L'Opposition artistique

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I
opposition
a r t i
i q u e
ORGANE DU PARTI COMMUNISTE MARXISTE-LENINISTE DE FRANCE SUR LE FRONT CULTUREL
Mars-avril 1968 — 1,50 F - 20 FB
BIMESTRIEL — N 2 — NOUVELLE SERIE
AU VIETNAM
Un art de libération nationale
voir page 8 et 9
Vers la lutte culturelle dans les entreprises
voir p. 4, 5 et 6
é&Utteat.
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Combs-la-Ville, le 14 janvier 1968
Camarades,
Abonné depuis bientôt un an à votre hebdo-
madaire « L'Humanité Nouvelle », je suis dé-
sireux de remédier à mon insuffisance sur la
connaissance des arts. J'ai pris cette décision
après avoir lu le numéro i du bimestriel
« L'Opposition Artistique », confié par un ca-
marade.
Désormais, je ne suis pins ignorant de l'exis-
tence des deux arts antagonistes qui, vus sous
l'angle politique se distinguent nettement. En
fait, il s'agit du proloagement de la lutte de
classe sur le front culturel : opposition face à
contre-révolution.
En conclusion, je souscris un abonnement de
six mois à votre revue bimestrielle « L'Opposi-
tion Artistique », et remercie chaleureusement
tous les camarades qui, par leurs actions consé-
quentes contribuent efficacement à lever le voi-
le qui masque les intentions contre-révolution-
naires de la clique révisionniste et consorts.
Chers camarades, au regret de vous quitter,
je vous remercie de votre lecture.
Un camarade sympathisant.
Paris, le 8 janvier 1968
Chers camarades,
Je sollicite un abonnement d'un an à « L'Op-
position Artistique » : ci-joint 8 F pour l'abon-
nement et 12 F pour le journal.
Je me permets une suggestion : consacrez
une page du journal à l'Histoire Culturelle du
Mouvement Ouvrier International (aussi des
films de la période socialiste en URSS).
Camarades, recevez la considération frater-
nelle d'un sympathisant du P.C.M.L.F.
S. H.
Albert, le 12 janvier 1968
Chers camarades,
La nouvelle année 1968 s'ouvre sous de bons
auspices pour les communistes du monde en-
tier et notamment pour les communistes de
France avec la création du Parti Communiste
(m-1) de France. C'est là, incontestablement,
une phase historique du communisme fran-
çais, à l'époque où les révisionnistes de Wal-
deck Rochet et autres renégats atteignent une
hystérie sans bornes dans les insultes lancées
à l'égard des véritables marxistes-léninistes et
à l'égard du grand peuple chinois conduit par
le grand guide du XX° siècle, le camarade Mao
Tsé-toung.
D'autre part, je pense que la décision de
faire de » L'Opposition Artistique » l'organe
officiel du point de vue culturel de notre Parti
est une juste décision qui permet d'engager la
lutte sur tous les fronts et qui exige une vigi-
lance révolutionnaire accrue. J'ai vu le dernier
numéro de « L'opposition Artistique » et je pen-
se qu'il s'engage dans une bonne voie : la voie
socialiste.
Chers camarades, recevez mes fraternelles
salutations communistes marxistes-léninistes.
P.S. — Ci-joint quelques poèmes que je vous
soumets.
Parmi les poèmes reçus, nous avons choisi
celui-ci, qui est conforme à l'enseignement du
Président Mao :
« Mourir pour les intérêts du peuple a
plus de poids que le mont Taichan,
mais se dépenser au service des fascistes
et mourir pour les exploiteurs et les
oppresseurs a moins de poids qu'une
plume. »
Un mort
Deux morts
Trois morts
Ce n'est rien
C'étaient des ennemis
De classe
Un mort
Deux morts
Trois morts
Perte irréparable
C'étaient des camarades
Ainsi va la lutte
Des classes
Mais le souvenir
Des camarades tombés
Restera gravé
A côté du mot
VICTOIRE
EDITIONS
DE PÉKIN
POUR COMPRENDRE ET EXPLIQUER
LA GRANDE REVOLUTION CULTURELLE
PROLETARIENNE
— Décision du Comité central du Parti
communiste chinois sur la Grande
Révolution Culturelle Prolétarienne
0,40 F (1,10 F contre envoi)
— La Grande Révolution Culturelle Pro-
létarienne en Chine. Nos 1 à 10.
Le numéro :
0,60 F (1,30 F contre envoi)
— La Dictature du Prolétariat et la
Grande Révolution Culturelle Pro-
létarienne par WANG Ll, KIA Yl-
HSIUE et Ll SIN
0,60 F (1,30 F contre envoi)
— Mener la Grande Révolution Cultu-
relle Prolétarienne jusqu'au bout
0,40 F (1,10 F contre envoi)
— A PROPOS DE LA LITTERATURE
DU REVISIONNISME MODERNE EN
UNION SOIVETIQUE
0,60 F (1,30 F contre envoi)
— LA LUMIERE DE LA PENSEE DE
MAO TSE-TOUNG ECLAIRE
LE MONDE ENTIER
0,60 F (1,30 F contre envoi)
COMMUNIQUE
A ceux de nos lecteurs du précédent numéro
de ce L'O.A. » auxquels, par une erreur des
P.T.T., leurs lettres ont été réexpédiées, nous
présentons toutes nos excuses.
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2 L'OPPOSITION ARTISTIQUE
r
EDITORIAL
MALRAUX PARLE DE CULTURE..
Inaugurant le 5 février dernier, en marge
des Jeux olympiques d'hiver, la Maison de
la Culture de Grenoble, André Malraux a
prononcé l'un de ces discours dont il a le
secret. Lorsque j'étais enfant, l'un de nous
cachait quelques cailloux au creux de ses
deux mains l'une sur l'autre refermées com-
me une coque, les agitait et interrogeait
les autres selon la formule rituelle : « Greli,
grelot, combien ai-je de sous dans mon
sabot ? » Les cailloux s'entrechoquaient
avec frénésie, ça faisait du bruit, là, au
creux des mains, mais allez donc savoir ce
qu'elles contenaient exactement? Il en est
à peu près ainsi des discours de Malraux...
Puisque c'est sa spécialité, le ministre
parle de culture ; aussi de civilisation. De
culture en général, de civilisation en géné-
ral. On sait combien il aime jongler avec
l'abstraction. Habile manière d'esquiver les
vrais problèmes posés par une réalité pré-
cise qui ne lui laisserait pas d'échappatoire
s'il osait l'aborder de front.
Ainsi, lui arrive-t-il de poser des questions
mais de les laisser sans réponse : « Avant
de préciser ce que nous voulons faire pour
la culture dans notre pays, il convient de
nous demander ce qu'elle peut être. » Grave
problème, en effet, mais que le discours
de Grenoble n'a nullement résolu, et pour
cause !
En vérité, Malraux brouille les cartes. C'est
chez lui une vieille habitude. « II est profon-
dément indifférent, pour qui que ce soit
d'entre vous, étudiants, disait-il déjà au cours
d'une conférence prononcée en Sorbonne le
4 novembre 1946, d'être communiste, anti-
communiste, libéral, ou quoi que ce soit,
parce que le seul problème véritable est de
savoir, au-dessus de ces structures, sous
quelle forme nous pouvons recréer l'hom-
me. » L'homme en général, l'homme au-des-
sus des classes, comme l'est la culture,
comme l'est la civilisation. C'est bien com-
mode. Or nous n'oublions pas qu'au contraire
comme le rappelait Mao Tsé-toung dans
ses interventions de Yenan, « dans le monde
d'aujourd'hui, toute culture, toute littérature
et tout art appartiennent à une classe déter-
minée et relèvent d'une politique définie. M
n'existe pas, dans la réalité, d'art pour l'art,
d'art au-dessus des classes, ni d'art qui se
développe en dehors de la politique ou in-
dépendamment d'elle. »
Et quand, après avoir connu sa minute de
vérité en avouant qu'« à maints égards la
culture qui nous est léguée fut celle de la
bourgeoisie », Malraux prétend que « nous
sommes en train de transformer » cette
culture « beaucoup plus que nous le
croyons », nous disons que c'est là une
mystification. Car la culture qui s'élabore
sous nos yeux n'est rien d'autre, encore, que
la culture de la bourgeoisie. Peut-être l'est-
elle même plus que jamais. Elle cessera glo-
balement de l'être seulement le jour où le
pouvoir aura été arraché des mains de la
bourgeoisie. Celle-ci règne encore et les con-
ditions politiques et économiques de son
règne font que la culture, dans la France
d'aujourd'hui, ne peut être autre chose que
la culture bourgeoise. Mao Tsé-toung, auquel
il faut revenir, là encore, s'est longuement
et clairement expliqué là-dessus dans son
ouvrage « La démocratie nouvelle » qui,
pour avoir été écrit en 1940 à propos de la
situation en Chine à cette époque, n'en a pas
moins une valeur universelle. Qui niera, en
effet, que « le despotisme de la bourgeoisie
se traduit sur le plan culturel par le despo-
tisme de la culture bourgeoise » ? Le jour où
notre système politique sera socialiste, le
jour où notre économie sera une économie
socialiste, alors, mais alors seulement, notre
culture nationale pourra avoir un contenu
socialiste. On ne voit donc pas en quoi la cul-
ture, Malraux régnant, pourrait subir une
transformation.
Pour Malraux, pourtant, le facteur décisif
de cette transformation serait la multiplica-
tion des Maisons de la Culture. A l'en
croire, plus qu'une transformation de la cul-
ture, c'est une véritable « métamorphose »
que ces Maisons entraîneraient « en une
génération ». Pour nous le faire croire, Mal-
raux truque les données du problème. La
culture sera-t-elle moins bourgeoise parce
qu'elle aura atteint, au lieu d'une poignée de
gens, onze mille cinq cents personnes à
Bourges et dix-huit mille à Grenoble par le
canal des Maisons de la Culture de chacune
de ces deux villes, puisque c'est là, à l'heure
actuelle, le nombre de leurs abonnés respec-
tifs ? Un mauvais livre cesse-t-il d'être mau-
vais parce que l'institution du livre de poche
permet de le diffuser à des dizaines de mil-
liers d'exemplaire ? Il y a là une singu-
lière corruption de la notion de culture de
masse...
Malraux tire argument, pour sa démons-
tration, du fait que si « Jean Vilar a forte-
ment agi sur le public du Théâtre national
populaire... ce public a fortement agi sur
l'œuvre de Jean Vilar ». Mais cela serait-
il vrai qu'on ne voit pas en quoi, pour l'es-
sentiel, la culture bourgeoise s'en est trou-
vée affectée. Et c'est sur un fameux so-
phisme que s'achève l'apologie par Mal-
raux, des Maisons de la Culture lorsqu'il
affirme : « Avec la nation entière à la place
d'une classe privilégiée, avec les nouveaux
moyens de diffusion des œuvres, la culture
change de nature ». Quelle imposture !
La télévision n'est-elle pas un de ces
« nouveaux moyens de diffusion des œu-
vres » ? Belle occasion de nous montrer
en quoi elle peut transformer, voire méta-
morphoser la nature de la culture ! Or, les
comédies de boulevard sélectionnées par
M. Pierre Sabbagh ont-elles changé de na-
ture du fait même qu'au lieu de réunir huit
cents personnes dans une salle de théâtre
elles sont offertes à dix millions de télé-
spectateurs qui n'y peuvent mais ?
Le fait est que les Maisons de la Culture,
comme la langue d'Esope, peuvent être la
meilleure et la pire des choses. Tout dépend
de ce qu'on trouvera à l'intérieur.
Maître prestidigitateur et démagogue,
Malraux flatte la province et tente de mettre
au compte du régime qui l'a fait ministre
une décentralisation culturelle dont les pre-
mières manifestations ont vu le jour sans
l'intervention des pouvoirs publics et hors
de leur volonté. Et c'est sans attendre Mal-
raux que des initiatives plus ou moins auda-
cieuses ont été prises, sur le plan du théâ-
tre, entre autres, dans des villes comme Vil-
leurbanne, Nancy, Saint-Etienne, etc. Nous
avons ainsi assisté, depuis vingt ans, en pro-
vince, à des expériences souvent moins
conformistes que celles de Paris dans leur
ensemble. Le phénomène peut certes se
répéter avec certains animateurs de telle
ou telle Maison de la Culture. Mais ce ne
peut être là que des phénomènes exception-
nels. Dans une société caractérisée par un
système politique et économique capitaliste,
ce qui est le cas de la France actuelle, de
toutes façons ce ne sont pas des institutions
comme les Maisons de la Culture qui peu-
vent fondamentalement transformer la na-
ture de la culture. Amener un public popu-
laire à un spectacle bourgeois, ce n'est pas
rendre populaire le spectacle mais tenter
d'embourgeoiser le public. A cet égard, les
Maisons de la Culture peuvent au contraire
de ce qu'affirmé Malraux constituer un réel
danger.
Peut-être le ministre a-t-il cru en mettant
comme il l'a fait l'accent sur les Maisons
de la Culture faire oublier la politique obs-
curantiste que le gouvernement et le régime
auxquels il appartient mènent en matière
culturelle ; peut-être croit-il mieux faire ac-
cepter une dictature qu'illustre la récente
affaire de la Cinémathèque ; peut-être pense-
t-il que ces travailleurs qu'il invite à fréquen-
ter les Maisons de la Culture ne se de-
manderont pas où ils trouveront le temps
et la force d'assister à leurs spectacles, de
visiter leurs expositions, d'écouter leurs con-
férences ; peut-être l'auteur de « La condi-
tion humaine » veut-il faire croire que le 13
mai a ouvert l'ère des lumières pour la
France quand les cadres chômeurs sont
de plus en plus nombreux, quand l'ensei-
gnement n'a jamais été aussi sélectif, quand
les diplômés ne trouvent pas de débouchés
au terme de leurs études, quand on n'a
même pas les moyens de mettre en pratique
la scolarisation obligatoire jusqu'à seize ans.
A quoi bon parler de culture gratuite pour
tous quand le droit au repos des travail-
leurs est bafoué, quand les conditions de
travail et d'exploitation leur interdit en fait
tous loisirs de cet ordre ?
Il reste qu'avec les Maisons de la Culture,
Malraux a trouvé un moyen supplémentaire
d'instiller la culture bourgeoise dans la tête
des travailleurs. Car il est impensable qu'el-
les ne soient pas mises au service de cette
culture. Demain, car c'est en avant qu'il
nous faut porter le regard, une autre culture,
une culture prolétarienne, une culture du
peuple, faite par le peuple et pour le peu-
ple, occupera les cimaises et les tréteaux
des Maisons de la Culture. Demain : quand
le pouvoir de la bourgeoisie aura cédé la
place au socialisme, car « une culture na-
tionale de contenu socialiste doit nécessai-
rement refléter un système politique et une
économie socialistes » (1).
Régis BERGERON.
(1) Mao Tsé-toung : « La démocratie nou-
velle ».
L'OPPOSITION ARTISTIQUE 3
VERS LA LUTTE CULTURELLE
(Discussion avec de
Nous reproduisons ici les principaux extraits
d'une réunion qui rassemblait autour d'un micro
l'équipe de rédaction du n" 1 (nouvelle série) de
l'Opposition Artistique, un représentant du ciné-
club Printemps, ainsi que trois camarades Ira
vailleurs de la région parisienne. Après l'examen
des principales critiques que des camarades du
Parti avaient formulées au sujet de ce n° 1 et des
moyens d'y remédier (style pas assez simple, ni-
veau trop élevé pour des travailleurs, il faut pro-
létariser le style pour que le journal puisse vala-
blement s'adresser aux travailleurs, etc.), l'entre-
tien a porté principalement sur la liaison qui
doit être faite entre la lutte culturelle marxiste-
léniniste et le front du travail, ainsi que sur le
rôle que l'Opposition Artistique doit assumer dans
cette tâche.
A la fin de cette réunion, il a été décidé à
l'unanimité d'inclure des camarades travailleurs
dans le comité de rédaction de l'O.A.
Michel. — La lutte culturelle doit sous-
tendre la lutte politique et aider à la compréhen-
sion de la ligne du Parti dans les masses. C'est
extrêmement important. Dans cette mesure, il
faut absolument que la lutte culturelle « colle »
à la lutte politique, et ne se trouve pas a mille
lieues devant ou derrière.
L'expérience culturelle qui a été réalisée sur le
chantier de la grève de Schvvartz-Hautmont où
on a passé un film « Le sel de la terre », dans
lequel on voit des piquets de grève est un exem-
ple à suivre. Aussitôt les travailleurs ont vu
comment on faisait des piquets de grève, ils ont
vu à travers le film ce qu'était une grève, et il
s'est ainsi établi un lien entre la lutte culturelle
et la lutte politique, un lien qui a aidé même la
lutte syndicale. Je crois que c'est extrêmement
important.
De même, dans la mesure où la lutte culturelle
doit « coller » à la lutte politique, les camarades
qui sont le plus à l'avant-garde de la lutte poli-
tique, les camarades qui se battent au niveau de
leur atelier, de leur chantier, de leur usine, doi-
vent y participer. Parce que c'est le meilleur
garant pour éviter de tomber dans le révision
nisme, ou dans le gauchisme. Il y a des risques,
c'est vrai, dans le domaine culturel et artistique :
le risque de gauchisme, le risque de dire, par
exemple : « Ah, maintenant il y a eu la révolution
culturelle », et de vouloir tout bouleverser de
manière mécaniste, dogmatique, incorrecte, à l'in-
tention en fin de compte d'une poignée d'intel-
lectuels. Ce n'est pas ça qui nous intéresse. Ce qui
nous intéresse, c'est que la lutte culturelle aide
à la compréhension de notre ligne politique-
dans les entreprises. Parce que l'objectif principal
de notre Parti à l'heure actuelle, si on veut véri-
tablement édifier le Parti, forger un Parti de type
nouveau, c'est de prolétariser nos rangs. La lutte
culturelle, actuellement, doit tendre aussi vers
cet objectif qui est l'objectif principal.
Un autre point extrêmement important, c'est
que nous nous trouvons, nous, dans un pays où il
y a de très grandes traditions révolutionnaires.
et que ces traditions révolutionnaires, si elles se
sont manifestées sur le plan politique, se sont
manifestées aussi sur le plan culturel : exemple,
la Commune de Paris, où les communards ont
essayé de mener la lutte contre la culture bour-
geoise qui était celle alors du Second Empire.
Aussi, ce qu'il nous faut faire de l'Opposition
Artistique, c'est un organe d'agitation culturelle,
un organe qui permette de donner aux travail-
leurs des armes, c'est-à-dire de faire connaître
aux travailleurs les tilnis qui peuvent les aider
dans la lutte, les chants révolutionnaires que les
ré\ isionnistes ont jetés à la poubelle, etc.
JdC(/ues. — Pour en revenir a l'histoire de
Schvvartz-Hautmont, il faut souligner qu'il y a
surtout là-bas des travailleurs immigrés. Dans
une entreprise comme chez Renault, par exemple.
ce n'est pas la peine d'expliquer ce que c'est qu'un
piquet de grève. Tandis que là. che/ Schwartx-
Hautmont. les travailleurs ne savaient pas. On
leur avait caché qu'il fallait faire des piquets de
grève pour empêcher les « jaunes » d'entrer. Et
les premiers jours les « jaunes » sont entrés. El
c'est grâce a ce film « Le sel de la terre ».
qu'examinant leurs propres conditions de lutte,
les grévistes ont compris que leur chantier étant
immense, il fallait mettre des piquets de grève
à chaque porte. Le délégué révisionniste avait
essayé a un certain moment d'arrêter le film,
soi-disant pour taire l'appel. Mais les travailleurs
ont réclamé : « Le film ! le film ! ». et le film est
passé, et le lendemain ils ont lait des piquets
de grève.
Claude. — Est-ce que ce qui vient d'être
dit — que pour ma part je résumerai dans cette
formule : lier la lutte culturelle marxiste-léniniste
au front du travail — vous apparaît comme la
ligne à suivre pour remédier aux critiques fon-
damentales qui ont été faites au sujet du n" 1
de l'O.A.?
Tous. — Absolument d'accord.
Voila un point positif
Claude. — Parfait,
qui est important.
Suzanne. — Un des aspects de la lutte
culturelle qui est directement lié au front du
travail, c'est la lutte contre le révisionnisme
culturel qui sévit sur les lieux de travail : les ré-
visionnistes mènent une politique culturelle dans
les entreprises, nos camarades la voient tous les
jours, on les encourage à aller voir des pièces,
des films bourgeois ou révisionnistes. Il s'agit de
démasquer tout cela et de trouver des moyens de
lutte. Peux-tu, Jean-Pierre, nous donner des exem-
ples de ce que les révisionnistes proposent aux
travailleurs de ton entreprise pour leurs loisirs ?
Jean-Pierre. — II y a diverses activités cultu
ivlles, il y a >- Loisir et Culture ». par exemple,
qui pour chaque équipe de travailleurs tait
passer un film par semaine. Le programme est
distribué aux travailleurs dans l'usine par des
délègues de « Loisir et Culture », une sorte de
carnet où sont annoncés tous les films pour le
mois. Bien sur, les travailleurs peuvent ou non
aller voir les films, mais le programme leur est
impose : on ne leur a pas demande leur avis. Le
seul film qui était bien, c'était <• Octobre ». Là.
bien sûr, on ne peut pas être contre. Mais, par
exemple, le dernier film que j'ai vu, c'était « La
317e section »... (cri général). Je me souviens
aussi d un autre film « Vivre ». ou il s'agit d'un
gars qui, apprenant qu'il a un cancer et n'a plus
une quelques mois a vivre, se met à <• déconner »
sans que sa famille le sache... (rires). Les gens
qui assistent a ces films (il y en a quand même
lias mal) sont en majeure partie des travailleurs
immigrés, les films sont gratuits, alors ils y vont.
Chaque film est en général suivi de débats. Je
suis déjà intervenu au sujet de « La 317e sec-
tion », pour dire que c'est un film pourri, mais
ils ne nous répondent pas directement : Premiè-
ivmcnt, ils trompent l'assemblée qui assiste au
film, deuxièmement, ils veulent échapper aux
questions qu'on leur pose. Quand on leur pose
une question trop franche, trop vraie, ils sont
complètement déroutés...
Régis. — En fait, !e> révisionnistes vé-
hiculent a la fois la culture et la littérature
bourgeoises, et la culture spécifiquement révi-
sionniste. J'ai participe, il y a quin/e ans — c'était
alors les débuts de « Loisir et Culture » chez
Renault — à l'organisation d'expositions et de
causerie,-;. Aujourd'hui, c'est toujours le Parti
ou la C.G.T. qui organise ces manifestations, de
sorte que c'est toute la marchandise révisionniste
dans le domaine de la culture qui est véhiculée
che/ Renault.
Claude. — C'est l'un des rôles de l'O.A.
de démasquer cette politique culturelle des révi-
sionnistes dans les entreprises, ne serait-ce qu'en
relatant, par exemple, tout ce que vient de nous
raconter Jean-Pierre, car beaucoup de gens l'igno-
rent.
Un autre aspect de la lutte contre la politique
culturelle des révisionnistes dans les entreprises,
ce pourrait être d'organiser des « contre-program-
mes », cinématographiques par exemple, en pro-
jetant des films révolutionnaires devant les tra-
vailleurs, et en faisant suivre ces projections de
débats qui permettraient aux travailleurs de
faire eux-mêmes la comparaison critique entre la
culture révolutionnaire que nous leur proposons
et le programme culturel révisionniste. Nous sa-
vons par expérience que les travailleurs sont
avides de s'exprimer librement sur ces questions :
par exemple en 1964, nous avions organisé une
sorte de débat avec un groupe « Jeunes » d'une
entreprise de la région parisienne. Les travailleurs
avaient été « accrochés », et désiraient renouve-
ler et approfondir cette expérience ; mais nous
n'étions pas alors asse/ nombreux à l'O.A. pour
pouvoir continuer la lutte, et en fin de compte,
4 L'OPPOSITION ARTISTIQUE
DANS LES ENTREPRISES !
jeunes travailleurs)
ce ,v,;nt des neo-trotskystes qui, eux, étant sur
place, sur le terrain, ont pris les jeunes travail-
leur.-; en main...
Jean-Pierre. — Autour de moi. beaucoup de
camarades se rendent compte qu'il est temps de
parer au déversement de l'idéologie bourgeoise
qui, sans interruption, s'abat sur la classe ou-
vrière. Les gars en sont conscients, ils en ont
marre. Chez les jeunes, c'est pareil. On leur pro-
pose des revues pourries comme « Salut les co-
pains » pour les détourner de leurs véritables
problèmes. Il faut se tourner vers les jeunes, parce
qu'en effet, si ce n'est pas nous qui le faisons,
ce sera les trotskards ou les fascistes. Les cama-
rades travailleurs se rendent bien compte qu'ils
sont alourdis par l'idéologie bourgeoise et révi-
sionniste. Et ils cherchent autre chose, mais
quoi ? Cela, ils n'en savent rien encore.
Claude. — Un exemple significatif m'a
été donné, il y a quelques années, par un jeune
travailleur. Je lui demandai : « Qu'est-ce que tu
écoutes quand tu rentres du boulot ? » II me re-
pondit : « Moi, j'écoute Aznavour ». Je lui dis :
« Tu aimes ce machin-là ? •> A quoi il répli-
qua : « Moi. au début, A/navour, je n'en voulais
pas. C'est au bout de deux ans que j'ai fini
par l'aimer. On donne le même disque tous les
jours, à la fin tout le monde le chante, tout le
monde le siffle, et puis on l'achète, et c'est fini »...
Mozart, ça l'empoisonnait, et pour cause. Il m'avait
dit : » Une seule fois je me suis intéressé à la
musique classique, mais quelqu'un avait voulu
nous faire une leçon là-dessus et en une heure il
avait réussi à m'en dégoûter pour la vie. Ai:
moins Aznavour, on ne cherche pas à me l'expli-
quer... Mozart, on n'a pas le temps de s'y faire.
On n'est pas fait pour. On n'a pas été formé
pour. » Bref, au bout de quelques années, à ce
régime, le gars sentait qu'il pataugeait, il était
plein d'Aznavour et il croyait qu'il n'y pouvait
plus rien. Cela signifie pour nou.s qu'il y a un
travail urgent à faire auprès des jeunes travail-
leurs. Si nous ne le faisons pas, ils iront voir des
James Bond, ils écouteront des Aznavour ou cies
Halliclay, ils s'occuperont davantage des Jeux
Olympiques de Grenoble, par exemple, que de la
guerre au Vietnam, et alors, il sera très difficile
de récupérer ces travailleurs-là. C'est dans ce
sens qu'il faudrait agir aujourd'hui et agir vite.
Régis. — Un problème qui devrait aussi
aussi nous préoccuper, c'est celui des maisons de
la culture et clés maisons de jeunes, où il serait
intéressant de procéder à des enquêtes.
Paul. — Avec quelques camarades, nous som-
mes allés dans une auberge de jeunesse du côté
de Taverny. Il y avait là des jeunes de 25 ans,
parmi lesquels des travailleurs manuels et ce
qu'on pourrait appeler des « cadres inférieurs »,
tous étant dans la période où l'on pense à se ma-
rier (si on ne l'est déjà), et où l'on sent que l'on
commence à se « faire bouffer » par la société.
Compte tenu de cela, ils nous ont dit, certains
cherchant une perspective : « Venez donc nous
passer un film chinois et nous parler de la ré-
volution culturelle ! » Autrement dit, il y a un
besoin, mais la difficulté c'est de recenser d'abord
les demandes et d'y répondre. A ce sujet, j'ai
discuté avec un camarade qui avait participé à
un stage C.G.T. au cours duquel on lui avait fait
visiter je ne sais plus quel musée, avec respon-
sable C.G.T. préposé à la culture. Là, au contraire,
on ne tenait pas compte de ses goûts ni de ses
besoins et on lui expliquai! que s'il n'avait rien
compris, c'est parce qu'il ne taisait pas l'eltort
suffisant...
Bernard. — La C.G.T. nou.s envoie aussi des
(' artistes ». certains sont venus présenter des
couvres de Picasso, etc. et quand mon délégué
syndical a dit : « Moi je ne comprends rien à et
truc », on l'a traite d'ouvriériste! I rires).
Régis. — Dans notre lutte culturelle il
faut envisager deux étapes : l'étape de démo-
lition, qui consiste à laire la critique de ce qui
est propose aux travailleurs, et ensuite la deuxiè-
me étape, qui consiste dans l'examen des pro-
positions et des besoins exprimés, et qui est l'étape
la plus difficile à atteindre, car il faut la susciter,
il l'a ut pousser les travailleurs à exprimer leurs
besoins, et ça n'est pas facile parce qu'ils ne
pressentent pas toujours ce que peut être une
cuKure autre que celle qu'on leur offre. Il fau-
drait donc essayer de recenser les programmes
d'activité des maisons de jeunes et des maisons
de la culture, puis les étudier, les analyser, en
dégager les lignes de lorce constantes, compte
tenu du fait que certains animateurs sont sociaux-
démocratcs, d'autres, révisionnistes, etc. Il sera
a'ors possible de passer a la première étape, celle
de démolition, après quoi nous pourrons faire des
enquêtes sur place en choisissant les maisons
les plus intéressantes, celles qui auront fait un
premier pas vers ce que leurs spectateurs atten-
dent. Nou.s pourrons organiser des colloques avec
des participants... Il me semble que cela devrait
être un de nos soucis.
Jean. — Je pense qu'il ne faut pas trop axer
notre critique sur les maisons de la culture. Il
y a près tic chex moi une maison de la culture,
et je puis certifier qu'il n'y a pas plus de cinq
ouvrier; qui y ont jamais mis les pieds. Il y a des
jeunes, effectivement, mais ils appartiennent à
certaines couches de l'aristocratie ouvrière, ils
sont embourgeoisés, ils jouent aux petits-bour-
geois... Que font donc les autres travailleurs ? Ils
regardent la télé, ou ils vont dans un cinéma
de quartier où l'on passe de vraies saloperies.
C'est contre cela que nou.s devons d'abord lutter.
Paul. — II semble que les besoins culturels
soient chez les jeunes particulièrement impor-
tants. Dans les entreprises, ce sont surtout les
jeunes qui participent aux activités culturelles.
Et si les maisons de jeunes existent, c'est parce
qu'il y a ce besoin. Des rapports pourraient être
laits sur ces activités culturelles, sur ce qu'elles
proposent aux ouvriers. Il faudrait qu'il y ait des
correspondants ouvriers qui racontent dans l'O.A.
comment les comités d'entreprise organisent les
activités de loisir, et que des critiques soient
développées à partir de là. Il est vrai que les
activités culturelles des maisons de jeunes, com-
me celles des municipalités révisionnistes ou
sociales-démocrates, attirent surtout les travail-
leurs qui sont les plus influencés par des idées
petites-bourgeoises. Quant aux comités d'entre-
prise qui organisent des activités culturelles, ils
n'attirent pas, eux non plus, le nombre d'ouvriers
qu'ils voudraient attirer. Cependant, c'est en se
fixant pour objectif de porter notre critique sur
ces activités culturelles, que la prolétarisation de
l'O.A. pourrait être atteinte. Cette rubrique des
correspondants ouvriers serait amenée à se déve-
lopper peu à peu et à jouer le rôle de guide et
de conseil auprès des jeunes travailleurs.
Jean-Pierre. — Pour l'O.A., il faudrait faire ap-
pel à la participation de la classe ouvrière. I!
y a des travailleurs qui écrivent des poèmes,
des articles, des critiques de films, et il serait
important de savoir dans quel sens ils compren-
nent tout cela. Il faudrait un journal fait avec
des ouvriers.
Jacques. — Mais il y a deux sortes de films :
il y a ceux qui passent au quartier latin par
exemple, et il y a les films commerciaux qui sont
diffusés dans les quartiers populaires...
Jean-Pierre. — C'est pour ça qu'il devrait y
avoir dans l'O.A. une critique pour chacun de ces
films.
Claude. — Donc, à ton avis, Jean-Pierre,
une façon pour l'O.A. de répondre actuellement
aux besoins de tes camarades, c'est de les lais-
ser s'exprimer eux-mêmes dans ces colonnes.
C'est en s'exprimant librement eux-mêmes que les
travailleurs comprendront peu à peu ce qu'il
leur faut, et ce qui cloche dans ce qu'on leur
propose de toutes parts. Autrement dit, tu ne
peux affirmer dès maintenant : « Voilà, c'est cela
qu'ils veulent ! », maïs une chose te paraît sûre,
c'est que c'est à eux de faire certaines critiques
de films, de s'exprimer au sujet des sports, des
chansons, et aussi, pourquoi pas, de Mozart ou
de l'art abstrait, etc. Il me semble, de plus, en
plus, que c'est au cours même de cette étape de
critique que des éléments positifs apparaîtront
déjà aux travailleurs comme le premier aspect
du contenu général de leurs véritables besoins
culturels, comme les premiers signes d'une cul-
ture autre, que leur conscience de classe pressent
encore aujourd'hui sous une forme de caractère
généralement négatif.
Jean-Pierre. — II faut commencer la lutte cul-
turelle, il n'y a pas de problème. A travers tout
ce que j'ai vu jusqu'à présent à l'usine, à l'ate-
lier, je peux dire que la plupart des camarades
se rendent compte de la situation et qu'il faut
agir.
L'OPPOSITION ARTISTIQUE 5
«ou DES mnmm
TANT D'ANNÉES
De nos jours, tu retrouves l'esclavage
Les chaînes d'autrefois ne furent jamais brisées
Chaque fin du mois tu t'interroges
Voyant ton pouvoir d'achat diminuer.
Les bourgeois, eux, te promettent
Qu'une « société nouvelle » se crée
Où chacun suivant ses mérites
Pourra aisément évoluer.
Mais toi, tu n'est pas dupe
Car tu sais très bien ce qui te prend
En fait de mérites
C'est le chômage qui t'attend.
L'entretien de ta famille
Je demande de plus en plus d'argent
Et pourtant, tu ne peux satisfaire
A l'éducation normale de tous tes enfants.
Le Capital avide de richesses
Saigne à blanc les ouvriers
Tue tes gosses, en fait ce qui l'intéresse
C'est d'en faire de la main-d'œuvre boi
bon inarcht
Alors, tu te demandes
A quoi servent tous ces partis de gauche, tous ces syndicats
Oui ensemble, osent encore prétendre
Qu'ils défendent ton cas.
1 u t'aperçois que le temps passe
Et même, dans les meilleurs des cas
En fait, depuis la Commune
On en est encore là.
Abandonné dans la tourmente et démoralisé
Tu donnes malgré tout, ta confiance
A tous les traîtres du mouvement ouvriei
Mais d'eux, c'en est fini, tu n'as plus rien attendre.
Mais, sais-tu. Prolétaire
Cite notre Drapeau Rouge, tant bafoué
Est relevé bien haut, par des militants sincères
Derrière eux, tu dois t'engager.
Sans tarder, passons à l'attaque
Combattons sans pitié toutes idéologies
Dans le combat classe contre classe
J\'ous vaincrons la bourgeoisie.
J.-P. C.. ouvrier RNUR
T.-P. C.. ouvrier ANUR
A partir de ce numéro, nous consacrerons une
rubrique à des poèmes, caricatures, dessins, etc.,
réalisés par des camarades travailleurs. Nous
espérons recevoir de nos lecteurs ouvriers un
grand nombre de travaux militants, afin que
puisse se faire ouvertement entendre, sur le
front culturel aussi : la voix des travailleurs.
NOTRE BANNIÈRE
Le soir, le Drapeau Rouge s'est assombré
Car l'un des nôtres est tombé pour la cause
Mais qu'importé, il reste le souvenir
II sera vengé, comme les autres.
O
Demain, il claquera aux grands vents
Par l'arrivée de forces nouvelles
Et dans ses plis, nous puiserons
L'enthousiasme nécessaire.
Derrière, tous les militants sincères
Iront jusqu'à l'abnégation
Pour un but, à tous nécessaire
Qui s'appelle : Révolution.
Demain, bien haut il sera hissé
De partout, à travers notre cher pn\s
Et le peuple de France, enfin libéré
Pourra forger son avenir.
J.-P. C.. ouvrier RNUR
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MISE AU POINT .'
(Suite de la page 12)
Ce qu'il est donc concevable de promouvoir,
dans nos conditions actuelles, c'est l'essor et le
développement d'un nouvel art et d'une nouvelle
littérature révolutionnaires, de caractère militant
et prolétarien. Essor et développement qui, étroi-
tement liés à la lutte politique, impliquent la prise
de conscience et l'utilisation d'un mode de pensée
marxisterléniniste, fondamentalement matérialiste
et dialectique.
3. Au sujet des remarques sur l'article « Guer-
nica, tableau pacifiste de Picasso » :
— Est-ce un « acte politique » si positif comme
le laisse entendre notre correspondant que de réa-
liser « Guernica » en 1937 avec une technique « an-
tiréaliste » — si tant est que ce fut alors l'intention
de Picasso — à l'époque où Staline en U.R.S.S. en-
courageait le réalisme socialiste ?
— Etait-ce un « acte politique » positif de la part
de Picasso que de n'être pas encore communiste en
1937, à l'âge de 56 ans?
— S'il e.st vrai que dans les conditions où cette
toile avait été alors exposée (encadrée de drapeaux
républicains espagnols), Picasso prenait parti contre
la Radio fasciste de Salamanque, il n'en demeure
pas moins évident que considérée dans son con-
tenu objectif, cette toile ne comporte aucune pré-
cision « politique » quant à l'origine — nazie ou
« rouge »? — de l'agression. C'est dans cette me-
sure que l'on peut parler de pacifisme absolu à
propos de « Guernica ».
— Si notre correspondant est évidemment plus
j heureux dans son choix lorsqu'il rappelle les vœux
du Président Ho Chi Minh à l'occasion du 80" anni-
versaire de Picasso, il l'est beaucoup moins, par
contre, lorsqu'il nous rappelle ces propres paroles
de Picasso : « Je n'ai pas l'intention de soumettre
ma vie aux lois qui gouvernent vos existences bour-
geoises ». Ici, qu'il nous soit permis de rire, car en-
fin si les exigences révolutionnaires de Picasso
dans le domaine affectif lui font mettre l'Espagne en
exil au-dessus des valeurs familiales, il n'en est pas
moins vrai qu'il a soumis sa vie d'artiste aux « lois >•
des collectionneurs capitalistes et de leurs « existen-
ces bourgeoises ». Picasso est le type de l'artiste
bourgeois intégré au marché capitaliste ,et ce n'est
pas parce que de temps en temps, pour maintenir
sa réputation de « communiste », il affiche son
Amours de la Paix et de l'Humanité en produisant
et offrant une œuvre « engagée » qu'il apparaîtra
jamais à un vrai communiste comme un artiste révo-
lutionnaire.
— La bourgeoisie n'aurait pas fait de l'individu
Picasso un « monstre sacré de l'Art » s'il n'avait
eu au départ, de sérieuses dispositions...
Ainsi, dans le film de CloUzot « Le mystère Pi-
casso », on a pu voir à quel degré de cabotinage
« l'individu Picasso » vieillissant était parvenu,
à force d'entraînement.
Les marxistes-léninistes qui justement établis-
sent une nette ligne de démarcation entre eux
et les révisionnistes dans tous les secteurs, y
compris dans le secteur artistique, ne sont pas
dupes : les « monstres sacrés de l'Art » seront
eux aussi balayés !
Claude Laloum et Suzanne Bernard:
6 L'OPPOSITION ARTISTIQUE
PIF : La voix de son maître (révisionniste)
A quoi sert « Pif le chien » ?
A amuser les enfants ?
Quels enfants ?
« Pif le chien » est édité par les éditions Vail-
lant du P.C.F. Par conséquent on pourrait s'at-
tendre à ce qu'il s'adresse aux enfants des
ouvriers et qu'il les éduque dans l'esprit du
communisme. Bien sûr il n'en est rien.
A première vue il n'y a aucune idée politique
dans Pif. En réalité elles existent, évidemment,
mais bien camouflées. Bien que les personnages
soient des animaux, il est clair qu'ils représen-
tent des hommes. Et en y regardant de plus
près on s'aperçoit que deux sortes d'idées sont
développées :
1°) POUR «REUSSIR» IL SUFFIT D'ETRE
ASTUCIEUX, INTELLIGENT, MALIN, etc...
Par exemple : Pif dessine à la peinture sur
le trottoir une bouche d'égout grande ouverte.
Un passant s'approche en lisant son journal.
Au moment où il va marcher sur la fausse
bouche d'égout Pif le retient par manche. Le
passant croit avoir échappé à une chute dans
un égout et récompense Pif : une saucisse.
Une telle bande dessinée est amusante évi-
demment, mais le sens politique est très net :
il suffit d'être astucieux et peu scrupuleux pour
gagner facilement sa vie et se faire une « pla-
ce au soleil». Une saucisse pour le chien; un
gros salaire pour l'ouvrier astucieux.
Autre exemple : Pif a des puces. Il dit : « on
va jouer à passe-moi tes puces», s'approche
d'un autre chien et lui passe ses puces en di-
sant : «chacun son tour vieux frères!». Ainsi
Pif justifie la loi de la jungle : j'ai des ennuis,
je m'en débarrasse en enfonçant mes camara-
des.
On pourrait citer bien d'aatres exemples qui
montrent que la morale de Vif est la suivante :
il n'y a de salut qu'individuellement. Il suffit
d'être astucieux, malin, intelligent, persévérant,
débrouillard, etc... pour « réussir » et s'« élever
dans la société » (en enfonçant ses frères de
classe, bien sûr). Bref c'est la théorie bien
connue des Yankees sur la « promotion socia-
le ». Par exemple, ceux-ci prétendent que Rocke-
feller est devenu milliardaire à force d'astuce,
persévérance, etc..., et à partir de rien.
2°) LA DEUXIEME IDEE DE PIF LE CHIEN
EST LA SUIVANTE :
II faut parfois (et même souvent) se contenter
de son sort, sinon on risque de l'aggraver.
Un exemple : II fait froid ; Pif dit : « ma ni-
che est sans feu ». Il installe un poêle dans
sa niche, l'allume, mais le feu prend à la niche
et la détruit. Il ne reste que le poêle et Pif dit :
« il y a du feu sans ma niche». Moralité : vou-
loir améliorer ses conditions de vie ne sert à
rien.
Ou bien encore, voici une autre façon de
présenter cette idée réactionnaUe : A quoi bon
faire le malin ; lorsqu'on est le plus faible, on
le restera toujours ; vouloir se révolter malgré
tout ne fait qu'aggraver son cas. Ainsi cette
bande dessinée : Pif va se faire piquer par une
guêpe. Il arrive à la chasser et saute de joie.
Peine perdue : c'est tout un essaim de guêpes
qui revient l'assaillir ; et il est piqué de toutes
parts. Moralité : il ne faut pas se révolter.
Apparemment les deux idées réactionnaires
de Pif (il suffit d'être astucieux pour « se faire
sa place au soleil», et, il faut se contenter de
son triste sort) sont en opposition.
Mais en réalité elles se complètent parfaite-
ment dans l'esprit de la théorie bourgeoise de
la «promotion sociale». En effet, les bourgeois
sont bien obligés de convenir que l'exemple de
Rockefeller est rare et quo le plus souvent,
seuls les fils de la bourgeoisie peuvent devenir
milliardaires. C'est pourquoi ils ont inventé une
deuxième théorie de la «promotion sociale».
Cette fois ils accordent que l'ouvrier ne peut
devenir milliardaire d'un seul coup, même s'il
est astucieux, audacieux, intelligent, etc... Mais
s'il sait en plus être « raisonnable » ne pas se
révolter outre-mesure, se contenter le plus sou-
vent de son triste sort, alors ses petits-enfants
ou les enfants de ceux-ci seront milliardaires.
C'est de la « promotion sociale » étalée sur plu-
sieurs générations, c'est-à-dire en fait de la
collaboration des classes.
Bien entendu Pif propage cette théorie du
«juste milieu». Par exemple: Pif reçoit d'une
chèvre un bon coup de corne dans les fesses.
Il est astucieux ; donc il dessine sur un mur
son portrait dans l'espoir que la chèvre va venir
se fracasser la tête en croyant frapper à nou-
veau Pif. Au dernier dessin la chèvre a bien
heurté le mur, mais sans mal pour elle :
contraire, le mur s'est écroulé en enseve-
lissant Pif. Moralité : Pif a vu trop grand,
son astuce s'est retournée contre lui. Il aurait
mieux fait d'être « raisonnable » et de se laisser
impunément maltraiter.
On pourrait nous reprocher d'aller chercher
la petite bête. Mais en fait, à peu près toutes les
bandes dessinées de Pif sont de cette eau. Mises
bout à bout, ajoutées au « Bonsoir les petits »
de la télé (où le marchand de sable s'appelle
« patron » comme par hasard) aux illustrés y an-
Échange de bon procédé
127
kees, aux disques pour enfants, et autres trou-
vailles, et ceci jour après jour, heure par heure,
toutes ces petites doses d'idées et de propagande
bourgeoises constituent une formidable intoxi-
cation pour les enfants.
Or, chacun sait bien que ce sont les idées que
l'homme reçoit dans son enfance qui restent
le mieux gravées dans son esprit. La bourgeoisie
le sait fort bien aussi. On pourrait dire, en re-
prenant ses propres mots qu'elle fait subir aux
enfants des ouvriers, paysans pauvres et em-
ployés un véritable « lavage de cerveau » afin
d'effacer à chaque minute ce qu'à chaque mi-
nute ils peuvent voir et comprendre de l'exploi-
tation capitaliste à la maison, dans la rue, à
l'école et les orienter vers la collaboration de
classes, en leur farcissant la tête d'idées réac-
tionnaires.
Que les faux communistes de la direction du
P.C.F. viennent ajouter leur eau à ce moulin
ne peut plus étonner. Quand on pratique la
« collaboration pacifique » avec l'impérialisme
US, la collaboration de classes à l'entreprise, la
collaboration avec la police au cours des mani-
festations, il est normal qu'on essaie à tout
prix d'apprendre aux enfants la collaboration
de classes.
De même chez nous, les camarades ne doi-
vent pas négliger l'éducation des enfants dans
l'esprit du communisme, dans l'esprit de « ser-
vir le peuple ». Ce sera également une tâche de
notre Parti.
Si nous ne nous occupons pas de leur éduca-
tion, les autres le feront à notre place, c'est-à-
dire, les faux communistes du P.C.F. révision-
niste ou les fascistes.
LA CRITIQUE REUISIOdlllSTE
AU SERUICE DU
fiHnOSTERISNIE AMERICAIN
Les déclarations d'Arthur Penn, que reprodui-
sent Les Lettres Françaises du 31 janvier 1968
avec force commentaires approbateurs, ne lais-
sent aucun doute sur l'idéologie anarcho-fasciste
du réalisateur de Bannie et Clyde, en môme temps
que sur l'idéologie révisionniste des Lettres Fran-
çaises dont les critiques de service nous disent
avoir aimé beaucoup ou passionnément le film.
Dans Bonnie and Clyde, déclare Arthur Penn,
l'individu découvre l'humiliation économique, so-
ciale, morale que lui fait subir la société. Que
font Bonnie et Clyde ? Ils font la guerre à cet
état de fait pour trouver leur identité. C'est le
front populaire de la libération individuelle.
Ainsi, M. Penn (qui n'approuve ni ne désap-
prouve ses héros) nous montre-t-il comme moyen
de lutte contre l'humiliation économique, sociale,
morale des années 30 aux USA, le recours au vol,
au meurtre, bref au gangstérisme américain
traditionnel. Ses héros-gangsters deviennent mê-
me de véritables modèles révolutionnaires (!)
pour les pauvres paysans américains qui subis-
sent, eux, passivement la crise de l'époque. Ce
contre quoi, bien sûr, Les Lettres Françaises se
gardent bien de réagir, en disant au contraire
que ils (Bonnie et Clyde) se situent au-delà de
la morale, dans l'inconscience et la candeur, et les
paysans que la crise a transformés en miséreux...
les craignent moins qu'ils ne les respectent et les
admirent secrètement parce qu'ils défient ouver-
tement l'ordre établi...
Mais depuis l'époque où se situe le film, les
choses ont changé outre-Atlantique, et Les Lettres
Françaises nous apprennent qu'aujourd'hui, la
crise du système américain n'est plus comme hier
économique (chacun sait que tout va au mieux
pour le peuple américain, que la prospérité et
l'aisance matérielle régnent pour tous, Blancs ou
Noirs, etc.) mais morale (!). Les Bonnie et
Clyde d'aujourd'hui auraient donc troqué la mi-
traillette vieux style des années 30 contre la clo-
chette du hippie. Et Les Lettres Françaises de
saisir ce prétexte pour défendre le film et eau
tionner leurs arguments révisionnistes : Une
rumeur de légende a précédé le film d'Arthur
Penn. Son succès est immense aux USA, surtout
parmi les jeunes : hippies, partisans de la paix
an Vietnam, antiracistes militants, ont vu dans
les deux « héros » essentiellement l'incarnation
d'une révolte absolue et d'un défi social qui cor-
respondent sans doute, dans la grave crise mo-
rale que traverse actuellement l'Amérique, à leur-
propre sentiment de dégoût et de refus d'une
« grande société » dont l'illusion craque de toutes
parts.
Ainsi Les Lettres Françaises ne manquent-elles
pas de s'associer au chœur hippie pour entonner
le refrain de l'anarchisme pacifiste petit-bour-
geois. Et c'est par un véritable tour de passe-
passe qu'elles escamotent le caractère de violence
contre-révolutionnaire du film, en concluant sur
ce qui pour elles représente la « morale » de
l'histoire : Peut-être n'est-ce pas vraiment un film
sur la violence, mais bien une merveilleuse, simple
et tendre histoire d'amour!....
Le n" 14 de Etudes vietnamiennes
« LITTERATURE
ET LIBERATION NATIONALE
AU SUD-VIETNAM5»
est encore disponible
au siège de
l'Opposition Artistique
Passez vos commandes !
Le n°: 3 F
L'OPPOSITION ARTISTIQUE 7
LITTÉRATUR
au SUD-
(extraits de Etudes
UN PUBLIC EN OR
Sur tout le territoire du Sud Vietnam, à n'importe quel
moment, une bombe américaine ou un obus d'artillerie peut
tomber sans aucun avertissement. Mais à tout moment, dans
les régions libérées, dès Qu'il y a uni' soirée artistique, une
représentation théâtrale ou de cinéma, la foule afflue.
Prenons par exemple le district de Cuclii. An cours d'un
campagne de ratissage, les A7nericains ont déverse sur quel-
ques communes à 20 km de Saigon 180.000 obus en un seul
mois, de tous calibres, de 105 mm à 203 mm : des centaines
d'avions, y compris les B 52. ont bombarde à outrance le
pays et pas un arbre — je ne parle pas des maisons — n'est
resté intact. La population, réfugiée sous terre, s'accroche ai'
terrain et inflige des coups sévères aux colonnes américaines
qui y pénètrent.
Mais à Cuclii. pendant la campagne Ce ratissage, les ac-
tivités artistiques ont continue. Presque simultanément avec
les troupes américaines sont venus des groupes d'opéra-
teurs de cinéma, l'Ensemble artistique pour la Libération
avec eux, des artistes et écrivains connus, dont Hin/nh Minh
Sieng. président de l'Association des Artistes pour la Libé-
ration, et le poète bien connu Gien Nain.
Là où une représentation, doit avoir lieu, des gens vien-
nent dans la journée creuser des abris : le soir, les familles
s'amènent et, installés dans ces abris, assistent au spectacle.
Il y a toujours foule. Parfois un obus tombe, mais les per-
sonnes légèrement blessées refusent souvent d'aller se faire
soigner pour pouvoir rester jusqu'à la fin du spectacle. Une
équipe médicale est d'ailleurs prête à donner sur place des
soins aux blessés.
Rendons-nous maintenant à la rivière de Saïgon par la-
quelle les bateaux venus de la mer accèdent jiisquà ce port.
Les Américains y effectuent des patrouilles quotidiennes, des
ratissages fréquents, sans pouvoir empêcher de nombreuses
attaques des forces de libération contre leurs bateaux. Sur
les deux rives, c'est un marais pour ainsi dire ininterrompu
où ion patauge dans une boue compacte, avec Ces myriades
de moustiques. Pour servir les guérilleros qui y font la chasse
aux bateaux américains, des groupes artistiques dressent des
scènes d'occasion, souvent installées sur des barques assem-
blées les unes aux autres. Les spectateurs restent debout des
heures durant, les pieds dans la boue, les jambes et les cuis-
ses enduites d'une couche de boue pour se protéger des pi-
qûres de moustiques.
Ainsi est le public sud-vietnamien dans les régions libé-
rées, passionne d'art au point de défier la mort, d'endurer
les pires épreuves. Des familles entières font dix, quinze kilo-
mètres à pied, avec le risque d'être écrasés par un obus,
pour assister à une représentation théâtrale.
Pendant la fête du Têt 1966, l'ensemble artistique de
la province de Longan a joue devant environ 20.000 specta-
teurs venus de la ville, et parmi eux nombreux sont les
fonctionnaires, soldats de l'administration fantoche. Jamais
aucune représentation artistique organisée par les fantoches
de Saïgon n'a attiré une telle foule, le public saïgonnais
étant complètement dégoûté des chants, danses, pièces ins-
pirés par les services américains de la guerre psychologique.
AVEC LE PEUPLE,
A LA POINTE DU COMBAT
Par groupes de cinq, ou de sept, les artistes se depla-
sent donc avec leurs instruments de musique, leurs effets
personnels, leurs armes, pénètrent dans tous les coins, sui-
vent les troupes en marche, les guérilleros dans leurs posi-
tions de. combat, la population sur les lieux de son travail.
Ils se glissent dans les abris souterrains, les boyaux de. com-
munication, vont jusque sur les champs de bataille, se pro-
duisent devant des artilleurs en position. Entre deux repré-
sentations, ils mènent la vie des combattants, creusent des
abris, préparent des repas, raccommodent des vêtements
pour les combattants, s'occupent des blessés. Quand les cir-
constances le permettent, ce sont de véritables troupes Ce
50 à 70 personnes qui se déplacent avec un répertoire varié.
Ecrivains, auteurs dramatiques, peintres, cinéastes, chanteurs
acteurs, tous mènent cette vie militante, cherchent à coller
le plus prés possible aux réalités d'un combat multiforme et
acharné.
Les cinéastes, au risque de leur vie. suivent de près les
opérations et les combattants. Les cinéastes pénètrent éga-
lement dans les villes occupées par l'ennemi pour filmer les
luttes politiques ou armées de la population. Un opérateur
o pénétre mène dans un aérodrome ennemi pour ij nlmer
les décollages et atterrissages d'avions. Les conditions dans
lesquelles ont et. réalisés ces filins ne leur permettent pas
d'atteindre un niveau technique élevé, mais leur valeur docu-
mentaire et historique sont inégalables.
Au cours de l'opération Cedar Fallu < janvier 19671. les
Américains ont rase avec leurs bulldozers la bourgade de
Bensuc qui abrite environ 10.000 habitants. Mais les forces
de libération et la population ont rinosté énergiquement. et
le" liabitants de Bensuc sont rapidement rentres dans Icif
bourgade pour y restaurer leurs demeures. Immédiatement,
l'ensemble artistique Libération est venue donner une repr,.-
sentaticn de la pièce « La Terre », ce oui a suscité l'entho"-
siasme de tous, et renforcé la détermination de la population
à s'accrocher à leur cité.
La population ne se contente nus d'assister à des spec-
tacles. Elle crée partout des grounes artistiques, qui souvent
.'omposent eux-mêmes les numéros qu'ils jouent. Un grand
mouvement oui englobe de vastes couches de la population
SL> développe à travers les régions lib: rces. tant est vif le
besoin (^'exprimer, de dire les sentiments, la haine, l'espoir
les aspirations qui habitent les c'jeurs. L'art devient un be-
soin, une nécessité vitale, l'expression artistique est insépara-
ble de la lutte pour la liberté.
Prenons par exemple la commune de .17.. province de Lon-
gan. Mac Namara a choisi cette province avoisinante de
Sa'igon comme un des secteurs-clés de la « pacification ».
Les ratissages, bombardements et pilonnages d'artillerie sont
donc fréquents. La commune n'en possède pas moins trois
groupes artistiques : un forme par des adultes, les deux au-
tres par des enfants. La formule est « scène en terre battue.
lampe à pétrole ». c'est-à-dire qu'on doit être prêt à jouer
partout, dans une cour, sur une route, à la lueur d'une lampe
à pétrole. Même quand l'ennemi contrôlait encore une par-
tie importante de la province, à une époque où presque tou.-i
tes habitants de la commune à tour de rôle étaient détenus
par l'ennemi, les groupes artistiques jouaient. Sur les 164 nu-
mcros du répertoire. 76 ont été composés par des auteurs
locaux.
Faut-il informer la population d'une victoire, diffuser une
directive du Front, attiser la haine ou l'enthousiasme de la
population, aussitôt nos artistes se mettent à créer des chan-
sons, des sketches. des danses, et. à la suite d'un effort col-
lectif intense, les groupes les jouent devant un public pas-
sionné. Les répétitions peuvent durer quelques jours ou sim-
plement un quart d'heure. Une fois, le groupe <'.st venu dans
un hameau où. la nuit précédente, un pilonnage d'artillerie
a tué une famille de sept personnes. A"rès avoir visité le lieu
et parle à la population, le groupe s'est aussitôt inis à
l'œuvre. Une petite pièce « La Dette de Sang » fut aussitôt
montée .devant des milliers de spectateurs jr< missants de
haine. Des combattants se sont écries : « Vengeons nos
Yankees ! » Toute la population a
larmes aux yeux. L'es jetés, comme
des occasions pour nos artistes de
la création
compatriotes ' Mort aux
assisté au spectacle, les
les mariages sont aussi
servir la population, qui participe directement
des œuvres.
ECRIVAINS ET ARTISTES DU PEUPLE
Nos écrivains et artistes sont des combattants comme
les autres. Depuis 1945. la population sud-vietnamienne lutte
pour sa libération. Qu'on soit simple combattant ou com-
mandant-en-clief, guérillero ou écrivain, personne n'a ja-
mais touclié un appointement quelconque. tous vivent avec
l' peuple, participent à la production, partagent avec lui
misères et joies. Comme tout le monde, l'artiste ou l'écrivain
doit répartir son temps en trois tranches à peu prés égales •
pour creuser des abris, une nour produire des vivres, une
pour son travail professionnel. Les abris souterrains servent
d'habitation, de local pour les conférences, et réunions. Un
réseau complexe de tranchées les relient entre eux, et par-
tout où on va. la première chose à faire est de creuser des
abris. Cultiver du riz, du maïs, du manioc, pêcher, dresse,-
des pièges pour le gibier constituent lu seconde occupation.
Si. après avoir creusé les abris et travaillé à la production,
il reste du temps, nos '.crivains écrivent. Dans les régions où
la terre est ingrate, ou quand l'ennemi contrôle une bonne
partie du territoire, se nourrir est tout un problème.
Nguyen Duc Thuan, lui, a passé six années dans les pri-
sons et bagnes du régime de Saïgon où des conseillers amé-
ricains mettent à l'essai des procédés de tortures destinés
spécialement à saacr le mora'
pour les amener à renier leur
binaient les moyens physiqu<
titres inorales raffinées. Pend i
taines d'hommes et de fem
bouleversements du régime dt
permis à Nguyen Duc Thuan
récit « Le Vainqueur ». il a
de naies If détail de ces ••
vivante. Comment des homme?
conscience humaine, devenir <i
révolutionnaires animés par h
t"r a des épreuves atroces, le
unique en son genre.
La peinture a suivi le méint
sous les bombes, dans la brt
cunc ueinture n'est possible :
dos. s'aarocheKt aux colonne-
valet partout où la populatioi
luttent. Les combattants les n.
matériel, à creuser des abris
sent dessiner. A chaque halt< .
œuvres à des arbres pour les
cueillent leurs observations. C,
a souvent son peintre préfér,
aussi à dessiner avec l'aide de
UNE SOURCE INEPUISABLE
// su/fit, a dit un de nos - •
su porte pour rencontrer aitssit
la lutte du peuple sud-v.etnc '
caine exige non seulement de .
l'i population un héroïsme à
II Mit fit à l'écrivain de
trouver aes personnages digr •
l'.i plus quotidienne est faite
quablcs.
"Mme B.i Hong, une tr
<;/ant participé a la
Cro •
L'art ici prend directement
directement de la vie, l'art reil
que -jour.
Qitoc Ilanlt. commandant
libération qui a anéanti un ba\
taille de Nhado-Bongtrang a
d," l'Armée :
8 L'OPPOSITION ARTISTIQUE
du PEUPLE
IETNAM
7ietnamiennes n° 14)
des militants révolutionnaires
idéal. Les tortionnaires com-
les :tlus féroces à des tor-
it plusieurs années, des cen-
ont résisté à l'épreuve. Les
J Saigon survenus en 1963 ont
|de se faire libérer. Dans son
aconté sur plusieurs centaines
preuves dans une prose très
(en sont arrivés à perdre toute
\s bêtes féroces, comment des
Iplus noble idéal ont pu résis-
fécit est, à notre connaissance.
essor. On aurait pu croire que
jsse, les abris souterrains, au-
tependant les peintres, sac an
•en marche, dressent leur che-
[ les combattants travaillent et
ent d'ailleurs à transporter du
plus confortables où ils puis-
lés peintres accrochent leurs
présenter aux combattants, re-
faite combattant, chaque unité
Des combattants apprennent
tpeintres.
\rivains, de franchir le seuil de
des héros. Tant il est vrai que
(lien contre l'agression amcri-
Iforces armées, mais de toute
toute épreuve.
fegarCer autour de lui uour
d'être chantés, dont la vie
td'une série d'exploits remar-
/*
•V!«.
/ ^
fm_______ t &*«
r«îT»*-if r»? **-** ****"
««+* yw« -^"t
kvailleuse populaire
lataille de Binhgia.
\is de Co Tan Long Chau
racine dans la vie, et né
ent féconder1 la lutte de cha-
I d'une unité des forces de
lai/ton américain dans la ba-
fcrit à l'Ensemble artistique
« Cette victoire est due au courage de nos combattants,
mais aussi à la contribution de l'Ensemble artistique uo
l'Armée qui nous a aidé à renforcer notre détermination à
venger nos morts et à libérer la patrie. »
Cao Cliâu. un artilleur dont l'unité a remporté de nom-
breuses victoires a écrit aux artistes qui ont joué devant
son unité :
« Après notre séparation, nous avons reçu l'ordre d'aita-
quer l'aérodrome de Phuloi, puis ce fut la bataille de Bau-
bang et celle de Datciioc. La plupart de nos camarades ont
été fJicites par le Commandement. Nous avons reçu la Mé-
daille militaire. Nous ne vous avons pas oubliés : nous pen-
sons que vos chants, vos pièces nous ont fortement sti-
mulés au combat. Nous en sommes profondément recon-
naissants. »
La plus belle recompense pour des artistes et écrivains
est de recevoir de telles lettres, et elles ne manquent pas
Les guérilleros, les combattants de l'Armée de Libération,
ceux qui assurent le ravitaillement des troupes en marche,
les gens de l'arrière écrivent aux écrivains, aux poètes pour
1er, remercier, leur adresser des remarques. Les combat-
tants, quand ils enlèvent un poste ennemi, n'oublient pas
de prélever sur le butin une guitare, un accordéon pour
les envoyer aux artistes , ou avec des débris d'hélicoptère,
de parachute, ils fabriquent des instruments de musique,
des décors pour les groupes artistiques. Des jeunes gens et
jeunes filles de Saigon, après avoir entendu à la radio ou
'.n clandestinement les œuvres des poètes comme Giang
Nain, ont rejoint les zones libérées : ils sont venus dire di-
rectement aux auteurs leur admiration, leur reconnaissance.
L'écrivain cligne de ce nom. a dit un de nos camarades,
est celui qui sait se servir de sa plume pour renforcer sa lutte
patriotique. Comme il y a un siècle, quand les troupes fran-
çaises commençaient la conquête du Vietnam, les lettrés pa-
triotes, dont la plus haute figure était Nguyen Dinh Chien,
avaient considéré que le plus noble but de la littérature était
d'appeler à la lutte, les icrivains et artistes d'aujourd'hui con-
tinuent cette belle tradition en l'enrichissant de tout le contenu
révolutionnaire de notre époque.
Les hommes d'art et de culture du Sud Vietnam ont nette-
ment pris position, pour l'indépendance nationale, la liberté,
contre la trahison, l'avilissement par le dollar. Les œuvres nées
d:' la lutte nous promettent un bel avenir.
Un extrait du texte
Le vainqueur" de Nguyen
Duc Thuan
Jamais mieux qu'alors ie ne m'étdis autant pénétré de cette
vérité essentielle, à savoir qu'on ne saurait vaincre l'ennemi
de classe hors de soi sans avoir réduit l'ennemi idéologique
en soi-même. Abattre ce dernier n'est pas une entreprise aisée.
C'est qu'il se cache bien, il se camoufle à merveille, il s'en-
veloppe d'atours convenables, tout à fait « conformes au cœur
e, à la raison ». Il suffit qu'on manque un peu de rigueur, de
sévérité pour soi-même, de volonté d'aller jusqu'au bout,
d'acharnement à poursuivre l'ennemi jusque dans son ultime
repaire, pour le trouver intéressant, et même séduisant. En
prison, les pensées défaitistes font corps avec tout se qui
vous fait une vie personnelle : sa propre chair endolorie, et
cette autre chair de soi-même : sa femme, ses enfants... Elles
se présentent sous des aspects apparants : le clair regard
du dernier-né, la douce voix de la femme, le chant de sirène
des argumentations fallacieuses : « Peut-être la Révolution a-t-
eile besoin que nous lui donnions plus encore, pourquoi
donc crever ici ? Pourrir ici et maintenant, vraiment, est-ce
bien au moment qu'il faut, à la place qu'il faut ? Ne serait-ce
pas un gaspillage inutile ? »
Nous avions l'impression que toutes les cellules de notre
organisme s'étaient dressées, revendiquant de vivre ! Ce dont
on avait envie le jour, on en rêvait immanquablement la nuit.
Et comme on manquait de tout... Qu'on me permette de parler
d une petite miseie quotidienne, tnviaie entre toutes,
d laquene on ne prête gutnu auent/Gn iam qu on ny est pas
^onirairn : savoir, le manque ue papier iiygicmque. Ni papier,
iii leuille verte puisqu on n auan pds oans la natuie, pas ie
moinare bout ae cnnton. L ennemi se /a/sa/i un matin plaisir
ue nous en priver. Mais iu moyen ae se passer a un oesom
aussi élémentaire ! Cfiaque iuui uonc, nous fabriquions notre
••papier", en écrasant quelques giams ue riz pour en taire de
/a pâte, laquelle était, er/suiie cia/ee en une coucne mince
que nous mettons a sécher : t>, voiid un ooui ae « papier » pas
pius large qu'une Doîte o a/iumeues, ce qui suffisait !
o es: oien peu de chose, me anez-vous. J en conviens vo-
lonners. Mais est-ce que et,a n umpoiootme pas /a vie '? Je suis
certain que vous répondriez par i artirmative.
Pnysioiogiquemeni pariant, que i on soit petit ou grand, gras-
souinei ou maigrichon, cosiauo ou iragne, on est tous logé à
ia même enseigne en ce zens que personne ne peut se taire à
/a couleur, au troid et à la ia,m. i.a seule auwrence consiste
oans la volonté et l'énergie uu combat. Si i on en manque,
laoanoon vous attend en cours de route, que l on soit pléthori-
que ou valétudinaire...
Je comprenais tort bien que ta voionté et I énergie ae com-
oar avaient oesom d être /eiorgets sans cesse, autiement, eues
tomoeraient a zéro. L on seran a/ors précipite vers le poie oe
i inaiviauausme, dans un aoitne oe g/ace. Des /ors, les inté-
rêts ae ia Hevolution se trouveraient geies, le sang des cama-
raoes perdrait toute couieur. e< /a naine orulante se muerait
en terreur glacée.
Pas une seconae /e ne aeva/s manquer de vigilance, aucun
relâchement n'était ptumis pour la sauvegarde de l'idéologie
prolétarienne que je portais en moi. Je devais constamment
conso/ioer ma position oe combat, contre le <• reniement »,
contre la capitulation oevani i ennemi, je devrais constamment
me rappeier de toujours m enorcer à mener a bien la mission
la plus glorieuse pour un memore du Parti : servir la Révolu-
tion sa vie entière.
Dans chacune des salies où je suis passé, ie n'ai jamais
manqué de graver queique part ces mots : « SERVIR LA. REVO-
LUTION SA VIE ENl'iEHE ».
Au bout de quatre mois de persécution, de sévices impitoya-
oles, l'ennemi n'avait point encore relâché sa poigne. Les sbires
inventèrent encore de nous confisquer bols et baguettes. Dé-
sormais, ils versaient notre riz par terre, et c était à nous de
nous en rapprocher en nous traînant à quatre pattes pour le
recueillir. Et où donc versaient-ils 'e riz. Eh bien, sur le seuil
de la cage, à l'enaroii même où nous faisions nos besoins petits
e,1 grands !
il y avait en efiet belle lurette qu'ils nous avaient privés de
tinette, aussi devions-nous nous soulager sur le seuil de la
cage. Au début, iis venaient encore pour un nettoyage quotidien,
avec sable, balai, seau d'eau, mais voilà bien un mois qu'ils
n'y touchaient plus. Les immondices s'amoncelaient sur notre
seuil, il y en avait partout, il en refluait, et les mates d'urine
stagnantes s'y formaient. Et c'était là-dessus qu'ils nous ver-
saient à manger ! Aux heures prescrites, ils arrivaient, ouvraient
la porte, prélevaient une bolée de riz, et zou ! la versaient en
plein sur le tas, refermaient la porte et s'en allaient le cœur
content. Alors, silencieusement nous nous traînions sur le seuil
et recueillions notre pitance grain par grain.
Bien sûr que nous mangions ! Et pourquoi ne pas manger ?
Tant que nous étions en vie, le problème demeurait entier de
notre existence devant les yeux mêmes de l'ennemi, à lui en faire
perdre, à lui, le manger et le boire ' Tant que nous étions en
vie, l'exemple restait à maintenir pour nos camarades de la
section 2, pour les encourager à lutter contre l'ennemi. Nous
devions maintenir haut ei ferme le drapeau du Parti d'avant-
garde, ce drapeau teint du sang des milliers de nos camarades
tombés au cours ae nombreuses années de lutte sans merci.
Nous nous efforcions de VIVRE, et pour cela, il fallait d'abord
subsister. Chaque fois qu'il nous arrivait de sortir de la cage,
pour une raison quelconque, nous arrachions jusqu'à l'herbe
folle qui poussait contre des étrons pour en faire de la nourri-
ture peu ragoûtante, certes, mais nourriture quand même, qui
prolongeait notre vie un tant soit peu.
L'OPPOSITION ARTISTIQUE 9
EN GUADELOUPE
piacf ou 27 mm
(à mon frère militant Gilbert)
u
Jour de grève
Dans la rue
Jour de deuil
Dans les cœurs...
Jour gravé
Dans l'esprit
De tous ceux
Qui ont vu
De tous ceux
Qui ont su
Que sur cette
« Place du 27 mai
Que sur cette
Place de Pointe-à-Pitre
Notre sang
A coulé...
Jour de grève
Dans la rue
Jour de deuil
Dans les cœurs...
C'était le sang
De révoluticnnaires
Un sang mobilisateur
Un sang ineffaçable
Mais aussi un sang
Qui sans cesse
Giclera dans les artères
De mes frères de lutte...
Jour de grève
Dans la rue
Jour de deuil
Dans les cœurs
Tam-tam d'une colère
Inextinguible
Tam-tam du coude-à-coude
Rappelle-nous
Ce sang de
La « Place du 27 mai ».
Jour de grève
Dans la rue
Jour de deuil
Dans les cœurs
Tam-tam nègre
Tam-tam populaire,
De rhum
De sueur
De sang
Et de négraille méprisée...
Venge donc
Ce sang de
La « Place du 27 mai ».
Jour de grève
Noire...
Jour triste de
Deuil
Nègre...
Tam-tam
Brise-tympan-colonialiste...
Tam-tam - fier,
Tam-tam - liberté
Venge tes fils humiliés...
Cheik KOUYNUM
/Poème paru le 17 février
dans « Le Progrès Social •>•> )
10 L'OPPOSITION ARTISTIQUE
DÉVELOPPER ET APPROFONDIR L'ESPRIT RÉVOLUTIONNAIRE
DE NOTRE CULTURE ET DE NOTRE ENSEIGNEMENT POPULAIRE
ENVER HOXHA
(Extrait du Rapport au V Congrès du P.T.A., suite du numéro 1)
Le mouvement pour la révolutiomiarisation
générale qui s est déclenche dans notre pays,
i intensitication de la lutte pour 1 éducation
révolutionnaire de classe des travailleurs, lont
encore plus clairement comprendre que ces
orientations du parti revêtent une importance
vitale pour le développement, dans le juste
cnemm, de notre littérature et de nos arts.
Mais il faut dire que les institutions culturelles
et artistiques, la Ligue des écrivains, 1 .Entre-
prise d éditions et les organes de la presse
littéraire, les organisations de base du parti
de ses institutions ainsi que leurs cadres diri-
geants, ne luttent pas avec la conséquence né-
cessaire pour 1 application de ces orientations,
ne font pas preuve d assez de vigilange idéologi-
que, continuent de montrer une tolérance im-
pardonnable, glissant ainsi vers des positions
de libéralisme, il découle de ces défauts qu au
moment où il faut lutter pour un art révolu-
tionnaire et actuel, le répertoire des théâtres
dramatiques et de 1 Opéra comporte encore
pour une grande part des œuvres étrangères
d'époques révolues, dont certaines sont d'un
contenu incompatible avec notre idéologie. On
traduit et fait paraître des livres d'auteurs dou-
teux, et parfois même manifestement bour-
geois ; on projette des films pernicieux ,etc...
Même dans notre propre activité créatrice l'on
trouve quelque roman, récit, poésie ou chant
d'un contenu tout à tait étranger à notre idéo-
logie, à notre art révolutionnaire, ce qui re-
flète l'influence des « ismes » de l'art bourgeois
et révisionniste, 1 influence même de l'idéologie
bourgeoise et révisionniste chez quelques hom-
mes de lettres et artistes de chez nous. Tout
cela vient appuyer la nécessité d'une plus
grande vigilance idéologique, d'une lutte plus
décidée contre les influences étrangères dans
le domaine de la littérature, des arts, de tout
le travail culturel et artistique.
Nous devons raffermir notre lutte pour la
création d'une littérature et d un art révolu-
tionnaire de réalisme socialiste. Le tournant
que nous devons opérer ici consiste à nous arra-
cher résolument à l'influence des idées bour-
geoises et révisionnistes étrangères à notre idéo-
logie, à lutter avec âpreté et sans merci contre
ces influences et contre tout libéralisme, à ré-
volutionnariser rapidement nos scènes et nos
publications, en balayant sans hésitation et
en abandonnant tout ce qui est en opposition
avec l'éducation communiste des masses ou qui
ne sert pas cette éducation. Ce tournant révo-
lutionnaire doit embrasser toute notre activité
créatrice dans le domaine artistique et litté-
raire. Le parti est convaincu que nos écri-
vains, nos artistes, nos compositeurs, nos pein-
tres et nos sculpteurs répondront à son appel
par des créations toujours meilleures. Le parti
a la conviction que sur nos scènes l'on don-
nera et l'on entendra retentir toujours plus de
pièces et de chants révolutionnaires de nos au-
teurs de talent, que les lecteurs albanais seront
mieux alimentés par nos écrivains en œuvres
qui se signaleront par leur haut niveau poli-
tique et idéologique, que nos peintres et nos
sculpteurs mettront tout leur talent à militer
avec encore plus de force et plus directement
pour l'éducation patriotique et révolutionnaire
des masses et particulièrement de la jeunesse.
(Applaudissements).
Edifier et défendre la patrie (danse). Artistes albanais donnant une représentation en République populaire de Chine
Notre parti reste résolument fidèle au prin-
cipe léniniste de l'esprit du parti prolétarien
dans le domaine de l'art, de la culture et de
toute la vie spirituelle de la société. Comme
partout ailleurs, dans ce domaine également
l'on voit se livrer une lutte acharnée de classe
entre les deux idéologies : l'idéologie maté-
rialiste marxiste-léniniste et l'idéologie idéalis-
te, féodale et bourgeoise. C'est seulement en
nous appuyant puissamment sur notre idéolo-
gie, sur la conception matérialiste-dialectique,
que nous pouvons comprendre avec justesse le
monde, la vie, tous les phénomènes. C'est là
une boussole qui nous oriente aussi pour com-
prendre la pensée humaine, le trésor immense
de la science et de la culture universelle et
pour observer une juste attitude à leur égard.
La culture et l'art bourgeois décadents sont
étrangers au socialisme, nous les combattons
et les rejetons, alors '|tie nous apprécions et
faisons notre profit de toute création progres-
siste, démocratique et révolutionnaire, vue dans
l'optique critique de l'idéologie prolétarienne.
Les points de vues selon lesquels tout ce qui
vient de l'étranger est bon, doivent être com-
battus et rejetés. Le cosmopolitisme est étran-
ger au marxisme-léninisme. Toute création, de
quelque époque qu'elle soit, porte le cachet
d'une tendance, s'inspire des idées du temps,
porte le sceau de la lutte de classe et de l'idéo-
logie de son temps ; c'est pourquoi les œuvres
de l'art et de la culture universelles, aussi par-
faites soient-elles, ne peuvent être prises dans
leur ensemble comme modèle pour tout temps
et toute époque. Le point de vue selon lequel
tout ce qui est étranger est mauvais doit égale-
ment être combattu et rejeté. A nous marxistes-
léninistes internationalistes, la xénophobie est
tout aussi étrangère.
Les hommes de l'art et de la culture de
chez nous doivent faire leur profit de l'art et
de la culture universelles progressistes, mais
ils ne doivent jamais devenir leurs esclaves ni
engloutir n'importe quoi sans le soumettre au-
paravant à une analyse fouillée, sans procéder
à une juste classification. De même, ils doivent
faire une juste appréciation, en premier lieu,
de l'héritage culturel et artistique de notre peu-
ple, apprendre beauco.ip de lui, en lui em-
pruntant non pas tout, mais ses éléments pro-
gressistes, patriotiques et démocratiques. No-
tre littérature, notre art, notre culture socia-
listes ne sont pas nés dans le vide, mais sur les
fondements du long développement historique
de notre société, de sa vie spirituelle, des bril-
lantes et meilleures traditions culturelles et
artistiques de notre peuple. S'appuyer sur ces
traditions cultivées et populaires du passé et
du présent, est une question de grande impor-
tance, sans quoi on ne peut parler de création
de vraies valeurs littéraires, artistiques, de créa-
tion d'une culture, d'un art et d'une littérature
albanais originaux, du respect et de la mise
en pratique du principe marxiste-léniniste selon
lequel notre art et notre culture doivent être
socialistes de contenu et nationaux par la
forme. — (Applaudissements).
L'OPPOSITION ARTISTIQUE 11
« Nous devons constamment balayer notre chambre, sinon la poussière s'y entassera »
MAO TSE-TOUNG
AU POINT
A propos de quelques remarques d'un lecteur
sur l'Opposition Artistique
Voici les principaux extraits d'une lettre qu'un
lecteur de l'O.A. a envoyée à l'Humanité Nouvelle
et qui nous a été transmise. Nous y répondons ici-
même.
« ...Bien que ce journal ait été créé depuis juin
1964 dans le but de « défendre les artistes » et
« rassembler un public de travailleurs », il est re-
grettable qu'une courte explication à l'intention
des nouveaux lecteurs n'ait pas été donnée dans
le premier numéro de la nouvelle série, sur ses ori-
gines et plus particulièrement pour justifier son
titre qui ne semble plus convenir avec sa nou
velle mission.
En effet, pourquoi « L'Opposition Artistique » ?
Ces deux termes associés définissent — assez in-
complètement d'ailleurs — une intention critique
exclusivement, alors que son « rôle essentiel »
comme le précise le texte « nécessités et perspec-
tives » est de servir d'instrument permanent de
liaison et d'échange entre artistes et travailleurs
marxistes-léninistes sur les problèmes idéologiques
et culturels. Programme justement profitable à la
cause révolutionnaire qui aurait pu s'exprimer sous
un tiire moins négatif que « L'Opposition Artis-
tique ».
...Enfin, s'il représente l'organe culturel de com-
bat des marxistes-léninistes de l'époque de la pen-
sée de Mao Tsé-toung, pourquoi ne pas traiter tous
les secteurs qu'embrasse la Grande Révolution
Culturelle Prolétarienne.
« La Révolution Culturelle Prolétarienne ne vise-t
elle pas à détruire de fond en comble la pensée, la
culture, les mœurs et les coutumes anciennes
que les classes exploiteuses utilisèrent au cours
des millénaires pour empoisonner le peuple et
à créer et développer parmi les larges masses
populaires une pensée, une culture, des mœurs
et des coutumes totalement nouvelles, celles du
prolétariat. »
Jacques Jurquet a raison de souligner la néces-
cité « de débarrasser nos propres esprits du poi-
son distillé chaque jour par la culture domi-
nante... de transformer nos propres sentiments,
réfléchir sérieusement sur nos goûts et choix an-
ciens, faire notre autocritique profonde et sin-
cère, nous débarrasser de la poussière bourgeoise
qui a pu s'amonceler dans nos esprits ». C'est cela
et encore bien davantage s'engager dans les com-
bats qui aideront la révolution culturelle de notre
temps, c'est tout mettre en œuvre pour « rempla-
cer les sentiments d'une classe par ceux d'une autre
classe ».
...Un mot encore à propos de l'article sur « Guer
nica : tableau pacifiste ».
...N'oublions pas que cette toile gigantesque par
ses dimensions (3,50 x 7,80 m) était primitivement
destinée au pavillon de la jeune république espa-
gnole à l'exposition de 1937. Et parmi la foule qui
vint voir cette toile encadrée des drapeaux répu-
blicains espagnols, il y avait sûrement plus de 5 °r
d'ouvriers (comment peut-on savoir combien il y
eut d'ouvriers visitant l'exposition Picasso au Grand
Palais en 1967?)
Dans le contexte de l'époque, c'était un acte poli-
tique que de réaliser cette toile, sur ce sujet, et
avec cette technique même « anti-réaliste » de la
part d'un peintre qui loin d'être glorifié comme il
l'est aujourd'hui n'était pas non plus communiste.
(Il adhéra au Parti près de dix ar.s après, au lende-
main de la Libération.)
Rappelons aussi qu'au moment de cette sauvage
agression nazie contre Guernica, Radio-Salaman-
que au service de la propagande du gouverne-
ment franquiste annonçait que cette bourgade de
Guernica avait été détruite et incendiée par l'ar-
mée « rouge » en retraite.
,..On pourrait aussi reprocher à Picasso d'avoir
dessiné la « Colombe de la Paix », ce symbole du
révisionnisme, ot d'avoir accepté passivement le
témoignage de sympathie que lui adressait en
août 1961 le Président Ho Chi Minh, en écrivant :
« Le camarade Picasso est de ceux qui ne vieil-
lissent pas, parce qu'ils sont animés d'un amour
passionné pour le Bien, le Beau, la Paix et l'Hu-
manité. Cet amour a conduit Picasso au Commu-
nisme qui le conserve toujours jeune.
Je souhaite au camarads Picasso une bonne santé
et de longues années de création artistique pour
la juste cause ».
...Lorsqu'on lui demanda un jour pourquoi il
n'adoptait pas la nationalité française, il (Picasso)
répondit :
« Je représente l'Espagne en exil, je crois que
Françoise et notre fils comprennent qu'ils vien-
nent après l'Espagne républicaine dans mon
échelle des valeurs .Et vous devriez comprendre
que je n'ai pas l'intention de soumettre ma vie
aux lois qui gouvernent vos existences bourgeoi-
ses ». (Vivre avec Picasso par Françoise Gilot,
p 189.)
...C'est la bourgeoisie, ses écrivains et critiques
à son service, ses idéologues chargés du main-
tien des mœurs individualistes, qui ont fait de l'in-
dividu Picasso un « monstre sacré » de l'Art.
C'est pourquoi, nous marxistes-léninistes, éclai-
rés de la pensée de Mao Tsé-toung qui nous a
permis de voir les marais de la culture bourgeoise
dans lequels s'enlisent les révisionnistes, ne de-
vrions-nous plus être dupes et savoir nous déga-
ger de ces pièges tendus par l'ennemi de classe. (...)
A.M. le 1-2-68.
1. Il faut rappeler que l'O.A. s'est toujours donne
pour but de servir d'instrument permanent de liaison
et d'échange entre intellectuels, artistes et tra-
vailleurs sur les problèmes idéologiques et cultu-
rels (voir en particulier le n 2 da la première
série - novembre 1964).
Nous avons toujcurs compris la notion d' « op-
position artistique » comme comportant à la
fois un aspect négatif 'la contestation de la ligne
politique et culturelle révisionniste et aussi des
des aspects positifs (rassemblement des artistes et
intellectuels « d'opposition » en vue de leur refonte
idéologique au moyen d'.'changes directs avec des
travailleurs.) Mais il es! évident que ce terme
d' « opposition » peut prêter à confusion en raison
de l'usage qui en es! fait par quelques groupus-
cules de caractère gauchiste ou trotskyste. Et
nous serons amené a modifier ultérieurement le
titre du journal.
2. En tant qu' « organe culturel de combat des
marxistes-léninistes de l'époque de la pensée de
Mao- Tsé-toung », l'O.A. se doit, comme cela a
été exprimé dans le dernier numéro, de rendre
compte des divers secteurs qu'embrasse ia Grande
Révolution Culturelle Prolétarienne chinoise. Le
grand exemple qui ncus est donné par les cama-
rades chinois comporte des enseignements d'une
portée universelle, et c'est le devoir de tout marxiste-
léniniste aujourd'hui da tendre a les assimiler et
les appliquer dans les conditions spécifiques où il
se trouve placé. C'est précisément en vertu de
ces conditions qu'il aura la lucidité élémentaire
de comprendre, s'il est français par exemple, que
la France de D.3 Gaulle n'est pas la Chine Popu-
laire, et que les masses populaires françaises dans
leur ensemble, n'ont pas encore atteint l'étape de
la prise de conscience de la nécessité de « révolu-
tionnariser l'homme dans ce qu'il a de plus pro-
fond ». C'est le propre d'une attitude dogmatique ou
simplement vicpiqu3 ou gauchiste que de ne pas
établir de telles distinctions. L'éditorial de Jacques
Jurquet dans le précédent numéro de l'O.A. est suf-
fisamment exp iciîe à cet é~crd lorsqu'il inclut dans
les tâches premières da ce journal, celle de « débar-
rasser nos propres esprits du poison distillé chaque
jour par la culture dominante qui nous entoure com-
me un épais brouillard toxique ». Il s'agit là de
tenter d'opérer sur chacun de nous et pour chacun
de nos secteurs de lutte, un effort « culturel » de
caractère avant (oui idéologique. Et ce serait une
erreur grossière de prétendre vouloir instaurer
en société capitaliste, en marge de la culture do-
minante, une nouvelle « culture », prolétarienne.
Rappelons Lénine :
« Dans chaque culture nationale, il y a des élé-
ments, si peu développés soient-ils, de culture dé-
mocratique et socialiste, car dans chaque nation,
il y a la masse travailleuse et exploitée dont les
conditions de vie font inévitablement naître une
idéologie démocratique et socialiste, mais dans
chaque nation, il y a aussi une culture bour-
geoise... et cela non pas seulement sous forme
d'« éléments », mais sous forme de culture domi-
nante ».
(suite p. 6)
12 L'OPPOSITION ARTISTIQUE
Dénonçons sans cesse la culture
impérialiste et révisionniste !
Diffusons largement la culture au
service de nos luttes !
L'INSTITUTEUR REVOLUTIONNAIRE
OU « HAN, L'INSTITUTRICE » CONTRE « LE PREMIER MAITRE
Oeux films récents traitent de l'instituteur révolu-
tionnaire parmi les masses et ses rapports avec
elles. L'un est vietnamien, l'autre « soviétique » (ou
plus exactement antisoviétique ainsi que nous le
montrerons plus loin). Le premier s'intitule « Han.
l'institutrice », le second « Le premier maître ».
Le film vietnamien es* un court-métrage qui ne
dure guère plus d'une demi-heure. Il retrace une
journée de la vie d'une institutrice dans un village
au Nord-Vietnam, un village comme des milliers
d'autres, une institutrice parmi tant d'autres. Un vil-
lage comme les autres qui reçoit quotidiennement
sa pluie de bombes yankees, une institutrice comme
tan': d'autres qui cache les enfants de l'école dans
les abris souterrains aussitôt que les pirates de l'air
américains se montreni. Quotidiennement.
Au début du film, on voit la jeune institutrice va-
quer à ses travaux ménagers, laver son linge avec
les autres femmes du village. Puis s'occuper de son
en.'anî qui joue avec un petit camion en s'excla-
mant joyeusement « Tut ! Tut ! laissez passer les
camions militaires ! ». Et se tournant vers sa mère :
« II faudra que tu me donnes une étoile rouge pour
mettre devant mon camion. »
Symbole d'un peuple invincible, inébranlable sous
les bombes, confiant dans la victoire d'une guerre
juste, d'une guerre du peuple.
L'institutrice s'en va à son école, laissant son
enian; à la maison. Quand soudain mugissent les
sirènes annonçant un raid aérien. Courant sous les
Dombes. elle cache tous les enfants de l'école
dans les abris. Puis, pendant une accalmie, elle
se dirige vers sa maison, vers son enfant. Mais déjà
reviennent les bombardiers et les haut-parleurs an-
noncent qu'il y a encore des enfants à découvert.
Alors elle court pour les cacher, l'un après l'autre.
Quand le bombardement cesse, sa maison n'est
plus qu'un tas de ruines fumantes sous lesquelles
elle trouve un petit camion écrasé. Alors, la jeune
femme s'effondre en pleurant. Mais soudain s'élève
un cri joyeux : son enfant court vers elle, sortant
d'un abri en riant. Rire magnifique du peuple viet-
namien, rire de tout un peuple qui sait que l'avenir
lui appartient, rire qui fait trembler les impérialistes
américains.
« Le premier maître » es' un long métrage. Il est
distribué dans le circuit commercial (Révisionnisme
oblige, n'est-ce pas?). Il retrace la vie d'un insti-
tuteur kirghiz envoyé dans un village kirghiz en Asie
Centrale quelques années après la Révolution d'Oc-
tobre, en 1923-24. Ce jeune instituteur est envoyé
de Moscou pour apprendre à lire et à écrire aux
masses, pour les éduquer. Dès le début, il se mon-
tre supérieur aux paysans du village qui se moquent
de lui. Il se place au-dessus des masses. Les pay-
sans kirghiz sont présentés aans ce film comme
des gens hostiles à i'éduoation, hostiles à la Révolu-
tion. Malgré eux, l'instituteur parvient à rassembler
quelques enfants du village et dans une vieille ber-
gerie en ruine commence à leur enseigner. Mais
l'instituteur est présenté comme quelqu'un de sec-
taire dans le plus pur style contre-révolutionnaire.
C'est ainsi, par exemple, qu'après avoir enseigné
aux enfants des villageois que les hommes sont mor-
tela, il chasse méchamment de l'école en le traitant
de fils de riche, un enfant qui l'interroge pour sa-
voir si Lénine lui aussi es? mortel, etc.
On le voit ensuite s'opposer à un riche proprié-
taire foncier non point on s'appuyant sur les mas-
ses pour l'isoler et l'éliminer et par là même édu-
quer les villageois kirghiz mais en faisant appel à
la police de la ville la plus proche.
On le voit aussi devenir fou et incendier le villa-
ge le jour où il apprend la mort de Lénine.
Mais pour que le film se termine bien, on voit
les villageois accepter l'instituteur, sans compren-
dre exactement à quel miracle on doit cette prise
de conscience soudaine.
Ce film attaque délibérémeni la Révolution d'Oc-
tobre, ses enseignants révolutionnaires, en les pré-
sentant coupés et même s'opposant aux masses.
C'est aussi une attaque en règle contre les peu-
ples d'Asie Centrale soviétique présentés dans ce
film comme imperméables à la Révolution et inca-
pables de mener la lutte de classes et de compren-
dre la nécessité d'élever leur éducation, et même
tout simplement d'apprendre à lire et à écrire.
Deux films, deux conceptions complètement anta-
gonistes. Le film vietnamien exalte l'enseignant ré-
volutionnaire qui sert le peuple. Le film révision-
niste, lui, oppose l'enseignant « révolutionnaire » au
peuple.
Camarades, diffusons « Han, l'institutrice » ! C'est
le meilleur moyen de combattre efficacement la
culture révisionniste au service de la contre-Révo-
lution.
Michel PELVOUX.
Un film anarcho fasciste
Bon nie and Clyde
Le film d'Arthur Penne attire à l'heure actuelle
la grande foule dans la plupart des salles de
spectacle. Une des raisons de ce sucées provient
d'une intoxication massive du public au moyen
d'une publicité tapageuse, systématique, publi-
cité elle-même appuyée par celle de la trop fa-
meuse « mélodie » Bonnic et Clyde, qui est inter-
prétée par la plupart des chanteurs connus, que
ce soit par le duo Gainsbourg-Bardot, par John-
ny Halliday ou Henri Salvador, etc.
Publicité, chanson, un bon bourrage de crânes
qui amène forcément le commun des mortels à
voir le film dont on parle tant ! Mais qu'en est-il
de ce film '.' Situe aux USA des années 30, en
pleine crise de chômage, période de misères et
de crimes, c'est dans ce décor dramatique qu'évo-
lué, au gré du réalisateur, un couple de gangsters
ridicules, qui croit lutter d'une manière efficace
contre une société pourrie.
On veut ainsi amener le spectateur à croire
que « leur violence » est légitime, voire natu-
relle ; mais un spectateur conscient pourra, à
travers ce film, condamner l'individualisme qui
n'aboutit jamais à rien : quelle que soit la révolte
choisie contre l'ordre établi, une telle révolte est
d'avance vouée à l'échec.
Si le thème de ce film se base sur une histoire
vraie, son but est de toucher le spectateur pour
qu'il s'apitoie sur ce couple de gangsters. En
montrant au début ces deux bandits en train de
voler, puis, progressivement en arriver à exécuter
une série de meurtres on veut sensibiliser le
spectateur devant la fin pitoyable du couple et la
faire apparaître atroce et injuste.
Dans toutes ces saloperies, qu'il s'agisse des
Aui'L's de l'Enfer ou d'autres films du genre qui
nous proviennent d'outre-Atlantique, le but de
cette propagande pourrie est de faire apparaître
la violence d'une minorité de jeunes des USA,
comme étant « propre », presque philosophique,
pouvant ainsi séduire et corrompre la jeunesse
des divers pays capitalistes, et la détourner de
la véritable lutte.
Nous avons pour devoir de dénoncer, combat-
tre, boycotter une telle propagande, qui essaye
par tous les moyens, y compris ceux du cinéma,
de rendre romantique une telle violence, de nous
apitoyer sur le sort des assassins en rendant
finalemc nt excusables les crimes perpétrés par les
Yankees au Vietnam.
J.P.
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L'OPPOSITION ARTISTIQUE 13
Causeries sur le travail littéraire et
artistique dans les Forces Armées
REVOLU
Voici quelques passages du procès-verbal de ces
causeries, dont la convocation à Changhai, du 2 au
20 février 1966, a été confiée par le camarade Lin
Piao à la camarade Kiang Tsing.
(..) 1. Les 16 dernières années ont été marquées
par une âpre lutte des classes sur le front de la
culture.
En fait, dans les deux étapes de notre révolution,
l'étape de démocratie nouvelle et l'étape socialiste,
sur le front de la culture s'est livrée une lutte entre
deux classes et deux lignes — la lutte entre le
prolétariat et la bourgeoisie pour la direction sur
ce front. Dans l'histoire de notre parti, la lutte
contre l'opportunisme « de gauche » et l'opportunis-
me de droite inclut aussi la lutte entre les deux
lignes sur le front de la culture. La ligne de Wang
Ming représentait un courant idéologique bourgeois
qui déferla au sein de notre parti. Au cours du
mouvement de rectification qui débuta en 1942, le
président Mao fit une réfutation théorique radicale
de la ligne Wang Ming, sur les plans politique,
militaire et organisationnel et, aussitôt après, sur le
plan culturel. Les œuvres du président Mao : De la
démocratie nouvelle, Interventions aux causeries sur
la littérature et l'art à Yenan, « Lettre écrite au théâ-
tre de l'opéra de Pékin de Yenan à la suite d'une
représentation des Rebelles malgré eux » consti-
tuent le bilan historique le plus achevé, le plus
complet et le plus systématique de cette lutte en-
tre les deux lignes sur le front de la culture ; la
conception marxiste-léniniste du monde et la théorie
marxiste-léniniste de la littérature et de l'art trouvent
leur suite et leur développement dans ces œuvres.
Après que notre révolution eut accédé à l'étape
socialiste, le président Mao a encore publié deux
ouvrages, De la juste solution des contradictions au
sein du peuple et Discours prononcé à la conférence
nationale sur le travail de la propagande du Parti
communiste chinois, qui constituent le bilan le plus
récent de l'expérience historique des mouvements
idéologiques, littéraires et artistiques révolutionnaires
de la Chine et des autres pays. Ces œuvres repré-
sentent un nouveau développement de la conception
marxiste-léniniste du monde et de la théorie mar-
xiste-léniniste de la littérature et de l'art. Ces cinq
œuvres du président Mao répondent suffisamment
et pour une longue période à nos besoins, ceux du
prolétariat. (...)
2. Ces trois dernières années ont été marquées
par une nouvelle situation surgie dans la grande
révolution culturelle socialiste. L'apparition de l'opé-
ra de Pékin à thèmes révolutionnaires contempo-
rains en est l'exemple le plus remarquable. Guidés
par le Comité central du Parti ayant à sa tête le
président Mao et armés eu marxisme-léninisme, de
la pensée de Mao Tsé-toung, les travailleurs littérai-
res et artistiques engagés dans la révolution de
l'opéra de Pékin ont lancé une courageuse et tenace
offensive contre la littérature et l'art de la classe
féodale, de la bourgeoisie et du révisionnisme mo-
derne Grâce à cette offensive, l'opéra de Pékin,
citadelle naguère réputée imprenable, a été entière-
ment révolutionnarisé, tant dans son contenu idéo-
logique que dans sa forme artistique ; d'où un chan-
gement révolutionnaire dans les milieux littéraires
et artistiques. (...) D'aucuns ont prétendu que les
opéras de Pékin à thèmes révolutionnaires contem-
porains auraient entraîné la perte des traditions
et caractéristiques fondamentales de l'Opéra de Pé-
kin. Mais les faits ont prouvé le contraire. Les opé-
ras de Pékin à thèmes révolutionnaires contempo-
rains, ont repris, de façon critique, les traditions de
l'opéra de Pékin et ont réellement fait naître le
nouveau de l'ancien. Ce n'est pas que les caracté-
ristiques artistiques fondamentales de l'opéra de Pé-
kin aient été abandonnées, c'est qu'elles ne répon-
daient plus complètement aux besoins actuels. Cer-
taines d'entre elles, ne pouvant refléter la vie nou-
velle, sont à rejeter et doivent l'être. Pour illustrer
la vie nouvelle, il est extrêmement urgent que nous
partions de la vie pour raffiner et créer, développer
et enrichir peu à peu-les caractéristiques artistiques
fondamentales de l'opéra de Pékin. (...)
Les amples activités de masse des ouvriers,
paysans et soldats sur les fronts idéologique, litté-
raire et artistique sont jne autre expression mar-
quante de la révolution culturelle socialiste de ces
trois dernières années. Les ouvriers, paysans et
soldats écrivent maintenant de nombreux articles
philosophiques d'une haute qualité qui sont le re-
flet de la pensée de Mao Tsé-toung dans la pra-
tique. Beaucoup d'ceuvres littéraires et artistiques
excellentes ont fait leur apparition, elles glorifient la
grande victoire de notre révolution socialiste, le grand
bond en avant sur les différents fronts de notre édi-
fication socialiste, nos nouveaux héros, la direction
clairvoyante de notre grand parti et de notre grand
dirigeant. En particulier, les multiples poèmes com-
posés par les ouvriers, paysans et soldats, parus
dans les journaux muraux ou sur les tableaux noirs,
illustrent, tant par leur contenu que par leur forme,
une époque toute nouvelle. (...)
5. Au cours de la révolution culturelle, il faut
détruire et il faut construire. Les dirigeants doivent
y veiller personnellement et aider à créer de bons
exemples. La bourgeoisie a ce qu'elle appelle le
« monologue de la création du nouveau », théorie
réactionnaire. Nous aussi devons mettre en relief
la « nouveauté » et affirmer l'« originalité », nous
mettrons en relief la « nouveauté » socialiste et affir-
merons l'« originalité » prolétarienne. La tâche fon-
damentale de la littérature et de l'art socialistes est
de s'efforcer de représenter l'image héroïque des
ouvriers, des paysans et des soldats. (...)
Nous devons surmonter toute la vénération aveu-
gle pour ce qu'on appelle la littérature et l'art des
années 30. A l'époque, ie mouvement littéraire et
artistique de la gauche suivait, politiquement, la
ligne opportuniste « de gauche » de Wang Ming, et
il était, sur le plan de l'organisation, exclusif et
sectaire; quant à sa théorie de la littérature et de
l'art, c'était pratiquement celle des critiques litté-
raires russes bourgeois tels que Belinski, Tcher-
nychevski, Dobrolioubov et, en ce qui concerne le
théâtre, Stanislavski, ces démocrates bourgeois de
la Russie tsariste dont les idées n'étaient pas
marxistes, mais bourgeoises. La révolution démocra-
tique bourgeoise est une révolution dans laquelle
une classe exploiteuse remplace une autre classe
exploiteuse. Seule la révolution socialiste proléta-
rienne élimine définitivement toutes les classes ex-
ploiteuses. Nous ne devons donc en aucun cas
prendre les idées d'un quelconque révolutionnaire
bourgeois comme principe directeur de nos mou-
vements prolétariens, que ce soit dans le domaine
de l'idéologie, de la littérature ou de l'art. (...)
Nous devons surmonter la vénération aveugle
pour la littérature classique tant chinoise qu'étran-
gère. Staline fut un grand marxiste-léniniste. Sa
critique de la littérature et de l'art modernistes de
la bourgeoisie était d'une grande acuité. Mais il a
repris sans critique les pseudo-classiques de la
Russie et de l'Europe et cela a entraîné des consé-
quences fâcheuses. L'art et la littérature classiques
de la Chine et de l'Europe (Russie comprise), voi-
re les films américains, ont eu une influence non
négligeable sur les milieux littéraires et artistiques
de notre pays, certains les considèrent comme des
dogmes et les acceptent en bloc. L'expérience de
Staline doit nous servir de leçon. Les œuvres an-
ciennes et étrangères, elles aussi, doivent être étu-
diées, et ce serait une erreur de s'y refuser ; mais
nous devons le faire de façon critique, en sorte que
l'ancien serve l'actuel et l'étranger, le national.
Quant aux œuvres littéraires et artistiques révo-
lutionnaires soviétiques, d'une qualité assez bonne,
parues après la Révolution d'Octobre, elles doivent
aussi être analysées, mais non aveuglément véné-
rées, et encore moins servilement imitées. L'imitation
aveugle ne peut jamais se transformer en art. La
littérature et l'art ne peuvent naître que de la vie
du peuple, leur unique source. Cela est prouvé par
toute l'histoire de l'art et de la littérature des temps
anciens ou modernes, de la Chine ou de l'étranger.
(...) Nous devons avoir la confiance et le cou-
rage de faire ce qui n'a jamais été tenté aupara-
vant, car notre révolution est une révolution qui
vise à éliminer définitivement les classes exploiteu-
ses et les systèmes d'exploitation, et à déraciner
radicalement l'idéologie de toutes les classes ex-
ploiteuses qui corrompt l'esprit des masses popu-
laires. Sous la direction du Comité central du Parti
et du président Mao et guidés par le marxisme-
léninisme, la pensée de Mao Tsé-toung, nous devons
créer une littérature et un art nouveaux, révolu-
tionnaires socialistes, dignes de notre grand pays,
de notre grand parti, de notre grand peuple, de
notre grande armée. Ce seront une littérature et un
art nouveaux qui inaugureront une ère nouvelle dans
l'histoire de l'humanité ^t brilleront avec le plus
vi? éclat.
Mais il n'est pas facile de créer d'excellents mo-
dèles. Stratégiquement, nous devons mépriser les
difficultés de cette tâche, tandis que tactiquement
nous devons en tenir pleinement compte. Créer une
œuvre de haute qualité exige un processus ardu
et les camarades qui dirigent la création littéraire
et artistique ne doivent jamais agir en seigneurs ou
adopter une attitude désinvolte à cet égard, mais
doivent travailler avec acharnement et partager joies
et peines avec les écrivains. Ils doivent autant que
possible recueillir des matériaux de première main.
Quand cela est impossible, ils doivent au moins
recueillir les matériaux de seconde main. Ils ne
doivent craindre ni les échecs ni les erreurs, mais
les admettre et permettre à ceux qui ont commis
des erreurs de les corriger. Ils doivent s'appuyer
sur les masses, appliquer le principe : partir des
masses pour retourner aux masses, se soumettre
de façon répétée et pour une longue période à
l'épreuve de la pratique afin de perfectionner conti-
nuellement leur travail et s'efforcer d'intégrer un
contenu politique révolutionnaire à la meilleure for-
me artistique possible. Au cours de la pratique, ils
doivent faire en temps opportun le bilan de leurs
expériences, saisir progressivement les lois des
diverses formes d'art. Sinon, il leur sera impossible
de créer d'excellents modèles. (...)
6. Dans le travail littéraire et artistique, qu'il
s'agisse des responsables ou des créateurs, tous
doivent pratiquer le centralisme démocratique du
Parti, veiller à ce que « tout le monde ait son mot
à dire » et s'opposer à ce que « la parole d'un seul
ait force de loi ». Nous devons appliquer la ligne de
masse. Dans le passé, ;l est arrivé que des écri-
vains, ayant produit une œuvre, aient contraint les
14 L'OPPOSITION ARTISTIQUE
ION CULTURELLE EN CHINE
dirigeants à donner leur accord et même à leur
prodiguer des éloges. Cette façon de faire est dé-
testable. Les cadres qui dirigent le travail doivent
toujours garder présents i l'esprit ces deux points
relatifs à la création littéraire et artistique : pre-
mièrement, savoir prêter l'oreille aux opinions des
larges masses ; deuxièmement, savoir analyser ces
opinions, accepter celles oui sont justes et rejeter
celles qui sont erronées. Il n'y a pas d'oeuvres ar-
tistiques et littéraires impeccables, même si une
œuvre est bonne pour l'essentiel, nous devons indi-
quer ses insuffisances et ses erreurs pour qu'elle
puisse être améliorée. Les mauvaises œuvres ne
doivent pas être cachées, mais soumises au juge-
ment des masses. Nous ne devons pas craindre les
masses, mais au contraire avoir pleine confiance
en elles car elles peuvent nous donner des avis
très précieux. Cela aidera, en outre, les masses à
mieux discerner les choses. (...)
7. Nous devons encourager la critique littéraire
et artistique révolutionnaire, combative, faite par les
masses, et briser le monopole détenu dans ce do-
maine par quelques « spécialistes » qui suivent une
orientation erronée et se montrent conciliants. Nous
devons placer l'arme de la critique littéraire et artis-
tique entre les mains de la masse des ouvriers,
paysans et soldats, combiner les critiques faites par
les professionnels avec les critiques faites par les
masses. Nous devons renforcer le caractère comba-
tif de cette critique, combattre les louanges vulgai-
res et sans principes. NOMS devons réformer notre
style littéraire, encourager la rédaction d'articles
brefs et faciles, faire de notre critique littéraire et
artistique une arme, semblable à un poignard ou
à une grenade, et apprendre à la manier efficace-
ment en combat rapproché. Naturellement, nous de-
vons aussi écrire des articles plus longs, ayant un
caractère systématique et un niveau théorique plus
élevé. Nous ne devons pas utiliser des termes tech-
nîoues de manière à effaroucher les gens. C'est de
cette manière seulement que nous pouvons désarmer
les soi-disant « critiques littéraires et artistiques ».
(...) Nous ne devons pas craindre qu'on nous accu-
se de « brandir le bâton ». Quand on nous taxe
de simplisme et de rudesse ,nous devons faire notre
propre analyse. Certaines de nos critiques, justes,
au fond, ne sont pas assez convaincantes, car l'ana-
lyse et les arguments avancés sont insuffisants. Ce-
ci doit être corrigé. Certains, qui commencent par
nous accuser de simplisme et de rudesse, renon-
cent à leur accusation quand ils acquièrent une
meilleure compréhension. Mais quand l'ennemi con-
damne nos justes critiques en les taxant de sim-
plistes et de rudes, nous devons y tenir tête avec
fermeté. La critique littéraire et artistique doit être
une de nos tâches de 'ous les jours, une impor-
tante méthode pour mener la lutte dans le domaine
de la littérature et de l'art : elle est aussi un impor-
tant moyen par lequel le Parti dirige le travail litté-
raire et artistique. Sans une critique littéraire et
artistique justes, nous ne pouvons faire fleurir la
littérature et l'art.
(...) 9. En ce qui concerne la méthode de créa-
tion, nous devons combiner le réalisme révolution-
naire avec le romantisme révolutionnaire et non pas
adopter le réalisme critique bourgeois ou le roman-
tisme bourgeois.
Les belles qualités des héros ouvriers, paysans et
soldats qui ont surgi sous la direction de la juste
ligne du Parti sont l'expression condensée du ca-
ractère de classe du prolétariat. Nous devons nous
appliquer, avec un enthousiasme ardent et par tous
les moyens possibles, à créer des images héroïques
d'ouvriers, de paysans et de soldats. Nous devons
créer des personnages typiques. Le président Mao
a dit : « La vie reflétée dans les œuvres littéraires
3( artistiques peut et doit toutefois être plus relevée,
plus intense, plus condensée, plus typique, plus
proche de l'idéal et, partant, d'un caractère plus uni-
versel que la réalité quotidienne. » (...)
Quand au choix du sujet, c'est seulement en pé-
nétrant profondément dans la vie et en faisant un
bon travail d'investigation et d'étude que nous pou-
i/ons faire un choix judicieux et correct. Les dra-
maturges doivent se lancer, inconditionnellement et
pendanï une longue période, dans les luttes arden-
tes de la vie. Les metteurs en scène, les acteurs,
les opérateurs, les peintres et les compositeurs doi-
t/ent également s'élancer dans la vie et faire sérieu-
sement le travail d'investigation et d'étude. Dans
ie passé, certaines œuvres déformaient les faits
Historiques, se concentrant sur la description de li-
gnes erronées et non de la ligne juste ; d'autres
dépeignaient des personnages héroïques qui, néan-
moins, ont invariablement violé la discipline, ou
Dien ne créaient de tels personnages que pour abou-
tir à un dénouement artificiellement tragique en les
faisant donner leur vie ; d'autres encore ne pré-
sentaient pas de personnages héroïques, mais seu-
lement des personnages « indécis », en fait arrié-
rés, avilissant l'image des ouvriers, paysans et sol-
dats. En dépeignant l'ennemi, certaines œuvres ne
dévoilaient pas sa nature de classe en tant qu'ex
ploiteur et oppresseur du peuple et allaient même
jusqu'à le rendre séduisant. Enfin, quelques œuvres
ne parlaient que d'amour et d'histoires romanesques,
flattant les goûts vulgaires et proclamant sujets éter-
nels « l'amour » et « la mort ». Il faut s'opposer
résolument à toute cette camelote bourgeoise et
révisionniste.
10. (...) Notre littérature et notre art sont une
littérature et un art prolétariens, la littérature e>
l'art du Parti. Ce qui nous distingue avant tout des
autres classes, c'est notre esprit de parti prolé-
tarien érigé en principe. Nous devons bien com-
prendre que les porte-parole des autres classes
sont, eux aussi, guidés par leur principe d'esprit de
parti, lequel est fortement ancré en eux. Dans les
principes régissant la création artistique et litté-
raire, de même que dans la ligne d'organisation et
dans le style de travail, nous devons rester fidèles à
ce principe qu'est l'esprit de parti prolétarien et
combattre la corruption des idées bourgeoises. Nous
devons tracer une nette ligne de démarcation entre
notre idéologie et l'idéologie bourgeoise et ne to-
lérer aucune coexistence pacifique entre elles. Des
problèmes de divers genres existent maintenant dans
les milieux littéraires et artistiques. Pour la plupart
des gens de ces milieux, il s'agit de la question de
l'élévation de leur niveau de compréhension et de
leur niveau idéologique par le moyen de l'éduca-
tion. Nous devons étudier consciencieusement les
œuvres du président Mao, les étudier et les appli-
quer de façon créatrice 9t en liaison avec nos pen-
sées, avec les problèmes du moment, et les étudier
en ayant à l'esprit les problèmes à résoudre. C'est
seulement de cette façon que nous pouvons réelle-
ment comprendre, saisir et maîtriser la pensée de
Mao Tsé-toung. Nous devons, pendant une longue
période, pénétrer profondément dans la vie, faire
corps avec les ouvriers, paysans et soldats, élever
notre conscience de classe, effectuer notre refonte
idéologique et servir de tout cœur le peuple, sans
aucune pensée de renommée personnelle ou de
gain matériel. Il faut exhorter nos camarades à
étudier le marxisme-léninisme et les œuvres du pré-
sident Mao, à demeurer révolutionnaires pour toute
la vie, et, en particulier, à prendre soin de garder
intacte leur intégrité prolétarienne dans leurs vieux
jours, ce qui n'est pas 'acile à faire.
(...) Nous continuerons à bien étudier les œuvres
du président Mao, à fare consciencieusement le
travail d'investigation et d'étude et à mener à bien
l'exploitation de « parcelles de terre expérimenta-
les » et la production cie bons modèles, afin de
jouer notre rôle d'avant-garde dans cette lutte révo-
lutionnaire culturelle pour l'implantation de l'idéo-
logie prolétarienne et la liquidation de l'idéologie
bourgeoise.
(Extrait de Pékin information n" 23, 5 juin 1967)
L'OPPOSITION ARTISTIQUE 15
Nous publions ici « La Varsovienne », chant des ouvriers polonais au siècle dernier.
Ce chant adopté par la Révolution d'Octobre est devenu le symbole de la ténacité de la
classe ouvrière à se libérer et à instaurer sa dictature. Au moment où, en Pologne, la
clique de Gomulka trahit les intérêts fondamentaux du peuple de Pologne, au moment où
la jeunesse intellectuelle bourgeoise se lance dans la contre-révolution, publier ce chant,
c'est affirmer sa solidarité totale avec la classe ouvrière polonaise et son parti, le Parti
Communiste de Pologne (M.L.) contre les contre-révolutionnaires et les révisionnistes.
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En rangs serrés l'ennemi nous attaque
Autour de notre drapeau rouge groupons-nous
Que nous importe la mort menaçante
Pour notre cause soyons prêts à souffrir
Mais le genre humain courbé sous la honte
Ne doit avoir qu'un seul étendard
Un seul mot d'ordre : travail et justice
Fraternité pour tous les ouvriers.
Les profiteurs vautrés dans la richesse
Privent de son pain l'ouvrier affamé
Ceux qui sont morts pour notre grande cause
N'ont pas en vain combattu et péri.
Contre les richards, les capitalistes
Contre les rois et les trônes pourris
Nous lancerons la révolte puissante
Et nous serons à jamais victorieux.
0 frères aux armes
Pour notre lutte
Pour la victoire
Des travailleurs
O frères aux armes
Pour notre lutte
Pour la victoire
Des travailleurs.
16 L'OPPOSITION ARTISTIQUE
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Title
L'Opposition artistique
Issue
no.2
Date
Keywords
Publication information
no.2