Rive gauche

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NATKIN
1" SPECIALISTE
IMIOTO - CINE - SON
DE FRANCE
47, rue du Cherche-Midi, 6-
15, avenue Victor-Hugo, 16*
21, rue de Pondichery, 15"
90. ' rue de Levis 17"
4 ANNEE
N° 21
JUIN
1968
1 F
VETEMENTS DE PEAU
ENSEMBLIER
74, rue de Rennes
PARIS 6" - LIT 44 84
Tél. 8832.08 DEAUVILLE
Cinéma ARLEQUIN
76. r. de Bennes - LIT. 62-25
Charles LAUGHTON
L'EXTRAVAGANT M. RUGGLES
ÉTUDIANT-MAGAZINE
IA
L'U.N.E.F. PROPOSE... Manifeste Universitaire
NOTRE
RÉVOLUTION
par J.-R. VITAL
Cette révolution n'est pas
une révolution matérielle,
c'est-à-dire ne demandant
que le contentement de
revendications matérielles,
mais une révolution spiri-
tuelle demandant que l'hom-
me soit existant, considéré
et respecté dans notre so-
ciété et qu'il ne soit plus
une partie mécanisé >. de
notre économie.
Les révolutions précé-
dentes avaient'' pour but que
l'homme accède à un cer-
tain bien-être matériel.
(Suite page 2)
Quatre objectifs essentiels peuvent être proposés dès mainte-
nant au mouvement étudiant :
! ''instauration immédiate d'un pouvoir étudiant réel dans les
facultés avec dro;t de veto sur toute décision prise ;
2. subordonné à ce premier point, l'autonomie des université»
et facultés ;
3 l'extension de la lutte à l'ensemble des secteurs qui diffusent
1 idéologie dominante, c'est-à-dire l'information ;
4. la jonction rée'le avec les luttes ouvrières et paysannes en
posant le problème du même type de contestation du pouvoir
au sein de lentreprise et dans les structures professionnelles.
Ces quatre points ainsi explicités peuvent nous permettre
d'agir sur la situation et de réaliser d'autres revendications qui
nous concernent :
1. I-e boycott des examens TRADITIONNELS qui ne servent
qu à éliminer les étudiants à partir d'un enseignement qui a fait
faillite ; une première synthèse des débats permet de formuler les
principes suivants :
a) II n'est pas question de faire payer aux étudiants les frais
de la contestation des examens. Cela veut dire qu'il n'est pas
concevab'e qu'ils perdent le bénéfice de leur année, qu'il n'est
pr.s concevable non plus que des examens lèsent les militants qui
se sont battus alors que les autres restaient tranquillement chez
eux ou les étudiants blessés, par rapport à ceux qui se portent bien
(Suite page 2)
de MAI 1968
Les assemblées générales des divers établissements d'ensei-
gnement supérieur proclament solennellement que la réforme de
l'Université doit avoir pour ligne directrice les principes fonda-
mentaux suivants :
1") INDEPENDANCE ET CONTESTATION.
L'Université doit être totalement indépendante du pouvoir
politique quel qu'il soit.
L'Université doit être le centre de contestation permanente de
' la société; l'information et les débats LIBREMENT organisés
entre étudiants, enseignants et travailleurs dans l'Université,
constituent le moyen fondamental de cette contestation.
Un ensemble de règles intérieures à chaque établissement
d'enseignement supérieur doit garantir ces principes ainsi que
la présence et la libre expression des minorités.
j 2") AUTO-GESTION.
' L'enseignement gratuit is tous les niveaux est un dû de la
j Société présente à la Société future.
Il doit être également et effectivement ouvert A TOUS sans
aucune sélection imposée.
Les établissements d'enseignement supérieur doivent être
gérés paritairement par les enseignants et les étudiants sans
aucune ingérence extérieure.
(Suite IHII/C LM
1/U.N.E.F. PROPOSE...
Etant donné que la remise en cause des examens est liée à
un changement total de l'enseignement, cela veut dire que toute
discussion sur îe contrôle des connaissances lui est subordonnée.
Ce qui compte dans les circonstances présentes, c'est :
•n Le contrô'e par !es étudiants de toute procédure d'examen ou
d autre iroyen de délivrance des diplômes ;
M Le changement dans un certain nombre de domaines du contenu
d éventuelles épreuves :
al Le contrô'e de toute décision par les étudiants.
b) II n'est pas question de laisser faire les examens et concours
nationaux dans leur forme habituelle :
m Nous proposons la transformation du concours du CAPES en
examen : ce a veut dire que l'on ne tiendra pas compte du con-
tingentement prévu des postes ;
m Pour le baccalauréat : il n'est pas concevable que le baccalau-
réat ait lieu sous sa forme traditionnelle. Au minimum nous pro
posons que les lycéens puissent exercer un pouvoir de contrôle
et que tous les candidats puissent passer l'oral.
2. Les libertés politiques et 'syndicales sont un fait dans les
facultés. Elles doivent le devenir aussi dans les campus (avec un
pouvoir étudiant ayant un droit de veto), dans les grandes écoles
et dans les lycées. A ce sujet l'U.N.E F. se déclare non seulement
solidaire des C.A.L. mais annonce solennellement qu'elle partici-
pera à !a lutte pour la reconnaissance des C. A. L. dans les lycées
et pour leur liberté absolue d'expression et d'action.
3 Pas de sélection à l'entrée et au cours de l'enseignement
supérieur. Etant donné que le changement total de l'enseigne-
ment est un préalable absolu, nous refusons toute sélection de
quelque nature qu'elle soit.
(Extrait de l'Appel du Bureau National de l'U.N.E F.)
Le MANIFESTE UNIVERSITAIRE
Les fonds publics dûs par l'Etat à l'enseignement doivent
être fixés en fonction des exigences de la collectivité nationale,
exprimées dans des plans économiques et sociaux à moyen et
long terme qu'elle doit se donner démocratiquement et dont
l'application est obligatoire pour les établissements publics; les
organisations d'enseignants et d'étudiants sont représentées dans
les instances d'élaboration des plans. Les masses financières, ainsi
affectées à l'enseignement par les plans une fois ratifiés, s'imposent
comme une contrainte aux pouvoirs politique, exécutif ou délibé-
rant dans le vote du budget annuel. Ces masses en ce qui
concerne l'enseignement supérieur sont réparties entre les
Universités par un organisme paritaire d'exécution issu des
organismes paritaires d'enseignants et d'étudiants ayant participé
à l'élaboration des plans.
Toute autonomie réelle exige l'institution d'organismes capables
de neutraliser les forces extérieures qui pourraient déposséder en
fait les étudiants et les enseignants du pouvoir de décision dans
tout ce qui concerne le fonctionnement de l'Université. Seuls
des Comités nationaux de vigilance issus des comités paritaires
peuvent définir les moyens concertés, et riposter aux tentatives
de récupération et en particulier à celle qui se servirait immé-
diatement des utilisations anarchiques de l'autonomie.
3") AUTO-DEFINITION*.
Les étudiants et enseignants doivent pouvoir remettre en
cause, régulièrement et en toute liberté, le contenu et la forme
de l'enseignement.
L'Université doit être un foyer de culture sociale. En consé-
quence, elle devra déterminer elle-même les cadres dans lesquels
les travailleurs participeront à ses activités.
Les examens et concours sous leur forme actuelle doivent
disparaître et laisser la place à un contrôle continu sur la qualité
du travail effectué au cours de toute une période : l'échec à un
examen sous sa forme actuelle ne sanctionne pas toujours la
paresse ou l'inaptitude de l'étudiant, mais souvent la carence de
l'enseignement.
3") AUTO-PERPETUATION.
L'Université est la volonté d'un perpétuel dépassement par :
— l'étroite conjonction de la recherche et de l'enseignement;
- - l'éducation permanente;
-— le recyclage régulier des travailleurs et des enseignants.
Pour ces derniers, des années de disponibilité totale pour
l'étude doivent être prévues.
Texte élaboré par les représentants des établissements
d'enseignement supérieur suivants :
Droit et Sciences Eco de Paris
Institut Etudes politiques Paris
Médecine Paris
Philo, Socio et Lettres Paris
Langues O
Ex Ecoles d'Art
Halle aux Vins
Orsay
Sciences Eco Nanterre, Rouen. Poitiers et Clermont-
Ferrand: sera proposé aux A.G. et sera accepté ou rejeté
dans sa totalité.
La Rue de la non réélection
J.-R, VITAL
En 1789, les bourgeois ont
enfermé dans la liberté du
citoyen un individu pure-
ment capable de consommer.
La révolution russe a
voulu et a réussi à suppri-
mer l'individu pour le rem-
placer par une collectivité.
.Votre révolution rejette
ces deux révolutions.
La révolution actuelle,
notre révolution, peut se ré-
sumer en ces mots:
Jusqu'à maintenant, l'être
humain s'est battu pour un
bien-i'tre matériel.
C'est
l'AVOIR.
ce que j'appelle
Un département pourrait-il
s'appeler Poincaré, Mendès-
France, de Gaulle ? Impensa-
ble.
Au Mexique, deux Etats sont
parrainés de cette façon, par
des hommes illustres : Hidalgo,
et Morselos. Si certaines villes
des pays de l'Est s'appellent
Karl-Marx-Stadt ou Titograd
en hommage à des hommes
politiques, l'habitude ne s'est
pas implantée chez nous.
LA PLUS LONGUE RUE DU
MONDE
Les Mexicains, eux, ont of-
fert une ville : Giudad Juarè/,
à leur grand réformateur po-
litique. Nos grands hommes
n'ont droit qu'à des russ, des
ponts ou des écoles. Mexico
aime perpétuer certains sou-
venirs historiques. Ainsi 'a
plus longue rue du monde, qui
traverse la capitale de part en
part, est nommée d'après les
révolutionnaires de 1910 : A-
vennida Insurgentes. Le ma-
gnifique boulevard de la cité :
Paseo de la Reforma, rappelle
l'œuvre de Juarèz. La date de
l'Indépendance : 26 septembre
a sa rue. Parallèlement à
l'Avenida Juarèz existe une
rue de l'Article 23 (de la Cons-
titution) à travail égal, sa-
laire égal Mais voici une rue
qui est tout un programme :
la rue de la Non-réélection.
Restons dans cette rue ;
évoquons quelques souvenirs
Le 27 septembre 1910, les li-
béraux se déchaînent contre
le dictateur Porfiro Diaz, âgé
de 80 ans, et qui, après 34 ans
de pouvoir, n'avait pas fait
grand chose pour sortir Je
Mexique des pressions qui
s'exerçaient sur lui. Avec las
constitutionnalistes, le leader
paysan Emiliano Zapata passe
à l'attaque et réclame « les
terres et la liberté ». Pancho
Villa, le desperado du Nord,
défait les troupes gouverne-
mentales et avec ses campesi-
nos et indios aux pieds nus, se
rue sur la capitale. Les géné-
raux Carranza et Obregon sa
mutinent. Mexico est en com-
plète révolution. Porfiro Diaz
s'enfuit. Francisco Madero, un
propriétaire foncier intelligent
et cultivé, de pure race espa-
gnole, lui succède comme pré-
sident.
TROIS PRESIDENTS
GOUVERNENT MEXICO
Mais le calme ne revient pas
Zapata ne dépose pas les ar-
mes, car la politique agraire
prudente de Maderos n'apaise
pas la famine qui règne sur
le pays. L'ambassade améri-
caine à Mexico complote avec
des « porfinstes » mécontonts
Le président est renversé et
assassiné- C'est alors un gi-
gantesque chaos révolution-
naire. Chacun se bat en des
jeux d'alliance complexes. Les
zapatistes contre les hommes
de Villa et les deux contre les
troupes de de Carranza. Le
Mexique est à feu et à sang.
La famine, les épidémies, a
brutalité et l'absence de toute
légalité ruinent le pays. Une
sorte d'Apocalypse s'abat sur
la population. L'Etat n'a plus
de pouvoirs • les autorités sont
paralysées. A certaines épo-
ques, trois présidents gouver-
nent à Mexico. L'un d'eux,
Pedro Lascurain bat un record
de brieveté:il ne dirige le Mexi-
que que pendant 55 minutes !
Chacun édic'e ses propres lois
dirige son armée et émet sa
propre monnaie de papier.
Calles devient président. I!
tente de faire passer les lois
anti-cléricales de la Constitu-
tion. La révolte gronde à nou-
veau, surtout dans les Etats
conservateurs de Jalico, Mi-
choacan, Colima et Puebla, où
les croyants s'élèvent contre
les persécutions à l'égard de
l'Eglise. La révolution a déjà
15 ans et on estime que cette
terrible guerre civile a coûté
la vie à deux millions d'hom-
mes-
Carranza devient président,
mais il doit fuir et est assas-
siné. Emilio Zapata ne capitule
pas ; il tombe dans un geut-
apens et est assassiné. Obregon
est nommé président, truque
sa réélection et est assassiné.
(Suite page 5)
L'homme ne s'est pas en-
core, jusqu'à ce jour, engagé
sur If chemin de la raison
d'ttre de l'individu, c'est-à-
à-dirc son état responsable
en nuit qu'homme.
C'est ce que j'appelle
l'ETRE.
(Il est entendu que pour
se battre pour l'être il faut
déjà avoir un minimum
d'avoir, ce qui est le cas de
notre époque).
Notre révolution est une
révolution qui demande que
chaque individu soit un
homme et non pas un outil.
Une fois que nous aurons
renversé les structures ac-
tuelles, nous pourrons instal-
ler une pensée directrice
ayant pour but d'ètfe avant
d'avoir.
Actuellement, le travail-
leur ne vit pas, if travaille
et consomme. Comment faire
vivre le travailleur ?
d'abord en l'intégrant
dans la gestion de son tra-
vail,
- ensuite en lui dispen-
sant la culture qui lui
manque, c'est-à-dire en aug-
mentant les centres cultu-
rels et en se servant des
moyens de l'information pour
distribuer cette culture,
- et enfin en diminuant
le temps de travail, d'une
part par l'automatisation des
tâches, d'autre part en aug-
mentant le potentiel de pro-
duction, soit en hommes en
épongeant le chômage, soit
en matériel en créant de
nouveaux investissements.
Après ces mesures élémen-
taires et fondamentales,
l'homme connaîtra une nou-
velle naissance. Il pourra
être, il pourra vivre non plus
en consommateur, mais en
homme responsable.
Notre révolution, si elle est
dirigée dans cette direction,
est une première mondiale,
car toutes les précédentes
tendaient à donner aux
hommes la possibilité de
consommer et non la possi-
bilité d'être des responsables
dans la société.
Voilà comment j'ai com-
pris la révolution actuelle
qui pourrait s'exprimer par
ce slogan: < ETRE AVANT
D'AVOIR ->.
J.-R. VITAL.
2
Pas D'ACCORD
par Jean Chabannes
Je ne suis pas d'accord avec ce
qui se l'ait, et je veux pouvoir
le dire sans que les gens d'arme
ne m'enfoncent le crâne, ni que
les chefs ne nie soudoient.
Pas d'accord pour reconnaître
à un gouvernement le droit de
propriété sur la vie nationale à
la base.
Pas d'accord pour laisser des
technocrates décider de mon ave-
nir, de ma culture, de mon infor-
mation.
Pas d'accord pour que mes amis,
mes élèves, mes enfants, voient
l'orie'ntation de leur vie dans les
mains de quelques pédagogues -
si compétents soient-ils - et d'une
hiérarchie toute pui'ssante.
Comment peut-on accepter que
des chefs, nommés par leur gou-
vernement, dans une nation démo-
cratique (au fait, que signifie ce
mot '?) prétendent imposer leur
point de vue et leur philosophie
pour une période de deux, cinq
et même dix ans '.'
De quel droit les statistiques
prospectives devraient elles obli-
ger une personne à limiter ses
ambitions, renoncer au travail
dans une branche qui l'intéresse,
se contenter d'une «culture» sté-
réotypée et d'une spécialisation
unique ? J'irai même plus loin :
pourquoi refuser à quelqu'un de
se former à une discipline qu•_•
l'école doit être à même de pro-
poser, même si le «marché» éco-
nomique ne s'oriente pa's vers
une abondance en ce domaine ?
- d'ailleurs, qu'en sait-on ?
Les moyens existants actuelle-
ment permettent à qui le veut
d'apprendre n'importe quoi, pour
peu qu'il n'y ait pas d'incompa-
tibilité physique ou psychique
grave. iPourquoi alors ne pas favo-
riser le développement de ces
moyens, et refuser ensuite aux
personnes ainsi formées le cer-
tificat, de compétence que méritent
ces études ? L'action concrète fera
le reste.
Voilà pour les études et la
culture.
Et voici pour l'action.
En France, on se heurte partout
à la hiérarchie, aux textes, aux
lois rigides qui formalisent toute
initiative en règlement, toule
activité en fonction, tout be'.soin
en obligation. Quand on se pro-
pose pour faire un travail, on
nous demande aussitôt : da.is
quel cadre est-ce que cela rentre,
quel est le nom de cette structure ?
ces gens sont des quoi ? - Mais
de's rien ! Ce sont des gens : des
hommes, la population, la v;v
humaine. On classe par âge, par
niveau, par classe, par catégorie,
par sexe, par type, par race, par
religion, par quotient intellectuel,
par opinion politique, par vitesse
de sédimentation. . . Ces distinc-
tions dans la vie sociale, vont à
rencontre de la vie, qu'elles
sclérosent.
Verra-t-on enfin surgir la vie
des réflexion's de mandarins qu'où
nous cache à l'Olympe - quels
que soient les dieux qui y
siègent ?
Moi je n'y crois pas. Mais je
crois que la vie est plus forte que
la raison bornée de quelques
cervaux électroniques ou pas.
La vie monte de la terre. La
vie est à la base.
Je lance trois mot?, qui
n'appartiennent, pas plus que
moi, à aucun mythe ni à aucun
système, pour peu qu'on accepte
la totalité de leur contenu : in-
formation, dialogue, action corn
munautaire.
Qui veut être témoin de da vie ?
PREMIERS
S
du Mouvement Etudiant
Derrière le folklore de la Sor-
bonne ou de l'Odéon se cache
un réel travail; étudiants et en-
seignants essaient ensemble de
définir ce que sera l'Université
de demain. Etablie par le
CRIU (1). l'analyse des documents
publiés par l'ensemble des facul-
tés et écoles présente un pano-
rama des thèmes majeurs de la
réflexion universitaire.
I. __ INSTALLATION
DU MOUVEMENT ETUDIANT
La réalité du pouvoir étudiant
qui s'est installé à l'Université
ne peut pas être analysée com-
plètement. On peut cependant
noter le malaise latent et le
mécontentement. souvent non
exprimé, qui régnait partout ces
derniers temps.
La déjà célèbre nuit des barri-
cades a permis au inonde étudiant
de comprendre que son existence
toute entière devait lui appartenir
en propre. Il refuse l'autorité
imposée, la passivité, le « man-
darinat » par lequel un profes-
seur titulaire d'une chaire pos-
sède littéralement, pour toute sa
vie, ses assistants, ses aides et
ses étudiants.
L'occupation des locaux des
facultés a essentiellement permis
aux étudiants d'assurer la réalité
de leur pouvoir et de se mettre
au travail.
Pour la participation.
L'organisation universitaire se
veut maintenant fondée sur la
participation. L'Ensemble des étu-
diants désire et réclame une
réelle démocratie, mais s'il recon-
naît à chacun le droit de s'expri-
mer et de voter dans les assem-
blées, il refuse la démocratie de
la passivité représentée en par-
ticulier par le vote à bulletins
secrets dans le cadre des groupes
de travaux pratiques ou l'envoi
de cartes postales.
L'essentiel du travail se fait en
petites commissions auxquelles
participent librement enseignants
et enseignés. Ces commissions ré-
fléchissent sur des sujets précis,
rédigent des textes, présentent
des rapports à l'Assemblée Géné-
rale. En effet, la solution la plus
fréquemment retenue est une
assemblée à caractère délibératif
et souverain. Les comités élus
ou formés de volontaires ne sont
pour la plupart du temps que des
organes de synthèse et de coor-
dination.
Contre le « Mandarinat ».
La réaction contre un « man-
darinat > jugé oppressif se re-
trouve encore dans le problème
de la parité. Certaines facultés
ont d'ores et déjà adopté le prin-
cipe de commissions paritaires
où sont représentées également
enseignants (professeurs, assis-
tants, chercheurs...) et enseignés.
D'autres, au contraire, refusent
d'opposer des forces : d'une part
les professeurs, d'autre part les
étudiants, et proposent de donner
à tous le même statut de tra-
vailleur universitaire, ainsi une
élaboration commune des projets
pourrait être réalisée au sein
d'organes où chacun aurait des
possibilités de s'exprimer équi-
valentes.
Pour la cogestion et l'autonomie.
L'Université de demain appa-
raît tendue vers la mise en place
de la cogestion et de l'autonomie.
Cette cogestion implique une
participation des enseignés, des
enseignants et du personnel ad-
ministratif à tous les niveaux de
décision et de réflexion. Cette
réflexion pourra porter tant sur
les problèmes (financement, équi-
pement, etc.) que sur les pro-
blèmes du contenu et des mé-
thodes de l'enseignement.
Il découle de cette recherche
que la condition nécessaire à une
réelle participation à tous les ni-
veaux est l'autonomie. Chaque
faculté ou groupe de facultés ou
même, selon certains, chaque dé-
partement aurait la faculté de dis-
poser de la latitude d'action né-
cessaire à la gestion indépen-
dante de son budget et au choix
des enseignements et des métho-
des.
Pour la contestation.
Enfin, il est un dernier point
qui recueille l'unanimité, même
s'il n'est pas exprimé de la même
façon par tous; l'autonomie et la
cogestion ne se conçoivent que
dans la contestation permanente.
Qu'on comprenne bien que la
contestation ne consiste pas à tout
démolir sans cesse, mais exige
un réel esprit critique, une atti-
tude par laquelle chacun accepte
de se remettre en question soi-
même. La contestation implique
aussi que l'on ne considère ja-
mais un système comme acquis
définitivement, que l'on accepte
d'en rediscuter les structures en
fonction des besoins et éléments
nouveaux et à la lumière des
expériences passées.
II. — SOCIETE
ET UNIVERSITE DE DEMAIN
La réflexion des commissions
portant sur la formation des
hommes, elle débouche bien évi-
demment sur la société des hom-
mes. Puisque les jeunes ne veu-
lent pas d'une Université qui les
conditionne et les empêche de
participer donc de s'épanouir
parfaitement, ils récusent tout
aussi bien une civilisation de
consommation où les rapports
entre individus sont régis par des
règles de dépendance, où le seul
but de la vie serait de produire
plus pour consommer pjus et cli-
consommer toujours plus pour
produire encore plus.
Dans ce nouveau contexte, le
statut même de l'étudiant. con..i-
déré comme participant à plein
titre de la société, est à revoir
complètement : certains l'assimi-
lent simplement au travailleur,
au même titre que l'ouvrier,
l'enseignant ou le fonctionnaire.
L'Université doit être un lieu
d'éducation permanente, où tout
travailleur peut, par la confron-
tation, la réflexion et l'informa-
tion, déboucher sur une partici-
pation à la vie sociale dans de
meilleures conditions.
L'éducation permanente.
Enfin un grand nombre d'idées
nouvelles voient le jour en ce
qui concerne la pédagogie de
cette Université, en rapport
principalement avec la notion
d'éducation permanente. Cette
pédagogie serait plutôt une péda-
gogie de groupe. L'étudiant, con-
sidéré comme participant à sa
propre formation, serait intégré,
avec d'autres étudiants, à une
équipe de personnes déjà enga-
gées dans la profession, de cher-
cheurs, d'assistants, équipe qui
aurait deux objectifs : d'une
part la formation humaine et
l'apprentissage du métier, d'autre
part l'évaluation par chacun, en
une remise en question au sein
du groupe, du sens de son action
vis-à-vis de soi et vis-à-vis de
l'action collective. La principale
mutation à opérer est encore une
fois une mutation d'attitudes: elle
ne doit plus être passise et sou-
mise, mais ouverte et créatrice.
ï?n dernier lieu, il faudrait envi-
sager d'inclure dans cette forma-
tion de tout homme l'acquisition
d'une méthode de travail et de
communication interpersonnelle,
peut-être dès l'enseignement se-
condaire.
Un tel bouillonnement d'idées
nouvelles fait apparaître des no-
tions encore souvent mal définies.
C'est un travail accru dans les
commissions, et uno participa-
tion de tous à tous les niveaux,
qui permettront la mise en place
d'une Université et d'une Société
nouvelle, discutées et préparées
par tous, acceptées et voulues
par tous.
(1) Centre de Recherche et
d'Information Universitaire, 27,
rue Cassette, Paris-61"".
L APPEL DE LA SORBONNE
ETUDIANTS, il ne faut pas nous laisser duper une fois de plus.
ETUDIANTS, il faut prendre conscience de ce que nous avons tous fait confu-
sément, à la hâte dans la rue.
ETUDIANTS, il faut être lucides et ne pas accepter d'être récupérés, assimiliés
ou compris avec nos petits problèmes de privilégiés.
ETUDIANTS, nous sommes des adultes, nous sommes des travailleurs, nous
sommes des responsables.
Exposons clairement ce que nous voulons et nous devons prendre le temps de le
savoir.
THESE n' 1
II n'y a pas de problème-s étudiant. L' « Etudiant » est une notion périmée. Nous
sommes des privilégiés parce que nous seii'.s avons le temps, la possibilité maté-
rielle, physique, de prendre conscience de notre état et de l'état de la société.
Abolissons ce privilège et faisons que tout le monde puisse devenir privilégié.
THESE n" 2
Ne nous laissons pas scinder des professeurs et des autres classes de la société.
Ne nous laissons pas enfermer dans une classe d'étudiants avec ses problèmes d'in-
tégration économique et sociale. NOUS SOMMES DES TRAVAILLEURS COMME
LES AUTRES. Nous sommes un investissement, un capital pour la société. Nous
devons être payés et considérés comme tout autre travailleur ayant sa fonction
sociale. Ne nous laissons pas traiter en parasites. Refusons d'être des « fils à
papa », c'est-à-dire d être dépendant économiquement.
THESE n" 3
Nous refusons la société de consommation. Nous avons tort. Nous voulons con-
sommer, mais consommer ce que nous avons décidé de produire.
THESE n° 4
Ne cédons pas à l'ouvriérisme. La classe ouvrière dans son ensemble a été flouée
comme on essaye de nous flouer actuellement. Les moyens de choisir ne lui ont pas
été donnés, c'est-à-dire l'éducation nécessaire à une prise de conscience.
THESE n 5
Refusons les compromis avec les dirigeants syndicaux. Ils se sont eux aussi
laissés abuser et ont ainsi trahi tous les travailleurs en faisant d'eux des consom-
mateurs aveugles. Personne ne leur a fait saisir l'importance de cette banalité. Le
travailleur ne consomme que ce qu'il produit. La semaine de 40 heures a été volon-
tairement reniée par la clause ouvrière car la consommation lui a été présentée
comr.;e un but ultime, une fin en soi.
THESE n 6
L'embourgeoisement de la classe ouvrière a été une entreprise du capitalisme
moderne et à l'échelle mondiale. Il a fait miroiter ses propres privilèges comme
accessibles à tous, amorçant ainsi le cycle infernal des besoins et «pseudo-besoins ».
Il a pu ainsi diviser le monde en deux : les nantis et tous ceux susceptibles de le
devenir face aux « exclus-provisoires » de ce monde. les « pays - dits - sous-dévelop-
pés » Ainsi la solidarité de la bourgeoiserie et du prolétariat s'est-elle faite contre
le « lumpen-prolétariat » du tiers monde.
THESE n 7
Nous sommes de « lumpen-prolétariat » de la société de consommation. Acceptons
notre fonction historique. Supprimons nous et avec nous supprimons tous les
« lumpen-proletariats ».
THESE n" 8
Ne cédons pas au chanta.ee de l'apolitisme. Notre lutte a toujours été politique
et ne peut que l'être. Refusons les palliatifs de la compréhension, le paternalisme,
le bon sens qui nous sont demandés.
THESE n 9
II nous faut continuer la lutte pour un changement radical de la société.
THESE n 10
Refusons le « révolutionisme ». Il ne s'agit pas de faire la révolution - n'importe
que-Ile révolution - car elle ne se fera pas. LA REVOLUTION N'EST PAS UN
LUXE, NI MEME UN ART. ELLE EST UNE NECESSITE HISTORIQUE QUAND
TJUT AUTRE MOYEN EST IMPOSSIBLE.
La révolution est la continuation d'un dialogue quand celui-ci n'est plus possible.
THESE n' 11
Nous devons faire la révolution, elle sera dure et longue. Ne nous laissons pas
duper. La révolution n'est pas quelques amphis et quelques professeurs en plus. Cela
ne changera rien à notre situation dans la société car notre condition n'est que le
produit de 1 état de la société dans son ensemble.
THESE n" 12
Si notre situation nous entraîne à la violence, c'est que la société toute entière
nous fait violence car le fondement de la société est la violence.
THESE n' 13
Refusons la vio'.ence du « bonheur » faite à tout le monde : ce bonheur scanda-
leux des heures supplémentaires, du marchandage, de la force de travail et de la
force vitale échangées contre quelques hochets en noir et blanc et en couleur, ne
servant ensuite qu'à mieux nous priver de notre humanité.
THESE n" 14
Nous seuls pouvons refuser cela car nous sommes privilégiés de ne pas être
encore entrés dans ce cycle infernal. Personne ne nous aidera car personne ne le
peut. Nous n'étions autrefois qu'une petite minorité de facteurs privilégiés nécessai-
rement et facilement intégrab'.es. Nous sommes maintenant une trop grande minorité.
Telle C'St la contradiction où nous sommes placés. TELLE EST NOTRE FORCE RE-
VOLUTIONNAIRE.
THESE n" 15
Ne comptons que sur notre jeunesse, notre immaturité, notre absence de respon-
sabilités pour imposer que tout le monde ait une vue claire, puisse véritablement
devenir adulte, mûr, responsable, homme enfin.
THESE n° 16
Ne nous laissons pas tromper par les maîtres à penser. Il faut que nous repen-
sions nous-mêmes car nous seu's avons les moyens de le faire. Nous seuls avons la
possibilité de dire non. Les autres travailleurs responsables politiques, syndicaux,
gouvernementaux ont déjà dit oui en acceptant totalement leurs rôles respectifs.
Ils ne se querellent que pour mieux se sentir solidaires et ne pas remettre en cause
les règles du « jeu des forces » dans lequel ils s'épuisent
THESE n" 17
II faut que tout le monde ait des droits, non des « rôles ». Soyons autre chose
que des personnages d'une tragi-comédie qui n'est même plus bouffonne.
THESE n" 18
Acceptons les moyens de nos fins. Si nous voulons un changement radical, nous
ne l'obtiendrons pas par un dialogue, car celui-ci n'existe plus depuis longtemps.
Si nous vou'ons simplement un aménagement de nos futurs privilèges de la classe
dirigeante, continuons notre apprentissage et ne nous donnons pas l'illusion de la
« révolution ».
THESE n" 19
II faut libérer nos camarades et reprendre nos « activités professionnelles i
Cela est notre but premier dans l'ordre des urgences, mais il n'est pas le seul ni le
phis important.
THESE n 20
Refusons le dialogue de sourd des mots, mais refusons aussi le dia'ogue de la
« force bruta'e et conventionnelle ». Aller à la boucherie c'est commencer un dialogue
où nous partons perdants.
THESE n 21
Prenons nos responsabilités envers nous-mêmes et envers les autres. Refusons
catégoriquement l'idéologie du rendement, du progrès et des pseudo forces du même
nom. Le progrès sera ce que nous voudrons qu'il soit. Refusons l'engrenage du
« !uxi> » et du « nécessaire » stéréotypés et imposés à tous ceux qui produisent et
consomment, en même temps, mais que l'on divise arbitrairement.
THESE n" 22
Refermons toutes ces divisions perpétuées consciemment ou inconsciemment du
prolétaire et du bourgeois, du travailleur intellectuel et du travailleur manuel.
Le travailleur intel'.ectiiel n'est tout simplement pas travailleur car il a fal-
lu une fois le travail isolé de celui qui le fournit deshumaniser par la concentration
des moyens de production et les progrès techniques, il a fallu valoriser la seule
cho'se restante : le travail brut, la force, la violence.
THESE n° 23
Refusons aussi la division de la science et de l'idéologie, la plus précieuse de
toutes puisque nous la sécrétons nous-mêmes. Cette division se prétend elle-même
scientifique dans la mesure où la science est l'idéologie dominante et la caution de
tous les abus et reculs ou idéologie scientifique.
THESE n" 24
Refusons aussi toutes les facilités du langage, le verbiage révolutionnaire qui
n'est qu'un instrument d'assimilation et de refus de parer les problèmes. Demandons
de quelle révolution il s'agit.
THESE n 25
Refusons de répondre quand on nous demande de dire où nous allons, nous ne
sommes pas au pouvoir, nous n'avons pas à être positifs, à justifier nos excès. Si
nous répondons, cela veut dire aussi et surtout que nous voulons les moyens de nos
fins c'est-à-dire, sinon le pouvoir, du moins le pouvoir d'où toute forme de violence
et d'oppression soit exclue en tant que fondement de son existence et moyenc de sa
survie.
THESE n" 26
Ne laissons pas assimiler nos buts comme ceux du prolétariat l'ont été. Nous ne
voulons pas seulement contrôler les moyens de production mais aussi ceux de la
consommation, avoir un choix réel, non théorique.
THESE n» 27
Le prolétariat, comme la bourgeoisie en son temps, ont été révolutionnaires, à
savoir qu'ils n'ont pu dialoguer qu'en transformant radicalement la société. Le
prolétariat a perdu partout dans le monde ce pouvoir. Une nouvelle classe dirigeante
est née. synthèse de fait du prolétariat et de la bourgeoisie. Cette « association
d intérêts » cherche à conserver l'idéologie du siècle dernier dans son intégrité
comme garantie d? ses nouveaux privilèges.
THESE n" 28
Si l'on nous traite de privilégiés, c'est pour tenter de nous intégrer à cette
bureau-technocratie industrielle de la rentabilité et du progrès en nous abusant
d impératifs économico-scientifiques. L'ambivalence de cette dénomination apparaît
alors dans toute sa lumière. Pour le pro'étariat ces privilégiés ne peuvent être que
des « petits bourgeois ». Pour la classe dirigeante, ils sont des ingrats. Le point de
départ est différent, le raisonnement est le même
THESE n" 29
La révolution bourgeoise fut juridique, la révolution prolétarienne fut économi-
que. La nôtre sera sociale et culturelle pour que l'homme puisse devenir lui-même.
THESE n° 30
Refusons les idéologies et utopies de l'homme total, proposant une fin, donc un
arrêt, jamais atteint, et ceci au nom de l'idéologie du progrès pour mieux refuser
la progression.
ETUDIANTS. C'EST NOUS LA CLASSE REVOLUTIONNAIRE, C'EST NOUS
LES PORTEURS DE L'IDEOLOGIE DOMINANTE, car notre but est de nous suppri-
mer en tant que classe confirmée dans ses limites. NOUS NE VOULONS ETRE QUE
DES JEUNES TRAVAILLEURS et cela nous pouvons le proposer aux milliers de
jeunes travailleurs intellectuels ou manuels pour qu'ils puissent être comme nous et
nous comme eux.
Une fois de plus il nous faut abolir tous les privilèges, toutes les barrières cachées
et lutter de toutes nos forces et par tous les moyens, et jusqu'à la victoire qui ne
saurait être que provisoirement finale.
Texte présenté et acclamé dans la nuit de mardi 14 et mercredi 15 à la Sorbonne.
SCIENCES
Allocution du Général de Gaulle
Le nouvel I.E.P. s'ouvre concrètement
aux élèves de l'I.E.P.
ETUDIANTES,
ETUDIANTS DE L'I. E. P.,
Etant le détenteur de la légi-
timité universitaire et bourgeoise
j'ai envisagé depuis vingt-quatre
heures, toutes les éventualités
sans exception, qui me permet-
traient de la maintenir. J'ai pris
mes résolutions. Dans les cir-
constances présentes, je contes-
terai.
Je ne changerai pas le direc-
teur de l'Institut, dont la valeur
la solidité, la capacité, la pré-
sence sur le terrain et le carac-
tère méritent l'hommage de tous.
Il me proposera les changements
qui lui paraîtront utiles.
Je dissous aujourd'hui l'Ami-
cale des Elèves.
J'ai proposé à l'Institut l'occu-
pation des locaux qui donnait
aux étudiants l'occasion de pres-
crire un baptême nouveau des
salles, et, en même temps, de
dire si les étudiants me gar-
daient leur défiance ou non par
la seule voie qu'ils pratiquent,
la voie des pavés Je constate
qu'il n'y a plus guère qu'un
quarteron d'enragés pour l'assu-
rer. C'est pourquoi j'ai décidé
de le remplacer dans cette tâche.
On défonce les pelouses par
les mêmes moyens que l'on em-
pêche les appariteurs d'appa-
raître, les examinateurs d'exami-
ner, la direction de diriger, le
Conseil de Perfectionnement de
perfectionner. Ces moyens, ce
sont l'Imagination, la Spontanéi-
té, le Travail Permanent et le
conciliabule prétendument uni-
taire entre des groupes organi-
sés par une union qui n'est plus
guère qu'un groupuscule, mêm<;
si elle a des rivaux à cet égard.
Partout et tout de suite, il
faut que s'organise l'Action Cri-
tique. Cela doit se faire pour
aider la direction d'abord, puis
les maîtres de conférences, deve-
nus ou redevenus Commis de la
Direction, tâche qui consiste à
assurer autant que possible la
survie du Plan en deux parties
et à empêcher la politisation des
Sciences Politiques, dans le hall
comme ailleurs. L'Institut est en
effet menacé d'anarchie structu-
rante. On veut le contraindre à
se résigner à un Pouvoir qui
s'imposerait dans l'assemblée de
notables qui siège à Luxem-
bourg, lequel serait essentielle-
ment celui du Président, c'est-à-
dire celui du Christianisme Té-
moignant.
Eh bien non.. Monsieur Chapsal
gardera son Solex de fonction.
Les étudiants resaisiront leurs
polycopiés. On ne touchera pas
à un seul des cheveux de M.
Touchard. La péniche restera à
l'ancre. Occident ne débouchera
plus de l'Orient. Plan et Métho-
de l'emporteront au galop. On
soulignera plus que jamais le
fondamental. On ramènera l'usuel
à l'Institut.
Vivent les Sciences Pô
Depuis plus de trois semaines,
nous occupons, de jour comme
de nuit, les bâtiments de l'Ins-
titut d'Etudes politiques. En le
déclarant « ouvert à tous ». nous
souhaitions en faire le lieu d'un
dialogue spontané et durable
entre personnes de condition et
d'origine aussi diverses que pos-
sible.
La politique n'est pas. en elîet.
une « matière » qui s'absorbe
à haute dose dans le calme d'une
bibliothèque surchauffée et obs-
cure. La politique est d'abord
une « expérience » qui s'acquiert
« sur le terrain ». qui se vit
dans le dialogue et l'engagement.
En ouvrant à tous notre Ins-
titut, nous ne faisions que pro-
longer, en fait, un enseignement
que certains, par trop sclérosés,
nous ont accusé aussitôt d'inter-
rompre. Ceux-là, bornés, ont dé-
serté, refusant l'expérience.
Quant aux autres, ils « en ont
appris plus en 15 jours qu'en
3 ans de polycopiés » (dixit
Pisani).
Aujourd'hui, en provoquant la
dissolution de la Chambre, le
pouvoir nous offre l'occasion
d'élargir cette expérience. Mans
les circonstances actuelles, la
campagne électorale doit être le
moyen de remettre en cause les
mécanismes économiques, sociaux
et politiques sur lesquels repose
notre société. Nous disposons, du
fait des événements, de locaux
importants propres à permettre
de fructueux échanges d'idées.
Ils seraient absurdes qu'ils res-
tent, par notre faute, inutilisés.
Aussi avons-nous décidé de les
mettre à la disposition de toute
personnalité qui désirerait expo-
ser ses idées sans crainte d'af-
fronter « la base » étudiante et
ouvrière. Cette invitation est uni-
verselle. Elle n'exclut aucun
groupe, aucun parti. En ce qui
nous concerne, nous nous enga-
geons à ce que soient respectées
les opinions qui seront exprimées
comme nous nous engageons a
l"ur assurer le plus large écho
possible. Dès aujourd'hui, notre
bureau de presse se tient à la
disposition des personnes inté-
ressées.
A l'occasion de la campagne
électorale, le nouvel I.E.P. ouvre
enfin une véritable série de tra-
vaux pratiques.
Les Étudiants feront l'Europe Les 15 commandements du
parfait fonctionnaire
« Les mouvements étudiants
d'Allemagne. d'Italie, de France
sont de même nature et répon-
dent à un type de crise propre
aux pays capitalistes avancés. Re-
mise en cause partielle qui de-
vient vite globale et idéologique.
De ce point de vue. on peut dire
qu'il n'y a pas de différence
fondamentale avec les mouve-
ments d'étudiants d'Europe de
l'Est, qui traduisent eux aussi le
refus d'un certain moule idéolo-
gique imposé aux étudiants »
Jacques SAUVAGEOT (dans
• Tribune Socialiste » du 16 mai
1968) souligne ainsi la commu-
nauté de pensée et d'action des
étudiants européens.
L'Europe, grâce à eux. prend
peut-être un nouveau départ im-
prévu et vigoureux, au printemps
1968. Faisons en sorte que cela
entre dans les faits; à ce propos,
deux séries de remarques :
— La révolte étudiante n'a
pas la même signification à
Madrid, à Prague et à Paris.
Certes, dans les trois cas, il y a
ceux qui sont pour à cent pour
cent, à 50 Te; ceux qui sont contre
à 50"r ou 100": et puis, beau-
coup d'indifférents peut-être. Mais
à Madrid ou à Prague, il ne fait
pas bon crier à la dictature :
l'hebdomadaire * Literarny No-
vimy » de Prague ne respire
vraiment que depuis la récente
révolution que nous avons suivie
de si près: et le quotidien
« Madrid » vient d'être suspendu
pour deux mois, parce qu'il at-
taquait le Général de Gaulle.
Que des étudiants de V * Europe
libre » se révoltent est, certes,
pour Madrid ou Prague (ou
Athènes, Bucarest...) source de
joie et regain de courage, mais
aussi d'étonncment et de scepti-
cisme.
— La liberté chez eux est plus
difficile que chez nous, ne l'ou-
blions pas. A nous de montrer
qu'elle nous est aussi chère, et
qu'à long terme leur combat est
le nôtre. Ne laissons pas l'amer-
tume, l'ignorance réciproque ou
le découragement s'infiltrer entre
nous et les autres étudiants eu-
ropéens. Il en irait de la santé
et de la cohérence de cette Europe
qui est pour beaucoup d'entre
nous une grande espérance. Mul-
tiplions les échanges d'informa-
tion, et d'hommes. enseignants
comme étudiants. Expliquons
avec les étudiants allemands, ita-
liens, anglais, les engourdisse-
ments et les injustices résultant
de nos sociétés. Et que ferions-
nous si nous étions nés à Athè-
nes, à Varsovie ou à Berlin-
Est ?
C'est cela aussi « ouvrir »
Sciences-Pô. Qu'un vent salubre
s'y engouffre, qu'il fasse peau
neuve, qu'il ne se contente pas
de changer ses habitudes. Qu'il
se redéfinisse clairement. A tout
enseignement, il faut un esprit.
Un institut français d'administra-
tion ou de recherche politique
théorique ? Certes, mais c'est très
insuffisant. Pour un véritable
Institut d'Etudes Politiques, il
convient que Sciences-Pô n'ait
pas peur des confrontations de
toutes sortes. C'est un risque à
prendre résolument. Et si
Sciences-Pô est de bonne fac-
ture, il résistera. C'est la grâce
que nous lui souhaitons.
F.G.B.
Le travail est une chose sacrée, il ne faut pas y toucher.
Ne vous mêlez que de ce qui vous regarde... et encore.
La continuité dans l'incohérence tient lieu d'esprit de suite.
Pour tout travail spécial, l'emploi des compétences diminue l'autorité des
chefs et la souplesse de l'exécution.
Pas d'histoires, car il n'y a pas d'exemple d'histoire ayant abouti à une
solution qui pouvait être prévue.
Il vaut mieux avoir tort cent fois avec le règlement, que raison à soi tout
seul.
L'autorité qui donne un ordre doit toujours se ménager une victime éven-
tuelle, d'un grade inférieur mais suffisant.
Ne jamais avoir plus d'esprit que ses chefs.
Le plus grand tort que l'on puisse avoir, c'est d'avoir raison.
Il n'y a pas d'affaires urgentes, il n'y a que des affaires en retard et des
gens pressés.
N'importe qui étant bon à n'importe quoi, on peut n'importe quand le
mettre n'importe où.
Ne jamais faire le jour même ce que l'on peut faire faire le lendemain
par un autre.
Quand on ne sait pas où l'on va, y partir au galop.
Ne jamais, quoi qu'il arrive, chercher à comprendre.
TRAVAILLE.... Tu seras récompensé dans la personne de tes chefs.
La rue de la réélection
LES PRESIDENTS
DANS LEUR LIT
Avec Lazare Cardenas, élu
en 1934, l'effusion de sang cas-
se enfin. La révolution atteint
et dépasse son point culminant
L'assassinat des présidents est
MEURENT une coutume révolue. Le pré-
sident Gardenas, le « grand
old man » de la politique
mexicaine avait fait sensa'ion
en déclarant : « Les Mexi-
cains doivent s'habituer à l'idée
qu'ils ne seront plus gouvernés
par la force ».
(Ce récit passionnant e?t
tiré d'un remarquable ou-
vrage : « Le MEXIQUE en
couleurs » publié par LA
BIBLIOTHEQUE DES ARTS,
3 Place de l'Odéon, Paris)
Nous
avons
la sincénté
Enfin a-t-on compris qu'il ne1
s'agissait pas de réforme uni-
versitaire, mais de révolution,
bien que l'on ait essayé de mini-
miser le mouvement étudiant en
le limitant aux problèmes uni-
versitaires. Ce mouvement est,
autant que politique, éthique et
philosophique. Philosophique car
les gens ne sont pas heureux :
même l'argent ne les rend pas
heureux. Noirs ne voulons pas
d'une amélioration universitaire
qui ne résoudrait que partielle-
ment les problèmes, nous voulons
une transformation radicale. Pour
la première fois, étudiants et
ouvriers, qui se considéraient
d'habitude avec méfiance ou indif-
férence, se 'sont trouvés unis.
X'est-ce pas déjà un progrès sur
le plan humain., même si nous
n'avons pas pu trouver en que>-
ques jours toutes les 'solutions ?
Pour y parvenir, il nous faut
avant tout retourner à l'atmos-
phère sérieuse, débarrasser les
facultés de tous les curieux et
les sceptiques qui les encombrent,
vider les poubelles et balayer 'es
affiches, profiter de la victoire,
conserver l'enthousiasme. L'anar-
chie e'st par essence individua-
liste, appliquée collectivement,
elle ne peut créer qu'un désordre
purement négatif. L'action vio-
lente nous a rapprochés, a réuni
étudiants et ouvriers. L'apaise-
ment ne doit pas nous diviser à
nouveau. Il nous faut renoncer
à nos intérêts et réclamations
individuels pour tenter d'unifier
et de renforcer le mouvement
étudiant. Les ouvriers eux, doi-
vent comprendre que les diri-
geants de leurs syndicats doivent
être réélus parmi 'es jeunes. ceu<
qui ont des idées et un cœur plus
neufs, et qui n'essaieront pas de
profiter de la situation dans des
buts purement électoraux et re-
vendicatifs.
S'il nous manque encore la
cohésion qu'on trouve peut-être
dans des organisations syndicales
ou politiques déjà établies, nous
avons du moins la sincérité et
les illusions que leurs dirigeants
ont perdues, et la naïveté de
croire à un monde meilleur.
Janine LATDOUAR
Licenciée d'anglais, étudiante à
l'Ecole Nationale
des Langues Orientales.
La faute en est
à vous, Recteurs
L'Europe se cristalli'se, se
se momifie lentement sous les
bandelettes de ses frontières, de
ses usine'», de ses tribunaux, ie
ses universités. L'Esprit gelé cra-
que entre les cris minéraux qui
se resserrent 'sur lui. La faute en
°st à vos systèmes moisis à votre
logique de 2 et 2 font 4. La faute
en est à vous, Recteurs, pri's au
filet des syllogismes. Vous fa-
briquez des ingénieurs, des ma-
gistrats, des médecins à qui
échappent les vrais mystères du
corps, des lois cosmiques de
l'être, de faux savants aveugle-s
ians l'outre-terre, les philosophes
qui prétendent à reconstruire
l'Esprit. Le plus petit acte d?
création spontanée est un monde
plus complexe et plus révélateur
qu'une quelconque métaphysique.
Antonin Artaud.
DROIT
Un million de manifestants
Des Barricades
Des facultés, des usines occupées
Pourquoi ?
Au-delà de la solidarité contre la sauvage répression policière
qui s'exerce sur sa jeunesse, il faut voir la prise de conscience
de tout un pays.
Les Etudiants REFUSEXT :
— une université vétusté qui ne veut ni mourir, ni s'adapter
aux exigences du monde moderne;
— une université qui forme des licenciés voués au chômage;
— une université où l'autorité et la science du maître s'imposent
arbitrairement aux élèves;
— l'université technocratique que propose le régime actuel;
— une université réservée aux fils de la classe dirigeante, per-
pétuant ainsi le monopole du savoir et, donc, du pouvoir.
T.V., Radio. Journaux n'ont voulu nous montrer que le côté
« kermesse » du mouvement. Or...
...les Etudiants savent CE QU'ILS VETLEXT:
— la liberté politique et syndicale d'expression et de réunion
dans les établissements;
— l'autonomie vis-à-vis du pouvoir quel qu'il soit;
— la cogestion dans l'égalité.
Depuis mai, ils ont travaillé sérieusement avec leurs profes- !
seurs à la construction d'une université nouvelle, fondée sur ces ',
principes : ceux de l'université démocratique.
Mais une telle conquête serait dérisoire si elle ne s'accom-
pagnait d'une transformation qui intéresse tous les travailleurs.
Etudiants et travailleurs se veulent désormais RESPONSABLES
des décisions qu'ils prendraient eux-mêmes, tant? dans l'uni-
versité que dans les entreprises.
L'Action politique n'est plus le monopole de quelques profes-
sionnels ou « groupuscules »; elle est un droit fondamental
pour chacun.
De môme que chacun admet aujourd'hui les principes du
suffrage universel ou du droit de grève, il faut que la société
reconnaisse à tous le DROIT à l'expression EFFECTIVE de la
liberté de l'ESPRIT, c'est-à-dire le DROIT A LA CONTES-
TATION.
C A. L.
Le BAC est absurde
\e dites plus : «Pus de poli-
tique en classe». Cherchez au
contraire à prendre conscience
que vos C. A. L. manifestent
contre un sytème sélectif de ia
société bourgeoise dont vous été*
vous-mêmes les pions. Le prin-
cipe du baccalauréat et de tout
autre examen vise à faire une
sélection non pas au niveau de
votre intelligence et de vos
facultés, Tnais en fonction d'une
quantité de connaissances absor-
bées que vous débitez le jour de
l'examen. L'absurdité de cet en-
seignement détruit ros élans
créateurs les plus profonds et
vis? à faire de vous le bon-petit-
élève-toiit-sii/je <tuqtiel on ne
demande rien sintm de s'intégrer
«comme tout le monde» à un'
société de consommation. Votre
lycée n'est qu'un instrument de
cette société répressive qui che:-
che par tous les moyens (flics
et autres) à «former les esprits»
dans le moule de son système.
Votre action, prenant donc un?
ampleur politique doit se faire à
l'intérieur du lycée. Parlez à
vos camarades et discutez ave-:
vos professeurs pour BO\C()TTEH
CF. BAC AliSCRliE.
Les Comités d'Action Lvcéen*.
MEDECINE
Réforme hospitalo - universitaire
Schéma de restructuration hospitalo-universitaire
l" - CREATION DE CENTRES HOSPITALO-UNIVERSITAI-
RES (CHU) AUTONOMES.
Il s'agit D'UNE AUTONOMIE DE GESTION ET NON DE
BUDGET, une autonomie de budget : une rentabilisation de
l'hôpital et permettrait J'emprise des capitaux privés, ce qui est
inconcevable.
Ces CHU auraient un programme de base commun sans qu'il
existe une étanchéité de chaque CHU vis à vis des autres CHU
et des facultés dispensant l'enseignement des sciences fondamen-
tales (avec possibilité d'échange d'idées, de travaux, et de per-
sonnes.
Ceci implique la suppression des titulaires uniques des chai-
res actuelles remplacées par des départements.
2° - SUPPRESSION DU « MANDARINAT » sur lequel repo-
sent actuellement les services hospitaliers dirigés par un chef de
service nommé à vie et son remplacement par DES EQUIPES
HOSPITALO-UNIVERSITAIRES dont les membres sont élus sur
un ensemble de qualités médicales, pédagogiques, et d'esprit de
recherche.
CES EQUIPES CONSTITUEES COMPRENNENT des membres:
permanents : médecins hospitaliers, chercheurs, tech-
niciens, personnel infirmier et para-
médical attachés à l'équipe
transitoires : ensemble d'étudiants.
- L'équipe élit un collège représentatif des différentes caté-
gories dont la répartition reste à définir.
- Le collège définit un COORDINATEUR parmi les médecins
hospitaliers de l'équipe. Le coordinateur a un mandat d'une durée
limitée et est réelligible. En cas de non réélection il demeure
au sein de l'équipe.
- Le rôle du coordinateur est de veiller à ce que soit respectée
l'orientation générale des activités de l'équipe définie par le
collège.
La composition de ces équipes hospitalo-universitaires n'est
en rien limitative, ce qui pose le problème DE L'ENSEIGNEMENT
POST-UNIVERSITAIRE et de la collaboration des praticiens de
ville.
3 - NECESSITE D'UNE FONCTION HOSPITALIERE POUR
TOUS REMUNEREE A RESPONSABILITE GRADUELLE SE
TERMINANT PAR UNE RESPONSABILITE THERAPEUTIQUE
4" - SUPPRESSION DES CONCOURS SOUS LEUR FORME
ACTUELLE.
Pour les étudiants désireux de poursuivre une carrière hospi-
talière, universitaire, de recherche, une sélection est indispensa-
ble. Elle interviendra à l'issue de la période de responsabilité
thérapeutique obligatoire. Cette sélection ne se fera pas sur le
mode du concours de l'internat, mais en fonction d'un bilan des
résultats des examens (théoriques, pratiques), et du travail four-
ni dans le cadre des fonctions exercées antérieurement.
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THEATRE DE LA CONTESTATION
La première Tribune Libre de Paris
La Révolution a commencé au
Jeu de Paume. Elle peut aussi
partir de l'Odéon.
Si la vie, dans tous ses do-
maines, n'avait pas été captée,
comme sous l'Ancien Régime,
par des ayant-droit privilégiés,
barrant la route à la niasse des
Français, point n'eut été besoin
d'occuper l'Odéon.
Mais la sève qui monte, dans
ce grand pays, symbole de la li-
berté pour tant de peuples, ne
saurait s'affranchir de la mission
qui lui revient de mettre un
terme aux excès, comme de se-
couer les colonnes du temple,
dès lors qu'il laisse éteindre la
flamme au lieu de la raviver.
L'histoire de France, notait
Henry de Jouvenel, s'inscrit en
marches d'escalier. Celle que
nous montons aurait pu être
franchie sans heurt, si la pensée
comme l'action des dirigeants et
des pouvoirs avait tenu compte
du monde tel qu'il est, de ses
aspirations comme de ses droits.
L'époque est bouleversante, do-
minée par les progrès extraordi-
naires de la science et de la
technique. Ce poids du passé,
des conventions, des habitudes,
s'estompe. L'horizon ne distin-
gue plus les frontières périmées.
L'an 2000 appelle un homme et
un ordre nouveau.
Voilà pourquoi un théâtre, qui
se voulait d'avant-garde, répond
encore mieux à sa mission en de-
venant le lieu choisi pour )e
libre débat de notre temps.
Dans la société figée de l'or-
dre établi, les hommes ne par-
laient plus entre eux.
Etaient-ils encore des hommes?
Plutôt des dossiers ou des nu-
méros-
Happés par un système qui les
broyait à l'entrée de la vie, je-
tés en pâture au pouvoir de
l'anonymat, trompés par le sens
factice de la société de consom-
mation, formés à des disciplines
caduques, conviés à entrer dans
un monde sans idéal et sans
joie, les étudiants et les jeunes,
en sonnant le tocsin de la révol-
te, disent non à l'avenir qui leur
est offert dans une société en
voie de finition.
Tel est le sens, irrémédiable
et péremptoire, de la contesta-
tion ouverte.
Tel est le sens, aussi, de l'oc-
cupation de 1 Odéon, des dialo-
gues qui s'y instaurent.
Non seulement un nouveau
mode de pensée s'impose. Mais
il convient de le définir.
Il entraîne de nouveaux rap-
ports entre les hommes, dans
une hiérarchie différente.
Etre à la dimension de notre
temps. Ne pas oublier que nous
sommes tous camarades.
Tels sont les thèmes essen-
tiels. S'ils ne sont pas inscrits
au fronton de l'Odéon, du moins
sont-ils le but de son action et
sa finalité, dans le dessein de
parvenir à un monde meilleur,
convenant aux exigences de de-
main.
Un théâtre de la contestation ?
Pourquoi pas.
« Ce qui est incontestable,
c'est que vous contestez », criait
un censeur du balcon.
Or, il est bon, il est souhaita-
ble que, dans la genèse de la
société qui se crée, ce qui né-
cessite de profonds remanie-
ments, de nouvelles attitudes et,
pour tout dire, un nouvel es-
prit, soit respecté un nouveau
droit, celui de la contestation.
Le droit de contester appar-
tient d'évidence à tous ceux qui
sont concernés par des mesures
prises, que ce soit à l'Univer-
sité, à l'Usine ou ailleurs.
Que la contestation intervienne
avant la décision, et non après
comme jusqu'alors, voilà aussi
l'expression normale de ce droit.
Qu'une seule génération, celle
des anciens, décide de tout à sa
guise, qu'une seule classe, la
bourgeoisie, ait pratiquement
voix au chapitre, qu'une seuin
élite, la technocratie irrespon-
sable, s'arroge le monopole des
pouvoirs et le sens du choix, i-t
il arrive ce qui est arrivé.
Christian JAYLE.
COMITE D'ACTION 6èm AR
Le plus célèbre et le plus im-
portant Arrondissement du Quar-
tier Latin, le 6me, ne pouvait
demeurer indifférent au Mouve-
ment Etudiant.
Spontanément. un Comité
d'Action 6'"" s'est formé, groupant
autour des étudiants tous ceux
qui estiment nécessaires de se-
couer les structures archaïques,
tant de l'Enseignement que de
la Ville de Paris.
Ce Comité d'Action, très actif,
composé de jeunes de toutes
provenances, s'est installé aux
ex-Beaux-Arts. rue Bonaparte,
disposant d'un atelier pour le
travail et d'un amphi pour les
réunions. Le Théâtre du Vieux-
Colombier a également offert sa
salle pour des rencontres et des
débats.
C'est ainsi que les murs du
6""' se sont couverts d'affiches,
contestant le pouvoir et les ins-
titutions, et conviant la popula-
tion à participer effectivement
aux réformes nécessaires.
L'un des premiers points sou-
levés par le Comité d'Action
est l'organisation municipale,
tant à l'Hôtel de Ville que dans
les Mairies d'Arrondissement.
Et au cours d'un exposé très
brillant, Claude BOURDET. con-
seiller municipal, a pu convain-
cre son auditoire, qui l'a vive-
ment acclamé, de l'urgence des
mesures à prendre.
Celles-ci ont pour but de dé-
livrer la Ville de Paris d'une
tutelle préfectorale et gouver-
nementale qui n'existe dans au-
cune autre vile de France.
Elles s'inscrivent aussi dans le
souhait formulé par les habitants
de l'Arrondissement de pouvoir
élire le Maire et les Maires-
Adjoints, actuellement nommés
par le Préfet, c'est-à-dire par
le Gouvernement.
Beau de Loménie a depuis
longtemps défini le système qu'il
faudrait adopter, et qu'il préco-
nise basé sur le Conseil d'Arron-
dissement dont le rôle serait, à
son avis, le suivant :
« Chaque arrondissement, pro-
pose-t-il, au lieu de n'avoir que
ses trois, quatre ou cinq conseil-
lers, qui n'ont localement aucun
lien entre eux, posséderait un
véritable conseil, de plusieurs di-
zaines de membres, aussi nom-
breux que ceux des villes pro-
vinciales de même importance
démographique. Ce conseil, qui
se réunirait périodiquement à la
mairie, élirait en son sein son
maire et les adjoints de celui-ci.
Il déléguerait en outre, pour re-
présenter l'arrondissement au
conseil général de la ville, voire
à un conseil plus large du grand
Paris, quelques-uns de ses mem-
bres qui viendraient rendre
périodiquement compte de leur
travail à leurs mandats.
« Nombreux comme ils se-
raient, ces conseillers pourraient,
sans être obligés de consacrer
trop de temps à leurs fonctions
municipales, se partager le con-
trôle de toutes les affaires d'as-
sistance, d'hygiène, d'urbanisme,
do voirie, d'enseignement, voire
de police, sur lesquelles, en prin-
cipe, notre actuel conseil muni-
cipal a son mot à dire, mais
qu'il abandonne en fait à peu
près exclusivement aux fonction-
naires des deux préfectures. Ils
auraient en outre le moyen
d'exercer les uns sur les autres
un contrôle propre à freiner les
abus.
« D'autant mieux que si les
séances du conseil municipal se
déroulent aujourd'hui à peu près
sans public, à l'Hôtel de Ville,
les séances des conseils d'arron-
dissement, avec les contacts plus
proches qu'elles comporteraient
entre électeurs et élus, seraient
beaucoup plus vivantes et beau-
coup plus suivies.
« Plus en contact avec ceux
de qui dépend l'existence de
Paris et la leur, les Parisiens
seraient moins résignés à laisser
saccager leur ville et ses ban-
lieues, longtemps si charmantes,
par les tenants de la technocra-
tie planiste et du néo urbanisme
babvlonien ».
Les Imprimeries PATON, TROYES
RIVE GAUCHE MAGAZINE, 29 rue des Jeûneurs, Paris 2'
Le Directeur de la Publication : Christian JAYLF.
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Rive gauche
Issue
no.21
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no.21