat, député, ont, dés S h 30,
apporté un lot important de
médicaments au Centre de se-
cours de la faculté' de méde-
cine.
grand nombr» > de ses
< collègues de l'Université
de Paris », le professeur
François Michaud, de la
Faculté des Lettres de
Nanterre, adresse c un
dernier et pressant appel
au gouvernement et à tou-
tes les autorités pour qu'ils
fassent cesser immédiate-
ment les combats, gué la
police désarme, que les ser-
vices de secours puissent
passer pour assurer le
transport des nombreux '
blessés et que les hôpitaux
soient prêts pour les rece-
voir. >
5 h. 40. — Les explosions
des voitures, celles des
grenades lacrymogènes se
sont espacées pour se taire
complètement et un grand
silence s'est abattu main-
tenant sur le quartier.
Toutefois, devant l'Ecole
Nationale des Mines, rue
Saint-Jacques, des étu-
diants demeurent retran-
chés et répondent aux gre-
nades offensives lancées
par les gendarmes mobiles
par des tuiles et des par-
paings.
Une-épaisse fumée nau-
séabonde recouvre toujours
le quartier que sillonnent
les voitures de pompiers et
celles des C.R.S.
Près de 200 carcasses de
voitures brûlées sont dé-
nombrées dans le secteur.
Par groupes de cinq, de
dix, de quinze, des policiers
emmènent des prisonniers
dans des cars de police,
tandis que des employés de
la voierie municipale com-
mencent à repaver des cen-
taines de mètres de chaus-
sée.
APPEL DU MOUVEMENT
DE LÀ JEUNESSE COMMUNISTE
CETTE nuit, au Quartier Latin, la polie*
gaulliste, avec une brutalité inouïe, a
attaqué les étudiants. Elle a matraqué,
chargé, asphyxié et aveuglé par les gaz. Les
blessés se comptent par centaines.
Ce matin, les jeunes travailleurs, les lycées,
les étudiants de France sont soulevés d'indi-
gnation et de colère.
Le Mouvement de la Jeunesse Communiste
de France et son organisation étudiante,
TÛ.E.C.F., accuse le gouvernement gaulliste
totalement responsable de ces événements
dramatiques.
Ils révcleut à quel point ce gouvernement
est le défenseur de l'ordre bourgeois, du
régime capitaliste, des banquiers et des grands
patrons.
Ce régime est l'ennemi de la jeunesse et des
étudiants.
En protestant contre les brutalités de jka,
police gaulliste, nous défendons nos droits;
nous ifléveloppons-une- action ant-icapitalistë.
Pour satisfaire les revendications de la jeu-
nesse et, des étudiants, il faut débarrasser notre
pays de ce régime malfaisant.
Etudiants, lycéens, jeunes travailleurs, unis-
sons-nous et agissons avec la classe ouvrière
et notre peuple pour l'instauration d'un gou-
vernement populaire qui réalisera avec et pour
la jeunesse.
Etudiants, lycéens, jeunes travailleurs, dans
les prochaines heures, participez massivement
aux grèves, aux manifestations, aux meetings :
à la protestation de tout notre peuple contre
la répression policière.
Aujourd'hui 11 mai, toute la jeunesse est
solidaire de la niasse des étudiants et des
lycéens.
Le Quartier Latin aux étudiants et aux pro-
fesseurs !
Réouverture de toutes les facultés !
Amnistie immédiate pour tous les prnpri-
Le Mouvement de la J
Communiste de France.
TÉMOIGNAGES
Partis des lycées Marcellin-Berthelot et Darsonval, de Saint-Maur, plusieurs cen-
taines d'élèves ont pris la direction de Champigny, où ih sont entrés dans la cour du
lycée Langevin-Wallon (notre photo'»• Le cortège — plus d'un millier — s'est rendu
ensuite au lycée Condorcet de La Varenne, où des délégations des lycées Paul-Valéry
(Porte de Vanyes) et Berlios (Vincennes) l'ont rejoint. En tout deux mille lycéens.
Les secrétaires de la section de Champigny de notre Parti et notre camarade
Roger Bernard, maire-adjoint, ont été chaleureusement applaudis en se joignant au
cortège.
1 Humanité
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» : i,00 F* . SuUie i O.M
! 0.53 m. - Mairie i 0.47 d.
100 1. Autre» p«Y» • O.UP
LES DECISIONS PRISES HIER PAR LES SYNDICATS
A la suite d'entretiens qui
se déroulaient depuis trois
jours entre les dirigeants
des organisations Intéres-
sées, le texte suivant a été
publié hier après-midi :
Les événement! graves
dont l'Université est le
théâtre ont créé une émo-
tion dans l'opinion publi-
que ; la répression policière
dirigée contre les étudiants
et les enseignants provo-
que l'indignation des tra-
vailleurs contre le régime-
Dés problèmes tels que la
réforme démocratique de
l'enseignement au service
des travailleurs, le plein
emploi, la transformation
du système économique par
et pour le peuple, consti-
tuent autant d'exigences
fondamentales.
Demain, dans l'Huma-
nité Dmanche, toutes
les informations con-
cernant les derniers
événements. .
(Lee diffuseurs rece-
vront un office sup-
plémentaire.)
Les revendications et les
luttes des travailleurs
comme celles des étudiants,
des enseignants et des au-
tres catégories de la popu-
lation laborieuse se heur-
tent fréquemment aux mê-
mes méthodes de répres-
sion policière, de violation
des libertés syndicales et
démocratiques.
Au nom de la solidarité
et 'des aspirations commu-
nes qui unissent les ou-
vriers, les étudiants et les
enseignants, les représen-
tants de la CGT, de la
CFDT, de la FEN, de
l'UNEF, l'UCE, ainsi que le
SNE-Sup. décident d'orga-
niser le 14 mai, dans tou-
tes les grandes villes de
France, des manifestations
communes pour :
— l'amnistie de tous les
manifestants condamnés ;
André LAIOUE
diiecteur d» la publication
11-5-1968
poissonHinyï
S. fauboui* Mnonaiere. Pari»-**
* i a » z r
Visites du
Secours Populaire
aux blessés
Toute la semaine, les
délégués des Fédération»
de Paris et des Haute-de-
Seine du Secours Populai-
re Français ont rendu vi-
site aux blessés de» ma-
nifestations d'étudiants et
se sont inquiétés de leur
état, de leur situation.
Une dizaine de blessés
demeurent en effet hospi-
talisés assez sérieuse-
ment, atteints de fractu-
res ou de brûlures aux
yeux, dues à l'explosion
de grenades lacrymogè-
nes.
Les Fédérations de Fa-
ris et des Hauts-de-Seine
du Secours Populaire ap-
pellent leurs unis à ma-
nifester leur sympathie
aux Messes, à témoigner
leur solidarité aux étu-
diante emprisonné*; dont
elles demevnd*** te liM-
— les libertés syndicales
et politiques.
Ils engagent les responsa-
bles de leurs organisations
respectives à déterminer les
formes de l'action qui don-
nera lieu, pour la région
parisienne, à une puissante
manifestation centrale à
Paris.
PARIS, le 10 mai 1968.
Des hier soir, de nombreux
syndicats et organisations se
sont félicité de l'accord inter-
syndical qui rassemblera, le
14 mai, travailleurs et étu-
diants en de puissantes mani-
festations à Paris et dans les
grandes villes de France.
La FEDERATION DES
TRAVAILLEURS DE LA ME-
TALLURGIE C.G.T. appelle
ses syndicats « à prendre tou-
tes mesures en accord avec les
décisions prises par les unions
départementales et unions
locales » pour une participa-
tion massive aux manifesta-
tions du 14 mai.
La FEDERATION GENE-
RALE DES SERVICES PU-
BLICS ET SERVICES DE
SANTE C.G.T. invite ses mili-
tants et syndicats « à contri-
buer au rassemblement démo-
cratique » des travailleurs, étu-
diants et de toutes les vic-
times de la politique du pou-
voir gaulliste.
Des appels à participer en
masse aux manifestations de
mardi prochain ont encore
été lancés par la FEDERA-
TION C.G.T. DES TRANS-
PORTS, la FEDERATION DE
L'EDUCATION NATIONALE
C.G.T., la FEDERATION C.
G.T. DES CHEMINOTS «qui
demande particulièrement »
tous ses militants de la région
parisienne et dans tous les
grands centres de se réunir, le
lundi 13 mai, »u siège de leur
syndicat pour prendre toutes
disposition* en vue d'assurer,
en liaison avee les U.D. et
U.L.. le plein soeeè* des mani-
festations du 14 », etc.
• Le Syndicat national de la
Recherche scientifique CGT,
le Syndicat national de l'Ad-
ministration universit aire
(FEN1, etc.
L'ENSEMBLE DES SYNDI-
CATS DE LA FACULTE
D'ORSAY (C.Q.T., C.F.D.T,
F.E.N., U.N.E.F.) ont télégra-
phié aux centrales syndicales
qu'elles soutenaient leurs
efforts « pour mots d ordre
communs étudiants, travail-
leurs dans manifestation cen-
trale ».
Le SYNDICAT NATIONAL
DES ENSEIGNANTS DU SE-
COND DEGRE (S.N.E.S.)
« conformément à la décision
prise jeudi par son bureau
national », approuve le com-
muuniqué commun des cen-
trales et « se réjouit de l'unité
réalisée ».
• LA CONFEDERATION
FORCE OUVRIERE a publié
un communiqué spécial pour
annoncer qu'elle ne partici-
pera pas aux manifestations
du 14 mai. Parce que, dit-
elle, elle ne veut pas être aux
côtés de la C.G.T. I
Un appel
du S.N.E.S.
Le S.N.E.S. (Paris à publie
hier soir le communiqué sui-
vant :
« Le refus du gouvernement
de prendre jusqu'ici les me-
sures qu'imposé la situation
d'une extrême gravité dbnt il
a l'entière responsabilité a
rendu impossible le fonction-
nement normal des lycées de
la région parisienne. La sec-
tion académique du S.N.E.S.
(second degré) appelle les per-
sonnels des enseignements de
second degré de l'Académie de
Paris à, refuser dans ces condi-
tions de donner normalement
leurs cour».
Elle les appelle à *tr». présenta
dan* IM établissements et à
prendre toutes leurs respon-
sabilités d'éducateurs.
Solidaires des étudiants et
des professeurs de l'enseigne-
ment supérieur, les enseignant"
du second degré exigent :
1) l'abandon des sanctions
universitaires, des poursuites
administratives et pénales
ainsi que l'amnistie pour les
étudiants condamnés.
2> le départ clés forces de
police des quartiers universi-
taires.
3) la réouverture des Facul-
tés.
< 2 h. 10 », dit ce témoin,
qui habite à l'entrée de la rue
Gay-Lussac. « Une fusée rouge,
et c'est parti ».
Du boulevard Saint-Michel,
le long des jardins du Luxem-
bourg, le bombrdement de gre-
nades lacrymogènes dure un
quart d'heure. En effet, pour
attendre la barricade érigée à
hauteur de la gare du Luxem-
bourg, il faut en t neutrali-
ser » une autre, à un coin de
rue, un peu plus haut. Ce sera
l'affaire de grenades offensi-
ves, entre autres.
« Je ne me suis aperçu que
les flics avaient chargé et oc-
cupé l'entrée de la rue Gay-
Lussac que lorsqu'une cinquan-
taine au moins de manifes-
tants sont entrée dans l'im-
meuble, terrorisés. Il y avait
tellement de fumée que je ne
vo_yais plus rien de mes fe-
nêtres ».
« Vers quatre heures, l'un
des réfugiés, un noir, est des-
cendu. !l n'y avait plus rien
depuis longtemps devant chez
moi. « Ils » l'ont pris à trois
ou quatre. Je l'ai suivi à la
jumelle. Ils l'ont mis la tète
face à une voiture, les mains
sur la tète. Ils ont cogné. Ils
l'ont embarqué un peu plus
tard. C'est-à-dire qu'ils l'ont
jeté comme un paquet de linge
sale dans le panier à salade ».
« Un quart d'heure plus
tard, ils ont pris cinq jeunes.
Ils ont fait fait pareil, à coup
de matraque, de derrière, les
mains sur la tête, contre des
voitures. C'était à vomir ».
Un couple, de 40 à 45 ans.
Ils descendent la rue Gay-
Lussac, trottoir de droite. On
ne sait pas s'ils fuient, s'ils
essaient enfin de rentrer chez
eux... En tout cas, s'ils fuient,
c'est le spectacle effrayant de
la violence policière.
Il n'y a pas à s'y tromper :
personne ne peut s'imaginer
que ce couple a même pensé
un jour manifester sur une
barricade d'étudiants. Il est
5 heures, c'est-à-dire que, de-
puis trois heures, la rue Gay-
Lussac a été « dégagée » à
cet endroit. Elle est « calme ».
Trois CRS les « interpel-
lent ». Le couple essaie de
protester, de se justifier. « De
Quoi, de quoi ? ». Un CRS
pose sa grosse chaussure clou-
tée droite sur un pied du mon-
sieur, et il l'écrase en tour-
ROBERT BALLANGER A PEYREFITTE :
« Vous n'avez pas tenu parole »
Le président du groupe communiste à l'Assemblée
avait adressé vendredi après-midi au ministre de l'Edu-
cation nationale une question orale dans laquelle il lui
rappelle :
« Que, sur demande de M. Dupuy, il avait annonce so-
lennellement à la tribune de l'Assemblée nationale, le
X mai, que la faculté des Lettre» de Paris serait ouverte
le lendemain si l'ordre n'était pas troublé.
Le soir même, les étudiants et les enseignants ont af-
firmé en nombre, mais dans le plus grand calme, leur*
revendications pour une réforme valable de l'Université et
leur exigence d'une vie démocratique dans les facultés^.
Malgré ce, contrairement à la parole donnée, la Sor-
bonne est toujours fermée.
t* gouvernement prend ainsi la responsabilité de pro-
longer une situation Intolérable à la veille des examen».
H, LUI DEMANDE si le gouvernement n'entend pa» t
1) Ordonner la libération immédiate de* étudiants em-
prisonnés et annuler le» poursuites en cours ; tans délai
ni conditions ;
2) Ouvrir la Sorbonne, haut lieu des franchise» et Ufcer.
té« universitaire». >
Communistes et fédérés modifient
leur motion de censure
«Devant le refu* du gou-
vernement de prendre les
mesures propres à régler le
conflit qui l'oppose à l'univer-
sité tout entière, étudiants et
enseignante, devant son renie-
ment de» engagement» solen-
nels pria par Te ministre, de
l'Eâveatton national* de rou-
vrir les facultés», les groupes
communistes et P.G.D.S. de
l'Assemblée nationale ont dé-
cidé vendredi de'« faire uns
mention spécial* à ce problè-
me daa» la motion de Censura
qu'Us n'apprêtent à déposer
sur 1« bureau de l'Assemblée
nationale. »
nant le talon, puis il le pir-
tine. Des fenêtres de plusieurs
immeubles, les locataires com-
mencent à crier leur colère et
leur dégoût.
Les CRS veulent « embar-
quer » le monsieur seul. Sa
femme s'accroche désespéré-
ment à lui et hurle. Des fe-
nêtres, les protestations re-
doublent. Les CRS entendent
des mots correspondant à leur
comportement. Deux photo-
graphes de presse essaient rie
prendre la scène. Mal leur en
prend.
Les habitants de l'entrée flr
la rue Gc,y-Lussac crient leur
colère. Les CRS relâchent !PUI-
* proie ». Pour quoi fiire >
Pour jeter une grenade la-
crymogène et une grenncV
fumigène sur deux fenêtres
des protestataires.
6 h 10, place Edmond-Ros-
tand. Une cinquantaine de ma-
nifestants attendent, le dos
aux grilles du jardin du Lu-
xembourg, les « paniers à s-?-
lade ». Une trentaine de CR-S
les entourent, la matraque au
poing. Arrive le premier car.
Un secouriste s'approche au
moment où les premiers ma-
nifestants montent dans le
car.
— Est-ce qu'il y a des bles-
sés ?
— Pensez-vous ! Ils se por.
tent bien, ces ordures !
Et monte alors un manifes-
tant, une plaie béante sur
toute sa lèvre inférieure écla-
tée.
—o—
Même endroit, une minute
plus tard, il y à là autour, unf
centaine de personnes venues
comfne beaucoup de Parisien:-;
« voir ». L'un d'eux, puis un
autre commentent à voix trop
haute la scène qui vient de se
produire.
Trois policiers se ruent, puis
une dizaine d'autres. C'est une
belle « occase ». « 11 veut sa
ration, celui-là aus.si ? »
— Vous êtes pas contint ?
— Il y avait des blessés
quand le...
Le protestataire n'a pas l€
temps d'achever sa phnise
S'il ne reçoit pas de coups de
matraque, c'est, de toute évi-
dence, qu'il y a trop de té-
moins. Mais ces deux-la sont
embarqués brutalement cian:-
le panier à salade, par prio-
rité.
Un policier en civil, pendant
ce temps, a t'ait sa moisson
d'autres protestataires. Il les
désigne aux flics en uniforme.
Parmi les trois qu'il a repéré,
un monsieur d'une soixantai-
ne d'années.
Ce jeune couple, étudiants
en pharmacie, a entendu à la
radio les appels à des secou-
ristes bénévoles. Ils sont ve-
nus tous deux. Ils sont restés,
tout le temps dans l'entrée
d'un immeuble, rue Gay-Lus.
sac, où était installé un posle
de secours.
— Il n'y avait pas moyen
de sortir. On a vu d'autres vo-
lontaires comme nous, arrêtés.
Les flics leur ont dit : < On
connaît ça, le bandeau avec
la Croix-Rouge ». Ils arra-
chaient les bandeaux systéma-
tiquement avant de les em-
haqruer dan») les paniers a
salade.
Sans bandeau, ils sont
ainsi devenus des « manifes-
tants »..
Un secouriste raconte :
« Un policier, blessé à la
joue, arrive vers nous en te-
nant un manifestant la tête
ensanglantée. Fendant qu'il se
fait soigner, il se vante :
< Qu'est-ce que je lui ai mis,
le salaud : une bonne dizaine
de coups sur le crâne ! >
Réflexion de secouriste à qui
il est demandé comment les
policiers les accueillaient
quand ils venaient chercher
un blessé :
« Four etix, on était on peu
rin&emi». »
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Title
L'Humanité
Issue
no.7377
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no.7377