L'Humanité (Dimanche)

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UNE DÉCLARATION
DU BUREAU POLITIQUE
du Parti Communiste
Français
F Humanité
MAGAZINE DU. ?ARTI COMMUNISTE FRANÇAIS
Dimanche
HIER RUE DE GRENELLE, PREMIÈRE ENTREVUE
SYNDICATS - PATRONS - GOUVERNEMENT
BENOIT FRACHON : " Les travailleurs
ne cesseront la grève que lorsqu'ils seront
certains d'obtenir les avantages substantiels
qu'ils escomptent "
INFORMATIONS EN PAGE 5.
Les représentant
s de la C.G.T., conduits par Benoît Frachon et Georges Sé9uy, arrivent au ministère des Affaires sociales.
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DES automobilistes se précipitent sur les pompes
à essence, des ménagères sur les bouteilles
d'huile et les kilos de sucre : énervement
exagéré, mais compréhensible. Il n'en faut pas plus
pour que certains journaux crient au chaos et à
l'anarchie et supplient le Général d'y mettre bon
ordre.
Mais en tentant cette diversion, ils oublient l'es-
sentiel : le fait que les gens n'ont plus aucun crédit
en l'autorité du régime gaulliste et que même ceux
qui voyaient dans le Général le suprême recours de
la tranquillité n'y croient plus du tout. La déception
de ces derniers est d'autant plus grande qu'à force
d'entendre depuis dix ans (et même avant) de Gaulle
parler de la faiblesse de la IV1' République et vanter
la force de la V, ils avaient fini par s'y laisser pren-
dre. Ils découvrent que la force, l'autorité, la disci-
pline sont ailleurs. Dans les rangs de cette classe
ouvrière et de ses dirigeants que d'éternels donneurs
de leçons nous présentaient comme d'incorrigibles
bureaucrates.
Voilà que la C.G.T. se préoccupe d'assurer à la
population l'électricté, l'eau, le pain dont elle a
besoin. Non seulement elle s'en préoccupe, mais
elle règle les questions, à la différence d'un gouver-
nement dont les ministres se contentent de parler,
à la différence d'un président de la République qui
attend près de huit jours pour... ne rien dire. Voilà
que le comité de grève de l'usine Rhône-Poulenc de
Lyon a autorisé les travaux du laboratoire médical
qui fournit aux médecins du père Damien, l'opéré
du cœur de Paris, les vêtements stérilisés dont ils
ont besoin. Simple détail, mais combien significatif :
voilà les cheminots en grève de Saint-Lazare préve-
nant un habitant de Normandie de venir chercher les
petits chiens qu'on lui avait envoyés par le train et
qui étaient « en souffrance » à la gare.
Partout la grève est caractérisée par son calme
et sa puissance. Les provocations sont déjouées, les
provocateurs dénoncés. Sans passion, mais sans
complaisance. Des millions de Français sont en
train de regarder. Et de réfléchir.
CELA ne fait l'affaire ni des chefs gaullistes ni
des fascistes, réunis pour la survie du régime
comme ils le furent pour sa naissance. Les uns
et les autres — les seconds agissant pour le compte
des premiers — ont intérêt à faire croire que la
grève est synonyme de guerre civile, que « les
communistes rêvent d'insurrection ». En pratiquant
à travers Paris des actions de commandos, quelques
centaines de fascistes d' « Occident » et d'ailleurs
(pourtant bien connus de la police parcs qu'ils furent
tous plus ou moins O.A.S.) veulent donner au pou-
voir des occasions d'intervenir pour rétablir, comme
dirait Pompidou, « l'ordre républicain ».
Pour retarder une défaite qui ne fait maintenant
de doute pour personne, le régime gaulliste est prêt
à toutes les provocations, tout en proclamant bien
haut que sa plus grande préoccupation est de les
éviter.
C'est parce que les communistes veulent liqu;-
der le régime gaulliste en actes et non pas seulement
en paroles qu'ils ont le souci de déjouer les provo-
cations.
La première façon de le faire, c'est de contrôler
les manifestations que l'on dirige. La réalité oblige
à constater que si la C.G.T. a démontré à plusieurs
reprises qu'elle en était capable, d'autres ont démon-
tré qu'ils ne l'étaient pas. Les excès, qui ne peuvent
que susciter la méfiance d'abord, l'hostilité ensuite
d'une partie importante de la population, sont une
gêne et non une aide pour le triomphe d'une cause
qui mérite que l'on ne confonde pas action et voci-
férations.
Au calme et à la discipline qui font l'admiration
de tous, les travailleurs doivent ajouter le troisième
volet de leurs futures victoires : la vigilance.
Henry BORDAGE.
Humanité Dimanche — N° 169
SOMMAIRE
[000
[000
1000
1.000
4. Référendum pour une
banqueroute (l'édito-
rial de Laurent SA-
LINI). Le dessin de
Jean EFFEL.
5. Première entrevue
syndicats - gouverne-
ment - patrons.
6. Dix millions de gré-
vistes.
7. Les réactions à l'allo-
cution de de Gaulle.
8. La nuit de vendredi à
samedi dans les rues
de Paris.
9. A l'O.R.T.F., la bataille
pour l'objectivité de
l'information.
10. Paris-sur-Grèves (Ray-
mond LAVIGNE).
11. Renault : les travail-
leurs administrent la
ville des machines si-
lencieuses
(Robert LECHENE).
15. Faits divers.
16. Les dernières nouvelles
du monde.
17. Le week-end sportif.
18. La Foire de Paris. Les
mots croisés.
19. Rubrique santé.
20. La parole est à la dé-
fense.
21. Le jardinage.
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N° 169 — Humanité Dimanche 3
L'EDITORIAL DE LAURENT SALINI
REFERENDUM
POUR
UNE RANQUEROUTE
EMEUTES au Quartier latin, vio-
lents incidents à Lyon, Bor-
deaux et Strasbourg, deux
morts : est-ce donc cela qui cons-
titue le trait principal des événe-
ments que nous vivons ? Est-ce donc
cela qui exprime la situation de
la France ?
Absolument pas.
L'essentiel est ailleurs dans l'or-
dre, le calme, la discipline de millions
et de millions de travailleurs, force
immense tout entière au service de
revendications légitimes. L'essentiel
est ailleurs dans la puissance et la
détermination d'un mouvement ou-
vrier sans précédent dans notre his-
toire.
Vendredi, c'est dans la rue que
l'on a pu le vérifier. A Paris, en ban-
lieue, dafis toute la région parisienne,
en province, des centaines de milliers
de travailleurs ont défilé, à l'appel
de la C.G.T. Et partout, sans une
seule exception, le même spectacle :
la force mais disciplinée parce que
consciente ; l'élan mais maître de
lui parce que réaliste et lucide ; la
résolution mais ferme parce qu'elle
repose sur une claire vision des
tâches, de toutes les tâches, celles
d'aujourd'hui et celles de demain.
Au Quartier latin et ailleurs, par
contre, la violence, l'émeute, les dé-
prédations, les unes et les autres
concertées et organisées par une poi-
gnée de provocateurs pour qui les
étudiants ne sont qu'une masse de
manœuvre.
Le rapprochement est éclairant
pour tous ceux qui cherchent effec-
tivement à vaincre le pouvoir per-
sonnel, pour tous ceux qu'exalté le
mouvement populaire, pour tous ceux
qui refusent de gaspiller des éner-
gies, pour tous ceux qui entendent,
au moment propice, infliger au ban-
queroutier une défaite politique dé-
cisive.
Le rapprochement est éclairant
pour tous ceux qui refusent de
noyer les revendications des tra-
vailleurs dans le verbiage et de se
prêter ainsi aux manœuvres de la
grande bourgeoisie et du pouvoir.
CAR il s'agit aujourd'hui, il s'agit
d'abord, il s'agit avant tout
d'imposer au patronat et au
gouvernement la satisfaction des
demandes ouvrières trop longtemps
repoussées.
Elles ne sont pas dépasées. Elles ne
sont pas non plus excessives. Mais
pouvoir et patrons ne céderont que
devant un mouvement qui restera
cohérent et uni. Croit-on que Pom-
pidou aurait négocié s'il n'y avait
eu presque dix millons de grévistes
et des piquets de grève dans les
usines ? Croit-on que de Gaulle aurait
accepté la discussion si les travail-
leurs eux-mêmes ne l'y avaient for-
cé ? Tout affaiblissement de la grève,
en particulier par des actes et des
proclamations aventuristes, serait en
fait un service rendu aux grands
capitalistes.
La victoire de la grève, par contre,
puis dix ans, gouverne, gère, décrète,
tranche, conduit, guide sans freins
ni limites, sans règles ni obstacles.
Dix ans de pouvoir absolu pour en
arriver là ! Dix ans de pouvoir absolu
pour offrir à une nation qui prend
en main son destin... une astuce su-
balterne, le référendum ! Mais qui,
oui, qui pourrait croire que le gaul-
lisme est capable de « mutation »,
qu'il est capable de sauver le pays
des conséquences d'une politique
qu'il a voulue, suivie contre vent et
marée, une politique qui tient à
EN PRÎOtfÎTÉ :
ENLÈVEMENT DES DÉTRITUS
ouvrirait aux travailleurs et aux dé-
mocrates des perspectives nouvelles.
Car le régime vacille. Car le régime
est, à terme, condamné et la question
du pouvoir est plus que jamais po-
sée. S'il en fallait une preuve, le dis-
cours du général de Gaulle l'aurait
donnée.
Tout, dans ce discours, le moindre
terme, dans ces propos, était un bi-
lan de banqueroute. « Nécessité
d'une mutation », « participation plus
étendue », « modifier des structu-
res », la jeunesse « que l'avenir in-
quiète trop souvent », « reconstrui-
re », « adapter », améliorer « les
conditions de vie et de travail » et
« ouvrir plus largement la route au
sang nouveau » : tous ces mots, pro-
messes dérisoires au bord de la nuit
d'un règne, tous ces mots sortaient
de la bouche d'un homme qui, de-
l'essence même de ce qu'il est ?
Comment prendrait-on au sérieux
ce que dit le chef de l'Etat sur la
« participation » alors qu'il recourt
au référendum, c'est-à-dire, à l'un
des procédés qui excluent le plus
nettement le dialogue et précisément
la participation ?
I A question du pouvoir est plus
que jamais posée. Mais alors
comment y répondre ? Et quand ?
On lira par ailleurs les propositions
présentées par le Parti Communiste
Français. La victoire est désormais à
notre portée. Elle suppose la conclu-
sion rapide d'un véritable accord
entre la FGDS et le Parti Communiste
et l'on sait qu'il n'a pas dépendu de
ce dernier que l'accord ne soit pas
conclu plus tôt. Elle suppose que le
mouvement populaire conserve et
renforce la large unité qui le carac-
térise.
C'est à cette unité que s'attaquent
les fabriquants d'émeutes. Bien en-
tendu, nous ne les confondons pas
avec les étudiants qui revendiquent
avec raison des réformes profondes,
avec les étudiants qui veulent pren-
dre part à l'effort de notre peuple
pour un régime vraiment démocrati-
que. Nombre d'entre eux sont abusés.
Mais ce serait les tenir, comme le
premier Cohn-Bendit venu, pour une
« masse amorphe », utilisable à
n'importe quoi que de ne pas leur
dire avec loyauté où on cherche à
les entraîner. Geismar, Sauvageot,
Cohn-Bendit, les dirigeants du P.S.U.
qui les approuvent font, en fait, le
jeu du régime en couvrant les vio-
lences ou en créant les conditions
pour qu'il en surgisse.
Les uns se réclament de l'anarchie.
Mais partout où l'anarchisme a pu
pénétrer les rangs des travailleurs, il
a contribué à faciliter l'attaque des
classes exploiteuses. Et, sans faire
de parallèle abusif, la République
espagnole n'a pas seulement suc-
combé sous les coups des fascistes
rassemblés : dans plus d'un combat
capital, il lui manqua les forces que
des anarchistes dévoyaient ,• parfois
même il lui fallu lutter contre les
assauts surgis sur ses arrières, ces
assauts se conjuguant, en fait, avec
les offensives des franquistes.
Les autres prétendent contre toute
vraisemblance que la situation est
« révolutionnaire ». Mais leur révo-
! lution est de celles qui sonnent le glas
j de toutes les espérances de la classe
) ouvrière. Les mots d'ordre aventu-
! ristes, les actes de violence, les
/ émeutes ont pour seul résultat d'ef-
' frayer et donc de rejeter dans le
camp gaulliste des hommes et des
femmes dont la classe ouvrière peut
|| escompetr l'alliance. Parce qu'ils
cherchent à fissurer le bloc popu-
laire et risqueraient de le diviser,
parce qu'ils pourraient défigurer le
mouvement démocratique, les orga-
nisateurs, les responsables des trou-
bles rendent, en fait, au régime et
au capital, le plus grand des services.
Leurs provocations, il est vrai, se
sont brisées sur la force calme du
mouvement ouvrier, un mouvement
qui refuse l'aventure parce qu'il en-
tend remporter la victoire. C'est par
lui, et avec lui, que le gaullisme sera
vaincu. Car le régime a fait son
temps. Le moment est venu pour lui
de quitter la scène. Le plus tôt sera
le mieux.
4 Humanité Dimanche — N°, 169
sur
r à
PREMIERE ENTREVUE
SYNDICATS-PATRONS-60UVERNEMEKT
Benoît FRACHON :
« Les travailleurs ne cesseront la
grève que lorsqu'ils seront certains
de bénéficier des avantages
substantiels qu'ils escomptent »
A l'ouverture des négocia-
tions, Benoit Praehon, président
de la CGT, a fait la déclaration
suivante :
« Au moment où s'engagent
des discussions dont l'impor-
tance n'échappe à personne, la
C.G.T. considère comme indis-
pensable de les situer dans le
cadre exact où elles vont se
dérouler.
Pour les travailleurs, les
choses ne sont plus comme el-
les étaient hier. Le gouverne-
ment et le patronat doivent en
tenir compte sous peine de
prendre la responsabilité de
provoquer un mécontentement
encore plus profond.
Ijn C.G.T., pour sa part, ne
saurait en aucun cas négliger
les aspirations des millions de
salariés qui lui accordent leur
confiance.
Nous nous trouvons aujour-
d'hui en présence d'un mouve-
ment de grève et d'occupation
des entreprises qui n'a jamais
connu d'égal dans notre pays,
même en 1!I3(>.
Que de huit à dix millions de
salariés se soient en quelques
jours rejoints dans la lutte
pour imposer la réparation des
torts dont >'s sont victimes de-
puis de nombreuses années, té-
moigne de la profondeur de
leur ranweur accumulée et de
leur volonté d'obtenir des chan-
gements substantiels.
Pour sa part, la C'.G.T. était
convaincue que la politique an-
ti-sociale de l'Etat et l'opposi-
tion systématique du C.N.P.F.
à régler avec les centrales syn-
dicales par voie d'accords con-
tractuels des problèmes parmi
los plus urgents, connue l'aug-
mentation des salaires, traite-
ments, pensions et retraites, la
réduction du temps de travail
sans perte de salaire, la garan-
tie de l'emploi les libertés syn-
dicales dans les entreprises, les
administrations et les services
public« et d'autres revendica-
tions rie It'iir ressort, abouti-
raient à un affrontement com-
me celui devant lequel nous
nous trouvons au.ionrd'hui.
Depuis l'été dernier sont ve-
nues s'ajouter à cette longue
liste les ordonnances sur la
Sécurité sociale, prises unilaté-
ralement par l'Etat et qui ont
largement contribué à pousser
ce mécontentement jusqu'à
l'exaspération dans la majorité
de la population.
Depuis deux ans et demi,
après l'accord conclu entre la
C.G.T. et la C.F.D.T., des ma-
nifestations et des arrêts de
travail à l'éch.lle nationale se
sont déroulés, comme des mi-
ses en garde, pour rappeler qu'il
était temps de faire droit a des
demandes justifiées.
Ni au gouvernement ni au
C.N.P.F. on n'a voulu t.nir
temple de ces coups de se-
niiAncr
I.A résultat, vous le coi.nais-
sez. .Toutes les branches de
l'économie nationale sont tou-
chées jiar la arève et, ce qui
est pliif impressionnant encore,
c'est I< s calme, l'esprit de res-
ponsal-'.ilité et la détermination
qui a,fument ces millions d'hom-
mes," de femmes et de jeunes
s,eus, convaincus de leurs droits
-^et fermement décidés à les
faire triompher.
La politique du gouvernement
et du C'.N.P.F. a abouti à ce
résultat, que tous 1 s sens cen-
sés ne pouvaient manquer de
prévoir. Au moment où les
discussions s'engagent, aucun
des travailleurs participant au
mouvement ne peut avoir la
moindre confiance dans les
nouvelles promesses qui pour-
raient leur être faites. Ils ne
cesseront la grève que lorsqu'ils
seront certains de bénéficier
des avantages substantiels qu'ils
escomptent. Ils att iule ni les
résultats de nos délibérations.
A la C.G.T., nous avons pris
l'engagement devant tous les
salariés de rendre publiques
toutes nos délibérations et de
leur soumettre l,js résultats que
nous aurons obtenus, les garan-
ties qui seront consenties pour
préserver leurs nouvelles con-
quêtes des aléas ou des ma-
nœuvres qui peuvent surgir
dans un système économique
où ils ne disposent encore d'au-
cun pouvoir ou de moyens d'in-
tervention efficaces, afin qu'ils
puissent se prononcer en con-
naissance de cause sur la ces-
sation ou la poursuite de leur
action. Nous tiendrons fidèle-
ment nos engagements.
Je laisse à notre camarade
Séguy, secrétaire général de la
C.G.T.. le soin d'exposer suc-
cinctement les revendications
que nous avons l'intention de
défendre et de faire triompher
lors de nos confrontations que
nous désirons conduire avec la
plus grande célérité, la popula-
tion attendant avec intérêt et
impatience les décisions qui se-
ront prises.
"S
5
IL était trois heures moins
cinq, hier après-midi, lors-
que M. Pompidou a fran-
chi les marches d'un ministère
qui ne lui était pas trop fami-
lier : le ministère des Affaires
sociales. C'est ici. rue de Gre-
nelle, que doivent se dérouler
les négociations entre le gou-
vernement, le patronat et les
syndicats ouvriers et d'ensei-
gnants, dent l'issue peut appor-
ter un règlement à la grève qui
paralyse le pays.
Les délégations syndicales
avaient précédé de quelques mi-
nutes le premier ministre,
MM. Jeanncney, ministre des
Affaires sociales, et Chiriac,
sous-secrétaire d'Etat à l'em-
ploi. Chaque fois que l'une
d'elles arrive, elle est entouré
d'une nuée de photographes et
de journalistes.
Celle de la C.G.T. notamment
est très entourée. Nul n'ignore
que le poids du mouvement re-
pose essentiellement sur elle.
Benoit Frachon. souriant, tran-
quille comme à son habitude
ne lâchant pas sa pipe répond
à quelques questions. « Ça voua
rajeunit de trente ans ». blague
un journaliste en évoquant 1936
et les accords de Matignon. Be-
noît Frachon ne le nie pas.
Georges Séguy. secrétaire gé-
néral de la CGT, parait un peu
fatigué, mais retrouve toute sa
vivacité lorsque les journalistes
l'interrogent.
André Berteloot, René Bulh,
Henri Krasucki et Jean-Louis
Moynot, sûrement le plus jeune
des syndicalistes présents, font
également partie de la déléga-
tion C.G.T.
La délégation C.F.D.T. est
conduite par son secrétaire gé-
néral Eugène Descamps ; celle
de Force Ouvrière, par André
Bergeron. secrétaire général, et
celle de la C.F.T.C. par son
président J. Sauty. La F.E.N.
participe aussi à l'entrevue,
elle est représentée par une dé-
légation conduite par James
Marangé, secrétaire général.
Les Petites et Moyennes En-
treprises (P.M.E.) sont égale-
ment présentes, leur délégation
comprend MM. Gauban. De-
leau. d'Oiron. Quant au
C.N.P.F. sa représentation
compte sept membres : MM. Hu-
velin, Petiet, Faure. Ferry. Pa-
quet, Peugeot, de Prérieourt.
Sollicité de toutes parts par
les journalistes. M. Huvelin a
un mot prophétique : « JV'e
m'obligez pas à une défense
tous azimuts. » C'est pourtant
un peu ce qui l'attend à l'inté-
rieur.
17 heures : première suspen-
sion de séance. On ne l'atten-
dait généralement pas si tôt. Le
hall d'entrée du ministère est
envahi par les journalistes.
Des interviews se poursuivent
dans la cour. La délégation de
la CGT a fait connaître à la
presse la déclaration faite par
Benoit Frachon et 1 exposé des
revendications form liées à la
reunion par Georges Séguy. Ce
dernier résume la séance : « La
CGT. FO, la FEN, la CFDT ont
exposé les grandes lignes des
revendications des travailleurs;
le patronat et le gouvernement
ont fait une déclaration limi-
naire et M. Pompidou a de-
mandé une suspension de
séance pour examiner un ordre
du jour passible. Dans nos ex-
posé.-- nous avons repris le<
demandes déjà formulées iabro>.
galion des ordonnances contr»
la Sécurité sociale, etc.» et in~
sisté également sur le paiement
des jours de grève. Il y a.
poursuit-il, une grande simili-
tude entre les revendications
formulées par !es syndicats.
Nous sommes prêts. a-t-U
conclu, à discuter sans désem-
parer jusqu'à conclusion d'un
accord ».
Eugène Descamps. de la
C.F.D.T. s'étonne de l'attituda
des patrons : « Ils n'ont pas
l'air de réaliser que la France
compte neuf millions de gré-
vistes et que leurs usines sont
occupées. »
La séance reprend à 17 h 30.
Après « ce premier tour da
piste », comme dit Joseph
Sauty de la C.F.T.C., les dis-
cussions vont aborder mainte-
nant le fond du problème.
18 h 35. Nouvelle suspension
de séance. C'est le CNPF qui
a sollicité cette interruption
pour examiner la réponse &
donner à la demande des syn-
dicats du salaire minimum
mensuel à 600 F. (Le SMIQ
porte actuellement la rémuné-
ration minimum mensuelle à
385 PI.
Un ordre du jour a déjà été
mis au point. Un salaire men-
suel garanti constituera un pre-
mier test. On examinera en-
suite les salaires, l'emploi, les
droits syndicaux, la Sécurité
sociale, la fiscalité.
Il a été convenu d'examiner
globalement chacune de ces
questions.
Ensuite, les discussions se
poursuivront en deux groupes ;
l'un chargé des revendications
qui ressortent de.s pouvoirs pu-
blics : l'autre concernant celles
à régler avec le patronat.
'!(( h 10 : Nouvelle suspension
de séance. Le.- délégations se
séparent pour aller dîner. Les
discussions vont se poursuivre
sur le salaire minimum. La
séance doit reprendre à '.il h 15.
Pierre CAMES.
GEORGES SEGUY : VOICI NOS REVENDICATIO
Georges Séguy. secrétaire gé-
néral de la CGT, a déclaré,
s'adressant au gouvernement :
« L'une des raisons essen-
tielles de l'accumulation du mé-
contentement général de.s sala-
riés réside dans la promulgation
des ordonnances antisociales, en
particulier celles qui ont grave-
ment mutilé le système de Sé-
curité sociale du fait de la di-
minution des prestations, de
1 augmentation des cotisations
ouvrières et de la suppression
des élections démocratiques des
administrateurs.
Pour édicter ses ordonnance-s,
le gouvernement n'a pas de-
mandé leur avis aux organisa-
tions syndicales ; afin de faci-
liter les négociations qui s'en-
gagent et d'éviter toute perle
de timps. LA CGT LUI DE-
M\NDK DE DECIDER IMME-
DIATEMENT, COMME PRE-
MIERE MESURE SOCIALE
L'ABROGATION DES OK-
DONX.ANCES N" 67.70(i - 707 -
708 et 709 Ju 21 août 1S(>7.
A l'époque où les progrès des
sciences et des techniques per-
nii tient un accroissement con-
sidérable de la productivité du
travail, il est naturel que les
travailli-urs. les cadres, techni-
ciens el ingénieurs, bref, ceux
qui produisent les richesses na-
tionales en soient les principaux
bénéficiaires.
De longue date, et depuis deux
ans avec la CFDT, la CGT de-
mande l'ouverture de discus-
sions avec le gouvernement
d'une part et le Conseil National
du Patronat Français, d'autre
part, des revendications généra-
les essentielles des travailleurs
des secteurs privé, nationalisé
et public en vue de les régler
par voie d'accords contractuels.
Ces propositions se sont sys-
tématiquement heurtées à un
refus intransigeant aussi bien
de la part du gouvernement que
du patronat, de sorte qu'un
lourd contentieux s'est accu-
mulé etitre les parties syndica-
les, patronales et gouvernemen-
tales. Les négociations doivent
le résorber de telle façon que
l'amélioration des conditions de
vie et de travail qui en résulte-
ront soient garanties pour l'ave-
nir par des dispositions appro-
priées, ce qui suppose notam-
ment l'extension d"s droits syn-
dicaux, en particulier dans les
entreprises et tous autres lieux
de travail.
C'ette extension implique
qu'il soit définitivement mis un
terme aux mesures de discrimi-
nation diverses qui frappent,
depuis vingt ans, la principale
centrale syndicale nationale.
Dans l'esprit de ce qui pré-
cède, nous demandons, en tout
premier lieu, que les parties en
préseï ce se prononcent en fa-
veur du paiement des jours de
grève, revendication sur laquelle
la majorité des grévistes s'est
déjà prononcée, et que la négo-
ciation porte sur les chapitres
essentiels suivants :
Augmentation générale
des salaires
retraites et pensions
— Pas de salaire minimum
Inférieur à GW F par mois et
relèvement proportionnel du
pouvoir d'achat des familles, des
personnes âgées, invalides, etc. ;
-— Suppression des disparités
régionales de salaires ;
— Suppression des abatte-
ments d'âge et autres discrimi-
nations salariales qui affectent
notammenl la main-d'œuvre ju-
vénile, féminine et immigrée ;
— Clause d'échelle mobile des
salaires liée à l'évolution du
coût de la vie.
Garantie des ressources
et sécurité de l'emploi
Réduction progressive
de la durée du travail
sans diminution de salaire, et
abaissement de l'âge du départ
en retraite.
Extension et garantie
des droits syndicaux
— Reconnaissance de la sec-
tion syndicale d'entreprise, im-
pliquant notamment :
-- L'octroi d'heures payées
pour la participation aux as-
semblées générales de syndi-
qués ;
La mise à disposition de
locaux dans les entreprises à
l'intention des syndicats el
sections syi dicales ;
— Le droit de reunion, d'af-
fichage, de collectage des co-
tisations et de diffusion de la
presse syndicale au sein des
entreprises ;
— L'immunité syndicale des
délégués et rcpréseï: tants syn-
dicaux.
— Extension des pouvoirs de»
Comités d'entreprise.
Ces dispositions supposent
l'abrogation de toules les mesu-
res reslrictivcs du libre exercice
du droit syndical et de grève.
Ces revendications doivent
s'accompagner :
— d'une réduction des lépeii-
ses improductives en vue do
l'accroissement des investisse-
ments productifs il publics ré-
pondant aux besoins de Ingé-
nient, d'instruction et de santé
de la population;
d'une réforme démocrati-
que du système d'enseignement
et de formation professionnelle;
d'une refonte démocratique
de la fiscalité:
des mesures mettant un
terme aux privilèges j u s-
qu'alors consentis aux grandes
sociétés privées
Vne fois les accords concluH
à l'échelle gouvernementale et
patronale sur les revendications
générales ci-dessus exposé<*>, U
conviendra de les poursuivre
saus délai à tous les autn-s ni-
veaux : patronal, professionnel,
gouvernemental, ministériel et à
l'échelle des entreprises natio-
nales, afin qu'ils puissent être
précisés et complétés dans le
cadre des conventions toliectives
et des statuts, étant entendu
que la procédure Toulé)'-Gré-
goire est caduque.
La CGI se déclare prête i
siéger, au niveau le plus élevé,
sans desemparer, afiri que tes
conclusions de la discussion lui
pernwllent. au plus tôt, de
consulter les travailleurs en
grève. »
N° 169 — Humanité Dimanche 5
DIX MILLIONS EN GREVE
DIX millions de salariés sont en grève en France
depuis plus d'une semaine, occupant leurs usines
et lieux de travail, assurant la sécurité dans les
divers secteurs, entretenant machines et matériels.
Le mouvement est de plus en plus vaste, de plus
en plus solide. Chaque jour, à l'appel de leurs comités
de grève, de leurs organisations syndicales, les travail-
leurs se réunissent pour régler les divers problèmes de
leur lutte, organiser la solidarité et réaffirmer leur fer-
me volonté de poursuivre tous ensemble le combat jus-
qu'à la satisfaction des revendications.
Les négociations sont engagées, c'est une raison
supplémentaire de consolider encore, si cela est possi-
ble, l'union de tous, de se montrer décidés, disciplinés,
de déployer encore la force tranquille de cet impétueux
mouvement.
De nouvelles entreprises ont rejoint hier le mou-
vement comme au Prisunic de la rue Vauvenargue (18 )
et dans des secteurs de l'agriculture (ouvriers).
• R.A.T.P. : Pas de dis-
cussions séparées
Les syndicats CGT, FO,
CFDT, SA-Traction, SA-Trains,
SA-RM, SA-TC, SA-O de la
RATP ont publié un communi-
qué commun dans lequel ils
« considèrent que la force des
travailleurs de la RATP réside
dans l'unité d'action qu'ils op-
posent au gouvernement, qu'ils
feront tout pour la maintenir
et refuseront toutes négocia-
tions séparées ».
• RENAULT : meeting à
8 heures avec Benoît
' Frachon et E. Descamp
Le comité de grève de la
Régie Renault communique :
« Les travailleurs de la Régie
Renault sont invités à se ras-
sembler lundi matin, à 8 heures,
île Sesuin- Meeting avec Benoît
Frachon, au nom de la CGT, et
Eugène Descamps, au nom de
la CFDT. »
• A Orly, les réacteurs
tournent
L'Union locale CGT de l'aéro-
port d'Orly a publié hier le
communiqué suivant :
« 20.000 travailleurs sont en
(frêve sur l'aéroport d'Orly.
L'occupation des locaux se pas-
se dans le calme et dans l'or-
dre.
Les travailleurs d'Orly, cons-
cients de leurs responsabilités,
entretiennent le matériel.
Xous tenons à informer la
population riveraine de l'aéro-
port — environ 300.000 personnes
— que si elle entend le bruit
«les réacteurs, elle ne doit pas
considérer que le travail a re-
pris, mais simplement que les
grévistes, sous le contrôle de
leur comité, entretiennent les
réacteurs, ("est la démonstra-
tion de l'esprit de responsabi-
lité des travailleurs en lutte
pour leurs revendications. »
• Aux laboratoires Bru-
neau
Le comité de «rêve des labo-
ratoires Bruneau et la section
.syndicale CGT de l'entreprise
de Boulogne-Billancourt démen-
tent formellement le communi-
qué paru dans « France-Soir •>
daté du vendredi 24 mai et dif-
fusé à la radio le même jour,
protendant: que les travailleurs
des LBC auraient, partiellement
repris le travail après un
accord passé avec leur direction.
La ::rève continue.
® La premiers banque pri-
vée de dépôts est occu-
pée
La première banque de dépôts
privée du ';roupe CIC est occu-
pée. Pour la première /ois un
comité de g rêve CGT-FNCD-FO
a éf- cor.stUué el a réussi, au
br>m de tmi.s jours de discu.-sion.
la fermeture des sièges vendredi,
à !2 heures Les aliénées, \ linr
to'ir. ont terme les portes.
: la
Banque de France
grève continue
Le-..-' einr: organisations syndi-
cal- s de la Banque de France
(CGT. CFDT, autonomes,
CFT:: et CGC> décident de
poursuivre la ureve jusqu'à
ru-uvcl ordre.
@ TAXIS : meeting demain
à 9 heures
Les quatre organisations syn-
dicales du Taxi, à savoir : la
Chambre Syndicale CGT des
Cochers-Chauffeurs, la Cham-
bre Syndicale des Artisans du
Taxi, le Syndicat de l'Industrie
élu Taxi, le Syndicat des Chauf-
feurs c'.e Taxi FO. « rappellent
aux chauffeurs de taxi de la
région parisienne qu'un meeting
aura lieu lundi matin 27 mai.
à 9 heures, à l'annexe de la
Bourse du Travail. 39, bouler ird
du Temple, afin de décider de
la poursuite de l'action en
cours ».
• LE BUREAU DE LA FEDE-
RATION CGT DES CHEMI-
NOTS, ayant été l'objet de dé-
marches tendant à modifier le
caractère et l'objectif de la grè-
ve, attire l'attention de ses mi-
litants sur la nécessité impérieu-
se de préserver et renforcer
l'activité des cheminots. Par
ailleurs, le gouvernement et la
direction déploient de grands
efforts pour détourner les che-
minots des organisations syndi-
cales, en premier lieu de la
CGT, en suscitant la formation
de comités irresponsables, en
dehors des organisations syndi-
cales.
Le Bureau fédéra! insiste fur
la nécessité de renforcer les pi-
quets de grève et de réunir les,
organismes de la CGT en liai-
son avec les unions locales et
départementales.
• LA FEDERATION CGT
DES TRANSPORTS « met en
garde les travailleurs des trans-
ports sur une manœuvre menée
en commun par le gouvernement
et l'organisation qui s'intitule
« Confédération des Chauffeurs
Routiers ». Elle précise que
toute décision de ce groupement
sera considérée sans valeur par
les travailleurs.
0 Mise en garde des pi-
lotes
De nombreuses collisions en
vol risquent de se produire au
cours des transports civils vo-
lant sous contrôle militaire,
indique un communiqué du
Syndicat national des Pilotes :
« Tenant bien à préciser que
pour les pilotes de ligne et les
équipages techniques le seul
impératif déterminant est et
demeure la sécurité des vols,
le Syndicat national des Pilotes
de ligne (SN'I'I.) confirme l'in-
terdiction formelle à tous ses
adhérents de voler sous contrôle
militaire. »
0 Comités « pour un gou-
vernement populaire »
Au lycée technique d'Aulnay-
sous-Bois. un comité d'action.
pour un gouvernement populai-
re, a été constitué et une mo-
tion \otee. Elle demande, en'r,>
autre-, la nationalisation des
grandes entreprises industrielles
et des banques d'affaires.
Les 150 ouvriers de l'entrepri-
se de peinture Leelaire sont en
".rêve depuis lundi. La quasi-
totalité a signe l'appel du comi-
té d'action d'un gouvernement
populaire qui s'est con.-litué.
Les organisations CGT et
CFDT de "la Thomson, à Vil!a-
coublay, lancent un appe". .-o-
lennel pour que !.. s forces de
gauche élaborent un program-
me commun.
A. Barjonet
par le P.S.U.
récupère
A Barjonet a donné jeudi soir
sa démission de toutes les fonc-
tions qu'il occupait à la C.G.T.
Cette démission a été rendue
publique avant même d'être
communiquée aux responsables
de la C.G.T.
Vendredi, le P.S.U. annonçait
• u'il venait de recevoir l'adhé-
sion de Barjonet.
Samedi, enfin, <. Combat »
publiait une interview où Bar-
jonet critiquait longuement
l'orientation de la C.G.T.,
c'est-à-dire l'orientation qu'il
appliquait jusqu'à... jeudi soir,
depuis plus de vingt ans.
Les grévistes devant le siège des chèques postaux
Le FRANC de l'HUMA DIMANCHE
le FRANC de la VÉRITÉ
DEPUIS quelques jours, la direction de
<; l'Humanité », notamment mercredi
sous la signature d'Etienne Fajon, s'est
adressée à ses diffuseurs afin que toutes les
sommes dues au journal soient réglées en
espèces dans les délais les plus rapides, afin
de permettre la poursuite correcte de la tâche
qui lui est dévolue.
Il n'était pas douteux que ces appels seraient
entendus. En quatre jours 25 millions d'an-
ciens francs sont parvenus au journal, confir-
mant ainsi la sympathie et le soutien dont il
est l'objet.
Aujourd'hui, en renouvelant notre appel aux
versements immédiats, nous nous adressons
aussi à tous nos lecteurs.
Ce numéro de « l'Humanité Dimanche » ne
comporte qu'une pagination inférieure à la
moyenne habituelle. Il ne contient, contraire-
ment à l'habitude, aucune « page couleurs »
en héliogravure.
Les raisons en sont simples : les néces-
sités de l'actualité d'une part, les grèves de
l'autre — que nous soutenons sans réserve
— dans les papeteries et les imprimeries de
« labeur » comme dans toutes les corpora-
tions, en saluant les travailleurs du livre qui,
avec une haute conscience, tiennent à assurer
la parution des quotidiens parisiens dans un
légitime souci d'information.
Malgré cette présentation inhabituelle,
« l'Humanité Dimanche » est vendue 1 franc,
en un moment où les grèves vont avoir de
dures répercussions sur les budgets déjà min-
ces des travailleurs.
Mais les charges énormes auxquelles doit
faire face un journal comme le nôtre, qui n'a
pour seul soutien que celui de ses diffuseurs
et de ses lecteurs, se sont énormément gon-
flées depuis le début des événements actuels.
La parution d'éditions spéciales, les répercus-
sions d'un routage irrégulier, les transports
effectués par route avec nos propres moyens
lui coûtent fort cher en argent.
la pièce de 1 franc versée aujourd'hui par
chaque lecteur est donc une marque d'atta-
chement à « l'Humanité Dimanche ». Mais elle
témoigne aussi de la solidarité envers ceux
qui, ouvriers, étudiants, enseignants et pay-
sans participent à nos côtés à l'immense mou-
vement populaire.
C'est donc un geste important accompli par
chacun d'entre vous. Nous tenions à vous en
remercier.
Georges CHIRIO,
Administrateur de « l'Humanité ».
LA VIE QUOTIDIENNE
dans la région parisienne en grève
EN règle générale- les grands
cent: -s continuent à être
approvisionnés p r e s q u e
normalement en ce qui concerne
les fruits, les légumes et le
poisson. Il en est de même pour
les volaille,- et la viande. Mais
1rs prix ne cessent de monter.
Cela est le fait de certains
grossistes et spéculateurs qui.
par ailleurs, raréfient plusieurs
denrées d'épicerie, notamment
le sucre, l'huile, le beurre, l'eau
minérale.
LAIT :
normal
L'approvisionnement en la.t
est normal. La fédération CGT
de l'alimentation dénonce le-s
campagnes d'affolement et d'in-
toxication dont cherchent à
profiter des patrons et des di-
rigeants syndicaux des trusts de
l'alimentation et de la laiterie
pour accroître leurs bénéfices.
ESSENCE :
au compte-gouttes
L'essence se fait de plus en
plus rare car les travailleurs
des grandes compagnies pétro-
EAU :
pression suffisante
La pre-sion d'eau potable a
jégèiement diminue dans Pari.-,
mais les nonnes de .-écuriij
étant maintenues ;>ar les gré-
vistes, la capitale et .-a banlieue
ne lisquem pas de manquer
d'eau.
ARGENT :
banques entrouvertes
pour la paie
Alors que les organisation i
syndicales de la Caisse d'Epar-
ane ae Paris, après accord rie
l'assemblée du personnel et de
la direction, ont tenu une per-
manence hier samedi, pour per-
mettre aux déposants d'effec-
tuer un retrait maximum de
500 francs, le Comité national
de grève de la banque informe
les comités des entreprises en
grève qu'il est à leur disposition
'.de grève
des érablis-enient:- b*\ncain .s
eî'as-urer sens leur cor.tr.ôie !e
versement d'un ajomiitc .-: ir la
paie de 50 francs iniimm.Vin
pour chacun. Cet acompte de-V
vra être v.Tsé clan-, des locaux
distincts des bureaux habuue's
et oifrant toute garance de se-
ORDURES :
trottoirs encombrés
Pour le ramassage des ordu-
res ménagères dans les commu-
nes de banlieue, la situation est
laissée à la discrétion dis comi-
tés de grève.
A Pari.-, l'administration pré-
fectorale ayant fait occuper,
par les CRS, les dépôts, les gré-
vistes refusent, par con-équent.
de procéder à quelque travail
que ce soit. Si trottoirs et rues
sont encombrés, seule l'adminis-
tration préfectorale <n porto
l'entière responsabilité.
6 Humanité Dimanche
N« 169
LES RÉACTIONS A L'ALLOCUTION DE DE GAULLE
r r
ET A L'ANNONCE D'UN PROCHAIN RÉFÉRENDUM
WALDECK ROCKET A L'O.R.T.F. : «PLUS QUE JAMAIS LE PROBLÈME DU POUVOIR RESTE POSÉ
Waldeck Rochet au milieu
dfs manijestants vendredi à
Aubervilliers.
D
terme.
E l'aveu même du général de Gaulle, le pouvoir actuel
est très affaibli. Kt ce n'est pas un référendum qui
résoudra les problèmes. Le pouvoir est condamné à
Des millions de travailleurs manuels et intellectuels sont
en grève, l'aspiration de tout un peuple à un véritable chan-
gement de régime ne cesse de grandir.
Des négociations avec les organisations syndicales vont
S'ouvrir : ce qu'attendent les millions de grévistes et leurs
familles, c'est la satisfaction rapide de leurs revendicatians
essentielles.
Mais, sur le plan politique, le problème du pouvoir reste
plus que jamais posé. I,e régime gaulliste a fait son temps. Il
doit s'en aller.
Pour répondre aux aspirations des travailleurs, des ensei-
gnants, des étudiants, il faut que l'Etat cesse d'être soumis aux
monopoles capitalistes, ce qui exige des réformes de structure
profondes.
C'EST pourquoi le Parti Communiste Français, considérant
qu'il faut franchir une étape vers le socialisme, propose
non seulement la nationalisation des grandes banques
d'affaires, mais aussi celle des grandes entreprises industrielles
faisant partie des monopoles qui dominent les secteurs clés de
l'économie.
Nous rédamons, en outre, la gestion démocratique des entre-
prises nationales et l'établissement, à tous les échelons de la
vie économique, d'un pouvoir de contrôle des travailleurs, a
commencer par l'extension des attributions des comiîés d'entre-
prise et la libre activité de la section syndicale dans l'entreprise.
Nous réclamons une réforme démocratique et profonde de
l'Université.
Je souligne que les communistes ne proposent pas des réfor-
mes de structure dans le but d'enterrer, sous des phrases de
gauche, les revendications essentielles des travailleurs, telles que
l'augmentation des salaires, la réduction progressive de temps
de travail, l'abrogation des ordonnances antisociales, le plein
emploi pour tous.
Contrairement au\ affirmations de certains gauchistes se
réclamant de l'anarchie, ces revendications ne sont nullement
dépassées : elles doivent être satisfaites sans retard.
Pour changer complètement de politique et réaliser de véri-
tables reformes de structure, il faut en finir avec le pouvoir des
monopoles, avec le pouvoir gaulliste, et promouvoir un gouver-
nement populaire s'appuyant sur la volonté du peuple.
LE Parti Communiste, qui est prêt à prendre sa place dans
un tel gouvernement, n'a cessé de proposer aux autres
partis de gauche et organisations démocratiques un .iccord
sur la base d'un programme commun. Ce n'est pas notre :<aute
si cet accord n'a pas encore été réalisé.
C'est pour qu'un tel objectif puisse être atteint rapidement
que le Parti Communiste invite à la création de nombreux
comités d'action pour un gouvernement populaire et d'union
démocratique.
Pour que cel objectif puisse être atteint rapidement...
Georges SEGUY (C.G.T.) :
« Les travailleurs ne revendiquent pas
un référendum
mais de meilleures conditions de vie »
La F.E.N. :
Un subterfuge
La F.G.DS. :
Changer les équipes et la politique
« Les travailleurs ne revendi-
quent pas un référendum, mais
de meilleures conditions de vie. »
« Après dix ans de régime
personnel, durant lesquels le
chef de l'Etat a traité avec mé-
pris les revendications de la
clas>e ouvrière, en lui promet-
tant lu prospérité à chacun de
ses discours, il découvre sou-
dain que le pays a besoin de
rénovation. Il commet une
lourde erreur s'il croit que les
travailleurs vont prendre au sé-
rieux la vieille histoire de par-
ticipation dont on nous rehat
les oreilles depuis dix ans au
nom de l'association capital-
travail.
» Les travailleurs ne revendi-
quent pas un référendum mais
de meilleures conditions de vie
et de travail. Ils se souviennent
La C.F.D.T :
Un réquisitoire
contre
le régime
La CFjTT « considère que le
président de la République
vient de d.-esser un réquisitoire
contre le régime ».
Le se .étaire général de la
CFDT, Eugène Descamp, a dé-
claté. :
« L'allocution du chef «le
'l'Etat va avoir un résultat im-
médiat : nous renforcer dans
notre volonté de poursuivre no-
tre grève. »
• La CFTC « s'interdit tout ju-
gement sur une déclaration po-
litique ».
0 LA C.G.C. (cadres) redoute
que le mécanisme des pleins
pouvoirs ne les associe ni à
l'élaboration ni à la réalisation
de la réforme.
« Nous constatons, a déclaré
M Malterre, que les problèmes
d'actualité immédiate qui con-
ditionnent cependant l'avenir
du pays n'ont pas été évoqués
par le chef de l'Etat. »
que, le 21 août 1987, à C'oloni-
hey-les-Deux-Kglises, de Gaulle
signait les ordonnances antiso-
ciale*. Le chef de l'Etat aurait
été hien inspiré d'en prononcer
l'abrogation aujourd'hui même.
Son allocution eût été moins
creuse.
» Dans ces conditions, la CGT
appelle tous les travailleurs en
grève à renforcer leur pression
pour qu'à la veille de l'ouver-
ture des négociations soit ob-
tenu le plus grand succès pos-
sible.
» Ainsi sonnera plus rapide-
ment l'heure des changements
sociaux, écononniques et politi-
ques encore plus profonds,
changements auxquels la CGT
est fermement décidée à contri-
buer avec tous ceux qui veulent
aller de l'avant. »
F.O. :
Un plébiscite
Le bureau de « Force Ou-
vrière » considère qu'il « n'était
pas nécessaire d'attendre une
semaine pour faire un telle dé-
claration... De Gaulle reconnaît
le malaise qui pèse sur le pays...
Il n'a préconisé aucun remède
précis... La l'orme de la consul-
tation préconisée s'apparente
davantage à un plébiscite qu'à
un référendum... Le gouverne-
ment peut régler quantité de
problèmes sans recourir à une
procédure exceptionnelle qui, en
dépit de son apparence, est loin
d'une véritable démocratie. »
• LA F.N.S.E.A. de mande
« que le projet de loi destiné
à être soumis au référendum
doit être élaboré avec la par-
ticipation des organisations re-
présentatives des divers grou-
pes professionnelles. »
Une nouvelle fois, c'est donc
la participation au gaullisme
que préconise la direction de
la F.N.S.E.A.
• M. GINGEMBRE (petites
et moyennes entreprises) :
« Nous avons l'impression d'un
refus d vant les décisions à
prendre immédiatement. »
La Fédération de l'Education
Nationale déclare que « depuis
dix ans, le pouvoir a volontai-
rement détruit toute forme de
participation effective, en par-
ticulier par la voie syndicale. »
La F.E.N. ajoute que « c'est
une calomnie » d'affirmer que
« la crise de l'Université » se-
rait due « à l'impuissance de
ce grand corps à l'adapter... »
« On a systématiquement re-
fusé de prendre en considéra-
tion les propositions des repré-
sentants élus des personnels de
l'Education Nationale. On n'a
fourni à l'Université aucun
des moyens de son adaptation
car le problème n'est pas seule-
ment un problème de structures,
c'est aussi un problème de
moyens. »
» LÎ référendum, conclut la
F.E.N., « n'est selon nous qu'un
subterfuge destiné à camoufler
devant l'opinion l'impuissance
de ce régime à résoudre les
problèmes fondamentaux qui
lui sont posés. »
Le M.O.D.E.F. :
Les petits
et moyens paysans
n'attendront pas
le référendum
« Si satisfaction n'est pas
donnée aux petits et moyens
agriculteurs, ils n'attendront pas
le référendum pour l'exiger de
nouveau », déclare un commu-
niqué du M.O.D.E.F. (Mouve-
ment de Défense des Exploita-
tions Familiales).
Le M.O.D.E.F. demande «l'ou-
verture de discussions avec le
gouvernement sur le rajuste-
ment des prix agricoles des pe-
tits et moyens exploitants au
niveau de leur coût de produc-
tion, la réduction de leurs char-
ges, l'amélioration de leurs lois
sociales (en premier lieu l'abro-
gation des ordonnances) et
l'amélioration de la rentabilité
de leurs exploitations familia-
les. »
« Nous avons la volonté de
gagner la bataille du référen-
dum plébiscité, il faut changer
les équipes et la politique ». a
déclaré Claude Fuzier à l'issue
de la réunion du Bureau poli-
tique de la Fédération de la
Gauche, qui a siégé hier. Il a
indiqué que le Bureau politique
avait envisagé les conséquences
possibles de la consultation, à
F. MITTERRAND :
non ou plébiscite
Le président de la F.G.D.S..
François Mitterrand, a notam-
ment déclaré :
« Au moment où le pays, ou-
vriers et étudiants, paysans et
professeurs exigent le dialogue,
le général de Gaulle impose un
plébiscite.
» Apres dix ans de gouverne-
ment sans (onlràlc, après une
année de pleins pouvoirs par le
moyen des ordonnances, après
quinze jours de désarroi et
d'impuissance, le chef de l'Etat
ne trouve d'autre issue à la
crise dont il est responsable que
dans le renforcement de son
pouvoir...
» Dire oui au plébiscite abou-
tirait à l'abdication de la Ré-
publique.
•» La Fédération de la Gauche
dit non au plébiscite et non au
général de Gaulle. .•>
Robert POUJADE
(U.D. V ) :
« II a répondu
à l'attente du pays »
« Le président de la Républi-
que vient de faire une déclara-
tion qui marquera un tournant
de notre histoire politique. Je
n'insiste pas sur ce qu'elle a de
grave et d'émouvant. Chacun
l'a profondément ressenti. C'est
au pays qu'il a répondu, à son
attente et à ses exigences. »
Le banquier Chalandon, mem-
bre du parti gaulliste, considère
lui aussi que '< de Gaulle appa-
raît comme l'ultime recours »•
Giscard d'ESTAING :
silence
M. Giscard d Estaing et ses
amis ir indépendants » ont re-
fusé toute déclaration après le
savoir une nouvelle élection
présidentielle et des élections
générales.
Claude Funier a indiqué en-
suite que les conversations re-
prendront mardi prochain avec
le Parti Communiste, en vue
de compléter l'accord du 24 fé-
vrier par de nouvelles mesures
de caractère économique et so-
cial.
discours de de Gaulle. Des mil-
lions de grévistes, des centaines
de milliers de paysans manifes-
tent avec les ouvriers, les ensei-
gnants, les étudiants, l'avenir
du pays en cause, mais les gaul-
listes giscardiens n'ont rien à
dire !
PISANI :
---- Est-ce que le gouverne-
ment, qui a demandé le réfé-
rendum, est susceptible d'obte-
nir l'adhésion du pay.s ? le
souhaite que ce sMt possible. Je
redoute que ce ne le soit pas.
LE CENTRE DEMOCRATE :
Le comité directeur du Cen-
tre démocrate •
« La déclaration du c/énêral
de Gaulle arrive trop tard. Ella
n'apporte pas de vraie solution
aux graves problèmes auxquels
la France est affrontée.
« Aussi bien, un référendum
n'impli(/ue-t-il pas le dialogue,
il l'écarté au contraire. Il sou-
ligne la tendance autoritaire
du régime. C'est en réalité à un
•jil.cbisc.ite auquel nous sommes
conviés, nous nous écartons
ainsi des voies de l'avenir. »
• DANIEL MAYER :
« Le président de la Républi-
que dresse, a contrario, le pro-
cés-vc'rbal de carence de son
propre régime. »
• LE P.S.U. :
« Par leur incapacité, leur du-
plicité, leur méptis du peuple,
le gouvernement et le chef de
l'Etat se sont disqualifiés. »
• MENDES FRANCE :
« En fait, nous avons trouvé
à la place l'annonce d'un nou-
veau plébiscite. Dans cette crise,
le pouvoir, une fois de plus, se
contente de demander un
blanc-seing.
» Un plébiscite, cela ne se dis-
cute pas. cela se combat. »
169
Humanité Dimanche 7
LA NUIT DE VENDREDI A SAMEDI
DANS LES RUES DE PARIS
Dans la nuit île vendredi
à samedi, ce n'est pas seu-
lement le Paris des Facultés
qui a vécu des heures sau-
vages. Les barricades et les
incendies, cette fois, ont de-
passe les frontières du Quar-
tier latin. Sur la rive droite
tomme sur la rive gauche,
les arbres scies à la base, les
grilles arrachées, les pavés
descelles, les panneaux abat-
tus, les chaussées défoncées,
les voitures calcinées ont
donné à la rue un visage
sinistre. Et c'est tlans un
pavsage de désolation, une
espèce de champ de bataille
urbain C|tie, bien après le le-
ver du jour, sous une petite
pluie fine oui n'empêche pas
l'air matinal de rester chargé
île produits lacrymogènes, les
ambulances ont pu enfin
achever d'évacuer les bles-
ses.
Des rassemblements
bien différents
Oui ! Sauvage nuit !...
AAais pour en comprendre le
sens et le déroulement, il
n'est pas inutile de revenir
en arriére.
Le vendredi, l'après-midi
commence dans le calme. A
l'appel île la CGT, des cen-
taines de milliers de travail-
leurs ont manifesté à travers
Paris et toute la banlieue
pour leurs revendications et
un gouvernement populaire
et d'union démocratique. Dé-
monstrations puissantes et
résolues ! Tous les ob-
servateurs en sont d'ac-
cord : la résolution des
manifestants est aussi im-
pressionnante que leur disci-
pline est exemplaire. Paris
en grève est dans la rue !
A 18 h 30, à la gare de
Lyon, un rassemblement bien
différent se prépare. L'LJNEF,
le SN1-: Sup. et le «. Mou-
vement du 22 mars .> veu-
lent protester contre l'inter-
diction de séjour signifiée à
Daniel Cohn-Bendit, présen-
tement en Allemagne, l'em-
pêchant de rentrer en Fran-
ce. La CGT, le Parti Com-
muniste, n'ont pas dissimulé
ce qu'ils pensaient des pos-
sibilités de provocal ion que
contenait une telle mani-
festation. A l'intérieur même
du SNE Sup., qui tient son
congrès, les avis sont loin
d'être unanimes et l'attitude
du secrétaire général Alain
Geismar, ses prises de po-
sition contradictoires, ses
volte-face, sont sévèrement
mises en cause. Pourtant,
après divers changements
d'horaires et d'itinéraires, la
manifestation est maintenue.
Finalement, ce sont plu-
sieurs milliers de personnes
qui formeront un cortège
exIraordinairenient hétérocli-
te. On y reconnaît, en grou-
pes fortement concentrés, des
anarchistes brandissant des
drapeaux noirs, des maoïs-
tes avec des portraits .ie 1;-
rigeants chinois, des trots-
kystes... On y voit aussi,
comme ie note le journal
;< Le Monde ^ : « Des « mi-
litants » particulièrement ré-
solus, dissimulant des man-
ches de pioche sous leurs
imperméables dont les po-
ches sont alourdies de pro-
jectiles et se transmettant
des consignes à voix basse. »
Une manifestation
contre qui ?
Les slogans réclament la
venue de Cohn-Bendit et at-
taquent le gaullisme. Mais ils
s'en prennent aussi aux di-
rections ouvrières, aux négo-
ciations qui vont s'ouvrir le
lendemain entre le gouverne-
ment et les grandes centra-
les syndicales : « A bas /es
capitulants », proclament
certaines banderoles, tandis
que d'autres attaquent la
« social-démocratie stalinien-
ne i>. Malgré l'incohérence
pompeuse d'un vocabulaire
typiquement gauchiste, les
intentions sont claires, lit on
peut se demander contre qui,
en réalité, est dirigée cette
démonstration... De toute fa-
çon, on est très loin des pro-
blèmes universitaires qui ne
sont pratiquement pas évo-
qués.
Très vite, un mot d'ordre
fuse, lancé par les groupes
anarchistes. « Tous à l'Hôtel
île Ville / ;> Mais la police
barre l'accès vers la Bastille.
Le cortège reflue alors vers
la gare, piétine, et avec une
extrême rapi.dité, la manifes-
tation change d'allure. F-ii
quelques instants, les pre-
miers pavés jaillissent de la
chaussée. Des barricades
s'érigent en moins de vingt
minutes.
Parmi les manifestants, il
y en a de parfaitement équi-
pés. Avec des scies mécani-
ques, des haches, ils abat-
tent les arbres. Rue de
Lyon^ rue du Faubourg-
St-Antome, boulevard Beau-
marchais, des barrages se
dres>ent. Certains seront en-
flammés avec de l'essence,
aiiisi que tics tas d'ordures
et de détrilus, sous prétexte,
diront ensuite les maiiifes-
t'ints, de retarder l'avance
policière.
11 faut dire eus choses,
même si elles déplaisent a
ceux qui n'ont pas manifes-
té dans cet esprit et avec
cette attitude-là. Il faut qu'ils
comprennent avec oui ils ont
défilé dans les rues, et quels
actes ils ont couvert par leur
présence. Toute la nuit, dans
les divers quartiers de Paris
où se transportera l'émeute.
on retrouvera ces voyous
douteux, cette pègre orga-
nisée dont la présence salit
ceux qui l'acceptent et plus
encore ceux qui la sollici-
tent. Ce sont eux, ce sont
aussi les anarchistes chers à
Cohn-Bendit. qui donneront
aux événements leur teinte
de violence systématique. Il
ne s'agit pas de dédouaner
les actes de la police, ni
d'excuser la répression —
nous savons mieux que per-
sonne à quel point elle peut
être brutale et féroce 1 Mais,
telle qu'elle a été voulue et
menée par ceux qui ne pen-
sent actuellement qu'à semer
la panique et à créer l'irré-
médiable, la manifestation ne
pouvait déboucher que sur
le sang, la provocation et —
en fait — l'échec. Ce n'est
pas en brûlant la Bourse
qu'on met fin au capitalis-
me '
Une technique
éprouvée
L'ensemble du quartier du
faubourg Saint-Antoine est
donc investi par de petits
groupes de manifestants qui
allument -- toujours avec de
l'essence — des incendies
sur la chaussée. Il n'y a pas
de heurts directs avec la po-
lice qui se met à tirer
des grenades fumigènes et
lacrymogènes.
C'est vers 23 heures
que la dernière barricade
tombera, rue Saint-Antoine,
à la hauteur de la statue de
Beaumarchais.
Mais, c'est ailleurs dans
Paris que s'est transportée
l'action. Depuis 21 h 40,
Alain Geismar et un groupe
particulièrement agrcssil se
trouvent devant la Bourse.
Des madriers, pris sur un
chantier voisin, vont servir
à défoncer les portes d'en-
trée. A 22 h 30. le feu se
déclare à l'intérieur du mo-
nument. Il va durei plus
d'une quiir/ainc de minutes,
et les flammes seront hautes
de plusieurs mètres. Les ca-
bines téléphoniques sont dé-
truites, les vitres brisées et
:a salle de la Corbeille mise
à sac, A l'arrivée de la po-
lice c'ost la débandade. Les
manifestants vont se répan-
dre dans le quartier avant de
faire leur jonction, en traver-
sant le Pont-N'euf. avec un
autre groupe qui, boulevard
Saint-Germain, à commencé
déjà a élever des barricades.
Signalons qu'en passant de-
vant notre journal des mani-
festants ont donné son sens
à cette démonstration en
clamant des ^logans anti-
communistes et notamment :
••< PC trahison >.
Barricades boulevard Saint-
Germain, barricades au car-
refour Saint-Michel, place de
la Sorbonne, rue des Ecoles,
à la hauteur du musée de
Cluny, place F.dmond-Ro.s-
fand, rue de Vaugirard. rue
Monge, rue Gay-Lussac, pla-
ce Denfert-Roehereau, barri-
cades près du Châtelet —
barricades et incendies, ceux-
ci allumés avec des produits
tels que l'essence dont les
manifestants paraissent avoir
de véritables stocks. F.n bref,
tout le Quartier latin est en
fièvre.
Sur la rive droite c'est
dans le quartier des Halles
tiue les affrontements seront
les plus brutaux. Partout. !e
schéma de l'émeute est a peu
près identique. Immédiate-
ment, on construit des bar-
ricades Avec ce qu'on trou-
ve, mais grâce à une tech-
nique éprouvée. Puis on y
met le feu. Ce sera unique-
ment grâce à des bu!l;;oxcrs
que les forces de police s'em-
pareront des dernières bar-
ricades. Rue de Vaugirard,
les CRS matraqueront les
passants, y compris deux
journalistes.
De quoi notre pays
a-t-il besoin ?
Nous l'avons dit. il y ava.it
des étudiants dans tout cel.i,
de nombreux étudiants. Con-
tre qui se bat!
Contre la poliee !
liaient-ils, si on le
. C'était sa:
il faudra bien ;ui jutir qu'ils
comprennent j;i'en se ',1:1-
çanl ainsi, sans a:\iiy-e
ree-le ci ^an*- perspective sé-
rieuse, sans ie mi rindre espi it
de re*ponsalii':ité collective
par rapporl aux lutte-- qu'ils
disent vouloir nener aux
côles de la c'as<e ouvrière,
ils n'aident en rien à la vic-
toire commune
Ce n'est pas d'agitation
stérile et inconsidérée que
ce pays a besoin C'est d'une
bataille concreie. sur des ba-
ses précises et réfléchies,
avec une mentalité responsa-
ble. Par l'ampleur et le nom-
bre des revendications qu'elle
pose, la classe ouvrière por-
te aujourd'hui au pouvoir
gaulliste un coup décisif. l:A
cette " révolution - dont on
parle tellement dans les mi-
lieux gauchistes et gauchi-
sants, c'est par 'es victoires
de la seule classe absolument
et totalement révolutionnaire
qu'elle passe — la classe
ouvrière.
Les étudiants trouveront
toujours les travailleurs avec
eux pour lutter contre la ré-
pression policière. M a i s
ceux-ci ont le droit de leur
demander de toujours agir
en adultes conscients, pesant
leurs actes et ne tombant pas
dans des pièges élémentai-
res, surtout quand, fortes
d'une sagesse éprouvée, les
organisations ouvrières les
leur signalent.
La manilestation île ven-
dredi en ce qui concerne !es
étudiants, ressemble a la
station de métro .- Cluny =,
dont l'entrée fut dévastée
par les émeiifiers . un trou
béant ouvrant sur le vide
•l'une i/are lernéc.
POMPIDOU :
Tout rassemblement sera dispersé
avec la plus grande énergie
Au cours d'une conférence de
r.re.;,e qu'il a tenue hier matin
H \ Ko el Matipnon. le premier
nv.j.sire Pompidou a notam-
hi'ii: déclaré, après avoir relaie
)• ::.'•, rents incident- survenus
,= . ja:is, et en province durant
i • '\' nuit ;i'énv-ut" :
. * D"i'un; lu grvrité £/•:•• c'i'é-
>t n:.\ et la r iion!é ticiibrrce
i, •: e r':i;nar lu rior/nce. (te
i- • ' •;<»•' d'e!e"',c:i!s inct,ni>û-
i • J d'ai.'i'cle.-r.-i r:'-o/;<.9 et
;• '. --"a'ide prudeut-e 't à ne
l -• -•-? •n\~'l~r en aue;,n ( r;-, aux
i '.• >;fv ou co;-/çf/cs qui puur-
i-i-" ' *» I0'-ine'- tri au là.
ï ci/et des in>triictic,ns ont
tir d'nnt'en pour i/uf tout '~as-
*/• • !jl ment soit immédiatement
tl.-ne'sé aiec la plus grande
tneniie. Des mesures sont pri-
^p- pour que ces consi<;nes
ja blesse ni n'tard. Le c/'iuv-er-
neun'nt est sûr que la popula-
tion [/ni sait gué notre devoir
es! de défendre sa séeurite et
ses biens comprendra la néces-
site absolue de mettre fin so'-s
retard à une agitation s':.!'>i:er-
sive. »
Terrenoire prend
la défense
de Cohn-Bendit
Le ôeuu'é LC,ulli--tn ci- la
Loire. M. Terrero-.re. i;u::<: ia
défense di' Co;!ii-Bcnï;:t. O..;:s
une r;ii«'SUon au mil;: !ie ri'
l'Ir.ii>:if'ur. il lui ri'.'nianr1.. de-
« bien vouloir rer'insidé: or -a
iléci.Mon » concernant l'inter-
dit* .011 de se jour
• l.e comité de grève lyceens-
professeurs du lycée de l'uteaux
réclame. dan.- une motion,
qu'aucu!ie solution, même pro-
visoire, concernant le bac. no-
tamment pour la session de
juin, ne soit imposée aux ly-
céens, surtout sous la forme de
votes émis dans des assemblées
non représentatives
II demande que toute solu-
tion soit diseutet par les comités
iycee:»s.
Le mort-
dû quartier Latin
a été tué au couteau
A la suite des manit'esi.Uions
de vi'iidrtdi soir, \HI ji une
homme de 26 ans. Philippe Ma-
thén.on a éle '. rnu.é inanimé
et iransporlc par dis sccoinis-
t(-s à i'ii.'ipiial Cochi.i. A son
arrivée à l'in.pii'il, il é'a;t déjà
rné.-!i cins qui l'./xaminèn ni ,ais-
si!--*. il p"r:ait d' .IN plai- s o\ a-
d :'\!P au .-.ssi / lu'} :;]:•. L'une
d; - <;' i:> s ; lan si; ,:i e sur !"
(.'•-. r- ri: oit La iani. i 'i'a\ i r (•
i;i DO;? -i. .'• ;!'- ij.ii1! en p ;; '
L'a'H l'i p'a" se .-MU H' ,u •'•:•-
liîa'-il- si a: ion fie )'TJM-:K et
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Plus de 500 mani-
festants blessés
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Centre de Secours
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admission a ,'hopaal
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les ;ii-•i.-inres du servie
Par ailleurs, HK 111:1
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Incidents hier soir
à
Pc u ;ivai:t -^ m. ai ;--. ouî« .-
les rues conduisant à la ; cuite
des Lettres étaient oioqir'es par
les CRS qui tentaient c !i.s-
pir.'-er les ma'iilrsiant- IMI r!i-s
tirs de grenades Jai-rym. «enirs.
Un démenti de l'Union
des Syndicats C. G. T.
du Rhône
A propos de.s ineirienis qu: se /
sont déroules, a LA on !.. -re-/
fec'iure du Riioue aval' !ir. ,-t
circuler la nouvel). . i:, s;"c :.-•-
prise à !a radio. ;;u'iai .'juet
rje areve avait '• apprehen; I- un
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Xanlrrre puni1 inciter i -"•• gré-
vistes à t>ailicip»r ;u;* :ii;;ni-
lestatioiv- ••! l.-s :ivii r'-M'.is ,t
la polie •>.
tU'Ie lie rci'cli lie
ce qu'ils nr.t i r.'pn
appeler les i>..;lii -, v,
41 A Ciermo.it-Forrfird :
A Clerii.oni-Feriaar.. i cm, .1
8.0-in persoiv; - -.ni i ,: li'.-.pé
h;ei a. an :ii"ctuiL- ; l'.fppei c. s
f'turi'aill- .• . cils, u •:;.:
avec les p iv aîis '•, t '.e;( ^
fie no'-ai); i i'ses .!•>..•- i;i,! se
sont deroipées v nd.- (il.
8 Humanité Dimanche
N° 169
Un mort et
200 blessés à Lyon
après une nuit
d'émeute
Nuit d'émeute également à
Lyon ou le bilan est particuliè-
rement lourd. On compte 200
blessés dont plusieurs griève-
ment et un mort.
Le mort est un commissaire
de police, René Lacroix, qui a
été tué par un camion chargé
de pavés que les manifestants
ont lancé contre un barrage de
police. Parmi les blessés graves
on compte un pompier atteint
au visage par des payés.
Le cortège, organisé par
l'UNEF, avait rassemblé plu-
sieurs milliers de manifestants,
surtout étudiants. Les premiers
incidents ont éclaté lorsque les
manifestants voulurent franchir
les ponts pour se diriger sur
la Préfecture. C'est là où le
commissaire Lacroix trouva la
mort. Après avoir gagné le cen-
tre les éléments provocateurs
de la manifestation multiplient
les désordres et les violences.
Des barricades sont élevées sur
le cours La Fayette et place des
Cordeliers. A 2 heures du ma-
tin, les charges policières se
font plus violentes. « Des ma-
nifestants, écrit « Le Monde f,
dont il est difficile de savoir
qui ils sont, pillent les grands
magasins. Ainsi le Grand Ba-
zar, vaste supermarché situé
place des Cordeliers, est saccagé
de fond en comble. Les vitres
des Galeries Lafayette sont bri-
sées. »
A 3 heures du matin, les der-
nières charges policières déga-
gent les rues et prennent d'as-
saut les barricades. Sur 200 per-
sonne.-; arrêtées, on ne compte
que 56 étudiants ou lycéens.
A Strasbourg
Emeute encore à Strasbourg
où une manifestation organisée
par l'UNEF a dégénéré en inci-
dents sanglants avec le service
d'ordre. VITS minuit un millier
d'étudiants se sont rassemblés
place Kléber où ils ont ro-n-
mencé à édifier des barricades,
brisé les vitres des camiuno sta-
tionnés sur place. Les charges
de police se multiplièrent alors,
tandis que les pompiers s'em-
ployaient à maitriser plusieurs
incendies allumés par les mani-
festants. Des éléments provoca-
teurs ont brisé à l'aide de
barres de fer une dizaine de vi-
trines et saccagé l'aménagement
floral de la place Gutenberg.
Vers 1 h 30 les CRS chargent
pour déblayer de nouvelles bar-
ricades. Au cours de ces inci-
dents une trentaine d'étudiants
et deux CRS ont été blessés.
LA BATAILLE
POUR L'OBJECTIVITÉ
DE L'INFORMATION
Vendredi après-midi, au cours de l'une des manifestations or ganisées par la C.G.T.
Nantes : 80 blessés
Quatre-vingts blessés à Nan-
tes parmi les manifestants et le
service d'ordre. La manifesta-
tion avait pourtant débuté à
16 h 30 dans la plus grande dis-
cipline. Il est vrai qu'alors syn-
dicats ouvriers auxquels s'étaient
joints les syndicats agricoles
formaient le gros des manifes-
tants. Vers 18 heures les orga-
nisateurs de cette manifestation
donnaient d'ailleurs la consigne
de dislocation. Mais des étu-
diants grossis bientôt par des
éléments provocateurs voulu-
rent poursuivre, semant le dés-
ordre. Les affrontements se
multiplièrent alors avec le ser-
vice d'ordre jusque vers ' h 30
du matin.
BAC : le S.N.E.S.
dénonce la position
de Peyrefitte
Le S.N.E.S. second degré de-
nonce la position prise le 24
mai par le ministre de 1T5.N.
de maintenir obstinément,
comme si rien ne s'était passé,
le bac dans son calendrier ini-
tial et ses formes tradition-
nelles.
Le S.N.E.S. condamne cette
position qui fait fi des revendi-
cations présentées dans ce do-
maine par les enseignants et
les lycéens : il affirme qu'en
maintenant pareille décision, le
ministre prendrait la lourde
responsabilité d'organiser un
bac dont il ne serait pas en
mesure d'assurer la régularité
ni même le déroulement.
Soucieux de l'intérêt des élè-
ves, le S.N.E.S. a élaboré un
projet de bac exceptionnel pour
la se. sion de 1908, projet précis
et novaUur Qui e-t. à l'heure
actuelle, soumis à la discussion
des imére.-sés.
Depuis hier soir 20 h 30 les
journalistes de la télévision ont
rejoint dans la grève les person-
nels artistique, technique, admi-
nistratif et les employés de pla-
teaux qui avaient cessé leur tra-
vail à l'O.R.T.F. voici une se-
maine tant à Paris qu'en pro-
vince.
Cette grève, suivie par la
quasi-totalité des personnels, est
destinée à faire aboutir la plate-
forme d'action adoptée la semai-
ne dernière au cours d'une as-
semblée générale, plate-forme que
nous avons déjà fait connaître à
nos lecteurs et qui remet en cau-
se la structure de l'Office et « a
fortiori », sa direction actuelle.
Les plateaux sont vides, la pro-
duction complètement stoppée.
Chez les réalisateurs, les produc-
teurs, les auteurs, on discute des
réformes nécessaires à assurer la
liberté d'expression à la télévi-
sion et à la radio. Tandis que
l'Union des Cadres demande à
son représentant de démissionner
du conseil d'administration.
L'Intersyndicale avait décidé,
dès le début de la grève, que les
journalistes TV et radio continue-
raient leur travail dans la mesure
où l'objectivité serait assurée.
A Francê-lnter, où les jojrna-
lisfes ont pris conscience de leur
responsabilité, l'information est
en effet honnête. Les journalistes
menaient là un combat quotidien
pour sauvegarder l'objectivité.
Leur action a abojti à deman-
der la démission de lejr rédac-
teur en chef Jacqueline Baudrier,
à décider qu'ils se mettraient en
grève en cas de sanction contre
l'un d'entre eux et enfin à cons-
tituer un comité d'études pour
la réforme des structures de l'in-
formation dans le cadre ORTF.
A l'initiative de ces journalis-
tes, une assemblée des représen-
tants des syndicats des profes-
sionnels de l'information (parlée
et écrite) se sont réunis le 24
mai. Ils ont décidé de « créer
ensemble un organisme de liai-
son permanent chargé de coor-
donner leur action afin de pré-
senter un plan de réorganisation
du métier de l'information. Ils
ont affirmé leur volonté de dif-
fuser une information impartiale,
libérée de toute contrainte ».
A la télévision, les choses sont
beaucoup moins claires et cette
confusion d'ailleurs est facile-
ment perceptible pour les télé-
spectateurs. Le journal télévisé,
s'il a pendant un très court laps
de temps, fait un effort d'objecti.
vite... ou plutôt en a donné l'illu-
sion, est toujours dans l'orbite
de la direction.
Les informations de vendredi
soir étaient particulièrement ca-
ractéristiques de cette soumis-
sion. N'a-t-on pas vu un compte
rendu des manifestations de ce
jour en images... et sans aucun
son. Les mots d'ordre anti-gauli-
listes étaient gênants...
Depuis le début de la semaine,
d'ailleurs, les réalisateurs ont re-
noncé à assurer la mise en ima-
ges du journal télévisé
Pourquoi cette différence 3vec
la radio ? Parce que le recrute-
ment des journalistes de télévi-
sion s'opère — souvent parmi les
journalistes de la radio — outre
sur des critères de qualité, sur
leur attachement au pouvoir.
C'est une promotion — matériel-
le et morale —• d'être a la té'é-
vision ; la direction choisit donc
de préférence ceux qui sont tes
plus fidèles au régime.
Il faut d'ailleurs prendre ga-rde
de qénéraliser : une poignée de
journalistes se bat, là aussi, avec
acharnement. Ils tentent de faire
comprendre à leurs confrères que
la dignité professionnelle ne peut
s'accommoder d'une abdication
face au gouvernement.
Un comité de dix journalistes
a été formé pour étudier, en
liaison avec l'Intersyndicale, un
projet de refonte des Actualités
télévisées. Jeudi et vendredi ces
journalistes — qui étaient une
trentaine au début et sont à
peu près 65 à 70 maintenant sur
les 165 journalistes de la télévi-
sion — ont voulu exiger d'abord
une tribune de journalistes de
toutes tendances, après le débat
de censure (dont la diffusion a
été assurée avec l'accord du co-
mité de grève), puis solliciter
les avis des personnalités syndi-
cales et politiques après l'allocu-
tion de de Gaulle. Dans les deux
cas la direction a mis son veto.
Pourtant samedi encore les
journalistes espéraient faire reve-
nir la direction sur sa décision.
Le refus définitif fut signifié à
20 heures, au moment du jour-
nal télévisé.
Réunis alors en assemblée plj-
nière, les journalistes de la télé-
vision ont décidé, par 97 voix
contre 23, de cesser le travail,
cette décision a été appliquée
dès le journal de 22 h 30.
Il est donc clair maintenant que
si le journal télévisé est encoie
diffusé dans les prochains jours,
il ne le sera que par le truche-
ment des valets du régime.
Jacqueline BEAULIEU.
entre
autres choses..
L'EQUIPEMENT
MENAGER
tel que
vous le rêvez
à la
DEMRB
18 MAI - 3 JUIN
PORTE DE VERSAILLES
N° 169
Humanité Dimanche 9
L'exigence unanime
PARIS-SUR-GREVES
PAR RAYMOND LAVIGNE
PARIS-SUR-GREVES, ce n'est pas un
Paris en vacances qui se promène dans
les rues. C'est Paris en bataille, grave-
ment, sérieusement.
Paris-sur-grèves est un spectacle
exceptionnel. On ne se rend jamais
aussi bien compte de ce qu'est une
fourmilière humaine qu'en ces jours où
les grilles des métros sont fermées, les
autobus dans leurs dépôts, les gares
vides et désertées.
Au fait, la grève c'est un peu comme
un coup de pied dans une fourmilière.
Mais là ce sont les fourmis elles-mêmes
qui l'on donné, ce coup de pied ! Car
elles en ont assez de vivre comme des
fourmis, de subir la férule de la Reine...
Ou plutôt du Roi.
Paris-sur-grèves, c'était, en cette fin
de semaine, ces deux défilés gigantes-
ques de Balard à la Porte de Choisy,
de la Bastille au « Printemps » qui fai-
saient comme une ronde au cœur de la
capitale.
Quel exemple a donné là la classe
ouvrière ! Un exemple d'ordre, d'or-
ganisation, de puissance, de volonté
d'aboutir. Pas de provocation possible,
pas de policiers, donc pas un incident
n'a marqué la marche (organisée à
l'appel de la CGT) de ces 150.000 hom-
mes, femmes et jeunes (que de jeu-
nes !) de Paris, tandis que leurs cama-
rades donnaient le même exemple à
Ivry, Aubervilliers, Boulogne, Saint-Ouen,
Montreuil, Nanterre, Argenteuil, Villeneu-
ve-Saint-Georges, Massy, Corbeil, Genne-
villiers, Mantes, Trappes, Bezons, Sartrou-
ville, Sarcelles, Pontoise, etc. En tout
400.000... auxquels il faut ajouter ces
dizaines et dizaines de milliers qui ne
pouvaient être là mais avaient leur
cœur dans la manifestation : les piquets
de grève... Car les usines, les magasins,
les services n'étaient pas dégarnis pour
autant.
Quel exemple de maturité ! Quel
exemple de sang-froid, de sérieux ! Oui,
depuis le premier jour, les travailleurs
font la démonstration qu'avec leurs or-
ganisations syndicales et politiques ils
sont capables d'assumer les plus hau-
tes tâches d'un pays...
J'étais au défilé qui, parti de la Bas-
tille, par la République et les Grands
Boulevards, atteignit les « Galeries La-
fayette » et le « Printemps ».
— « Le Printemps », me dit un parti-
cipant, tu vois, c'est un symbole. Le
printemps est à notre portée. Le prin-
temps du peuple...
De ce défilé je garderai, pour ma
part, au moins deux souvenirs.
Celui de son arrivée devant l'immeu-
ble de l'Humanité, orné de drapeaux
rouges et tricolores, la façade barrée de
deux grands calicots : « Vive les ou-
vriers, étudiants, enseignants, paysans en
lutte pour leurs revendications », l'autre:
« Pour un gouvernement populaire et
d'union démocratique. » Tous les camara-
des étaient aux fenêtres et sur les bal-
cons : rédacteurs, employés, typos, ou-
vriers de l'imprimerie. Et ce fut une im-
mense ovation qui monta de la rue pour
répondre aux applaudissements qui des-
cendaient des étages. Une ovation pour
marquer la confiance et l'amour qu'ont
les travailleurs pour notre journal, sui-
vie aussitôt de « l'Internationale » chan-
tée à pleine gorge.
L'autre souvenir, il commence au bou-
levard Haussmann. Le boulevard Hauss-
mann c'est, dans son début, celui des
banques, des grandes compagnies d'as-
surances et des Grands Magasins. Le.-:
lourdes grilles de la Banque de l'Union
Parisienne, de la Banque de Paris et de
l'Urbaine sont fermées, bien sûr. Les
piquets de grève sont aux fenêtres et
saluent le défilé qui leur répond. Puis,
c'est, coup sur coup, l'arrière de l'Opéra
barré d'une banderole : « Grève illimi-
tée... Satisfaction pour nos revendica-
tions » et les « Galeries Lafayette ».
Devant les vitrines une longue pan-
carte : « CGT, FO, CFDT, tous les salariés
des Galeries Lafayette », derrière laquelle
sont massées des centaines de vendeu-
ses, accueille les manifestants.
Les « hourrah ! hip ! hip ! hip ! hour-
ra h ! » des uns et des autres se mêlent.
Des mains se tendent aussitôt happées
par des mains amies. Il y a des sourir-es
sur tous les visages, de la joie au cœur
de tous.
La même scène se reproduit cent
mètres plus loin devant « Le Prin-
temps ».
Et tandis que le cortège se disloque
lentement, paisiblement et scandant une
dernière fois : « Nos salaires ! » et
« De Gaulle, démission », à mes côtés
un vieil ouvrier écrase furtivement une
larme en grommelant dans sa mousta-
che :
« Ça me rappelle 36... Quand les
grands magasins s'y mettent... »
Et, son sous-entendu est plein de cer-
titudes.
DE LA « MAISON MERE »
A LA SUCCURSALE
Au même moment, le deuxième cor-
tège, celui qui était parti de la place
Balard arrivait à la porte de Choisy.
Notre camarade, Jean Rabaté le suivait
pour « l'Humanité Dimanche >. Lais-
sons lui la parole :
« Aller d'une usine Citroën à l'autre,
de la maison mère du quai de Javel à
la « succursale » du bou'evard Masséna
(on sait que l'ex-usine Panhard a été
absorbée par le « double chevron » Ci-
troën) prenait une allure de symbole :
symbole de la lutte engagée pour met-
tre un terme aux méfaits conjugués du
patronat et de son pouvoir gaulliste.
Lorsque nous avons quitté la place
Balard, le cortège était déjà gros de
15.000 hommes et femmes où la pro-
portion de jeunes était très forte. Se
côtoyaient ainsi les métallos de chez Ci-
troën, les typos de l'Imprimerie Natio-
nale, un fort groupe de lycéens et d'étu-
diants, les postiers de Paris-V sous
une banderole commune C.G.T., F.O et
C.F.D.T.
Et la manifestation traversa les quar-
tiers populaires des 15', 14' et 13' ar-
rondissements par l'avenue Félix-Faure,
les rues de la Convention, de Veuille,
d'Alésia et de Tolbiac, l'avenue d'Italie.
Les trottoirs étaient noirs d'une foule qui
s'agrégeait aussitôt au cortège, le gros-
sissait, le gonflait, l'allonge-aif intermi-
nablement.
On saluait au passage le visage de
Paris en grève, à Convention, cette im-
mense grue portant « chantier en grève »,
un peu plus loin, le calicot d'un central
des P.T.T. « grève illimitée, occupation
des locaux »... Passant sous un pont
de chemin de fer que borde l'impasse
de Jom/ence, les cheminots ont droit
a une ovation.
A quelques mètres l'un de l'autre, les
piquets de grève de la S./VVA.C. et de
Ernault sont follement acclamés. Pres-
que en face un « mini-bureau de poste *
est aussi en grève. Et c'est ainsi jus-
qu'au bout : « L'A.O.I.P, en lutte avec
la C.G.T. », la station E.D.F. Verlaine
où les ouvriers assurant la distribution
de l'électricité aux usagers acclament
de leurs fenêtres l'interminable cortège.
Avenue de Tolbiac, le flot s'étale sou-
dain, s'élargit sur toute la largeur de la
chaussée. Juchés sur les poubelles ac-
cumulées, sur les grilles des stations du
métro, du haut des balcons des immeu-
bles géants, les habitants du quartier
saluent le cortège, reprennent par-
fois les mots d'ordre qui montent
de la rue. C'est alors seulement que
j'ai pu me rendre compte de l'impor-
tance exacte, de l'immensité de la ma-
nifestation. A la porte de Choisy, les
grands bâtiments sombres des anciennes
usines Panhard soulèvent une tempête :
« Citroën peut payer ! Citroën peut
payer ! », « Libertés syndicales ! »
Et c'est la dislocation. Un haut-parleur
donne les dernières consignes : « Et
maintenant camarades, retournons occu-
per nos usines, retournons dans nos
quartiers, le combat continue ! »
vin de table très fin
10 Humanité Dimanche -— N° 169
RENAULT :
LES TRAVAILLEURS
ADMINISTRENT LA VILLE
DES MACHINES
SILENCIEUSES
PAR ROBERT LECHENE
Quelle atmosphère extraordinaire
que celle de Renault-Billancourt,
ce cœur énorme qui bat si fort à
chaque grand moment de l'his-
toire du mouvement populaire au
cours du dernier demi-siècle ! Aux
allures de forteresse rébarbative,
ses murs se transforment dans ces
journées-là. Renault devient cita-
delle des travailleurs, ruche d'ac-
tivité syndicale et politique. L'île
Seguin est un navire sur la Seine
portant à la proue et à la poupe
le drapeau des ouvriers. Le rouge
avec le tricolore flottent au-dessus
de l'entrée de la place Nationale,
dont le fronton est une inscription
marviscrite en lettres géantes sur
un immense carton : « Nos 1.000
francs, pas moins ! Les 40 heures !
Retraite à 60 ans ».
Ailleurs, aux grilles, d'autres
cartons portent les mêmes reven-
dications, parfois sous une autre
forme, plus imagée, sans doute
pour suggérer au général des ter-
mes qui pourraient enrichir encore
son vocabulaire très particulier.
Exemple : « 60 piges, au vert ! *
Tous ces cartons encastrés dans
ces grilles forment en même temps
une protection contre le vent pour
les piquets 6e grève qui, de jour
et de nuit, assurent une garde ri-
goureuse. Les jeunes ont le cou
passé dans le trou central d'une
couverture qui leur fait poncho.
Beaucoup ont aussi le foulard du
Festival de la Jeunesse travail-
leuse que la CGT avait organisé
pour la fin de la semaine der-
nière et que le développement des
événements a fait suspendre. On
se chauffe autour de braseros de
fabrication maison, fûts d'huile
dans lesquel brûlent des bois d'em-
ballage et des gros morceaux de
charbon des Forges. Des bâches
ont été tendues pour le cas où il
pleuvrait. N'entrent que les tra-
vailleurs de la Régie, sur présen-
tation de leur carte. « Les journa-
listes, voyez le service de presse, au
comité d'établissement. >
LES « RELATIONS
EXTERIEURES »
Sur du carton toujours, le pan-
neau € Relations extérieures ». Ce
n'est pas une ironique parodie des
•t Relations extérieures » commer-
ciales. Les journalistes viennent
par dizaines et par dizaines, les
plus grands titres du monde en-
tier, les télévisions de partout. On
les fait asseoir, on leur remet un
dossier : la collection des tracts
tirés depuis jeudi par le comité de
grève. On répond à leurs questions,
courtoisement, clairement. J'en-
tends Tomasi qui explique à un ré-
dacteur du « Times » américain :
« II est possible financièrement de
satisfaire les revendications. 1.000
francs, c'est possible, et c'est pos-
sible sans mettre en cause les in-
vestissements... » A l'autre bureau,
Hubert donne à trois reporters an-
glais le point de vue des syndicats
sur les relations avec les étu-
diants : « Nous sommes sensibles
à l'expression de leur solidarité et
il est vrai qu'ils ont déjà recueilli
des sommes importantes pour aider
les grévistes. Mais il n'y a pas de
raison pour qu'on les autorise à
entrer dans l'usine, ainsi que cer-
tains le demandent, comme une
sorte de paiement de cette solida-
rité. Les travailleurs ont, pour diri-
ger leur lutte, leurs organisations
qui sont majeures, expérimentées,
et n'ont pas besoin d'autres
conseils... Vous pourrez en juger
quand vous visiterez... »
La visite des journalistes, c'est
le matin, un peu avant le meeting
quotidien auquel ils ont le droit
d'assister. Un laissez-passer leur
est délivré, daté, avec le numéro
de leur carte professionnelle et on
les fait guider par un ou une ca-
marade. Ils présentent leur papier
à l'entrée principale qui s'entrouvro
pour eux. Derrière, la grisaille mo-
numentale de l'usine silencieuse le»,
saisit. La ville des machines pétri-
fiée dans sa puissance, les trailors
orange immobilisés au bord des
allées vides, les bennes d'acier
pleines de pièces, d'engrenages, de-
billettes, barrant les issues. A main
gauche, dans le vestiaire du dépar-
tement 55, des gars écroulés de
fatigue dorment tout habillés sur-
dû carton ondulé étalé sur le sol,
entre les casiers. Plus loin, au bâ-
timent A, comité de grève des men-,
suels. Il y a, en effet, un comité
de grève par atelier ou départe-
ment ou, selon les catégories, tous,
les comités étant coiffés par le co-
mité de grève central qui siège
dans l'île Seguin.
L'avenue Emile-Zola, que Re-
nault a absorbée au cours de sa
croissance, est bordée de grands
cubes blancs, comme les panneaux
d'une exposition. Sur le premier :
« 1950. 3 véhicules par travailleur,
570 millions de chiffre d'affaires ».'
Sur le second : < 1954, 4 véhicules
par travailleur, 1.137 millions de
chiffre d'affaires ». En 1960, les
chiffres ont déjà plus que doublé :
(Suite paye 14.)
N° 169 — Humanité Dimanche 11
A PARIS ET DANS SA BANLIEU
A L'APPEL DE LA C.G.
CALMES, PUISSANTS, RÉSOLU
DE LA PLACE BALÂRD A LA PORTE DE CHOISY
A SA1NT-OUEN
-s> ,v
:'i^' '.$£3&&r,.
J
..EN PASSANT DEVANT « L'HUMANITE
400.000
MANIFESTANTS
DE LA BASTILLE AU « PRINTEMPS »...
A AUBERYILLIERS
Photos Renault C.L.C.
(Suite de la page 11.)
•9 véhicules par travailleur. 3.226
millions. En 1967, on en était à
12 véhicules et 5.800 millions. Der-
nier cube : « 1968. la production
progresse, les profits progressent.
Nous voulons que le progrès pro-
fite aussi aux travailleurs ».
AU POSTE
ZOLA-KERMEN
Au bout de l'avenue, r. la grille
Zola-Kermen, on fait la relève, on
prend des dispositions pour la
journée. « II n'est peut-être pas
utile que je reste... > « Non, va te
coucher, toi... Si tu peux reprendre
ce soir... » II y a en permanence
deux ou trois mille ouvriers pré-
sents et loin que les postes de
grève aient été moins fournis au
fil des jours, au contraire ils se
renforcent. Une vie hors du com-
mun s'organise, dont l'usine est le
foyer. Les tours de rôle sont mis
sur pied, que chacun puisse équi-
tablement voir sa famille. Géné-
ralement, on fait casse-croûte pour
un des repas, et l'on prend l'autre
à la cantine. On est en train de
changer l'ardoise qui est à l'en-
trée : jusqu'ici, c'était prix fixe à
3 F. On passe à 2 F seulement
pour un plat garni, pain, boisson
et un fromage ou dessert ou fruit,
au déjeuner ou au dîner. A part
quoi la cantine reste ouverte toute
la journée et une partie de la nuit
pour la consommation de bière et
sodas à 0,50 F. Des camionnettes
passent ravitailler les postes de
grève en sandwiches.
On suit les nouvelles et on écou-
te la musique aux transistors. Mais
aussi le bibliobus de la bibliothè-
que du Comité d'établissement
vient présenter son choix de livres
et fournir des disques pour les élec-
trophones. La nuit, des toiles blan-
ches sont tendues dans les ateliors
ou au travers des avenues. A Emi-
le-Zola, on donnait, la veille de
ma visite. « M. Ripois », avec Gé-
rard Philipe. Après, deux accor-
déonistes ont fait danser, tandis
qu'ailleurs les travailleurs espa-
gnols chantaient des chants de
leur pays. Cette vie est ausi ponc-
tuée de réunions, dont les annonces
sont affichées devant telle et telle
porte, sans indication de lieu, mais
chacun sait de quoi il s'agit, s'il
est concerné.
Il y a les rondes de surveillance
dans les ateliers. Et puis il y a le.s
tâches prosaïques, qu'on se répar-
tit également, et qu'on remplit
avec autant de conscience que les
autres, la corvée de bois et de
charbon, le balayage... C'est vrai,
on le remarque dès qu'on vous le
dit : rien ne traîne à terre, ni pa-
piers, ni boîtes, ni rien. Tout est
propre.
« L'INTENDANCE»
SUIT...
Le responsable de 1' « intendan-
ce > se tient au « Service restau-
rants », dans l'immeuble du Comité
d'établissement, André Martin.
« Aussitôt que le mouvement a com-
mencé, me dit-il, îious avons cons-
titué des équipes dare-dare et as-
suré le soir même le ravitaillement
des travailleurs en grève. Le len-
demain, nous avons fait une réu-
nion des personnels de nos dix
cantines. Ils sont syndiqués aux
HCR (hôtels, cafés, restaurants),
mais ils sont toujours solidaires des
travailleurs de la métallurgie, dont
ils bénéficient des revendications
obtenues ici par la lutte. Là en-
core, ils ont dit : « Nous sommes
en grève, nous aussi ». Seulement,
compte tenu des problèmes posés
par l'occupation de l'usine, ils ont
été d'accord pour continuer un
service bénévole dans la cantine
que nous avons maintenue avenue
Emile-Zola, et pour alimenter les
postes de grève en sandiviches. Ils
sont une trentaine dans la journée.
u,ne vingtaine le soir jusqu'à onze
heures, et sept de permanence
pour la nuit. En se relayant de jour
en jour, si bien que tous y par-
ticipent... »
Au téléphone auprès de nous.
quelqu'un dit à son correspondant :
« Bon. alors, pour le cuic. rous en
prépare', encore 100 kilos... »
And''é Martin : « La première
unit, nous en arons distribue pus
loin de 600 litres... »
— Vous serez en mesure de con-
tinuer a servir les repas ? »
André Martin : « D'ordinaire,
nous assurions 13.000 repas par
jour, et naturellement, à ce 7iivc.au.
il ne s'agit pas de faire le marche
chaque mutin... Suis-tu combien
nous consommons de pommes de
terre par mois ? 70 tonnes. Et une
quinzaine de tonnes de viande... »
Coup de téléphone : Casse-croû-
te et bière au ?4 ? D'accord ».
BEETHOVEN
A L'ILE SEGUIN
Le responsable du secteur cultu-
rel s'appelle Robert Goupil, secré-
taire de l'association « Loisirs et
Culture » du Comité d'établisse-
ment. 15.000 adhérents. Vingtième
anniversaire cette année. « Pour
ces vingt ans, notre Photo-club
avait prévu zin Salon en novem-
bre. Du coup, le sujet va en être
unique et grandiose. Tous 7ws pho-
tographes mitraillent. Et notre Ca-
méra-club en 16 mm a déjà tour-
né des centaines de mètres de pel-
licule... »
C'est donc « Loisirs et Culture »
qui, dès la nuit du vendredi, a
rassemblé et projeté en divers en-
droits de l'usine les films dont il
disposait, et envoyé les bibliobus
avec livres et disques.
— De quelle sorte, ces livres et
ces disques ? »
Robert Goupil : « Pour les livres,
nous avons d'abord 7nis surtout
ceux de caractère disiractif, et
ce: : qui étaient le plus illustrés,
en songeant à nos camarades tra-
vailleurs immigrés. Quant aux dis-
ques, sur les 15.000 qi.e nous possé-
dons, 80 c,'c sont des classiques ou ce
que j'appellerai de la bonne va-
riété, Brassens. Brel, etc. Nous
avions constitué notre première
livraison avec ce que nous avons
dans le reste, musette, folklore,
plus quelques disques classiques. Or
quand nous sommes passés pour
renouveler cette première livraison,
nous avons entendu, par exemple,
nos camarades de Vile Seyuin nous
dire : « Très bien, mais pouvez-
vous nous mettre u;i peu plus de
classique ? » Peut-ëire dans ce hall
immense, et dans ces circonstances,
la grande musique a-t-elle pris, ou
révélé, sa véritable dimension. Ce
qui vaut pour le disque vaut pour
le reste. Nous devons distraire, dé-
lasser, certes, pour que nos cavia-
radas ne trouvent pas le temps
trop long. Mais nous avons le de-
voir, maintenant comme avant, de
leur offrir ce qu'il y a de meilleur,
et les appeler à la réflexion. Ainsi
ce soir notre (troupe l ne et rai «Loi-
sirs et Cul.'lire » va /;rc .c"ie>' son.
spectacle poétique sur /j \'.c;>~nm,
et après on entame la d'scu. *n~>n •>.
Le mémo groupe va H:>UIT aussi
t La savetier? prodigieuse . de
Lorca. Le théâtre Gerard-Phiiipe
viendra doimr-r son spoetarîe de
Mimes et Pantomime.--. D'a'.ilres
troupe.-- demandent à s:1 produire.
Extraordinaire contact avec un
extraordinaire public. DP; à di-
manche dernier Jean Ferrât et Isa-
belle Aubret étaient place Natio-
nale, et Fia Colombo et Léni Es-
cudéro. emportés par l'ambiance,
se sont lancés dans un duo im-
promptu.
LA COMPETENCE
ECLATANTE
DES MILITANTS
Je dis à Gérard Gouj u. comme
je le pense, à quel point je suis
épaté par la marche de cette admi-
nistration que les travailleurs et
leurs organisations ont mise en
place. Gérard Gouju. secrétaire
du Comité d'établissement de
l'usine de Billancourt, et l'un des
représentants ouvriers au Conseil
d'administration de la Régie.
« Tu as vu là. me dit-il, seulement
un volet de notre action dans la
grève. Mais le Comité d'établisse-
ment n'a pas qu'un rôle social à
jouer. Ainsi le 21 juin prochain
devait se tenir la session du Co-
mité central d'entreprise pour
examiner le bilan 1967 de la Ré-
gie. A l'occasion de cette ses-
sion, les représentants des tra-
vailleurs devaient être informés
du chiffre d'affaires, du montant
des investissements, du montant
des impôts et taxes perçus par
l'Etat, des bénéfices nets, et de-
vaient pouvoir poser des questions
relatives aux opérations financiè-
res, prises de participations des
filiales et holdings, et résultats de
ces filiales, qui sont une cinquan-
taine, dont sept importantes. Or,
c'est tout ce que nous aurions eu
le droit de faire. Le C.E. n'aurait
eu aucun pouvoir de décision
quant à l'orientation de l'entre-
prise. C'est dire que la lutte enga-
gée doit avoir pour aboutisse-
ment, à notre se7is, de faire cesser
cette anomalie qui tient à ce que
notre entreprise nationalisée est
sous le contrôle d'un gouverne-
ment exprimant les intérêts des
monopoles capitalistes. Cela inter-
dit que la nationalisation puisse
prendre un vrai caractère progres-
siste tant sur le plan technique
que social. Les élus C.G.T. au Co-
mité d'établissement, avec leur
organisa lion syndicale, les mili-
tants communistes de Renault, ont
à maintes reprises publié des do-
cuments analysant le fonctionne-
ment de l'entreprise nationalisée
et réclar ant dans un premier
temps l'application stricte du sta-
14 Humanité Dimanche — N° 169
tut de natioiialisation qui donne-
rait des droits plus larges aux
élus des travailleurs ; dans un
deuxième temps une extension des
attributions du Comité d'établis-
sement en matière de gestion et
de contrôle.
Nous avons réclamé également
que les représentants ouvriers au
Conseil d'administration de la Ré-
gie, qui ne sont actuellement que
six sur quinze membres, voient
leur nombre augmenté, qu'ils ne
soient plus dss figurants mais de
véritables dirigeants de l'entremi-
se, avec les pouvoirs et les moyens
de décision indispensables.
Dans les luttes de la classe
ouvrière, et dans celle-ci entre
autres, la compétence des militants
et des dirigeants de nos organisa-
tions apparaît de manière sutfi-
samment éclatante. »
LA SEDUCTION
DES MOTS
ET LE CONCRET
L'idée de changements profonds
les habite tous. Les propositions
qui viennent d'ici et de là, même
les plus vagues si elles sont pa-
rées de la séduction des mots,
« cogestion », « autogestion », sont
tournées et retournées dans les
conversations. La place Nationale
est un forum où les groupes
animés voisinent avec les jeunes
joueurs de guitare. Aux postes de
grève aussi on discute avec pas-
sion. La nuit, on n'y sent pas le
sommeil et, dans cette atmosphère
de veillée héroïque, auprès des
feux rougeoyants, sous le frémisse-
ment des drapeaux, on voit tout
près la réalisation des rêves de
justice.
C'est vrai que ce qui s'est passé
depuis le mouvement étudiant, de-
puis la grève et les manifestations
du 13 mai, depuis la décision des
travailleurs de Renault, suivie par
celle de millions d'autres travail-
leurs, a ouvert des perspectives :
perspective de faire aboutir des re-
vendications majeures, perspecti-
ve d'en finir avec le pouvoir gaul-
liste qui est la cause de ces reven-
dications et l'obstacle actuel à leur
satisfaction. Des perspectives qu'il
faut savoir exactement compren-
dre, exactement apprécier pour
aller à la victoire. Bref, des pers-
pectives qui doivent être claires
pour tous ceux qui veulent ces
changements profonds, et dont
beaucoup cherchent encore et s'in-
terrogent.
Les communistes de la Régie
s'emploient à faire la clarté. Deux
fois par jour, ceux d'un même pos-
te de grève se réunissent non loin
de ce poste, étudient les dévelop-
pements de la situation, les ques-
tions que ces développements font
naître dans l'esprit de leurs com-
pagnons, les réponses qui les aide-
ront à trouver la juste solution.
Puis ils reviennent prendre leur
place au poste de grève, expli-
quent, argumentent. On les écoute.
Mardi après-midi, ils ont pris
l'initiative d'un comité d'action
pour un gouvernement populaire
et démocratique, annoncé aux tra-
vailleurs par une feuille ronéoty-
pée indiquant les bases d'action
sur lesquelles devra se faire un
changement de gouvernement. La
satisfaction des revendications
essentielles : abrogation des ordon-
nances, augmentation des salaires,
abaissement rie l'âge de la retraite,
reconnaissance des libertés syndi-
cales et extension des pouvoirs des
comités d'entreprise, en est le pre-
mier point. Les autres en sont la
réalisation de réformes profondes
pour soustraire l'Etat à l'emprise
des monopoles capitalistes, notam-
ment par l'extension progressiste
des nationalisations, la mise en
œuvre d'un plan démocratique de
développement économique et so-
cial, enfin la participation des
travailleurs aux décisions touchant
les grands secteurs de la vie du
pays, avec cette précision qu'une
telle participation « ne pourra se
réaliser pleinement qu'avec le so-
cialisme ».
Le même soir, vers 10 heures,
Raymond Treppo, le secrétaire de
la section communiste Renault,
m'appelait au téléphone : « Allô,
Robert ? Tu sais, pour notre co-
mité d'action... Eh bien ! on a dé-
jà recueilli des milliers de signa-
tures... C'est incroyable, en quel-
ques heures... On peut dire : tous
ceux qui étaient aujourd'hui dans
l'usine ont signé... »
Ce qui est concret est compris.
Il n'y a pas de meilleure arme,
dans cette lutte, que de savoir ce
qu'elle est capable d'obtenir.
« ILS ONT RESSORTI
LEURS ETALAGES »
Vendredi après-midi, les alen-
tours de la Régie fourmillent de
l'afflux des travailleurs d'alentour
qui vont manifester. Des voitures
et des camionnettes bondées
klaxonnent, drapeaux au vent,
arrivent des localités voisines.
L'avenue Leclerc est barrée par le
cortège qui se dispose. Sur le sol
de la rue de Silly, à la peinture :
« Chienlit à 100 mètres, ralentir ».
Manière gouailleuse d'annoncer la
proximité de la SNECMA en grève.
La masse humaine, qu'on éva-
luera à 30.000 personnes, s'ébranle
vers le pont de Sèvres. Sous l'os-
cillation des banderoles, l'ondula-
tion des drapeaux, dans les chants
de l'Internationale et des cris de
€ La chienlit, c'est lui ! », et « De
Gaulle, démission .' », « Gouver-
nement populaire ! ». elle emplit
la rue de Sèvres sur une grande
partie de sa longueur, saluée par
les piquets de grève juchés sur
les murs, au LBC, au LAIT. Der-
rière les dirigeants des organisa-
tions syndicales CGT, les respon-
sables et les élus communistes,
dont Gaston Plissonnicr. membre
du Comité Central, elle va jus-
qu'à la salle des Fêtes et revient
par le boulevard Jean-Jaurès,
parcourant ce Boulogne des clas-
ses moyennes dont une partie
s'est massée sur les trottoirs. Les
tracts des syndicats distribués par
les militants sont pris par tous,
et lus. A la vague angoisse de ces
catégories sociales devant l'am-
pleur des événements se joint le
besoin de comprendre. Personne
ne refuse ni ne jette le papier
qu'on lui tend.
Je reconnais quantité de cama-
rades communistes de Boulogne,
qui, pendant des années et des
années, se sont dépensés dans ces
quartiers pour expliquer, expli-
quer, expliquer. Les uns et les au-
tres me présentent souvent, à
leurs côtés, de nouveaux camara-
des, qui ont adhéré ces jours-ci.
Un de mes vieux copains. Paulo.
paquet û'Hurna sous le bras, me
raconte : « Comme le cortège ar-
rivait à hauteur du marché, juste
dans mon coin, j'ai vu des com-
merçants qui commençaient à
rentrer leur marchandise. Alors
je suis allé les trouver. Je leur ai
dit : « Pourquoi vous faites ça ?
C'est une manifestation de tra-
vailleurs, rien ne vous sera pris,
rien ne sera cassé... v Ils m'ont
dit : « Puisque vous nous l'assu-
rez, on vous connaît, on vous fait
confiance... » Et ils ont ressorti
les étalages. »
A L'ECOUTE
DES SEPT MINUTES
Au soir, chez Renault, les postes
se relèvent. Des jeunes disputent
leurs derniers tournois de volley
avant d'aller prendre leur garde
à l'une des grilles ou des portes.
Dans le hall de l'île Seguin, des
trucks sont mis côte à côte pour
former une vaste scène où le
groupe « Spartacus » va donner
cette nuit un spectacle théâtral.
Au Bas-Meudon, le piquet de grève
se tient moitié dans le bureau vi-
tré, moitié sur le trottoir de la
rue. L'horloge de pointage conti-
nue à faire entendre ses tops, mais
elle retarde d'un quart d'heure, à
cause des irrégularités du courant
électrique. Au mur est affiché, dé-
coupé dans l'Humanité, l'article de
René Andrieu titré « Vigilance ».
Huit heures. Quelqu'un dit :
« II faut l'écraser une minute, les
copains ! », et l'on met les transis-
tors plus fort. La voix du vieillard
de l'Elysée prend sur « ...univer-
sitaires puis sociaux... » Par mo-
ments le passage d'une voiture ou
d'un camion la couvre. Les gars se
penchent vers l'appareil. Ils réagis-
sent par de courtes exclamations,
des haussements d'épaules. «...Une
marée de désordres, ou d'aban-
dons, ou d'arrêts du travail... » Ils
s'indignent de ce mépris à leur
égard. Ils ricanent de l'impuissan-
ce reflétée par des mots sans prise
sur la réalité. « J'ai besoin, oui, j'ai
besoin, que le peuple français dise
qu'il le veut... » On a plutôt en-
tendu « qu'il ME veut >\ ce qui
revient au même. Là, des « ah,
non ! Ça suffit ! » — « Chut... »
« ...Adapter notre économie, ?ion
pas à telles ou telles catégories
d'intérêts particuliers... » Une cas-
sure de la voix permet à quelqu'un
de placer : « Intérêts capitalis-
tes. » Et c'est l'annonce du référen-
dum, le « au cas où votre réponse
serait non, il va de soi que je n'as-
sumerais pas plus longtemps ma
fonction... »
« Marseillaise ». Un temps de ré-
flexion. Les commentaires se croi-
sent : « // reconnaît sa faillite... »
« Et il voudrait qu'on lui fasse
encore confiance. Il avait tous les
pouvoirs, il pouvait tout faire...
Alors pourquoi il ne l'a pas fait ? »
« Et les revendications ? Rien,
pas un mot ! Laissez-moi faire...
Ah, non ! » « S'il croit que
c'est comme ça qu'il va faire finir
le mouvement ! Au contraire, il
montre qu'il est usé. Ce 7i'est pas
un discours comme ça qui peut re-
gonfler même ses types à lui... »
« Ce qu'il faut, c'est que ce qui le
remplacera apparaisse comme du
solide. Voilà ce qu'il faut mainte-
nant... »
Robert LECHENE.
SARCELLES :
EST-CE UN CRIME ?
L'autre nuit, vers 1 h, une jeune
femme de 33 ans, Mme Marie Placy-
doux, née Laparade, demeurant 1. al-
lée Le-Comte-Louis à Sarcelles (Val-
d'Oise), est morte dans des conditions
suspectes.
Peu avant que son mari, M. Eugène
Placydoux, 26 ans, ne soit allé quérir
d'urgence un médecin, les voisins
avaient été réveillés par une violente
dispute au domicile du couple et
avaient alerté la police.
Survenu sur les lieux, le médecin a
constaté des traces suspectes sur le
corps de la victime et a refusé le per-
mis d'inhumer. Le Parquet de Pon-
toise, averti, a ordonné une informa-
tion et une autopsie.
Le mari a reconnu avoir malmené
son épouse, mais il ne semble pas que
les coups qu'elle a reçus aient été
.suffisants pour provoquer la mort.
Eugène Placydoux est cependant garde
à vue au commissariat de Sarcelles et
ses deux enfants ont été provisoire-
ment confiés à des voisins.
CORINNE :
ASSASSIN IDENTIFIÉ
NANCY. — L'assassin de la petite
Corinne Laure, de Nancy, trouvée
étranglée dans sa chambre après avoir
été sauvagement violée, .serait identi-
fié. Les soupçons se portent sur un
repris de justice, Michel Pasquier. né
dans les Ardennes en 1932. qui. selon
les enquêteurs, serait en possession
d'objets et de valeurs dérobés à la
famille Laure dans le même temps ou
était commis le crime.
Pasquier avait été condamné à deux
ans de prison et à la relégation pour
avoir, en février 1961, dévalisé deux
magasins à Nancy. Il avait en outre
été condamné précédemment pour un
viol commis en Seine-Maritime. Evadé
le 23 avril dernier du centre d'orien-
tation des relégués à Rouen, Pasquier
a regagné Nancy à bord de sa voiture.
retrouvée il y a huit jours, abandonnée
dans une commune près de Nancy. Il
est armé d'un 7.65 et pourrait 'être
porteur d'un second pistolet dérobé à
un gardien de la paix. Il est active-
ment recherché.
BLAIBERG FETE SES
59 ANS A L'HOPITAL
LE CAP. — Quatre mois et ctemi
après avoir .subi une transplantation
cardiaque, le Dr Philip Blaiberg a
célébré vendredi son 59' anniversaire
en retournant à l'hôpital de Groote
Schuur afin d'y subir une .série
d'examens.
Le Dr J. Burger, médecin-chef a
déclaré que l'on ne pouvait savoir
exactement combien de jours le chi-
rurgien-dentiste serait hospitalisé, car
cela dépendrait du temps nécessité
par l'exécution des examens et ana-
lyses.
PAS DE COURSES
A LONGCHAMP
En raison des circonstances, la réu-
nion hippique prévue pour aujourd'hui
à Longchamp est annulée, communi-
que la « Société Sportive d'Encoura-
gement ».
MONTE-EN-L'AIR
CHEZ MARGARET
LONDRES. — Un individu a tenté
de s'introduire par effraction l'autre
nuit au palais de Kensinaton, rési-
dence de la princesse Margaret et de
lord Snowdon. Un gardien a entendu
un bruit vers 1 h du matin à proxi-
mité d'une porte des cuisines, au rez-
de-chaussée et des enquêteurs ont
relevé des traces d'effraction. Il sem-
ble toutefois que l'individu ait eu peur
et soit parti, il n'a pas pénétré dans
les lieux. Par la suite, la police devait
interpeller un homme pour interroga-
toire.
PRES DE LOUVECIENNES
ROUTE A TROIS VOIES :
DEUX MORTS
Deux voitures roulant en sens inver-
se se sont heurtées de plein fouet,
l'autre soir, sur la voie centrale de
la route nationale 184 (à trois voies i,
près de Louveciennes < Yvelines <.
L'accident a fait deux morts et un
blessé grave.
Les deux morts sont les conduc-
teurs : MM. Anton Kowac, 29 ans,
36, avenue Carnot, à Saint-Germain-
en-Laye (Yvelines). et Mme Françoise
Goguelat, 33 ans, 51 bis, avenue Petit,
à Bagneux (Hauts-de-Seine).
L« mari de cette dernière. M. Geor-
ges Goguelat, 36 ans, est dans un état
grave.
NO 169 — Humanité Dimanche 15
Des troupes du F.N.L livrent
combat au cœur de Saigon
UN CHAR AMERICAIN DETRUIT AU BAZOOKA
LE MOUVEMENT
DE PROTESTATION
contre les lois d'urgence
se développe en Allemogne de l'Ouest
SAIGON, 26 mai. — Les
combats ont repris dans l'ag-
glomération Saigon-Cholon. Des
éléments de deux régiments de
l'armée du Front National de
Libération se sont < infiltrés »
la nuit dernière dans les fau-
bourgs nord de la ville, où l'on
s'est battu jusqu'à l'aube. Le
couvre-feu a été proclamé
vingt-quatre heures sur vingt-
quatre.
Les forces du PNL sont équi-
pées de mortiers lourds, de ro-
quettes, et même de pièces de
DCA. Des engagements se sont
produits à trois kilomètres du
centre de la ville et à proxi-
mité de la station de radio.
D'autres éléments du PNL
ont combattu dans les fau-
bourgs nord-ouest, près de
l'aérodrome de Tan Son Nhut.
L'état-major US précise qu'il
s'agit de soldats en uniforme,
qui se déplacent dans Saigon
en unités constituées, sans cher-
cher à se déguiser.
150 hélicoptères U.S.
détruits sur la base
de Dong Lam
D'autre part, les porte-parole
officiels ont annoncé que quatre
appareils américains avaient été
abattus aujourd'hui au-dessus
du Sud-Vietnam par des tireurs
du FNL. Ces appareils — deux
chasseurs-bomb a r d i e r s, un
« Skyraider » et un « Sky-
hawk » ont été abattus dans
le voisinage de Tarn Ky. Un
peu plus au nord, deux héli-
coptères américains se sont
écrasés au sol après avoir été
touchés par des projectiles. Un
cinquième avion, un avion-
car«o « C-123 », s'est écrasé
également.
L'agence de presse du Front
National de Libération du Sud-
Vietnam annonce que, le 20 mai,
le PNL a lancé un déluge de
feu sur la base aérienne amé-
ricaine de Dong Lam, à 26 km
au nord-ouest de Hué. et a dé-
truit au sol 150 hélicoptères
américains,
Ce chiffre représente les
trois-quarts des hélicoptères de
la division.
Les cavaliers aéromobiles ont
été attaqués, ajoute l'agence de
Libération, alors qu'ils s'étaient
repliés sur la base de Dong Lam
après avoir abandonné la val-
lée d'A Chau. L'artillerie des
FAPL, écrit-elle, a tiré des obus
de gros calibre sur le parking
des hélicoptères et sur les can-
tonnements. Toute la base a été
transformée en une mer de feu.
L'incendie a duré huit heures.
De violents combats conti-
nuent de se dérouler dans le
nord du Sud-Vietnam. Quinze
« marines » ont été tués et 23
blessés, près de la base de Khe
Sanh.
Mission nord-vietnamienne
dans les pays socialistes
HANOI, 25 mai. — Une mis-
sion nord - vietnamienne vient
de quitter Hanoi pour se ren-
dre dans les pays socialistes
afin d'étudier avec leurs diri-
geants l'aide économique et mi-
litaire à la République Démo-
cratique du Vietnam.
La mission est conduite par
le vice-premier ministre, M.
Le Thanh Nghi. C'est déjà
M. Nghi qui conduisait une dé-
légation du même genre qui
s'est rendue l'année dernière à
Pékin, Pyong Yang. Moscou,
Bucarest, Budapest, Berlin-Est,
Prague, Varsovie, Oulan Bator,
La Havane.
Kossyguine
a quitté Prague
PRAGUE, 25 mai. —
Alexei Kossyguine, président
du Conseil soviétique, qui était
arrivé en Tchécoslovaquie le
17 mai pour une cure de repos,
sur l'invitation du praesidium
du Comité Central du Parti
Communiste et du gouverne-
ment tchécoslovaque, a quitté
Prague au début de l'après-
midi pour regagner Moscou.
Il a été salué à l'aérodrome
par les membres du présidium
Oldrich Cernik, Alexander Dub-
cek, premier secrétaire, Diago-
mir Kolder, Frantisek Kriegel,
Oldrich Svestka, les secrétaires
Alois Indra. Jozef Lenart et
Stefan Sadovsky, ainsi que par
le vice-président du Conseil,
l'économiste Ota Sik.
BONN, 25 mai. — Le mouve-
ment de lutte contre la législa-
tion d'exception qui ouvre une
voie directe à l'instauration
d'un régime de dictature mili-
taire s'étend en Allemagne
Fédérale.
A Francfort-sur-le-Main, les
étudiants ont arrêté les cours
et occupé les bâtiments de
l'université. Leur exemple a été
suivi par les universités de Mu-
nich, de Mayence et d'ailleurs.
Les étudiants de Bochum ont
proclamé que leur université
devient le centre de la résis-
tance aux lois d'exception de la
région de la Ruhr. Un grand
nombre de professeurs et d'en-
seignants se sont solidarisés
avec les étudiants. Au sein du
parti social-démocrate beau-
coup sont mécontents du com-
portement des leaders.
Deux cents militants du parti
ont signé une déclaration dé-
nonçant énergiquement l'atti-
tude des députés de ce parti
Arrestations en Espagne
MADRID. 25 mai. — Neuf
membre;, des « commissions ou-
vrières f de Barcelone ont été
arrêtés vendredi, apprend-on à
Madrid.
D'autre part, les récitals que
le chanteur catalan Raimon
devait donner dans la capitale
espagnole, notamment dans les
centres universitaires, ont été
interdits et la police a attaqué
plusieurs centaines de jeunes
gens qui protestaient conti'e
cette mesure. Neuf arrestations
ont été opérées.
Samedi dernier, un millier
d'étudiants avaient manifesté
dans les rues de Madrid avec
des drapeaux rouges. après
avoir assisté à un récital don-
né par Raimon et une cinquan-
taine d'entre eux avaient été
appréhendés. (AFP.i
qui appuient, au Bundestag, les
lois d'urgence. La déclaration
appelle tous les adversaires de
cette législation à agir ensem-
ble et à empêcher la réélection
des députés sociaux-démocrates
qui voteraient les lois.
Solidarité : des dockers
italiens refusent
de transborder
des marchandises
destinées à la France
GENES, 25 mai. — Les dockers
du port de Savone sur le golfe
de Gênes ont refusé, vendredi,
de débarquer des marchandises
destinées à la France, en si^ne
de solidarité avec les travailleurs
français
Les cargos * Lombardia »
battant pavillon suédois tt
« Schu arzemberg «, allemand,
transportant respectivement de
la cellulose et du manganèse,
n'ont pas été déchargés. Ces
deux cargaisons devaient t-tre
transportées en France par voie
ferrée. — (A.F.P.)
Duel d'artillerie
sur le Jourdain
TEL-AVIV, 25 mai. — Un duel
d'artillerie a mis aux prises ce
matin, de part et d'autre du
Jourdain, pendant une heure et
demie, forces israéliennes et
jordaniennes, a annoncé un
porte-parole militaire israélien.
LES CONVERSATIONS AMÉRICANO-VIETNAMIENNES
QUI EST RESPONSABLE DE L'IMPASfE?
D'UN côté, le bon droit et
la bonne volonté, de l'au-
tre la mauvaise foi... En
dépit de son apparence mani-
chéenne, ce résumé des
conversations américano-vietna-
miennes de Paris correspond
vraiment à la réalité.
D'un côté, en effet, il y a les
représentants d'un peuple qui,
après de longues années de
lutte, avait cru, en 1954, grâce
aux accords de Genève, deve-
nir maître de son destin, voir
son indépendance et son inté-
grité territoriale garanties, son
unité nationale assurée.
De l'autre, les émissaires de
la principale puissance impé-
rialiste qui, en violation délibé-
rée des accords de Genève,
s'est livrée à une agression qui
remet en cause l'existence mê-
me du peuple vietnamien.
D'UN côté la bonne volon-
té, de l'autre la mauvai-
se foi. Avant même l'ar-
rêt de l'agression dont elle est
l'objet, la République Démocra-
tique du Vietnam a accepté le
principe de la rencontre. Ac-
ceptation sincère : on l'a bien
vu lorsque, pour mettre un ter-
me aux tergiversations de
Johnson, les Vietnamiens ont
proposé comme lieu des
conversations une ville que les
U.S.A., pour de multiples rai-
sons, ne pouvaient récuser :
Paris.
Il est d'ailleurs significatif, à
cet égard, qu'au début de cette
semaine la propagande améri-
caine ait pris prétexte des grè-
ves françaises pour poser de
nouveau la question du siège
des conversations et suggérer
qu'il soit transféré hors de no-
tre pays.
Il est pourtant bien évident
que les grèves ne peuvent cau-
ser aucun préjudice aux entre-
tiens. Et le porte-parole vietna-
mien, Nguyen Than Lô, a tenu
pour sa part à déclarer, au
cours de sa conférence de
presse de mardi dernier, que
la délégation de la R.D.V. esti-
mait toujours que la capitale
française convenait parfaite-
ment pour les conversations.
MAIS la mauvaise foi, la
mauvaise volonté amé-
ricaines apparaissent
surtout dans le comportement
des représentants du gouverne-
ment de Washington au cours
des pourparlers eux-mêmes.
La première caractéristique
de ce comportement, c'est
qu'il s'efforce de ne tenir aucun
compte de l'objet numéro un
des conversations, bien que
celui-ci ait été préalablement
précisé à maintes reprises par
les Vietnamiens. Dans de nom-
breuses déclarations officielles
ainsi que dans les messages
échangés en avril avec les
Etats-Unis, le gouvernement de
Hanoi n'avait laissé subsister
aucun doute sur le fait qu'il
faudrait avant tout déterminer
l'arrêt total et inconditionnel
des bombardements et de tout
autre acte de guerre contre la
R.D.V., et qu'ensuite — mais
ensuite seulement — il serait
possible d'aborder la discussion
des questions intéressant les
deux parties.
Or, tout au long des réunions
de l'avenue Kléber, M. Harri-
man, représentant du gouver-
nement américain, s'ingénie à
éluder la question de l'arrêt
des bombardements.
L'essentiel de ses interven-
tions porte sur d'autres sujets.
Il refait à sa manière l'histoire
de la guerre du Vietnam, affir-
me que les Américains étaient
en droit d'envoyer là-bas un
corps expéditionnaire de plus
d'un demi-million d'hommes,
réclame sans vergogne le res-
pect du statut de la zone démi-
litarisée que les Etats-Unis ont
violé et aborde même des pro-
blèmes ne relevant aucune-
ment de la compétence des
conversations de Paris, comme
par exemple le problème du
Cambodge — ce qui provoqua
une protestation motivée du
gouvernement de Phnom-Penh.
Et quand il est tout de même
contraint d'évoquer l'arrêt des
bombardements, M. Harriman
ne le fait qu'en assortissant cet-
te éventualité de multiples
préalables, et quels préalables ?
Ainsi il exige de la R.D.V. une
« désescalade réciproque ».
PAR YVES MOREAU
Ce qui revient à contester au
peuple vietnamien le droit de
se défendre.
LE chef de la délégation
de la République Démo-
cratique du Vietnam,
Xuan Thuy, a vraiment beau
jeu de montrer l'inconsistance
des arguments de son interlo-
cuteur. Le simple bon sens
n'indique-t-il pas que la « déses-
calade » ne peut être le fait
que de ceux qui ont pris des
mesures d' « escalade » ?
M. Harriman n'en persiste
pas moins à vouloir brouiller
les cartes, émaillant son dis-
cours de propos qui d'ailleurs
confirment que, même si la pre-
mière étape des entretiens
vient à être franchie, le reste
sera loin d'être simple.
Toutefois, le refus des Etats-
Unis de cesser inconditionnel-
lement les bombardements du
Nord-Vietnam est actuellement
le grand obstacle C'est en rai-
son de ce refus que les conver-
sations piétinent. C'est ce refus
qu'il faut avant tout surmonter.
Les négociateurs vietnamiens
s'y emploient avec une ténacité
légitime, et avec patience. Leurs
efforts méritent l'approbation
sans réserve et le soutien de
tous les amis du peuple vietna-
mien, de tous ceux nui condam-
nent l'agression américaine et
les crimes dont elle s'accom-
pagne, de tous ceux qui veu-
lent le respect du droit des
peuples et la paix.
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Jumin : 2 bis, rue Artlmr-Ho-
7ier : 24. avenue Mit'hurm-
Moreaii : 52. avenue Jean-Jau-
rès : 118 ru*1 de Flandre
XX- ARR. — S5. rue de Menti-.
montant : 20. rur d'Avron ;
112. rue des Pyrénées ; 361.
rue des Pyrénées : 44 rue de
RePievi'lp : H place de la Por-
te-de-Bagnolet.
Nc 169 — Humanité Dimanche 23
DÉCLARATION DU BUREAU POLITIQUE
DU PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS
Le Bureau Politique du Parti Communiste s'est réuni !e 25 ma!.,
afin d'apprécier les derniers développements du puissant mouvement
populaire en cours et l'allocution du Président de la République.
Le Bureau Politique considère l'ouverture des négociations entre
les centrales syndicales, le Conseil national du patronat français et
le gouvernement comme un premier résultat de la grève engagée et
menée sans défaillance par neuf millions de travailleurs, grève dont
la vigueur et la cohésion se sont exprimées dans les grandes manifes-
tations organisées vendredi par la C.G.T., dans la région parisienne
et dans le pays tout entier. Il réaffirme la solidarité sans réserve du
Parti Communiste avec les ouvriers et les paysans, avec les travailleurs
manuels et intellectuels en lutte pour l'augmentation des salaires et
la réduction du temps de travail, pour l'abrogation des ordonnances
antisociales et le plein emploi, pour les revendications de la paysan-
nerie laborieuse, pour une profonde réforme démocratique de l'Uni-
versité. Les communistes font et feront tout ce qui dépend d'eux pour
que ces exigences légitimes soient satisfaites sans délai.
Le Bureau Politique constate que de Gaulle, dans son allocution,
a éludé ces problèmes urgents et qu'il s'évertue à retarder la fin de
son pouvoir usé et branlant en recourant au référendum. Pour le chef
de l'Etat, il s'agit d'essayer d'obtenir une majorité de Oui en sou-
mettant une question ambiguë au suffrage universel, puis d'inter-
préter le vote comme une approbation de sa politique rétrograde. Le
Parti Communiste Français appelle les Français et les Françaises à se
prononcer contre cette opération plébiscitaire, à dire Non au référen-
dum, à condamner le pouvoir gaulliste malfaisant qui n'a que trop duré.
le Bureau Politique souligne que les formations qui se réclament de
la classe ouvrière et de la démocratie ont pour devoir d'élaborer, sarrs
plus de tergiversations, le programme commun qu'il leur appartiendra
d'appliquer ensemble après l'élimination du système gaulliste. L'en-
tente sur un programme antimonopoliste, hardi et novateur, pouvant
ouvrir la voie au socialisme, éclairera le peuple de France sur les len-
demains et lui inculquera la confiance et l'élan nécessaires à sa vic-
toire. L'absence d'une telle entente contribue à la survie du pouvoir
actuel. Les travailleurs demandent que cette regrettable carence prerre
fin. C'est pourquoi le Bureau Politique propose une rencontre immé-
diate entre le Parti Communiste, la F. G. O.S. et les centrales syndicales
en vue de l'élaboration et de l'adoption rapides du programme, ce qui
donnerait son plein sens, de surcroît, au mot d'ordre de dissolution
de l'Assemblée Nationale et de nouvelles élections.
Le Bureau Politique constate avec satisfaction que la classe ou-
vrière, forte de sa conscience politique et de son organisation, a su
déjouer toutes les provocations. Il appelle les étudiants et les ensei-
gnants à conjuguer leur action pour la réforme démocratique de l'Uni-
versité, pour leurs intérêts légitimes et pour l'indispensable change-
ment politique, avec la lutte de la classe ouvrière. Il appelle les tra-
vailleurs à renforcer jusqu'à la victoire leur action pour les revendi-
cations et pour une démocratie authentique.
Il appelle à multiplier partout les comités d'action pour un gou-
vernement populaire et d'union démocratique.
Le Bureau Politi
du Par?' Communiste
En ce moment de crise profonde du régime de pouvoir personne!, Paris, le 25 mai 1963. 13 h 30.
DERNIÈRES
INFORMATIONS
PAGE 6 :
L'ÉTAT DES
GRÈVES
ET LA SITUATION DANS
LE RAVITAILLEMENT
PAGE 7 :
LES RÉACTIONS
AU DISCOURS
DE DE GAULLE
PAGE 8 :
Ce qui s'est
passé dans la
nuit de vendredi
à samedi
dans les rues
de Paris
V Humanité
VENDREDI : puissantes, confiantes, disciplinées
LES MANIFESTATIONS OUVRIÈRES
De puissantes manifestations organisées- par la C.G.T. et appuyées par le Parti Communiste se sont dérou-
lées vendredi après-midi à Paris et dans diverse-, localités de banlieue Disciplinées, elles ont, montré l*
résolution calme des travailleurs On en lira le récit en pages 10 et suivantes (sur notre photo, Le dé rite,
qui quitte la Bastille pour aller, par la République. Jusqu'au boulevard Hauâstuaiui).
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L'Humanité (Dimanche)
Issue
no.1031
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no.1031