Le Canard Enchaîné

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53' ANNEE. — N' 2.488
L* numéro t 1 franc
3 JUILLET 1968
1er Juillet:
ouverture des
frontières.
Maurice et Jeanne MARECHAL, fondateur*.
De mai à juin :
Le Canard
enchaîné
Journal satirique paraissant le mercredi
des valises
Pierre BENAR.D, ancien rédacteur en chef (1936-1946)
La France a pris un coup de vieux
millllllllllllllllllllllllllllllllllJlllllllllllllillllllllllllllllMIIIIIMIIIIIIIIIIIIIIIHIIIIIIMIIIMI......MllIMMIIIimilllMllllllllllllllllirillllHIIIIIIUIIimillimmimilllllHllimimilllmillllllIMMIIIMimiillll.....IIMIIIIIIIIIIMIIIIIIIIIIMIIIIIIIIIIIIIIIIMIIIIIIIIIIIIIIIII........Ml I ri rlllll 111IIII [HIIIIIIIMIIIIIIIIIIIMIIIIIIII11 II llllllll I II IIIIIMIIIhMIMMjninilllllllHIIHlIEIIIIMIIIIIMIIIMI IIIIII1IMHIIIMIM IIIIHIIIIIIIIlMIIfN
Vive îaDéesse
Participatif
LA FIN D'UN CI-DEVANT
— Nous nous devions de commencer la Révolution, citoyennes et citoyens, par un geste spectaculaire et irréversible !
HHiiHiiiiiMiuHiiiniiniNiuniiiiinMiiHiuiiMiHiiiMiMMiiiHiiMiiiiiitiiiuiiuniiiniMnMiniiiiinHiiiiHiMHniiiMiiiiiiiiiiiMiiiiiiiniiiiMiiiiMiiiiiiiiiiiMiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii.....MimiiiiiimiimiiiimiiiiiiiiiiiiiMimimiimmiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiMi.....iiiiiiiNiiiiiiiiiiiiiriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiniiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiiiiiiiiiuii
Rectification :
Les Français sont des vaches
POMPIDOU arrive triom-
phant chez de Gaulle, et
lui tend les résultats du
•crnnn:
— C'est pour TOUS, mon
Général I
— Voyons, s'écrie de
Gaulle, 350 godillots seule-
ment ! Mais comment voulez-
vous que je gouverne avec
ça?
— Mon Général, je vous
rappelle que, le cas échéant,
vous avez toujours l'article 16.
— Merci... Il y a dix ans
que je l'ai, et ça a servi à
quoi?
— Mais maintenant, vous
avei toute l'armée avec vous.
Vous avez les C.A.C., ces fa-
meux Comités d'Action Civi-
que qui ont commencé à
montrer aux Français le goût
du gourdin. Vous avez, à go-
go, pour votre propagande, le
fric des contribuables. Vous
allez retrouver votje bonne
télé. Vous avez toujours Foc-
cart et ses barbouzes. Vous
avez la risette de Gromyko.
Vous avez enfin voire Pompi-
dou, plus solide er» poste que
jamais... Que vous faut-il de
plus, mon GénéiaJ?
— Pompidou, il y a dix ans
que j'ai à peu près tout cela,
et voyez pourta»t où nous en
sommes. Pompidou, on ne
m'aide pas ass«z !
- - Trois cent cinquante dé-
putés incondititfinels, je vous
le répète, mon Général !
— Mais mons de 50 % de
suffrages. Pmsez que Nas-
ser en a e> près de 100 %,
et Gomulkc; aussi. Pompidou,
je l'ai toujours dit : ce pays
est ingouvernable !
Telle 'ut. aussi canarde-
ment rapportée aue possible,
la conversation de Gaulle -
Pompidou dans l'après-midi
du 1" juillet.
Pourvu que !• général,
comme il nous en a menacés
à plusieurs reprises, pourvu
que le général ne s'en aille
pas 1 Et cette fois pour de
bon 1
Parce qu'il n'est pas plus
bête qu'un autre, le général.
Il comprend parfaitement que,
sous les apparences d'un plé-
biscite, c'est une sale blague
que vient de lui faire le peu-
ple français. Le peuple fran-
çais vient de lui dire : « Nous
sommes dans la mouïse jus-
que-là : chômage, marché
commun raté, rie chère, pa-
gaille universitaire, et tout.
Pendant dix ans, tu as eu le
pouvoir absolu, donc, c'eet toi
le responsable. Tu voudrais
bien te tirer, mais rien à faire,
mon ami. A toi de nous sortir
de là si tu peux. Bye, bye ! »
— Les Français ne vote-
ront pas pour moi, confiait un
jour de Gaulle à J.-R. Tour-
noux. Ils voteront contre mon
départ.
Une sale blague, un mau-
vais tour volontairement joué
à l'orgueilleux monarque par
le peuple le plus spirituel de
la terre... Non, je ne vois pas
d'autre explication à c« « raz
de marée » gaulliste, qui stu-
péfie l'étranger. D'ailleurs, cer-
tains signes sont flagrants.
Voyez Grenoble, cette ville qui
passe pour une des plus évo-
luées de France, et qui, ayant
à choisir entre un Jeanneney
et un P.M.F., choisît le Jean-
neney. « Je vote pour le plus
bête ! » dit un jour Clemen-
ceau, et il le fit. Jeanneney,
vous l'avez entendu parler ?
Ce ton pète-sec qui irritait
Pompidou au point qu'à son
dernier remaniement, il l'a viré
par-dessus bord. Elire à la
place de Mendès ce greffier
constipé, ce « Jeanne-année
sociale » qui fut le symbole
même des plus cuisants échecs
du gaullisme, à quoi ça rime,
si ce n'est un canular ?
Et Toulouse, voyez Toulouse,
la ville des poètes, la cité des
Jeux Floraux : le fier-à-bras
Sanguinetti se présente là-bas,
toutes barbouzes déployées, et
il remporte la palme ! Les
Toulousains ont décidément
plus d'esprit encore qu'on ne
leur en attribue. ,
Et Saint-Amand, dans le
Cher, pays de la mesure, où
le bon Sully, jadis, venait tâ-
ter de près les deux mamelles
que vous savez : c'est Papon
qui en est l'élu, oui, Papon,
le trop fameux préfet de police
dont de Gaulle, pour s'en dé-
barrasser, fit un constructeur
d'avions, et que Sud-Aviation,
pour s'en débarrasser, a
poussé au Palais-Bourbon. Au
lait, ce Papon qu'on croyait à j
jamais disparu avec son cor-
tège de mauvais souvenirs, ;
que ne «'est-il plutôt présenté
à Charonne ? Non, c'eût été
trop beau I Notre Grimaud ac-
tuel, s'il avait su, aurait tenté
sa chance au Quartier Latin...
Vous voyez bien que tout
cela est une blague, une bonne i
blague. Moi qui suis originaire !
de l'Hérault, on ne me fera
jamais croire que mes compa- ]
triotes, tous un peu cathares
sur le bord, ont pu se lais-
ser posséder par 4 godillots
de forte pointure. Et la Drôme?
Et le Var? Et le Nord, où on
a recensé 50.000 chômeurs,
presque tous des jeunes ? Non,
il y a des choses qui ne trom-
pent pas. La France a bien
voulu mettre au pied du mur
le grand crâneur de l'Elysée.
Elle lui a renvoyé en bloc tous
ses mameluks et toute sa va-
letaille, sans oublier un mess-
mer, un fouchet, un peyrefitte.
Elle lui a même donné un so-
cial-traître en supplément de
Gorse, un Léo Hamon pour
doubler le Capitant, et deux
Giscard-d'Estaing au lieu d'un
seul... Comme ça fait sérieux !
Allez ouste, au boulot, Gé-
néral !
A combien le franc « lourd »
demain ?
R. Treno.
Du Maréchal au Général
ou : une curieuse conception
de l'ouverture des frontières
La semaine prochaine
dans « Le Canard »,
LA REVUE
DU 14 JUILLET...
PARDON !
...DU 14
THERMIDOR
Retenez ce numéro dès
aujourd'hui chex votre
marchand de journaux.
Mie premier flic de
France ayant une fois
* de plus brandi sa ma-
traque à la télé à l'intention
des sales métèques qui ne
sont pas de chez nous, une
sévère leçon s'imposait. Elle
est venue de Maurice Clavel
qui, dans quelques Jiunes
bien senties de Combat a
rappelé le crime inexpiable
de Pétain qui fut « d'avoir
livré à l'ennemi les étran-
gers antifascistes. Allemands.
Espagnols, Italiens, qui
avaient asile en France ».
M. le premier flic de
France, alias Marrcllin. pi-
qué au vif par cette bande-
rille, réagit par un commu-
niqué affirmant qu' « aucun
étranger réfugié politique n'a
été renvoyé dans son pays
d'origine >. On comprendra
que nous fassions toutes ré-
serves sur la sincérité du
beauveau en question, le
même qui, à la télé, n'a pas
craint d'annoncer un coup
de tabac pour octobre !
D'ailleurs, le jour où parais-
sait cette mise au point, on
apprenait qu'à Lyon.
35 étrangers, dont 18 Espa-
gnols, venaient d'être
conduits à la frontière. A la-
quelle, M. Marcellin ?
M. le premier flic de
France n'a certainement pas
senti lui-même ce que cette
affaire d'expulsions avait
d'insupportable pour tout
Français digne de ce nom.
Maurice Clavel s'était adressé
à de Gaulle et il est probable
que la réaction est venue
d'icelui.
Mais la lettre fie Mme Fer-
nandez à notre ami Macé
(qu'on lira d'autre part)
apporte la preuve qu'an
- Et maintenant, vous
merdementt !
ollex participer... à nos cm-
A NOS
LECTEURS
Vous venez donc de
payer rotre « Canard »
un franc. Ainsi que nous
TOUS l'avons expliqué, il
nous était impossible de
différer cette hausse, les
diverses augmentations
qui nous sont imposées,
notamment par notre im-
primerie, partant du
1" juin. L« « Canard »,
rappelons-le, n'avait pas
augmenté «on prix de
rente depiii» I* 6 janvier
1965. Même «ans les ré-
percussions de la crise de
mai, nous aurions dû nous
y résoudre à la prochaine
rentrée d'octobre, n'ayant
pas d'autres ressources
que la contribution de
nos lecteurs.
Non* nous efforcerons,
cela va Bans dire, de très
sensiblement améliorer la
présentation du < Ca-
nard ».
Ajoutons que le prix de
nos numéros spéciaux à
douze pages (« L'assiette
au canard ») ne aéra pu
augmenté.
moins un émigré a été livré.
Dans la convention d'ar-
mislice signée par Pétain
dans l'honneur (sic) (le
22 juin 194(1), figurait un ar-
ticle XIX qui imposait, sur
demande, la livraison des ré-
fugiés ayant fui l'Allemagne
hitlérienne (1).
Ainsi furent remis à la
Gestapo Breitsclieirl, Braun,
Hilferding, etc. Franco et
Mussolini recurcnl également
leur lot. A noter que l'Alle-
magne, vaincue, refusa, en
1!U9. les livraisons qu'exi-
geaient les vainqueurs (2).
Et à propos de l'Allema-
gne, notre général a bonne
mine, qui s'attire aujour-
d'hui les protestations du
gouvernement de Bonn au su-
jet de l'expulsion jugée « in-
tolérable > de vingt cito}'ens
ouest-allemands. Il est de fait
que de Gaulle en prend à
son aise avec le cousin Koll»,
tantôt enlevant Argond, ré-
fugié outre-Rhin, tantôt éjec-
tant de France de paisibles
ressortissants de la R.F.A. l.e
traité franco-allemand a bon
dos!
Jérôme Canard.
'1 t! 2, cf. De Rrthondr» » l'ilf d'Yrn,
par Maurice Vanino.t
P. S. — Pour *a dï-ferife,
M. Marcellin drclure </ue qua-
tre réfugiés politiques et un af>a-
tridt ont été « assignés à rési-
dence dans un département dr
la métropole ». Ici aussi, nu
en revient à Péiain. hrsqv
tant de réfugiés politiques qui
s'étaient engagés dnns l'armer
française en Ifl.'ift furent ignn-
minieusement enfermés d'int
des camps.
EN PAGE 8 :
Une lettre
au " Canard '
de M™ Fernandez
La
frappe
parallèle
LES < incidents » de la
Gare Saint - Lazare et
d'Arras, au cours des-
quels des anges du Service
d'Action Civique, alias le
SAC, ont tiré sur des mili-
tants de gauche (un a été tué
à Arras) montrent au moins
que l'appel de de Gaulle à
l'action civique a été entendu.
Et plutôt deux fois qu'une.
Le grand patron de cette
« action civique » est Roger
Frey, ex-ministre de l'Inté-
rieur, ex-grand manipulateur
d'activistes au beau temps de
l'Algérie Française. 11 y a
plus de deux ans, en prévi-
sion des élections présiden-
tielles, puis législatives, Frey
avait demandé qu'on l'auto-
risât à se fabriquer un super-
SAC, afin d'avoir une force
de frappe intérieure gaulliste.
De Gaulle refusa, à l'époque.
Depuis un mois, Frey a le
feu vert. On vient d'en voir
les premiers effets.
Urgent
C'est au lendemain de sa
visite aux généraux que de
Gaulle a donné le feu vert.
Certains disent que, contrai-
rement à ce que la propa-
gande a fait croire, l'appui
donné par les généraux
n'était pas tellement chaleu-
reux, étant donné que l'armée
dans son ensemble n'était pas
sûre. A telle enseigne que
pour mettre au point une
force d'intervention en Fran-
ce, partant d'Allemagne, on
avait envisagé de désorga-
niser les unités pour en
extraire des groupes qui, re-
collés ensemble, auraient
constitué cette force.
C'est ce manque de chaleur
de l'armée qui aurait décidé
de Gaulle à laisser Frey
mettre sur pied une « armée
parallèle », un super-SAC,
qui, elle, serait aux ordres et
prête à faire n'importe quelle
besogne.
Les « S. S. 3> de de Gaulle,
comme disent les ennemis de
Mongénéral.
De tout
Le fait est que le recrute-
ment bat son plein : anciens
paras, anciens O.A.S. et même
Affreux (ne dit-on pas qu'un
officier supérieur des « Af-
freux > du Katanga aurait
recruté une compagnie com-
plète ?), tous ces braves gens
sont invités à reprendre du
service au nom de l'anti-
communisme bien entendu.
Et de la forte paye, comme
de juste. Dans ces milieux-là
on a l'idéologie dévoreuse.
Ls—^&r^T" ^-^-*&**^Z-^^+ V-^^ÏML^S^V. • *^-.
a Mare aux Canards
Moi, c'est Lui
PARTICULIEREMENT apprécié, et sans le moindre
soupçon d'urrièrc-iiensée, aura été certain passage de
l'homélie prononcée par Pompidou devant quelque
300 élus godillots et ]>lns on moins assimilés.
C'est en effet avec un très joli mouvement de menton que
le Premier minisire déclara :
« Le gouvernement émane du président de la Répu-
blique seul et non de l'Assemblée, d'où une solidarité
profonde entre le gouvernement et le président de la
République. S'attaquer à l'un, c'est combattre l'autre. »
Et, à seule fin de mieux appuyer encore les points sur
les i, il ajouta, le sourcil en bataille :
€ On ne peut à la fois proclamer son adhésion au
chef de l'Etat et se prétendre en désaccord avec le
gouvernement qui émane de lui. »
On entendit dans la salle — où l'on « s'écra-
sait », disent les journaux — comme un bruit de
déglutition.
Capitant ruminait une couleuvre...
- Ce n'est plus une Chambre, c'est un garni
NE doutant pas d'être
les interprèles les plus
orthodoxes de la pen-
sée révolutionnaire de Mon-
gcnéral l'Archange, d'au-
cuns se sont mis, sans
perdre une seconde, et les
premiers délices du triom-
phe a peine savourés, à
phosphorer tant que ça peut
sur la fameuse participa-
tion.
C'est ainsi que, du côté
des gaullistes « de gôche »,
on s'escrime, malgré la
chaleur, à polir et à repolir
les textes ; l'espoir fait
vivre : l'ophidophage Ca-
pitant, qui se croit Garde
des Sceaux, rivalise avec
Louis Vallon dans cette
activité studieuse, assistés
qu'ils sont l'un et l'autre
par l'ingénieur Loichot, ex-
président de la Société de
Mathématiques Appliquées
et grand metteur au point
de la doctrine en question.
Au ministère de l'Indus-
trie, chez le sémillant Cha-
landon, on a aussi sa petite
idée. Quelque peu diffé-
rente, il faut bien le dire,
de celle de l'équipe Capi-
tant-Vallon.
Idem chez Moncouve, rue
de Rivoli, où l'on se sent
tout aussi orthodoxe, mais
enfermé dans une ortho-
doxie d'un troisième mo-
dèle.
Enfin, le plus enthou-
siaste, on vous le jure,
c'est l'honorable Edgar
Faure. Lequel compte beau-
coup sur les P.M.E. — ces
messieurs du C.N.P.F. fai-
sant preuve également d'un
beau zèle retardateur —
pour faire capoter, avec
arguments techniques à
l'appui, les merveilleux
projets de tous ces rê-
veurs.
En toute solidarité minis-
térielle et au sein du cadre
de ma majorité élargie et
cohérente.
Premier carton
II y avait du beau monde,
lundi après-midi, au Palais
d'Orsay, où Monboudif avait
réuni, pour un petit laïus
moralisateur, les gros batail-
lons de sa majorité.
Comités de soutien
i
A Marseille, le dénommé
Comiti Joseph n'a vraiment
rien négligé pour assurer son
élection salvatrice, dans la
première circonscription.
Et il a su faire appel aux
masses les plus variées pour
orchestrer l'e n t h o u siasme
idoine.
Il fallait voir avec quelle
vigueur et quel ensemble,
dans tous les bars du quar-
tier de l'Opéra, sautèrent les
bouchons de clwmpagne à
l'annonce de son triomphe.
Une vraie fusillade.
La joie spontanée et fraî-
che de tous les caïds du coin
faisait plaisir à voir.
D'autant plus qu'au cours
des jours qui avaient précédé,
on avait beaucoup remarqué
les allées et venues, dans ces
mêmes bars, d'en-bourgeois
bien connus, sévères mais
justes, dont on ne savait plus
très exactement si leur quar-
tier général se situe à l'évê-
ché, siège très officiel de la
police, ou à la permanence
de l'U.D.R., rue Xau.
Mais quel rapport ?
On vous jure qu'il n'y en
a aucun...
Les petites alliées
Ce qu'on peut vous dire, en
tout cas, c'est que certaines
gagneuses (de voix, qu'alliez-
vous croire ?) auront bien
mérité, en ces circonstances,
de la République cinquième.
Vu que, lors de la dernière
semaine de grève subversive
et totalitaire, on a pu voir
des escouades d'honnêtes tra-
vailleuses manifester hardi-
ment devant les centres pos-
taux de la ville pour récla-
mer la liberté et la reprise
du travail.
Or, beaucoup d'initiés — il
y en a — n'eurent aucun mal
à reconnaître, parmi toutes
ces tôt levées pompidoliennes,
les croupes de choc d'habi-
tuées de la place de l'Opéra,
de la rue Reauvau et de la
rue Thubaneau.
Cornaquées, si l'on ose
ainsi s'exprimer, par quelques
U.D.R. et indépendants
confondus et en pleine alerte
pieuse.
Confondus, enfin presque.
On remarquait l'absence,
absolument fortuite, de Gis-
card d'Estaing, sans doute
occupé, par ces grosses cha-
leurs, à prolonger sa sieste.
Quant au contingent appelé
à l'honneur de siéger à la tri-
bune de part et d'autre du
grand chef, il avait été com-
posé dans le plus pur esprit
de coopération franchement
amicale.
Même qu'on y trouvait, du
moins avant que ne s'ouvrît
la séance, un carton au nom
de Michel Poniato-\yski, dé-
puté giscardien rëi'l" dans le
Val cl Oise, bien que l'TJ.D.R.
lui eût opposé un candidat
au premier tour.
On se perd toutefois en
conjectures quant à la façon
dont, au dernier moment, le
carton de Poniatowski se
trouva mystérieusement sub-
tilisé, lit remplacé par un
autre, au nom de Charbonnel,
U.D.R. bon teint celui-là.
Sûrement un malentendu.
Adieu
L'un dans l'autre, les pré-
fets sont assez satisfaits de
« leurs » élections. L'un d'eux,
pourtant, a de la morosité
dans le cœur : le nommé Pa-
raf, préfet du Val-d'Oise.
II avait reçu pour consigne,
avant le premier tour, de
s'occuper personnellement et
activement du matricule du
dénommé Poniatowski, prince
dans le civil et bras droit
virulent du Cactus. Ponia, no-
nobstant le zèle de Paraf, a
triomphé.
Voilà un préfet qui va
avoir une belle, mais loin-
taine promotion.
Deux frères
Vous souvenez-vous de la
tendre affection qui unissait,
naguère, Giscard d'Estaing et
Louis Vallon ? Giscard, cla-
mait icelui, c'est pire que
Pompidou. Lequel, selon Val-
lon, était au moins à abo-
miner.
Aussi, avec quelle surprise
émue avons-nous lu, dans
Notre République, feuille go-
dillotte, le télégramme
adressé à Vallon par son
affectionné Giscard :
Je tiens, mon cher ami,
à vous adresser mes vœux
de succès pour dimanche
prochain...
Que c'est émouvant, des
amis qui se retrouvent !
Un certain retard
L'entourage de Couve de
Murville a la plus grande
vénération pour le sieur De-
bré, le prédécesseur rue de
Rivoli. Il nourrit idem
comme de la tendresse pour
le nommé Pompidou, de Ma-
tignon.
Allez donc savoir pour-
quoi, dans cet entourage, on
fait des mines entendues
pour vous susurrer que, de
l'avis de Couve lui-même.
Debré a fermé une semaine
trop tard les frontières et ré-
tabli le contrôle des changes,
et que c'est justement pen-
dant cette dernière semaine
que s'est enfui le plus gros
des capitaux. Et d'ajouter
que c'est en plein accord avec
Matignon (sous-entendu : à
la demande de Pompidou)
qu'on a pris ce retard d'une
_ Fouchet à l'Intérieur, PeyrefiU. à l'Education Na- "pgfr yous
tionole, Joxe a la Justice... Que penseriez-vous de ça, vez gans ]e sf;cret de vofre
Georges ? belle âme, insinuer tout ce
mâles propagandistes aux
doigts joliment bagués d'or
et à l'œil vigilant.
Quand on vous dit que la
majorité est ouverte à tous...
Sosie
Le juge parisien Gaillardot
vient de faire écrouer, après
l'agression contre des chemi-
nots de Clichy, deux patrio-
tes employés au S.A.G. de
Foccard.
L'un de ces deux excellents
républicains, le dénommé Sis-
soko, ressemble comme un
frère au chef du commando
qui attaqua le - lycée de la
Commune (ex-Thiers) à Mar-
seille, et qui fut immédiate-
ment remis en liberté par la
police locale.
Laquelle poursuit son en-
quête, qu'on se le dise.
LE NOUVEAU GOUVERNEMENT
que vous voulez.
Il ne s'agissait, évidem-
ment, que de technique
financière, bien sûr !
Des exemples
On est sûr et certain que
Capitant n'y est pour rien.
Aussi, démentira - t - il avec
l'indignation dont il est cou-
tumier, les bruits émanant du
ministère de la Justice et
selon lesquels certaines opé-
rations de justice seraient
envisagées, qui consisteraient
à mettre au trou, après per-
quisition et tout, quelques
douzaines de « meneurs »
étudiants. On les laisserait
moisir environ six mois sur
la paille humide des
cachots ; après quoi, les
juges d'instruction adéquats
ne manqueraient pas de déli-
vrer un non-lieu.
Bref, on ferait des exem-
ples pour faire réfléchir les
minets qui attendent la ren-
trée pour remettre ça.
Mais, répétons-le, on est
sûr qu'il s'agit là de calom-
nies.
Des sous !
Au moment de la grève, la
centrale Force Ouvrière se
trouva un peu gênée aux en-
tournures, question nerf de la
guerre. C'est tout à son hon-
neur. Ses dirigeants s'adres-
sèrent aux camarades syndi-
qués américains qui, malgré
l'appui de Meany, déclinèrent
l'honneur. Même attitude du
richissime D.G.R., la cen-
trale allemande. Finalement,
ce sont les syndicats italiens
qui firent un effort et accor-
dèrent un prêt de 50.000 F à
Force Ouvrière. Ce n'est
guère, mais qu'and on n'est
pa$ rjche.
l>e p\us triste, c'est que les
syndicats italiens pré teurs
sont un peu inquiets : ils
s'attendent, pour la rentrée,
à des vagues de grèves très
dures en Italie et regrettent
déjà de s'être quelque peu dé-
munis.
Encore heureux qu'il n'ait
pas pointé les électeurs qui
ont mal voté !
Un intellectuel
Un qui n'a attendu per-
sonne, pour ce qui est de
la révolution culturelle dont
on cause, c'est le distingué
zudéère Antoine Cail, réélu,
comme ses mérites l'exi-
geaient, dans la circonscrip-
tion de Landivisiau.
Parlant rie la construction
éventuelle d'une autoroute
dans cette région, il décla-
rait fièrement, lors d'une de
ses réunions électorales :
« Je demande la cons-
truction d'une route à
plusieurs voies. Ah I
comment ça s'appelle-t-il
déjà ? »
Un étudiant lui souffle
alors : « Une biroutc. >
Et Cail d'approuver gra-
vement. Ces mots techniques,
ça vous échappe, parfois...
On racole
Extrait d'un tract zudéère
diffusé, entre les deux tours
de scrutin, en vue de conver-
tir des votants d'abord, éga-
rés dans l'opposition :
« Electrices, électeurs,
vous avez voté dimanche
selon vos convictions po-
litiques.
Vous devez voter di-
manche selon vos inté-
rêts... Donc, pour vaut
qui avez votre maison
ici, votre foyer, votre tra-
vail, faites abstraction,
même si ce n'est que
momentanément (sic), de
vos convictions politi-
ques. Votez pour conser-
ver tout cela, car il est
bien éiïide.nt qit'un cau-
didat appartenant à la.
majorité aura plus de
crédit auprès des minis-
tères dont dépend la
prospérité de votre ré-
gion. »
C'est beau, l'idéologie.
— 350 ! ... entre nous, gardez-moi de
mes amis.
Les élections d'Abraham
par MORVAN LEBESQUE
EH bien l nous y sommes. La Chambre Introu-
vable est trouvée. Elle n'aura même plus besoin
d'Ordonnances. Elle peut décréter n'importe
quoi, prendre n'importe quel arrêt, faire de vous ce
qu'elle vent. L'Autorité règne.
L'Autorité seule. Elle n'a même pas exposé de pro-
gramme. Candidat l'.D.K. '.' Candidat élu. Le premier
venu, un inconnu, un imbécile, l'n minable qui avait
été an pouvoir et n'avait rien compris. Le gaullisme
n'a posé, qu'une question : Voulez-vous de la poigne ?
Et des millions de Français ont répondu avidement :
Oui ! Oui ! Et de lu trique avec ! De la police, de la
cen.tr.re, du militaire ! Soyons honnêtes : cc.t Fran-
çais appartenaient à tous les milieux. Il y avait parmi
eu.r des paysans qui, hier, barraient les routes, abat-
taient des arbres, fracturaient des perception* ; ces
faiseurs de barricades n'ont pas supporté que les étu-
diants en fassent, ils ont crié : * Finisse:-en avec ces
voyons ! » Et il y avait des ouvriers, la veille grévistes.
Ils ont vu sur le petit écran des jaunes prendre la
place des journalistes et ils ont dit : « Bravo ! Faut
bien qu'elle marche, la télé ! Je paie la taxe, non ? »
Donc, pas de regrets. Les paysans seront bientô un
peu plus panures : mais plus de révoltes paysannes,
n'est-ce pas, messieurs ? Vous feriez rire. Quant aux
travailleurs qui ont voté ç/aullisle, il leur reste à espé-
rer que M. Hercot partagera avec eu.r les bénéfices de
Citroën. Quelqu'un le leur a promis : un homme
sérieux, M. Cupitant.
Et puis, il y a les autres, tons les antres. Les riches,
ce qui est normal. Les corps constitués, les * ordres »
dans l'Ordre : ordre des médecins, des architectes,
etc. Les commerçants qui ont /x'iir d'un pavé — mais
pas des grands magasins à l'américaine chers aux
capitalistes du régime. Les pontifes en toge — * mon
autorité discutée '.' ». Et lu Joule immense des * neu-
tres ». Ainsi, le recteur Capelle qui, début mai, repro-
chait aux étudiants de faire de la politique. Lui, n'en
faisait pas. Il est aujourd'hui dépulé L'.D.K.
Victoire de l'Autorité, c'est-à-dire du Père. On ose
à peine l'écrire tant c'est un lien commun. Mais enfin,
cela est. L'éternel affrontement de l'autoritarisme et
de la liberté a révélé, sa vraie nature : une querelle
des pères et des (ils. Brusquement, la grande dispute
inimaginable s'est élevée : les parents ont découvert,
avec stupeur, que leurs enfants, ces colonisés de l'in-
térieur, étaient des hommes. Quoi ! Johnny Rallyday
ne leur suffisait plus ? Ils ne pensaient pins aux va-
cances, aux filles ? Même plus aux bagnoles ? Non,
ils remettaient le monde en cause. Ils voyaient anor-
mal ce gué chacun trouvait naturel : la société méca-
nique, et l'âme machinale ; l'injustice, l'aliénation, la
surconsommation publicitaire ; le culturel bourgeois
appelé culture ; les hiérarchies de l'argent et du savoir
abstrait. Et le pire, c'était que leur extraordinaire, à
eux, devenait ordinaire. Prolixes, d'accord, mais
effrayants .de compétences insoupçonnées. En quinze
jours, leur * anarchie » bâtissait îles réformes univer-
sitaires que le gouvernement — le gouvernement ! —
n'avait pas réussi, en dix uns, à établir. Et puis, ils
allaient aux usines, repoussaient les cerbères du pro-
létariat, patrons on cégétistes, tutoyaient les jeunet
ouvriers, leurs frères... Alors, vite, on se délivra du
vertige. Comment ? Par un antre vertige. En recourant
soi-même au Père. Il était là, heureusement, l'Archi-
Parent, le Providentiel, et il avait de longs bras pour
accueillir avec amour ces vieilles brebis épouvantées.
En ces jours terribles, Dieu s'appela de Gaulle. Dans
les églises, ce fut lui — l'Ange ! — qti'on pria plus
que l'Autre. Même les incroyants marmonnaient :
Père, Père, que votre volonté s'impose, que votre
règne persiste... Aucun respect ne fut assez respec-
tueux, aucune adoration assez adorante. Parmi les
mots « qu'on n'invente pas », f'ai noté celui-ci, d'un
auditeur de R.T.L. à Pisani : « Croyez-vous qu'il ait
été chrétien de voter la censure contre le gouverne-
ment ? » (1)
Ces élection» ont été celles d'Abraham. Apparem-
ment, il n'y eut que quelques millions de papiers dans
des urnes. Mais en vérité, des millions de pères Abra-
ham ont sacrifié sur l'autel gaullien, la vivante, la
lucide, l'intolérable jeunesse française. Remarque en
passant : la Bible ne dit pas ce que pensait Abraham
quand il leva le couteau sur son fils. J'ai ma petite
idée là-dessus : il en était fier
Seulement, voilà : ce couteau-ci n'est tout de mfme
qu'un couteau de papier. Impossible, comme autre-
fois, de purger les révoltes par un beau conflit exté-
rieur, de dévier la colère des jeunes sur l' « ennemi
héréditaire » ou le bougnonle, puis de les enterrer
tous du tricolore. Bien sûr, nous entrons dans le temps
du mépris gaullien. Mais que peut-il contre l'Idée qui
a jailli en mai 68, bousculé les castes et les appareils
et, par-delà Hegel et Marx, retrouvé et rajeuni le socia-
lisme fédéraliste français ? Que peut-il contre ce mou-
vement fondé sur une expérience enivrante qui accor-
dait au cœur de milliers de jeunes, le socialisme et
la liberté ? La grande révolte dont rêvait Camus, celle
qui libère à jamais Prométhée, a éclaté en France et
dans le monde. Il faudra pour la réprimer autre
chose que de la censure, des cours magistraux ou des
C.R.S. ; autre chose que les poujadistes, les bande»
d'Occident, les nervis de la rue Solférino et les tueur»
gaullistes d'Archiconrt ; autre chose, aussi, que let
anathèmes des églises gaullistes et communiste». En
mai 68, la jeunesse a fourré toute cette vieillerie dont
le même tac.
Lt carcan de la politique traditionnelle est brisé. Il
n'y a plus que le Parti Gendarme et en face de lui
un» Gauche, jeune et nouvelle, qui commence à se défi-
nir hors des routines et des clivages. Dimanche, pre-
mier jour de l'Etat gaullo-franqniste, fut aussi le jour
de notre espoir.
(1) « Parole sacrilège », me dit un ami chrétien. Et natu-
rellement, je ne confonds pas avec les bigots de l'Ordr» les
chrétiens progressistes qui se sont magnifiquement révélA»
en ces jouri et qui iont, «h 1 plus qui jamais, mei frères.
En avant
II faut vous dire que nos
chers voisins italiens et alle-
mands ne sont pas particu-
lièrement farauds, question
sociale. Il y a comme une
espèce de climat lourd dans
l'un et l'autre pays et les
dirigeants .syndicalistes assu-
rent que l'exemple de oe qui
vient de se passer en France,
tant la grève spontanée que
les concessions du pouvoir et
du patronat, donne à penser
aux hons travailleurs locaux
et que si des mesures rapides
ne sont pas prises, ils ne ré-
pondent plus de rien.
On leur souhaite bien du
plaisir.
Repérage
Un qui a su procéder, dans
la conjoncture, avec une belle
rigueur scientifique, c'est le
godillot Roger Dusseaulx, qui
s'est fait réélire à Rouen.
En adressant à tous les abs-
tentionnistes du premier tour.
puis un à un, une lettre leur
•léclarant tout crûment :
«Lors du pointage de la
liste électorale, nous avons
constaté que vous n'aviez
pas participé, dimanche '
dernier, à l'élection de
votre (sic) député... Vous
ave; le devoir d'exprimer
votre opinion'quellt qu'elle
soit, et nous insistons
pour que vous alliez vo-
ter au deuxième tour. >
Les empêcheurs de " La Dépêche "
DANS un récent numéro,
La Dépêche du Midi a
publié le communiqué
suivant : « L'insistance avec
laquelle sont répandues à
Toulouse et dans notre ré-
gion, de sources se voulant
toujours « dignes de foi »,
des rumeurs relatives à la
prétendue cession de notre
journal à tel ou tel groupe
financier plus ou moins
proche du pouvoir, nous fait
une obligation — que nous
assumons avec plaisir —
d'opposer le démenti le plus
formel à ces allégations
mensongères et perfidement
inspirées. »
Ça fait plusieurs mois que
les perfides et les avides
tournent autour de La Dé-
pêche. Le premier requin a
été aperçu en novembre
dernier. C'était Floirat. Il
avait la gueule plein* de
propositions. On lui a fait
signe de s'éloigner. Il s'est
vengé en lançant Hebdo -
Toulouse dont l'ambition
avouée est de pomper le
marché publicitaire local et
de passer quotidien. La Dé-
pêche a immédiatement paré
le coup en offrant à ses
clients le même tervic*
qu'Hebdo-Toulouit.
hitoxe
Floirat disparu à tribord,
on a signalé un Dassault à
bâbord. En vérité, il s'agit
d'une campagne d'intoxica-
tion. Une campagne qui a
battu son plein durant les
journées de mai. La Dépè-
che naviguant en eau démo-
cratique et soutenant le
mouvement revendicatif, tout
étai< bon pour la discrédi-
ter : « >»'e lisez pas ce jour-
nal, susurraient les bonnes
langues. Il est vendu à Das-
sault !» — c Sans blague ? »
- « Puisqu'on vous le dit.
L* preuve, c'est qu'il l'a
pavé trois milliards ! » Les
informateurs consciencieux
allaient parfois jusqu'à six.
« La Dépêche du Midi »,
poursuit le communiqué.
sou* la direction d e
Mme Evelyne-Jean Baylet.
assistée de son équipe habi-
tuelle, demeure ce qu'elle
n'a jamais cessé d'être, c'est-
à-dire le « Journal de, la
Démocratie », fidèle défen-
seur de la République, donc
à et double titre, entière-
ment libre et indépendant. »
Aux dernières nouvelles
les requins auraient gagné
le large.
A refaire
Mais pour combien d«
temps ?
On a beaucoup remarqué,
le soir du second tour, la
déclaration de Pompidou
commentant l'élection de
trois députés godillots à
Toulouse :
« Alois que, jusqu'ici au
sud de la Loire, pour de»
raisons diverses et qui te-
naient, pour une part,
aux moyens d'information
dans cette partie du pays,
n<,us n'avions pu péné-
trer que très peu, cette
fois-ci, la représentation
du sud dé la Loire sera
sensiblement analogue à
celle du nurd de la Loire.
Ceci est ttès important. »
Si on analyie les sous-en-
tendus et l'illusion aux
« moyens d'irformation »,
cela pourrait ainoncer une
nouvelle offens've contre
« La Dépêche ».
Surtout après Ifs manifes-
tations style C.A.Ç. organi-
sées la nuit des élections par
le nouvel élu U.D.R. Baudet**
pardon Baudis.
2 — « Le Canard enchaîné ». — Mercredi 3 juillet 1968
QUAND on lui porta la
nouvelle, le 21 août
1815, de l'élection
d'une « Chambre introuva-
ble » toute «urnagée de
député? « plus royalistes
que le Roi » et qui ne res-
piraient que la Terreur
blanrhe, Louis XVIII le
premier jour dit que « c'é-
tait bien », le second jour
que « c'était très bien »,
le troisième que « c'était
trop bien ». Telle fut l'ar-
fl^ur du zèle de celte
Chambre qu'elle prétendit
dicter sa loi aux ministres
du roi et jusqu'au roi lui-
même et que, pour n'en
être point submergé, Louis
\\III âpre» tix moi», l'a-
journa et après dix mois,
la renvoya.
Le ,«oir du 30 juin, en
apprenant par les boîtes à
babil que tout ce qui ar-
borait sa cocarde et sa livrée
— qui qn'fl fat, ministre,
chèvre, rallié de la veille,
béat ou §ot bâté — avait
reçu licence du peuple de
tf répandre comme une
Inondation sur le Palais •
Bourbon, le Roi ge restrei-
gnit à dire que « c'était
bien », mais on ne sut
point ce qu'il dit le len-
demain, et point non plus
le surlendemain.
Quoi qu'il fût le triom-
phateur du jour, le mar-
quis de Monboudif, cette
nuit-là, tempéra sa liesse
d'assez de retenue, en se
donnant des airs fort peu-
«ifs et penchés. Craignait-il
quelque tour de la jalousie
du' Roi contre sa nouvelle
importance ? Etait-il in-
quiet des suites d'une situa-
tion en apparence si riante
et en effet si accablée ?
Le Premier ministre lais-
la le soin de pousser les
Ultramontane soufflant sur le royaume
honzzas de la victoire à «es
seconds, desquels- le duc de
Saint-Marcellin ne se mon-
tra pas le moins glorieux.
C'était un homme ébloui de
sa fortune depuis que la fa-
veur du marquis de Mon-
bondif l'avait poulie à la
place Beauvau. Sa physio-
nomie promettait des me-
naces, ses discours annon-
çaient des prisons. Et quand
il rencontrait quelque
étranger, il semblait que le
nouveau Monsieur du De-
dans ne songeât qu'à lui
jeter : « Vous f... Irai
dehors !
Le petit vidamoiseau de
Guéna, ministre du Babil
et aboyeur d'Etat, brillait
aussi de tous les feux de
ses harangues persifleuses
et traversées de menaces
contre ceux de l'opposition.
Bon sang n'eût su mentir.
Dans la « Chambre introu-
vable » de 1815, un per-
sonnage se distingua fort
au premier rang de tout ce
qui, dans le parti ultra, ré-
clamait des châtiments et
des vengeances, contre le
« complot » des ennemis
du roi — c'est ainsi qu'on
appelait, alors, la « subver-
sion » — et suppliait Louis
XVIII de « suspendre le
cours de son inépuisable
clémence » :
« Ce ne sera qu'en je-
tant une salutaire terreur
dans l'âme des rebelles que
vous préviendrez leurs cou-
pables projets... Défenseurs
de l'humanité, sachet ré-
pandre quelques gouttes de
sang pour en épargner des
torrents. »
Qui faisait entendre à
l'époque ce langage propre
à sécher de frayeur les en-
nemis du roi ? Le comte
de la Bourdonnaye, de qui
se trouvait être la descen-
dante, la comtesse Oryane,
femme du ministre du Ba-
bil Guéna, d'ailleurs, demi-
beau-frère de Monsieur le
Prince. Que de terribles
égides !
Après la restauration du
Roi, ébrèché en mai, par
les élections de juin, on
était en grande expectation
de la réunion de la Ras-
semblée Nationale. On di-
sait que «on inauguration
fonderait cette monarchie
de Juillet 1968, dite de la
Révolution par la loi, que
le Roi avait promise à ses
sujets.
Cependant, le 1" Juillet,
il se passa un petit événe-
ment. Par l'érection de
l'Europe, Charles XI devint
Charlemagne. Las ! Sa gloire
n'en fut point augmentée
même il sembla qu'elle fut
fort tombée dans le concert
européen. Car depuis les
journées de mai il n'était
plus qu'un roi décousu
d'or.
André Ribaud.
LES DIFFICULTES COMMENCENT
Les godillots sont lourds dans le sac
MALGRE la belle vic-
toire électorale qui
devrait leur réchauf-
fer le cœur, d'aucuns sont
bien malheureux : ce sont
ces messieurs les fonction-
naires des Finances qui
travaillent à la confection
du prochain budget, valable
pour l'an fiscal 68-69. Au
fur et à mesure qu'ils abor-
dent un nouveau chapitre,
ils découvrent qu'en vertu
de tel paragraphe des ac-
cords de Grenelle ou qu'en
raison de telle promesse
faite par un quelconque
ministre à un syndicat, à
une fédération d'em-
ployeurs, etc., une taxe doit
Couve a susurré, quand un
journaliste lui a demandé si
je déficit du prochain budget
irait chercher dans les 10
milliards nouveaux, que ça
serait encore plus beau.
Dans ses entours, on dit
maintenant que le'dit trou ne
sera pas loin de 20 milliards
nouveaux.
Jamais la chère et vieille
1V" ne s'est permis un pareil
déficit.
Il est vrai que les ceusses
des régimes de jadis ne sa-
vaient pas y faire.
Cosquez
II s'ensuit qu'il faudra des
impôts nouveaux, ce qui
consiste à aller chercher l'ar-
gent là où elle est. Par
exemple en frappant un peu
Atmosphère
Un grand merci
A la fin de la semaine der-
nière le franc français a été
méchamment attaqué à
l'étranger : attaqué signifie
que des gens détenant du
fi-Hiir s'en sont défaits pour
acheter des monnaies jugées
par eux plus sûres.
POMPIBENBUM
être réduite par ci, une sub-
vention doit être accordée
par là. Bref non seulement
le gouvernement, avant les
,ins, a accordé oVs
augmentations qui font
grimper allègrement les dé-
penses, mais en plus il s'est
engagé à diminuer des re-
cettes !
Fabriquer un budget
dans ces conditions, ce
n'est pas de la tarte, comme
on dit à l'inspection des Fi-
nances.
Au trou
Sortant l'autre jour du
Conseil des ministres, et tout
à son exubérance habituelle,
ATOMES
GRIPPÉS
VOICI quelques nou-
velles récentes (résul-
tats d'avril) des bril-
lant e s réalisations
nucléaires françaises ;
Chinon 1 : fuites succes-
sives sur des échanyeurs,
rupture de gaine, inci-
dents sur une soufflante.
La centrale a été paraly-
sée pendant le mois
entier.
Chinon 2 : interruption
jusqu'au Ï2 avril, par
suite de difficultés dans
le charyemenl du com-
bustible.
Chinon 3 : fuite sur un
échangeur et retard
dans la mise en service
d'un groupe.
Monts d'Arrée : arrêt de
la centrale jusqu'au
4 avril par suite d'une
fuite. Puis essais jusqu'au
3 mai. date à laquelle
une nouvelle fuite est si-
gnalée. Xouvel arrêt.
Ça va changer, mainte-
nant qu'on a une majorité
homogène et cohérente.
Parmi ces braves gens qui
ont bradé leurs francs, on a
le plaisir de remarquer des
pays francophones d'Afrique.
Ils détiennent du franc, be-
rause leurs relations privilé-
giées avec la France et parce
qu'on leur en donne et qu'on
leur en prête beaucoup. Et
comme ils en consacrent une
grande partie à acheter ail-
leurs qu'en France, ils en ont
en réserve. Plus de 10 mil-
liards nouveaux, paraît-il.
Eh bien, ils ont été les pre-
miers à s'en défaire pour du
mark, du franc suisse et du
dollar, aggravant ainsi la si-
tuation monétaire française.
On n'est jamais trahi que
par ses chers, très chers,
amis.
— Une chambre introuvable : voilà bien une
de vos belles trouvailles, M. Pompidou !
La Fayette, nous revoilà!
La majorité élargie
plus les salaires confortables
des cadres.
Oui, mais, aux entretiens
de Grenelle il apparaît que
Pompidou a donné des assu-
rances aux syndicalistes des
« cadres », assurances en
vertu desquelles on ne tou-
chera pas à leurs chers sa-
laires.
Alors, où
argent ?
la prendre, cette
AU COCOTIER
Au temps pour les crosses
CHACUN sait que la raison majeure pour
laquelle de Gaulle a voulu revenir au pou-
voir et s'y maintient, c'est la grandeur de
la France. Rétablir la France à son rang qui est
le premier : on connaît l'air et la chanson. De-
puis 1958, cette politique-là, qui a séduit et
(séduit encore bien des gens à gauche, s'est
exprimée dans yne série d'actions assez specta-
culaires. Après une vaine tentative, en 1958-59,
de faire admettre par les U.S.A. que la France
était une partenaire égale à eux, de Gaulle, qui
n'avait nullement prévu le refus (ou plutôt le
manque de réponse) américain, a entamé le
processus du dégagement de I' « hégémonie »
yankee. Cela l'a logiquement conduit au rappro-
chement avec le bloc communiste européen, au
veto à l'entrée de l'Angleterre, cheval de Troie
des U.S.A., dans le Marché commun et à bien
d'autres démarches ayant pour objet d'affaiblir
la présence américaine dans les entours de la
France.
Par ailleurs la grandeur supposait une clien-
tèle internationale, des points d'appui : les fran-
cophones africains, moyennant finances, y ont
pourvu et, cl et là, on s'est offert quelque^ bas-
tions. Plu» ou moins solides, comme on le voit
maintenant au Canada. Cette politique impli-
quait encore la non-dépendance en matière de
défense et en matière monétaire : d'où ma force
de frappe tous-azimuts et mon franc lourd et
massif.
DE tout cela le prix était énorme ; ce sont
les Français qui l'ont payé. Il y allait de
la gloire de la France et c'était la moindre
des choses qu'ils lui sacrifient leur confort.
Au cours des mois de mai-juin 68, plusieurs
millions de citoyens, ceux qui produisent cet en-
semble rie richesses dont une grande partie a été
soustraite à leur appétit pour sustenter la Gran-
riPiii. ont refusé d'obéir. Ça va chercher loin, ça
mon gaillard. C'était en quelque sorte, une ré-
volte des Français contre la France. Hélas, II a
fallu les apaiser et, pour les remettre au travail,
on leur a fait des concessions importantes, à
eux et à des foules d'autres citoyens qui mena-
çaient de se conduire mal, entraînés par le mau-
vais exemple... et profitant de la faiblesse de
l'Etat fort et restauré. Ces concessions plus
l'énorme déficit provoqué par l'arrêt, pendant
un mois, de l'activité économique, font que la
Cinquième n'a plus, et n'aura pas avant des an-
nées, les moyens de financer sa politique de
grandeur. Encore heureuse si elle peut sauver,
dans les dix-huit mois à venir, une partie de son
encaisse-or.
Les tumultes estudiantins, la grève générale et
•es lequel les ont, en moin* de deux mois, dé'
glingué l'édifice économique sur quoi s'appuyait
la politique étrangère gaulliste
Or, qu'est le gaullisme sans sa politique étran-
gère ?
CETTE politique étrangère gaulliste a connu
pendant dix ans des succès certains, moin-
dres cependant que ne le dit la propagande
officielle. Ils sont dus pour une grande part à ce
qu'on a appelé « l'équation personnelle » du gé-
néral, à son « prestige ». Ce prestige, il le doit
d'abord à son personnage historique des années
de la guerre ; ensuite la maestria avec laquelle
II a repris le pouvoir en 1958 et l'a conservé de-
puis.
Ce qui s'est passé en France dans les deux
derniers mois a passablement diminué la stature
de notre général aux yeux de l'étranger. Il suffit
de lire la presse anglaise, amérjcaine, allemande,
etc., pour y constater d'abord l'étonnement que
pareilles choses puissent arriver à de Gaulle ;
ensuite la réjouissance : c'est bien fait pour lut.
Sans oublier l'inquiétude : si ça peut lui tomber
dessus à lui, on pourrait bien y passer aussi !
Sans cesse les journaux étrangers reviennent sur
ce point : si les élections législatives montrent
que la majorité suit de Gaulle, les événements
de mai-juin ont montré un rapport de forces ré-
elles qui lui est défavorable.
L' «• équation personnelle », le prestige ont du
plomb dans l'aile, et ce n'est pas une victoire
électorale qui peut réparer ces dégâts.
QU'ON se réjouisse ou qu'on s'attriste de
ces faits, l'important est de savoir qu'ils
alimentent depuis des semaines les
conversations, les conférences, les rapports di-
plomatiques voire barbouzards des gouverne-
ments étrangers. La place manque pour évoquer,
même en résumé les réactions de ces gouverne-
ments. Si à Washington on ricane qu'il ne pourra
plus faire des misères au dollar, si à Londres on
croit qu'il ne pourra plus s'opposer à l'entrée
dans le Marché commun, si à Bagdad on se mord
les doigts de, l'avoir un peu vite pris pour pro-
tecteur contre les Anglo-Américsins, si à Moscou
on évoque comme avec nostalgie les aspects
« positifs » de sa diplomatie, etc.. c'est que tout
ce joli monde estime qu.e la politique étrangère
de de Gaulle ne pourra plus être désormais ce
qu'elle a été. Quand bien même, en effet, sa
victoire électorale lui redorerait-elle le blason,
elle ne lui rendra pas la base économique de
sa diplomatie, de sa Grandeur.
Cette victoire pourrait ressembler à celle qu'a-
vait brillamment remportée le brave général
Pyrrhus.
Jean Manon.
C'est, a-t-on dit que le
bruit courait d'une très im-
minente dévaluation du franc.
Or, du côté de chez Couve,
on donne une autre explica-
tion qui est peut-être plus
ennuyeuse. Le franc, dit-on,
n'a jamais été une monnaie
de réserve, du moins pas de-
puis 1914. et ça n'est guère
que depuis 1962 qu'il a une
position solide. Six ans ce
n'est pas long, et quand ils
ont vu la <c chienlit » de mai-
juin, puis quand ils ont com-
mencé à réaliser les énormes
difficultés financières qui at-
tendaient le gouvernement,
les détenteurs de francs ont
pensé que décidément le franc
retournait à ses vieilles or-
nière*, et quil valait mieux
s'en débarrasser, même s'il
n'élMÎt pas menacé de déva-
luation.
\nlrement dit ces salopards
ilVtr;mgers n'y croiraient
plus, à ma monnaie.
Jolie mentalité.
LA politique étrangère de
Mongénéral, après le
vote « franc et massif »,
n'a aucune raison, les ceusses
qui savent vous le diront, de
subir la moindre modifica-
tion, pas même le pins pefit
infléchissement. Continuité
avant tout.
Cela dit, des contacts à un
niveau « très élevé » ont été
pris, ces derniers temps, entre
le gouvernement américain
et le gouvernement français.
Consigne à mes milieux of-
ficiels et diplomatiques :
mettre une sourdine à certain
antiaméricanisme latent de
naguère.
On parle de « réconcilia-
tion ».
On était donc fâché ?
Le volapuk réhabilité
C'est comme pour mes par-
tenaires européens : lors du
dernier Conseil des ministres,
Couve de Murville (qui a
lair de se prendre encore
pour un diplomate, ma pa-
role !) a cru devoir déclarer
qu'à son avis il convenait de
s'abstenir de faire des re-
marques déplaisantes à l'en-
droit de la Commission de
Bruxelles.
L'intervention dudit Couve
visait à prévenir une algarade
intempestive de son succes-
seur Michel Debré, lequel,
au cours du même conseil, a
eu la dent plutôt dure pour
les tenants du volapuk.
De Gaulle a approuvé
Couve.
D'abord, le volapuk, qu'est-
ce que c'est ?
Lâcheurs !
En vue de l'arrivée des
Américains du Shape en Bel-
gique, les promoteurs immo-
biliers d'outre - Quiévrain
avaient construit de beaux
logements tout neufs et très
confortables à Casteau, dans
le Hainaut.
L'affaire semblant solide,
le gouvernement belge avait
donné sa cautwn et avait
même garanti un revenu men-
suel de 4 millions et demi de
francs belges pour les quel-
que 622 appartements cons-
truits.
Hélas, les Américains ont
dédaigné ces appartements et
ont préféré se caser à
Bruxelles même ou dans la
banlieue.
Les pauvres promoteurs
risquant la faillite, l'Etat
belge a accepté de payer pro-
visoirement les loyers en
souffrance.
Grogne à Bonn
A Bonn on a plutôt mal pris
cette histoire d'expulsion de
vingt étudiants allemands
hors de l'hexagone cousin.
Trois démarches — sans ré-
sultat — ont été faites auprès
du gouvernement français.
Et Bonn d'accuser les au-
torités françaises d'avoir car-
rément violé les accords fran-
co-,allemands, les étudiants
expulsés n'aya'nt même pas
été autorisés à emporter leurs
affaires personnelles, non
pins i;n'à prendre contact
avec l'Ambassade allemande
à Paris.
Le Quai d'Orsay s'est bor-
né, pour le moment, à ré-
pondre qu'il c étudiait > la
question.
Mieux vaut tard que jamais.
Volons
Pour la durée de la cam-
pagne électorale, les effec-
tifs et le matériel du « Grou-
pement de Liaison aérienne
ministérielle », alias le
G.L.A.M., ont été renforcés.
Il fallait que les ministres et
les grandes voix de l'U.N.R,,
qui devaient aller porter la
bonne parole d'un bout à
l'autre du pays, aient un
avion à leur disposition.
Ce qui a été fait. Aux frais
du contribuable. C'est pour
lui que sonne le GLAM.
Veaux et
SANS compter les mira-
cles que ne manquera
pas d'engendrer la mise
en œuvre de la participation
— à Pâques ou à la Trinité
— tout continue à aller très
bien, merci, côté social et
économique, ce, grâce à dix
années de pouvoir gaulliste.
Il n'y a que les ingrats et
Ifs médisants pour préten-
dre le contraire.
Et, d'autre part, certaines
statistiques.
C'est ainsi que, dans un
document que vient de pu-
COUVE DE RASE-MURVILLE
— Des lingots d'origine U.S., ça vous intéresse ?
niveaux
blier PASSEDIC, on consta-
te que, d'avril 1967 à avril
1968, le nombre des bénéfi-
ciaires de l'allocation spé-
ciale de chômage a aug-
menté de 49,7
S'ils sont bénéficiaires, de
quoi qu'ils se plaignent ?
Sur l'autel des ventes
Des chiffres très instructifs
ont été publiés, également,
dans le Bulletin du Minis-
tère des Finances (Direction
générale du Commerce et de
l'Industrie), quant à l'évolu-
tion du commerce de détail
en un an.
De mars 1967 à mars 1968,
les « variations » ont été les
suivantes, pour ce qui con-
cerne les ventes :
Alimentation générale :
— 0.2 <?0 ;
Textiles : — 10,2 % ;
Chaussures : 1(1.)
Droguerie : — H
Etc...
(,>iiHnd on vous dit que tout
va très bien...
Au bilan neuf
_ Enfin. l'I.O.K,. (Institut
d'Observation Economique) a
cni devoir, comme tout un
chacun, porter à la connais-
sance des curieux les résul-
tats de ses observations.
Dp quoi jp nir- mr|e ?
Kt d'indiquer que, pour ce
nui est des indices du coût
de la vie, la hausse moyen
pour juin 1968 est dp 0,1
par rapport à juin 1%7.
En un an, les prix ont aug-
menté, en movrnne, de 3/>
dans l'alimentation et les res-
taurants, la majoration des
prix des loyers a été dp
6.9 %, le rhauffage, l'éclai-
rage, l'entretien sont en
hausse dp .-..4 ^, Ifs services
de 15.7
T'ne grande année sociale,
on vous dit
« Le Canard enchaîné ». — Mercredi 3 juillet 1968 — 3
L'ÉCOLE DES VEAUX-ARTS
par les affichistes du " Canard
La police — qui occupe l'Ecole des Beaux-Arts —
s'est empressée, bien entendu, d'éjecter l'équipe
d'étudiants qui a composé les fameuses affiches
révolutionnaires de mai. (Elle a, d'ailleurs, vaine-
ment cherché, dans l'Ecole, la petite imprimerie
clandestine.) Qu'à cela ne tienne ! Cette semaine,
le « Canard » prend le relais Extra inuros...
357 SIEGES
UN TRONE J
Les silences
de la voix
A Toulouse, on attendait un Malraux
Ce fut un Pierrot qui vint
LE jeudi, 27 juin, une surprenante information par-
court le cirque électoral. André Malraux, un des
plus illustres cerveaux du régime, s'apprête à
cingler vers Toulouse pour y soutenir Sanguinetti, l'un
de ses plus fermes pieds.
Une tête qui soutient un pied, c'est unfe image qu'on
a du mal à se représenter. Un Malraux qui porte les
couleurs d'un Sanguinetti, ça n'est pas moins extrava-
gant. Il faut le voir pour y croire. Voilà pourquoi je
mets le cap sur la patrie du cassoulet.
sentée, n'a rien trouvé de
mieux que de la comparer à
l'accident d'un grand ex-
press...
Mais Sanguinetti s'en fout.
Il sait garnir une salle. Il sait
la remplir de bons citoyens.
Si Je malotru de gauche,
l'étudiant malappris ou l'en-
voyé du Canard essayaient
d'attenter à la liberté de pa-
role du ministre en lui po-
sant des questions inaccep-
tables, les bons citoyens au-
raient tôt fait d'expulser le
perturbateur... Le diable me
garde d'ouvrir la bouche. Je
ne suis pas venu pour inter-
roger le romancier de L'Es^
poir. Je suis venu pour écou-
ter le partisan de Sangui-
netti.
Un envoyé de Fange
Sanguinetti m'y attend. Il
n'est pas encore élu mais son
gracieux visage décore tous
les coins de rue et l'on de-
vine, à son air satisfait, que
Ce soir, le ministre de la
culture viendra lui tresser
des couronnes au Palais des
Sports. Il déversera ses cice-
ronades sur l'intelligentsia
par Jean Egen
Tanimal se sent déjà chez
lui.
On ne sait pas quelle tire-
lire il a bien pu casser, mais
il dispose de moyens consi-
dérables. Il fait campagne à
l'américaine avec orgie d'af-
fiches, débauche de zizique
et profusion de baratin. 11
bombe le torse et broie les
doigts des hommes. Il courbe
le dos et baise la main des
dames. Il tend des cigares
aux grands-pères, offre des
sucettes aux grand-mères et
fait guili-guili aux nourris-
sons. Il est à peu près sur
que tout ce qui rumine votera
pour lui.
Mais ça ne lui suffit pas.
Il rêve de séduire ce qui
pense. Et c'est pour circon-
venir quelques esprits mal
accordés à la simplicité du
sien qu'il s'est assuré le
concours de Malraux.
toulousaine et lui fera savoir
que si de Gaulle, c'est la
France. l'Aquitaine c'est San-
guinetti.
• II se trouvera peut-être un
malotru de gauche, un étu-
diant malappris ou un en-
voyé du Canard Enchaîné
pour lever le petit doigt et
poser une question au mi-
nistre. Pour lui demander,
par exemple, comment s'y
prend l'auteur de L'Espoir
pour vivre sous le même crâ-
ne que le souteneur de San-
guinetti. Ou encore ce que le
romancier de La Condition
humaine qui a écrit que « la
révolution joue entre autres
rôles celui que joua jadis la
vie éternelle » pense du zéla-
teur d'Alexandre qui, lors-
qu'une révolution s'est pré-
Hélas et Dieu merci ! Je
ne l'ai pas entendu. Malraux
a posé un lapin à son cama-
rade Alexandre. Le bruit de
sa défection s'est aussitôt ré-
pandu dans Toulouse. Dès
que je l'ai su. je me suis ren-
du à la permanence de San-
guinetti.
Je suis tombé sur deux ma-
labars qui tapaient une be-
lote. Leur type était rien
moins que toulousain et leur
accent venait directement de
Pigalle. Je m'approchai pru-
demment, pris mon air le
plus gourde afin de passer
pour un gaulliste et deman-
dai des nouvelles d'André
Malraux.
— Il ne viendra pas, dit
un des malabars.
— Il est malade, précisa
l'autre. Le toubib lui interdit
de se déplacer.
J'aurais bien voulu savoir
s'il avait envoyé un certifi-
cat médical mais je me
contentai d'exhaler un sou-
pir de déception.
— Ça ne fait rien, dit un
des malabars. On se passera
de lui. D'ailleurs, on a mieux
que ça. On a Poujade.
— Robert Poujade ?
- Mais non, pas Robert.
L'autre, le vrai, le poujadiste,
celui qui sait causer. Pier-
rot, quoi...
Le Poujade sachant causer
causa le soir même. II causa
gaulliste avec autant de con-
viction qu'un Poujade ordi-
naire. Les auditeurs qui
s'aperçurent que ce n'était
pas Malraux furent légère-
ment déçus. Mais le patrio-
tisme de l'orateur, son amour
de l'ordre, sa foi en l'avenir
de la France et du petit com-
merce emportèrent leur ré-
sistance et ils s'en retour-
nèrent en disant : « En véri-
té, en vérité, cet homme est
envoyé par l'Ange ! > Et ils
maudirent ceux qui, à cet
ange, osaient tendre le poing.
C'est ainsi que Sanguinetti
triompha. 21.903 veaux l'ont
suivi. 21.124 électeurs ont vo-
té pour André Rey, profes-
seur de lettres, candidat
F.G.D.S. qui est exactement
le contraire d'Alexandre.
C'est un homme plein d'intel-
ligence, de finesse et de
culture. Je lui ai demandé ce
qu'il pensait du vainqueur.
Il m'a répondu : « Rien ! >
et nous avons parlé du ca-
tharisme.
Rentré chez moi, j'ai ou-
vert Les Conquérants.
Comme par hasard, je suis
tombé sur cette phrase de
Malraux : « Je sais liien
qu'ils deviendraient abjects
dès que nous aurions triom-
phé ensemble... » Voilà qui
est peu rassurant. Parce que
Sanguinetti et 348 godillots
triomphant ensemble, ça ris-
que de faire une jolie som-
me d'abjections, Votre Hon-
neur...
ÇA CREVE LE PLAFOND
A la suite d'une grave opé-
ration, un caneton, âgé de 64
ans et invalide à 100 %, se
trouvait, depuis le 17 janvier
1967, en congé de longue ma-
ladie.
Le 1" juillet de la même an-
née, on lui fit savoir, à la Sécu-
rité sociale, qu'il pouvait, vu son
état, prendre sa retraite anticipée
et qu'il serait maintenu en congé
de longue maladie pendant trois
ans.
Or, on vient de l'aviser que
ses indemnités journalières étaient
désormais supprimées. Ce, en
vertu d'une ordonnance en date
du 21 août 1967 mais parvenue
à lo Sécurité sociale le 13 mai
dernier seulement.
Mais ce n'est pas tout : on
vient de lui refuser une alloca-
tion supplémentaire de 800 F
par on, sous prétexte que sa
retraite (4,10 F par jour) ajou-
tée... à ses indemnités journa-
lières (supprimées) lui assurait,
chaque onnée, des ressources dé-
passant de 230 F le plafond
prévu pour un ménage.
Ce plafond, il est tombé sur
la tète o qui ?
Fumant
Dfc'.S1 priits curieux .te sont avisés, depuis quelque temps
d'autopsier d'un peu près les gauloises bleues que la
Kei/ie met à la disposition de l'amateur de rêve a
1 /•' 33.
Une indiscrétion dont Ils ont été bien punis, à les en
croire, vu la découverte qu'ils s'imaginent avoir faite ù
celte occasion.
Ainsi donc, et à partir de pas mal de paquets achetés dans
divers bureaux de tabac de Paris et de la région parisienne,
ils se sont aperçus, affirment-ils, que lesdites gauloises
cniiiiriiiit'iit, mêlé à l'authentique perlot et dans des propor-
tions plus on moins variables, des fibres d'un brun trom-
peur mais qui, une fois isolées des brins ambiants, brûlent
mu- vaiiue odi-iir de papier d'Arménie : il s'agirait, en
iirrt'iicr, d'une sorte de carton léger.
i:t alors ?
Mers rien : si c'est vrai, à quoi bon migoter ? Il suffit de
ne pas le savoir.
Si vous vou$ aimez bien roulés...
Le Huron.
L'EX-SOURD MUÉ
L'Union générale des Aveugles
et Grands Infirmes, qui groupe
plus de 50.000 handicapés phy-
siques, a publié un communiqué
dans lequel elle rappelle, notam-
ment, que, primo : depuis plu-
sieurs années, elle n'a pu obtenir
un entretien direct avec le mi-
nistre des Affaires sociales.
Que, deusio : les revendica-
tions qu'elle a présentées aux
services de ce ministre n'ont ja-
mais obtenu de suite favorable.
Qu'en conséquence € elle se
félicite du remplacement de
M. Jeanneney qui, espère-t-elle,
mettra fin à l'activité antisociale
de et ministre ».
Heureusement, ça va changer : i
ce M. Jeanneney, qui s'est mon- !
tré sourd aux revendications des :
aveugles, va pouvoir s'occuper
d'eux, maintenant qu'il est dé-
puté.
Ne serait-ce qu'en interpel-
lant son successeur au ministère.
Quand on est populaire...
S VEAUX:
'OU'
REPA
ENCORE UN U.D.R
DE PASSÉ !
Terre des flics
CAR où sont tes hommes, Saint-Ex ?
Souverains déchus des dimanches de 1 His-
toire (et encore !), sur toute la planète les
peuples ont abdiqué.
Il n'y a plus partout, que des Pouvoirs ; des
Jobs haineux de la déesse Liberté, plus ou moins
mal assis sur le fumier de l'âme humaine.
Partout immanente, la trique, le bâton du
Chef prêt à battre la mesure aux râcleurs de
mitraillettes.
Ouvrons un journal au hasard. L'actualité
planétaire tient en deux mots : DEFENSE DE...
Le plus court chemin d'un point cardinal à
un autre, c'est le couloir de prison. Partout, on
exclut, on dissout, on déclare illégal, on refoule,
on expulse, on censure, on écroue, on cogne et
on condamne. Les mots ne veulent plui rien dire.
A Port-au-Prince, l'atroce « papa Doc », ce
père Soupe qui, chaque matin, prend «on bain
de pieds au sang, parle des VERTUS de l'au-
'torité. A Moscou, parce qu'il dédaigne « les
principes fondamentaux qui guident la littéra-
ture soviétique >, l'écrivain Soljenitzyne risque
de te retrouver un de ces jour» dam un dei Da-
chau sibériens où la DEMOCRATIE enseigne
l'art de penser droit et d'écrire couché.
Partout, l'Homme est devenu la plus belle
conquête du Flic.
Et ne vous y trompez pas I Le flic ce n'ett
pas seulement l'argyraspide casqué, le matra-
queur appointé, le « tonton macoute » d'inter-
vention spéciale. Ce n'est pas seulement le poulet,
ni la volaille de basse-cour parallèle. Le flic,
c est aussi l'amateur, le Tartempion moyen et
dévalué, le tondu mobilisable, le contribuable
mouchard, le citoyen mouton.
Le flic, c'est un état d'âme. C'est aussi bien
la pipelette acariâtre, que la gynécologue du pre-
mier, qui refuse une « pilule » à la demoiselle
de la concierge. C'est aussi bien le « cadre »
du troisième, ancien combattant incurable, fier
d'être Fiançais, croix de guerre et de Lorraine,
que le prolo du sixième, qui lacère les affiches
U.D.R., mais n'en pense pas moins que le < gau-
chisme » est une sentine et que de Gaulle a tout
de même du bon. C'est aussi bien la voisine qui,
chaque fois que l'on sonne à votre porte, entre-
baille la sienne pour voir qui vous recevez, que
la crémière du coin, avide de ragots, à qui votre
vouine confie, sans omettre un détail, tout ce
qu'elle imagine de vous et de vos mœurs.
Le flic, c est quiconque a le cœur véreux de
vacherie congénitale.
Athènes, Canton, Cuba, Rio-de-Janeiro, Ma-
drid, Berlin-Ouest, Varsovie... A tous les coupi
l'on mate !
— Et à Paris ?
A Paris, l'ordre s'est réinstallé dans ici pan-
toufles.
Joseph Prud homme respire.
La culture selon Malraux reprend du poil de
la bête.
Les flics ont investi l'école des Beaux-Arts,
mais, Dieu soit loué ! les Folies-Bergère ont rou-
vert.
Jérôme Gauthier.
Toujours IM barricades
4 _ « Le Canard enchaîné». — Mercredi 3 juillet 1968
Histoire de pieds
AUDITEURS
Jean Grandmoujin a été frappé par
< la gentillesse, la bienséance > des
auditeurs d'Europe N° 1 invités à
poser des questions.
Personne, autant que je sache,
écrit-il (ians l'Aurore, h'a posé une
question impertinente, une, ques-
tion urticante, qui sorte du tout-
venant, du train-train conformiste,
du genre de celles-ci :
- Que pensez-vous d'un chef
d'Etat qui, avant de s'adresser à
ses compatriotes, s'en va à Baden-
Baden s'assurer de la loyauté de
te» généraux ?
— Quand le président de la Ré-
publique incite ù ce que — partout
et tout de suite -- s'organise l'ac-
tion civique, n'appelle-t-il pas à
entrer en action ce « service d'ac-
tion civique > qui a tout l'air d'une
milice secrète, voire d'une police
politique ? Croyez-vous que ce soit
Je meilleur moyen de défendre la
République ?
Hélas, hélas ! Ce genre de question,
•ombien de Français, auditeur ou non,
M !• sont-ils posé à eux-mêmes ?
BON DODO
Dans Midi Libre du 19 mai parais-
sait «ous le titre < Justice et Liberté >
une chronique qui commençait ainsi :
Ce qui se passe ouvertement en
Tchécoslovaquie, en sourdine en
Pologne, en Hongrie, en Roumanie,
n'a rien de surprenant. Un jour ou
l'autre ^de tels mouvements de-
vaient *e produire. La vie n'est
jamais statique. Dans les pays qui
ne tant pas habituellement asser-
vis à la tyrannie d'un pouvoir
inflexible, les régime» dictatoriaux
ne répondent qu'à des circonstan-
ces passagères. Or ni le peuple
tchécoslovaque, ni le peuple hon-
grois, ni le peuple roumain n'ont
jamais choisi la dictature commu-
niste. Elle leur a été imposée par
la force. Tôt ou tard, il était tûr
qu'ils chercheraient à s'en affran-
chir.
C'était signé ... devinez qui ? Wladi-
mir d'Ormesson, à ses heures perdues
président du conseil d'administration
de l'O.R.T.F. Le 19 mai, c'était neuf
jours après les barricades, les étu-
diants étaient en révolte, neuf millions
de travailleurs étaient en grève,
l'O.R.T.F. était en rébellion, le pouvoir
vacillait, de Gaulle rentrait précipitam-
ment de Roumanie...
_. Mais aucun de ces événements
n'avait réussi à tirer de son sommeil
M. Wladimir d'Ormesson. Il ne savait
pas, le cher homme. Et quand il inter-
rompit un instant son roupillon, ce fut
pour découvrir qu'il y avait des choses
qui n'allaient pas en Pologne, en Hon-
grie, en Tchécoslovaquie, etc. Mais pas
en France.
CONSOLÉS
L« 8 septembre 1966, François Mau-
riac écrivait avec sa pertinence habi-
tuelle dans son « Bloc-Notes » du
Figaro Littéraire :
Ceux qui, A Textrême droite.
haïssent de Gaulle, leur haine
aura été sans consolation. Seul son
échec, sinon sa mort, eût desserré
l'étau dans lequel ils sont pris
depuis un quart de siècle, au long
duquel chaque événement leur a
donné tort et a donné raison à
l'homme exécré — depuis Musso-
lini déifié et Hitler secrètement
adoré, qu'ils ont joué gagnants,
jusqu'aux colonels et aux assassins
de ÏO.A.S.
Sans consolation l'extrême droite,
vraiment cher maître ? Et de Gaulle
contraint d'aller demander à Baden-
Baden aide et assistance à son armée...
Et ses généraux n'acceptant de lui
prêter main forte que sous promesse
de gracier Salan et les « assassins de
l'O.A.S. >... Et l'extrême droite priée
et suppliée de rejoindre les rangs élec-
toraux des gaullistes à part entière...
Et le mouvement « Occident > épargné
par les décrets de dissolution du mi-
nistre de l'Intérieur... Et Tixier-Vi-
gnancour et Poujade I acceptés comme
féaux compagnons tricolores...
De quoi consoler bien des inconso-
lables.
INFORMATION
(à essence unique)
Après un flottement bien compré-
hensible dû aux < événements »,
France-Soir tient à nouveau la grande
forme : la grande forme gouvernemen-
tale. C'est-à-dire le sens des justes pro-
portions à donner aux informations.
C'est ainsi que le 19 juin il annon-
çait la hausse d'un centime sur l'es-
sence sous cette forme quasi clandes-
tine : un entrefilet de quinze lignes sur
une colonne à l'intérieur de la page 5.
Essence : hausse
possible d'un centime
Essence : le gouvernement
vient de décider l'augmenta-
tion de In marïe bénéficiaire
c _ fusionnée » des sociétés
pétrolières et' .des pompistes.
Cette hausse de deux centimes
sera vraisemblablement appli-
quée à partir du 1" Juillet.
L'Etat prend A sa charge un-
centime, par allégement «Seal,
et il est 'possible que le'
consommateur aura à suppor-
ter l'autre centime. Le prix de
l'essence augmenterait alors
d'un centime.
Tandis que, neuf jours plus tard,
l'annulation de la mesure faisait l'ob-
jet de ce placard de 5 colonnes à la
une :
L'ESSENCE N'AUGMENTERA
PAS LE V JUILLET ££±-
Espérons que M. Pompidou aura été
content.
OBJECTIVITÉ
II s'agit de l'objectivité à la télévi-
sion, pour laquelle luttent si courageu-
sement les journalistes de l'O.R.T.F.
On se demande d'ailleurs pourquoi ils
luttent, puisque selon M. Romain Gary,
qui fut dix-huit mois conseiller de
M. Corse (ah ! celui-là !) affirme
qu* « une télévision objective est une
télévision morte ».
Ce Romain Gary (Le Monde, 24-6)
avoue < avoir eu connaissance d'une
intervention directe et personnelle du
chef de l'Etat dans les affaires de la
télévision >. De Gaulle, paraît-il, pro-
NMIIttlIlItlIIIMIIIIIIIIHIIIIIIIIIItllIIIIIIII
mmiiimiimiimmiiiiiiiiiiiimiimiiiMir;
A Châteaiirou.r, par le correspondant de la Tribune de Genève :
« Comme ses affiches, François Gerbaud se drape en tricolore.
Arrière le drapeau rouge ! Vivent les trois couleurs ! L'ancien « jaune »
de la télévision aime les couleun. >
Dégoûts et des couleur* !
Au Canada : vtctolrr massive de Pierre-Elliot Trudeau :
€ Vive le Québec fédéraliste 1 »
Commentaire du général :
— Trudeau ! Trudeau !
La Gazette littéraire de Moscou publie un violent réquisitoire contre
Técrivain Solzenitsyne — un des meilleur* de l'U.R.SS.
Encore un gauchiste.
»
A .Vice, le candidat godillot opposé è Jean Médecin étnit nn nomme
ez.
e qui faisait dire aux Xiçoit :
• • Cfrez-lts-fffxfx, < nndidat de la trouille. *
Ou encore : « Cérei-S. »
itMHIMIMIIIIlINtlMHMIIIIMIIIIIlINMIlNIIIIIIPIIIIIIIMIIIII........IIIIIIIIHWtmimtMrtHIMIIIIIIHHIIIIiniimillllHIIIIIIMHIHI.......IIIMlllllllllllllHMHIIIIIir
testait parce qu'un journaliste de
l'O.R.T.F. tutoyait un ouvrier de Rho-
diacéta interwievé. Gageons qu'il a été
tenu compte de cette protestation (jus-
tifiée) de l'éminent téléspectateur. Mais
Romain Gary écrit ensuite :
Pendant près de deux ans, des
flots de propagande antiaméricaine
furent déversés sur le public par
notre télévision nationale... Je, me
souviens notamment d'un repor-
tage sur San Francisco qui battait
tous les records de l'odieux >.
Eh ! bien, nous jure Romain
Gary, « zV n'y eut aucune directive,
aucune note d'orientation... Le mi-
nistère de tutelle est intervenu à
deux reprises pour réclamer un peu
moins de partialité ».
Oui, mais le « premier téléspectateur
de France » qui avait réagi avec irrita-
tion lors du reportage sur Rhodiacéta,
comment se fait-il qu'il ne soit pas
intervenu une seule fois, au cours de
ces deux années, pour protester contre
ces « flots de propagande antiaméri-
caine » ? M. Romain Gary se f... du
monde. Avec un petit et un grand M.
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POMPIDOU
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du 19 juin :
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ils peuvent espérer une place d'ouvreur
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Comiti).
DE GAULLE II
A GAULLE III
On ne voit pas comment nous
pourrions être paralysés par des
crises telles que celles dont nous
avons jadis tant souffert.
(De Gaulle, discours
télévisé. 31-12-67.)
Eh bien ! En effet une explo-
sion s'est produite.
De Gaulle, entretien
télévisé, 7-6-68.)
Ayant, comme nous l'avons fait,
bâti tant et tant d'écoles, de col-
lèges, de lycées, d'universités, re-
cruté tant et tant de maîtres, en-
tamé d'aussi larges et profondes
réformes de l'enseignement, nous
sommes dorénavant certains de
réussir notre immense entre/irise
d'éducation nationale.
De (Gaulle, discours
télévisé, 31-12-65.)
// n'y a pus de dafite, cette uni-
versité est à reconstruire entière-
ment.
(De Gaulle, entretien
télévisé, 7-6-68.)
MORALITE
Quant à leurs arguments (les
arguments de nos gouvernants},
une fois dépouillés dès couplets de
bravoure, ils se ramènent à ceci :
oui, les affaires du pays vont mal.
C'est nous qui l'avons conduit là.
\ous le mènerons plus bas encore.
Cependant faites-nous confiance
pour que le régime continue.
(Assises du R.P.F.,
Nancy, 26-11-51.)
TELEFOX
Du candidat Delpech — dans ... celle
du Midi :
J'ai, moi aussi, écouté le disque
que mon concurrent fait entendre
à l'aide du téléphone.
Je n'ai pu me défendre de quel-
ques réflexions :
Quelle < chance » remarquable
d'avoir pu, (ins.si aisément, obtenir
-edcasu?.
blé
pauvre femme a trop d'enfants, la
[chose est sûre
— Ah ! Enfin une majorité conforta- Et ça l'oblige à habiter dans une chaus-
3 l [sure.
LA MUTATION
1955
1968
i'Il
C'était pourtant les mêmes !
Manifestation de jeunes
gaullistes devant l'Elysée
Manifestation de sympathie la
nuit dernière devant l'Elysée où
de nombreuses voitures faisaient
le tour du quartier, passant de-
vant le ministère de l'Intérieur
puis le Palais de l'Elysée, action-
nant leurs avertisseurs.
Chantant c La Marseillaise ».
criant « Vive de Gaulle >, ces
automobilistes, jeunes pour la plu-,
part, brandissaient également des
drapeaux tricolores tandis que
sur les trottoirs des riverains et
des passants applaudissaient à
Cette manifestation.
indécence ou provocation !
Pendant. plusieurs heure» hier »oir
âne centaine d'àuloihobtlet escortée»
de jeunet manifestant»' allant dé la-
Concorde à • J'Çtoile puis -redescendant
l'avenu* ont; en klaxonnant wnt .arrêt,
en ralentissant et même- en «'arrêtant
longue.- les feux de lï 'circulation
étaient au verli'transformé Je» .Champs-
Elysées) -en, -une. invraisemblable lur-
lupiriadf,. •.. . -
Manifestation polirjqu'e-''oû provo-
cation. > Délire-.-cacophonique ici.
délire verbal, » l'Odéon et a la Sor-
bonne. .N'ont-ils pal souvent' d ailleurs
la même origine ?
•Pour Botrs pirfr'jwuj «oui «tso-
cions aux très* nombreux lecteurs qui
nous.- ont manifesté leur inàijnslion
.et qui la plupart avaient défilé !»
vei/lé dans l'ordre et le calme »ur
celte même avenue.
A gauche, entrefilet paru dans
le « Figaro » du l" juillet.. A
droite, entrefilet paru un mois plus tôt, jour pour jour, dans le même
« Figaro «... Entre-temps, les gaullistes avaient consolidé leur pouvoir.
Et le « Figaro » était rentré dans le rang.
iiiiiiiiiiiiiii«Hiiiituiiiiiuiiiiiiiiiuiiiiiiii!iiraiiiiHiHiHniHiBiraniiiiiiiiii«miiiiiniiHini.....iiiiiiuiiiiiiiiiiiuiiiiiuiiiiaiiiiiHiiiHunHiiininii
TOURISTES
ÉTHAXGEBS
L'atmosphère de xénophobie aiguë
entretenue en France par l'U.D.R. et
son Marcellin a incité une de nos lec-
trices genevoises à nous envoyer ce
petit mot :
Je me fuis le porte-parole d'un
groupe de touristes étrangers. D'un
côté, ils sont alléchés par les con-
ditions dites exceptionnelles offer-
tes par certains syndicats hôteliers
français, de l'autre, inquiets ; ils
se demandent si leur qualité
d'étranger ne risque pas de leur
causer quelques ennuis.
Peut-être pourrait-on suggérer
aux organisations touristiques
françaises, moyennant une somme
à fixer, d'offrir à ces touristes dont
les devises seraient les bienvenues
un insigne distinctif suffisamment
voyant. Par exemple un chapeau
en papier avec l'inscription < Tou-
riste », qui leur éviterait vexations,
matraquages (certains s'affolent},
mise à l'ombre (eux qui recher-
chent le soleil), ou refoulement aux
frontières.
...Le problème est urgent et la
saison déjà bien avancée.
Transmis au ministre du Tourisme
Rey.
VOTE
(des Jeunes)
Enfin, les jeunes de 18 ans vont
pouvoir voter.
... Aux Etats-Unis, du moins — où
le président Johnson vient de sou-
mettre au Congrès un projet de loi
dans ce sens :
« La raison ne nous permet pas
d'ignorer plus longtemps, déclare
L. B. J., la réalité qui veut que les
jeunes Américains de dix-huit ans
sont prêts, par leur éducation, leur
expérience, leur connaissance des
affaires publiques dans leur propre
pays et dans le monde, à exercer le
privilège de voter. >
En France, même les jeunes qui ont
eu 21 ans cette année n'ont pas eu ce
droit... Il est vrai que dans la France
de Pépé de Gaulle tous les citoyens,
quel que soit leur âge, sont considères
comme mineurs.
a.
deux numéros. Heureux homme,
comparé aux six mille demandeurs
dont les candidatures sont en
attente, parfois depuis des années.
Parmi eux, nombreux sont ceux
dont la profession, la situation de
famille rendent indispensable ce
moyen de communication moderne.
Il* attendent !
Ils risquent d'attendre cinq années
de rab !
LES VENTRISTES
Où la propagande électorale vo-t-ell» te r.icher ! « Plut jamais ça » 1... Hé...
bé... pas si vite. Ajoutons que U candidat Doilly, • Fontainebleau (où cette pnor»
• été prise) e d'ailleurs fait un bide.
juillet 1968 — 5
O Malraux !
La police élevée à la hauteur d'un des beaux-arts
... Au premier plan : le commissaire jobard... décoratif, celui-là même qui, de son
propre aveu, a délaissé la chasse aux gangsters pour la chasse à l'étudiant. Sou-
haitons que cette scène (de l'évacuation de l'Ecole des Beaux-Arts) soit, un jour,
donnée comme sujet au Prix de Rome.
(Photo parue dans « France-Soir », * Paris-Presse ».)
.miMHiiiimmiiii.....iiiHiiiiiiiiiiiiiimiiiiiHiiiiiMiiiMiiiiiiiiiiiimmimimiiMiimiimHiHmiiiiiimmimmm^^
|
Le mois dernier tout s'en allait
Le mol* dernier tout s'en
[allait...
La flépubJJatie
En Empirant
De Gaulle
En floumanie...
Le mois dernier tout s'en
[allait...
Le* étudiants
Au Quartier Latte,
Cohn-fiendit
A fassaut du pouvoir,
Les C.R.S.
A pleins gax.
Les ouvriers
A leurs occupations
D'usines,
Seguy
A Grenelle,
En train en marche.
Les politiciens
Au rancart.
Les Capiton t
Aux couleuvres.
Les capitaux
En Suisse.
Le mois dernier tout s'en
[allait...
Les rats
Du narire,
Mural
Du giron gaulliste,
Mgr Marty,
A la messe.
Les automobilistes
A la contestation-service.
Le Moi dernier-
Dé Gaulle à Colomber...
Non, à Baden-Baden 1
Massu
A la tête des chars,
Salan
De Tulle,
Bidault
De Belgique,
Les clagu'sonneurs
Sur les Champs-Elysées 1
Le mois dernier tout s'en
[allait
Mais ce mois-ci
Mais si, mais si
Tout va aller /
Roland Bacri.
"iimiimiimiiiiimiiiiimiiiMMiiimii"'"!.....iiiniiiiiHiliiiiiiHiiiiiiiMiHiiiiiiiiiiinMiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiMiiiiiiniilUtilinnMilHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiil.....innumi.......HiimimiiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiHiiiiiiimiiiiiiiimiiiiilis
Pour une presse policée
L
A scène se passe dans un grand journal d'information.
Le rédacteur en chef a convoqué dans son bureau quelques-uns de ses
collaborateurs.
LE REDACTEUR EN
CHEF. — Messieurs, j'ai lu
vos comptes rendus des
évacuations successives de ]a
Sorbonne, de l'Odéon et de
l'Ecole des Beaux-Arts... Ils
étaient à la fois vivants et do-
cumentés... On devine même
que vous avez mis beaucoup
d'application à les faire...
Néanmoins, je ne voudrais
pas que votre zèle profession-
nel se relâche... C'est pour-
quoi je tiens à vous rappeler
quelques règles indispensa-
bles à connaître pour relater
ces opérations de police.
UN REPORTER. — Vous
avez raison... C'est toujours
bon à savoir.»
LE REDACTEUR EN
CHEF. — Le premier
principe à observer, c'est de
constamment chercher à dis-
créditer la révolution cultu-
relle et à faire passer ses par-
tisans pour des voiyous.
UN AUTRE REPORTER.
— Non seulement des voyous,
mais aussi des terroristes !
LE REDACTEUR EN
CHEF. — Naturellement...
C'est la raison pour laquelle
vous devez, avant tout, faire
allusion à des armes entre-
posées dans les locaux éva-
cués.
UN TROISIEME REPOR-
TER. — Et s'il n'y avait pas
d'armes ?
LE REDACTEUR EN
CHEF. — Laissez entendre
qu'il aurait pu y en avoir...
C'est tellement utile d'ef-
frayer le public, en ce mo-
ment ! La même chose pour
les explosifs : arrangez-vous
pour faire croire que les po-
liciers auraient pu en trou-
ver...
UN PHOTOGRAPHE. —
On pourrait aborder mainte-
nant le problème des photos.
LE REDACTEUR EN-
CHEF. — Oui... Et ça aussi,
Les recettes
de Cousine Douille
HORS - D'ŒUVRE
A LA QUENEAU
Si tu t'imagines
xa va xa va xa
va durer toujourt
la «aison de* ra
des xa de* asperges
si tu crois petite
si tu crois ah ah
que ton poivressel
ton huilévinaigre
et ton podmoutarde
si tu crois petite
xa va xa va xa
va donner toujours
du goût à l'asperge
ce que tu te gourre*
ou du moins l'esperje.
Cousine Douille.
c'est très important. Lorsque
les étudiants assiégés par les
forces de l'ordre abandon-
nent leur établissement, il
faut toujours qu'ils aient l'air
d'avoir été pris au piège,
comme des malfaiteurs... El
lorsqu'on les achemine vers
Beaujon pour vérification
d'identité, le contraste avec
l'apparence débonnaire des
agents qui les embarquent
doit être particulièrement
souligné... Au besoin, n'hési-
tez pas à photographier un
flic qui rigole... Vous ne pou-
vez pas savoir à quel point
certains lecteurs sont friands
de ce genre de cliché...
UN AUTRE PHOTOGRA-
PHE. — Ça leur rappelle sans
doute le temps où des dépor-
tés étaient conduits vers les
camps de concentration.
LE REDACTEUR EN
CHEF. — Raison de plus
pour ne pas les décevoir...
D'autre part, dans les lé-
gendes, n'omettez jamais de
mentionner le nombre des
étrangers.
UN TROISIEME PHOTO-
GRAPHE. — Ça flatte la xé-
nophobie et le racisme...
LE REDACTEUR EN
CHEF. — Et ça stimule le
chauvisme, qui en est le digne
pendant... Ah !... Encore une
chose... Une fois les évacua-
tions terminées, les locaux
sont régulièrement livrés au
service de désinfection de la
Préfecture de police... Là-
dessus aussi, vous devez in-
sister.
UN QUATRIEME REPOR-
TER. — Pour donner l'im-
pression que les anciens occu-
pants ne sont que des pouil-
leux et des malpropres...
LE REDACTEUR EN
CHEF. — C'est ça... Et pour
mettre en garde les gens
convenables contre cette ver-
mine... Et maintenant, un der-
nier conseil : à la fin de vos
reportages, signalez toujours,
en joignant au besoin un
plan à votre article, les noms
des facultés encore occupées
par les étudiants... Bien sûr,
n'allez pas jusqu'à suggérer
ouvertement aux C.R.S. de s'y
précipiter... Contentez-vous
d'écrire, mine de rien, qu'elles
risquent d'être investies d'un
moment à l'autre... La police
saura ce qu'il lui reste à
faire.
P.c.c. :
Jean-Paul Grousset.
Les interviews (de moins en moins imaginaires) du "Canard"
Aujourd'hui : Maurice Papon
M,
ravi
— Je n'en
moi-même.
PAPON, visible-
ment, me parait
plus éberlué que
reviens pas
Allais, Allais, Allais l'Europe !
Le Monsieur et le Quincaillier
LE MONSIEUR. — Bonjour
Monsieur 1
LE QUINCAILLIER. — Bon-
jour Monsieur 1
LE MONSIEUR. — le désire
un article permettant d'ouvrir
les barrières douanières dès le
1" juillet.
LE QUINCAILLIER. — Je
vois ce que vous voulez. C'est
un appareil pour l'ouverture
automatique des portes.
LE MONSIEUR. — Parfaite-
ment. Un modèle simple, qui
marche de façon fort com-
mune.
LE QUINCAILLIER. — Oui
monsieur, un appareil pour
l'ouverture automatique des
portes dès le 1" juillet, de type
marché commun.
LE MONSIEUR. -- Et pra-
tique surtout 1 Je veux pouvoir
prendre des mesures, vous
comprenez ? Ne laisser sortir
et entrer que ce que je veux I
Sans que ça sorte de ses
gonds 1
LE QUINCAILLIER. — C'est-
à-dire que vous désire» un
appareil pour l'ouverture auto-
matique des portes, de type
marché commun, dès le 1" juil-
let, permettant l'entrebâille-
ment et conçu de telle sort»
qu'on puisse la boucler en
face.
LE MONSIEUR. — Vous
m'avez compris tout à fait.
Sortir mes autos facilement par
exemple mais laisser entrer
avec difficulté un réfrigérateur
italien. Et l'Europe verte, tenez,
seulement le 29 juillet I
LE QUINCAILLIER. Je
saisis. Un appareil pour l'ou-
verture automatique des portes,
de type marché commun,
conçu de telle sorte qu'elle soit
ou verte le 29 juillet ou fermée
le 1" juillet et qu'on puisse la
boucler en face.
(Le dialogue continue encore
pas mal de temps.)
LE MONSIEUR. — Eh bien,
montrez-moi le modèle.
LE QUINCAILLIER. — le r»
grette, monsieur, mais je ne
vends pas cet article. Il est très
difficile à mettre au point et de
toute façon, je ne pourrais le
faire exécuter que si vous
m'assuriez au moins une com
mande de six....
Roland Bacri.
— Du raz-de-marée gaul-
liste ?dis-je bêtement.
— \on. De ma propre
élection.
— Pourquoi vous étiez -
vous présenté ?
— Par vertu. Ce régime
m'avait comblé de faveurs et
de bienfaits. Je me devais de
rembourser en payant de ma
personne.
— Mais vous aviez peu
d'espoir ?
— En réalité, assez peu, je
vous le jure. J'avais même
le sentiment d'avoir rendu
un mauvais service à l'T.D.R.
Dans ma circonscription du
Cher, il y avait éventuelle-
ment une conjoncture favo-
rable pour un gaulliste.
X'importe lequel excepté
moi. J'ai attiré sur ce fait
l'attention de ces messieurs.
Je leur ai dit qu'un inconnu,
et à la rif/ucur un imbécile,
ferait l'affaire. Mais moi, qui
ne suis ni l'un ni l'autre, je
risquais de fairt du tort à
ceu.r-là même qui m'avaient
désigné.
— Etes-vous si connu que
vous semblez le dire ?
— Je sais bien que les
Français ont la mémoire
courte, mais tout de même,
mon séjour à la Préfecture
de Police pendant dix ans
n'est pas passé inaperçu. Je
puis même dire sans me van-
ter qu'il a laissé des traces.
— Vous avez réorganisé
la Grande Maison ?
- Je i'nii,i en prie, ne plai-
santons pas. Mais en ma-
tière de matraquage, sans
avoir le champ de manœu-
vres étemiu de mon succes-
seur M. l'rùnand --à pro-
pos, pourquoi ne s'est-il pas
présenté, celui-là ? — j'ai pu
donner, en de nombreuses
circonstances, moins nom-
breuses que je ne l'aurais
voulu, la mesure de mes
moyens, et rie ;;<-..< métho-
des. On m'a révoqué trop tôt.
sinon ie crois que j'aurais
pu donner à mon successeur
de précieuses leçons, et un
admirable exemple.
— Pourquoi vous a-t-on
REBUS
] lasso 459,3 'suo Ql : japuoday
donné ce poste de directeur
à Sud-Aviation ? Qu'est-ce
qui vous prédisposait à ce
nouveau rôle ?
— Bien. A part, mais c'est
l'essentiel, l'attachement que
je porte à un pouvoir auquel
je dois tout.
— Avez-vous réussi dans
ces nouvelles fonctions ?
Le visage de M. Papon se
rembrunit.
— Je n'aime pas ce genre
de plaisanterie, dit-il. A la
Préfecture de Police, je
n'avais pas eu le temps de
donner ma pleine mesure...
— A Sud - Aviation non
plus ?
— \on, mais, d'ores et
déjà, on peut considérer ma
gestion comme purement ca-
tastrophique. .4 la Préfec-
ture, il y avait de l'espoir. A
Sud-Aviation, aucun. Et je ne
cache pas que si je me suis
présenté ci la députât iôri.
c'est surtout pour oublier et
me faire oublier.
— Mais, cher Monsieur,
vous désertiez votre poste !
— En quelque sorte, mais
sans joie. J'allais, si vous
me passez l'expression, à
l'abattoir.
— Juste retour des cho-
ses, me permets-je de dire.
On ne tressaille pas. On
se contente de me répondre :
— Sans aucun doute. Mais
c'éfrtit nouveau pour moi.
Jusqu'ici, j'avais l'habitude
d'y envoyer les autres (à
l'abattoir). Enfin, quoi qu'il
en soit, vous imaginez ma
surprise quand, au premier
tour de scrutin, je suis arrivé
en tête.
— Avez-vous une explica-
tion à ce phénomène ?
— Je n'en vois qu'une ;
t'est que, dans le Cher, ils
se font une idée un peu idéa-
liste de ce qui se passe à
Paris. De mon temps, ils
croyaient que tout se passait
bien, et que l'ordre régnait.
Avec Grimaud, ils ont eu le
sentiment que c'était la sub-
version et le désordre orga-
nisés. Dans une certaine me-
sure, j'ai symbolisé, pour
mes électeurs, l'image du
bon vieux temps...
— Vous avez donc abordé
le deuxième tour avec
confiance.
— Bien au contraire, je
me disais : « Ils se sont
abusés eux-mêmes. Mais le
Français a beaucoup de bon
sens. Il va réagir. > Eh bien,
non. Je croyais avoir fait le
plein de mes voix dès le
premier tour. J'ai découvert
t.OOO voix de plus au second.
— Et cela n'a pas l'air de
vous causer une grande joie.
— Cela me cause surtout
dn remords. Car si j'avais
sir que l'électoral français
était aussi compréhensif, je
me serais présenté à ('.ba-
ronne. C'est un secteur où
je me suis fait un nOm, et
oà j'ai laissé des souvenirs.
Yvon Audouard.
Un été torride
Général ayant retiré son pantalon un
ir de canicule et d'élections pour mieux
se toper sur les cuisses
LE PETIT JEU
DU CACHE-TAMPON
Une enveloppe datée du 6 septembre
1968... Et on dira encore que nos P.T.T.
ne sont pas aux avant-postes.
LE5 autobus à impériale sont, parait-il,
fort discutés.
Ils sont vingt-cinq, depuis le 19 juin,
qui font le parcours Montparnasse-!.cvnllni^.
<f im^screlies ambulantes, sous quoi
l'nris, avec ses îlots de Iti.ie. ses l»ur-
rdtdet, ••>'•* frottis siuifieu.i- 'le noues
I iln i/iii'liiiii-n. ses paillt-ltrs de soleil,
le clii/iotix il'inif lilui/iie populaire.
, se ,lfi-lurr satisfaite : SI pttssit-
rniiiire, au lieu de 63 de l'autobus
* stiiiii/nrii ».
Les spé< iulisle.s île In cirni/ttlion, fur. sont
sceptiques : ï«bli<iuti<>n <ie descendre un
1rs sorties et par conséquent
la vitesse uini/cune du véhicule.
problème n'est pas de n»tre compé-
tence, mais peut-être pouvons-nous risquer
une prière.
.S'/ nces venait à démontrer ijue
les pessimistes tint rn/son et que In arrimt
mn du € bus > à impériale est commer-
< ment une erreur : nu Heu de sr défaire
des vingt-cinq modèles de la période d'essai,
pourquoi la régie ne les affecterait-elle pas
aux itinéraires de charme, chers aux amou-
deux de Paris, de ses allégresses et de ses
Un "bus" nommé Plaisir
un paquet visiblement venu « df rhez If r>/l-
ttlfler ». A qui. M. Yictnr H/><in. cnr c'était
lui. rapportait-il ainsi une yàterie ? A ses
petits-enfants ? A Juliette ?
('uni qu'il en fut. un iour. une vouaficnxr
iii/ies tourbillonnantei fit, en /Hissant.
l'alser le pui/uet par-dessus lu rambarde, ri
le sat'ann alla s'ccraxer sur le nui'é. Il pitrnit
i/iif M. \'ictur Huijo. très mécontent (il y
' de quoi*, fit une tête furibarde />eu-
'l'itit tout le reste du t'oyaue.
Fuis l'éden de* angp« Hri-lius :
de nés majestés et de ses sa-
canailles ? Ces fldnrurs-la ne sont ja-
mais pressés. Peu leur importent lr\ lenteur.*,
île l'écluse, et je les croîs ttxser immbreui
/it'iir que niUf/t-ciuq hutauir />«r;,s;V/i.« rt rou-
lettes ne suivent pus, a vide, les méandres
de la ville-delta.
A propos de l'impériale, on a rappelé lu
Relie Epoque ft ses ornnibiif n chevaux, les-
quels aussi étaient à deux étages.
Quand j'étais une enfant, j'ai souvent en-
Itndu l'un de mes grands-pères, un très vieil
homme, évoquer ce temps-là ; le temps
'I tirant I -it le moteur, dnn\
un l'un:, mi si ,,;• r-mseini'lnl'lf IJUF relu noiU
/iiiriiissr niiintiiil i,ni. des piétons trouvaient
te inoij, n de se fnire écraser par un fit'
Epris île tu fille, mon iiruud-i>ere (r'ef/iit
Un ecririnin. </"<>»./ ses ni"i/i'us ne lui pet
inrttiiieut [>"\ il uifrélfr un t'.n, he iir l'I r
hume, s'uffruii <j* mocrotiquement l'impénnii
fréquemment, il y retrouvait, un <
passager, un t<i<-illurd pus très grand, ri
tnriturne. et re.-le vert en dépit de sn belle
barbf blanche. Tutre habitués de la ligne, on
se saluait l'un I nuire. Souvent, fur *»•-,
noux, le voyageur à la barbe de neige, tenait
à Mnilrtcl 1rs mantilles,
Redoute à Pari» les fichus !
aimable !
\ nier pus riii.r Parisiens de émir l'espoir
/'• l'imprrinlf et de ses subtils plaisirs !
Et tant pis. si fnute d'un Victor Huiji,
/mit notre époque n'est pris dnjne. "n u, est
If vis-à-vis d'un M. Jean Dutonrii. le fumeur
marchand dr flon. portant n qiirh/ue
tond deur livres de pâte au bon beurre rt n
la noix de coco...
Volentine de Coincoin.
Les parents
terribles
Le Valéry Giscard-d'Estaintf
À un frère Olivier. D'instinct
II prend la même bannière.
« Prêt de mon urnt vint s'as-
[sçoir
Mon grand frangin tout plein
[d'espoir
Qui m» rassemblait comme
(un frère... >
Olivier
C'est le cadet
Mail pas de ses soucis.
L'on/ Terrenoir»
Est père d'Alain
Le filf de tes œuvres
Co-listet.
C'est ça
Les gaullatéraujc.
L'ont Joxe, lui,
Est un père tel
Qu'il n'a pas un tel ftls :
Pierre
Est de la Fédération I
Qu'est-ce qu'il faut fatrt
Comme sacré fils
Pour étrt gaulliste!
La petit poeU.
Comme «on nom
l'indique
De « Paris - Normandie >
(24-6) :
Police volait des cyclo-
moteur». Huit mois de pri-
son avec sursis.
Avez-vous pensé
à Tacheter ?
Le Canard
de Mai
^on« re titrr. le Canon! a
fait paraître lin supplément
exreptiolinel contenant l'e«.
• *>nti**l He« Imi* niiiur?»»»
«Ju Canard f'mhnlnf pu-
hlié* |irni/<Mt In grande,
rriff H» M*i, mai» qu'un
IcranH nombre rie nos lec-
teur» n'ont pu »e procurer.
C.r «upplément contient
ée/jlmient He nombreux Ho
ruinent» orisinaux (photm
et affiche
LE CANARD DE MAI
e«t en vente rhn tous le«
marchand' de journaux jus-
qu'au 14 juillet an prix de
1,50 F
6 — « Le Canard enchaîné ». — Mercredi 3 juillet 1968
Guéna et la direction de la télé :
Les étrangle-lucarne».
Paris - Canard
— Merci, Monsieur Benederti, mais on ne vous a pas encart demandé de remplacer Jacqueline Huet !
LA BOITE AUX IMAGES
Du pareil au même...
SAMEDI, 13 fleures moins Tout... A commencer par
cinq. • • Depuis ven- Cèzigue, avant que Massu,
j—T.- „,.•.,.,;. >„ ~nm_ consulté, ne lui remette une
girafe dans le moteur !
Passons.
Tout passe, même l'excès
de :èle.
J'ai lu ce matin, dans le
« Figaro littéraire », deux li-
gnes effarantes : « Mendès-
France ou Sartre offensent la
vérité sans plus de vergogne
que le premier épicier ve-
nu... >
Signé François Mauriac.
Ainsi, avec cette souplesse
froide, sinueuse, vipérine,
qui fait le charme de sa
phrase et de son caractère,
M. Mauriac en est là, qu'il
traite maintenant de Gaulle
de premier épicier venu !
Pouah ! Il fera chaud, et
j'ose même dire lorride,
avant que je ne me noircisse
au verjus de Malaqar !
...Et l'Antre pendant ce
temps-là! L'Autre qui, gem-
piternellement, n'est que le
Même !
Qu'est-ce qu'il raconte ?
Il raconte qu'il »e rabâche.
Intarissablement (et ça sort
de Saint-Cyr, ce monastère
de porte-glaive» qu'on appe-
lait la Grande Muette !).
« MA vocation... MON man-
dat... >
/( est Ini-même son dada
de bataille. Derechef de
l'Etat, il se crie < Bit! >. Il
s'écoule voter pour soi, par
Pompidou faussement inter-
posé. Il convient que Ma Cin-
quième a ses moments criti-
ques :
— Seule protection, Ma
bnnde ! Mon U.D.R. qui
... Cinq, quatre, dei.r. trois, rff jfl foFmf Macte , p^_
i, zéro, c est bien Lui ! vnir d'absorption maximum !
Désodorisant exclusif !
Et que les cons se le di-
sent !
Ce n'est même plus triste.
Ce n'est que banalement en-
nuyeux. On n'écoute que
d'une oreille, histoire de sa-
luer distraitement au passage
les escorbaderies prévues !
— Tout a été réparé !
Contre-vérité de garagiste
AMEDI, 13 heures moins
cinq. Depuis ven-
dredi minuit, la cam-
pagne électorale est close.
Plus un candidat n'a le droit
de tenir une réunion publi-
que. Telle estkla loi. Mais,
comme au temps de mes
seize hivers (les printemps
sont venus plus tard), le
chantait, sur l'air de Dago-
bert, un minable comique de
caf'conc', lequel poussait
l'esprit jusqu'à se faire appe-
ler Lord Gnett :
Bande de veaux ! a dit le
[Roi,
Si j'fais des lois, c'es pas
[pour moi !
Bref, M. Charles (rappelez-
moi donc son nom), général
à titre temporaire et prési-
dent de la République à titre
provisoire, va nous sortir
l'ultime boniment, la der-
nière « postiche » d'avant le
second tour.
M. Charles (ah ! oui, ça me
revient : Charles de Gaulle)
n'étant pas candidat, loin de
là — bien au contraire et
prière de ne pas confondre !
— on se demande vraiment
pourquoi ce brave homme
tout simple et si franc du
collier serait interdit de lu-
carne.
13 heures moins deux. En
guise de prélude, strophe pu-
'blicitaire : « T.e brrnf en
daube, un délice de gour-
met ! >
Et le général en daube,
qu'est-ce que vous en dites ?
A In « marseillaise >. comme
rfr- iuste, mariné vin'/l-quatre
heures (ne pas oublier les ca-
rottes).
un.
Tiens, tiens ! Même pas de
€ Français, Françaises » /
l'apostrophe martiale habi-
tuelle. Attaque abrupte du
bout de gras : « Le mois
dernier, tout s'en allait ! >
démuni de pièces de re-
change. Attendez au prochain
tournant, curieux qui tenez
à voir comment dérape le
char de l'Etat-c'est-moi-de-
Gaulle !
LA VOIE AUX CHAPITRES
SOMMES-XOUS
? par Norman
POrRQf'07
AU VIETXAM
MAILER (chez Grasset).
€ La guerre en tant que
guerre est absolument néces-
saire à la santé mentale de
l'Américain moyen. » Voilà
comment il annonce la couleur,
ce Mailer dont j'avais salué
l'immense talent au moment de
la parution du « Rêve améri-
cain ». Un prodigieux écrivain,
en vérité, auprès duquel même
Miller semble fadasse.
Un» remise en cause féroce
de Ce qu'il appelle la « syphi-
lisation > du XX* siècle. Pas
seulement américaine. Les ama-
teur» de safaris ne sont pas ex-
clusivement Yankees.
Car il s'agit d'un safari. En
Alaska. Une occasion pour le
brave homme moyen de semer
la haine et la mort. Les Amer-
los ont besoin de casser du
grizzli ou du viet. Leur santé
morale en dépend.
Un livre terrible. Derrière
l'écran des mots obscènes, du
délire verbal, l'angoisse d'un
homme lucide qui n'en prend
pas son parti, d'agiter ses na-
geoires dans ce pustulent mer-
dier qu'est devenue la condition
humaine.
Face aux campagnes électora-
les, aux astuces politiciennes,
•u bidet de la presse bour-
geoise, à la littérature capsulée,
au théâtre d'abdomen, aux cou-
pes d'Knropf, aux tours de
France, aux courses de canar-
iens, aux arcs de triomphe, il
y a heureusement des mecs
comme Norman Mailer. Qui ont
des choses à dire. Et un talent
pour les dire I
LA GUERRE SECRETE Dr
PETROLE, par Jacques BER-
GIKR et Bernard THOMAS
(I)enoël). — « Cherchez le
pétrole ! » pourrait-on dire aux
êtres humains soucieux de
comprendre ce qui se passe au-
tour d'eux. A l'origine ou dans
le développement d'à peu près
tous les conflits patents ou oc-
cultes depuis le début du siè-
cle, on trouve le pétrole. >
D'accord. Mais d'un point de
vue plus général, on trouve le
trie et la volonté de puissance.
Car, avant la naissance du
mystérieux rartel du pétrole,
avant l'ère des sinistres aven-
turiers Roi-kefeller, Deterding,
Samuel Marcus, Gulbenkian ou
Mellon, jamais ne manquèrent
les imprésarios de conflits pa-
tents ou occultes !
Un livre que répudieront les
intoxiqués de l'Histoire en ban-
des dessinées. Un clin d'œil aux
initiés.
KlKt DE JtOXTPARXASSE,
par Frédéric Kohner (Buchrt-
thanleF). — Une œuvrette amé-
ricaine dont la traduction
prouve que les tracts électoraux
de l'U.D.R. n'ont pas réussi à
éponger entièrement nos stocks
de papier blanc.
P.S. -- Suite à mon papier
$ur son linre « I.e Verseau » ;
l'astrologue Hadès me reproche
véhémentement mon incrédulité'
et me somme de notifier cl tout
un chacun que ses prévisions,
punies dans l'almannrh Hachette
d« 19KX, ont été reconnues
eractes.
Par France-Soir.
Roger Semé».
Classiques transis
Le cimetière marin
— Ce toit tranquille
Où marchent des colombe»...
— Valéry I O Paulo !
- ...Entre les pins palpitt
Entre les tombes...
— Va donc, eh 1 «ou* l'eau !
Le Périt Uttré.
Il ne prête même plus
l'oreille. Mon magnétophone
s'en charge. Je pense à ce
vieux Briard, un lecteur du
< Canard » (ce n'est pas à
moi qu'il en a fait la confi-
dence), qui « suivant le
conseil de Clément Ledoux,
a voté Jean Rostand au pre-
mier tour ». Lors du dépouil-
lemenl auquel il assistait, no-
tre lecteur a vu les badauds
s'interroger du regard. La
plupart d'entre eux igno-
raient qui pouvait bien être
ce Jean, ce Rostand, cet in-
connu, sorti de l'on ne sait
d'où d'un bizarre bulletin de
vote...
Xotre pépé-copain se pro-
mettait de voter au second
tour pour feu Bastien-Thiru.
Bravo, pépé ! Le colonel
n'était pas de notre bord,
fichtre non ! Mais on est
ainsi fait, que pour nous les
fusillés ont préséance sur
leurs fusilleurs, surtout
quand le fusilleur ne fut
que sifflé par les balles.
... L'Autre soliloque enco-
re : « Puissions-nous nous
retrouver tous, nous respec-
ter les uns les autres ! »
Quelle comédie infecte ! Et
que le comédien est tricheur,
qui ne se mettant que dans
la peau de son rôle, fait mine
de se soucier de la peau des
gêneurs, des opposants, des
méprisés !
L'étrange lucarne affiche :
matinée et soirée. M. Charles
de Gaulle, ce m'as-tu-vusa-
lem, comme l'appelle Henri
Jeanson, reparaîtra ce soir
a l'écran et répétaillera sa
chansonnette : « Vive la Ré-
publance ! Vive la Frique !
Ozarmecitoiliens ! »
Que ce gros public d'élec-
toral se débrouille !
Si le parterre ne crie pas
« Remboursez ! », c'est que
les choses sont justes comme
elles sonl, et que la Fran-
france à son Gauoaulle mé-
rite le grand Charles, qu'elle
prend pour un petit Jules.
Clément Ledoux.
LE CINÉMA
Les oiseaux vont mourir
au Pérou
(un Gary stupide)
ROMAIN GARY étant un
gaulliste inconditionnel,
j'espère bien que son
film sera projeté à l'Elysée.
Mme de Gaulle, ainsi, verra
Mme Gary, dite Jean Seberg,
complètement à poil, §e faire
posséder par quatre soi-disant
Péruviens qu'elle exténue lit-
téralement. Ah!le«pauv' mecs;
vidés, ils sont. Quant à Mme
Gary, elle remettrait bien ça
avec une autre escouade de
choc.
Nous sommes au cœur — si
j'ose dire — d'un problème
médical, d'un ras douloureux
un sujet pathologique : cette
pauvre dame est une malade.
Quand ça lui prend, il faut que
ça se passe. Son ambassadeur
de mari est très embêté ; ça
le fatigue, cet homme, d'aller
la récupérer dans un bordel
ou sur une plage. II avait pour-
tant engagé un chauffeur à
toute main et toute épreuve,
pour contenter madame, mais
Z.ES FILMS QU'Oy PEUT VOIR
CETTE SEUAIXE
LA MOTOCYCLETTE
L'histoire est toute simple :
une jeune femme, jeune ma-
riée, quitte le lit conjugal, au
petit jour, pour aller surpren-
dre son amant au petit déjeuner
à quelques centaines de kilomè-
tres de là. Elle enfourche sa
grosse moto, nue dans sa com-
binaison fourrée, toute chaude
de la chaleur du lit, folle de
désir pour l'homme qu'elle aime,
dont elle est le jouet, l'instru-
ment, l'esclave.
A L'O. R. T. F.. Maison Ronde
La grève la plus exemplaire du monde
C'EST de celle des journa-
listes de la Télévision
qu'il s'agit. Et des réa-
lisateurs. Et des fournisseurs.
Et non pas parce que ce
fut la plue longue, ni même
la plus digne.
Mais parce que c'est celle
qui, bien qu'apolitique, a posé
au pouvoir la seule question
à laquelle il ne puisse répon-
dre, et qu'on peut résumer
ainsi :
— Est-ce que vous allez
continuer longtemps à vous
ficher du monde ?
Avant le premier tour, le
nouveau ministre de l'Infor-
mation, M. Guéna, a répondu
à cette question :
— C'est un affreux malen-
tendu. Mais pour qui nous
prenez-vous ? Nous ierons le
nécessaire pour vous donner
satisfaction, et vous rendre le
sens de votre métier.
Après le premier tour, il a
répondu :
— Allez-vous faire voir.
Ce ne sont pas exactement
ses termes, mais je ne crois
pas trahir le iond de »a
pensée.
Après le deuxième tour, au
moment même où M. Gorse,
ancien ministre de l'Informa-
tion, était réélu, M. Guéna n'a
pas hésité à déclarer :
— Nous serons d'autant
plus libéraux que nous som-
mes plus forts.
Alors, cessez de trembler,
confrères de la Télévision.
Cessez de trembler, Guy
Lux.
M. Guéna est prêt à par-
donner les offenses. Voue
serez amnistiés, vous et les
suspendu pour trois semai-
nes, comme un joueur de foot-
ball, exemplaire jusqu'alors,
qui s'est permis d'insulter l'ar-
bitre, sous prétexte que l'ar-
bitre n'était pas impartial.
Mais, si vous ne voulez pas
être amnistié, si vous voulez
pouvoir éventuellement dire
ce que vous pensez, il ne fau-
dra plus désormais que
compter sur TOUS. Ou sur ce
qui en restera.
On va libéralement vous
reconduire à votre servitude.
On va libéralement vous prier
de ne pas vous occuper
Une allocution du général
de Gaulle.
La MarseijJaise.
Cela peut également servir
sur la deuxième chaîne.
Cela peut également ser-
vir jusqu'à la fin des temps.
Dans ces conditions, mes
chers amis, je ne connais pas
votre avenir.
Je peux néanmoins vous en
proposer un.
C'est celui de téléspecta-
teur ordinaire.
Celui du téléspectateur qui,
sans avoir le droit de grève,
a le droit de contestation.
\
Avec toute mon amitié.
Yvan Audouard.
d'une maison que vous ne
pourrez continuer d'honorer
qu'en vous déshonorant.
On va rapidement liquider,
de toute façon, ces problè-
mes qui ont retardé la fin de
la grève.
Car enfin M. Guéna a dé-
couvert sa vraie grille de
programmes.
Sur la première chaîne :
La Marseillaise.
Une allocution du général
de Gaulle.
Un film qui n'est plus dans
le commerce.
Un « one man show » en
conserve.
Madame
Sans-Chaînes
« 11 faut dédramatiser
la question de l'objecti-
vité à ro.H.r.r. »
(Guéna).
— Pendant les vacances
Qu'est-ce qu'on va passer I
— Vous croyei ?
— Vous aller voir !
Dédramatiques
Dédramatiques
Dédramatiques...
Opficon.
on a beau être un dur, il y a
un moment où on devient mou,
alors que madame est encore
exigeante.
Comme on le voit, Romain
Gary est aussi un auteur in-
conditionnel de la mode : le
sexe se vendant bien, il débite
cette marchandise. Disons-le
tout net, sa camelote est tout
juste comestible pour les gaul-
listes inconditionnels. C'est bon
pour les veaux.
Il s'est mis en scène lui-mê-
me et c'est aussi ennuyeux que
maladroit. L'action se passe en-
tièrement sur une plage déserte
mais bien aménagée, puisqu'il
y a un bordel tenu par Danielle
Darrieux avec, nn peu plus
loin, dans un bistrot désaffec-
té, un misanthrope solitaire,
Maurice Ronet. Et puis aussi
les oiseaux qui viennent mou-
rir sur le sable chaud. Symbole.
Il y a aussi des répliques du
genre toc. A Kalfon qui lui
donne une gifle, Danielle Dar-
rieux, extasiée, dit aussitôt :
— Toi, t'es de Panarne. Il
n'y a qu'à Paris qu'on gifle
comme ça (sous entendu « aus-
si bien ». ."Nostalgie).
Gary ou le sous-traitant des
mots imités de Jeanson.
Mais tout ça, je le répète,
entre nous, est bien assez bon
pour les gaullistes incondition-
nels.
Ce qui est trop beau pour
eux, c'est Pierre Brasseur, ab-
solument magistral, et à un de-
gré moindre, Jean - Pierre
Kalfon.
Michel Duron.
Et dans cette course folle, elle
revit tout son roman. Présent
et passé, incidents de parcours
et souvenirs encore brûlants,
griserie de la vitesse et des sou-
venirs, tout se mêle, s'interpose,
se confond. Le film est un
chant d'amour, une chevauchée
fantastique, la jeune femme
ayant un plaisir physique à sen-
tir sous elle cette machine péta-
radante en attendant d'aller fré-
mir de joie sous le poids du
corps de son amant.
Jack Cardiff a, semble-t-il,
parfaitement illustré le roman
de Pieyre de Mandiargues — et
comme je ne l'ai pas lu, je fais
confiance à l'auteur qui s'est
déclaré satisfait du travail du
réalisateur. Celui-ci abuse peut-
être un peu de la fantasmagorie
de la couleur, des jeux de labo-
ratoires pour exprimer le délire
des rêves, mais ce n'est pas
désagréable et quand il revient
sur terre, son film est plein de
beautés. Une vraie réussite.
Et l'héroïne, .Marianne Faith-
ful!, ni trop jolie, ni trop fabri-
quée, incarne parfaitement la
fille folle de son amant, avec
santé et jeunesse.
Son amant étant le beau
Delon, sa passion est bien jus-
tifiée. D'autant que Alain Delon
ajoute à ses charmes physiques
bien connus, une autorité, une
sûreté de jeu qui s'affirment et
s'imposent. — M. D.
LES FILMS Qt/'O.V PEUT VOIR
À LA RIGUEUR
LE MOIS LE PLUS BEAU
11 est dommage que la réali-
sation de ce film soit si sim-
pliste, regrettable que le scéna-
rio n'ait pas été mieux travaillé ;
l'histoire imaginée et dialoguée
par François Boyer valait mieux
que ça.
Le film reste cependant très
sympathique et se voit avec
plaisir. Il est également fort
bien interprété par un tas d'ac-
teurs de talent qui ont tenu à
y jouer ou même à y figurer.
On peut regretter que le réali-
sateur n'en ait pas toujours tiré
le meilleur profit. Je pense à
Géret qui est très bien, mais qui
ne contrôle et ne mesure pas
encore ses dons et sa puissance.
Le sujet : c'est ce qui se passe
du mois de mai 1940 à l'Armis-
tice, dans un village de la
Drôme, dont les habitants pen-
sent fort peu à la guerre jusqu'à
ce qu'elle vienne se rappeler à
leur souvenir en leur envoyant
ses autobus pleins de réfugiés,
ses soldats en retraite et leur
pagaille.
Tous les personnages clas-
siques sont là, bien sûr, mais
c'est que la France en est pleine,
avec le brave curé et son maire
laïque, le Français rouscailleur,
la bistrote au cœur tendre, les
amoureux seuls au monde. C'est
gentil, frais, amusant, un peu
image d'Epinal. à mi chemin en-
tre Pagnol et Clochemerle. C'est
aussi un peu trop parisien, ça
manque d'accent, comme les in-
terprètes. C'est un mini-film,
comme la jeune première est
déjà en mini-jupe, en 1940.
Il y a une scène savoureuse,
mal exploitée : la procession
qui se termine en pique-nique,
les chansons napolitaines suc-
cédant aux chants religieux.
Il y .a aussi un trait vengeur :
le pont tout neuf, nuque] les
villageois tenaient tant, sau-
tera, par leur faute. Ils n'avaient
qu'à mieux accueillir le pauvre
bamboula, qu'on était allé cher-
cher dans le fond de sa brousse,
pour venir défendre la patrie
de ses ancêtres les Gaulois,
comme on lui apprenait alors.
— M. D.
i ABONNEMENTS
DE VACANCES
Nous avisons les
| nombreux lecteurs qui
: nous ont signalé la dif-
j ficulté qu'ils éprouvent
i à se procurer le CA-
NARD ENCHAINE là
: où ils se trouvent du-
i rant la période estivale,
i que des abonnements
: dits de vacances leur
i sont consentis au prix
i de 0,90 F PAR SE-
MAINE.
Ils n'ont, pour béné-
ficier de ce tarif spé-
; cial, qu'à nous faire
i connaître leur adresse,
; à laquelle ils voudront |
! bien joindre le montant
i de cet abonnement cal-
I culé en raison du nom-
I bre de semaines où ils
: souhaitent recevoir le
1 CANARD.
autre». Vous aurex le droit,
avec une majorité accru»,
d'abrutir le public encore
plus qu'avant.
Cesses de trembler, TOUS
qui arei rejoint la grève en
croyant que c'était le cheval
gagnant.
Le moment de l'amnistie et
du pardon est arrivé.
Cesses de contester ce qui
Mt Incontestable, et tout ce
que vous risques, c'est d'étie
Jusqu'au 10 juillet, à la M.J.C.
de Vence (A.-M.).
Du 1" au 30 août, à Saint-
Igest « Vallée de l'Amitié »
(Avryron).
Le planning de IT'xposition est
assuré par un secrétariat ins-
tallé 11, rue du Fauconnier, à
Paris. C'est le siège des . Mal-
ions Internationales de la Jeu-
nes»* et des Etudiants » qui or-
ganise une série de stages,
sessions et rencontres de jeunes,
pendant tout l'été dans leur Cen-
tre de Haute-Provence et qui re-
cevrait volontiers les jeunes du
t Canard Enchaîné ».
Sur l'album de la Comtesse
n ept trop tard pour se brancher
•ur le jaulliem*.
PROBLEME N. 70»
I 2
Matraqués,
flics I
veut faites de sacre»
HORIZONTALEMENT. - L Affai-
res étrangères. — II. FM 1m consé-
quence d'une faute. — III. Possessif.
Mlmolojclsrae. En berne. — IV. C'est
affaire de J*nut. - V, Fn usajre En
épelant : un air particulier. Prêt an
sacrifice. — VI. C'est au plus jodiche
qu'il est demandé d'aller chercher
ton pépin. — Vil. En queue. Avant
le mélo. - VTII. Fleure. SI on le
aalue, c'est par «impie politesse. —
IX. Ça TOUS travaille. A refaire. —
X. Consacré. Nous allons T être, —
XI. Bonne sotur. Ville d'Asie.
VERTICALEMENT. — 1. Incendie.
2. Elle manque de fréquentation.
Ne rrpond pal i l'attente. — 3. A
dépasse la cinquantaine. Qui con-
cerne des moutons. — 4. Possessif.
Bouillotte. — 5. Le royaume d'tlyssc.
Conjonction. — (I. A chemise et hon-
net. Noircit à Londres. — 7. Abré-
viation. Qui en a gros sur la patate.
— fl. Moyen de fortune. Précède aussi
bien le rai] que la route. — (*. Drô-
lement louché. Ces dame! et ces d«.
molsclles.
SOLUTION DU PROBLEME N« 707
HORIZONTALEMENT. _ I. Babel.
BB.C. - II. Ararat. Ah. — m'
Film. Race. — IV. Ombilic. — V Ut.
Crie.. — VI. Intactes. — VH. Ifor.
On. — VIII. Liée. Ailé. — IX. Octo.
- X. S.R. Oie. _ XI. Trappeurs.
VERTICALEMENT. - l. Bafouilla.
- 2. ARIM imira) Or. _ S. Balbu-
lier. 4. Ermitaje. S.F. _ (. L».
Co. ORP _ «. Trictrac. - 7. Acrt.
Ito«- — S. Bac. Isoloir. _ ». Chère
Ne. Ea.
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Blanc GKNKVE C.C.P 12-16
(murimerlea Parisienne! Beunlet
11, Fbf Mcotmartr» Parla
Directeur rénér.i i "1*
Le Canard enchaîné ». — Mercredi 3 juillet 1968 — 7
|MMIIIIIimilMHHJUIIIIIIMIHIIUIIIIHHIIHIIIUHIHW
iHiriMi^
Les barrières douanières s'ouvrent... |
...mais les Français n'y voient I
pas plus loin |
que le bout de son nez J
UIHIMniHIIIIIIIHIIIMfinUMIIItIUMIMUIIIIMIIIMlinnilHMUIIIIIMIIIIIIIIIIHnilMInMIUllMlllllllItlIlIfllllllllinilMIIIIMIIIIIIIItlIlMHIIIIIIIIIIIHtIltIHlIffllMItlIllllllnIHIIfllIMIiniIlT'
L e Canard
enchaîne
La liberté, de la presse ne s'use que ai l'on ne s'en sert pas.
Directeur : Rédacteur en chef :
R. TRENO André RIBAUD
LE PREMIER TOUR ET LE SECOND SOUFFLE (Suite)
« Tout est réparé > (de Gaulle)
A bon entendeur...
M. Craintebille — dont
nous avions mercredi der-
nier évoqué la grande
peur — nous écrit :
« II est bien vrai qu'une
certaine trouille m'a poussé,
ces deux derniers dimanches,
à voter pour le parti godil-
lot. Mais sur la cause de cette
venette, vous vous mépre-
nez : ni Cohn-Bendit, ni
Waldeck Rochet n'y sont pour
rien. D'ailleurs, il m'avait
suffi de voir ce dernier agi-
ter sur le petit écran Je dra-
peau tricolore pour être plus
inquiet sur son sort (politi-
que) que sur le mien. Non,
Canard, ce qui m'a frappé,
c'est le discours du 30 mai,
où le général retour de Ba-
den-Baden, annonçait la mo-
bilisation immédiate de ce
qu'il appelait les Comités
d'Action Civique. Je ne suis
pas plus idiot qu'un Espagnol
ou qu'un Grec, et j'ai tout de
suite pigé.
J'ai compris que ce qui
nous pendait au nez, à nous
autres Français, si nous nous
écartions du droit chemin
tracé par notre Guide, ce
n'était pas le « coup de Pra-
gue », mais le < coup d'Athè-
nes » (ainsi que l'a fort bien
dit M. Pozzo di Borgo dans
le < Monde > ). Sans préju-
dice du coup de Massu.
Et d'ailleurs, pour qu'il n'y
ait aucune équivoque, on
nous a donné, si j'ose dire,
un certain avant-goût avec
l'assassinat du jeune Marc
Lanvin, près d'Arras, la bles-
sée de La Rochelle, et les
plastiquages opérés de - ci
dé-là.
Voilà pourquoi, tout bien
pesé, j'ai obtempéré en vo-
tant pour la défense de la Ré-
publique octroyée du Géné-
ral. Sans illusions, d'ailleurs,
car nous ne perdons rien,
vous et moi, pour attendre.
Craintebille.
N.D.L.R. MM. Louis Val-
lon, Capitant et Léo Hamon,
chefs de file des gaullistes
de gauche, nous prient de
faire savoir qu'il n'y a pas
lieu de l'inquiéter de l'ac-
tion des C.A.C. (Comités
d'Action Civique) : < Nous
avons en effet obtenu, nous
disent-ils, que dans chacun
de ces comités chargés d'as-
surer l'ordre gaullien, figure
un gaulliste de gauche >.
Ses veaux...
... ont été exaucés !
Et on n'a pas
encore tout bu...
Dans le « Monde > du
1" janvier dernier, on pou-
vait lire cette déclaration de
Mongénéral aux journalistes
venus lui présenter leurs
vœux :
« Cette année sera en-
core riche en événement».
Vous avez l'habitude de
préparer des cocktails très
forts. C'est votre métier
et c'est dans la nature des
choses. Et je pense que
cette année encore vous
aurez l'occasion d'exercer
vos talents et que vous ne
nous donnerez pat du
lait. »
Pour ce qui le concerne,
ce qu'il nous fait avaler se-
rait plutôt imbuvable.
Pompidou annonce des
réformes...
... qu'il réforme d'abord
le général !
Affaires à suivre
A propos des manifesta-
tions de mai, l'ensemble de
la presse s'est fait un devoir
de révéler que le responsable
de la mort du commissaire de
Lyon avait été arrêté.
Et le décès par noyade du
lycéen de Meulan ? Et la
mort par tir à balle du gré-
viste de Sochaux ?
Pour ces affaires-là aussi,
on aimerait savoir où en sont
les enquêtes...
Politesse
de grandeur
Un certain Georges Becker,
lui-même ancien député go-
dillot), écrit dans la « Na-
tion » (1-7) à propos des ad-
versaires du gaullisme :
« Ils refusent le senti-
ment qui devrait leur être
naturel de n'être que de
pauvres déchets. »
Allons, le dialogue s'an-
nonce bien 1
— Prisonnier, mais de quoi ?
s/VVV/VVNA^^yVVV\<VNA/V\^rfVVwA/SA/\/SA,
L'opposition n'a plus qu'à faire...
... anti-Chambre.
8 — « Le Canard enchaîné ». — Mercredi 3 juillet 1968
A travers la presse déchaînée,
Le comble
de l'horaire
De France-soir (30-6/1-7), c«
titre :
Vendredi 28 juin 1968, la
gare de Lyon déserte à
20 heure* du soir.
On n'est jamais trop précis.
Problème mojeur
Du Monde (25-6) :
Si ion ajoute les républi-
cains indépendants non
U.D.R. (4,14 0/0), la majo-
rité approche de près, dans
le corps électoral, la majo-
rité.
Reste à savoir si elle tou-
chera longtemps le plus grand
nombre.
Pompidouble
De Paris-Jour (24-6) i
Souriant tt d é tendu,
M. Pompidou a voté, chez
lut, à Monboudif, dont le
Cantal.
Du Pariittn Libéré du mémt
Jour :
M. tt Mme George* Pom-
pidou ont voté à la mairie
d'Orvilliers (Yvelines).
Lui, il voterait plutôt deux
fois qu'urnt 1
Sons crier gare
De Paris-Normandie (25-6) :
Deux trains se heurtent
sur une voix unique.
Cela arrive à certaines pla-
tes-formes électorales-
couches
laborieuses
De L'Union de Reims (24-6),
sous ce titre :
11 attendait des tri/ilcf :
c'étaient des quintuplés !
Cette information :
Des quadruplés, tous des
garçons, sont nés vendredi,
à Lafayette dans l'Etat d'In-
diana.
L'erreur n'est pas sans por-
tée.
Fausse note
De la revue Diapason (juin
1968) dans la biographie d'un
compositeur :
Wolf Hugo (1680-1903).
Il dépasst la rnesur* !
De Gaulle après ses deux
tours : il doit se prendre
pour Charlie grosse cote.
RUE DES
PETITES PERLES
• JACQUES DUHAMEL, le
26 juin, au micro d' « Europe
n« 1 > :
— Bien que vous me
traitiez de grenouille, je
n'ai pas l'intention de vous
répondre en croassant...
On en est resté coa.
• LU dans le numéro du
2U juin du € Courrier de NVu-
bourg » (Seine-Maritime) :
Sous l'impulsion de
M. Grimaud, son nouveau
directeur, l'Ecole d'Agri-
culture subit un total re-
nouveau.
("e que c'est que de s;ivnir
élever des vaches.
• JEAN FERXIOT. mer-
credi dernier, dans son édito-
rial de < Radio - Luxem-
bourg » :
— Par une curieuse
coïncidence, le 30 juin, se
trouve être la veille du
1" juillet...
Le plus curieux, c'est que
c'était aussi le lendemain du
29 juin.
Les géants
de la Route
r.n 58
C'était Charly Gatill*
En 68
C'est Charly Groiskott...
C'est ea
Le recyclage l
La chienlit non
La grande boucle
Oui !
Le Petit Poète.
Mieux que la Chambre
bleu horizon, notre Cham-
bre bleu C.R.S.
Une lettre au « Canard »
de Mme Fernandez
Livraisons à domicile
Franco de port !
LA semaine dernière, dans
une « lettre ouverte >
(ce qui évitait à la po-
lice de l'ouvrir elle-même)
j'avais écrit au Dr Georges
Fernandez, Français dénatu-
ralisé par de Gaulle et
expulsé de France pour rai-
son d'opinions, cette phrase
marquée au coin de la plus
grande naïveté : « Veau dé-
naturalisé, vous redevenez un
homme libre. >
Libre 1 C'était bien mal
connaître le régime du gé-
néral. C'est - grand - c'est -
généreux.
C'était oublier que, si les
Français sont des veaux, il
y a forcément des vaches
dans l'hexagonal pacage, —
comme dirait le commissaire
Bouvier. Et des vaches qui
sont de solides peaux du
même nom...
Voici un document qui,
•dans toute sa simplicité, en
dit plus long que n'importe
quel article de polémique :
la lettre que m'a envoyée
Mme Fernandez, femme du
docteur dénaturalisé. Vous
n'allez pas en croire vos
yeux :
« Contrairement à sa de-
mande lors de son arresta-
tion, mon mari n'a pat été
conduit à la frontière suisse.
Sa sœur, qui habite Genève, a
reçu du gouvernement de
Berne l'assurance qu'il n'avait
jamais été sollicité pour ad-
mettre en territoire suisse le
Dr Georges Fernandez. D'ail-
leurs, la Tribune de Genève
du 22 juin a publié une mis»
au point dans ce sens.
Ensuite, et voici le plus
« joli >, la police française
l'a purement et simplement
livré à la police espagnole
(quelle entente merveilleuse
entre la police gaulliste et la
franquiste /> Mats contraire-
ment à l'attente de la pre-
mière, la seconde a été très
correcte avec lui, — mon
mari m'a bien recommandé
d'insister sur ce point l
Après trois fours de maison
d'arrêt, pendant lesquels les
autorités espagnoles faisaient
leur enquête, il a été mis en
€ liberté surveillée » à Bar-
celone.
De toute évidence, c'est
dans l'espoir de lui nuire que
les autorités françaises ont
agi ainsi. On savait que son
père avait été colonel de l'Ar-
mée Républicaine espagnole,
Allez, anti-France!
Descartes sur table
... C'est pourquoi je prendrai garde soigneusement
de ne point recevoir en ma croyance aucune faus-
seté et préparerai si bien mon esprit à toutes les ruses
de ce grand trompeur, que, pour puissant et rusé qu'il
soit, il ne pourra jamais rien imposer.
Mais ce dessein est pénible et laborieux et une cer-
taine paresse m'entraîne insensiblement dans le train
de ma vie ordinaire. Et tout de même qu'un esclave
qui jouissait dans le sommeil d'une liberté imaginaire,
lorsqu'il commence à soupçonner que sa liberté n'est
qu'un songe, craint d'être réveillé et conspire avec ces
illusions agréables pour en être plus longuement
abusé, ainsi je retombe insensiblement de moi-même
dans mes anciennes opinions, et j'appréhende de me
réveiller de cet assoupissement...
(DESCARTES. Première méditation métaphysique.)
Et voilà pourquoi tant de Français encore ont cédé
aux ruses du grand trompeur et voté gaulliste aux élec-
tions de juin 1968.
D'Empire en pire...
... Mais dans un pays comme le nôtre qui. après
tant de convulsions, n'est sérieusement constitué que
depuis 10 ans, ce jeu régulier de» partis qui, chez nos
voisins, féconde si heureusement les libertés publi-
ques, ne pourrait dès aujourd'hui se reproduire qu'en
prolongeant la révolution et en compromettant la
liberté... Car chez nous, il y a des partis qui ne sont
encore que des factions, formés de débris de gouver-
nements déchus et bien qu'affaiblis chaque jour par
le temps qui, seul, peut les faire disparaître, ils ne
cherchent a pénétrer au cœur de nos institutions que
pour en vicier le principe et n'invoquent la liberté
que pour la tourner contre l'Etat.
Instructions du ministre de l'Intérieur PERSl-
G\Y aux préfets, publiées nu « Moniteur » du
10 mai 1863.)
... Et de Charles X en Charles XI
Celte jeunesse incertaine en tout, aveugle et clair-
voyante, ne lut comptée pour rien par des vieillards
jnloiix de garder les rênes de l'Etat dans leurs mains
débiles, tandis que la monarchie pouvait être sauvée
par leur retraite et par l'accès de cette jeune France
de laquelle aujourd'hui les vieux doctrinaires se
moquent.
(BALZAC. Histoire des Treize. )
Ohé Capitant !
... Moi. j'observe en riant tes manœuvres.
J'ai du plaisir à voir serpenter les couleuvi
(VICTOR HUGO. Torquein<i,i,i,>
condamné à mort par Franco
(il a pu s'enfuir). On savait
que son passeport espagnol
était périmé depuis 1961 —
un an avant qu'il fût dûment
naturalisé français (je dis
dûment car, en mai 63, lui
furent remis carte d'identité
nationale et passeport fran-
çais, qu'il conserva jusqu'en
octobre 67...). Enfin, on fit
tout pour le mettre dans une
situation délicate vis à vis
des autorités espagnoles,
puisqu'on Perthus, le
commissaire du lieu a dé-
claré, désolé, à mon mari,
qu'il ne pouvait rien pour lui,
car un coup de téléphone du
commissariat de Perpignan
au commissariat central de
Barcelone annonçait à la po-
lice espagnole qu'un < dan-
gereux individu subversif »
allait leur être remis. Si bien
que c'est menottes aux mains
qu'il réintégra ce pays qu'il
avait quitté à rage de 5 ans,
fuyant le fascisme et la ré-
pression. >
Voilà.
Voilà 1 e ramassis d'al-
guazils qui forme l'armature
de ce régime de grandeur :
pires, —vous avez bien lu—,
pires que la police phalan-
giste !
Le Dr Fernandez Jeté, par
des flics sadiques, dans la
fosse aux lions ! Livré aux
franquistes, Franco de port !
Les salauds !
S'il est besoin d'ajouter
quelque chose à cette lettre,
je note qu'elle m'est parve-
nue au moment même où le
ministère de l'Intérieur fai-
sait publier par la presse —
et deux fois à la télé — ce
communiqué : < Contraire-
ment à une information
inexacte, aucun étranger ré-
fugié politique n'a été ren-
voyé dans son pays d'ori-
gine >.
Non seulement sadiques,
mais menteurs, de surcroît '.
Cela va ensemble. Et c'était
la veille des élections...
Ah ! Combien nous aurions
souhaité que le Canard parût,
ave cette lettre la veille de ce
soir où le Pompidou triom-
phant affirmait, au micro de
Radio-Luxembourg, parlant
des résultats : « C'est un ré-
flexe de liberté contre les
contraintes. >
Oh 1 Je sais ce que Pom-
pidou, sourire en banane re-
trouvé, nous dira, en chorus
avec Marcellin :
— < De quoi «e plalnt-11,
votre Dr Fernandez ? Remer-
ciez-nous, au contraire, de
notre mansuétude : Français
dénaturalisé, nous l'avons
envoyé, tous frais payés, via
Barcelone^ sur la « Costa
Brava > : vous savez qu'il y
a actuellement quelque six
mille Français non dénatu-
ralisés qui passent tous le»
jours à Port-Bou ! Nou»
l'avons envoyé en « vacances
surveillées > — comme tout
le monde. Il parlait de la
Suisse... Mais vous savez bien
combien c'est triste, 1«
Suisse, en été... >
Ah I Les Brava gens !
C'est vrai : la foule de»
estivants français après avoir
bien voté, file chez Franco.
Il v seront chez eux.
Parfait : mais j« croîs biem
que je ne vais pas attendre
une décision gouvernemen-
tale pour me dénaturaliser
moi-même.
Bon courage, Madame
nandez !
Gabriel Maeé.
"Les frontières
on s'en fout!"
C'ETAIT an. des sloçatiM
des étudiant* de»
« groupuscules >.
À cette époque, les manda-
rins, les caciques, Ut Bur-
graves à trois poils — bref,
le choeur antique — trouvait
que le culot de ces jeune»
gens passait les bornes.
Et pourtant, le 1" juillet,
les graves économistes da
Marché commun ont joyeuse-
ment claqué les pupitres, en
clamant : — < Les frontières
en s'en fout ! »
Et de faire nn fen de )oit
avec les poteaux bariolés. Et
d'envoyer les douaniers faire
de la peinture à l'huilé, à
l'école de fe* l« douanier
Rousseau,
Bravo l On applaudit à et
premier geste : puissent
d'autres barrière* tomber ra-
pidement t
Malheureusement, le» Si»
seraient plutôt Cinq : la
France gaullienne rechigne.
Le* veaux, c'est connu, t*
plaisent dans les enclos.
Et l'on conti-
nue, ici, à penser
que l'abolition des
frontières est un
acte de CoA«-
Bendttitnté,
— Après la dissolution* ta Chambre
Introuable f...
Envoyez le négatif
Avis paru dans les « Dernière» Nouvelle! d'Alsace »
(30-6) :
René RADIUS
DEPUTE M STRASBOURG
guidé par le seul souci d'un*. Information objective e!
honnête, offre la somme de cent mille francs à la personne
qui lui remettra h» photographia, authentique I» repré-
senfant la 1er juin 1968 en train de jeter un pavé ver» !•
Palais de l'université de Strasbourg.
(Communiqué)
On sait, le « Canard » l'a raconté la semaine der-
nière dans sa mare, que Radius réélu l'autre diman-
che, avait été surpris par l'objectif bombardant les
locaux universitaires à la tête de manifestants gaul-
listes le 31 mai.
M. Radius s'était fait passer dans la presse régio-
nale alsacienne comme un champion de l'apaisement
qui s'efforçait de calmer les excités gaullistes.
On comprend qu'il tienne à retirer de la circula-
tion cette photo. D'ordinaire ce genre d'offre se fait
plus discrètement
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Le Canard Enchaîné
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