Tribune libre

Thumbnail
I
Directrice :
M.J. POUPART
| Rédacteur en chef
BRUNO ALLAIN
Tiiiiiiimiiiiiiiiimiiiiiiiiimiiiiimiii'
LE JOURNAL DE LA CONTESTATION PERMANENTE * N° 1 * PRIX 1 Frs * Samedi 29 Juin 1968
1968
TRIBUNE LIBRE L'HEBDOMADAIRE
LA REVOLUTION
A-T-ELLE APPORTE
DE REELLES
TRANSFORMATIONS ?
Sans doute est-il impossible de donner une
réponse définitive, après à peine deux mois du
début des événements, à une telle question.
On peut néanmoins, sinon spéculer sur l'ave-
nir du moins voir clairement d'ores et déjà quel-
les sont les transformations acquises et celles
qu'on peut escompter. Certes, l'espoir né des
barricades de mai est loin d'avoir sa forme
définitive, mais il se transforme petit à petit
en réalité.
Ce soudain éclatement a mis en lumière le
refus systématique d'une bonne part de la jeu-
nesse, des structures actuelles, tant sociale-
ment que politiquement ; celle-ci s'étant avéré
une force conséquente, et malgré les résultats
__ prévisibles d'ailleurs — aux élections légis-
latives, on ne peut qu'en attendre des trans-
formations radicales à long terme. Mais n'ou-
blions pas que tout ne fait que commencer...
Voyons d'abord, celles des transformations
qui devront se produire. Ce qui est contesté,
c'est le fait de vingt et un super fonctionnaires
nommés par le gouvernement, qui ont tous les
pouvoirs permettant de "ligoter" la nation et
le droit d'intervenir dans tous les domaines
professionnels ; c'est le profit sordide, la veu-
lerie infâme ; c'est le développement aveugle
des villes, l'oligarchie, la bureaucratie maîtresse
de l'entreprise, l'archaïsme qui domine l'ensei-
gnement, la centralisation qui interdit toute ini-
tiative et le travestissement permanent de l'in-
formation. Ceci met en lumière le besoin qu'a
la jeunesse d'une activité politique, qui, à l'inté-
rieur de ses mouvements récemment dissous,
cherche autre chose qu'un gaullisme incapable
ou un Parti Communiste de peu de valeur.
Ainsi, politiquement, une refonte totale des
structures économiques et financières s'impose.
Socialement, notons tout d'abord l'immense
participation au mouvement lancé par les étu-
diants, la constance de ce mouvement, l'impuis-
sance du pouvoir à le refouler, les mesures
prises dans les différentes facultés pour éviter
que les vacances ne noient tous les efforts.
On n'insistera jamais assez sur le fait que cette
révolution ne comporte pas que des barricades,
mais que des centaines d'étudiants et d'en-
seignants travaillent depuis plus d'un mois à
transformer totalement le système universitaire.
Transformations probables également chez
les artistes avec les états généraux du cinéma
(front commun entre syndicats et avant-garde
des cinéastes ; suppression de la censure ; table
rase des réglementations existantes, etc.) et de
l'art lyrique ; commissions étudiant les questions
de l'enseignement de l'art dramatique tendant
à revaloriser une profession où le capital, là
encore, domine.
Mais si ces transformations ne sont qu'à l'état
d'ébauche, la plus acquise et la plus fonda-
mentale demeure celle de l'individt qui, pour
peu qu'il soit resté en accord avec lui-même,
c'est-à-dire avec sa conscience, son intériorité,
a vu ses aspirations en quelque sorte cristalli-
sées par ce mouvement. Privés de télévision,
d'essence, de distractions, et même de travail,
des milliers d'individus n'ont plus eu qu'une
chose à faire : parler, s'exprimer — calmement
ou avec violence — souvent pour la première
fois et en foulant des sols jusque là inconnus
d'eux, s'interroger, et interroger. Certes, l'es-
sence est revenue et "l'ordre" est rétabli dans
bien des cerveaux ; mais sur des centaines
de millions d'hommes qui ont eu soudain à
réfléchir sur autre chose que le "problème des
vacances", qui oserait affirmer qu'il n'en restera
rien ?
Sans doute, si certains de ceux qui refusent
la société dite de consommation entendent par
là la remplacer par une société de type hippie,
ceux-là seront nécessairement déçus, même à
long terme. Mais comprendre ce refus comme
un déplacement des centres d'intérêts, alors
on peut espérer, quelle que soit l'échéance,
de réelles transformations.
D'ailleurs, pour en être convaincu, rappelons-
nous les inscriptions sans doute aujourd'hui effa-
cées, du sanctuaire de la révolution estudiantine,
la Sorbonne : "Jouissez ici et maintenant ; dé-
truisez l'aliénation, prenez vos désirs pour des
réalités ; la vie de la présence, rien que de la
présence, etc." Enfin si selon Barrés, la jeu-
nesse, passé trente ans, est le privilège de
quelques natures royales, ces quelques privilé-
giés, n'en doutons pas, seront plus nombreux
après Mai 68, et c'est encourageant.
Car rappelons-nous cette parole de Lorenzo
de Médicis : « Celui qui a soulevé une fois le
voile de la vérité ne peut plus le laisser re-
tomber. »
Jean-Philippe ANCELLE.
PHARMACIE
DÉTRY
65, RUE DE PASSY
AUT. 93-87
Eiiiiiiiiiiiiiimiiimiiimiiiimiiiimii......IIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIE
COMMUNIQUE
Ouvriers
Paysans
Etudiants
ROGER
VALEREY
Cet avis vous concerne :
Notre Journal est un journal de contestations
permanentes, envoyez-nous vos idées, vos arti-
cles, vos suggestions, nous les publierons dans
nos colonnes réservées à cet effet.
LA REDACTION.
le reclassement
des chômeurs
Ou'ils soient Ouvriers, Paysans, Cadres ou
Etudiants, les chômeurs ont tous les mêmes dif-
ficultés : le reclassement.
a) Les Etudiants sortants des facultés sont
très nombreux à ne pas avoir d'emplois parce
qu'ils vivent dans une époque de surpopulation,
le phénomène vient qu'après la seconde guerre
mondiale les femmes ont retrouvé leurs maris.
b) Les Ouvriers eux sont licenciés car les
techniques nouvelles employées et l'électronique
supprime l'employé non qualifié dans cette
branche.
c) Les Paysans eux ne vendent plus leurs
produits à cause du marché commun agricole.
Ce n'est pas à moi de résoudre ce problème
du reclassement mais je vous demanderais
chers lecteurs de m'exposer vos problèmes et
vos suggestions et nous essayerons dans nos
colonnes vous étant réservés de mieux com-
prendre vos revendications.
Ecrivez-nous à -.
JOURNAL TRIBUNE LIBRE
(LE RECLASSEMENT DES CHOMEURS)
132, rue Lafayette - PARIS-106
CHARCUTERIE
COMESTIRLES
R. DAVOLI
59, Rue de Passy
PARIS - XVI
AUT. 20-30
------- FERMÉ LE LUNDI -------
DECLARATION D'UN
REVOLUTIONNAIRE
Notre révolution, la mienne, la vôtre, se pour-
suivra ; elle doit s'élargir de plus en plus, elle
a dépassé le stade des groupuscules ; elle est
devenue largement populaire ; nous la gagnerons
quitte à verser notre sang.
Il y a des problèmes complexes que nous
connaissons depuis longtemps : ceux notam-
ment de l'ouvrier, du cadre... et plus spéciale-
ment ceux du lycéen asservi par sa famille
généralement bourgeoise ou en train de le de-
venir.
Quelque chose de commun caractérise tous
ces problèmes ; la réaction et le refus de subir
cette réaction aujourd'hui les problèmes ainsi
posés n'en font plus qu'un ils ont pour base
une contestation et pour but une libération to-
tale. Ils sont nés du manque d'argent du fige-
ment de l'économie et de la répression psycho-
logique. C'est pour cette seule raison que les
lycéens, les étudiants, les travailleurs rejettent
les idées périmées, criminelles somme toute, de
leurs maîtres, parents et exploiteurs.
La nouvelle génération, celle qui s'est levée
contre le pouvoir et le paternalisme, va saborder
les institutions anciennes qui lui ont apparu
comme des carcans, cette initiative révolution-
naire, cette tension vers un but précis et ce
désir de libération quasi viscéral sauveront peut-
être la précédente génération, en ce sens qu'ils
lui éviteront décisivement la faillite et la mort.
J. LUC.
JEAN-PAUL
Vais-je te revoir
Tu es tout pour moi
Mon cœur est blessé
Depuis ton départ
Si tu revenais
Retrouverais-je en toi
Le garçon sincère que tu étais
Ou bien trouverais-je
Un cœur de pierre
Sans compréhension
J'ai quitté le quartier
Où nous nous sommes aimés
Où nous avons connu
Des moments magnifiques
Et des nuits d'extase
Reviens mon ami
Car sans toi
Je ne pourrais pas vivre
Je te veux mon ami...
Tu sais, je suis sincère
Reviens pour m'aimer comme tu dois
Notre vie pourrait être magnifique
Un mot et ma vie t'appartient
Réfléchis mon ami
Embrasse moi
Et serre moi dans tes bras
Responsable de ma vie future
Responsable de mon cœur
Choisis ?
BRUNO.
EDITORIAL
Notre Journal se veut d'avant-garde, grâce à ses parutions il veut abattre le tachisme gaul-
liste.
I- COIFFURE !
= =
i |
| |
I 50, Rue René Boulanger
| PARIS X* bot. 34-23 |
| |
IiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiimiiiiMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimmiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiii
Le gaullisme veut tenter de décapiter les mouvements en attaquant les symboles. Le gaullisme
et la bourgeoisie n'ont renoncé à aucun de leurs buts. Ils veulent à tout prix perpétuer la classe
bourgeoise et ses privilèges. Ils veulent bien que la masse discute, mais ce qu'ils veulent surtout,
c'est que rien ne change, et surtout que la bourgeoisie reste au service du système gaulliste.
Notre raison d'exister est donc valable, on travaille dans le but :
— de dégager les manœuvres malsaines du gouvernement;
— pour dégager les campagnes de presse et d'intoxication ;
— pour riposter à la répression policière ;
— et pour prouver à l'opinion publique que nous sommes à nouveau dans une époque de tachisme
grâce au GENERAL DE GAULLE successeur de HITLER.
LE REDACTEUR.
E LA CONTESTATION PERMANENTE
GAULL
ITL
1938 - 1968
Les récents événements de ces derniers
temps qui ont soulevé le pays nous a amené
à nous ressouvenir d'autres événements qui se
sont déroulés il y a quelque 30 années. Les
événements de l'histoire se renouvellent dans
leur intégralité.
Nous nous sommes permis de remonter le
cours de l'histoire et nous sommes arrivés à la
conclusion suivante : De Gaulle s'apparente
étonnement à un autre chef d'Etat connu du
monde entier pour ses méthodes de gouver-
nement. Nous nous expliquons.
Depuis 1958, le Général de Gaulle essaie d'in-
troduire dans la Ve République des idées qui
ne sont pas les siennes ; tel l'amendement
VALLON, pour l'intéressement des travailleurs
aux bénéfices des entreprises ; chose faite par
Adolf Hitler en 1935 ; recours au peuple pour
des retours aux urnes chaque fois que le gou-
vernement a besoin d'augmenter la force de
son pouvoir ; Adolf Hitler le fit assez régulière-
ment entre les années 33 et 36 avant de sup-
primer définitivement le parlement allemand et
le droit de vote des citoyens. Il est de notoriété
publique que le grand espoir de notre Général
est de dissoudre également notre Assemblée
Nationale afin de pouvoir garder, comme le
Chancelier Adolf Hitler, les coudées franches
pour diriger un pays riche qu'il a conduit au
bord de l'abîme ; abîme qu'on connu 60.000.000
d'allemands. Il nous faut également parler de la
conduite inqualifiable de celui qui se dit l'ELU
de la nation, vis-à-vis de nos alliés et de l'OTAN ;
ceci nous ramène, également, au départ de Hitler
de la Société des Nations de Genève ; nous
avons, quant à nous, quelques années plus tard,
su ce que cela pouvait coûter : 5 ans de guerre.
Autre parallèle : toutes les personnes ou les
personnalités qui ont fait de de Gaulle ce qu'il
est, se sont retrouvées, ou bien en prison, ou
bien déchus de leurs droits (Maréchal JUIN,
SALAN...) ceci nous remémore les spectaculaires
purges effectuées par Adolf Hitler lors de son
avènement à la Chancellerie. Et voici pour nous
la question que nous vous posons :
Ces personnalités seraient-elles gênantes ?
Nous vous laissons le choix de répondre vous-
même, en vous référant à l'Histoire.
En 1936, Adolf Hitler, chassait de son terri-
toire, les Israélites.
Nous avons connu les décisions de Charles
de Gaulle sur les événements d'Israël. Encore
une fois, il y a concordance.
Il est intéressant de constater que ce qu'avait
écrit Adolf Hitler dans son MEIN KAMPF et
appliqué, en partie par lui, sur une durée de
10 années, est effectué et réalisé par le Géné-
ral de Gaulle, toujours au nom de la Démocratie.
Hitler avait déclaré qu'il voulait la liberté du
peuple allemand et revendiquait la reconnais-
sance du National-Socialisme comme parti de
transition entre le communisme et le capitalisme,
ce dernier, étant comme nous le savons, main-
tenant, le moyen péril. Or, si, nous reprenons
la conférence de presse du Général de Gaulle,
qui fut télévisée, il y fut déclaré : « Le com-
munisme... Non, le capitalisme... NON. »
Charles de Gaulle serait-il devenu National-
Socialiste ? (NAZI).
Charles de Gaulle voudrait-il faire des Fran-
çais ses esclaves ?
Charles de Gaulle a-t-il l'intention de mettre
tous les Français "Au garde-à-vous" ?
Charles de Gaulle veut-il continuer à remplir
les prisons, de tous ses amis une fois les ser-
vices rendus (SOUSTELLE) ?
Charles de Gaulle pense-t-il continuer à s'en-
tourer d'individus réversibles et sans opinions
bien définies ?
Charles de Gaulle, comme Hitler, veut-il em-
pêcher les Français de rester français ?
Charles de Gaulle, comme Hitler, pense-t-il
continuer à vouloir l'isolement de la France,
comme Adolf Hitler le fit en son temps d'où,
seule une guerre pourrait le faire ?
Charles de Gaulle rêve-t-il à nos enfants ?
Charles de Gaulle continuera-t-il à dire : « La
France sans les Français ? »
Notre formule : « Charles de Gaulle = Adolf
Hitler. »
Les Français se sont battus pendant de nom-
breuses années pour obtenir des avantages so-
ciaux dignes de ce nom : congés payés, sécu-
rité sociale (qui en soit une), retraite vieillesse
acceptable, pouvoir d'achat augmenté, amélio-
ration d'un état de vie qui est en retard de 30
ans sur nos voisins les plus proches. Ce que
les Français ont demandé dans leurs reven-
dications des dernières semaines, a été accordé
par Adolf Hitler il y a quelques 30 années.
Charles de Gaulle serait-ce incapacité de votre
part que de ne pouvoir faire ce qu'un ILLUMINE
a réalisé. Il ne s'agit plus de se dire le libé-
rateur du peuple et de l'oppression, lorsque l'on
pressure le premier et que l'on applique la
seconde afin de cacher son incapacité ; nous
ne sommes plus à Londres. En 1946, vous fûtes
reconnu incapable, pourquoi ne pas en être
resté là ? On peut échouer une fois mais deux,
cela devient du vice. Le peuple, en 1945 vous
aimait, vous l'avez déçu et c'est là, où Adolf
Hitler vous fut différent : il s'est tué (disparu).
Faut-il croire que Hitler était moins orgueilleux
ou plus courageux ; ou bien serait-ce une
deuxième fuite, comme en 1940.
Nous avons relu MEIN KAMPF et nous y avons
relevé tant d'analogies avec le régime actuel
qui nous gouverne, qu'il nous est apparu néces-
saire de vous demander, à vous lecteurs de
notre petite publication, de venir nous voir et
de nous donner votre avis. Nous sommes là pour
vous écouter et connaître vos idées et vos opi-
nions sur un régime qui n'est plus conforme à
la forme de bonheur auquel vous aspirez tous
et qui est votre dû. Venez ou écrivez-nous.
Serge CHARLES
Tribune Libre, 132, rue Lafayette.
UN DÉCRET
M. Fouchet, surintendant à la panique et à
l'hypocrisie, commandeur des mercenaires, gi-
rouette de l'état et poubelle de l'élysée, M.
Fouchet se souvient de Vaillant, de Ravachel et
de la bande à Bonnot du fond d'un fauteuil
où se succédèrent tant de persécuteurs, il a
rajeuni le vieux bouc émissaire : L'anarchiste
succède au juif, pègre est devenue son sy-
nonyme. Tremblez, boutiquiers, barricadez-vous,
téméraires badauds : l'anarchiste rôde. La
bombe d'une main, l'égalité de l'autre, il se
dissimule dans la foule pour la pousser au meur-
tre. Puis l'homme noir s'attaque à la bourse,
il profane le temple du capitalisme. On pouvait
jusqu'ici réprimer sans épouvante un tumulte
hiérarchisé. Le sang du peuple, qui teignait
autrefois le drapeau rouge, était devenu celui
d'une rosé. Des épines y restaient bien accro-
chées, mais on en craignait moins les bles-
sures, elles se limitaient à la réforme. Et voici
que le trône vacille, il refuse l'argent sous sa
forme esclavagiste. C'est le diable MONSIEUR
FOUCHET prépare alors une nouvelle réforme.
Et voici que le trône vacille. Il refuse l'argent
sous sa forme esclavagiste. C'est le diable.
M. Fouchet prépare alors une nouvelle réforme,
une nouvelle inquisition, ses tortures et ses dé-
lateurs. Il appelle le venin des médiocres sur
une conception hors de leur portée. Quoi de
mieux contre le progrès, mais personne, dans
ce pays hormis les sanglants fossiles du natio-
nalisme ne souhaite le retour des hivers nazis
où l'on sacrifiait une race sur l'autel de la puis-
sance ; malgré les appels au lynchage, il n'y
aura pas de chasse aux sorcières, même contre
les ministres agitateurs qui tentent de la pro-
voquer, les crachats n'ont jamais sali le dra-
peau noir, mais un contact avec le cadavre de
M. Fouchet en ferait une loque corrompue, il
ne lui servira pas de linceuil. MONSIEUR
FOUCHET PEUT crever comme un chien.
Que s'est-il passé depuis le 22 mars à Nan-
terre ?
Il s'est passé des événements sévères, im-
prévus, surprenants, mais toujours des réclama-
tions, toutes les revendications des étudiants
pouvaient avoir été réglées depuis longtemps,
mais le gouvernement n'a pas voulu céder et
a réagi contre les étudiants avec sa police qui
matraqua. Les gens ont eu peur et firent des
stocks, c'était la terreur qui régnait et la peur
de ne plus avoir le superflu.
Et nous voilà à nouveau avec un gouverne-
ment personnel ; le pouvoir en a profité pour
faire "le vide politique", maintenant le gouver-
nement se refond et la routine reprendra le
dessus. Mais qu'ont donc ces Français. Les con-
séquences de ces grèves, la France des Fran-
çais vient de se faire une idée du Général de
Gaulle, hébétés, ils ont l'air d'apprécier le pou-
voir personnel, lutter quelques mois ne sert plus
à rien, puisque la masse ne veut pas suivre.
Demandons au Général de Gaulle d'offrir sa
démission.
L'INCOMPRIS.
J'ACCUSE
Tremblez, les hypocrites
Et vous, bourgeois vicieux
Que s'écroule le mythe
Du mécène vertueux.
Tremblez les imbéciles
Qui ont peur du "ON DIT"
Quand pour vices tranquilles
Trahissent leurs amis.
Bourgeois aisés
Aux chaudes couvertures,
Honorabilité
En peau de moisissure.
Leurs costumes dorés
Et brodés d'illusions,
Ne pourront pas cacher
Tous leurs crimes sans noms.
Dans ce monde répugnable
Petits hommes, qu'êtes-vous ?
C'est l'état de charogne
Qui vous attend au bout.
PATRICK.
JEUNE ENFANT
Jeune enfant
Enfant de truand
Toi non pas encore
Plus tard peut-être
Mais en attendant
Déjà délinquant
Deux chemins pourtant,
Celui de l'oiseau
Ou celui des barreaux
Bien sur l'oiseau
Est souvent derrière les barreaux
Mais la vie n'est-elle pas une vaste prison ?
Alors jeune enfant
Ne perd pas ton temps,
Choisis pendant qu'il est encore temps.
Je soussigné :
NOM : .........................................
PRENOM : .....................................
ADRESSE : ....................................
VILLE : ........................................
Déclare souscrire à l'hebdomadaire "Tribune Libre"
pour un abonnement :
D'un an au prix de 45 Francs
De 6 mois au prix de 22 Francs
De 3 mois au prix de 13 Francs
Règlement : Adresser à "Tribune Libre" - 132, rue
Lafayette - PARIS-10".
Parution de notre hebdomadaire tous les samedis.
FRANÇAIS QU'AVEZ-VOUS FAIT ?
par SERGE CHARLES
DIMANCHE 23 JUIN :
ELECTIONS LEGISLATIVES
Nous connaissons d'ores et déjà les résultats.
Peu de temps auparavant, nous nous sommes
permis de poser des questions à diverses per-
sonnes dans divers lieux : qu'y avons-nous
entendu ? Ce que tout le monde pensait à
l'époque : de Gaulle ne nous aura pas comme
électeur. Qu'est-il advenu de ces prises de
positions ?
Vous avez voté. Parfait, puisque tout Français
honnête se doit de le faire. Permettez-vous de
vous demander ce que vous avez fait de cette
honnêteté ?
Pendant des semaines, des millions de tra-
vailleurs se sont privés de tout pour faire
aboutir des revendications toutes très légitimes
et qui, si elles aboutissent (car peu de choses
ont été faites dans ce sens) profiteront à tous
y compris les non-grévistes. Avez-vous pensé
à tous ces malheureux que vous allez reconduire
au fond de l'abîme. Pourquoi ? Parce que vous
avez eu peur. Peur de maintenir coûte que coûte
des revendications que vous aviez trouvées
excellentes au départ.
Il n'y a qu'un mot pour traduire cela, cette
action basse et vile : lâcheté.
Où est le Français de 1934, 1936, celui qui
se battait dans les rues contre le garde mobile
qui chargeait cette masse sabre au clair. Devons-
nous rappeler aux Français de 1968 que beau-
coup sont morts pour leur obtenir les 40 heures
et les congés payés qui n'existaient pas à
l'époque. Un grand homme, un Maréchal de
France, a dit une fois : « Français, vous avez la
mémoire courte ». De Gaulle, lui, ne l'a pas
oublié ! le Maréchal Pétain ne repose toujours
pas parmi ses soldats de Verdun.
Vous avez donné au Président de la Répu-
blique les droits et les pouvoirs, qu'il savait
d'ailleurs obtenir de vous. Ne venez plus vous
plaindre s'il vous en cuisait plus tard. Vous pour-
riez même lire dans les colonnes de ce journal
notre totale adhésion à un régime de dictature,
comme le fit Adolf Hitler.
Vous ne valez pas mieux que ce troupeau de
moutons cité par un de nos plus célèbres poètes.
Mais dites-vous qu'à chaque troupeau, il y a un
berger et des chiens pour les garder et les
empêcher de prendre la liberté.
Voulez-vous en faire partie ?
Vous êtes sur la bonne voie !
La République (Ve) se dit libérale avec beau-
coup d'interdits, nous semble-t-il. Il est inadmis-
sible que des Français, connus pour leur huma-
nisme, fiers de leur liberté d'expression, leur
culture, leur savoir-vivre, leur bonne tenue dans
les moments difficiles, leur combativité, aban-
donnent si vite les privilèges qui ont fait de
notre pays ce qu'il est.
On vous a obligés à vous séparer de vos
amis séculaires (ce qui pourrait à court terme
nous mettre dans une situation difficile : éventuel
retrait des fonds étrangers, qui, par suite d'une
économie inexistante, nous forcerait à une aug-
mentation anormale du chômage).
Est-ce cela que vous voulez ? Vos votes mas-
sifs le prouvent.
Permettez-nous de vous dire qu'il n'y a pas
que le parti de Défense de la République (sic),
que le Parti communiste, pour ne parler que des
gros. Il y a aussi d'autres partis qui, eux, veulent
le bien, avec un grand B.
Lorsque l'on va dans certains pays étrangers,
il est agréable d'entendre dire que nous appar-
tenons à un peuple d'hommes courageux qui
ont toujours été fiers de faire leur choix pour le
bien de notre race. Car maintenant, il faut le
dire, notre peuple a fait suffisamment dans
l'Histoire et pour l'Histoire afin que l'on puisse,
à l'heure actuelle, se vanter d'être de la race
du peuple français. Nous suivons, en cela, le
Général de Gaulle, qui se veut nationaliste.
Pour vous en convaincre, il vous suffira de vous
référer aux discours du Président de la Répu-
blique, lors de ses voyages à l'étranger.
Puisque nous en arrivons aux déplacements
du Général, il serait utile de rappeler qu'il ne
fut pas le bon représentant de commerce que
vous étiez en droit d'attendre. Un exemple : le
voyage en Ethiopie.
L'Ethiopie, quand on en parle à de nombreux
Français, c'est un pays bien lointain et que seul
le nom de Négus impressionne. Il est de notre
devoir de vous informer que dans ce pays, les
trois quarts de la population ignore ce qu'est un
billet de banque ou une pièce de monnaie. Que
pensait le Président de la République en allant
là-bas ? Que pensait-il ramener qui puisse faire
tourner nos usines ?
Ne parlons pas non plus de notre contrat
avec les Soviets où nous fûmes battus par Fiat
(Simca-Chrysler). Pourquoi ne pas demander à
notre Premier ministre le nombre de millions qu'il
a dû lâcher pour que l'on puisse nous tolérer en
U.R.S.S. ?
Cela nous mène à quoi ?
Un gouvernement se doit, avant tout, d'être
un bon commerçant pour alimenter son économie
interne; n'importe quel enfant de la classe du
certificat d'études sait cela. Voulez-vous me dire,
dans l'état actuel des choses, qui, au gouverne-
ment, est capable de vous offrir une commande
valable ? Personne ! Trop occupés qu'ils sont de
soigner leur orgueil.
C'est pour ça que vous avez voté. Vous pouvez
avoir maintenant la conscience tranquille : votre
devoir est fait. Puissent un jour, vos enfants ne
pas vous dire : « papa, maman, j'ai faim ».
On nous a parlé de reconversion de certaines
régions déshéritées, d'un aménagement prévu
par le plan, plan prévu par de non-techniciens
qui ne jugent de la situation que sur foi de rap-
ports rédigés par des fonctionnaires claquemurés
dans leurs bureaux poussiéreux et qui n'ont, de
ce fait, aucune connaissance exacte du pro-
blème, ou par ouï-dire. Il vous aura été facile de
situer la situation lors de certaines émissions
télévisées sur le Nord, notamment, où il nous fut
donné d'entendre tous ces pauvres gens à leur
sortie du bureau de chômage, raconter les diffi-
cultés dans lesquelles ils se débattaient et,
surtout, cette menace permanente, pour eux, du
chômage. Nous étions téléspectateurs, pas
acteurs.
Avec vos votes de dimanche, que leur avez-
vous amené ?
Vous les peureux, qu'avez-vous à leur dire ?
Le problème des vacances se pose avec acuité
pour nombreux d'entre vous : juillet, le plus beau
mois de l'année ; mais aussi mois fatidique pour
la France. Inutile de vous rappeler quelques
dates, vous avez décidé de ne plus vous en
souvenir. Mais d'autres se souviennent et pleu-
rent. Je sais que je rabâche et que je vous écris
ou cite des phrases déjà faites, mais je vous
demande de vous ressaisir et de ne pas accepter
ce que l'on vous donne avec un peu trop de
générosité pour vous le reprendre bientôt, très
bientôt, même. Mais là, il sera trop tard et il ne
pourra plus être question pour vous de réclamer
de nouveau. Car ceux qui se sont battus pour
vous assurer votre bien-être ne voudront plus
vous aider, trop marris d'avoir été pris pour des
imbéciles. Il vous faudra donc laisser la place à
vos élus qui sont là, je vous l'assure, pour un
bon bout de temps.
J'ai cité dans l'article précédent les analogies
qui existaient entre Adolf Hitler et de Gaulle, et
je vous pose maintenant la question :
Ne le croyez-vous plus vous-mêmes ?
Savez-vous ce qui vous attend ?
Souvenez-vous de ce qu'est devenu le Reich-
stag après les dernières élections demandées
par le chancelier : souvenez-vous des libertés
qui restaient au peuple allemand : celles de se
taire, de travailler et, et surtout, de ne plus avoir
le droit de penser : l'Etat-penseur.
Voilà ce que vous avez fait !
Voilà ce que vous voulez !
Ce journal se voulant objectif, il ne faut vous
donner, maintenant, d'autres arguments de poids,
qui pourront vous permettre de faire le point et
de vous montrer l'ampleur de votre erreur. Pour
ce faire, remontons dans l'histoire du Gaullisme.
Le Général de Gaulle, voulant se débarrasser
de nos alliés, crut bon d'effectuer des paie-
ments anticipés ; pour ce faire, il dut priver les
anciens combattants de leur maigre retraite afin
de boucher les trous que le règlement de cette
dette avaient entraînés ; puis vinrent des aug-
mentations. Ceci était parfait, au début ; mais il
y a l'échéance de 1971. Notre situation présente,
après les terribles événements que la France
vient de vivre (et ça, de Gaulle ne pourra jamais
l'effacer) nous permet-elle de faire face à cette
très lourde ponction dans les coffres ? surtout,
sachant que quelques-uns de nos clients étran-
gers ont annulé leurs commandes sur certains
matériels...
Il faut le dire, et tout de suite, ces désiste-
ments ne se seraient pas produits si le gouverne-
ment n'avait attendu si longtemps pour accorder
ce qui lui était demandé et qu'il a dû, par la
farce et même par de terribles actions, donné.
Pourquoi cette attente, pourquoi ce délai ? parce
que, à notre avis, les finances de la France ne
sont peut-être pas aussi prospères que l'on a
bien voulu nous le faire croire. M. le Premier
Ministre ne s'en est pas caché lorsque, au cours
des négociations de Grenelle, il demandait aux
travailleurs de toutes catégories de n'être pas
trop exigeants et de rester dans les limites du
possible pour les finances de l'Etat.
Comment se fait-il qu'après 10 ans de pouvoir,
qu'après 10 ans de stabilité, qu'après 10 ans,
pendant lesquels on nous a rabâché que nos
finances étaient saines, on ne puisse accorder
une augmentation de plus de 10 % ? Beaucoup
de Français ont été déçus. D'autres n'ont pas
accepté et ont continué leur action (Renault,
Citroën, Berliet). Et à l'heure où tous ces hom-
mes, ces femmes luttent, ceux qui ont repris
le travail et ont pu aller passer le week-end de
Pentecôte, ceux-ci, dis-je, votent massivement.
Autrement dit, ils abandonnent ! C'est de la
lâcheté caractérisée. De Gaulle et Pompidou
doivent regretter de s'être laissés aller si vite et
si tôt. Je suis prêt à affirmer qu'ils ne le repro-
chent tous maintenant et que, s'il l'avaient pu
ou voulu, ils vous auraient fait passer aux urnes
avant : ce qui leur aurait permis de ne rien vous
donner du tout et de faire ainsi une économie
substancielle qui aurait pu être ventilée sur notre
production de sous-marins atomiques ou nos
recherches spatiales. De Gaulle a-t-il l'intention
de vouloir concurrencer les U.S.A. ou ses 'nou-
veaux amis les Soviets, dans ce domaine ?
Savez-vous, automobilistes, de combien de
kilomètres d'autoroutes vous êtes en retard sur
l'Italie, par exemple ?
Savez-vous, mal logés, que les Allemands,
vos vaincus d'hier, et dont le pays fut ravagé
par les bombardements, trouvent à se loger
rapidement et nue vous pouvez voir ces écriteaux
complètement disparus chez nous : « apparte-
ment à louer » ?
Savez-vous que 70 % des Français n'ont pas
de salle de bain ?
Depuis 1958, le gouvernement gaulliste cri-
tique la IVe République qui n'aurait pas été à la
hauteur et se serait laissé aller à des écarts
préjudiciables pour notre économie ; c'était vrai
et il fallait faire quelque chose ; et, je dois le
dire, nous avons eu confiance en de Gaulle. Il
était l'homme qui, quoique évincé du pouvoir en
1946, pouvait nous remonter; puisqu'il avait
promis, pendant l'occupation, de libérer la France
et qu'il l'avait fait, nous étions fondés de croire
en sa parole et sûrs qu'elle serait tenue. Nous
étions enfin tranquilles. Nous le savions démo-
crate et prêt à appliquer la démocratie. Mais,
voilà ! Nous n'avions oublié qu'une petite chose :
de Gaulle ne pardonne jamais et n'oublie pas. Je
vais répéter une chose connue et souvent écrite :
« La France sans les Français ». Nous payons
actuellement le peu d'empressement que les
Français ont mis à le suivre sur le chemin de
Londres. Car, soyons francs : si l'on fait le
compte de ceux qui le suivirent à Londres, que
l'on y ajoute le nombre des résistants de France
(et tous n'étaient pas pour lui), cela faisait un
pourcentage bien faible sur l'ensemble de la
population française de l'époque. Ce ne sont
pas, ni les anciens combattants de 39-45, ni les
résistants de France occupée qui me contredi-
ront. Les chiffres parlent d'eux-mêmes et de
Gaulle semble de tout temps être gêné par les
chiffres. Cela ne l'intéresse pas, sauf pour ce
qui est de pourcentages électoraux. Alors, que
voulez-vous que vos petits problèmes financiers
le tracassent. Vos 10 % ne sont rien en regard
de ses 67 %. Une chose est certaine, c'est que
depuis 1936 nous n'avions assisté à de tels
événements ni à de tels désordres sous un
régime qui se veut stable, ordonné, incorruptible
et indépendant. C'est peut-être ça, l'indépen-
dance de de Gaulle : L'indépendance du gouver-
nement gaulliste par rapport aux Français.
LA "CITADELLE"
Mon général, dans les lignes de cet article,
je vous ai mis à mal, mais je reconnais que vous
avez raison car vous êtes le chef d'un pays
peuplé de poltrons (pour ne pas employer un
autre mot) et ça, vous le savez de longue date :
lorsque vous étiez seul à Londres et après, à
Colombey en 1946. Vous les connaissez bien
vos Français. Là, vous êtes le grand homme.
Hitler avait les Allemands à coups de gueule
et de parades militaires accompagnées de musi-
que, vous, vous les avez à coups de référendums
ou d'élections. Le Français aime qu'on lui
demande son avis, même si l'on en n'a pas besoin.
Il aime se sentir utile même s'il doit payer la
grosse somme, et c'est ce que vous vous pro-
mettez de faire. Vous aurez votre majorité et
les bras libres. Ils ont leurs 10 %, ils sont
contents, tellement que maintenant ils vous don-
nent leurs voix. Quelle réussite ! Et surtout,
mon général, ne croyez pas en eux, malgré cette
nouvelle victoire ; ils essaient de se rattaper de
l'abandon dans lequel vous fûtes en Angleterre.
Un peu tard quand même.
Je ne suis pas pour vous, mais voilà. Ce vote,
que je considère comme effroyable pour l'avenir,
"Kucw!>"A CCM
1 * ' V.
me mène à vous tirer mon chapeau et je serai
tenté de vous dire : « Bravo » et tenez bon. Vous
aurez votre 3' septennat dans un fauteuil.
Voilà, Français de tous horizons, ce que vous
avez fait.
A vous aussi, il me faut vous féliciter, nous
étions gaullistes, nous sommes certains main-
tenant de le rester. Le succès est donc pour tout
le monde et j'en arrive à me poser la question :
pourquoi y a-t-il eu tant de pavés de rues de
déscellés, tant de C.R.S., tant de casse coûteuse,
tant de journées de travail perdues, tant de
commandes étrangères qui ne pourront être
satisfaites, et peut-être de clients perdus, tant
de blessés, et surtout, surtout ces 3 morts. Tout
cela pour 10 %. Que c'est bête tout ça. La
IVe République nous avait offert quelques petits
scandales, mais il nous faut avouer que la V
nous a gâtés. Nous, les éternels insatisfaits,
nous sommes ravis !
Ce que vous avez fait, Français, Françaises,
c'est que l'on pourra dire plus tard que de Gaulle
aura été le Louis XIV de la République, car, cela
désormais ne fait plus aucun doute, le 3e sep-
tennat est en route et garanti. 21 ans de règne !
Quelle apothéose pour un homme qui veut entrer
dans l'Histoire. Ni Napoléon, ni Hitler n'en ont
fait autant. Je regrette pourtant que de Gaulle
ne fût pas plus jeune et que son âge l'obligera,
peut-être, je dis bien « peut-être », à nous quitter.
Mais, Français, on peut compter sur vous, et
sur le général pour que la succession du Gaul-
lisme soit assurée.
Alors, me direz-vous, pourquoi tous ces arti-
cles puisque vous aussi vous y croyez et que
vous le prévoyez ? Parce que, tant qu'il me
restera un souffle de vie, je serai anti-gaulliste.
Je ne veux pas appartenir à cette race maudite,
dite « girouette ». Je suis, donc je reste. Et puis
il y a tous ces braves gars qui se sont battus, qui
se sont privés, et qu'il ne faut pas oublier,
comme on le fait un peu trop souvent en France.
Le Général de Gaulle le sait aussi bien que moi
pour ces 12 années d'oubli. Et, croyez-moi,
l'oubli, pour ceux qui ont fait ou voulu faire quel-
que chose, c'est horrible !
Voilà pourquoi je continuerai de défendre les
véritables libertés et tous ceux qui veulent le
rester. La liberté n'a pas de prix et vous, Fran-
çais, qui vous êtes rendus à l'appel de de Gaulle,
vous allez bientôt payer le prix, et le prix fort.
Dites-vous bien que l'on ne bafoue pas un de
Gaulle. On lui obéit, on l'écoute, on le suit ou
sinon on paie.
Français, soyez fiers de vous et partez en
vacances, si votre candidat est élu (ce qui lais-
sera un peu de place sur les plages étant donné
le nombre de candidats en ballottage), sinon
retardez ce départ de huit jours. Tous les partis
vous l'on demandé. Pensez ensuite au retour
avec tout ce petit train-train d'augmentations
nouvelles et beaucoup de petites usines ou arti-
sans qui ne pourront réouvrir leurs ateliers. Ce
ne sera pas bien grave, car vous serez assurés
de retrouver votre majorité, je dis bien la vôtre,
bien assise, fidèle au poste, travaillant peut-être
à votre bien (mais cela j'en doute). De toute
façon on vous a promis que ça allait changer
et que des réformes allaient être entreprises.
Souhaitons que tous nos ministres réélus ne
partent pas tous ensemble en vacances, car cela
vous repousserait à la session d'octobre (4 mois).
De toute manière, pour ceux qui, à leur retour
de vacances, trouveront leurs ateliers fermés,
vous pourrez toujours, dans la longue file des
chômeurs au bureau de la main-d'œuvre, ou au
bureau d'aide sociale de la mairie de votre
arrondissement, comparer vos bronzages et
parler de vos excursions.
Peut-être sera-ce vos dernières vacances : car
pour 1969... ?
Category
Author
Title
Tribune libre
Issue
no.1
Date
Publication information
no.1