Servir le peuple

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Journal des Groupes de Travail Communistes et de l'Union des Jeunesses
Communistes (Marxiste-Léniniste) Bimensuel - 1 Franc - 1er mars 68 - N°17;r
1936 : les travailleurs unis dans "entreprise
démasquent les dirigeants réformistes-
LES OUVRIERS LUTTENT,
LES POLITICIENS REFORMISTES CAPITULENT!
NON A LA COLLABORATION DE CLASSES !
Les ouvriers de Caen ont lutté pour la défense du salaire, contre
les réductions d'horaires non payées. Après les batailles du Mans,
de Mulhouse... Partout, le chômage, total ou partiel, touche durement
les masses ouvrières. Les paysans, eux aussi, atteints par le chô-
mage (que les exploiteurs dissimulent habilement) veulent se battre,
et l'idée de l'action unifiée des forces populaires contre l'attaque
du grand capital fait son chemin. Ouvriers et paysans travailleurs ne
veulent pas payer le prix des « difficultés » des patrons des villes et
des campagnes. Les progrès et les difficultés « techniques » des
patrons, c'est l'affaire des patrons.
C'est aussi l'affaire des dirigeants nationaux de la C.G.T., qui
viennent au mépris de la Ugne fondamentale d'un syndicat de masse
et de lutte de classes de signer un accord honteux sur le chômage
partiel avec le syndicat national des patrons. Les dirigeants révision-
nistes de la Confédération montrent ainsi aux syndicalistes proléta-
riens C.G.T. de base, qui se tiennent sur les positions de la lutte
de classes, la nature de la politique confédérale. Les dirigeants
confédéraux prétendent s'être appuyés, pour engager cette négocia-
tion, sur une vaste action revendicative. Laquelle ? N'est-ce pas plu-
tôt qu'ils se sont appuyés sur la lettre de Pompidou envoyée au mois
d'août aux syndicats pour qu'ils contribuent par des négociations
sereines avec le C.N.P.F. à « détendre le climat social » ?
Parce que la bourgeoisie savait que la montée du chômage allait
durcir l'atmosphère.
Comment justifier l'accord signé
quand les luttes unifiées contre le chômage (total ou partiel) sont
sabotées, que même les luttes dans les entreprises sur un « aspect »
du chômage sont brisées ?
quand les Confédérations reprennent la définition patronale du chô-
mage partiel : tout ce qui est en-dessous de 40 heures, alors que
le chômage partiel effectif touche des milliers d'ouvriers,
quand enfin cet accord porte sur une toute petite minorité des ou-
vriers ? non ; des chômeurs ? non ; des chômeurs partiels ? non plus :
une petite minorité des chômeurs partiels au sens des patrons.
(suite page 2)
LA LUTTE ENTRE LES
1) Un bel exemple de la Gauche
Dans l'usine K, celle où le syndicat est le plus
puissant (tout le monde prend sa carte C.G.T.) les
ouvriers s'inquiétaient de leur sort. Le patron les
rassurait en leur disant que leur usine était la
plus moderne et que par conséquent, il n'y avait
aucune raison qu'elle ferme. Un jour pourtant, il
a commencé al icencier. Quelques temps après il
annonçait la fermeture de l'usine en ajoutant qu'elle
serait achetée et fonctionnerait comme par le
passé. Les ouvriers de K manifestent avec les
ouvriers de la ville pour protester contre ces licen-
ciements et exigent des garanties. Le maire F.G.D.S,
La CS-T . Merci H' &• Hao-t.
Le T,<f-r<i»t ; "Bon'**
les Ouvrifvs iônf-
5e'i«*fei fi ' \tf.
se porte aussitôt garant de l'emploi des ouvriers de
K. A partir de ce moment, la C.G.T. laissant les
ouvriers désarmés devant ces promesses, les luttes
des masses de K cessent jusqu'à la fermeture. Les
ouvriers se retrouvent tous à la rue, l'usine n'est
toujours pas rachetée.
Deux mois après, la C.G.T. est contrainte de faire
quelquechose : les ouvriers de K sont appelés à
une réunion où le délégué de l'U.D. fera le point.
Tous les ouvriers sont présents ; exaspérés d'avoir
été trompés ils veulent agir, servir d'exemple aux
autres usines menacées. Le délélgué de l'U.D. tout
en trahissant à chacune de ses paroles son ignoran-
ce de la situation à K veut se montrer « dur » :
« Vous devez vous battre pour être tous reclassés
dans la même branche d'industrie. Nous allons
créer un comité de défense de l'emploi qui doit
prioritairement être à votre service, vous en serez
l'avant-garde. »
Huit jours plus tard, se retrouvent à l'U-L. quel-
ques délégués qui sous les ordres du délégué de
l'U.D. forment ce comité et décident de son avenir.
Sa ligne politique c'est : La ville de M doit vivre.
Son organisation : tous ceux qui veulent que M
vive doivent participer au comité, s'unir. Qui s'uni-
ra - Les représentants des partis politiques, des
commerçants de la ville, des syndicats, les élus...
Le maire en tête. « Et les ouvriers? » demande un
des seuls délégués ouvriers présents (les autres sont
soit employés de bureau, soit contremaîtres, soit...
gérant d'usine) Eh bien ! les ouvriers seront repré-
sentés par quelques-uns de leurs délégués choisis
à l'avance par l'U.L « Et les ouvriers de l'usine K,
l'avant-garde du comité ? » Décidément, le délégué
de l'U.D. a réponse à tout : « Non, ils seraient inu-
tiles, ils appuieront les grandes manifestations du
comité. »
La C.G.T. veut que la ville de M vive à tout prix.
On va voir à que! prix.
Cinq jours après la fondation du comité, on lit
dans le journal local : le maire donne du travail
aux ouvriers ; il vient d'emprunter des millions
pour acheter l'usine K pour un groupe de patrons
qui rembourseront la somme en plusieurs années ;
La nouvelle usine K embauchera des centaines
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L« CùT _-U'otu. po (if M a £npi>ttif*ar /' '
d'ouvriers.
On ne peut que se réjouir ; même les ouvriers
de K plus méfiants, ne voient pas ce qu'il y a à
redire. Seuls quelques travailleurs conscients, pres-
sentent qu'il y a quelque chose de louche dans cette
opération bénévole : ils savent par expérience qu'il
faut se bagarrer dur contre le chômage, tous unis
pour vaincre. Le maire prétend avoir remporté une
victoire pour les ouvriers. Sans les ouvriers ?
IMPOSSIBLE. Sur qui s'est-il donc appuyé pour
avoir la victoire ?
A plusieurs, ils vont demander à la C.G.T. que
penser de la nouvelle. Les délégués leur disent
que l'on ne peut être ni pour, ni contre : « II
aurait mieux valu forcer les patrons à acheter
l'usine, le maire a été trop bon, mais évidemment,
on ne peut être contre les centaines d'emplois
promis.» Les travailleurs de K sont démobilisés et
la C.G.T. laisse ses militants actifs sans aucune
arme !
LES OUVRIERS LUTTENT,
LES POLITICIENS REFORMISTES
CAPITULENT !
suite de la piemiére page
Krasucki scelle avec le
représentant des patrons
la capitulation de la direction
de la C.G.T.
Car l'accord s'applique aux chômeurs partiels, au sens patronal
et ministériel (moins de 15.000 chômeurs en fin 1967) ! Une partie
est déjà « indemnisée » par des accords de branche (le textile sur-
tout) et une autre partie, les patrons ne veulent tout simplement pas
l'indemniser ! (l'habillement en particulier).
. C'est cet accord de pure collaboration de classe, signé par la
Confédération C.G.T. que l'on veut présenter comme un succès !
Les bureaucrates confédéraux se sont même retrouvés tout seuls
avec les syndicats jaunes classiques tels F.O. et C.F.T.C.
Cet accord de capitulation va donc permettre à peu de frais au
syndicat du dialogue, la C.F.D.T., de paraître plus combative que
la C.G.T., qui est pour la masse la plus importante des travailleurs
la seule organisation qui se réclame de la lutte de classes.
Voilà où mènent l'adoption des méthodes de la démocratie par-
lementaire bourgeoise et la fusion dans le bloc des partis bourgeois
« de gauche ». Dans la même semaine, on a assisté à l'accélération de
cette fusion. Ce n'est pas un rapprochement dû au hasard. Plus on
resserre l'alliance avec Maurice Faure, Gaillard et Mollet, plus on
doit se montrer réaliste, compréhensif : il faut donner la preuve
qu'on est capable d'exercer le pouvoir bourgeois au moins aussi
bien que les gaullistes. Mais, présenter le retour sur la scène politi-
que de Gaillard, l'accord avec les patrons loué par ['ensemble de la
bourgeoisie de la droite à la << gauche », la plate-forme commune
des révisionnistes et des socialos comme un progrès, une importante
étape de la lutte des forces ouvrières et populaires, c'est mépriser
trop ouvertement les masses. Cet ensemble d'événements politiques
contribuera à ouvrir les yeux. Y a-t-il en effet dans la plaîe-forme
commune un seul mot sur un plan d'action concret contre te chô-
mage ? Pas un seul mot appelant à la lutte ! Mais beaucoup de
phrases sur le « relèvement » des conditions de vie des « travailleurs
et des consommateurs », sur les << réparations » qu'on leur doit, sur
la « relance » économique que cela entraînerait. Est-ce à partir
d'un tel texte et de tels arguments que les ouvriers pourront lutter
pour le droit au travail, contre les licenciements de toutes sortes ?
Ces promesses creuses, dénuées de tout contenu prolétarien, ne
pourront pas dissimuler les énormes compromissions que les diri-
geants du P.C.F. ont faites. Puisqu'on doit passer, on ne sait pas
trop comment, mais certainement de manière pacifique au socialis-
me, les dirigeants du P.C.F. promettent beaucoup de choses à la
bourgeoisie, et surtout la liberté : << le libre exercice de la pensée
et de l'action politiques et garantissant la pluralité des partis, mou-
vements et formations de toutes tendantes dans le cadre de la liberté
républicaine ».
Et les dirigeants du P.C.F, reconnaissent que c'est un réel pro-
gr es de voir la F.G.D.S. qui << n'arrive » pas à faire la distinction
entre l'agresseur yankee et l'agressé : le peuple vietnamien, réclamer
le << retour aux accords de Genève » !
Plier devant la volonté conjointe du patronat et du gouverne-
ment sur la question pratique la plus brûlante du mouvement ou-
vrier : la lutte contre le chômage ; plier devant les exigences des
hommes de « gauche » de la République bourgeoise, c'est aux yeux
des révisionnistes un progrès pour le peuple. Mais la politique de
collaboration de classe se brisera au contact des faits, de la réa-
lité de la lutte de classes. Les luttes des masses contre le grand
capital la réduisent à néant.
LIGNES DANS LA C. G. T.
au pouvoir
brutal. Le groupe de patrons qui prend en main
l'usine K ne s'engage à réembaucher que 70 ouvriers
(ils étaient 300) et il ne promet absolument pas
de les choisir parmi ces 300. « On s'est encore
fait avoir » dit le délélgué de l'usine K. Il a raison.
Quelques ouvriers décident : «Cela suffit, si les
délégués de l'U-L. ne nous donnent pas les moyens
d'y voir clair, on les prendra tout seuls. On ne
nous contraindra plus à mettre notre confiance
en n'importe qui » On discute, on réfléchit : on se
souvient, qu'il n'y a pas si longtemps, on voyait que
le maire ne s'intéressait qu'aux plate-bande de
fleurs et que même il donnait un sérieux coup de
main aux patrons qui voulaient s'en aller, en trans-
formant ainsi M en ville touristique. Il avait promis
du travail à K avant la fermeture, alors qu'ils sont
depuis deux mois en chômage. Il n'a jamais été
l'ami des ouvriers.
Depuis quelque temps, on dit dans la ville qu'il
s'intéresse à une usine où travaillent encore 150
ouvriers. Elle ferait un beau casino. Nous voulons
comprendre. On relit les termes du contrat entre
le maire et le groupe de patrons : deux choses
frappent. D'abord les patrons n'assurent pas qu'ils
pourront rembourser le maire : il lui donnent donc
une hypothèque de la même valeur. De plus parmi
les patrons achetant K, il y a celui de l'usine dont
rêve le maire pour en faire un casino. Elle a la
même valeur que l'hypothèque ! Tout s'éclaire, c'est
un échange camouflé entre deux usines, deux pa-
trons, ceux qu'on connaissait déjà et... le maire. Il
aura son casino sans avoir l'air de licencier lui-
même les ouvriers, 'les patrons auront leur usine K,
plus moderne que l'autre, où ils exploiteront 70
ouvriers non organisés (alors que ceux de K
l'étaient et avaient obtenu les salaires les plus
hauts de la ville.) Ils s'en iront aussi s'ils ne
font pas assez de bénéfices.
Le maire est content de lui : i! a pour un moment
encore gardé sa popularité, les patrons sont con-
tents du maire : il a démobilisé les ouvriers.
La C.G.T. se tait toujours, c'est nous qui mainte-
nant, dénonçons partout cette manœuvre et fai-
sons connaître les beaux plans de relance écono-
de droite ou de « gauche ».
Seuls les ouvriers unis peuvent imposer au
patron le droit au travail. Si on ne nous en donne
pas les moyens, ou plutôt si on ne les prend pas,
qui a l'initiative ? L'ennemi de l'ouvrier, qu'il soit
de droite ou de gauche.
Huit jours suivent, toutes la presse locale fait
rêver sur les emplois qui fourmillent. Le réveil est
2) LA C.G.T. SANS LES OUVRIERS OU
LES OUVRIERS SANS:LES PONTES
Voilà l'élément important pour comprendre la
situation dans notre ville. Ajoutons qu'il n'y a que
trois autres entreprises où la C.G.T. est implantée.
En tout, un millier de cartes au maximum pour dix
mille ouvriers.
Le comité de défense de l'emploi est donc né
sur l'initiative du bureau confédéral, mis en appli-
cation par un permanent de l'U.D. Comme on a vu,
il devait mener des luttes dures ayant les femmes
de l'usine K pour avant-garde. Mais une fois que
l'usine K a été rachetée, les luttes sabordées, la
tactique de la C.G.T. s'est précisée.
Le problème principal pour (e responsable de
l'U.D. était : comment mobiliser les délégués
C.G.T. ? Car les rares délégués qui sont encore des
ouvriers ne s'intéressent plus guère à la politique
révisionniste, ne croient plus aux luttes de masses.
On les a persuadés de ne voir dans le syndicat
qu'un moyen de faire soutenir pour les ouvriers des
revendications du syndicat pour discuter avec les
patrons, négocier dans une position de « force ». La
tactique est trop compliquée pour les masses, qui
ne peuvent comprendre toutes les « âpres luttes »
dans les commission paritaires, les discussions. Eux-
mêmes, préfèrent laisser ce travail à ceux qui sont
plus « instruits » car il faut savoir bien causer,
connaître beaucoup de lois pour discuter avec les
patrons. Pourtant, lorsqu'ils demandent sous quelle
forme les ouvriers vont participer au comité, le
secrétaire leur répond : « Vous savez bien que les
ouvriers ne s'intéressent plus beaucoup aux luttes,
c'est déjà assez difficile de nous réunir tous ».
C'est donc à une diaine de délélgués que tout se
décide. On nomme un bureau. On fera appel ensui-
te à toutes les organisations démocratiques pour
qu'elles soutiennent, et plus tard on fera une réu-
nion politique où les ouvriers qui le voudront pour-
ront se rendre.
Quels sont les objectifs concrets de ce comité ?
Empêcher la fermeture d'une usine ? Impossible,
il y en a déjà une vingtaine qui ont fermé sans
qu'on n'ait rien pu faire, sans qu'on n'ait même
rien dit.
Obtenir le réemploi de certains travailleurs ? On
a vu comment. Par une pression de la « gauche »
pour montrer aux patrons que « notre main d'ceu-
vre a un haut niveau de rendement » comme dit
le P.C.F. dans ses tracts.
"SERVIR LE PEUPLE"
et la lutte de classes dans la C.G.T.
Les Marxistes-Léninistes et particulièrement ceux direction de la C.G.T. Il fait également connaître,
qui travaillent dans les usines, doivent étudier at- régulièrement, la façon concrète dont se manifes-
tentivement la situation dans la C.G.T., afin de te la lutte entre les deux lignes dans telle ou telle
mettre en œuvre une ligne qui tire le plus grand usine, et le travail qu'y font les marxistes-léni-
parti des contradictions (1) aiguës où se trouvent nistes. Il soutiendra les positions justes que pour-
lés révisionnistes. ra prendre tel ou tel syndicat C-G.T. d'usine.
C'est le travail des Marxistes-Léninistes de systé- Le travail des marxistes-léninistes dans les en-
matiser la ligne prolétarienne à la C.G.T., d'aider treprises est pour l'essentiel clandestin. Nos arti-
les masses à s'organiser pour lutter contre le revi- clés respectent cette clandestinité. Connaîre le
sionnisme, d'élever étape par étape le niveau et nom de telle usine, ou de tel responsable est sans
l'ampleur de la résistance, d'arracher le pouvoir importance : ce qui est décisif, c'est l'échange
• à la base aux bureaucrates révisionnistes, afin que d'expériences, d'analyse des situations concrètes,
la classe oucrière parvienne un jour à reconqué- la généralisation de ce qui est commun,
rir son organisation après avoir isolé, démasqué et
expulsé, les agents de la bourgeoisie dans le mou-
vement ouvrier.
Notre journal publie régulièrement la critique
systématique des positions dé capitulation de la
(1) N.D.L.R. : Se reporter à S.L.P. n° 15 pour
l'analyse détaillée des contradictions où se
trouvent les révisionnistes au sein de la
C.G.T.
Le comité de défense de l'emploi ne peut rien
faire pour l'emploi, rien pour éduquer les masses.
C'est la ritournelle d'aujourd'hui, appel national à
la lutte, création de comités fantoches à la base,
qui ne mènent aucune lutte, et dans quelques mois
assises dites nationales de ces comités, d'où une
grande leçon sera tirée par Krasucki ou outre :
votez pour la gauche.
Mais en attendant l'événement de ce gouverne-
ment bourgeois d'un type nouveau, la misère
s'accroît pour les travailleurs.
Il est très difficile pour les militants honnêtes
de donner un contenu réel à ces comités sans avoir
dans la ville une position de force : être délégué
d'une usine où les masses sont mobilisées sur une
action juste. Ces comités sont créés en un tourne-
main. Dans les municipalités du P.C. on a vu la
mairie coller des affiches un matin sur ses murs,
disant que le comité de défense de l'emploi de la
ville protestait, etc... Le comité était né.
Il faut que partout où les militants de base C.G.T.
le peuvent ils transforment ces comités fantoches
en assemblée de travailleurs en lutte.
Cependant, là où ce n'est pas possible, on ne
doit rien attendre de ces comités. Il faut envisager
d'autres formes d'action.
Nous nous sommes réunis à 20 pour discuter
du chômage. Parmi nous, une majorité de jeunes
ouvriers, quelques employés de bureau, des mili-
tants de la J.O.C. Nous avons fait un tour de
table, dès la première réunion, où chacun exposait
la situation dans son usine, pourquoi il avait été
licencié etc... Très vite, une lutte s'engage entre
deux voies. La première voie est représentée par
une partie des militants de la J.O.C. qui pensent
que l'on ne peut rien faire d'autre qu'informer. Ils
veulent transformer notre assemblée en bureau de
placement. Nous ne pouvons pas agir sur les struc-
tures, disent-ils, nous ne pouvons agir que sur
l'individu en lui faisant prendre conscience du pro-
blème.
La deuxième voie, celle des ouvriers est celle de
l'action. Il faut unir le plus grand nombre d'ou-
vriers. Le comité de défense de l'emploi ne touchera
pas tout le monde, nous pouvons faire une action.
Après un tour de table, la ligne du comité se pré-
cise : il faut avant tout comprendre pourquoi il y
a du chômage, c'est cela l'information que nous
devront faire à l'extérieur pour l'instant. Un ouvrier
de... est chargé de rédiger l'orientation politique
de notre comité pour la prochaine fois :
a) le chômage est organisé volontairement par les
patrons ;
b) actuellement il y a une situation de crise, les
patrons font chômer un million d'ouvriers, sans
compter les paysans, et mentent dans leurs statis-
tiques ;
c) les jeunes travailleurs sont particulièrement
touchés, employés comme manœuvres avec des
ÇA.P., payés moitié ou tiers de salaire, chômeurs
pour la majorité.
d) les indemnités sont des aumônes scandaleu-
ses que bien peu peuvent toucher.
la classe ouvrière parvienne un jour à reconqué-
e) dans notre ville les ouvriers ont des luttes
très dures à mener contre le chômage en unissant
les chômeurs et les ouvriers actifs, car leur sort
est le même.
On ne doit pas avoir la moindre confiance dans
le maire qui arrange les affaires des patrons ;
f) le chômage est utile aux patrons pour nous
diviser. Dans chaque usine, si nous revendiquons,
le patron nous menace aussitôt de nous rencoyer,
puisqu'il peut nous remplacer.
Dans le comité, nous faisons de la propagande
pour que tout le monde se syndique, milite active-
ment à la C.G.T. Nous n'attaquons pas la direction
de la C.G.T- de front, car elle n'est pas encore dé-
masquée aux yeux de tous. Mais nous la neutrali-
sons sur le plan tactique, en faisant de la propagan-
(suite page 4)
LA LUTTE ENTRE 2'LIGNES DANS LA C.GT. SUR LA QUESTION DU CHOMAGE
BATAILLE DANS LES USINES OU DEVANT LES MAIRIES ?
Dans cette région, les jeunes travailleurs sont
les. plus combattifs. C'est sur eux que l'oppression
se fait le plus sentir : les salaires sont très bas, les
industries de la région tournent à la moitié de leur
capacité, les jeunes doivent aller travailler ailleurs,
dans les grands centres urbains, à plusieurs dizaines
de kilomètres. Il y a dix ans on allait chercher les
jeunes jusque dans les bals. Maintenant ces indus-
tries ont des « difficultés » : on les « réorganise ».
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-Le^ jeunes ouvriers entraînent le peuple
travailleur dans le combat contte le chômage
Les jeunes travailleurs sont toujours les premiers
touchés par les licenciements : pour les licencier,
les patrons suppriment leur seul moyen de trans-
port : le car ; et, comme dans les usines, les
patrons tentent de les isoler des autres travailleurs,
les luttes contre les licenciements son difficiles.
Contre tout cela, les jeunes travailleurs de la
région osent se révolter mettant pleinement en lu-
mière l'enseignement du Président Mao : « Les jeu-
nes constituent la force la plus active, la plus dyna-
mique de notre société. Ils sont les plus ardents à
l'étude, les moins attachés aux idées conservatri-
ces. »
II y a quelques mois, des jeunes travailleurs, des
jeunes chômeurs, des jeunes des collèges techniques
de la région, se sont réunis à l'initiative d'une syn-
dicaliste de base C.G.T.
Au cours de ces réunions d'échanges d'expérien-
ces, les jeunes parlaient des conditions de travail
dans leurs usines, des luttes qui y étaient menées
et de la façon de les poursuivre en se servant de
l'expérience des autres jeunes.
La situation de l'emploi pour ces jeunes fut
stigmatisée par tous :
— ils sont toujours les premiers licenciés de
ces usines des villes, et il n'est pas facile de trouver
de l'embauche dans ces villes, surtout quand on
habite à deux heures de route.
— dans la région, les très rares emplois sont
ceux de bonnes ou d'hommes à tout faire dans les
hôpitaux et les écoles.
— les jeunes qui sortent de l'école avec un
C.A.P. sont vite obligés de le « cacher » et d'aller
rejoindre les autres chômeurs.
A la suite de ces quelques réunions, des décisions
avaient été prises :
— de se revoir souvent ;
— de diffuser un tract à la population expli-
quant la situation des jeunes de la région ;
— de faire une pétition dénonçant cette situa-
tion et signée par toute la population.
Selon le tract, la pétition devait être portée dans
les mairies de la région. Mais pour les jeunes,
cette pétition constituait plutôt une arme de lutte
contre leur patron : mettre cette pétition sous le
nez du patron, c'était lui montrer le soutien total
de la population à leurs luttes. Déjà la lutte entre
les deux voies s'engageait : soit apporter une
pétition à la mairie, soit la placer devant son
ennemi direct, les patrons des usines. Deux champs
de bataille : l'usine ou la « ville ».
Cette ligne était conforme à l'enseignement du
Président Mao : « Dans tout travail pour les mas-
ses, nous devons partir de leurs besoins, et non
de nos propres désirs, si Jouables soient-ils. » Et
c'est avec enthousiasme que les jeunes ont diffusé
le tract à la population, se plaignant même qu'il
n'y en eut pas assez. C'est avec impatience qu'ils
ont attendu les réunions suivantes. Ils attendent
toujours la pétition...
tf
Car les hautes sphères de la C.G.T. ont senti le
vent : voilà un mouvement spontané qui risque
de nous déborder, recrutons ces éléments égarés,
faisons les rentrer sous notre aile.
C'est maintenant une autre syndicaliste, qui
n'habite pas la région et qui dépend d'une autre
union locale, qui est chargée de « diriger » les
jeunes de cette région.
Les réunions ont changé.
On écoute parler la déléguée. On apprend que
les jeunes ont des problèmes ; que la C.G.T. a des
solutions ; qu'il faut prendre sa carte C.G.T. pour
la renforcer ; qu'il faut dire à ceux qui n'ont pas
de carte : « je suis fier d'avoir ma carte C.G.T.,
adhère toi aussi à la C.G.T. » Mais on demande
quand même aux jeunes leur avis :
LA C.G.T. SANS LES OUVRIERS OU LES OUVRIERS SANS LES PONTES
suite de la page 3
de pour l'action syndicale, pour l'organisation des
ouvriers à la base dans la C.G.T. Avec cette tactique,
il est possible d'organiser les ouvriers de façon
indépendante, de critiquer l'action à la base de tel
ou tel délégué, d'inciter les camarades à prendre
les affaires du syndicat en mains dans leur usine.
Par ailleurs, un jeune ouvrier qui travaillait
avant à la terre nous a suggéré d'étendre notre
action parmi les paysans pauvres qui sont des
demi-chômeurs ou des chômeurs. Là, la C.G.T.
n'existe pas, et pourtant un gros travail est à faire.
Nous pouvons les mobiliser en expliquant que leur
sort est lié au nore, que nombre d'entre eux vont
se prolétariser, devenir chômeurs des villes après
avoir été chômeurs à la campagne.
Ceci nous permet de mener la lutte pour la prise
du pouvoir local sur un double front. Action de
notre comité sur le comité de défense de l'emploi.
La C.G.T. ne peut pas critiquer notre comité, car
plusieurs de ses militants y participent, et d'autre
part elle croit le diriger par l'intermédiaire de ces
militants.
Action en direction des délégués d'usine, ou
création de nouveaux syndicats C.G.T. par les ca-
marades de notre comité.
Les bonzes de l'U.D. et de l'U.L. ne font que se
féliciter réciproquement des nouvelles adhésions à
la C.G.T., de la création de nouveaux syndicats. Ils
vont avoir leur commission C.G.T. jeunesse que
personne n'arrive à mettre sur pied dans le dépar-
tement ; encore des félicitations en prospectives,
et peut-être de l'avancement... Ils ont raison de se
féliciter, car bientôt les masses les remercieront
« de leurs bons services » en les démasquant et
prendront le pouvoir.
— « Que préférez-vous (un bal ou une surboum
pour gagner de l'argent et envoyer une délégation
de jeunes au festival de la jeunesse en Mai à
Paris. » ;
— « la permanence du samedi pour prendre vos
cartes et vos timbres C.G.T. doit-elle durer une ou
deux heures ? ».
Seulement, il y a plus grave : maintenant, on
sait pourquoi les jeunes attendent toujours leur
pétition.
Un cartel de défense de l'emploi a été mis en
place, par en haut, dans cette région. II regroupe
des organisations « de gauche » et catholiques.
Les élus et le P.C.F. ont chaleureusement salué la
création de ce nouvel organisme !
La pétition, telle qu'elle avait été prévue est
« trop osée » pour certaines organisations qui com-
posent le cartel. Aussi, la pétition a été purement
et simplement supprimée. Elle sera peut-être rem-
placée par une autre pétition, plus adaptée, signée
par ce cartel et déposée aux mairies et à la préfec-
ture : il ne faut surtout pas effrayer les patrons
en leur montrant que les travailleurs ont le soutien
de la population.
Cette ligne n'est que mépris des masses et elle
prône la collaboration de classes. On brade la lutte
des jeunes travailleurs à la base pour une petite
promenade à la mairie en compagnie des « élus
et des représentants des forces démocratiques de
gauche ». C'est là le point clé de la lutte entre les
deux voies. Soit un cartel représentant toute les
classes prend en main les intérêts des travailleurs :
c'est un « front uni » dirigé par la bourgeoisie.
OTc^/
Pendant que le patron licencie en toute
tranquillité, la C.G.T. dépose une pétition
à la mairie
Soit c'est la classe ouvrière qui entraîne les
plus larges masses dans son combat contre ses
ennemis de classe capitaliste. C'est ce que les jeunes
spontanément comptaient faire avec leur pétition
apportée aux patrons.
C'est pourquoi, les bonzes syndicaux auront beau
essayer de faire croire que le « capitaliste périra
tout seul », les jeunes travailleurs sauront imposer
la ligne juste.
Déjà, ils se désintéressent de ces réunions où on
ne les écoute pas mais où on leur dicte les « solu-
tions » à leurs problèmes : ils y viennent moins
nombreux. Ils ont conscience que c'est par leurs
luttes à la base qu'ils ébranleront les patrons.
Z donne l'exemple. Dans son atelier (que des
jeunes), les diminutions de salaire sont fréquen-
tes ; elle explique aux jeunes qu'il ne faut pas se
laisser voler encore plus par le patron, qu'il faut
lutter. Deux fois, elle ira protester seule auprès
du contremaître et obtiendra gain de cause ; la
troisième fois, c'est tout l'atelier qui envahit le
bureau du contremaître.
La voie prolétarienne triomphera.
NANTERRE
A Aluvac (Nanterre), une grève démarre spon-
tanément à partir d'un atelier d'ébarbage con-
tre l'intensification des cadences et s'étend en
quelques jours à la majorité des travailleurs de
l'entreprise. La C.G.T. n'est en rien à l'origine
de cette grève. Celle-ci est l'initiative des ou-
vriers.
Peur la majorité des travailleurs, c'est leur
première grève et ils ne voient oas encore con-
crètement comment s'organiser pour lutter con-
tre les manœuvres patronales. Aussi laissent-ils
faire le ponte de l'Union Locale, Amonyot, les
dé'épués de la boîte étant réduits à le soutenir.
Ce dernier n'a absolument pas l'intention d'or-
ganiser correctement la grève. Pour commen-
cer, il ne veut à aucun prix qu'on popularise la
grève : « la grève, c'est l'affaire d'Aluvac » dit-il
II ne cherche pas à faire connaître la grève, à
organiser des collectes massives dans toutes
les usines alentour, dans toute la ville de Nan-
terre. Il ne veut pas faire d'Aluvac un exemple
pour les entreprises avoisinantes. Pourtant, les
travailleurs de l'usine Solex parlaient de se
mettre en grève si ça marchait chez Aluvac.
De même, une manifestation au siège de Pé-
chiney, proposée par les ouvriers n'a pas iieu.
A la place, A. a persuadé les travailleurs de la
transformer en un calme défilé sans pancar-
tes, sans tracts, sans mots d'ordre entre l'usine
et la salle des <êtes de Nanterre. Les habitants
de Nanterre n'ont pas compris ce qui se pas-
sait • les ouvriers, eux, ont compris que ce
défîlè ne servait à r\en.
Dès le premier jour, un comité de grève a
été mis en place sous le contrôle de A. La con-
ception que A. va y taire triompher, c'est celle
d'un organisme bureaucratique, paralysant les
initiatives des travailleurs résolus qui y parti-
cipent. Pire, il en éloigne certains délégués pour
une multiplicités de tâches administratives. L'un
d'eux dira car exemple : « je ne peux pas être
au Comité de grève parce que je dois faire des
collectes ».
Au comité de grève, A. attaque longuement
le « comité de soutien à la lutte des travailleurs
d'Aiuvac » que des étudiants de Nanterre
avaient organisé pour populariser la grève à
la faculté et soutenir matériellement les travail-
leurs. Attaquer le comité de soutien dispense
ainsi A. de parler de la grève. De plus, A. sait
bien que ce soutien aurait pu, en se dévelop-
pant, affermir la résolution des travailleurs.
Dévoyer la lutte et briser la résolution
des irai/ailleurs
Tout avait commencé à l'ébarbage et à la
fonderie sur un objectif principal : la réduction
des cadences. Pour étendre le mouvement, les
travailleurs avaient unifié leurs revendications
en y incluant un objectif secondaire pour eux :
révision des classifications et augmentation des
salaires. A. va faire abandonner l'objectif prin-
cipal de la lutte en décourageant certains ou-
vriers (« c'est impossible à obtenir »), en en
dupant d'autres ( « le problème des cadences
est réglé, le patron a cédé sur ce point »).
C'est ainsi que l'objectif principal, puis uni-
que, devient l'augmentation des salaires.
Voilà comment la ligne confédérale (« aug-
mentation générale de tous les salaires ») sert
à briser la lutte des travailleurs lorsque celle-ci
a d'autres objectifs.
Un autre exemple : au moment de la rédac-
tion d'un panneau sur les revendications des
travailleurs, une déléguée C.G.T. s'interrogeait :
« je ne sais pas si je dois parler du problème
des horaires de travail car la ligne de la C.G.T.,
c'est la réduction des heures de travail, mais
ici, la plupart des ouvriers sont horaires et ne
gagneraient rien évidemment à une réduction
des heures de travail dans les conditions ac-
tuelles ».
En appliquant de cette manière les mots d'or-
dre généraux de la C.G.T., A. a réussi à briser
la résolution des ouvriers de l'ébarbage et de la
COfïMHÏ Ofl PONTE
D'UNE GRÈUE POUR
fonderie qui ont démarré l'action, qui sont les
plus fermes dans la grève. De plus, il a divisé
les ouvriers horaires et les mensuels, ces der-
niers, principaux adhérents à la C.G.T., étant
plus intéressés par les revendications de salai-
res car ils ne sont pas soumis aux cadences.
Après avoir imposé des revendications qui
ne correspondent pas aux besoins de la majo-
iîté des travailleurs, A. va s'employer à briser
leur déterminat'on.
Tout au long de la grève, il tentera de sabo-
ter le piquet. Mais chaque fois, il rencontrera
la résistance des travailleurs décidés à tenir
fermement !e piquet Tous les jours, A. « invi-
te » !es ouvriers à quitter le piquet pour la
salle des fêtes où ils seront plus à l'aise pour
discuter ; « devant l'usine, il fait trop froid ;
on entend mal ».
Cependant, beaucoup d'ouvriers refusent de
quitter ie pique* pour la salle des fêtes ou, de
toutes façons « on n'apprend rien de plus... on
ne discute pas. . De toutes façons, la grève ne
se passe pas à la salle des fêtes, mais devant
l'usine ».
A. ne peut interdire aux ouvriers de tenir le
piquet de grève car ces derniers en ont com-
pris très vite l'importance. A. tente cependant
de saboter !e piquet en convoquant les ouvriers
à 7 heures du matin. Il sait, en effet, que les
entrées principales ont lieu à 5 heures et 6 heu-
res du matin. Les ouvriers décident tout de mê-
me d'être tous là à 4 heures du matin. Certains
passent même toute la nuit devant l'usine. Ven-
dredi soir, A. annonce qu'il est inutile de tenir
le piquet pendant le week-end car l'usine sera
fermée. Cette fois, il réussit à convaincre les
travailleurs de rester chez eux. Or, ce samedi,
quinze ouvriers que les patrons étaient allés
chercher, sont entrés travailler.
En l'apprenant, les ouvriers étaient scandali-
sés. En déptt. de toutes ces manœuvres, \es
ouvriers ont affirmé leur détermination en te-
nant le pj'quet jusqu'à la fin de la grève.
Négocier, négocier
Chaque jour, en allant discuter avec le pa-
tron, les délégués font croire aux travailleurs
que les discussions préparent une victoire im-
minente. Chaque matin, c'est le point J, le jour
où !e patron va céder à coup sûr.
Et chaque soir, les délégués reviennent bre-
douille, brisant 'es espoirs des ouvriers et met-
tant à vif leurs nerfs. Le but ainsi visé par A. :
démobiliser les travailleurs en tenant l'illusion
d'un combat facile, en ne les préparant pas à
une longue lutte, en les laissant désarmés face
aux manœuvres patronales.
Pour A., la grève n'est pas une arme de com-
bat destinée à faire plier le patron, à lui impo-
ser les revendications des travailleurs. Pour lui,
la négociation ne doit pas intervenir quand les
ouvriers sont forts et les patrons affaiblis afin
de leur arracher des avantages pour les tra-
vailleurs. La négociation, c'est le but perma-
nent, la force et la détermination des travail-
leur servent simplement de monnaie d'échan-
ge.
C'est ainsi que la reprise du travail inter-
viendra au moment précis où le patron, paralysé
par l'action des travailleurs, n'arrivait plus à
honorer ses commandes.
Mais il faut bien que de ces discussions inter-
minables, il sorte quelque chose : un soir, les
délégués reviennent de chez le patron et annon-
cent que, cette fois, ils ont obtenu une augmen-
tation de 8 centimes (2 %) pour tout le monde.
De quoi s'agit-il ? Lorsque les délégués an-
noncent le salaire résultant de cette augmen-
tation, la plupart des ouvriers s'aperçoivent que,
par rapport au salaire de base de janvier 68,
ils obtiennent une... diminution de plusieurs cen-
times !
En effet, l'augmentation proposée par l'astu-
cieux patron au bout de 15 jours de grève est
calculée sur le salaire de base de l'année 1967.
L PREND LE CONTROLE
miEUK LU SHOOTER
Le patron espère, tout simplement ainsi, leur
retirer les avantages acquis entre décembre 67
et janvier 68.
Les ouvriers sont révoltés. Les délégués les
ont bernés. Ils ont tenté de faire passer pour
une augmentation de salaire ce qui n'était
qu'une diminution. On s'est moqué d'eux. S'ils
n'avaient pas eu dans leur poche leur fiche de
paie (ils avaient été payés le matin même) peut-
être ne seraient-ils pas aperçu de la manœu-
vre.
Devant la colère des ouvriers, A. recule. C'est
vrai, il y a eu des diminutions de salaire. Il
essaie alors d'établir une solution de compro-
mis entre la position du patron et celle des
ouvriers. Il demande à ces derniers de faire
des propositions « concrètes et réalistes au
patron >>.
S'appuyer sur ie désir d'unité
pour saboter ia véritable unité
Au bout de quinze jours de grève, après le
sabotage évident du délégué A., les ouvriers
n'ont plus aucune perspective : ils sont décou-
ragés, démobilisés.
Une minorité d'ouvriers qui a obtenu quel-
ques avantages la veille est hésitante. C'est le
moment que choisit A. pour faire voter les tra-
vailleurs. Au lieu de faire des propositions con-
crètes pour la poursuite de la lutte, il demande
aux travailleurs qui veulent reprendre le travail
de 'ever la main. Les ouvriers qui hésitaient
quant à la poursuite de la grève, mais ne par-
laient pas du tout de reprendre le travail, votent
pour
A. peut être satisfait. Il a réussi à diviser les
travailleurs jusque là unis malgré quelques hé-
sitations. S'appuyant sur les travailleurs les
moins résolus et qui constituaient une minorité,
il a invoqué le juste principe d'unité pour con-
traindre la majorité des travailleurs à reprendre
le travail.
•< II faut que nous restions tous ou que nous
rentrions tous. »
Dès lors, la grève peut être considérée com-
me terminée. Un peu avant la reprise, A. prend
la parole : « Camarades, NOUS reprenons
TOUS le travail ». Tout le monde sait que A. n'a
pas mis les pieds dans une usine depuis vingt
ans i
II essaie de camoufler habilement sa trahi-
son en faisant casser la défaite des travailleurs
pour une grande victoire. Elle a montré, dit-il,
que nous étions une force avec laquelle le pa-
tron devait compter. « Le patron sait mainte-
nant à quoi il s'attend... la lutte continue à
l'intérieur de l'usine. »
Les ouvriers d'Aluvac ont fait 15 jours de grè-
ve et ils n'ont RIEN obtenu, sinon une augmen-
tation des... cadences, pour rattraper le temps
perdu.
Les ouvriers sont rentrés, dégoûtés : « On
ne nous y reprendra plus à faire une grève
comme celle-là ».
Si toutes les leçons de la trahison du ponte
syndical ne sont pas encore tirées, pour les
ouvriers l'expérience ne sera pas oubliée.
— Ils ont compris que le comité de grève n'a
jamais été un instrument au service de
leur lutte.
— En voyant leurs délégués tiraillés entre les
intérêts des travailleurs et la ligne réac-
tionnaire du ponte syndical, ils ont com-
pris que leurs véritables représentants de-
vaient être issus de la lutte.
Ils n'ont pas encore saisi le rapport entre
l'attitude du ponte et la ligne confédérale qui
consiste à dévoyer le mouvement de masse.
Il faut que les ouvriers d'Aluvac surmontent
leur écœurement et s'organisent véritablement
à la base, pour édifier un syndicat C.G.T. d'usi-
ne qui soit une organisation de lutte de classe
s'appuyant sur les travailleurs de l'usine et non
sur des personnages extérieurs au mouvement
ouvrier du type de A.
LA BATAILLE POUR L'UNITE
une tâche capitale des groupes de trauaii communistes
Défendre tels syndicats C. G. T. de luttes de classes
Les travailleurs ont besoin, dans leurs luttes
contre les patrons, d'une seule organisation de lutte
économique de classe. Une seule C.G.T.
Pluralisme, division, scission syndicales ne profi-
tent en dernière analyse qu'aux patrons. Champion
de la cause des masses populaires, le syndicaliste
prolétarien les soulève par vagues successives pour
faire plier les patrons. Le militant C.G.T., lié aux
plus larges masses de son atelier et de l'entreprise,
est le représentant actif de l'unité des ouvriers
et de la lutte immédiate de classe contre les exploi-
teurs. Aujourd'hui, la ligne politique des dirigeants
confédéraux liés aux dirigeants révisionnistes du
P.C.F. traduit une volonté systématique de collabo-
ration de classes. L'adoption par les dirigeants du
P.C.F. des méthodes de la démocratie parlemen-
taire bourgeoise et leur fusion dans le bloc des
partis bourgeois de « gauche » a entraîné la Con-
fédération dans l'orbite de la politique de collabo-
ratfon de classes. La volonté systématique des diri-
geants confédéraux de « négociation à tous les
niveaux » reflète la politique révisionniste. Les bu-
reaucrates locaux s'enlisent dans la politique de
présence à tout prix aux différents niveaux de
l'appareil bourgeois de gestion. Et les bureaucrates
confédéraux centralisent leurs idées pour les ren-
voyer dûment chiffrées, au Conseil Economique et
Social. Le résultat espéré ? montrer aux yeux de
la bourgeoisie l'esprit de responsabilité qui anime
les dirigeants nationaux du P.C.F. et de la Con-
fédération. Apprendre la gestion, n'est-ce pas le
meilleur moyen de se préparer à exercer le pou-
voir ? Le malheur pour eux c'est que la tactqiue
n'est pas nouvelle : c'était celle de Jouhaux et
Blum.
Quand on ne prépare plus la classe ouvrière et
le peuple travailleur au renversement violent du
pouvoir des exploiteurs, on s'expose infailliblement
à ce destin.
Mais cette ligne entre violemment en contradic-
tion avec les besoins et la ligne d'action des syndi-
calistes prolétariens de la C.G.T. dans les entrepri-
ses. Il faut bien prendre la mesure de cette contra-
diction
La C.G.T. est une grande organisation. Elle a été
le produit des luttes de masse du mouvement
ouvrier français. Elle a centralisé le meilleur des
luttes ouvrières. Les communistes ont orienté le
mouvement ouvrier ; conquis contre la politique
des sociales-réformistes la confiance des larges mas-
ses. La substance de la doctrine révolutionnaire des
communistes est passée dans la pratique du mou-
vement ouvrier. Les communistes, par leur travail
de mase ardent ont fait de la C.G.T. une organisa-
tion de lutte de classes, l'organisation des larges
masses ouvrières dans la lutte contre les patrons.
L'idée de la lutte de classes et de la ligne de
masse sont la partie la plus vivante de la tradition
de la C.G.T. ; ces idées sont encore des idées-forces
de la masse des militants syndicalistes prolétariens
de la C.G.T. Ils font encore partie de l'éducation
des militants syndicaux. Et ces idées pour les mili-
tants C.G.T. destinguent fondamentalement la C.G.T.
des syndicats jaunes comme F.O. ou « modernis-
tes » comme la C.F-D.T. Ces idées enrichies par de
multiples luttes de masse dans les entreprises diri-
gées par des syndicalistes prolétariens constituent
encore aujourd'hui une grande force. La force de
la C.G.T. de la lutte de classes ; de la C.G.T.
maniant la ligne de classe, la ligne de masse.
Les syndicalistes, les cadres authentiques du mou-
vement ouvrier qui appliquent cette ligne, qui con-
densent la volonté des ouvriers, volonté de lutte et
de victoire, s'opposent pratiquement, même s'ils
n'en ont pas encore une parfaite conscience, à la
ligne de capitulation de classe de la confédération.
Combien de cégétistes dénoncent, encore tout bas,
le dernier accord honteux de la Confédération et du
patronat sur « l'indemnisation du chômage par-
tiel » ! Combien de cégétistes voient avec colère
comment le syndicat du dialogue, la C.F.D.T., se
paie le luxe de paraître plus combattif que la
C.G.T. ! Ces syndicalistes prolétariens, les groupes
de travail communiste dans les masses ouvrières
défendent la C.G.T.. Ils défendent l'organisation de
masse de la lutte économique de classe. Ils la dé-
fendent contre les patrons, contre les jaunes, les
réformistes et les modernistes. Ils la défendent
aussi contre la politique de capitulatin de classe
de la Confédération. Tous leurs efforts tendent au
RENFORCEMENT DES SYNDICATS C.G.T. de base,
des syndicats de lutte de classes. Appuyés sur les
larges masses de leurs entreprise, les syndicalistes
prolétariens contribueront à renverser le pouvoir
des bureaucrates révisionnistes. La faiblesse de
ceux-ci est immense : la base de masse de la C.G.T.
s'oppose à leur politique. Les syndicalistes C.G.T. à
la base appliquent la ligne fondamentale de la
C.G.T. : les dirigeants confédéraux sont pris au
piège ; ilgne de masse et de classe ; ils trahissent
tous les jours l'esprit et la lettre de la ligne fonda-
mentale de la C.G.T., des traditions les plus vivantes
de la C.G.T. Le terrain est miné sous leurs pas. Sn
masse les cadres prolétariens de la C.G.T. renver-
seront jour après jour les positions de collabora-
tion de classes.
DONGES
UIII1E DES OUVRIERS OU ILLUHCE DES DIRECTIONS SYNDICALES
Les travailleurs veulent l'unité contre les patrons.
Le 27 janvier le syndicat F.O. d'une entreprise,
la raffinerie de Donges (ANTAR) rejoignait la C.G.T.
C'est là une victoire contre les patrons, contre les
sociales et les jaunes qui ont fomenté avec les
dollars la scission de 47. Victoire qui pulvérise
dans une entreprise les projets des jaunes : briser
à l'américaine, les luttes de classes au nom des
nécessités du progrès technique et de « la société
industrielle ». L'unité se gagne au prix d'une
dénonciation par les masses elles-mêmes de la ligne
politique des dirigeants réformistes. Voilà la
portée de Donges.
Dans la « Vie Ouvrière » du 7 février, Krasucki,
secrétaire de la C.G.T. tire les leçons : « Certes,
en créant un syndicat C.G.T. unifié, les camarades
de Donges se donnent un moyen puissant et effica-
ce de défendre leurs intérêts... cette idée à forcé-
ment joué un grand rôle dans leur décision, MAIS
C'EST AUSSI ET SANS DOUTE PAR DESSUS TOUT,
de la part des camarades de F.O. une protestation
contre le rejet obstiné de toute unité d'action avec
la C.G.T. de la part de leur centrale. »
Krasucki prête aux travailleurs de Donges une
conception qu'ils ont repoussée dans la pratique :
ils n'ont pas quitté F.O. pour inciter Bergeron et sa
clique à se battre sur les positions de classe. Au
contraire, ils ont quitté F.O. parce qu'ils ont com-
pris que la ligne confédérale était une ligne de col-
laboration de classes. C'est ce qu'exprimait l'ex-
secret aire F.O. de Donges en évoquant dans la V.O.
l'attitude de la confédération F.O. face aux ordon-
nances gaullistes et son activité au sein de l'inter-
nationale ajune la C.I.S.L.
Krasucki a du mal à expliquer cela aux travail-
leurs. On le comprend.
L'unité des directions qu'il préconise, les travail-
leurs n'en veulent pas.
Mais la victoire de l'unité, la victoire pour une
seule organisation de combat naîtra dans la lutte
de classe.
Comme à Donges.
Et l'exemple de Donges est dangereux aux yeux
de Krasucki, les ouvriers ne montrent-ils pas com-
ment lutter contre la ligne réformiste des diri-
geants -
11
LE PLUS LIBRE DU MONDE
partie
Citations du Président lïiao ïsû-îoung
A l'égard du peuple, ce n'est pas la méthode de la
contrainte, mais la méthode démocratique qui intervient,
autrement dit, le peuple doit pouvoir participer à l'activité
politique ; il faut employer à son égard les méthodes démo-
cratiques d'éducation et de persuasion, au lieu de l'obliger
à faire ceci ou cela.
Toute idée erronée, toute herbe vénéneuse, tout génie
malfaisant doivent être soumis à la critique, et il ne faut
jamais leur laisser le champ libre. Mais cette critique doit
être fondée pleinement sur l'argumentation, elle doit être
analytique et convaincante, elle ne doit pas être brutale,
bureaucratique, métaphysique ou dogmatique.
C'est une question politique d'impor-
tance capitale pour l'humanité. Il
s'agit de savoir si le résultat de la ré-
volution acquis au prix de tant de sa-
crifices et d'héroïsme n'est, en der-
nière instance, qu'un retour à une
certaine forme de capitalisme, à la
contre-révolution. Cela s'est produit
en Yougoslavie et se produit sous nos
yeux en Union Soviétique.
La Chine, à son honneur, a com-
battu le révisionnisme dès qu'il s'est
manifesté dans le mouvement com-
muniste international et dans un cer-
tain nombre de pays socialistes. Voici
d'où découle le prestige du président
Mao : il ne se contente pas de criti-
quer le révisionnisme d'autrui. Il a
décidé, une fois pour toutes, d'en ex-
tirper le moindre germe et déblayer
son terrain nourricier en Chine mê-
me, dans la société socialiste chinoi-
se, montrant aux peuples du monde
comment résoudre de tels problèmes.
Qui doit se charger de la solution ?
Encore les masses, le seul vrai créa-
teur de l'Histoire. On doit allier la
direction clairvoyante à l'action des
masses. Elles ne doivent pas agir à la
suite des seules directives mais en
connaissance de cause, après amples
informations et mûres discussions.
Dans ce genre de luttes, elles doi-
vent puiser dans leur propre expérien-
ce, comme dans un océan, à la fois
à une vase échelle et à celle de leurs
centres et postes de travail, combat-
tre enfin l'influence des idées révision-
nistes dans leurs propres têtes.
Voilà pourquoi cette grande démo-
cratie est un remède si efficace contre
le révisionnisme ; elle fait mourir de
peur tout les révisionnistes restaura-
teurs du capitalisme. Ces derniers sont
saisis d'épouvanté, non sans raison,
car, en Chine, ce sont bien leurs sem-
façon. Dans tous les pays capitalistes
de même, le peuple, s'inspirant des le-
çons de la révolution culturelle, ac-
quérant ainsi une conscience toute
nouvelle de la force immense qu'il re-
présente par lui-même, s'attellera à la
réalisation de ses propres tâches révo-
lutionnaires.
les masses étudient la pensée du Président Mao Tsé-toung.
les ouvriers révolutionnaires de la Filature de laine n° 3 de Tientsin se réunissent pour condamner les
crimes du Kroutchev chinois.
« RIEN NE PEUT SAUVER LES
ET LEURS VALETS DE L'ECROUL
Pendant 24 jours, le drapeau du front natio-
nal de libération a flotté sur la citadelle de
Hué. 24 jours : le temps de briser les
reins à l'agresseur, d'anéantir ses forces vives.
Et quand les troupes U.S., battues à plate cou-
ture ont enfin pénétré dans la citadelle, elle
était vide. A l'heure choisie les soldats de la
libération s'en étaient retirés. L'armée améri-
caine ne tient qu'une ombre : c'est elle à
présent qu'encerlent les soldats du front. Les
francs-tireurs harcèlent les marines. Et quand
les fantoches, croyant à lavictoire ont hissé
le drapeau sanglant des bourreaux du peuple
vietnamien, les soldats du front embusqués
alentour l'ont abattu criblé de balles.
Voilà la bataille de Hué ! Ce n'est pas un
baroud d'honneur, ce n'est pas non plus une
tentative folle suivie d'échec. C'est une phase
toute nouvelle de \a guerre du peup\e vietna-
mien. « S'efforcer de conserver ses forces et
d'anéantir celles de l'ennemi » : Ce grand
principe militaire du président Mao a fait mer-
veille. A Hué, comme partout ailleurs sur la
terre vietnamienne, les Forces Armées de libé-
ration ont encerclé les bases et \es v\\\es. Leurs
mortiers, leurs roquettes clouent au sol l'armée
américaine ; ville après ville, base après base,
les soldats de la liberté anéantissent des pans
entiers de l'armée ennemie. Chaque base assis-
te impuissante à l'écroulement du camp voisin.
Les unités américaines attaquées les unes après
les autres, ne peuvent plus se porter mutuel-
lement secours. L'Etat-Major U.S. n'a plus que
des vaincus entassés sous des sacs de sable.
En 7 années d'offensive admirable, les bases
libérées sont devenues l'arrière inexpugnable
sur quoi s'est appuyée l'offensive générale
de février. Aujourd'hui les campagnes sont
libres de toute présence ennemie.
Désormais les combats d'anéantissement se
livrent dans les villes, dans les bases, dans
les camps retranchés.
Les camps : ils devaient soutenir les postes
militaires éparpillés dans les campagnes, les
plans de pacification, les opérations de nettoya-
ge. Aujourd'hui ils ne servent à rien, sinon à
concentrer les troupes sous le feu des soldats
de la libération. Pris au piège, les soldats en-
terrés sous les débris de leurs baraquements
attendent la relève impossible. A Khe Sanh, les
marines accusent leurs généraux de les laisser
tomber ou prient tout simplement pour que
l'obus qui vient ne les fasse pas sauter. Les
Forces Armées de Libération choisiront à leur
gré le jour et l'heure de l'offensive !
Les bases : Da Nang servait de support
logistique à l'ensemble des forces d'agression.
Les soldats du Front l'ont encerclée ; jour et
nuit ils pilonnent les dépôts de munitions qui
flambent, les pistes d'atterrissage, les avions
qui se posent ou décollent. Les routes sont
coupées, les régions qu'elles traversent libé-
rées : les convois de secours ne passent plus.
Dans les villes, la situation des américains
et de la clique des traîtres est pire encore. Les
Forces Armées de libération les encerclent ;
et à l'intérieur, chaque ouvrier, chaque patriote
brûle de s'armer, de combattre et de vaincre !
On vide les arsenaux, on distribue les armes
aux milices patriotiques qui chaque jour s'or-
ganisent. Les ouvriers s'unissent aux troupes
régulières et toute la population « civile » loin
L'armée de l'air est à moitié détruite : les 10
premiers jours de février ont vu 2.000 avions et
hélicoptères détruits sur les 4.200 dont dispo-
sent les Yankees au Vietnam. La D.C.A. du
front rend incertain le ravitaillement par para-
chute. Les avions disponibles bombardent en
vain les abord immédiats des bases. L'Etat-
Major en manque pour bombarder le Nord aus-
si sauvagement qu'auparavant. Partout l'étau se
resserre !
d'être un troupeau balotté par la guerre, est
toute entière un immense foyer d'insurrection.
La ligne de feu est partout, le front autour de
chaque position ennemie. La guerre du peuple
embrase les repaires de l'agresseur !
La terre est libre,
Les villes s'insurgent,
Le peuple va à la victoire !
Directement
à Johnson
Population
sud-vietnamienne
«Forces spéciales»
•«Troupes d'élite-*
«Programme de
pacification-
13
'AGRESSEURS u.s.
EMENT TOTAL »
Président Ho Chi Minh
Citations
du Président
Mao Tsé-toung
Quelle est la muraille vraiment indes-
tructible ? Ce sont les masses, les millions
et les millions d'hommes qui, de tout leur
cœur, de toutes leurs pensées, soutien-
nent la révolution. La voilà, la véritable
muraille qu'aucune force ne pourra jamais
détruire. La contre-révolution ne pourra
nous briser ; c'est nous qui la briserons.
La guerre révolutionnaire, c'est la guer-
re des masses populaires ; on ne peut la
faire qu'en mobilisant les masses, qu'en
s'appuyant sur elles.
Direction Révolutionnaire
ou Isolement Révolutionnaire
(à propos de la manifestation du 7 Février
organisée contre les valefs français de l'impérialisme U. S.)
« L'Humanité Nouvelle » du 15 février a publié un
article où le Bureau de la région parisienne du P.C.M.L.F.
lance ses foudres contre la manifestation organisée le
7 février par les comités Vietnam de base. Rappelons
qu'à l'heure de l'offensive généralisée du peuple vietna-
mien, 3.500 anti-impérialistes ont risposté au meeting fas-
ciste de soutien aux criminels yankees.
Comme ont pu s'en apercevoir tous ceux qui ont
praticipé à la manifestation, ou simplement ceux qui con-
naissent les comités Vietnam de base, cet article n'est
qu'un tissu de contre-vérités, assorties de rodomontades
ridicules.
D'où vient la hargne de ses auteurs ? Ils l'avouent en
toute sincérité : le petit groupe d'étudiants dirigé par
le Bureau de la région parisienne du P.C.M.L.F., baptisé
C.I.V., se plaint d'être considéré par les C.V.B. comme une
« FORCE D'APPOINT » l Pour dire une force d'appoint,
encore faut-il être une force, et ce n'est pas le cas.
Mais voyons le? faits !
« Accord avec la police dans le plus pur style révi-
sioniste ! » clame notre groupe d'étudiants. Les quarante
policiers envoyés à l'hôpital sont là pour le démentir, les
assauts répétés des flics, armés de boucliers et de ma-
traques, les dizaines de bombes lacrymogènes, la capa-
cité des manifestants, non seulement de neutraliser les
charges, mais de briser les rangs des policiers, voilà bien,
n'est-ce pas, tous les caractères d'un « monôme du
bac » ? Les responsables politiques ont réussi à disper-
ser dans l'ordre 3.500 manifestants, à leur faire con-
tourner les barrages de police, à les regrouper derrière
les lignes des policiers. Conclusion ? « Les militants ont
été laissés à eux-mêmes » ! Au fait, ces clameurs ont
une explication simple : au moment où « l'accord » avec
la police s'est transformé en désaccord à main armée, le
<< CIV » s'était retiré de la manifestation : dans le calme
et la dignité !
Poursuivons : « les organisateurs ont ouvert les rangs
de la manifestation aux trotskystes ». Il est connu que
c'est toujours le voleur qui crie le plus fort « au vo-
leur i » . Rappelons que le CIV n'a pas fait grand tapage
sur sa participation au défilé-promenade que les diri-
geants trotskystes du CVN avaient organisé le 3 février.
Evidemment, la prolection débonnaire des flics assurait au
CIV de ne pas tomber dans « l'aventurisme petit-bour-
geois » !
Ces attaques dirigées contre les CVB appellent quel-
ques réflexions : force d'appoint, c'est bien ce qu'est
le CIV ; pas aux comités Vietnam de base, évidemment,
mais précisément à ceux qui les attaquent. Les réaction-
naires, la répiession policière de l'Etat gaulliste, tentent
d'encercler et d'anéantir les C.V.B. : le C.I.V. mêle sa
voix à ce concert d'injures ; l'isolement révolutionnaire,
pour être superbe, ne laisse pas de réserver de ces sur-
prises.
Un dernier mot : la grande spécialité de ce groupe
d'étudiants est de jouer le mépris des étudiants, de
tempêter de tous côtés pour réclamer la direction révo-
lutionnaire du mouvement de masse (auquel il est étran-
ger). Ils s'investissent avec le plus grand sérieux du titre
de « représentants de la classe ouvrière », se déclarant
eux-mêmes (et eux seuls !) « direction prolétarienne ».
Qu'ils soient entièrement coupés de la classe ouvrière
parisienne (comme d'ailleurs des étudiants et de toutes
les autres catégories populaires) n'y change rien. Plus
leur rôle est dérisoire, plus ils se dépensent en procla-
mations ronflantes et en menaces terrifiantes.
Nous espérons que cet article, paru dans « L'Humanité
Nouvelle », comme le comportement de ce groupe, n'est
le fait que de ces auteurs et que la grande majorité des
militants et des dirigeants du P.C.M.L.F. n'a rien à voir
avec ces manœuvres scisslonistes à l'égard du mouve-
ment anti-impérialiste.
/
44^ * x^
<q> \^(^.
— ' J if'"—-____-
. r-^ Ji ^,' . . •; • .
•"Supériorité
aérienne»
Bases militaires
américaines
•«Ambassade» des
Etats-Unis
«Résidence du président»
fantoche
Offensive de la saison sèche
Imposer des négociations de
paix par des bombardements
Les Etats-Unis ont
fait des progrès
— Johnson
14
21 FEVRIER :
LE DRAPEAU DE LA LIBERTÉ FLOTTE
SUR L'AMBASSADE FANTOCHE
Unissons ions les ami-impérialistes !
Depuis un mois, l'offensive géné-
ralisée des F.A.P.L. et de la popu-
lation déferle par vagues successi-
ves sur tout le Sud Vietnam, désin-
tègre l'armée et l'administration
fantoches, paralyse les agresseurs
américains et les anéantit par mil-
liers.
Deux manifestations anti-impéria-
listes des Comités Vietnam de Base
ont fait écho à ces éclatantes victoi-
res : celle du 7 février, qui a em-
pêché les fascistes de soutenir pu-
bliquement l'agression U.S., et celle
du 21 février ; deux manifestations
enthousiastes ont clamé dans Pa-
ris : « F.N-L. VAINCRA », « VIVE
LA GUERRE DU PEUPLE ».
Les complices de l'impérialisme
américain ne s'y sont pas trompés :
ils ont reconnu dans les Comités
Vietnam de Base (C.V.B.), un dan-
gereux ennemi.
La police s'est servie du bâton :
concentrant des forces importantes,
elle a voulu briser par la violence
les manifestations des C.V.B. ; sans
succès.
Les dirigeants révisionnistes ont
utilisé d'autres méthodes : les ma-
nœuvres de diversion, menées de
pair avec leurs alliés du C.V.N. Alors
que les manifestations du 7 et du
21 étaient déjà annoncées, que leurs
objectifs politiques pouvaient rallier
tous les anti-impérialistes, le Comi-
té National d'Action (C.N.A.) a con-
voqué pour le 13 une manifestation
devant l'ambassade américaine. Se
sont joints à cette duperie toutes
les organisations du P.C.F., Mouve-
ment de la Paix compris, ainsi que
l'inévitable Comité Vietnam Natio-
nal (C.V.N.) qui reprenait sa place
de parasite du P.C.F.
Le 21 février, même scénario ;
pour tenter de saboter la manifesta-
tion anti-impérialiste, deux diver-
sions : le P.C.F. convoque un
meeting de la J.C., le C.V.N. et
rU.N.E-F. une manifestation d'étu-
diants. L'objectif est le même : dé-
tourner les anti-impérialistes du sou-
tien réel à la lutte du peuple vietna-
mien.
Les victoires de la guerre du peu-
ple ontfobligé les dirigeants révision-
nistes à donner une nouvelle apparen-
ce à leur soutien fictif. Ils ont changé
la façade en 24 heures. « Victoire
pour le Vietnam » a remplacé « Paix
au Vietnam ». Les militants n'y com-
prennent plus rien ; on leur refuse
toute explication. La manifestation
du 13 février reflétait cette confusion.
Les mots d'ordre les plus variés y
ont été entendus, ce qui a donné lieu
à des scènes grotesques, tandis qu'en
un point de la manifestation le servi-
ce d'ordre imposait « Victoire pour
le Vietnam » à ceux qui s'obstinaient
à scander « La Paix au Vietnam »,
un autre groupe, un peu plus loin
criait à tue-tête « La Paix au Viet-
nam » pour couvrir « F.N.L. Vain-
cra » ; tous deux paraît-il, « avaient
des consignes ».
Les vrais amis du peuple vietna-
mien expliquent que le peuple vietna-
mien vaincra parcequ'il mène la
guerre du peuple et parceque la guer-
re du peuple est invincible ; parce-
que la juste ligne du programme du
F.N.L. guide le fusil des combattants.
Les révisionnistes par contre font
semblant de parler de victoire pour
le peuple vietnamien mais sont pris
de panique à 'l'idée que les masses
de France puissent connaître les rai-
sons de cette victoire ; ainsi, con-
traints d'adopter des mots d'ordre
comme « victoire pour le Vietnam »
mais cherchant par tous les moyens
à les vider de leur contenu, les révi-
sionnistes sont en position de faibles-
se totale face à la juste ligne de
soutien des Comités Vietnam de ba-
se. Aussi pour tenter de faire illusion
et pour tenter d'étouffer l'action des
C.V-B. les révisionnistes uiltisent-ils
encore plus massivement leur appa-
reil bureaucratique : « création » du
C.N.A. et d'un nouveau journal,
« initiatives » centrales multipliées.
L'unité que les marxistes-léninis-
tes, les militants des C.V.B. veulent
réaliser, c'est l'unité des amis sincè-
res du peuple vietnamien : cette uni-
té, c'est par une propagande vivante,
par le travail de base qu'ils la réalise-
ront ; par ce travail, les organisa-
tions de faux soutien seront désagré-
gées.
Les victoires éclatantes du peuple
du Sud Vietnam ont jeté dans le dé-
sarroi tous ses ennemis, et en parti-
culier ses faux amis ; elles ont rem-
pli d'enthousiasme tous ses vrais
amis. L'insurrection dans les villes
montre à tous les ouvriers la voie
qu'ils ont à suivre. Elle dénonce toute
la pacotille révisionniste sur le passa-
ge pacifque.
Les ouvriers français se reconnaî-
tront dans la lutte exemplaire des
ouvriers vietnamiens.
Popularisons parmi les travaileurs
la lutte des ouvriers vietnamiens !
Intensifions notre propagande à la
base !
Unissons tous les vrais amis du
peuple vietnamien !
L'œuvre de Staline
est toujours vivante !
Le 5 mars 1953, les peuples révolutionnaires du monde entier étaient
frappés de douleur par l'annonce de la mort de Staline.
Sous la direction de Staline, grand internationaliste prolétarien, le
peuple soviétique venait de porter les coups principaux au fascisme
hitlérien et avait ferment soutenu dans ce combat les luttes révolution-
naires dans le monde.
Fidèle aux enseignements de Lénine, Staline avait su consolider la
première base rouge des peuples en renforçant en U.R.S.S. la dictature
du prolétariat contre les attaques de la bourgeoisie et de ses alliés
trotskystes ou boukhariniens.
Après sa mort, les révisionnistes entreprirent la destruction systéma-
tique de l'œuvre de Lénine et de son continuateur Staline ; en parfaits
agents de la bourgeoisie internationale ils calomnièrent de manière
inouïe le camarade Staline.
Défendre l'œuvre et la mémoire de Staline, rétablir la vérité face aux
attaques révisionnistes c'est rester fidèle au léninisme, c'est défendre
le léninisme. Tel est le devoir des marxistes-léninistes. « Servir le
Peuple » présentera dans les prochains numéros, une série d'articles
retraçant l'œuvre du grand continuateur de Lénine que fut le camarade
Staline.
15
LE PEUPLE ÉGYPTIEN
REJETTE
LA CAPITULATION
Dan.-, l'Egypte toute entière se dé-
veloppe, depuis une semaine, un mou-
vement populaire et patriotique d'une
un pleur et d'une profondeur sans pré-
cédent.
Les ouvriers, les étudiants, les élè-
ves de toutes les grandes villes égyp-
tiennes, soulevés d'indicnation contre
la ligne capitulationniste des diri-
geants nassériens se sont ir.obhi. es
dans des manifestations de plus en
plus larges et puissantes. Au mépris
total des menaces de la police. b:\-
luymt toutes les forces de « i'ordre >.
semant l'effroi dans les milieux bour-
geois égyptiens, par dizaines, puis par
centaine de r.ailiers, ils se sont litté-
ralement en parés de la rue.
l.c motif immédiat de la colère po-
pulaire est l'indulgence du Tribunal
Militaire Supérieur (c'est-à-dire du ré-
gime) à l'égard des officiers respon-
saoies de l'aviation au moment de la
défaite de juin dernier.
Un régime anti-populaire
Le régime nassérien est en effet un
régime essentiellement anti-populaire,
qui ne s'est établi et n'a réussi à se
consolider provisoirement que dans la
mesure où les masses populaires égyp-
tiennes étaient férocement réprimées.
L'avènement même de ce régime a
été la riposte bourgeoise au mouve-
ment patriotique populaire des années
1951 et 1952. mouvement qui a sou-
lc\é le peuple tout entier contre l'oc-
cupation britannique et le système
monarchique sur lequel elle s'appuyait.
Le pouvoir nassérien, issu du coup
d'état de juillet 1952, est la tentative
de donner un nouveau visage au ca-
pitalisme égyptien (régime républi-
cain, nationaliste, tourné vers l'indus-
triaiisation) capable de barrer effica-
cement la route aux masses populai-
res.
C'est pourquoi la première mesure
importante (septembre 1952) des nou-
veaux dirigeants, fut de frapper la
classe ouvrière — en faisant exécuter
deux ouvriers syndicalistes ayant par-
ticipé à une grève revendicative (la
mesure est d'une extrême férocité, les
peines de mort étant très rares en
Egypte). Et tout au long des quinze
années qui suivirent, les instruments
de répression : armée, police services
secrets divers furent perfectionnés afin
de s'opposer systématiquement à tou-
tes formes d'initiative populaire.
Mais ce régime ne sut résister si
longtemps aux assauts du peuple égyp-
tien que grâce au soutien exception-
nel qu'il reçut de l'extérieur — en par-
ticulier de la bourgeoisie bureaucrati-
que russe et des monopoles améri-
cains. Ces deux puissances, en effet,
se sont efforcées de l'attirer chacune
dans sa zone d'influence, rivalisant de
« générosité * et « d'aide désintéres-
sée ». Elles lui donnèrent ainsi à la
fois les moyens d'un certain dévelop-
pement économique intérieur et le
prestige d'une politique qui put sem-
bler « indépendante » alors qu'elle
reflétait seulement une période d'équi-
î'!.v:c p écrire entre deux dépendances.
Les masses populaires
en Juin 1967
L'agression is'uéliennc de juin der-
nier devait être, dans l'cr.prir des di-
rig'anîs américains, un moyen de dé-
passer cet équilibre et d'i.i pr-s:r dé.i-
niîh e r.cnt leur hégémonie en Eg>p;e
corniv.c en Syie.
Tout axait été calcule, depuis le
pourrissement de la structure de l'ar-
mée égyptienne, cornue comrr.c moyen
de répression et d'c:-pioi aîion anti-
populaire et non comme moyen de dé-
f^nsc nationale — jusqu'aux main-
dres détails techniques de la défaite
de cette armée, tout — à l'exception
d'un seul facteur : la puissance du
mouvement patriotique populain
contre l'agresseur.
L'armée égyptienne mise en pièces,
en l'espace de quelques jours. Nasser
— complètement désespéré — s'ap-
prêtait à se retirer au profit d'un col-
lègue qui aurait présenté les clefs de
la capitale aux U.S.A., mettant ainsi
le point final à l'exécution du plan
impérialiste et sioniste.
C'est alors que les masses populai-
res d'Egypte et, en de nombreux au-
tres pays arabes, ont manifesté puis-
samment à l'échelle du monde arabe.
Elles demandèrent à Nasser de res-
ter à son poste.
Pourquoi ? Parce que c'était la seu-
le forme concrète, immédiate, de rc-
sis'ance à l'ultime étape du plan im-
périaliste — celui de la capitulation
sans condition. Le 9 juin. Nasser était
devenu, malgré lui, le symbole d'un
défi à l'agresseur. Tous les peuples
arabes, au même moment, spontané-
ment, ont exprimé cette idée fonda-
mentalement juste.
L'impérialisme U.S., les sionistes et
les bourgeois arabes comprirent alors
que ce facteur inattendu bouleversait
la situation de fond en comble, que
Nasser renversé se transformerait en
un mythe dangereux, que de simples
fantoches ne pourraient pas tenir
longtemps à sa place et qu'une « paix
israélienne » enfanterait la guerre po-
pulaire.
Ils décidèrent donc de laisser Nas-
ser en place, à charge pour lui de
démobiliser les masses, de désamorcer
leur enthousiasme patriotique par une
subtile désescalade verbale accompa-
gnée, en coulisses, de négociations
avec l'ennemi, préparant ainsi une ca-
pitulation moins spectaculaire mais
plus sûre.
Les dirigeants révisionnistes russes
avaient un rôle précis à jouer dans ce
plan. Effarés par la menace de guerre
populaire, en Paestine. en Egypte et
en Syrie, ils étaient maintenant prêts
à tout pour l'étoulTer : ils exercèrent
sur ces pays la pression nécessaire
pour les amener, le plus tôt possible,
à capituler honorablement ». La
crainte de la guerre populaire a trans-
forme la bourgeoisie bureaucratique
russe, de rhaie des monopoles U.S. en
un vulgaire compliee. de second rang,
de la politique yankee.
La colère populaire
Lepi;is juin dcrnici. Nasser a tente
l'i;.; po: i-ibie dans le sens de la capi-
tu i'tion, refoulant !a population de
la ',i: e occidentale du Canal vers l'in-
térieur, pour rompre tout contact en-
tre eile et l'ennemi (•> la guerre n'est
pa- Lunaire du peuple •>)• isolant la
capitale du reste du pays par un train
de \ ie de temps de paix (cinémas,
théâtres, music-halls. «. occasions »
dans les grands magasins, etc.). met-
tant tous les organes de propagande
au senicc de la démoralisation, refu-
sant catégoriquement toute participa-
tion populaire à l'effort mili'aire
Le verdict du tribunal militaire su-
péiieur n'est que l'un des éléments
politiques de ce plan.
Or, personne ne peut plus, désor-
mais, tromper le peuple égyptien. Ce
qu'il reclame, c'est la poursuite de
la guerre patriotique, menée par le
peuple, car il ne t'ait aucun crédit à
l'armée régulière'. Le peuple vietna-
mien et. sur le sol arabe même, le
peuple palestinien sont les exemples
qu'il ^e donne.
La colèie du peuple égyptien est
!err;b!e. La dernière fois que cette
colore s'est exprimée dans le pays, ce
ur aux journées de janvier 1952 •—
précisément ces journées où la mobi-
lisation anti-impérialiste débouchait
sur la révolte révolutionnaire contre
le pouvoir intérieur, ces journées an-
"io;:cant la fin d'un régime.
Fuiu 1967 - Février 1968 : les
ma.:-ses populaires égyptiennes ont
compris que le régime bourgeois nas-
sérien r,e pouvait être que l'artisan de
la défaite et que la poursuite de l'ef-
fort anti-impérialiste impliquait non
la mise en jugement de quelques offi-
iers supérieurs mais la condamnation
de la voie bourgeoise elle-même. Le
peuple égyptien prend sa cause en
mains.
BULLETIN DE DEMANDE D'ADHESION
L'Union des Jeunesses Communistes (marxiste - léniniste)
demande à tous ceux qui approuvent son action et veulent partici-
per activement à la lutte marxiste - léniniste qu'elle poursuit, de
remplir cette demande d'adhésion et de l'envoyer à l'adresse suivante
ou de la transmettre à un militant connu de vous :
Prénom ...................................
Adresse ...................................
Profession .................................
Lieu de travail .............................
Ap,e ......................................
Expédier ce bulletin à P. LECOURT - CHENOT
106. rue de la Glacière - Paris-XlII»
Le drect-ur de la pu'jlication : F LEBOVITS S.I.T.-NANCY
oDépôt légal 1or trimestre 1968 Dist-ibué par les NMPP
16
INDEPENDANCE POUR LA GUADELOUPE
te
Le 19 février les pa\iiotes quadeloupéens manifestent contre l'impéiialisme français
Le procès machiné par l'état impérialiste
français contre les patriotes Quadeloupéen?
s'est rapidement transformé en tribune d'accu-
sation du pouvoir colonial et de ses complices.
Au sein même de la Cours de Sûreté de l'état,
la lutte aiguë entre la ligne révolutionnaire
d'indépendance nationale et la revendication
traîtresse des révisionnistes d'autonomie a été
mise en relief de façon saisissante. Le pouvoir
colonial et les révisionnistes sont bien d'accord
sur une chose : le maintien des « liens » entre
la France et la Guadeloupe. C'est cette thèse
dont le procès a fait justice ï
A QUI PROFITENT LES LIENS ENTRE LA
FRANCE ET LA GUADELOUPE ?
L'impérialisme français parle d'aide désinté-
ressée à la Guadeloupe. En fait les liens entre
la France et la Guadeloupe sont les liens qui
unissent le voleur à sa victime ! « Nous pouvons
affirmer, écrit le Gong dans son rapport écono-
mique de février 1965, que la France nous a
vclé par le seul truchement de la balance com-
merciale, 18 milliards 548 millions 720.000 A.F. Si
nous déduisons de ce chiffre le montant de
l'aide qu'elle prétend nous fournir (soit 10 mil-
liards) nous pouvons conclure que c'est la gua-
deloupe qui chaque année fournit à la France
UNE AIDE s'élevant pour 1964 dans le seul do-
maine du commerce à plus de 8 milliards ! »
Le pouvoir colonial et les révisionnistes font
grand bruit de la faible superficie du pays, de
son faible développement, du risque de voir,
la Guadeloupe tomber sous la coupe de l'impé-
rialisme américain. Mais QUI empêche par
tous les moyens le développement équilibré de
la Guadeloupe 1 N'est-ce pas précisément la
politique de pillage et de banditisme, le système
de misère et d'opression de l'impérialisme fran-
çais ? Ruiner pendant des siècles un pays, et
s'écrier ensuite d'un air tartuffe que ce pays
est « trop pauvre » pour être abandonné à lui-
même (et continuer à l'appauvrir systématique-
ment) voila ce que signifient les clameurs lar-
moyantes sur « le cercle vicieux du sous-déve-
loppement ».
Les révolutionnaires guadeloupéens savent,
eux, que la solution des problèmes économi-
ques de la Guadeloupe est dans la libération de
l'énergie créatrice des masses populaires, ce
qui passe par la rupture avec toute forme de
dépendance extérieure.
LE PEUPLE QUADELOUPÉEN DOIT-IL SU-
BORDONNER SA LUTTE CONTRE L'IMPERIA-
LISME FRANÇAIS A LA LUTTE DU PEUPLE
DE FRANCE 7
A l'occasion des élections législatives de
mars 1967, le P.C.G. a clairement montré com-
ment il répondait à cette question. Au mépris
de ses précédentes déclarations, il a décidé de
présenter ses candidats alors que le GONG
menait campagne pour l'abstention révolution-
naire. Quel est l'explication de cette nouvelle
trahison du P.C.G. ? Le P.C.G. , fidèle instrument
du P.C. F., a prétendu que la meilleure manière
de lutter contre l'imoérialisme français en Gua-
deloupe était de renforcer le courant « démocra-
tique » en France et en particulier au Parle-
ment !
L'ennemi direct du peuple français et du
peuple guadeloupéen est le capitalisme impé-
rialiste français ; mais, peut-on en déduire
qu'il y a un rapport de subordination entre
l'une et l'autre lutte 1 Absolument pas. Les
peuples d'Indochine et d'Algérie devaient-ils
attendre que la classe ouvrière et ses alliés
aient pris le pouvoir en France pour mener à
bien leur lutte de libération nationale 1 L'His-
toire a montré que cela aurait été une pure et
simple trahison.
Sous prétexte qu'une France « démocrati-
que » créerait des « conditions favorables » à
la lutte de ces peuples, le P.C. F. cherche à en
faire des forces d'appoint pour sa politique
électoraliste en France. C'est ainsi que depuis
de nombreuses années, le P.C. F. s'est comporté
en « suzerain » à l'égard des partis « vassaux »
qu'était le P.C.A., que sont le P.C.G., le
P.C. M. etc... Une telle politique n'est en fait
que le reflet du rapport de domination entre
la « métropole » et ses colonies, une politique
social-chauvine.
Le P.C.A. a été balayé par la lutte des masses
algériennes pour l'indépendance ; le P.C.G.
est aujourd'hui démasqué par le peuple gua-
deloupéen comme complice de l'impérialis-
me français.
QUELLE POLITIQUE SERVENT LES REVI-
SIONNISTES ?
De toute façons, disent les révisionnistes, le
mot d'ordre d'indépendance nationale pour la
Guadeloupe ne correspond pas encore à l'état
de prise de conscience des masses, c'est
pourquoi nous luttons pour l'autonomie. Cette
affirmation est démentie par les faits. Malgré
les énormes moyens de pression dont dispose
le colonialisme français, malgré les manœu-
vres de division du P.C.G., la juste politique
d'abstention préconisée par le G.O.N.G. a reçu
une approbation massive en mars 1967 puis-
que plus de 53% des électeurs ont refusé de
participer à la force électorale.
Lorsque le P.C.G. et le P.C.F. reprennent
les affirmations de Billotte prétendant que les
luttes populaires de Basse Terre et de Pointe
à Pitre et la répression sanglante qui a suivi
sont le fait d'une poignée d'agitateurs gauchis-
tes, de provocateurs etc... (accusation que
l'Accusation elle-même au procès a été obligée
d'abandonner) quels intérêts servent-ils, sinon
ceux du pouvoir colonial 7
LA LIGNE REVOLUTIONNAIRE TRIOMPHERA!
Le procès des 18 patriotes guadeloupéens
devait décapiter le G.O.N.G. et l'isoler en
lançant sur lui l'anathème du « séparatisme »
En fait, la situation s'est retournée au cours
du procès : l'accusé, c'est le colonialisme fran-
çais, les témoins ce sont les prévenus, et le
juge, les peuples de Gaudeloupe et de France.
C'est ce qu'était obligé de reconnaître le
journal « Le Monde » dans son commentaire
du 24 février.
« Au dossier de l'accusation qu'ils ne veu-
lent pas connaître, les inculpés opposent le
leur ». De plus, ce procès a considérable-
ment éclairé la lutte entre les deux lignes en
montrant que seuls ceux qui se réclament du
mot d'ordre d'indépendance nationale font
peur au pouvoir colonial : on comprend que
les révisionnistes français soient « gênés » et
que, la place qu'ils accordent dans l'Humanité
à ce procès d'une importance historique siit
si mince (d'ailleurs l'Humanité Dimanche du
26 n'en a pas soufflé mot !).
En fait, la cause est entendue : le peuple
guadeloupéen renforcera son unité autour du
mot d'ordre d'Indépendance Nationale, pren-
dra pour arme la pensée de Mao Tsé toung et
balaiera l'impérialisme français et ses compli-
ces révisionnistes.
Les marxistes-léninistes français à la faveur
du procès des patriotes multiplieront les ini-
tiatives pour expliquer au peuple de France
la nature sanguinaire de l'impérialisme fran-
çais et la lutte du peuple guadeloupéen pour
son indépendance, ils organiseront partout
où ils se trouvent une propagande systémati-
que sur cette question.
LIBEREZ LES PATRIOTES
HORS DE GUADELOUPE
L'AGRESSEUR FRANÇAIS
LE PEUPLE GUADELOUPÉEN VAINCRA !
Puisque l'ennemi aiguise son couteau de boucher,
affûtons nos épées !
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Servir le peuple
Issue
no.17
Date
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Publication information
no.17