Architecture mouvement continuite

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architecture mouvement continuité
bulletin de la société des architectes diplômés par le gouvernement
supplément au numéro 167
MAI 68
Entreprendre ici une analyse des
événements et de leurs consé-
quences sur notre profession est
prématuré et hors de propos.
Chacun doit s'efforcer pourtant
de comprendre l'événement. Le
but de cette publication est de
permettre cette compréhension et
non de commenter les faits. Elle
comprend donc la quasi-totalité
des textes issus du 14 rue
Bonaparte depuis le 15 mai 1968
et qu'il nous a été donné de
réunir jusqu'au 11 juin 1968.
Le texte d'Henri Lefebvre, pro-
fesseur à la Faculté de Nanterre.
que nous reproduisons ici fait
exception. Tiré de son récent
ouvrage Le droit à la ville *.
il nous paraît pouvoir apporter
un éclairage global complémen-
taire. Précisons que le rapproche-
ment qui est fait ici entre le
texte d'Henri Lefebvre et l'ensemble
des autres textes n'est que le
fait de notre comité de rédaction.
Nous joignons également un texte
en provenance du Centre Germer
qui fut affiché dans la salle de
l'Horloge et. pour référence, le
décret n° 62179 du 16 février
1962 relatif à renseignement de
l'architecture. Aux prises déposi-
tion de groupes, il nous a semblé
intéressant de joindre celles des
services techniques du ministère
de l'Équipement.
* Henri Lefebvre « Le Droit à la Ville »
Éditions Anthropos, Paris 1967.
Thèse sur la ville,
l'urbain et l'urbanisme
HENRI LEFEBVRE
1. Deux groupes de questions ont masqué les problèmes de la ville et de la
société urbaine, deux ordres d'urgence : les questions du logement et de
« l'habitat » (relevant d'une politique du logement et de techniques archi-
tecturales) — celles de l'organisation industrielle et de la planification globale.
Les premières par en bas, les secondes par en haut ont produit en le dissimulant
à l'attention un éclatement de la morphologie traditionnelle des villes, alors
que se poursuivait l'urbanisation de la société. D'où une contradiction nouvelle
s'ajoutant aux autres contradictions non résolues de la société existante, les
aggravant, leur donnant un autre sens.
2. Ces deux groupes de problèmes ont été et sont posés par la croissance
économique, par la production industrielle. L'expérience pratique montre
qu'il peut y avoir croissance sans développement social (croissance quanti-
tative, sans développement qualitatif). Dans ces conditions, les changements
dans la société sont plus apparents que réels. Le fétichisme et l'idéologie du
changement (autrement dit : l'idéologie de la modernité) couvrent la stag-
nation des rapports sociaux essentiels. Le développement de la société ne peut
se concevoir que dans la vie urbaine, par la réalisation de la société urbaine.
3. Le double processus d'industrialisation et d'urbanisation perd tout sens
si l'on ne conçoit pas la société urbaine comme but et finalité de l'induStria-
lisation, si l'on subordonne la vie urbaine à la croissance industrielle. Celle-ci
fournit les conditions et les moyens de la société urbaine. Que l'on proclame
la rationalité industrielle comme nécessaire et comme suffisante, l'on détruit
le sens (l'orientation, le but) du processus. L'industrialisation produit l'urba-
nisation d'abord négativement (éclatement de la ville traditionnelle, de sa
morphologie, de sa réalité pratico-sensible). Après quoi l'on est à pied d'œuvre.
La société urbaine commence sur les ruines de la ville ancienne et de son
environnement agraire. Au cours de ces changements, le rapport entre l'indus-
trialisation et l'urbanisation se transforme. La ville cesse d'être le contenant,
le réceptacle passif des produits et de la production. Ce qui subsiste et se
raffermit de la réalité urbaine dans sa dislocation, le centre de décision, entre
dès lors dans les moyens de la production et les dispositifs de l'exploitation
du travail social par ceux qui détiennent l'information, la culture, les pouvoirs
de décision eux-mêmes. Seule une théorie permet d'utiliser les données
pratiques et de réaliser effectivement la société urbaine.
4. Pour cette réalisation, ni l'organisation de l'entreprise, ni la planification
globale, nécessaires, ne suffisent. Un bond en avant de la rationalité s'accomplit.
Ni 1' État ni l'Entreprise ne fournissent les modèles de rationalité et de réalité
indispensables.
5. La réalisation de la société urbaine appelle une planification orientée vers
les besoins sociaux, ceux de la société urbaine. Elle nécessite une science de
la ville (des relations et corrélations dans la vie urbaine). Nécessaires, ces
conditions ne suffisent pas. Une force sociale et politique capable de mettre
en œuvre ces moyens (qui ne sont que des moyens) est également indispensable.
6. La classe ouvrière subit les conséquences de l'éclatement des morphologies
anciennes. Elle est victime d'une ségrégation, stratégie de classe permise
par cet éclatement. Telle est la forme actuelle de la situation négative du pro-
létariat. L'ancienne misère prolétarienne s'atténue et tend à disparaître dans
les grands pays industriels. Une nouvelle misère s'étend, qui touche princi-
palement le prolétariat sans épargner d'autres couches et classes sociales :
la misère de l'habitat, celle de l'habitant soumis à une quotidienneté organisée
(dans et par la société bureaucratique de consommation dirigée). A ceux qui
douteraient encore de son existence comme classe, la ségrégation et la misère
de son « habiter » désignent sur le terrain la classe ouvrière.
7. Dans des conditions difficiles, au sein de cette société qui ne peut complè-
tement s'y opposer et cependant leur barre la route, se fraient leur chemin
des droits, qui définissent la civilisation (dans, mais souvent contre la société —
par mais souvent contre la « culture »). Ces droits mal reconnus deviennent
peu à peu coutumiers avant de s'inscrire dans les codes formalisés. Ils change-
raient la réalité s'ils entraient dans la pratique sociale : droit au travail, à l'ins-
truction, à l'éducation, à la santé, au logement, aux loisirs, à la vie. Parmi
ces droits en formation figure le droit à la ville (non pas à la ville ancienne
mais à la vie urbaine, à la centralité rénovée, aux lieux de rencontres et
d'échanges, aux rythmes de vie et emplois du temps permettant l'usage plein
et entier de ces moments et lieux, etc.). La proclamation et la réalisation de
la vie urbaine comme règne de l'usage (de l'échange et de la rencontre dégagés
de la valeur d'échange) réclament la maîtrise de l'économique (de la valeur
d'échange, du marché et de la marchandise) et s'inscrivent par conséquent
dans les perspectives de la révolution sous hégémonie de la classe ouvrière.
8. Pour la classe ouvière, rejetée des centres vers les périphéries, dépossédée
de la ville, expropriée ainsi des meilleurs résultats de son activité, ce droit
a une portée et une signification particulières. Il représente pour elle à la fois
un moyen et un but. Un chemin et un horizon; mais cette action virtuelle
de la classe ouvrière représente aussi les intérêts généraux de la civilisation
et les intérêts particuliers de toutes les couches sociales d' « habitants », pour
qui l'intégration et la participation deviennent obsessionnelles sans qu'ils
parviennent à rendre efficaces ces obsessions.
9. La transformation révolutionnaire de la société a pour terrain et pour
levier la production industrielle. C'est pourquoi il a fallu montrer que le centre
urbain de décision ne peut plus se considérer (dans la société actuelle : le
néo-capitalisme ou capitalisme monopolistique lié à l'Etat) en dehors des
moyens de production, de leur propriété, de leur gestion. Seule la prise en charge
de la planification par la classe ouvrière et ses mandataires politiques peut
modifier profondément la vie sociale et ouvrir une seconde ère : celle du socia-
lisme, dans les pays néo-capitalistes. Jusque-là, les transformations restent
en surface au niveau des signes et de la consommation des signes, du langage
et du métalangage (discours au deuxième degré, discours sur les discours
antérieurs). Ce n'est donc pas sans réserves que l'on peut parler de révolution
urbaine. Toutefois l'orientation de la production industrielle sur les besoins
sociaux n'est pas un fait secondaire. La finalité ainsi apportée aux plans les
transforme. La réforme urbaine a donc une portée révolutionnaire. Comme au
cours de ce xxe siècle, la réforme agraire, qui peu à peu disparaît de l'horizon,
la réforme urbaine est une réforme révolutionnaire. Elle donne lieu à une
Stratégie de la classe aujourd'hui dominante.
10. Seul le prolétariat peut investir son activité sociale et politique dans la
réalisation de la société urbaine. Seul également, il peut renouveler le sens
de l'activité productrice et créatrice, en détruisant l'idéologie de la consom-
mation. Il a donc la capacité de produire un nouvel humanisme, différent du
vieil humanisme libéral qui achève sa course : celui de l'homme urbain pour
qui et par qui la ville et sa propre vie quotidienne dans la ville deviennent
œuvre, appropriation, valeur d'usage (et non valeur d'échange) en se servant
de tous les moyens de la science, de l'art, de la technique, de la domination
sur la nature matérielle.
11. Cependant la différence persiste entre produit et œuvre. Au sens de la
production des produits (de la maîtrise scientifique et technique sur la nature
matérielle) doit s'ajouter pour ensuite prédominer le sens de l'œuvre, de l'appro-
priation (du temps, de l'espace, du corps, du désir). Et cela dans et par la
société urbaine qui commence. Or la classe ouvrière n'a pas spontanément
le sens de l'œuvre. Il s'eSl estompé, il a presque disparu avec l'artisanat et
le métier et la « qualité ». Où se trouve ce précieux dépôt, le sens de l'œuvre ?
D'où la classe ouvrière peut-elle le recevoir pour le porter à un degré supé-
rieur en l'unissant à l'intelligence productrice et à la raison pratiquement
dialectique ? La philosophie et la tradition philosophique entière, d'une part,
et d'autre part l'art tout entier (non sans critique radicale de leurs dons et
présents) contiennent le sens de l'œuvre.
12. Ceci appelle à côté de la révolution économique (planification orientée
vers les besoins sociaux) et de la révolution politique (contrôle démocratique
de l'appareil d'État, autogestion généralisée) une révolution culturelle perma-
nente.
l
Il n'y a pas d'incompatibilité entre ces niveaux de la révolution totale, pas plus
u'entre la Stratégie urbaine (réforme révolutionnaire visant la réalisation
e la société urbaine sur la base d'une industrialisation avancée et planifiée)
et la Stratégie visant la transormation de la vie paysanne traditionnelle par
l'industrialisation. Bien plus : dans la plupart des pays, aujourd'hui la réalisa-
tion de la société urbaine passe par la réforme agraire et l'industrialisation.
Qu'un front mondial soit possible, cela ne fait aucun doute. Qu'il soit impos-
sible aujourd'hui, c'eSt également certain. Cette utopie, ici comme souvent,
projette sur l'horizon un « possible-impossible ». Par malheur ou par bonheur,
le temps, celui de FhiStoire et de la pratique sociale, diffère du temps des phi-
losophies. Même s'il ne produit pas de l'irréversible, il peut produire du
difficilement réparable. L'humanité ne se pose que les problèmes qu'elle peut
résoudre, a écrit Marx. Certains pensent aujourd'hui que les hommes ne se
posent que des problèmes insolubles. Ils démentent la raison. Toutefois il y
a peut-être des problèmes faciles à résoudre, dont la solution est là, toute
proche, et que les gens ne se posent pas.
Paris, 1967 (Centenaire du Capital) Henri LEFEBVRE
NSIER.....CENSIER.....CENSIER.....CENSIER.....CENSIER.....CENSIER\
APPEL AUX ÉTUDIANTS
Étudiants, il ne faut pas nous laisser duper une fois de plus.
Etudiants, il faut prendre conscience de ce que nous avons tous fait confusément, à la hâte dans la rue.
Étudiants, il faut être lucides et ne pas accepter d'être récupérés, assimilés ou compris avec nos petits
problèmes de privilégiés.
Étudiants, nous sommes des adultes, nous sommes des travailleurs, nous sommes des responsables.
Exposons clairement ce que nous voulons et nous devons prendre le temps de le savoir.
THÈSE 1
II n'y a pas de problème étudiant. L' « étudiant » est une notion périmée. Nous sommes des privilégiés
parce que nous seuls avons le temps, la possibilité matérielle, physique, de prendre conscience de notre
état et de l'état de la société. Abolissons ce privilège et faisons que tout le monde puisse devenir privilégié.
THÈSE 2
Etudiants, ne nous laissons pas scinder des professeurs et des autres classes de la société. Ne nous laissons
pas enfermer dans une classe d'étudiants avec ses problèmes d'intégration économique et sociale. NOUS
SOMMES DES TRAVAILLEURS COMME LES AUTRES. Nous sommes un investissement, un
capital pour la société. Nous devons être payés et considérés comme tout autre travailleur ayant sa fonction
sociale. Ne nous laissons pas traiter en parasites. Refusons d'être des « fils à papa », c'est-à-dire d'être
dépendants économiquement.
THÈSE 3
Etudiants, nous refusons la société de consommation. Nous avons tort. Nous voulons consommer, mais
consommer ce que nous avons décidé de produire.
THÈSE 4
Etudiants, ne cédons pas à l'ouvriérisme. La classe ouvrière dans son ensemble a été flouée comme on essaye
de nous flouer actuellement. Les moyens de choisir ne lui ont pas été donnés, c'est-à-dire l'éducation nécessaire
à une prise de conscience.
THÈSE 5
Refusons les compromis avec les dirigeants syndicaux. Ils se sont eux aussi laissé abuser et ont ainsi
trahi tous les travailleurs en faisant d'eux des consommateurs aveugles. Personne ne leur a fait saisir
l'importance de cette banalité. Le travailleur ne consomme que ce qu'il produit. La semaine de 40 heures
a été volontairement reniée par la classe ouvrière car la consommation lui a été présentée comme un but
ultime, une fin en soi.
THÈSE 6
L'embourgeoisement de la classe ouvrière a été une entreprise du capitalisme moderne et al'échelle mondiale.
Il a fait miroiter ses propres privilèges comme accessibles à tous, amorçant ainsi le cycle infernal des besoins
et «pseudo-besoins ». Il a pu ainsi diviser le monde en deux : les nantis et tous ceux susceptibles de le devenir
face aux « exclus-provisoires » de ce monde, les pays dits « sous-développés ». Ainsi la solidarité de la
bourgeoisie et du prolétariat s'est-elle faite contre le « lumpen-prolétariat » du tiers monde.
THÈSE 7
Ëudiants, nous sommes le « lumpen-prolétariat » de la société de consommation. Acceptons notre fonction
historique. Supprimons-nous et avec nous supprimons tous les « lumpen-prolétariats ».
THÈSE 8
Etudiants, ne cédons pas au chantage de l'apolitisme. Notre lutte a toujours été politique et ne peut que
l'être. Refusons les palliatifs de la compréhension, le paternalisme, le bon sens qui nous sont demandés.
THÈSE 9
Étudiants, il faut continuer la lutte pour un changement radical de la société.
THÈSE 10
Étudiants, refusons le « révolutionnisme ». Il ne s'agit pas défaire la révolution — n'importe quelle révolution
— car elle ne se fera pas.
LA RÉVOLUTION N'EST PAS UN LUXE, NI MÊME UN ART. ELLE EST UNE NÉCESSITÉ
HISTORIQUE QUAND TOUT AUTRE MOYEN EST IMPOSSIBLE.
La révolution est la continuation d'un dialogue quand celui-ci n'est plus possible.
THÈSE 11
Etudiants, nous devons faire la révolution, elle sera dure et longue. Ne nous laissons pas duper. La révolution
n'est pas quelques amphis et quelques professeurs en plus. Cela ne changera rien à notre situation dans la
société car notre condition n'est que le produit de l'état de la société dans son ensemble.
.. CENSIER..... CENSIER.....CENSIER..... CENSIER..... CENSIER..... CEN
THÈSE 12
Si notre situation nous entraîne à la violence, c'est que la société toute entière nous fait violence car le
fondement de la société est la violence.
THÈSE 13
Étudiants, refusons la violence du « bonheur » faite à tout le monde ; ce bonheur scandaleux des heures
supplémentaires, du marchandage infect de la force de travail et de la force vitale échangées contre quelques
hochets en noir et blanc et en couleur, ne servant ensuite qu'à mieux nous priver de notre humanité.
THÈSE 14
Étudiants, nous seuls pouvons refuser cela car nous sommes privilégiés de ne pas être encore entrés dans
ce cycle infernal. Personne ne nous aidera car personne ne le peut. Nous n'étions autrefois qu'une petite
minorité de facteurs privilégiés nécessairement et facilement intégrables. Nous sommes maintenant une
trop grande minorité. Telle est la contradiction où nous sommes placés. TELLE EST NOTRE FORCE
RËVOL UTIONNAIRE.
THÈSE 15
Etudiants, ne comptons que sur notre jeunesse, notre immaturité, notre absence de responsabilités pour
imposer que tout le monde ait une vue claire, puisse véritablement devenir adulte, mûr, responsable, homme
enfin.
THÈSE 16
Étudiants, ne nous laissons pas tromper par les maîtres à penser. Il faut que nous repensions nous-mêmes
car nous seuls avons les moyens de le faire. Nous seuls avons la possibilité de dire non. Les autres travailleurs
responsables politiques, syndicaux, gouvernementaux ont déjà dit oui en acceptant totalement leurs rôles
respectifs. Ils ne se querellent que pour mieux se sentir solidaires et ne pas remettre en cause les règles
du « jeu des forces » dans lequel ils s'épuisent.
THÈSE 17
Étudiants, il faut que tout le monde ait des droits, non des « rôles ». Soyons autre chose que des personnages
d'une tragi-comédie qui n'est même plus bouffonne.
THÈSE 18
Étudiants, acceptons les moyens de nos fins. Si nous voulons un changement radical, nous ne l'obtiendrons
pas par un dialogue, car celui-ci n'existe plus depuis longtemps. Si nous voulons simplement un aména-
gement de nos futurs privilèges de la classe dirigeante, continuons notre apprentissage et ne nous donnons
pas l'illusion de la « révolution ».
ÉTUDIANTS, CHOISISSONS, MAIS CHOISISSONS VITE
THÈSE 19
Étudiants, il faut libérer nos camarades et reprendre nos « activités professionnelles ». Cela est notre but
premier dans l'ordre des urgences, mais il n'est pas le seul ni le plus important.
THÈSE 20
Étudiants, refusons le dialogue de sourd des mots, mais refusons aussi le dialogue de la « force brutale
et conventionnelle ». Aller à la boucherie c'est commencer un dialogue où nous partons perdants.
GARDONS L'INITIATIVE. NE NOUS RETRANCHONS PAS, NI DERRIÈRE DES POINTS,
NI DERRIÈRE DES BARRICADES. NE NOUS DÉFENDONS PAS. ATTAQUONS!
THÈSE 21
Etudiants, prenons nos responsabilités envers nous-mêmes et envers les autres. Refusons catégoriquement
l'idéologie du rendement, du progrès et des pseudo-forces du même nom. Le progrès sera ce que nous voudrons
qu'il soit. Refusons l'engrenage du « luxe » et du « nécessaire » stéréotypés et imposés à tous ceux qui
produisent et consomment, en même temps, mais que l'on divise arbitrairement.
THÈSE 22
Refermons toutes ces divisions perpétuées consciemment ou inconsciemment du prolétaire et du bourgeois,
du travailleur intellectuel et du travailleur manuel. Le travailleur intellectuel n'est tout simplement pas
travailleur car il a fallu une fois le travail isolé de celui qui le fournit déshumaniser par la concentration
des moyens de production et les progrès techniques, il a fallu valoriser la seule chose restante : le travail
brut, la force, la violence.
THÈSE 23
Refusons aussi la division de la science et de l'idéologie, la plus précieuse de toutes puisque nous la sécrétons
nous-mêmes. Cette division se prétend elle-même scientifique dans la mesure où la science est l'idéologie
dominante et la caution de tous les abus et reculs ou idéologie scientifique.
11
MOTION DU 15 MAI
Mercredi 15 mai. 12 heures.
Pourquoi prolongeons-nous la lutte ? Contre quoi luttons-nous ? Nous luttons contre l'Université de classe, nous voulons organiser
la lutte contre tous ses aspects :
1. Nous critiquons la sélection sociale qui s'opère tout au long des études du primaire au supérieur au détriment des enfants
de la classe ouvrière et des paysans pauvres.
Nous voulons lutter contre le système des examens, des concours, principal moyen de cette sélection.
Z. Nous critiquons le contenu de l'enseignement et les formes pédagogiques de sa diffusion. Parce que tout est organisé pour que
les produits du système n'acquièrent pas une conscience critique aussi bien à l'égard de la connaissance que de la réalité sociale
et économique.
3. Nous critiquons le rôle que la société attend des intellectuels : être des chiens de garde du système de production économique,
être des cadres technocratiques. Faire en sorte que chacun se sente bien à sa place, surtout lors que ce «chacun», est à une place
d'exploité.
Que signifient ces critiques pour ce qui est de l'école d'architecture ? pour ce qui est de l'école de peinture et de sculpture ?
C'est bien sûr aux Commissions de le définir précisément mais nous pouvons déjà le dire pour ce qui est de l'architecture :
— Nous voulons lutter contre la domination de la profession sous la forme du Conseil de l'Ordre ou d'autres organismes
corporatifs, sur l'enseignement. Nous sommes contre le système du Patron en tant que méthode pédagogique. Nous sommes
contre l'idéologie conformiste que le système diffuse. L'enseignement de l'architecture ne doit pas être la seule répétition de ce
que fait le patron jusqu'à ce que, finalement, l'élève en soit une copie conforme.
— Nous voulons lutter contre les conditions de la production architecturale qui la soumettent en fait aux intérêts des promoteurs
publics ou privés. Combien d'architectes ont-ils accepté de réaliser des Sarcelles grands ou petits ? Combien d'architectes
tiennent compte dans leur cahier des charges des conditions d'information, d'hygiène, de sécurité des travailleurs sur les
chantiers et le feraient-ils, qu'aucuns promoteurs ne répondraient à leur appels d'offres ? Et l'on sait qu'il y a 3 morts par jour en
France dans l'industrie du bâtiment.
— Nous voulons lutter contre un contenu de l'enseignement particulièrement conservateur, particulièrement peu rationnel et peu
scientifique où les impressions et les habitudes personnelles continuent de prévaloir sur les connaissances objectives.
L'idéologie du prix de Rome est encore vivace.
En deux mots nous voulons prendre conscience des rapports réels de l'école et de la société ; nous voulons lutter contre son
caractère de classe.
Cette lutte, nous devons savoir que nous ne pouvons la mener seuls. Nous ne devons pas tomber dans l'illusion que les univer-
sitaires pourront instaurer dans leurs facultés des noyaux d'autonomie réelle par rapport à l'ensemble de la société bourgeoise.
C'est au côté des travailleurs, qui sont les principales victimes de la sélection sociale,[qu'opéré le système d'enseignement,
que les universitaires doivent lutter. La lutte contre l'Université de classe doit être organiquement liée à la lutte de l'ensemble
des travailleurs contre le système d'exploitation capitaliste.
II faut donc nous engager : à remettre en cause les rapports qui régissent actuellement la profession et l'enseignement :
— Remettre en cause la séparation actuelle de l'E.N.S.B.A. d'avec l'enseignement supérieur ;
— Refuser d'effectuer toute forme de présélection à l'entrée à l'école ;
— Lutter contre le système actuel des examens et concours ;
— Vous préparer à la lutte avec les travailleurs ;
— Vous préparer à la lutte contre les décrets de réforme ;
— Établir des rapports réels de lutte avec les travailleurs.
Sur toutes ces questions, nous devons avoir les débats les plus libres.
TOUS LES ENSEIGNANTS DOIVENT SE PRONONCER.
DES FORMES D'ORGANISATION DE LUTTE DOIVENT ÊTRE TROUVÉES.
COMITÉ DE GRÈVE
Conférence de presse
L'ORIGINE, LE DÉVELOPPEMENT, LES PERPECTIVES ET LES STRUCTURES DE LA GRÈVE A L'EX-ÉCOLE NATIONALE
SUPÉRIEURE DES BEAUX-ARTS DE PARIS
L'ORIGINE
La grève a été déclenchée à la suite de l'appel de l'U.N.E.F. et du S.N.E. Sup. par les sections U.N.E.F. et S.N.E. Sup, de l'E.N.S.B.A.
pour la satisfaction des trois points de l'U.N.E.F.
Elle était en même temps l'expression du malaise profond qui régnait à l'école. Il était évident que, aussi bien les structures que le
contenu de l'enseignement étaient complètement dépassés et qu'une réforme s'imposait. Un « dialogue » nous fut proposé, des
commissions dites » paritaires » formées, mais nous nous aperçûmes vite que c'était un dialogue de sourds et qu'il s'agissait en fait
d'une caution et non d'une participation.
Des contraintes inhérentes au cadre même des discussions telles que :
— les nécessités socio-économiques (5e plan) ;
— les possibilités financières très réduites de notre ministère de tutelle (affaires culturelles) ;
— l'impuissance (volontaire ou non) à dépasser des structures corporatistes et à remettre radicalement en cause la notion même de
l'architecture et le rôle objectif dans notre société ;
— la fixation du cadre bâti d'une structure oppressive — la société capitaliste — qui subordonne l'organisation de l'espace aux impératifs
du rendement maximum. L'architecte étant au service du commanditaire et non au service de l'usager.
On ne peut prétendre résoudre les problèmes d'enseignement de l'architecture sans avoir au préalable répondu aux questions :
— Qu'est-ce que l'architecture ?
— Qui va la faire ?
— Au service de qui ?
— Pour qui ?
Tous ces facteurs ont imposé à la grève la nécessité d'un dépassement du cadre de l'école et d'une nette politisation du mouvement.
LE DÉVELOPPEMENT
Une des premières décisions que nous avons prises a été de dissoudre l'école des Beaux-Arts afin d'élargir le cadre des discussions
à l'ensemble des gens qui sont ou peuvent être concernés par le domaine bâti aussi bien constructeurs qu'utilisateurs.
Nous sommes intervenus à deux niveaux :
1° A l'Université pour opérer une liaison réelle à la base avec tous ceux (sociologues, économistes, ingénieurs, élèves et enseignants)
qui participent à l'élaboration du domaine bâti.
2° Dans la profession d'architecte pour une transformation profonde — en exigeant la destruction des structures féodales telles que
l'ordre des architectes :
— En dénonçant toute forme de corporatisme et toute tentative de présenter le mouvement comme tel (voir communiqué du syndicat
des architectes de la région parisienne, de la Confédération générale des architectes français). Notre but n'étant pas de défendre les
intérêts des architectes au détriment des autres travailleurs ;
— En dénonçant les structures économiques basées sur la spéculation forcenée et la recherche du profit maximum qui définissent le
cadre de l'urbanisme actuel où les organismes d'aménagement du territoire et d'urbanisation sont financés en totalité ou en partie par
les banques d'affaires. L'architecte actuellement a le choix entre être voleur (devenir le grand patron d'agence, requin financier à la
recherche de nouvelles affaires) ou volé (être bon « nègre » — dessinateur d'agence, c'est-à-dire se laisser exploiter par les grands
patrons.
Nous voulons que notre mouvement s'insère dans la lutte des travailleurs, d'une part enj envoyant des équipes 'dans les usines en grève,
d'autre part en créant un atelier populaire où, sur les mots d'ordre élaborés par les travailleurs, nous fabriquons et diffusons des affiches,
Ces affiches, travail collectif sans « vedette », essayent de montrer ce que peut être l'art populaire, l'art au service du peuple.
LES STRUCTURES
Nous refusons les structures anciennes, les partis traditionnels et le parlementarisme parce qu'ils sont basés sur le principe de la
délégation de pouvoir et l'abandon des responsabilités au profit de quelques-uns qu'on appelle les dirigeants.
Nous essayons de trouver des structures où il soit possible à chacun de s'exprimer et de se sentir responsable de l'ensemble du
mouvement et où la division du travail se trouverait réduite au strict minimum, n'étant ni hiérarchisée ni figée. Il s'agit de déclencher
une prise de conscience de tous les problèmes énumérés. La prise de conscience est la seule garantie du développement de notre
mouvement. Les structures que nous avons élaborées ne sont pas institutionnalisées et semblent, pour le moment, correspondre le
mieux aux objectifs que nous nous sommes fixés.
1.L'Assemblée générale seule possède le pouvoir de décision. Elle entérine les résultats du travail des commissions. Les débats
d'orientation politique sont discutés en Assemblée générale.
2. Les Commissions se réunissent autour d'un problème précis. Il n'y a pas de répartition fixe, afin que chacun puisse participer aux
commissions qui l'intéressent :
Quelques thèmes non limitatifs :
— déféodalisation de la profession ;
— structures économiques du domaine bâti ;
— luttes étudiantes, luttes ouvrières ;
— rôle objectif de l'E.N.S.B.A.
3. Le Comité d'action et d'information assure la liaison avec l'extérieur et popularise la grève dans tous les secteurs du bâtiment.
4. Le Comité de coordination contrôle l'ensemble de la grève, ne prend aucune décision sinon celles concernant la sécurité des
grévistes. Il essaye de susciter les débats, relancer le mouvement et également préciser la ligne politique telle qu'elle se dégage des
Assemblées générales et du travail des Commissions.
LES PERSPECTIVES
Nous ne sommes qu' une force d'appoint, le front principal étant celui des travailleurs. Eux seuls peuvent radicalement modifier le rapport
de force qui est déterminant pour que notre mouvement puisse aboutir. Sur notre terrain, nous pousserons la lutte aussi loin que possible.
Nos objectifs immédiats sont :
— abrogation du décret-cadre 1962 qui définit la réforme des études d'architecture et qui équivaut au plan Fouchet ;
— rattachement à l'Université.
Mais nous ne comptons pas nous arrêter là. Il nous faut créer à l'école et dans la profession, une situation irréversible. Nous nous efforçons
de détruire les structures anciennes. Il faut que l'ORDRE disparaisse et que les grands patrons qui régnent à la fois sur l'école et sur la
profession démissionnent, mais nous ne permettrons pas l'installation de réformes qui tenteraient d'adapter l'enseignement aux besoins
d'une société que nous rejetons. Nous refusons toutes réformes qui laisseraient intactes les structures fondamentales de la société
capitaliste ; rapports de production et schémas idéologiques (supériorité du travail intellectuel sur le travail manuel, notion de l'Art, du
Goût, du Beau).
Notre mouvement se développera dans deux directions :
1° Renforcer notre mouvement à l'école et dans l'Université en démolissant aussi bien les structures archaïques que les tentatives
réformistes. On ne pourra construire que si les édifices existants sont démolis et le terrain déblayé.
2° Élargir le mouvement vers l'extérieur en essayant d'opérer une réelle jonction à la base avec tous les travailleurs qu'ils soient du
secteur du bâtiment ou autres.
COMITE DE GRÈVE
13
Assemblées générales
14
TRAVAIL EFFECTUÉ DANS LES COM-
MISSIONS
ADMISSION
Les admissionnistes ont le moyen de
concrétiser effectivement cette action par
le boycott du concours mais ceci ne peut
être envisagé que dans le cadre général ;
ils demandent à l'Assemblée générale de
décider le boycott de tous les projets
valeurs diplôme, prix de Rome, etc,, actuel-
lement en cours comme cela à été fait
dans de nombreuses écoles et facultés.
ENSEIGNEMENT DE L'ARCHITECTURE
Motions votées :
1° A la suite d'une analyse critique nous
refusons le système des patrons dans les
structures actuelles de l'enseignement ;
2° Exemple : nous exigeons la suppression
du système patronal comme système d'en-
seignement ;
3° Nous ne reconnaissons à quiconque le
pouvoir de modifier, de transformer ou
annuler les décisions prises par l'Assem-
blée générale sur l'enseignement de l'ar-
chitecture et nous ne reconnaissons plus
au Conseil supérieur de l'architecture et
demandons sa suppression.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE : PEINTRES,
SCULPTEURS, GRAVEURS.
En présence de nombreux professeurs, il
a été décidé :
1° Une demande de report du grand prix
de Rome auprès de l'Institut et de l'Admi-
nistration.
2° La création d'une sous-commission pour
l'élaboration d'un projet de réforme ;
3° La création d'une commission de coor-
dination entre les écoles qui siègent en
permanence.
STRUCTURE DE L'ÉCOLE
Lecture d'un projet de réforme des struc-
tures de l'école :
1° A quoi sert l'école ? Une école est
destinée à former des êtres socialement
utiles ;
2° Écoles d'art contre la spécificité, la
spécialisation et le cloisonnement ;
3° Création de l'école même par les élèves
(sur le plan matériel) ;
4° Responsabilité totale des élèves (sur le
plan matériel). Dialogue le plus largement
ouvert à tout l'enseignement ; l'enseignant
ayant un rôle de consultation, rotation des
enseignants et des élèves, stage de deux
ou trois mois pour les élèves et les diffé-
rentes personnes concernées à tous les
niveaux.
LE PATRON ET LES STRUCTURES D'ATE-
LIER
Relation patron-assistant-élèves.
Critique : le patron représente un certain
type professionnel, il profite de sa position
dans l'enseignement. Le patron, conscient
ou non, véhicule une idéologie, le patron
prodigue un enseignement à caractère
paternaliste.
Problèmes : vide laissé par la disparition
du patron ? On est en droit d'exiger d'un
enseignant :
— de transmettre le savoir remis en ques-
tion à tout moment,
— de diriger une étude en respectant la
personalité de l'élève,
— de coordonner un réel travail de groupe.
COMMISSION : DEFÉODALISATION DE
LA PROFESSION
Motion votée dénonçant violemment les
directives gouvernementales publiées dans
le texte du 14 mai 1968 par la D.G.R.S.T.
et les conséquences qu'elles entraînent
Ce texte définit des programmes de la
recherche en urbanisation (voir texte com-
mission) .
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
réunie le 20 mai à 13 heures,
14, rue Bonaparte
Dans le cadre d'une remise en question
des structures hiérarchiques de pouvoir et
d'argent, spécifiques de la société actuelle,
les élèves, les enseignants et les archi-
tectes solidaires participent à l'action de
grève actuellement en cours.
Cette remise en question nous a conduits
à former les commissions d'études sui-
vantes :
1. Rôle objectif de l'E.N.S.B.A. ;
2. Déféodalisation de la profession ;
3. Université de classe ou critique de
l'Université ;
4. Luttes étudiantes et ouvrières ;
5. Structures étudiantes ;
6. Peinture et sculpture ;
7. Écoles d'art.
Nous vous invitons à participer à notre
travail au sein des commissions siégeant
tous les jours au 14, rue Bonaparte.
D'autre part nous vous appelons à une
assemblée générale qui aura lieu
MARDI 21 MAI à 19 heures, à la même
adresse. Nous y envisagerons ensemble
les modalités d'une action commune.
THÈME DE DISCUSSION
Structures professionnelles et société :
— Mise en question des structures exis-
tantes ;
— Propositions ;
— Moyens d'action.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 20 MAI
— 13 h 30 - 14 h 45 —
ORDRE DU JOUR
— Situation des étudiants par rapport au
mouvement général.
— Rappel sur l'engagement matériel
(tâches).
— Motions proposées et soumises au vote.
— Mise au point du « comité action-infor-
mation ».
1
— Mise en garde : les commissions et
l'Assemblée générale doivent toujours être
resituées dans le contexte du mouvement
actuel malgré leur spécialisation.
— Préciser la finalité de notre mouvement
— exemple : abrogation du décret-cadre
1963.
2
Appel au renforcement du militarisme. —
Le pouvoir nous laisse faire actuellement
mais ça peut changer — II faut donc
renforcer notre engagement par de nou-
veaux militants effectifs, même des ensei-
gnants ...
Rappel des tâches matérielles :
— information,
— intendance,
— affichage,
— banderolles,
— impression et diffusion des tracts,
— film sur le mouvement,
— occupation des locaux de nuit.
INTERVENTIONS
1. Un membre du Syndicat des architectes
propose le projet de motion :
« Le Syndicat des architectes de la région
parisienne doit prendre immédiatement
position sur le mouvement étudiant et la
refonte de la profession.
L'architecte est le jouet de trusts capita-
listes par l'intermédiaire des ministères :
c'est un gêneur. Il précise qu' « on se
demande si M. QUERRIEN est un menteur
ou s'il n'a aucune audience auprès des
pouvoirs. »
2. L'ex-comité d'action précise sa position :
il accepte la plate-forme minimum du 15 mai
et travaille dans des commissions très spé-
cialisées (contestation de la réforme,
applications pratiques d'un enseignement
autonome).
3
MOTIONS
Commission : enseignement
Propositions :
Motion 1. — Nous réclamons l'existence
de commissions paritaires élèves-ensei-
gnants pouvant discuter et remettre en
causes les finalités de l'enseignement, les
méthodes pédagogiques, les modalités de
gestion, l'engagement et la révocation des
enseignants.
Motion 2.. — Nous demandons la sup-
pression du système pédagogique et du
contrôle scolaire traditionnel. Nous deman-
dons son remplacement par de nouvelles
méthodes basées sur l'auto-évaluation et
la dynamique du groupe.
Motion 3. — Nous mettons le gouvernement
devant ses responsabilités financières
quant aux moyens financiers et matériels
nécessités par ses nouvelles relations péda-
gogiques : nombre des enseignants (un
pour dix élèves) et matériel.
(La motion 1 a été adoptée à la majorité.
Vote de report pour les motions 2 et 3).
Commission : luttes ouvrières et étu-
diantes .
Ballottage après lecture de la motion pro-
posée.
Report voté à la majorité.
Mise au point du comité action-information.
Proposition de prise de contact avec le
personnel des agences et entreprises avec
des tracts — appel massif à la participa-
tion. Vote : la majorité est favorable.
INFORMATIONS
— Création d'une commisïon traitant
d'idéologies politiques dans l'am phi du
cours Yvon ;
— Assemblée générale constitutive de
l'U.N.E.F. le 22 mai à 22 heures ;
— Bordeaux, Grenoble et Lyon occupent,
paraît-il, les locaux de l'Ordre des archi-
tectes ;
— LaN.M.P.P. est en grève — les journaux
réactionnaires utilisent des taxis pour leur
distribution — un tract concernant les
briseurs de grève est en préparation ;
— Communiqué des diplomables définis-
15
sant leur position (refus de rendre le
diplôme dans les conditions actuelles). Ce
texte est signé par 60 diplomables environ.
RÉUNION DU COMITÉ DE GRÈVE
LUNDI 20 MAI
10 h 45 - 12 h 45
(présents, environ 20 à 25 personnes)
1. Proposition de réalisation d'un film dont
nous assurerions le contrôle. Accord de
principe.
2. On évoque le problème des États géné-
raux du S.N.E.sup. aujourd'hui à la Sor-
bonne. Qui y participera ? Enseignants des
Beaux-Arts ? Le comité envoie un délégué.
3. Problème des liaisons avec la province.
Conctacts téléphoniques bloqués. Envoi de
déléguations pour rétablir la liaison.
4. Information sur les prises de position
des partis politiques, de GEISMAR au nom
de la couche étudiante.
5. Récupération possible de la lutte. Pro-
blème de la détermination politique de
ceux qui participent à la grève. Il faut être
déterminé à maintenir une escalade perma-
nente permettant à chacun de se déterminer
tout au long du mouvement. Donner un
ton concret à la grève.
6. Proposition pour la création d'une com-
mission traitant d'idéologie politique dans
l'amphi du cours Yvon.
7. Le comité de grève reçoit les repré-
sentants de l'ancien comité d'action. Ils
définissent la plate-forme minimum du
15 mai et condamnent la tentative de scis-
sion menée par les extrémistes de droite.
8. Ordre du jour pour l'Assemblée géné-
rale de midi ;
— Situation du mouvement par rapport à
la conjoncture ;
— Rappel des tâches qui nous engagent
réellement ;
— Motions à proposer et soumettre au vote ;
— Mise au point du comité d'action. Infor-
mation.
COMPTE RENDU
DE LA VIe ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
20 mai 1968
Peintres - Sculpteurs - Graveurs
La séance s'ouvre sur la lecture de la
motion élaborée au sein du comité res-
treint du dimanche 19 mai 1968.
Après cette citation, diverses reflexions
ont été exposées sur les points suivants
— Département d'art dans la recherche
— Commission FLOCON .Rapport Lautrec
— Distinction entre institut d'art et forma-
tion d' « enseignants » ;
— Recherche de classification des diffé-
rentes expressions ;
— Comité d'affiches.
CRÉATION D'UNE CONTRE-PROPA-
GANDE (affiches « choc »)
MISE AU VOTE DES DIFFÉRENTS MOTS
D'ORDRE
REFUS QUE LE TIRAGE D'ESSAI SOIT
SOUMIS A L'ASSEMBLEE GÉNÉRALE
— Dénonciation de la position de Bertholle
qui tout en prétendant être solidaire de
la grève demande à ses élèves de préparer
le diplôme chez lui ; à la suite de cette
dénonciation, intervention de M. Flocon
qui préconise une discussion avec l'inté-
ressé.
— Proposition de demande de prise de
position de la jeune sculpture et demande
d'information concernant les autres salons.
— Etienne MARTIN, actuellement malade,
se solidarise au mouvement er demande à
être informé en permanence.
— Rectification de M. Flocon d'une sous-
commission sur la base de quatre projets
de réforme.
— Demande la démission des patrons de
gravure, peinture, sculpture, au même
titre que celle des patrons d'architecture.
— Attire l'attention sur la parité du corps
enseignant : patrons et assistants.
— Flocon : en ce qui concerne lui-même
pas de démission sans ordre du S.N.E.
sup. Mais l'assistant doit donner une
démission symbolique.
— Rappel de la position du S.N.E. sup.
quant au temps de présence minimum des
professeurs aux assemblées des commis-
sions de travail.
— Demande de prise de position de l'en-
semble des patrons vis-à-vis des élèves
sur le point de démission.
ASSEMBLEE DE MARDI 21 MAI
RÉUNISSANT TOUS LES CONCERNÉS
PAR L'ACTE DE BATIR
— Chronologie des événements à partir
du 8 mai.
— Lecture de la motion du 15 mai.
— Lecture de la motion du 20 mai sur
l'occupation de l'Ordre.
— Lecture de la motion du 21 mai votée
par un groupe d'architectes réunis à
l'école :
« Ils entendent ne pas se laisser imposer
une ligne de conduite par les élèves et
les enseignants de l'ex-E.N.S.B.A. en ce
qui concerne les problèmes extra-uni-
versitaires. »
— Licenciement de tous les grévistes
dans le cabinet de Michel Colle. Appel
à tous les employés des cabinets d'étude
à soutenir la grève.
— Déclaration d'un délégué C.G.T.
d'une entreprise du bâtiment :
1. Rapport sur les conditions de travail
des ouvriers sur les chantiers : hygiène,
sécurité (trois morts par jour).
2. Sécurité de l'emploi (rapports patrons-
ouvriers).
— Les syndicats nationaux du personnel
des cabinets d'architectes C.G.T. et
C.F.D.T. ayant réuni le 20 mai les tra-
vailleurs de l'architecture et de l'urba-
nisme :
1. Affirment leur solidarité avec le mou-
vement ;
2. Souscrivent aux revendications de
leurs confédérations respectives ;
3. Organisent des comités d'action dans
les agences.
— Lecture de la motion des travailleurs
du secteur « domaine bâti ». Appel à la
grève et à la constitution de comités de
grève.
— Texte de solidarité du C.E.R.A.U.
— Point d'ordre du S A.R.P.
qui demande que l'architecture et l'urba-
nisme soient libérés de la dictature des
bureaucrates, technocrates de l'État et
des banques... La réforme des structures
légales de la profession et se déclarent
solidaires du mouvement.
— Discussion sur le thème « peut-on
faire de l'architecture sans politique ? »
Problème de la municipalisation des
sols — intervention de la politique dans
les problèmes d'urbanisme, exemple :
les Halles, Maine-Montparmasse. —
Droits de propriété. — Problème des
bidonvilles.
Proposition de groupes de travail consti-
tués par toutes les catégories profes-
sionnelles intervenant dans la création
du domaine bâti, pour discuter des
relations entre elles.
— Demande d'établir à l'ex-E.N.S.B.A.
un centre d'information et de travail
pour les architectes appartenant à l'ex-
Ordre.
— Lecture du texte voté par l'assemblée
générale de l'I.A.U.R.P. qui se déclare
solidaire du mouvement de contestation
a1->bale de l'organisation des rapports
t s la société.
Mise en grève et formation de commis-
sions de travail.
— Lecture du texte « bande inorien-
table »
— Vote de la motion proposée par les
travailleurs des entreprises du bâtiment,
des bureaux d'étude, des agences d'ar-
chitecture et d'urbanisme, des orga-
nismes publics et privés d'études ur-
baines, réunis en assemblée générale à
l'ex-E.N.S.B.A.
Ils affirment leur volonté de voir leur
travail mis au service des travailleurs,
demandent une transformation radicale
des structures économiques et politiques
bourgeoises. Ils appellent tous les tra-
vailleurs du secteur « domaine bâti » à
les rejoindre dans la grève, à se consti-
tuer en comités de grève.
Motion votée à la majorité.
MOTION A SOUMETTRE
A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Compte rendu des différentes motions
adoptées par l'assemblée générale sou-
veraine, à savoir :
— Motion du 15 mai 1968 d'orientation
générale ;
— Motion d'abrogation des décrets 1962 ;
— Motion de la commission d'enseigne-
ment du 18 mai 1968 ;
— Motion du 17 mai 1968 de la commis-
sion de déféodalisation de la profession,
L'Assemblée générale demande aux
professeurs chefs d'ateliers de l'ex-école
des Beaux-Arts, section architecture,
d'abandonner leurs prérogatives de « pa-
trons », pour affirmer :
1. leur solidarité réelle avec notre mou-
vement et notamment avec le contenu
des motions ci-dessus ;
2. pour montrer leur refus des anciennes
structures de l'ex-école des Beaux-Arts
et de la profession.
Leur candidature, jointe à celle de l'en-
semble des enseignants, sera soumise
à l'Assemblée générale dès l'adoption
des nouvelles structures.
Tout ex-professeur chef d'atelier qui
refusera d'abandonner ses prérogatives
de « patron », sera considéré comme
partisan de l'ancien système et hostile
à notre mouvement.
16
PROPOSITION
DE MOTION D'ORIENTATION
PRÉSENTÉE LE 21 MAI 1968
Après quinze jours de grève et d'occu-
pation des universités il est nécessaire
de faire le point.
— Les étudiants, en s'affrontant avec la
police durant une semaine, ont joué le
rôle de détonateur dans la lutte des
classes.
— La classe ouvrière est entrée en lutte
parce qu'elle ne pouvait pas accepter les
plans de misère et de chômage que lui
impose la bourgeoisie pour faire face à
la concurrence internationale, de même
que les étudiants ont refusé l'Université
FOUCHET.
— La grève générale et l'occupation des
usines par les travailleurs, répondant à
la grève des cours et l'occupation des
facultés par les étudiants, confèrent au
mouvement une dimension incommen-
surablement plus grande.
— Pourtant l'État bourgeois représenté
par DE GAULLE n'a pour l'instant reculé
sur aucun point essentiel. Le problème
du pouvoir et de la classe qui devra
l'exercer est posé.
— La bourgeoisie maintient ses exi-
gences parce qu'elles sont nécessaires
à sa survie, le Ve plan, la réforme
FOUCHET et la réforme de l'enseigne-
ment de l'architecture doivent être main-
tenues.
LA SOLUTION NE PEUT RÉSULTER
QUE DE LA LUTTE DE CLASSE
— Une alternative parlementaire qui
s'inscrit dans le cadre-de l'état actuel
n'en est pas une. Pas plus que l'élabo-
ration de projets fumeux de réforme
universitaire qui s'inscriraient dans le
système. De même aucun projet ne peut
se concevoir en fonction d'un avenir
hypothétique, le socialisme, sur lequel
nous n'avons aucune garantie.
— Il ne sert à rien de voter la dissolution
de l'E.N.S.B.A. ou la mise en oeuvre
d'une faculté des Arts, etc. si l'on n'a
pas les moyens de mettre en oeuvre ces
décisions.
La mise en œuvre de toute transforma-
tion passe par l'abrogation du décret-
cadre de 1962.
Le but de la grève propre à notre école
est l'annulation des décrets FOUCHET de
1966, du décret-cadre de 1962.
— Le succès de nos revendications ne
peut être que le produit d'un rapport de
force. Le renforcement de ce rapport en
notre faveur signifie : organisation de la
grève, unification des revendications.
C'est le sens du vote sur la participation
du Comité de grève des Beaux-Arts au
Comité national de grève à constituer,
où participeraient les différents comités
de grève locaux.
De plus il nous appartient d'impulser la
grève dans des secteurs non encore en
grève, agences, bureaux d'étude, et
d'aider des secteurs comme la N.M.P.P.
comme il a été proposé par la commis-
sion luttes étudiantes, luttes ouvrières.
— Il faut encore exiger la pleine satis-
faction des trois points initiaux de
l'U.N.E.F., car il y a encore des cama-
rades étrangers et ouvriers emprison-
nés et sous inculpation à la suite des
manifestations.
ASSEMBLÉE, 20 heures
L'Assemblée générale des étudiants,
enseignants de l'ex-E.N.S.B.A., le per-
sonnel des cabinets d'architectes et des
architectes ayant été informés du licen-
ciement de l'ensemble de l'agence
Michel COLLE à la suite de la grève
décidée par ces derniers :
1° Dénonce vigoureusement le licen-
ciement des employés de l'agence sus-
mentionnée ;
2° Affirme son entière solidarité avec
les victimes de cette décision réaction-
naire ;
3° Affirme que le droit de grève est un
des droits inaliénables des individus ;
4° Mandate le Comité de grève pour
communiquer à la presse la présente
motion et pour envisager la possibilité
d'autres actions ;
5° Mandate le Comité de grève pour
étudier la création d'un fond de soutien
aux grévistes présents et futurs.
TEXTE VOTÉ A LA MELPOMÈNE
DE L'EX-E.N.S.B.A.
le 21 mai 1968
Les travailleurs des entreprises du bâti-
ment, des bureaux d'étude, des agences
d'architecture et d'urbanisme, des orga-
nismes privés et publics d'études ur-
baines, réunis en Assemblée générale
à l'ex- E.N.S.B.A. le 21 mai 1968.
Assurant de leur entière solidarité l'en-
semble des travailleurs en lutte contre
la répression policière, pour l'abroga-
tion des plans de misère et de chômage
de la bourgeoisie au pouvoir.
En tant que travailleurs ils ont les mêmes
revendications que l'ensemble de la
classe ouvrière : abrogation des ordon-
nances, libertés syndicales et politiques,
salaires, conditions de travail.
Ils affirment leur volonté de voir leur
travail mis au service des travailleurs,
dans une transformation radicale des
structures économiques et politiques
bourgeoises.
Ils demandent à leurs organisations
syndicales de prendre toute initiative
tendant à unifier leurs luttes sur la base
de leurs revendications communes.
Ils appellent tous les travailleurs du
secteur « domaine bâti n à les rejoindre
dans la grève, à se constituer en comités
de grève et à les fédérer dans un comité
de coordination participant à la consti-
tution d'un comité central national de
grève qui assurera la généralisation et
l'issue victorieuse de l'action engagée
aujourd'hui par tous les travailleurs et
les étudiants.
ANNEXE 1 au projet de résolution pro-
posé.
Considérant la situation générale con-
crète qui se développe dans le pays et
notamment les campagnes dilatoires
existantes et prévisibles de la part de
l'appareil d'État en vue de démobiliser
et de diviser les travailleurs et étudiants
en lutte.
Ils demandent que la constitution du
Comité central national de grève prévi-
sible dans les jours qui viennent soient
préparée par la création immédiate d'un
comité provisoire de vigilance et d'in-
formation comprenant des représentants
de tout le secteur « domaine bâti » et
ayant pour but unique et immédiat de
riposter point par point à la propagande
des adversaires de l'ensemble du mou-
vement travailleurs-étudiants.
TEXTE LU PAR D.-G. EMMERICH
A L'ASSEMBLÉE DU 21 MAI
Bande inorientable
... Les jeux sont faits. Rien ne va plus.
L'âge machiniste est là, mais de la
machine on se sert à rebours. Au lieu
du nécessaire on produit beaucoup trop
d'objets qu'il faut entretenir et même
entretenir leur entretien et ainsi de
suite... des nouveaux objets : des produits
d'entretien ... et en fin de compte tout
un monde entretenu. Dans cette cui-
sine encombrée de hors-d'oeuvre et de
desserts, parler du plat de résistance
est un acte de résistance. L'architecture
tout comme les objets reflète l'ordre
social et la réflexion sur l'architecture
le remet en cause. Qu'il s'agisse des
machines proprement dites ou des méca-
nismes déclenchés par leur usage, l'im-
puissance et la gloire de l'époque
dérivent de l'idée de l'expansion igno-
rant les relations entre quantité et
qualité.
En face des problèmes suscités les
slogans vétustés des modernes ne ser-
vent plus qu'à se couvrir d'alibis, se
réclamer altruiste et entrer à l'Acadé-
mie. Et, magistral silence. Une époque
est close comme une maison. A sa façon
tout le monde a compris que l'architec-
ture de Grand-Papa était meilleure que
l'architecture de Papa ; qu'il faut donc
reprendre à la belle époque pour rendre
notre époque un peu plus belle.
Les crises sévissent partout à cause des
doctrines simplistes. Si les uns en pro-
fitent, d'autre croient y remédier en
proposant d'autres doctrines simplistes.
Cependant le mal est dans le simplis-
cisme même. L'homme n'est pas simple
d'esprit ; les solutions trop simples
provoquent des complications tout
comme les choses trop compliquées
exigent des simplifications. Tout tend
vers un degré de complexité équilibré
à la fois par des moyens et dans les fins.
Mais l'homme moderne mis hors jeu,
gavé d'idées et d'objets préconçus n'est
pas intelligent. De grandeur conforme
certes, l'architecture moderne l'a séduit
et abandonné.
Mais, inébranlable, une architecture qui
venait du froid exprime et conditionne
encore la pauvreté d'esprit de l'époque.
Elle atteint ainsi sa vérité, essence même
de l'art. Mais le rôle de l'art n'est pas
d'exprimer son temps. Quand le temps
ne mérite plus d'être exprimé, il lui faut
en créer un autre. Alors, l'expression
artistique précède l'avenir. C'est le
temps de l'art difficile. Les rôles sont
inversés. C'est le temps qui doit se
mettre en branle et en devenir digne.
Alors c'est l'époque qui exprime son
art. Et le jeu recommence...
17
COMPTE RENDU
DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
22 mai 1968, 13 h 30
ORDRE DU JOUR
1. Engager le débat sur la remise en cause
du rôle du Comité de grève improprement
appelé « Comité exécutif».
2. Débat sur la motion d'orientation propo-
sée à l'Assemblée générale du 21 mai 1968.
DÉBATS
1. Un long débat s'instaure sur la relation
du comité de grève avec la base militante
et les fonctions qu'il doit assumer.
Les critiques visent particulièrement les
mar. 3uvres bureaucratiques, le dialogue
entre leaders qui monopolisent les inter-
ventions, les motions votées sans possibi-
lité de prise de conscience, un bureau
coupé des activités de la masse. On met
en garde contre le fait de vouloir faire
avancer le mouvement aux dépens de la
reflexion de chacun. D'autres critiquent
soulignent le fait que c'est dans l'action
que se détermine la prise de conscience.
Un membre fait remarquer que l'ennemi
du mouvement, c'est le scepticisme, que
tout ce qui a été réalisé vient du dynamisme
qui découle de la spontanéité.
L'Assemblée générale a voté a la majorité
une motion sur « Définition des fonctions
qui incombent au Comité de grève.. »
2. Débat politique à propos de la motion
d'orientation du 21 mai 1968.
— Nombreuses demandes d'explications
à propos de ce texte et surtout, sur le
paragraphe « une alternative parlemen-
taire ».
— Demande de confrontation de ce texte
avec la plate-forme minimum du 15 mai 1968.
— Demande de prise de conscience plus
profonde, au sujet de la lutte des classes.
Le premier débat ayant été très long,
l'assistance s'étant considérablement ré-
duite faute de militants, le vote à été reporté.
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
COMPTE RENDU
24 mai 1968, 13 h 30 - 15 h 30
— Le texte publié dans « Combat » du
24 mai 1968, sur la réforme de l'enseigne-
ment artitistique, n'émane d'aucune com-
mission, ni du comité de grève de l'ex-
E.N.S.B.A.
Par contre, une tribune libre nous est
réservée dans le prochain numéro « d'Ac-
tion ».
— Organisation de la manifestation prévue
pour la soirée — vote pour ou contre la
manifestation : POUR ;
Mots d'ordre sur les banderolles mis au
vote et acceptés par l'Assemblée générale.
« Liberté pour les travailleurs et pour les
étudiants étrangers » ;
« Vive le mouvement gréviste de masse » ;
« Étudiants solidaires de la lutte des pay-
sans et des travailleurs » ;
Plus utilisation des affiches pour les pan-
cartes.
— Le personnel gardien de l'ex-école est
en grève — l'Assemblée générale lui vote
un soutien financier.
— Motion du 24 mai 1968 (non-validité du
concours commencé) votée par les admis-
sionnistes et proposée à l'assemblée géné-
rale — débat — vote — majorité : OUI
— Dans le cadre de la commission « luttes
étudiantes, luttes ouvrières », élaboration
collective des formes de poursuites de la
lutte et des moyens d'action.
— Mise au point du rôie du comité de
grève — vote : accepté.
— Précisions sur le rôle des commissions
— base même du mouvement — ne peut
être considéré comme un travail réfor-
miste.
— Lecture de la motion de la commission
« critique de l'Université de classe »
(22 mai 1968) sera soumise au vote de l'As-
semblée générale du 25 mai 1968.
X ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
DES PEINTRES ET DES SCULPTEURS
24 mai 1968
Au cours de cette Assemblée, très res-
treinte quant au nombre de ses membres,
il s'est institué un débat au cours duquel
ont été principalement évoqués :
— le problème de « l'Art et les ouvriers »
(un ouvrier a spontanément pris la parole) ;
— la définition du « Comité d'action Arts
Plastiques » par rapport au mouvement et
ses relations futures avec l'Assemblée des
peintres et sculpteurs.
XI' ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
DES PEINTRES ET SCULPTEURS
25 mai 1968
A l'ouverture, cette assemblée étant encore
plus restreinte que la veille, il a été décidé
d'un commun accord qu'elle se consti-
tuerait en ce jour en commission de travail
sur les points suivants :
1. La contestation de toute vente dans le
cadre de la grève sans l'accord du comité
de grève.
2. L'article paru dans le « Monde » du
24 mai ayant trait, entre autres, au rapport
«Flocon». A partir de ces points, deux
motions ont été respectivement élaborées :
1" « Toute exposition ou vente faite au
profit de la grève et qui n'émane pas
directement de ses comités se verra
condamnée comme non valable ».
2° « Les textes et communiqués de presse
n'émanant pas des comités de grève après
vote des Assemblées générales sont
condamnés comme non représentatifs de
la volonté générale. »
Cette dernière motion a été votée à titre
indicatif à l'unanimité, puis entérinée a
l'unanimité moins trois voix et une absten-
tion par l'Assemblée générale. Elle sera
communiquée à la presse et aux différents
comités, comité national des Écoles d'Art,
comité d'action culturelle, comité d'action
d'Art Plastique, etc.
En outre, il a été évoqué les points
suivants :
— L'expédition aux « patrons » d'une
demande de démission de leur rôle de
« patron » ;
— La position du C.N.E.A. (Comité natio-
nal des Écoles d'Art) vis-à-vis de la grève ;
— Le diplôme et la grève.
MOTION SUR LA MANIFESTATION
VOTÉE LE 25 MAI 1968
L'assemblée générale de l'ex-E.N.S.B.A.
réunie le 25 mai 1968 :
— Considérant que la manifestation appe-
lée le 24 mai au soir par l'U.N.E.F. et le
S.N.E.sup. a montré que l'union des
étudiants et d'une partie des travailleurs
s'est faite dans la rue,
— Considérant que les provocateurs se
trouvent du côté des forces de l'ordre qui
ont pour mission d'isoler les étudiants du
reste de la classe ouvrière.
APPELLE LES ÉTUDIANTS A CONCEN-
TRER LEURS EFFORTS IMMÉDIATS SUR
LA RECHERCHE DES MOYENS D'ORGA-
NISER UNE LUTTE COMMUNE AVEC LES
TRAVAILLEURS CONTRE LE SYSTÈME
CAPITALISTE
— Considérant que, dans les circonstances
actuelles, il ne faut rechercher en aucun
cas l'affrontement avec les forces de police,
affrontement qui fait le jeu du gouverne-
ment,
DEMANDE QUE DANS LA MESURE OU LES
MANIFESTATIONS DE RUES SERAIENT
RETENUES POUR CONTINUER NOTRE
ACTION AVEC CELLE DES TRAVAIL-
LEURS, LA TOTALITÉ DES ORGANISA-
SATIONS SYNDICALES (ÉTUDIANTES,
OUVRIÈRES, ENSEIGNANTES, AGRICOLES)
MULTIPLIENT LES CONTACTS POUR DES
ACTIONS COORDONNÉES.
DEMANDE QUE L'U.N.E.F. ET LE
S.N.E.Sup. PRENNENT DES MESURES
POUR INFORMER DES MOTS D'ORDRE
ET METTENT SUR PIED UN SERVICE
D'ORDRE EFFICACE.
DEMANDE QUE LE COMITÉ DE GRÈVE
SOIT EN LIAISON AVEC L'U.N.E.F. ET
LE S.N.E.Sup. SUR CES DEUX POINTS.
COMPTE-RENDU
DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
22 mai 1968
INFORMATION
— Assemblée générale des écoles d'arts
à Bourges le 28 mai 1968.
Un groupe de délégués de Pans partici-
pera au congres.
— Texte du 15 mai (à titre d'information).
— Texte lutte Université de classe (à titre
d'information)
— Réunion à 14 heures aux Arts Déco et
formation d'une délégation pour Bourges.
— La manifestation du 27 mai meeting au
stade Charlety mot d'ordre U.N.E.F.
Étude d'une campagne « référendum » sous
la forme d'action directe dans la rue.
DÉBATS
Manifestation : Le comité du bâtiment
Censier :
« Plus de manifestations de masse, soutenir
l'action de l'U.N.E.F. »
— Travail de comité d'action dans les
quartiers.
— Pour des raisons de fond, aller à la
manifestation.
— Les négociations syndicats-gouverne-
ment sont entreprises mais non abouties.
— Le gouvernement a divisé les deux
fronts de lutte ouvriers-étudiants. Il faut
montrer qu'il s'agit de la même lutte.
AU VOTE
Cortège des Gobelins refusé.
Meeting au stade Charlety adopté.
Engagement d'empêcher les vendeurs de
journaux de briser la grève.
18
INFORMATIONS GÉNÉRALES
•— Photos cinéma.
— Intendance.
PROPOSITIONS DE MOTIONS
Motion 1 : Comité de coordination « Pour
continuer la lutte », tract diffusé avant
l'Assemblée générale du 28 mai.
Motion 2 : Rapprochement des travail-
leurs et des étudiants par des manifesta-
tions communes.
•— Appel à tous les grévistes du domaine
bâti.
•— Assemblée de tous les représentants
des comités de grève.
Mercredi 29 mai 18 heures.
•— Création d'un Comité national de grève.
— Ne pas attaquer les syndicats mais, par
une action A LA BASE, obliger les syndicats
à raffermir leur position.
— Déclarations
LES ÉTUDIANTS NE LUTTENT PAS POUR
UNE RÉFORME D'EXAMENS MAIS POUR
NE PAS ÊTRE LES CHIENS DE GARDE DE
LA BOURGEOISIE.
CERTAINS RÉCLAMENT AVEC LES SYN-
DICATS UN DIALOGUE ÉQUIVALENT A
CELUI QU'ILS ONT AVEC LE GOUVER-
NEMENT.
Donc : action directe pour la création de
comités d'action dans les quartiers ouvriers
afin de pouvoir se réunir et renforcer le
mouvement par l'appui des travailleurs.
COMPTE RENDU
DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
28 mai 1968
— Appel aux travailleurs salariés des
agences constitution d'équipes pour aller
dans les agences.
Vote : accepté.
— Débat politique à propos de Charlety.
1. Les étudiants sont l'objet de manooeuvres
de l'U.N.E.F. et cela parce que nous ne
prenons pas nos responsabilités. Nous
n'organisons pas le mouvement et d'autre
part nous ne sortons plus de l'école ; on fait
des commissions dont le danger pour la
plupart est de tomber dans le réfor-
misme. Il faut rechercher de nouvelles
formes de lutte.
2. A Charlety, verbalisme ultra-révolu-
tionnaire. On est dans une situation ana-
logue à celle de la révolution culturelle, ce
qui est différent de la prise de pouvoir.
Un nouveau pouvoir ne s'établira pas dans
un mouvement qui n'est encore qu'un
surgissement. Il ne s'établira que par les
armes. On n'y est pas encore. Ici à l'école
ce sont presque toujours les mêmes qui
prennent la parole et ils emploient toujours
le même vocabulaire qui est mal compris
(300 à 350 mots).
3. Pas de police, pas d'incident. Le meeting
a traité de problèmes politiques et ceci
est important même si certains orateurs
étaient opportunistes. Tout le monde conti-
nue la lutte et la grève.
4. Les travailleurs s'organisent avec leur
comité de grève. C'est la seule forme
d'organisation possible.
5. Le mouvement étudiant est forcément
« récupéré » puisqu'il ne peut rien à lui
seul.
6. L'occupation des locaux et les commis-
sions sont une forme d'action passée. Il
faut chercher autre chose. Sera à l'ordre
du jour à l'Assemblée générale du 29 mai
ainsi que le bilan des commissions.
Présentation d'une motion de la commis-
sion « Responsabilité » (architecte)
Vote positif sur le premier point (les deux
autres refusés) concernant la dissolution des
organismes qui se veulent représentatifs
de la profession (C.G.A.F., S.A.S., etc.).
A l'heure actuelle nous sommes arrivés à
ces conclusions :
1. Suspension du travail des sous-commis-
sions qui devront donner une synthèse de
leurs travaux à l'assemblée pleinière.
2. A partir de ces différentes synthèses
nous sommes en train d'élaborer une
plate-forme minimum d'orientation que
nous désirons soumettre très prochaine-
ment à l'Assemblée générale après en
avoir diffusé le texte.
En aucun cas, cette plate-forme ne propose
des structures d'enseignement mais elle
fixe une orientation globale à l'implication
politique immédiate. En conséquence, elle
nous permettra d'exiger des enseignants
une prise de position sans équivoque.
Si cette plate-forme était approuvée par
l'Assemblée générale, alors elle pourrait
servir de base à l'élaboration d'hypothèses
diversifiées de travail à développer en
liaison avec l'extérieur (autres facs, ex-
grandes écoles, monde du travail). Elle
nous permettrait en outre de formuler des
revendications immédiates.
Dans la logique même de cette orientation,
nous présentons dès à présent à l'Assem-
blée générale la motion suivante :
Bourges, le 28 mai (Voir page 49).
COMPTE RENDU DU 10 JUIN
SUR LA PREMIÈRE RÉUNION
DU COMITÉ DE GRÈVE
ÉLU LE 10 JUIN 1968
Ordre du jour
— Fonctionnement du comité de grève.
— Service d'ordre.
— Informations.
— Grève active.
Fonctionnement du comité de grève.
Généralement deux réunions par jour :
l'une fixe à 20 heures, l'autre, plus souple,
le matin, l'heure étant déterminée à la
réunion de la veille.
Une permanence du comité de grève est
assurée la nuit, derrière le bureau de
l'INTOX, salle de l'horloge, par un roule-
ment de trois membres.
Service d'ordre.
Réduction de la quantité des sentinelles et
de leurs attributions de filtrage. Tous les
camarades militants, dormeurs, éveillés,
sont mobilisés et organisés. Le dortoir
actuel est transféré à l'ex-atelier Tony
Garnier.
Formation de groupes de discussion ou
d'autres activités pour la nuit.
Position politique du service d'ordre : le
10 juin à 22 heures, amphi de la Commune ;
discussion sur l'auto-défense et l'anima-
tion la nuit.
Finances.
Formation d'une commission qui étudiera
politiquement les modalités de perception
d'argent.
Information
Un engagement précis des journalistes
devra être fourni quant à la reproduction
intégrale des textes fournis par l'Assemblée
générale en conférence de presse, faute
de quoi il ne leur sera rien fourni !
Réunion rédaction-presse : mardi 11 juin
à 10 heures.
Cinéma-photo : la commission devra se
poser le problème du moyen d'expression
qu'elle possède de manière politique.
Le comité de grève prendra contact avec
la commission photo-cinéma afin de ren-
forcer le militantisme de celle-ci.
Grève active
Les locaux disponibles et leur utilisation :
— Les loges ;
— Les étages supérieurs de la biblio-
thèque ;
— Transformation par une couche de pein-
ture des anciens ateliers ;
— Locaux mis à la disposition de l'univer-
sité critique libre ;
— Informations par la présence d'éléments
extérieurs.
Projet de remise en marche de commis-
sions critiques : enseignement et économie
de la profession.
A partir de Jeudi, analyse des travaux qui
seront faits et réamorçage des commissions.
Rapport des groupes auto-défense.
19
TEXTE DE L'ATELIER POPULAIRE
20
ATELIER POPULAIRE " OUI "
Ce que nous avons écrit à la porte de l'atelier, si nous essayons de l'expliciter, de comprendre ce que ça veut dire, doit nous dicter
naturellement les lignes essentielles de l'action nouvelle. Cette phrase signifie qu'il ne s'agit en rien de moderniser, c'est-à-dire
d'améliorer ce qui est déjà. Toute amélioration pose que dans son fond la ligne générale ne change pas, donc qu'elle était déjà bonne.
Nous sommes contre ce qui règne aujourd'hui. Qu'est-ce qui règne aujourd'hui? L'art bourgeois et la culture bourgeoise.
Qu'est-ce que la culture bourgeoise? C'est l'instrument par lequel le pouvoir d'oppression de la classe dirigeante sépare et isole du
reste des travailleurs les artistes en leur accordant un statut privilégié. Le privilège enferme l'artiste dans une prison invisible. Les
concepts fondamentaux qui sous-tendent cette action isolatrice qu'exercé la culture sont :
— L'idée que l'art a « conquis son autonomie » (Malraux, voir la conférence faite au moment des jeux olympiques de Grenoble).
— La défense de la « liberté de création ». La culture fait vivre l'artiste dans l'illusion de la liberté :
1. Il fait ce qu'il veut, il croit tout possible, il n'a de comptes à rendre qu'à lui-même ou à l'Art.
2. Il est « créateur » c'est-à-dire qu'il invente de toutes pièces quelque chose d'unique, dont la valeur serait permanente au-dessus de
a réalité historique. Il n'est pas un travailleur aux prises avec la réalité historique. L'idée de création irréalise son travail.
AUTOUR K LA ESISTANCE
PROLETARIENNE
L'ETAT-PATRON
VOUS A
VOS BUREAUCRATIES
VOUS ONT ai
LA POUCE
/EUDI6.IU1N &fTOT II BRUN
LA GREVE CONTINUE
.—o—,
2l
ATELIER BOURGEOIS
NON "
En lui accordant ce statut privilégié, la culture met l'artiste hors d'état de nuire et fonctionne comme une soupape de sécurité dans le
mécanisme de la société bourgeoise.
Cette situation est celle de nous tous. Nous sommes tous des artistes bourgeois. Comment en serait-il autrement?
Voilà pourquoi, lorsque nous écrivons atelier populaire il ne peut s'agir d'amélioration mais d'un changement d'orientation radical.
C'est dire que nous sommes décidés à transformer ce que nous sommes dans la société.
Précisons que ce n'est pas une meilleure mise en relation des artistes avec les techniques modernes qui les reliera mieux à toutes les
autres catégories de travailleurs, mais l'ouverture aux problèmes des autres travailleurs, c'est-à-dire à la réalité historique du monde
dans lequel nous vivons. Aucun professeur ne peut nous aider à mieux fréquenter cette réalité. Nous devons tous nous enseigner nous-
mêmes. Cela ne veut pas dire qu'il n'existe pas un savoir objectif, donc recevable, m gué les artistes plus âgés, des professeurs ne
puissent pas être très utiles. Mais c'est à la condition qu'ils aient eux-mêmes décidé de transformer ce qu'ils sont dans la société,
décidé de participer à ce travail d'auto-éducation.
Ainsi remis en cause le pouvoir éducateur de la bourgeoisie, le champ sera ouvert au pouvoir éducateur du peuple.
TRAVAILLEES
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23
COMPTES RENDUS DES COMMISSIONS
COMPTE RENDU
DE LA COMMISSION N° 6
du 16 mai 1968
DÉFÉODALISATION DE LA PROFESSION
La commission décide de porter la contes-
tation dans la profession en contactant les
diplômés, diplomables, dessinateurs tra-
vaillant dans les agences.
A cette fin, nous proposons de faire parve-
nir aux intéressés :
— La déclaration du 15 mai ;
— Un appel rédigé comme suit :
Une analyse de la situation de la profession
nous amène à considérer que le dévelop-
pement démographique, économique, et la
croissance urbaine posent des problèmes
de masse, que la profession est incapable
de résoudre.
La société devrait permettre une action
sociale et politique de tous ceux qui contri-
buent à l'aménagement de l'espace, per-
mettant une élaboration en commun a la
base du cadre de vie.
Cela nous amène à contester la politique
de construction du gouvernement, les
structures afférentes de la profession et
l'enseignement qui en est le reflet.
Si tu es d'accord avec cette ligne, nous
t'invitons à venir en débattre à partir de
10 heures.
La commisssion à élu un bureau. Elle a
décidé de se diviser en deux groupes
d'études :
1. L'action à court terme ;
2. L'action à long terme (analyse du phé-
nomène global.)
Analyse critique de « l'architecte » dans la
société actuelle, de l'évolution du métier,
pour aboutir à la définition explicite des
objectifs.
Décision :
— Diffusion large des rapports auprès
des syndicats des dessinateurs et des
architectes en accord avec le manifeste du
15 mai.
— Envoi d'une délégation au congrès
de la Fédération des syndicats d'architectes
à Lille.
23
m
ARTISTISI
TRAVAILLEURS ï*w*
24
17 mai 1968
COMMISSION
« DÉFÉODALISATION
DE LA PROFESSION D'ARCHITECTE »
La commission « Déféodalisation de la
profession » réunie le 17 mai 1968 a voté
le principe d'une motion, que nous pro-
posons à l'approbation de l'Assemblée
générale.
Dans le cadre d'une remise en question
des structures hiérarchiques de pouvoir
et d'argent, spécifiques de la société
capitaliste, nous nous élevons contre la
formation hiérarchisée des cadres du
système.
Certaines écoles dites « grandes »,
« supérieures » ou « nationales » pré-
parent certains individus à l'encadre-
ment des autres.
Le système de castes qui en résulte est
un agent de contrôle de toute velléité
de remise en question du système dans
le monde bureaucratique. Ils agissent
comme des garants de qualité, pour le
système.
C'est pourquoi nous demandons un
«nseignement égal pour tous. On ne fait
pas ses preuves une fois pour toutes sa
vie le jour d'un concours.
Nous, élèves, architectes, enseignants,
nous refusons une hiérarchie arbitraire
dans la formation professionnelle.
Nous décidons la dissolution de l'École
nationale supérieure des Beaux-Arts et
son intégration dans une université
unique et critique.
La commission face à l'Université bour-
geoise, la recherche bourgeoise, la
science au service des monopoles dé-
nonce les directives gouvernementales
sur la recherche en matière d'habitat
dévoilée le 14 mai par le texte publié par
le D.G.R.S.T. (organisme au service
direct du Premier ministre).
Voici ce que le Premier ministre et ses
technocrates imposent comme cadre de
recherche appliquée aux architectes,
techniciens et chercheurs des sciences
humaines au sujet de l'habitat.
« Une politique de la construction doit
se tenir, compte tenu des contraintes
économiques, entre deux limites exces-
sives :
Produire une grande quantité de loge-
ments dont certains pourraient être
trop rapidement dégradables.
« Produire une faible quantité de loge-
ments en raison d'un seuil de qualité
trop élevé.
« Dans le premier cas on encourage la
formation de bidonvilles et de loge-
ments rapidement obsolescents, dans le
deuxième cas on ne satisfait qu'une
partie trop faible de la demande. »
Voilà la sclérose : L'habitat pour le plus
grand nombre, devient le mode de stoc-
kage de la force ouvrière, sous les
« contraintes » des monopoles. Face
aux revendications, il prétend à une
politique sociale moderne qui implique :
« Les logements destinés à la fraction de
la population dont les revenus resteront
insuffisants pour assurer la charge d'un
loyer H L.M. normal ou qui doit momen-
tanément faire l'objet d'une action socio-
éducative intensive pour permettre son
intégration.
« Les logements destinés à la fraction
de la population qui peut ou pourra,
dans un avenir prévisible, consacrer des
revenus importants au logement, mais
ne dispose pas d'un capital initial. »
Ainsi le pouvoir a l'insolence de préco-
niser explicitement un bel avenir. Non !
les travailleurs ne se laisseront pas
conditionner par « une action socio-
éducative intensive » !
Mais voyons plus avant les conséquences
d'un tel programme et les directives
données aux chercheurs :
« Sur le plan des besoins de l'occupant
il convient de déterminer, en partant
des connaissances actuelles :
« — les fourchettes minimales dont il
ne convient pas de sortir ;
« — l'importance comparée des besoins
dans le but de savoir comment les
familles arbitrent entre un certain
nombre d'exigences (confort, taille,
localisation, etc.). »
De l'occupant en tant que cobaye... !
A la recherche du minimum mimimorum
miniminum ? ...
« L'analyse des techniques actuelles :
partant de la liste des qualités physiques
(acoustique, thermique...) il serait plus
intéressant d'analyser le gain global à
escompter sur le coût de la construction
en faisant varier le niveau de chacune
et les interactions de ces variations entre
elles ».
DEFEODALISATION
DE LA PROFESSION
COMMUNIQUÉ A LA PRESSE
Les élèves, les enseignants, architectes
présents, réunis en assemblée générale
le 18 mai 1968, dénoncent la carence et
la non-représentativité des organismes
professionnels. Ils exigent dès à présent
la dissolution de l'Ordre des archi-
tectes, féodal et oppressif.
La commission à décidé le principe
d'une assemblée générale de tous ceux,
architectes, employés dessinateurs et
personnel de bureau d'études, les entre-
prises publiques et privées et d'autres
organismes concernés par l'acte de
bâtir, le MARDI 21 MAI à 19 heures,
14 rue Bonaparte, pour envisager le
principe d'une grève dont on aura à
préciser les objectifs et les modalités.
RAPPORT DES TRAVAUX
DE LA COMMISSION
DÉFÉODALISATION
DE L'ARCHITECTURE
20 mai 1968
La commission a procédé en premier
lieu à une anayse des raisons profondes
du malaise ressenti par tous ceux que
concerne l'acte de bâtir.
Elle constate qu'à l'organisation des
agences classiques correspondant à
l'étude des problèmes limités, avait
succédé la mise en place de grands
cabinets, des agences pluridiscipli-
naires, et des bureaux d'études tech-
niques.
Cette évolution reflétait celle de la
société capitaliste caractérisée par une
production industrielle amenant dans le
bâtiment la constitution de grandes
entreprises visant à son industrialisation.
— La division du travail, principe de
base de cette nouvelle structure, a con-
duit, en architecture, à l'apparition des
grands patrons détenteurs de la majeure
partie des commandes et des architectes
employés en sous-traitants, qui n'ont à
leur disposition que leur force de travail.
De tout ceci est résulté la définition de
deux grandes familles de fiefs
Les fiefs classiques
— Monuments historiques ;
— Bâtiments civils ;
— Assistance publique ;
correspondant à des fiefs administratifs.
Les fiefs nouveaux.
— Caisse des dépôts ;
— Grandes banques ;
— Syndicats de promoteurs,
correspondant à des fiefs économiques.
CONSÉQUENCE DE CETTE RÉORGANI-
SATION DE LA PROFESSION
1. Assujettissement des grands patrons
aux puissances d'argent et du pouvoir.
Pour des raisons économiques, certitude
de voir se renouveler les commandes.
Pour des raisons politiques, ils sont
partie prenante de la classe au pouvoir
et participent à sa volonté de profit
maximum.
2. Assujettissement de la majeure par-
tie des architectes aux grands patrons
et donc indirectement aux puissances
d'argent.
Nous voulons ici appeler tous ceux qui
sont dans cette situation à bien com-
prendre qu'ils sont objectivement pri-
sonniers du système d'organisation
capitaliste de la société.
Il a paru alors important à la commis-
sion d'étudier les conséquences de cet
état de fait pour l'enseignement de
l'architecture, la profession du bâti-
ment, et la population dans son ensemble
ENSEIGNEMENT
L'enseignement ne peut être autre que
le reflet des structures professionnelles,
même si ce reffet est idéalisé. Il ne nous
paraît donc pas possible de croire à une
réforme en dehors d'une contestation
25
globale et d'une remise en cause réelle
du système dominant la profession.
LE BATIMENT
Cet assujetissement aux puissances
d'argent conduit inéluctablement les ar-
chitectes, au stade de la réalisation,
à ignorer, d'abord, le problème des ou-
vriers du bâtiment qu'ils soient, par
exemple, d'hygiène, ou, à plus forte
raison, de salaire, puis pressés par les
problèmes de profit de leurs commandi-
taires ou des entrepreneurs à admettre
la mise en cause par tous les orga-
nismes de direction des chantiers, les
principes les plus élémentaires de
sécurité, et nous évoquons là clairement
l'exemple du « Boulevard Lefebvre » et
les trois morts par jour de l'industrie du
bâtiment.
L'HABITAT
Les névroses, psychoses et autres mala-
dies de la désadaptation de l'environne-
ment ont rapidement suscité l'interven-
tion des sociologues, économistes, géo-
graphes, et autres spécialistes qui ne
sauraient nous faire oublier par leur
analyse particulière le caractère global,
et d'abord politique, du problème.
Cette analyse nous amène à considérer
que le développement économique,
démographique, et la croissance urbaine,
posent des problèmes de masse que la
profession est objectivement incapable
de résoudre dans le cadre économique,
politique et social qui reste encore le
notre aujourd'hui. Pour briser ce cadre,
nous faisons des propositions d'ordre
général :
1° Appel à la participation aux travaux
de la commission « déféodalisation de la
profession ». Le thème de ceux-ci est:
architecture pour tous et par tous.
— POUR TOUS, par opposition au profit
de quelques-uns, nous définissons un
profit général, matériel et culturel.
PAR TOUS, par opposition à la notion de
l'intervention d'un seul, et en respectant
les cas particuliers, nous ressentons la
nécessité de vastes organismes de ré-
flexion, programmation et réalisation
supposant :
D'abord l'éducation de tous dès le plus
jeune âge, en vue de cette action de
citoyen responsable, ensuite le dévelop-
pement des qualités de création inhé-
rentes à tous exige, pour se développer,
l'élargissement dans toutes les directions
du nombre et de la nature des partici-
pants.
2° Nous vous appelons à participer aux
actions du comité d'action et d'organi-
sation de l'E.N.S.B.A.
3° Que tous, organisés politiquement ou
syndicalement, participent au mouve-
ment visant à remettre en cause totale-
ment le régime politique actuel.
4° Recherche d'action commune à tous
ceux que concerne l'acte de bâtir.
COMMISSION
« CRITIQUE
DE L'UNIVERSITÉ DE CLASSE »
du 8 mai 1968
Par Université, on entend dans ce texte
toutes les institutions d'enseignement supé-
rieur.
I. QUEL EST LE ROLE OBJECTIF DE L'UNI-
VERSITÉ DE CLASSE ?
Dans le système capitaliste, l'Université de
classe remplit une double fonction sociale :
— Perpétuer l'institution en formant des
universitaires : cf. « Les héritiers ».
— Produire les futurs cadres ;
Cette double fonction a pour effet de ren-
forcer l'appareil de production capitaliste,
et donc de renforcer le pouvoir de la bour-
geoisie.
II. COMMENT L'ORGANISATION AC-
TUELLE DE L'UNIVERSITÉ RENFORCE-
T-ELLE SON CARACTÈRE DE CLASSE ?
1° Par son isolement entretenu au sein
de l'ensemble de la société :
— A l'entrée, elle contrôle le recrutement
des « élus » par la sélection sociale et
culturelle ;
— Elle impose une formation dont le
contenu et les modalités n'ont de signifi-
cation et d'utilité que dans le contexte
économique et culturel bourgeois, répri-
mant ou excluant tout individu non conforme
au modèle ;
— Elle isole géographiquernent les « élus »
dans des campus universitaires, voir le
mythe du quartier Latin.
2° Par les oppositions qu'elle entretient à
l'intérieur d'elle-même entre les différents
groupes d'étudiants :
— le caractère concurrentiel des concours
et des examens, la hiérarchisation des
diplômes décernés, ossifient la hiérarchie
sociale ;
— le statut privilégié des grandes écoles
développe l'esprit de caste et favorise le
maintien des structures corporatives ;
— ces oppositions facilitent, dans les
milieux professionnels, les manœuvres de
division par antagonisme des intérêts de
caste, et ainsi la perpétuation d'une fausse
« élite » technicienne.
3° Par l'opposition de certains modèles
culturels et la répression des autres formes
de culture, elle élève des barrières de
toutes sortes qui interdisent une compré-
hension véritable entre ceux qui sont
passés par l'Université et ceux qui n'y
sont pas passés. De ce fait elle renforce tous
les processus de ségrégation sociale, et
prépare les futurs cadres à jouer pleine-
ment le rôle répressif qu'on attend d'eux.
III. QUELLE EST LA SIGNIFICATION DU
MOUVEMENT ÉTUDIANT DANS L'UNI-
VERSITÉ DE CLASSE ?
1° Les étudiants refusent de cautionner
l'isolement culturel et social qu'on veut
leur imposer.
2° Les étudiants refusent la sélection,
d'être une élite au service du système.
3° Les étudiants ont pris conscience du
caractère répressif de l'Université de
classe qu'ils subissent quotidiennement et
refusent d'être demain, au sortir de l'Uni-
versité, les oppresseurs des travailleurs.
COMMISSION
« CRITIQUE
DE L'UNIVERSITÉ DE CLASSE »
Ce texte fait le point des débats qui se sont
tenus le 15 mai à la commission « Critique
de l'Université de classe ». Il reste un
texte de travail, à compléter et à discuter
au cours des prochaines séances.
Par Université, on entend dans ce texte
toutes les institutions d'enseignement supé-
rieur existant actuellement.
1. L'Université a une double fonction
sociale dans la système actuel : elle produit
les universitaires qui, nourris dans le sérail,
en perpétueront l'esprit et les règles ; elle
produit les futurs cadres qui, au service
de l'appareil de production capitaliste,
serviront à renforcer le pouvoir de la
bourgeoisie.
Pour assurer son bon fonctionnement, la
logique du système veut que l'Université
fonctionne en vase clos. Pour cela :
1. Elle contrôle le recrutement des «élus» :
sélection sociale et culturelle ;
2. Elle impose une formation dont le
contenu et les modalités n'ont de signifi-
cation et d'utilité que par rapport au
contexte culturel et économique bourgeois,
réprimant ou excluant tout individu non
conforme au modèle ;
3. Elle isole géographiquernent les « élus »
(mythe du « quartier Latin », campus uni-
versitaires, etc.), projetant ainsi dans
l'espace sa volonté de couper et de pré-
server les futures « élites » des autres
milieux.
II. Quelle est la signification du mouvement
étudiant dans une telle situation ?
1. Les étudiants ont pris conscience et
refusent l'isolement qu'on veut leur impo-
ser ;
2. Les étudiants ont pris conscience des
modalités et de la finalité des formes de
sélection : ils refusent d'être une « élite »,
les chiens de garde du système ;
3. Les étudiants ont pris conscience du
caractère répressif de l'Université bour-
geoise qu'ils subissent quotidiennement.
Ils refusent de ce fait d'être demain, au
sortir de l'Université, les oppresseurs des-
travailleurs.
III. Il faut poursuivre la réflexion dans les
deux directions suivantes qui sont intime-
ment liées :
1° Analyse et contestation du couple Uni-
versité-société bourgeoises, qui doivent
déboucher au moins sur les trois questions
précises ci-dessous :
— Est-ce que l'Université peut changer ?
— Comment peut-on la faire changer dès
maintenant ?
— En quoi ces changements peuvent-ils
transformer son caractère de classe ?
2° En quoi tout ceci peut-il réagir sur la
formation de l'architecte ?
26
COMPTE RENDU
DE LA COMMISSION N° 3
du 16 mai 1968
CRITIQUE DE L'UNIVERSITÉ
1. Considérant le rôle nocif de l'isolement
maintenu au sein des grandes écoles, soit
entre elles, soit par rapporta l'Université,
favorisant ainsi le développement de
l'esprit de caste et le maintien de structures
corporatives : considérant que cet isole-
ment fait le jeu du pouvoir bourgeois, en
facilitant les manœuvres de division par
opposition d'intérêts de castes, la perpétua-
tion d'une fausse élite « technicienne »,
l'établissement de la technocratie bureau-
cratique. Considérant qu'il n'est pas pos-
sible de construire une Université nouvelle
en dehors de la réalisation d'une société
socialiste mais en même temps qu'il est
nécessaire de proposer des objectifs à
moyen terme offrant une plate-forme
d'action commune aux étudiants et aux
enseignants pour une amélioration immé-
diate de l'Université.
2. Propose qu'il soit discuté en Assemblée
générale des points suivants :
— Que les grandes écoles disparaissent
en tant que telles pour se fondre dans une
Université qui ne dépende plus du pouvoir ;
— Que soient retenus, pour les enseignants
et les étudiants les objectifs de lutte sui-
vants :
a) Pouvoir universitaire autonome permet-
tant de donner un sens nouveau à la forma-
tion universitaire à savoir : acquisition
d'une formation professionnelle réelle et
préparation à agir au sein de la société
globale par une prise de conscience
culturelle et politique du processus de pro-
duction dans lequel les étudiants seront
appelés à intervenir.
b) Autonomie de gestion administrative
financière et pédagogique étant admis que
le financement reste public.
c) Revendication d'un droit de regard et
de contestation sur l'élaboration du budget
de l'Université.
d) Démocratisation réelle du recrutement
et du fonctionnement de l'Université.
COMMISSION CRITIQUE
DE L'UNIVERSITÉ DE CLASSE
22 mai 1968
Les membres de la Commission « Cri-
tique de l'Université de classe » ;
— considérant l'élargissement du mou-
vement de revendication à toutes les
couches sociales travailleuses de la
population, élargissement qui trans-
forme radicalement la signification du
mouvement étudiant de contestation de
l'Université,
— considérant l'impossibilité d'un chan-
gement authentique de l'Université, dans
son rôle social et dans son fonctionne-
ment, en dehors d'un changement
complet non seulement du régime poli-
tique actuel, mais du système social
actuel.
— considérant les ambiguïtés profondes
contenues dans les revendications d'au-
tonomie de l'Université qui porte en
germe les déviations régionalistes et
corporatistes que déjà certains tentent
de développer,
— considérant que le mot d'ordre gou-
vernemental de participation ne peut,
en aucun cas, être retenu, signifiant en
effet l'acceptation d'un dialogue avec un
régime politique qui a fait la preuve
dans le passé de son impuissance à
régler les problèmes des étudiants et des
travailleurs, et à qui on doit refuser de
faire confiance dans l'avenir pour définir
les objectifs propres à l'Université (plan
Fouchet, sélection, etc.),
— considérant qu'une telle participation
et un tel dialogue auraient pour signifi-
cation dernière de renforcer l'engage-
ment des masses en général, et des
étudiants en particulier, dans le système
cautionnant et renforçant le pouvoir des
classes possédantes sur les travailleurs
et empêchant pour longtemps toute
contestation de ce système.
La Commission propose à l'Assemblée
générale la motion suivante :
1° Appelle les étudiants de l'ex-École
des Beaux-Arts à lutter contre le mot
d'ordre gouvernemental de participation
pour en démystifier les objectifs réels ;
et demande à leurs organisations syn-
dicales et politiques d'organiser une
vaste campagne d'explication contre ce
mot d'ordre en liaison avec les organi-
sations des travailleurs,
2° Rappelle qu'il ne peut y avoir d'auto-
nomie vraie de l'Université qu'aux con-
ditions suivantes :
— indépendance de droit et de fait à
l'égard du pouvoir politique bourgeois,
— représentation majoritaire des étu-
diants à toutes les instances de décision
et de gestion de l'Université,
— financement public assorti du droit
de regard et de contestation du budget
de l'Université,
— dépendance de l'administration uni-
versitaire à l'égard des instances de
gestion,
— dissolution et intégration dans l'Uni-
versité de toutes les anciennes grandes
écoles,
— rappelle enfin que cette revendica-
tion d'autonomie ne concerne que le
refus du pouvoir de l'État bourgeois sur
l'Université.
3° Déclare que la revendication d'auto-
nomie de l'Université est et ne peut être
qu'un moyen parmi d'autres pour trans-
former le rôle social de l'Université, et
que cette transformation ne pourra résul-
ter que de la transformation générale de
la société ,
4° Appelle tous les étudiants à travailler
à cette transformation par une partici-
pation militante dans leurs organisations
syndicales et politiques, rappelle que
celles-ci ne trouveront leur pleine effi-
cacité qu'en développant des actions
communes sur les objectifs de lutte des
travailleurs, et demande en conséquence
que soient étudiés et appliqués tous les
moyens tendant à renforcer l'unité de
lutte des étudiants et des travailleurs ;
5° Propose que le mouvement revendi-
catif étudiant se définisse les objectifs
de lutte suivants :
— ouverture permanente de l'Université
autonome à tous, les modalités de cette
ouverture étant à étudier par les orga-
nisations des étudiants et des travail-
leurs ;
— extension à tous les jeunes travail-
leurs des privilèges étudiants : restau-
rants et cités universitaires, vacances,
service militaire, etc. ;
— libre disposition des locaux et du
matériel universitaire pour organiser la
permanence d'un dialogue démocra-
tique ;
— étude du contenu et des méthodes
d'enseignement afin de mêler étroite-
tement l'apprentissage théorique et
l'apprentissage pratique, les activités de
formation et les activités de production.
COMMISSION DE L'ENSEIGNEMENT
10 mai 1968
1. Nous réclamons une refonte complète
du système pédagogique traditionnel uni-
quement fondé sur un enseignement de
type magistral (cours où la relation ne
s'établit que de l'individu (enseignant) à
un groupe indivis théorique. En réalité cet
enseignement n'est pas profitable à l'in-
dividu) ; nous refusons également l'ensei-
gnement de type tutoral (patrons, élèves) où
le seul rapport d'individu (enseignant) à
individu (élève) est de type paternaliste.
Nous proposons l'instauration d'une véri-
table pédagogie de groupe, basée sur
la suppression des hiérarchies autoritaires
et leur remplacement par une coopé-
ration entre les membres du groupe, où le
groupe en tant que groupe est lui-même
créatif.
2. A l'esprit de compétition traditionnel
entre les membres du groupe, nous voulons
substituer l'esprit de coopération. Nous
refusons d'évaluer un travail sur la valeur
intrinsèque de son produit, mais sur un
certain degré d'acquisition de la connais-
sance. On sanctionne une progression de
la prise de conscience.
Nous réclamons la suppression de tout
contrôle scolaire traditionnel (jury, fours,
notations, examens, classement) clef de
voûte du système répressif actuel, il doit
être totalement supprimé et remplacé par
l'auto-évaluation de l'étudiant par lui-
même. Nous voulons créer des conditions
telles que l'étudiant qui n'a pas travaillé se
trouve dans une situation d'inconfort par
rapport à celui qui a travaillé. Ces condi-
tions ne sont réalisées que si :
A) L'étudiant se sent solidaire du groupe
de travail,
B) l'étudiant et l'enseignant reçoivent une
formation psycho-pédagogique permettant
l'instauration du dialogue :
27
dynamique de groupe et techniques de
communication : ces matières permettant
d'en finir avec la passivité de l'élève et
lui donnant des moyens de lutte contre la
« répression » de la parole,
G) Les relations entre le professeur et
l'étudiant doivent rester très personnelles
(groupe de travail d'une dizaine) donc un
certain rapport quantitatif enseignants
enseignés à respecter et une démultipli-
cation de la fonction enseignante,
D) L'enseignant doit avoir une compétence
réelle c'est-à-dire un degré de connais-
sance plus élevé que celui de l'élève,
sanctionné par des critères universitaires
réels.
NOTES
1. Certains élèves avancés pourraient
assurer une fonction d'enseignant à mi-
temps (monitorat).
2. Certaines tâches de diffusion mécanique
du savoir (cours, etc.) pourront être assurés
par les moyens audio-visuels et un maté-
riel pédagogique. Les professeurs, libérés
de ces tâches, pourront se consacrer aux
travaux de groupe.
3. Le contrôle des travaux doit être l'occa-
sion de prises de contacts avec l'extérieur.
MOTIONS PROPOSÉES
A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Motion !.. Nous réclamons l'existence de
commissions paritaires élèves-enseignants
pouvant discuter et remettre en cause les
finalités de l'enseignement, les méthodes
pédagogiques, les modalités de gestion,
l'engagement et la révocation des ensei-
gnants.
Motion 2. Nous demandons la suppres-
sion du système pédagogique et du con-
trôle scolaire traditionnel. Nous demandons
son remplacement par de nouvelles mé-
thodes pédagogiques basées sur l'auto-
èvaluation et la dynamique de groupe.
Motion 3. Nous mettons le gouvernement
devant ses responsabilités financières
quant aux moyens humains et matériels
nécessités par ces nouvelles relations péda-
gogiques : nombre des enseignants (un
pour dix élèves) et matériel pédagogique
nécessité par la démultiplication de la
fonction enseignante.
L'ESQUISSE
D'UNE NOUVELLE PÉDAGOGIE
Par opposition à l'ancienne pédagogie
basée sur :
1. La répression.
— Obligation d'exécuter et d'apprendre
sans discussion.
— Impossibilité de s'exprimer.
— Inhibitions et traumatismes
— Mutilation des capacités créatrices.
— Acquisition de modes de pensées
stéréotypés.
2. La compétition.
— Développement de l'agressivité et de
l'irresponsabilité
— Séparation des moyens et des buts à
obtenir à tout prix (apprentissage de la
tricherie),
— Suprématie du travail individuel sur
e travail collectif,
— Falsification des critères d'appréciation
(la loi du plus fort),
— Sélection opérée sur des critères non
explicités (voir plus haut).
3. Les jugements moraux.
— Dénonciation morale de la «paresse».
— Pression sociale : crainte de la « mau-
vaise réputation ».
— Jugement de la valeur sur la qualité
du travail fourni.
— Conformismes à des systèmes culturels
(ça se fait).
Nous proposons une pédagogie fondée
sur :
1. L'autoévaluation : elle résulte d'une
éducation qui repose sur :
— Un préalable de confiance ;
— La reconnaissance de la spécificité de
l'élève ;
— La reconnaissance des différences (au-
tonomie) ;
— La nécessité de points de référence.
Dans une pédagogie de groupe ce sont
les autres membres du groupe qui consti-
tuent ces points de référence. Dans d'autres
pédagogies, c'est l'enseignant ou un jury
qui assiste l'élève dans sa propre évalua-
tion.
C'est aussi un comportement permanent qui
permet à l'étudiant :
— d'assurer le contrôle de sa progression
(permettre de mesurer l'acquis),
— d'évaluer et de confronter par rapport
à certains points de référence le travail
fourni.
Le rôle de l'enseignant est d'abord d'agir
comme stimulant, d'étendre ensuite cons-
tamment le champ des connaissances, enfin
de confirmer l'étudiant dans les objectifs
de l'étude.
2. La coopération : qui consiste à ce que
l'étudiant :
— découvre et situe le sens de son action
et de sa tâche dans l'action collective,
— puisse affirmer son autonomie et ou
sa disponibilité dans le dialogue « avec
l'autre »,
— trouve les conditions pour communi-
quer et s'exprimer.
— ajuste et accroisse son « stock de con-
naissance », dans son organisqtion et son
contenu, par rapport à celui du groupe, ce
qui augmente la richesse des alternatives
et élargit le sens de sa perception,
— développe sa capacité de dialoguer
avec d'autres disciplines (préfiguration
des « structures de dialogue ».
C'est le seul cadre d'existence possible
pour un auto-enseignement.
3. L'attitude thérapeutique et créative :
vis-à-vis de l'étudiant
— Aucune vérité n'est évidente ;
— L'étudiant n'est pas « présumé cou-
pable », de paresse, etc.
— L'enseignant doit permettre de refuser
les stéréotypes, les conformismes sociaux
et culturels et favoriser la prise de con-
science et la contestation des idéologies.
— L'enseignant doit se refuser à tout juge-
ment de valeur. Les critères d'évaluation
doivent être objectifs et considérer non le
produit du travail présenté, mais la pro-
gression de l'élève.
Aucune sanction n'est irréversible : il faut
remplacer la notion d'élimination par celle
de réintégration.
— Les notions d'acceptation et de compré-
hension doivent systématiquement rem-
placer celles de récompenses, défenses,
menaces, avertissements, pressions, etc.
— Favoriser le libre jeu de la spontanéité
et de la maîtrise de soi.
— Tenir compte des inhibitions et répres-
sions relevant de la psychanalyse.
Les principes et objectifs que l'on vient
d'énumérer semblent trouver leur appré-
ciation dans la pédagogie du groupe desti-
née à remplacer, autant que possible,
mais pas systématiquement les deux autres
types de relations pédagogiques : tutoriale
et magistrale.
La pédagogie de groupe, pour être réelle,
ne peut s'exercer que dans un cadre, des
conditions techniques et méthodologiques
précises qui rompent définitivement avec
le système traditionnel patronal, répressif.
Ceci implique la suppression de tout le
système de sanctions traditionnelles (jurys
et examens traditionnels, notes élimina-
toires, «fours», «médailles», classements)
et leur remplacement par des évaluations
diversifiées et souples ayant pour base le
dialogue.
COMMISSION DE L'ENSEIGNEMENT
16 mai 1968
A la demande de la majorité les membres
de la commission ont décidé d'analyser :
LE SYSTÈME PATRONAL D'ATELIER
N° 1. Niveau pédagogique - Relation pa-
tron - assistants - élèves.
N° 2. Niveau professionnel - le patron
représentant et perpétuant dans l'ensei-
gnement un certain type de pratique pro-
fessionnelle (loi de décembre 1940 :
création de l'Ordre des architectes).
N° 3. Niveau social - le patron conscient
ou inconscient véhicule une idéologie.
Niveau pédagogique
Nous contestons dans le système patronal :
A) L'inexistence d'un enseignement réel :
absentéisme, compétence limitée au do-
maine de l'apprentissage des ficelles et
des partis :
— Correction des projets logiques d'un
certain processus de création poussé
jusqu'à l'absurde, apprentissage à l'élève
de la défense agressive de son projet :
« défendre son projet c'est se défendre
dans la vie ».
B) La nature des relations pédagogiques
qui sont de type paternaliste et répressif ;
l'irresponsabilité entretenue de l'élève.
L'élève est considéré comme un éternel
mineur par rapport à son patron :
— Sanctions aux concours et aux jurys ;
— Connivence avec l'administration (ins-
criptions, changement d'atelier, renvois) ;
— Politique systématique de sélection et
de soutien d'une élite au sein de l'atelier ;
— Absence de dialogue : l'atelier n'est
pas le cadre d'un véritable travail de
groupe.
Ce qui renforce le caractère répressif de
ce système, c'est l'impossibilité de choix
d'autres enseignants ou d'un autre type
d'enseignement.
C) Les rapports assistants - patrons :
— Les assistants sont les valets des patrons ;
28
ils se heurtent souvent à une opposition
systématique dans toutes les tentatives
d'amélioration qui pourraient s'effectuer à
l'intérieur des ateliers.
Conclusion. — certaines difficultés sem-
blent pénibles à résoudre dans la transfor-
mation du système notamment le vide :
pas de structures de remplacement au
Grand-Palais. Les seuls éléments positifs
résident dans le contrôle théorique de
l'enseignement par les élèves dans les
ateliers extérieurs.
Le rôle nouveau qu'on est en droit d'exiger
de tout enseignant serait :
— transmettre un savoir objectif,
— considérer l'élève en adulte en accep-
tant le dialogue qui lui permettrait de
remettre à tout moment son enseignement
en cause,
— de diriger une étude en respectant la
personnalité de l'élève,
— de coordonner un réel travail de groupe.
COMMISSION DE L'ENSEIGNEMENT
1Z mai 1968
Le but de la commission était aujourd'hui
de déterminer ce qu'est l'enseignement
de l'architecture.
Trois moments dans cette discussion :
— les objectifs de l'enseignement,
— le profit de l'homme à former,
— les moyens et les méthodes.
Nous n'aurons à parler aujourd'hui que
des deux premiers.
1. OBJECTIFS GÉNÉRAUX DE L'ENSEI-
GNEMENT DE L'ARCHITECTURE
Les objectifs de l'enseignement en 1850
de l'École des Beaux-Arts à sa création
étaient adaptés aux besoins de la société
capitaliste du temps.
L'architecte au service du client privé
avait une responsabilité sociale limitée.
Clients et utilisateurs n'étaient pas séparés.
L'École des Beaux-Arts était faite pour ça
et sa pédagogie en cohérence avec ses
objectifs.
Actuellement l'idéologie ancienne survit
et se maintient dans toutes les tentatives de
changement de l'enseignement. Les inté-
rêts de l'utilisateur et du client État ou
collectivités — donc la bourgeoisie — sont
maintenant antagonistes et l'architecte est
tenu pour responsable de la création d'un
monde oppressif et répressif. Il doit main-
tenant prendre parti, son acte est politique.
La réforme qui nous a été proposée fait
de nous des techniciens au service d'une
classe, Nous refusons d'être des exécutants
Nous voulons prendre conscience des
mécanismes internes de la société. Nous
refusons de perpétuer et de camoufler
la répression de faux clients.
Le plan Fouchet, les I.U.T., la réforme
Querrien visent au même but : rentabilité
d'un capital humain.
Les architectes n'ont jamais contesté jus-
qu'ici les décisions du pouvoir — ils n'ont
jamais refusé d'appliquer les normes
pédagogiques répressives du ministère
de l'Éducation nationale.
L'enseignement qu'ils ont reçus ne leur en a
pas donné en outre le moyen.
L'architecte jusqu'ici a été manipulé. Il
sert le régime du point de vue technique.
La production architecturale atteint pour-
tant 17 % du revenu de la population
française.
L'architecte accepte une division sociolo-
gique du travail (patrons, nègres, exécu-
tants) .
Nous voulons démasquer les objectifs
voilés de la production architecturale.
Oui travaille pour qui ? dans l'intérêt de
qui ?
Nous voulons que l'enseignement de l'ar-
chitecture :
— permette la prise de conscience de
l'acte architectural dans ses répercussions
politiques, sociales, économiques,
— donne une compétence pour répondre
aux problèmes que la société pose à
l'architecte (qui pourra en connaissance
de cause accepter ou refuser sa formula-
tion) .
Ces deux points sont reconnus comme
finalité de tout l'enseignement supérieur
de la médecine à la sociologie — quel que
soit le degré de technicité de la connais-
sance.
2. PROFIL DE L'HOMME A FORMER
L'acte social d'architecture répond à une
demande sociale. Cette demande parvient
actuellement à l'architecte par l'intermi-
diaire d'un client (promoteur privé ou
public) qui défend les intérêts de sa classe.
L'utilisateur se voit contraint d'utiliser une
construction qui objectivement l'opprime.
Nous voulons au contraire que la réponse
à cette demande sociale qu'est l'acte
d'architecture se donne les moyens de
satisfaire dans ses différents moments
l'intérêt du plus grans nombre.
Le rôle des sciences humaines et de la
sociologie en particulier sera donc d'élu-
cider le contenu de cette demande, d'en
caractériser les implications à tous les
niveaux. Parallèlement elles doivent pro-
poser les définitions et organisations des
espaces propres à répondre à la demande
sociale.
L'architecte est essentiellement celui qui
transcrit cette définition théorique de
l'espace en une définition volumétrique
étant entendu qu'il participe à tous les
moments de l'acte architectural.
Il est donc nécessaire de préparer l'ar-
chitecte à son insertion dans un acte social
et non lui laisser l'idée qu'il synthétise
à lui seul cet acte. D'autre part de lui
donner les moyens de travailler avec les
autres parties prenantes de cet acte. Nous
constatons aussi que les autres parties
prenantes de cet acte ne reçoivent pas de
formation adéquate. Ces spécialistes, on
ne veut pas en avoir besoin, parce que les
méthodes de financement, la programma-
tion des études, les délais et l'ensemble
du contexte politico-économique ne per-
mettent pas leur intervention. Les équipes
pluridisciplinaires actuellement en place
(O.R.E.A.M.) sont des blagues ; elles ne
sont qu'un cautionnement technocratique
pour entériner les décisions toutes faites.
L'intervention sur l'espace se situe actuel-
lement à des échelles très diverses (de la
petite cuillère à l'aménagement du terri-
toire). Une formation unique ne peut plus
y préparer. Il faut former a un éventail
d'options dans l'intervention architec-
turale.
COMMISSION DE L'ENSEIGNEMENT
Nous affirmons la nécessité d'un enseigne-
ment critique à type universitaire et auto-
nome.
Nous allons préciser ce que nous enten-
dons par ces trois termes :
1° CRITIQUE (voir compte rendu du 17 mai)
2° UNIVERSITAIRE.
Par universitaire, nous entendons :
— Une diversité dans le choix des ensei-
gnements offerts (en opposition avec le
système facultaire actuel : création de
départements) ;
— Une richesse dans les rapports inter-
disciplinaires ;
— Des contacts entre milieux sociaux
différents (en opposition avec la sélection
et l'orientation opérées par les institutions
universitaires actuelles, qui se traduisent
par une limitation et une exclusion de
classe) ;
— La possibilité offerte à tous ceux qui
interviennent dans l'organisation physique
de l'espace, une formation commune de
base ;
— La possibilité, à tout moment du dérou-
lement des études, d'utiliser des passe-
relles interdisciplinaires :
— Un enseignement qui permette non
seulement d'apporter des connaissances,
mais donnant aussi des méthodes permet-
tant d'acquérir ces connaissances (appren-
dre à apprendre), de les situer dans le
contexte politico-économique, dans son
développement, et enfin de les utiliser
dans un dialogue interdisciplinaire ;
— Une relation étroite avec une recherche
fondamentale appliquée et opérationnelle.
3" AUTONOMIE
L'opposition dialectique autonomie-dépen-
dance d'un enseignement critique peut
s'analyser sous les points de vue suivants :
A) Autonomie de l'étudiant :
— par rapport à la matière enseignée (il
peut mettre en doute son utilité) ;
— au contenu de cet enseignement, aux
méthodes pédagogiques (dialogue, l'étu-
diant est condidéré comme un adulte
conscient) ;
— à l'enseignement (choix) ;
— à l'administration (cogestion).
B) Autonomie des structures de l'ensei-
gnement.
Le financement public doit permettre une
gestion autonome (liberté d'engagement
des dépenses d'investissement et de fonc-
tionnement) .
Les structures de l'enseignement doivent
agir comme facteur de transformation de
la société.
C) Autonomie de l'enseignement.
Les structures universitaires doivent lui
permettre de garder un contact avec une
pratique professionnelle (recherche, expé-
rimentation, réalisation) à condition qu'il
puisse exercer son autonomie dans cette
pratique professionnelle.
MINISTÈRE D'ÉTAT
CHARGÉ DES AFFAIRES CULTURELLES
DÉCRET N° 621Z9
DU 16 FÉVRIER 1963
RELATIF A L'ENSEIGNEMENT
DE L'ARCHITECTURE
Le Président de la République,
Sur le rapport du Premier ministre, du
ministre d'État chargé des Affaires
culturelles, du ministre des Finances et
des Affaires économiques, du ministre
de l'Éducation nationale, du ministre de
la Construction et du secrétaire d'État
aux Finances.
Vu la constitution et notamment son
article 31 ;
Vu la loi du 31 décembre 1940 (art.2 § l"r,
3°) relative au port du titre et à l'exercice
de la profession d'architecte;
Vu le décret du 30 septembre 1883 por-
tant organisation de l'École nationale
supérieure des Beaux-arts ;
Vu le décret du 13 janvier 1903 relatif
aux écoles régionales d'architecture ;
Vu le décret du 13 mai 1914 relatif au
titre d'architecte diplômé par le Gouver-
nement ;
Vu le décret du 9 janvier 1934 relatif à
la reconnaissance par l'État de l'École
spéciale d'architecture ;
Vu le décret n ' 50-1056 du 29 août 1950
portant organisation de l'École nationale
d'ingénieurs de Strasbourg, modifié par
le décret n 61-853 du 31 juillet 1961 ;
Après avis du Conseil supérieur de
l'éducation nationale ;
Le Conseil d'État (section de l'intérieur)
entendu,
décrète :
Article premier. — La formation des
architectes est assurée par les établis-
sements publics nationaux d'enseigne-
ment supérieur dénommés « Écoles
nationale d'architecture ». Ces établis-
sements sont créés par décret dans la
limite des besoins.
Dans le cadre de l'École nationale supé-
rieure des Beaux-Arts, la section « Archi-
tecture » assure la formation des archi-
tectes dans les mêmes conditions que
les écoles nationales.
Art. 2. — L'accès des Écoles nationales
est ouvert après concours aux titulaires
du baccalauréat de l'enseignement du
second degré ou des titres admis en
dispense du baccalauréat pour l'inscrip-
tion dans les facultés.
Toutefois, pour un nombre de places
limité, le concours d'entrée ne peut être
ouvert à des candidats qui, n'ayant pas
l'un des titres prévus ci-dessous, ont
satisfait à un examen de culture générale
et artistique.
Les conditions d'application des dispo-
sitions prévues à l'alinéa précédent et
les conditions d'entrée de stagiaires de
nationalité étrangère sont déterminées
par décret.
Art. 3. — La formation des architectes
comprend deux cycles dont la durée
totale est déterminée par décret.
Les études du premier cycle ont pour
objet de donner aux élèves la formation
scientifique, technique et artistique
nécessaire pour les initier aux pro-
blèmes de l'architecture et de la cons-
truction.
Le second cycle a pour objet de déve-
lopper et compléter les études du pre-
mier cycle en assurant l'enseignement
des connaissances nécessaires pour
exercer la profession d'architecte.
Art. 4. — Les élèves des Écoles natio-
nales ayant satisfait aux épreuves du
premier cycle, dans les conditions qui
sont fixées par décret, sont admis au
second cycle. Toutefois, peuvent accé-
der directement au second cycle, le cas
échéant après examen probatoire, les
candidats issus de certaines écoles
d'ingénieurs ou titulaires de certains
diplômes de l'enseignement supérieur
dans les conditions fixées par décret.
Les études du second cycle sont sanc-
tionnées par un diplôme unique d'archi-
tecte délivré par l'État à la suite d'un
examen public La nature des épreuves
et la composition du jury sont fixées par
décret.
Art. 5. — Un centre de spécialisation
et de recherches architecturales est
créé à l'École nationale supérieure des
Beaux-Arts de Paris.
Les conditions et titres permettant l'ad-
mission à ce centre, son organisation et
ses différentes spécialisations sont fixées
par décret.
Art. 6. — II est créé par décret, dans la
limite des besoins, des écoles régionales
d'architecture et de construction qui
constituent des établissements publics.
Chaque école régionale est rattachée
à une école nationale qui contrôle son
enseignement. L'admission aux écoles
régionales a lieu après un concours com-
mun auxdites écoles et à l'école nationale
dont elles dépendent.
Les écoles régionales dispensent un
enseignement identique à celui du pre-
mier cycle des écoles nationales et
sanctionné dans les mêmes conditions.
Les élèves de ces écoles sont admis aux
second cycle des écoles nationales après
avoir satisfait aux épreuves du premier
cycle, lesdites épreuves étant communes
aux écoles régionales et à l'école natio-
nale de rattachement.
Les modalités d'application du présent
article sont fixées par décret.
Art. 7. — Les écoles nationales et ré-
gionales délivrent un brevet de projeteur
en bâtiment en organisant une année
d'études complémentaires techniques et
pratiques pour les élèves qui, après
avoir suivi l'enseignement du premier
cycle, n'entrent pas au second cycle.
Art. 8. — Les écoles régionales d'ar-
chitecture et de construction peuvent
également organiser, dans le cadre d'une
section distincte, un enseignement rela-
tif aux techniques du bâtiment et de la
décoration.
Cet enseignement est ouvert aux candi-
dats justifiant d'une formation du
premier cycle d'enseignement du se-
cond degré. Les brevets qui en consti-
tuent la sanction sont définis par décret.
Art. 9. — L'enseignement de l'archi-
tecture et la délivrance du diplôme
30
d'architecte relèvent du ministre des
Affaires culturelles.
Le ministre de l'Éducation nationale
apporte sa collaboration au fonctionne-
ment des établissements relevant du
ministre des Affaires culturelles, notam-
ment en ce qui concerne le personnel
d'enseignement général.
A titre exceptionnel, l'enseignement de
l'architecture peut être donné par des
établissements dépendant d'autres dé-
partements ministériels. N'entrent dans
cette catégorie, à la date de publications
du présent décret, que l'école spéciale
d'architecture et la section architecture
de l'École nationale d'ingénieurs de
Strasbourg.
Ces deux établissements ne sont cepen-
dant autorisés à donner l'enseignement
de l'architecture que pour une durée
maximum de quatre ans à compter de
la publication des décrets pris en appli-
cation des articles 2, 3 et 4 du présent
décret, sous réserve de l'application
éventuelle des dispositions de l'ar-
ticle 11.
Le ministre des Affaires culturelles,
après consultation du Conseil supérieur
prévu à l'article 10, donne son avis sur
les projets de création d'établissements
d'enseignement de l'architecture rele-
vant d'autres départements ministériels
ainsi que sur leur régime et sur toute
organisation de l'enseignement de l'ar-
chitecture dans les établissements déjà
existants et qui relèvent du ministre de
l'Éducation nationale.
Le ministre des Affaires culturelles
apporte sa collaboration technique aux
différents ministres intéressés pour le
fonctionnement des établissements pu-
blics relevant de leur autorité lorsque
ces établissements dispensent un ensei-
gnement ayant trait à l'architecture.
Art. 10. — II est créé un Conseil supé-
rieur de l'enseignement de l'architec-
ture qui connaît les problèmes relatifs
à l'enseignement de l'architecture sous
réserve de la compétence du Conseil
supérieur de l'éducation nationale.
Ce conseil est présidé par le ministre
des Affaires culturelles. La vice-prési-
dence est assurée par le ministre de
l'Éducation nationale. Il comprend no-
tamment le ministre de la Construction.
Un décret fixera la composition, les
modalités de fonctionnement de ce
conseil et les cas dans lesquels il devra
être obligatoirement consulté.
Art. 11. — Une école privée, ou une
école créée par une collectivité locale,
ou tout autre établissement d'enseigne-
ment de l'architecture, peut être habilité,
sur sa demande, à donner l'enseigne-
ment des écoles nationales ou des écoles
régionales, par décret en Conseil d'État,
compte tenu des conditions de fonction-
nement du programme des études et
d'une préparation aux examens répon-
dant aux exigences du présent décret et
des textes subséquents.
Art. 12. — Afin de favoriser la promotion
sociale, il est organisé tous les deux ans
un concours ouvert aux candidats âgés
de trente-cinq ans au moins justifiant
d'une pratique minimum de dix ans
dans une agence d'architecte ou dans un
métier intéressant directement la cons-
truction.
Le succès à ce concours permet de subir
les épreuves du diplôme d'architecte
défini à l'article 4.
Les conditions d'accès et les modalités
de ce concours sont fixées par décret.
Également tous les deux ans seront orga-
nisées des épreuves particulières desti-
nées à l'obtention du brevet de projeteur
en bâtiment. A ces épreuves pourront se
présenter des candidats âgés de vingt-
huit ans au moins et justifiant d'une pra-
tique de huit ans dans une agence d'ar-
chitecte ou dans un métier intéressant
directement la construction.
Les écoles nationales et régionales
ouvriront des cours particuliers pour les
candidats intéressés par les dispositions
du présent article.
Art. 13. — A titre transitoire et jusqu'à
la date d'entrée en vigueur des décrets
d'application prévus aux articles précé-
dents, les établissements d'enseigne-
ment public qui, à la date de publica-
tion du présent décret, donnent l'ensei-
gnement de l'architecture continueront
de fonctionner conformément à la régle-
mentation antérieure.
Ces décrets d'application préciseront
également les mesures transitoires ap-
plicables aux élèves admis dans ces
établissements antérieurement à la date
de mise en vigueur desdits décrets.
Art. 14. — Dans l'article 2 (§ 1er, 3°),
premier alinéa, de l'acte dit loi du
31 décembre 1940 susvisé, les termes
« arrêté ministériel » sont remplacés
par les termes « décret en Conseil
d'État ».
Sont abrogées toutes dispositions anté-
rieures contraires du présent texte.
Art. 15. — Le Premier ministre, le
ministre d'État chargé des Affaires cul-
turelles, le ministre des Finances et des
Affaires économiques, le ministre de
l'Éducation nationale et le ministre de la
Construction sont chargés, chacun en ce
qui le concerne, de l'exécution du pré-
sent décret, qui sera publié au Journal
officiel de la République française.
Fait à Paris, le 16 février 1962.
Ch. DE GAULLE
Par le Président de la République :
Le Premier ministre,
Michel DEBRÉ
Le ministre d'État chargé des Affaires
culturelles : André MALRAUX
Le ministre des Finances et des Affaires
économiques :
Valéry GISCARD-D'ESTAING
Le ministre de l'Éducation nationale,
Lucien PAYE
Le ministre de la Construction,:
Pierre SUDREAU
31
COMMISSION DE L'ENSEIGNEMENT
19 mai 1968
Critique du décret n° 62-179 du 16 fé-
vrier 1962 relatif à l'enseignement de
l'architecture.
— Définition de l'architecte le restreignant
à son rôle actuel de bâtisseur (+ diplôme
unique). (Art. 1er vu la loi du 31 dé-
cembre 1940, vu les décrets qui suivent.
Art. 4.)
— Architecte au service d'une société dont
il cautionne les mécanismes socio-écono-
miques et pour laquelle il joue le rôle de
« chien de garde » (dans les limites des
besoins). (Art. I"et2.)
— Soumission de la profession corpora-
tiste. Numerus clausus (notion de besoin).
(Art. 2.) Contrôle. (Art. 6.). Diplôme unique
(Art. 4.). Brevet de projeteur. (Art. 4.).
— Système hiérarchique centralisé avec
dans cet ordre : E.N.S.B.A. section archi.
plus centre de recherche. (Art. 1er et 5.)
Écoles nationales d'architecture. (Art. 1er).
Écoles régionales d'Architecture. (Art. 6.)
Hiérarchie des titres : Brevet. (Art. 4.)
Diplôme. (Art. 7.)
Superdiplôme dégui-
sé. (Art. 5.)
par la recherche et la spécialisation
(E.N.S.B.A.).
— Pour les écoles nationales : structure
d'une « grande école » sous-développée.
(Art. 2.)
- Enseignement non gradué. (Art. 6.)
- L'identité des enseignants dispensés
d'une part dans les écoles régionales (en
vue de la délivranced'un brevet de proje-
teur en bâtiment) et d'autre part, au cours
du premier cycle dans les écoles natio-
nales (en vue du passage dans le
second cycle) est en contradiction for-
melle avec la mise en place d'un ensei-
gnement type « grande école » (cohérence
entre concours et niveau de sortie).
— Sélection de classe :
- Concours. (Art. 2.)
- Numerus clausus. (Arl. 6.)
- Brevet de technicien. (Art. 7.)
— Mauvaise définition des écoles régio-
nales :
- Sous-qualiffcation. (Art. 6 et 7.)
- Incohérence des sections et des buts,
(section distincte de l'Art. 8.) (Art. 8.)
- Non-graduation de l'enseignement.
(Art. 8.)
— Non-autonomie. (Art. 6.)
— Sanctions répressives et sélectives.
(Art. 2 et 4.)
- Système de concours.
- Examen de fin de premier cycle (à
l'intérieur même des écoles nationales, et
pour passer d'une école régionale à une
école nationale.
- Diplôme unique.
En conclusion, la commission Enseignement
propose que soit votée la motion suivante :
« Attendu que le décret n° 62-179 du
16 février 1962 instaure un système d'en-
seignement fondé sur la sélection de
classe, la sous-qualification, la hiérarchi-
sation monolythique d'une profession sou-
mise au pouvoir. — objectifs totalement
contradictoires avec ceux définis par la
commission — nous demandons son abro-
gation et affirmons notre volonté de nous
opposer par tous les moyens à son appli-
cation . »
COMMISSION DE L'ENSEIGNEMENT
sous-commission « groupe »
21 mai 1968
Chaque membre a été invité à donner une
information sur ces « expériences de
groupes» et les conclusions qu'il en a tirées :
— succès, échec, nombre de participants,
etc.
Afin de remplacer une information théo-
rique et abstraite qui faisait défaut, nous
avons réalisé une information propre au
groupe.
Des types différents de groupes ont été
évoqués et comparés. Par exemple :
— une équipe d'urbanisme,
— exemple de groupe hétérogène,
— un groupe homogène qui règle partiel-
lement les problème de language mais voit
naître plus spontanément les antagonismes,
— le groupe de cooptation,
— le groupe qui réagit en fonction d'un
catalysateur qui est l'animateur extérieur,
— le groupe à possibilité de combinaisons
à différents niveaux (horizontal ou vertical).
On a longuement comparé les groupes pro-
ductifs et les groupes de discussion :
— il a été soulevé comme objection « l'ina-
daptation des locaux de l'école aux moda-
lités du travail de groupe »,
— il a été répondu que les « motivations »
y avaient suppléé.
Ont suivi différentes propositions :
— Analyser ces motivations ;
— Analyser les motivations personnelles
par rapport à la grève ;
— Analyser la grève des Beaux-Arts en
tant que groupe et auto-analyse de la sous-
commission.
Étude de la dynamique de groupe et du
groupe dynamique.
COMMISSION DE L'ENSEIGNEMENT
sous-commission idéologie
et pédagogie
21 mai 1968
— Dans le cas particulier de l'ex-E.N.S.B.A.
on constate que la société bourgeoise a
essayé (Plan Fouchet) mais n'a pas réussi
(contestation actuelle) à former des gens
adaptés à servir ses intérêts ; la réforme
était prévue dans les faits pour une meil-
leure adaptation.
— Rapport idéologie - pédagogie conte-
nant idéologique et contenu pédagogique
ou comment une société forme ses cadres.
1. Contenant idéologique : une société,
en tant que système de production et de
consommation, détermine quels sont les
cadres dont elle a besoin pour se repro-
duire et améliorer son fonctionnement.
2. Contenu pédagogique : quelles sont les
connaissances à dispenser au futur cadre
et quelles sont les méthodes pédagogiques
à employer pour rendre ce cadre le plus
efficace possible.
3. La notion de rentabilité du cadre, aussi
bien que le choix des méthodes pédago-
giques, impliquent une référence à une
idéologie.
Exemple : le Ve plan, qui entraîne le plan
Fouchet, est un contenant idéologique. On
s'aperçoit ici que l'idéologie précède la
pédagogie (mesures d'application du plan
Fouchet).
— La pédagogie devrait permettre une
remise en cause permanente de la société,
et il faut pour cela que l'idéologie en ait
été dégagée : pédagogie critique.
— Comment dégager cette idéologie ? On
remarque ici que l'analyse simplifie la
réalité en fonction d'un choix.
— Débat sur la notion de l'objectivité,
quand on analyse la réalité.
— Débat sur la définition du mot idéologie :
se dégagent les notions suivantes :
Idéologie globale d'une société, sous-ja-
cente à ses manifestations (ex-capitalisme).
Idéologie dans ses manifestations (ex :
l'habitat pavillonnaire).
Idéologie de classe.
Idéologie d'une école (ex. : idéologie des
patrons de l'école, conditionnant la péda-
gogie).
Idéologie en tant que système (avant-
dernière étape de la chaîne superstition -
religion - idéologie - science) qui mène à
des idées.
Antagonisme idéologie - idées : une idéo-
logie en tant que mesure anticonception-
nelle, comme système répressif dans la
procréation des idées.
— Débat sur les rapports idéologie - péda-
gogie.
a) exemples d'idéologie sous-jacente :
— L'enseignement secondaire préparant
à l'enseignement supérieur scientifique
(scientisme, perfection de la méthode
d'analyse prise comme une fin en soi,
absence d'enseignement critique) ;
— Idéologie technocratique : la technique
mise au service d'elle-même ;
— Ex-École des Beau-Arts : Tautologie
basée sur la caricature d'une création.
b) Au sein de la pédagogie que l'on veut
mettre en place existent les germes de
contestation et de remise en question de
l'idéologie dominante.
c) D'une manière générale, le caractère
non critique d'une pédagogie n'est que le
principal moyen de défense d'une idéolo-
gie.
d) L'enseignant et l'éducateur transmettent
consciemment ou inconsciemment une
idéologie, quelle que soit la matière ensei-
gnée. Certaines méthodes volontairement
appliquée lui permettent de contrôler, dans
un sens ou dans l'autre, la transmission de
ce contenu idéologique.
e) Les moyens de transmission et la péda-
gogie elle-même font appel au conscient
et à l'inconscient de l'étudiant. Ex. : mé-
thodes audio-visuelles.
f) Les matières d'enseignement sont plus
ou moins chargées d'idéologie explicite.
Le refus d'introduire certaines matières
est un choix idéologique.
32
COMMISSION DE L'ENSEIGNEMENT
sous-commission n" 3
ORIENTATION, PLANIFICATION
A) Rapprochement de tous les métiers
concernés par « L'Acte de bâtir ».
1° Par un contact permanent, pratique et
humain à tous les niveaux, en divers lieux
et sous plusieurs formes.
2° Par un enseignement et par une base
communs.
3° A partir de ce fond commun, par une
résille de voies d'études verticales, reliées
entre elles par des passerelles horizon-
tales .
B) Rejet de la sélection, devenue inutile
dans le cadre d'une libre orientation pos-
sible à tous les niveaux.
C) II s'avère aussi nécessaire d'établir des
structures suffisamment souples, pour
permettre la participation de tous.
COMMISSION DE L'ENSEIGNEMENT
Sous-commission : qualification profes-
sionnelle, insertion dans la société de
classe, sélection, orientation, planifi-
cation.
21 mai 1968
Remarques générales sur le fonctionne-
ment de la sous-commission :
1. La compréhension incomplète des ob-
jectifs de la commission l'a conduite à se
perdre dans la définition et l'analyse
d'aspects partiels.
2. L'ambiguïté qui n'a pas étélevée sur le
contexte social et politique — société
socialiste ou pas — dans lequel se situe
l'enseignement à définir, a entraîné des
sauts constants du niveau auquel se
situaient les interventions et l'appel à l'au-
tonomie de l'architecte » (ou de l'ensei-
gnement) par rapport à la société, au gou-
vernement, au client...
3. Le débat a été dès le début orienté par
la proposition déjà élaborée d'un des par-
ticipants :
la croyance que la mouvement ne peut
déboucher que sur un changement fonda-
mental de la société conduit à l'étude d'un
centre de formation ouvert à tout le monde
préparant à toutes les branches de l'art
de bâtir, conquête partielle sur le plan
pédagogique et des structures (pas de
sélection) dans une période de transition :
cette école fournit des cadres que l'écono-
mie exige mais prépare à la société socia-
liste en donnant en plus de la formation
technique une vision critique de sa fonc-
tion : l'élément essentiel en serait la
première année, tronc commun non préci-
sément défini par rapport au secondaire
(rattrapant un enseignement défini ou
faisant suite à un enseignement rénové ?)
dont le but serait de donner à l'élève une
vision globale de toutes les tâches, techni-
ques, et créatives..., de l'art de bâtir afin
de lui permettre son auto-orientation,
suivie de sections plus spécialisées mais
assez souples pour permettre la réorga-
nisation progressive au cours des études,
qui seraient rapides et étalonnées de façon
à permettre également l'intégration à
l'Université et les rapports avec les autres
sections.
COMMISSION DE L'ENSEIGNEMENT
sous-commission n" 4
(Expérimentation
de la pédagogie de groupe)
21 mai 1968
A) REMARQUE GÉNÉRALE
II est apparu clairement au cours de cet
après-midi que seule l'expérimentation
de cette pédagogie permettrait à quelqu'un,
et d'ailleurs progressivement, de se faire
une idée réelle de ce qu'est cette méthode,
ses avantages et ses inconvénients.
Cette expérience elle-même doit être
renouvelée un nombre de fois successives
assez grand.
B) IDÉE LA PLUS IMPORTANTE OUI
S'EST DÉGAGÉE AU COURS DE CETTE
SÉANCE.
Analyse du comportement de groupe.
Deux tendances. L'analyse de la dynamique
de tous les groupes actuellement au
travail, par notre groupe spécialisé, con-
duit à penser que deux tendances complé-
mentaires sur le plan dialectique se font
jour dans les débats.
A) Action :.
— La première, considérant que nul phé-
nomène ne peut être dissocié de son
contexte, tend à ramener la discussion au
niveau de l'action actuelle.
B) Prospection.
— La seconde ressentant l'intérêt de la
prospection tend à orienter la discussion
vers une proposition à long terme.
Le dynamisme exige expression et synthèse
des deux tendances.
— Il apparaît que le dynamisme du mouve-
ment suppose que par la discipline des
débats, on parvienne à exprimer ces
deux tendances et à les organiser con-
sciemment et systématiquement afin
qu'elles ne constituent pas un frein mais
un antagonisme constructif.
MÉCANISME DE LA SÉLECTION
DANS LA SOCIÉTÉ
ET A TRAVERS
L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE
SECONDAIRE ET SUPÉRIEUR
22 mai 1968
La séance du 21 mai ayant été presque
exclusivement consacrée à rénumération
des facteurs négatifs de l'enseignement
actuel, nous avons cherché au cours de la
séance du 22, à voir quels étaient les élé-
ments positifs, existants ou souhaitables, en
suivant l'énumération du 21 et en nous
arrêtant au dernier point du primaire.
LES GRANDS CRITÈRES
A) Argent
— Enseignement véritablement obliga-
toire.
— Enseignement véritablement non-coû-
teux.
B) Social.
a) Tradition : équilibrer les horaires —
Diffusion par T.V., radio, presse ;
b) Social professionnel : information ;
c) Milieu social : mélange des couches
sociales notamment pour le logement et
non-ségrégation géographique des ensei-
gnements par la non-ségrégation des stan-
dings de logement..
Remarque :
Nous n'avons conservé la terminologie
jardin d'enfants, primaire et secondaire
que pour une compréhension aisée de nos
démarches. Cette notion étant à remettre
en question.
1. Jardin d'enfants
1. Nécessité d'une planification générale
de répartition des locaux en fonction des
besoins, ainsi que d'information afin d'évi-
ter les préjugés.
2. Création, pour l'enfant asocial, de
classes spécialisées au sein même des
établissements d'enseignement.
3. Nécessité de l'enseignement ouvert
vers tous les modes d'expression, ceci
étant poursuivi dans toute la suite de
l'enseignement.
II. Primaire
1. Nécessité d'un emploi du temps organisé
pour éviter le travail à faire chez soi.
2. Nécessité d'un enseignement global
dans le cadre de l'école même ceci néces-
site une révision des techniques.
Remarque :
NÉCESSITÉ DE RENCONTRE AVEC DES
SOCIOLOGUES ET DES PSYCHOLOGUES.
Cf. Comprehensive School anglaise.
3. Le développement de toutes les facul-
tés... doit être un objectif maintenu dans
toute étude des systèmes d'enseignement.
Nécessité de trouver un squelette sur
lequel toutes les manifestations de la con-
naissance puissent se greffer sans pour
autant surcharger le nombre des disci-
plines.
Remise en cause permanente des struc-
tures (afin d'éviter une sclérose de celles-
ci) assurant une évolution :
« Point inquiétant demandant l'intervention
de sociologues et psychologues car ceci
implique le social, la planification et l'éco-
nomie. »
4. Proximité du lieu d'études et de loge-
ment.
Nécessité d'équipements de rencontre
utilisés par l'ensemble de la société.
L'établissement d'enseignement devenant
un élément d'équipement collectif total (Cf.
expérience anglaise.
Remarque :
Là encore, l'avis des pédagogues, socio-
logues, serait nécessaire car :
« Faut-il favoriser le milieu familial ou
l'équipement public ?
— Une solution serait de favoriser l'équi-
pement public afin de permettre un nouvel
équilibre de la notion familiale, dont les
bases économiques anciennes sont complè-
tement modifiées.
— Possibilités d'un enseignement non
directement lié à l'âge des enfants.
— Le besoin de se singulariser devant la
collectivité peut amener une polarisation
abusive de l'intérêt. Il faudra intéresser
l'enfant aux autres disciplines.
— Reconsidération des niveaux de moyens
d'expression.
Remarque :
Tous ces points ne sont pas en contradic-
tion avec la notion d'autodidacte.
5. Amener l'enfant à prendre goût aux
autres disciplines que sa spécialisation par
le côté vivant (travaux manuels, etc.).
33
COMMISSION DE L'ENSEIGNEMENT
mécanisme de la sélection
dans la société
23 mai 1968
Toute la société se remet en cause. Donc
l'enseignement se remet en cause. Nous
avons compris que ces commissions de
disciplines différentes réfléchissent sur des
thèmes généraux : leur rôle premier est de
dégager l'opinion de chacun sur ces thèmes
généraux. En effet chaque commission ainsi
constituée peut se trouver limitée dans ses
propositions faute d'avoir pu comprendre
des spécialistes.
Cependant il semble que les authentiques
propositions d'un petit groupe sont les
éléments propres à faire réfléchir les
spécialistes pour sortir une synthèse vala-
ble.
Seulement la confrontation, à l'avis des
spécialistes, doit être mis en parallèle avec
une même démarche vis-à-vis du monde
du travail.
Mais est-ce vraiment là un travail positif ?
L'apparition d'un sociologue a bouleversé
le fil conducteur du travail entrepris et la
commission s'est interrogée sur le rôle
exact qui lui est proposé. Elle a décidé de
se représenter devant la commission géné-
rale afin de se voir repréciser l'orienta-
tion de son travail.
COMMISSION DE L'ENSEIGNEMENT
Sous-commission n" 3 :
orientation, sélection, planification.
26 mai 1968
La sous-commission s'est proposé de
débattre de la notion de « vocation ».
Le terme même de « vocation » fut immédia-
tement contesté comme rélevant d'une ter-
minologie périmée : sommes-nous destinés
à, ou appelés à une profession particulière
dès notre naissance ? Appelés par qui ?
Pour quoi ?
Nous constatons au contraire que, au départ,
toute une catégorie de gens n'ont prati-
quement aucune possibilité d'entreprendre
des études appronfondies ; d'énormes iné-
galités sociales et culturelles apparaissent
selon la classe sociale à laquelle on appar-
tient — ceci étant valable aussi bien pour
celui qui entreprend des études pri-
maires, secondaires, ou supérieures.
Il y a des gens qui ne peuvent jamais choi-
sir.
Nous refusons donc les critères de sélec-
tion d'une société basée sur la production,
la consommation et le profit ; nous nous pla-
çons dans le cadre d'une pédagogie réno-
vée qui institue un milieu corrigeant conti-
nuellement des différences et inégalités
socio-culturelles (l'institution d'un pré-
salaire pourrait en être un des signes).
Une telle Université serait nécessairement
autonome et permettrait une réorientation
possible de l'élève à tous les niveaux des
études : la diversité des options et des
qualifications possibles, le dialogue entre
l'étude théorique et l'étude pratique
seraient la garantie de la multiplicité des
choix.
Cette autonomie donnerait à chaque univer-
sité sa tournure propre — selon les carac-
téristiques géographiques, sociales, écono-
miques ou culturelles — et permettrait à
chacune d'elles de s'intégrer de façon
différente dans les domaines les plus di-
vers de la connaissance.
A la base, une telle université donnerait le
maximum de souplesse dans la formation
des individus, une insertion plus riche, et
la possibilité, continuellement renouvelée,
de choisir.
N'est-ce point le contraire de ce que nous
appelons aujourd'hui la vocation ?
NOTES SUR LES TRAVAUX
DE LA COMMISSION
DE L'ENSEIGNEMENT
28 mai 1968
La commission de l'enseignement s'était
proposé de travailler dans une double
perspective :
1. Travail de sensibilisation :
Le nombre restreint de participants per-
mettait à tous de s'exprimer librement :
— à partir de son expérience vécue d'en
découvrir les implications politiques,
— favoriser la communication et la compré-
hension entre personnes ayant des niveaux
de conscience politique différents (voca-
bulaire, terminologie).
Tout en se référant constamment à la ligne
politique définie par la motion du 15 mai,
nous avons eu à lutter contre le parachu-
tage de propositions de réforme déjà
élaborées par certains enseignants et archi-
tectes.
2. Élaborations de motions d'orienta-
tion concernant l'enseignement.
On peut distinguer deux périodes :
— Dans une première période : critique de
l'enseignement préexistant (motions : sup-
pression du système patronal et abroga-
tion du décret 62.).
— Dans une seconde période : prise de
contact avec les problèmes généraux rela-
tifs à l'enseignement (intégration à l'Uni-
versité, autonomie, pédagogie en tant que
véhicule de l'idéologie dominante). L'exi-
gence de l'analyse nous a amenés à nous
subdiviser en quatre sous-commissions :
a) Mécanisme de sélection dans la société
de classe ;
b) Idéologie, pédagogie ;
c) Rapport entre : sélection, orientation,
planification,
d) Commission expérimentale de la péda-
gogie de groupe.
Les sous-commissions ont travaillé sépa-
rément avec des résultats divers et parfois
contestables (oubli de la perspective poli-
tique définie par la motion du 15 mai). Mais
aucun résultat ne pouvait être acquis sans
l'avis de la commission plénière. En consé-
quence, les papiers qui sortent des sous-
commissions ne sont pas toujours le reflet
de la commission elle-même.
A l'heure actuelle, nous sommes arrivés
à ces conclusions :
1. Suspension du travail des sous-commis-
sions qui devront donner une synthèse de
leurs travaux à l'assemblée plénière.
2. A partir de ces différentes synthèses
nous sommes en train d'élaborer une plate-
forme minimum d'orientation que nous
désirons soumettre très prochainement à
l'Assemblée générale après en avoir diffusé
le texte.
En aucun cas, cette plate-forme ne propose
des structures d'enseignement mais elle
fixe une orientation globale à implication
politique immédiate. En conséquence, elle
nous permettra d'exiger des enseignants
une prise de position sans équivoque.
Si cette plate-forme était approuvée par l'As-
semblée générale, alors elle pourrait servir
de base à l'élaboration d'hypothèses diver-
sifiées de travail à développer en liaison
avec l'extérieur (autres facs, ex-grandes
écoles, monde du travail). Elle nous per-
mettrait en outre de formuler des revendi-
cations immédiates.
Dans la logique même de cette orientation,
nous présentons dès à présent à l'Assem-
blée générale la motion suivante :
PROPOSITION DE MOTION
faite à la Commission de l'enseignement
Après avoir défini un certains nombre de
principes touchant à l'enseignement :
— Dissolution de l'école des Beaux-Arts ;
— Rattachement à l'Université ;
et pour faire entrer dans les faits les acqui-
sitions du mouvement qui s'est développé
l'ex-E.N.S.B.A., nous proposons :
1. Un mouvement d'éclatement procédant
d'une double action :
— d'une part une prise de contact systé-
matique auprès des différentes facultés :
Sorbonne, Nanterre, Halles aux vins, Orsay,
Médecine et certaines ex-grandes écoles.
— d'autre part la constitution de groupes
à l'ex-E.N.S.B.A. destinés à élaborer des
hypothèses d'enseignement en liaison avec
ces facultés et ex-grandes écoles.
2. Une affectation définitive des locaux de
l'ex-E.N.S.B.A. à un enseignement univer-
sitaire différencié en faisant appel aux
départements des facultés intéressées —
les locaux devant être mis à la disposition
des départements intéressés nous deman-
dons aux responsables des anciens ateliers
d'en évacuer dans les plus brefs délais les
différents matériels (blibliothèques, etc.).
34
COMMISSION DE L'ENSEIGNEMENT
Rôle objectif de l'E.N.S.B.A.
19 mai 1968
Face à une société dont le seul but est
sa propre répétition et qui pour ce faire
tente perpétuellement d'intégrer les con-
tradictions qu'elle engendre, l'ensei-
gnement doit permettre une prise de
conscience des problèmes soulevés par
une remise en cause partielle ou totale
de cette même société. Un tel enseigne-
ment critique doit, par sa nature même,
être ouvert et s'adresser à la totalité de
la société, sans aucune espèce de ségré-
gation.
A partir de ces quelques éléments
voyons comment se présente l'E .N.S .B.A.
et dans quelle mesure elle répond à la
fonction qui lui est demandée et si elle
remplit le rôle de création auquel elle
prétend.
L'objectif de tout enseignement est la
transmission d'un savoir, c'est-à-dire d'un
ensemble de connaissances contrôlables
expérimentalement. Le savoir scienti-
fique prend des formes multiples ; il peut
par exemple se placer au niveau de la
logique interne d'un système de pensée
(ex. : sciences physiques), ce peut être
un rapport dialectique avec l'objet de
connaissances (ex. : les sciences hu-
maines) mais dans tous les cas, il est
vérifiable et fournit des preuves de son
existence (livres, manuels, etc.) A l'op-
posé, le savoir transmis par l'école ne
repose sur aucune donnée objective, sur
aucun ouvrage théorique (cf. le manque
de bibliographie). Il est peu défini, diffi-
cilement appréhendable, le langage qui
l'exprime fait preuve lui-même d'une
très grande pauvreté (cf. les difficultés
lors de la traduction de textes étrangers)
qu'accentué encore le côté répétitif de
chacun de ses termes : beauté, noblesse,
proportion, échelle, sensibilité, carac-
tère, etc. autant de stéréotypes verbaux
dénués de toute valeur explicative, de
toute référence objective et, ne relevant
que du plus complet idéalisme.
L'atelier sous sa forme classique et sous
des formes abâtardies est la structure
pédagogique permettant la diffusion de
ce savoir ; cette structure para-fami-
liale favorise en effet les contacts person-
nels, les rapports directs de maître à
élève (c'est-à-dire patron-nouveaux ou
anciens-nouveaux), qui seuls permet-
tent l'osmose de telles notions car il ne
s'agit pas là de transmission de connais-
sances comme cela à lieu dans les autres
facultés sous forme de cours magis-
traux par exemple, mais d'une initiation,
véritable négation du temps et de la
réalité. Grâce à une telle formation,
l'initié passe sans contrôle objectif pos-
sible, la barrière des connaissances ; il
s'établit alors une coupure entre ceux
qui peuvent comprendre et ceux qui ne
le peuvent pas, l'immense masse des
utilisateurs faisant bien entendu partie
des seconds, de ceux qui n'ont qu'à se
taire, faute de savoir apprécier 1' «œu-
vre ».
Ce « savoir » et le mode de transmission
utilisé sont autant de caractéristiques
d'un enseignement corporatiste, c'est-à-
dire d'un monde qui se veut clos, d'une
structure volontairement fermée, entiè-
rement orientée vers un but interne :
elle-même, ses idéaux, sa pérennité, ses
connaissances diffuses, ses tours de
main. Un tel système n'est susceptible
de communiquer ni un savoir scienti-
fique, ni une culture, car pour être
valable, celle-ci devrait être intégrative
à une société globale, c'est-à-dire ne pas
se limiter à une de ses fractions ; or le
corporatisme ne peut survivre qu'en se
coupant de toute ' nouveauté, qu'en
s'isolant de son environnement. De plus
l'atelier dans ses structures corporatistes
essaye de perpétuer les absolus de la
beauté (beauté éternelle), de proportion,
etc. et par là même limite choix et liber-
tés supprimant ainsi toute possibilité
réelle de création ; d'ailleurs même ne
serait-il pas limité que tout individu,
dans l'impossibilité de définir avec pré-
cision ses connaissances et donc a
fortiori de les dépasser par une démarche
dialectique, aboutirait au même résul-
tat.
Il ne faut pas confondre l'atelier struc-
ture fermée et le groupe de recherche
structure ouverte. Alors que dans le
premier, les individus ne disposent
d'aucun savoir contrôlable, dans le
second, chacun apporte une certaine
somme de connaissances (contrôlables)
non identiques, mais de valeur compa-
rable, ce qui ne peut qu'augmenter la
potentialité de l'ensemble. De plus,
alors que dans le premier la hiérarchie
« intellectuelle » va de pair avec la
hiérarchie sociale, stérilisant ainsi toute
possibilité de remise en cause, le second
dissocie ces deux types de hiérarchie
laissant la porte ouverte à la contesta-
tion, seul moyen de dépassement pour
l'ensemble du groupe.
L'une des conséquences de cette volonté
corporatiste d'isolement est le renfor-
cement du caractère ségrégatif de toute
université de classe. En effet, vu l'inexis-
tence de critères objectifs, la sélection
portera sur une manière d'être, un lan-
gage (graphique, oral, etc.), sur la
reconnaissance de la part du jury de ses
propres habitudes, de sa propre culture
(cf. Prix de Rome). Or il est bien évident
que l'assimilation de tout cela est infi-
niment plus aisé pour les classes bour-
geoises.
Une autre conséquences de ces struc-
tures corporatistes est le soin d'éviter
toute intrusion d'éléments étrangers au
système, en effet, ses bases n'ayant pour
fondement qu'une longue habitude,
pourraient être totalement contestées par
des éléments nouveaux (cf. le manque
de traduction d'ouvrages étrangers fon-
damentaux : Benevolo, Giedion, etc.), ce
qui entraînerait sa fin. Éventuellement
certains d'entre eux n'impliquant pas sa
remise en question profonde sont phago-
cités, vidés de tout contenu et enfin inté-
grés au système (cf. pseudo-théories
architecturales récupérées dans leur
seul formalisme).
L'une des pratiques destinées à motiver
la hiérarchie interne du groupe et l'ac-
ceptation de nouveaux éléments, s'ap-
puie sur l'idéologie du don : choisir
quelqu'un d'après ses dons signifie
choisir sans aucune référence, sans
aucun critère de ce choix. Ici le don est
uniquement une tournure d'esprit per-
mettant à ceux déjà dans le système, de
se reconnaître.
Les relations entre le système et son
environnement s'exercent au niveau du
folklore ; en effet, parallèlement à ce
cloisonnement indispensable à sa survie,
le groupe doit s'intégrer à l'ensemble de
la société ; dans ce but il crée un folk-
lore image de lui-même qu'il offre, tel
un spectacle, au monde extérieur. Tout
ensemble corporatiste a besoin d'un
folklore, contrepartie de son isolement,
et la disparition du second entraînera
inévitablement celle du premier.
En conclusion il faut insister sur le
double retard dont souffre l'E.N.S.B.A.
Retard tout d'abord vis-à-vis de la
société industrielle actuelle, dû en gran-
de partie à ses structures corporatistes
qui ont mis enseignement et profession
en dehors des circuits de production.
Alors que ces derniers se transformaient
et se modernisaient, les premiers ont
mis tous leurs efforts à se protéger du
changement, d'où le désaccord grandis-
sant apparu entre eux qui va maintenant
jusqu'à l'incompatibilité. Pour rattraper
ce retard, pour mettre l'enseignement
et la profession au niveau de la produc-
tion, pour les intégrer dans la société de
consommation, la réforme à été instau-
rée. Mais là s'arrête son objectif — pas-
sage d'un stade féodal à un stade indus-
triel technocratique — et apparaît le
deuxième retard de l'E.N.S.B.A. En effet,
si certaines de ces contradictions sont
ainsi résolues, elle n'en restera pas
moins l'instrument d'un enseignement
de classe ne visant pas à intégrer la
totalité des individus, mais au contraire
à sauvegarder les privilèges d'une mino-
rité, répondant aux seuls besoins de
l'économie et de la grande industrie tout
en continuant de se tenir en dehors d'une
véritable pratique sociale.
APPEL A TOUS
LES DIPLOMABLES
— L'Université est en mutation totale.
— L'école des Beaux-Arts est investie par
les étudiants et enseignants en grève illi-
mitée.
— Tous les examens sont suspendus ; leur
existence remise en question.
— Le diplôme dans sa forme actuelle est
la négation de la mutation universitaire.
EN CONSÉQUENCE
— La grève engagée crée une situation
de fait qui exclut la session de juin.
— Les débats sur les sanctions de fin
d'études et les mesures transitoires sont
ouverts.
— ASSEMBLÉE GÉNÉRALE LE SAMEDI
18 MAI A 14 H, ÉCOLE DES BEAUX-ARTS
14, rue Bonaparte.
Comité de grève des Diplomables.
DÉCISION D'UNE COMMISSION
D'ÉTUDE
DU DIPLOME D'ARCHITECTE
Un élève diplomable est diplômé par
définition (99,99 % de reçus au bout de
dix ans).
Il n'est pas question de supprimer le
diplôme.
35
IL FAUT SUPPRIMER :
— la sanction,
— les rapporteurs,
— le jury (dépassé la plupart du temps),
— les formats de rendu obligatoire,
— l'esprit.
Il faut que le diplôme soit l'occasion d'une
thèse et d'une recherche non limitative
dans l'esprit et dans la forme où l'étudiant
prêt à quitter l'école accepte d'apporter
sa contribution à l'évolution de la recherche
architecturale contemporaine.
NOUS PROPOSONS :
A l'inverse du diplômable se retrouvant
actuellement devant un jury de patrons,
qu'il se retrouve devant un public d'élèves,
de disciplines diverses afin d'expliquer
l'objet de ses recherches.
Ce dialogue sera public et sous la forme
de la libre discussion, il ne sera pas
sanctionné.
Notre avis est que le niveau de ces thèses
n'en sera que plus élevé, et profitera à
l'ensemble de l'enseignement et à la
nation.
Cette décision à été prise à l'unanimité des
diplômables présents à notre commission.
14 heures, Paris, le 18 mai 1968.
MANIFESTE POUR LE BOYCOTT
DE L'ADMISSION
Texte du 15 mai 1968
Ce texte est présenté par une commission
d'admissionnistes favorables au boycott.
Il constitue une explication de vote et
une base de discussion pour l'Assemblée
générale ADMISSIONNISTES du ven-
dredi 17 à 14 heures.
Point 1. — Le problème des adminis-
sionnistes n'est pas un problème parti-
culier. En effet, il se rattache à tout ce
qu'il contestait dans l'Université actuelle
c'est-à-dire :
1. Le recrutement non démocratique —
c'est le cas chez nous — (fils d'ouvriers,
levez le doigt !).
2. La sélection à tous les niveaux ce qui
a pour conséquence de renforcer l'anti-
démocratisme et de créer des cloisonne-
ments.
3. L'enseignement dans son contenu, dans
l'esprit avec lequel il est « transmis »
et surtout dans sa finalité : former les
cadres nécessaires à la société dont les
structures sont remises en question par
le mouvement actuel — c'est encore le
cas chez nous. De plus, ces trois points
seraient encore aggravés par l'application
de la réforme — plan Fouchet.
Un des moyens de lutte est, comme dans
l'Université, le boycott des examens et
concours.
A propos du boycott, il faut s'engager avec
franchise en fonction d'un intérêt général
et non d'intérêts individuels ou à plus
forte raison, d'intérêts individuels à cour
terme.
Point 2. — Pourquoi le boycott?
a) Face aux examens et aux concours le
boycott est le seul moyen efficace de blo-
quer les rouages d'une administration qui
veut nous imposer la réforme — plan
Fouchet.
b) Des solutions de demi-mesure telles que
l'autoséléction ou l'aménagement provi-
soire de l'admission feraient le jeu de cette
administration en reculant la date de
l'épreuve de force.
c) En ce moment, la situation nous est
favorable, si nous n'agissions pas main-
tenant, il serait facile pour l'administration
de mettre la réforme en application plus
tard.
d) Le boycott et la grève ne suffisent pas,
l'action doit se compléter par le travail des
commissions déjà en place.
MANIFESTE POUR LE BOYCOTT
DE L'ADMISSION
Texte du 16 mai 1968.
A la suite du manifeste pour le boycott
de l'admission — texte du 15 mai —, devant
servir de base de discussion sur ce pro-
blème, un certain nombre de questions
ont été soulevées :
— Pour la plupart de ces questions, seul
le travail en commissions peut apporter
des solutions.
— Cependant, la commission admission-
nistes qui a rédigé le premier texte propose
ci-dessous quelques réponses aux pro-
blèmes posés.
Point 1 : Qu'est ce que le boycott ?
— Ce n'est pas la suppression pure et
simple du concours d'admission.
— Ce n'est pas la perte d'une année de
travail.
— Ce n'est pas repousser le concours tel
qu'il est à une date ultérieure.
— C'EST REFUSER LE CONCOURS DANS
SES STRUCTURES ACTUELLES.
— Il est inutile de demander un pro-
gramme précis sur ce qui est destiné à
remplacer ce concours. Cela ne peut être
que l'aboutissement du travail des commis-
sions (qui ne peut se faire évidemment du
jour au lendemain) c'est donc à nous tous
admissionnistes et enseignants qui
sommes concernés d'y participer.
Point 2 : Que se passera-t-il en cas de
boycott?
I. Si le boycott du concours en solidarité
avec l'Université aboutit à la satisfaction
de nos revendications, nous serons ame-
nés à faire deux sortes de propositions :
A) A court terme, pour les candidats
actuellement engagés dans l'admission,
il faudra envisager une admission de
transition, en tenant compte : de nos
objectifs, de l'enseignement reçu au
cours de l'année scolaire qui se termine.
Ceci étant une proposition dont les moda-
lités précises seront à définir en commis-
sion.
B) A long terme, les commissions auront
également à déterminer quelles seront
les modalités futures d'entrée dans l'école
future ou de réorientation vers d'autres
secteurs de l'enseignement.
II. Si le boycott échoue, nous exigerons
comme le fait le reste de l'Université que
le report des oraux (ou d'une nouvelle
admission), soit fixé pour la rentrée.
Nous devons cependant rappeler que si
nous ne choisissons pas la solution du
boycott, nous affaiblissons le mouvement
en général qui se décide dans tous les
secteurs de l'enseignement et des tra-
vailleurs.
Point 3 : Service militaire.
— Ce problème, bien qu'étant un pro-
blème individuel alors que nous menons
une action de groupe, doit être pris en
considération du nombre de personnes
concernées.
— Nous ne pouvons tenter de donner une
solution au niveau de l'école, c'est
l'U.N.E.F. qui a pris en charge les revendi-
cations concernant ce problème, au niveau
de l'ensemble de l'Université, car seule la
position de force donnée par le nombre
peut obtenir satisfaction.
MOTION PRÉSENTÉE PAR LA
COMMISSION « ADMISSION »
17 mai 1968 à 17 heures
La grève que nous menons aujourd'hui
est la conséquence du refus des structures
de notre enseignement.
Elle entre dans le contexte général, social
et universitaire.
Les admissionnistes ont le moyen de con-
crétiser effectivement cette action par le
boycott du concours mais ceci ne peut
être envisagé que dans le cadre général.
Nous demandons à l'Assemblée générale
de décider le boycott de tous les projets,
valeurs, diplôme, Prix de Rome etc.
actuellement en cours, comme cela se
fait dans de nombreuses écoles et facultés.
UNE COMMISSION
D'ADMISSIONNISTES
17 mai à 20 heures
Premier rapport de travaux.
Nous nous déclarons entièrement soli-
daires du mouvement en cours c'est-à-
dire une participation totale à la grève.
Nous n'acceptons de passer l'oral (l'écrit
étant et devant être considéré comme
acquis) que dans un délai minimum a fixer
à partir de la fin de la grève et dans des
modalités que la commission en rapport
avec les enseignants s'efforce actuelle-
ment de déterminer.
COMPTE RENDU DE L'ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE DES ADMISSIONNISTES
POUR DISCUTER DU CONCOURS
ET DE SON BOYCOTT
18 mai 1968 à 17 heures
1° Lecture des différentes propositions.
2° Débats (validité du vote, débat contes-
tation, infirmation).
3° Motions présentées et votées.
1° Manifeste pour le boycott.
Comité d'action pour l'admission.
Commission d'admissionnistes.
Comité d'action pour l'admission (contes-
tation sur la validité du vote).
Comission d'admissionnistes (admission).
Le boycott c'est la grève.
2° Débat, validité du vote.
Tous les admissionnistes ne sont pas pré-
sents à l'assemblée, y compris ceux de
province.
Confusion dans les convocations.
3° Débat contestation.
36
4° Information
Pour le comité exécutif.
L'U.N.E.F. est en rapport avec le ministère
des Armées pour le sursis, le ministre se
conformera aux décisions du doyen.
Problèmes des étrangers.
Problème des boursiers.
PROPOSITION DU PRÉSIDENT DE SÉANCE
(Antoni).
Apparemment deux tendances s'opposent
dans le cadre de notre grève.
Il est proposé qu'après le débat contes-
tation fait ensemble, chaque partie rédige
une motion sur lesquelles nous voterons
tous ensemble.
Vote : majorité contre.
PROPOSITION DE MOTION PAR LAUTIER
— Les élèves admissionnistes et ensei-
gnants réunis le 18 mai salle Foch :
Demandent à l'Assemblée générale de
l'école de déclarer nulle en sa totalité le
concours passé par les admissionnistes au
mois de mai 1968, ils lui demandent que
soient mises à l'étude les modalités futures
de la sanction de l'année écoulée.
VOTE : Majorité absolue des présents
(admissionnistes, élèves, enseignants).
COMPTE RENDU DE LA RÉUNION
DES ADMISSIONNISTES
18 mai 1968
200 personnes environ.
— Lecture de cinq manifestes sur le
boycott ou le report du concours d'admis-
sion.
— Problèmes posés par l'envoi de convo-
cations avec dates erronées et forme de
vote (Paris-Province).
— Compétence de l'assemblée à la comis-
sion :
Assemblée compétente pour discuter les
manifestes mais pas pour un vote définitif
sur le statut du concours.
— Évocation de problèmes généraux :
Groupes ;
Réforme ou boycott systématique (confu-
sion sur les termes des manifestes) ;
Rapport entre la grève générale et le
concours ;
Accord général sur la prise de conscience
de la carence de l'enseignement ;
Situation des admissionnistes face à une
école dissoute ;
Élaboration pendant les vacances d'une
forme d'admission transitoire (mobili-
sation élèves-enseignants) ;
Rattachement du mouvement étudiant à
la lutte contre, les structures sociales;
Problèmes des sursis, bourses, étudiants
étrangers ;
Le fait d'avoir accepté le principe de
l'admission dans le contexte habituel
n'engage pas la position actuelle contre
cette admission ;
Sélection arbitraire (numerus clausus) ou
sanctions des connaissances ;
Boycottage, non seulement problèmes
techniques et d'intérêt général mais
surtout acte politique, confiance et adhé-
sion au mouvement révolutionnaire ;
Revendications syndicales des ouvriers et
position des admissionnistes nécessiteux ;
Refus de scinder l'école en groupes
ABC position commune malgré les diffé-
rences conjonctuelles ;
Prise de position « petit bourgeois » de
ceux qui veulent terminer sous sa forme
actuelle le concours puis engager un
mouvement révolutionnaire ;
Impossibilité d'élaborer un enseignement
nouveau pendant les vacances ;
S'il y a dissolution de l'école le concours
n'est plus valable ;
Rappel : il y a 20 000 architectes en
Angleterre, 7 000 en France;
Delouvrier : il en faudrait 15 000 une dizaine
d'architectes ont 30 % ;
Tout choix est un choix politique ;
Demande d'acceptation immédiate d'une
motion se proposant pour ou contre le
boycott (le vote de procédure accepté,
la motion a été votée).
Pour le texte voir ci-après.
COMPTE RENDU DE LA COMMISSION
ADMISSIONNISTE
Rappel de la motion votée le samedi
18 mai à la commission admissionmste :
Annulation du concours d'avril-mai 1968
et définition d'une admission de transition.
— Différents problèmes seront soulevés
quant au problème immédiat de l'admis-
sion 1968 et quant au problème plus géné-
ral de l'ex-école.
Après élaboration d'un calendrier et d'une
liste de présence de personnes s'enga-
geant à participer régulièrement aux
commissions, le débat sur le principe de
l'admission est ouvert.
Plusieurs élèves proposent quelques bases
d'établissement d'une admission transitoire
tenant compte de certains cas particuliers.
Une remarque concernant l'autoévaluation
des candidats est faite. Il est difficile de
trouver des sélecteurs et des critères de
sanction pour permettre à un élève de
devenir architecte.
Le débat se porte alors sur la place de
l'admission dans le cadre d'une univer-
sité future d'architecture (imaginer que
tout est à faire est la seule position idéa-
liste maintenant).
Il ne s'agit pas d'avoir un papier pour
avoir des garanties.
— Non à l'Ordre, non au D.P.L.G.
— On ne peut envisager un changement
de niveau qu'en fonction de ce que seraient
les différents niveaux dans le cadre d'une
université. Orientation non sur l'année
passée mais sur les années suivantes,
d'où : sanction, non seulement sur les
connaissances mais sur le travail et l'esprit.
Être architecte ce n'est pas avoir de
grosses affaires mais avoir une certaine
mission sociale au service des utilisateurs
et non des clients.
— Il faut, dans le cadre de l'Université,
supprimer la hiérarchie des valeurs
jusqu'au diplôme et proposer une étude
par « département ».
Dès que l'on a appris qu'il faut devenir
architecte, on est dans le système d'acte
de construire ; on est apprenti (notion de
métier dès l'entrée dans l'école).
— Ne pas oublier qu'il y aura continuité
dans l'enseignement.
Les années antérieures ne seront pas
perdues dans une université à « départe-
ments». Reclassement en fonction du
contenu des niveaux en admission : per-
sonnes qui décident et acceptent de tra-
vailler dans la nouvelle idéologie de
l'architecture en fonction de la nouvelle
société.
L'admission non seulement n'a plus de
sens avec les années futures dans « l'École »
mais aussi avec la préparation reçue avant
le bac.
Le problème de l'admission ne se pose
plus, l'école isolée de la réalité (sociale,
politique, économique, humaine) n'exis-
tant plus.
Une motion a été présentée ;
La commission des admissionnistes réunie
le 20 mai considère que poser le problème
de définir les modalités à court terme, du
concours d'admission de l'année en cours,
est un faux problème, puisque ce concours
devrait sanctionner un enseignement que
nous avons rejeté globalement (cf. motion
du 18 mai et dissolution de l'école et de
l'Ordre). Elle décide de se dissoudre et
de répartir entre les deux commissions :
— Réforme de l'enseignement.
— Déféodalisation de la profession.
Elle propose l'approbation globale de
cette motion par l'Assemblée générale de
tous les élèves.
ADOPTÉ A LA MAJORITÉ - 4 abstentions -
(enseignants et élèves).
COMMISSION
STRUCTURES ÉTUDIANTES
12 mai 1968
Discussion sur la nécessité de structures
en milieu étudiant.
— Des mots d'ordre tels que ;
Étudiants solidaires des travailleurs,
Contre la réforme
nécessitent pour qu'ils ne soient pas que
des mots, mais des réalisations en puis-
sance, que les étudiants aient des statuts
tels qu'ils soient une force de contestation
et de solidarisation.
— Deux formes de statuts ont été discutées.
L'ancienne Grande Masse et sa valeur
relative ;
L'U.N.E.F. et son rôle moteur justifié ou
non par les événements.
— Il a semblé qu'il était d'actualité et
urgent de renforcer l'U.N.E.F. et de créer
une assemblée générale des écoles d'Art.
— Nous avons décidé de parler samedi
18 mai à 10 heures de la réforme en fonc-
tion des statuts étudiants.
MOTION PRÉSENTÉE
PAR LA COMMISSION STRUCTURES
ÉTUDIANTES ET VOTÉE LE 21 MAI 1968
A L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Les mots d'ordre ;
«Étudiants solidaires des travailleurs».
« Contre la réforme Fouchet »
sous-entendent de façon évidente que les
étudiants se donnent les moyens d'être :
— une force capable de lutter contre
cette réforme.
37
— une force capable d'être plus qu'une
solidarité verbale avec les travailleurs.
Les étudiants ne peuvent devenir cette
force que dans la mesure où ils se donnent
des statuts leur permettant de constituer
cette force.
— Cette structure ne peut être qu'une
structure syndicale.
— Cette structure chez les étudiants est
l'U.N.E.F. qui a dans sa charte constitu-
tive la défense des intérêts des étudiants
et la jonction des étudiants avec la classe
ouvrière.
Dans cette période, l'U.N.E.F. (à l'éton-
nernent de tous ceux qui n'en voyaient
que les carences), a effectivement été cette
force qui a su mobiliser des dizaines de
milliers d'étudiants.
Son rôle à l'heure actuelle reste fonda-
mental comme garantie au dévoiement de
la lutte, et comme garantie de la conti-
nuité du combat quel que soit le dénoue-
ment politique de la grève.
Pour cela, l'Assemblée générale, U.N.E.F.
des Beaux-Arts et Écoles d'Art, qui doit
se constituer le vendredi 22 mai, doit être
représentée en tant que telle au comité
de grève — car, pendant la grève, c'est
le comité de grève qui propse la ligne
d'action et qui en assume les tâches.
La situation actuelle, d'autre part, prouve
la faillite d'organisations telles que la
grande masse qui fondait son action sur la
collaboration et la discussion avec l'admi-
nistration, sans faire appel à la mobili-
sation des étudiants derrière des reven-
dications pour imposer un nouveau rap-
port de forces.
Résultat de ces discussions :
Après six années de discussion, les pro-
jets de décret d'application de la réforme
de l'enseignement de l'Architecture mettent
la direction des écoles d'architecture entre
les mains des préfets, maires, et présidents
de l'Ordre des architectes.
En conséquence, nous décidons :
1. La dissolution immédiate de la Grande
Masse.
2. La reconnaissance de l'Assemblée géné-
rale U.N.E.F. des Beaux-Arts et École
d'Art, comme seule organisation repré-
sentative.
3. Prise en charge par cette Assemblée
générale U.N.E.F. des locaux de la Grande
Masse.
4. Prise en charge par cette Assemblée
générale U.N.E.F. de tous les services en
liaison avec l'UNICLUB.
COMMISSION D'ANALYSE CRITIQUE
DES PROJETS DE RÉFORME
PRÉSENTÉS
Une résolution a été adoptée le 15 mai 1968
par l'Assemblée générale.
L'idée maîtresse de cette résoltuion est la
suivante :
« La lutte contre l'université de classe doit
être organiquement liée à la lutte de l'en-
semble des travailleurs contre le système
d'exploitation capitaliste. »
Cette résolution implique une transforma-
tion fondamentale du système pédagogique
et de ses aspirations dans le domaine des
arts plastiques, elle signifie un change-
ment d'orientation radical.
La décision du 15 mai 1968 critique la
sélection sociale qui se fait au détriment
des enfants issus des classes travailleuses,
elle conteste le contenu de l'enseignement
dans la mesure où il ne contribue pas à la
formation d'une « conscience critique aussi
bien à l'égard de la connaissance que de la
réalité sociale et économique », elle con-
damne les rapports actuels de la société
et des intellectuels dont elle tend à faire
des « chiens de garde ».
Sur le plan pédagogique, ce n'est pas seu-
lement une meilleure mise en relation des
artistes avec les techniques modernes ou
traditionnelles qui importe, mais l'ouver-
ture aux problèmes et aspirations des
autres travailleurs, de plain-pied avec les
problèmes de notre époque.
Sans oublier la spécificité du travail artis-
tique, ni la somme de connaissances indis-
pensables qu'il nécessite, il faut que les
élevés des écoles d'art participent organi-
quement à la gestion des écoles, à la solu-
tion des problèmes pédagogiques et à la
mise en œuvre d'un travail d'auto-éduca-
tion avec l'aide des professeurs expérimen-
tés et libres de tout préjugé sectaire.
— Le seul savoir à transmettre est un
savoir objectif.
— Les élèves doivent avoir la liberté de
choisir les spécialités qui les intéressent.
— Il n'y aura pas de limite supérieure
d'âge.
La résolution du 15 mai préconise très jus-
tement l'abolition du « système du patron »,
cette affirmation est aussi valable pour
l'architecture que pour toutes les autres
disciplines artistiques.
Au-delà du problème des écoles d'art et de
leur enseignement se pose avec toute son
acuité celui de la démographie artistique,
de la surpopulation des jeunes artistes
lâchés dans la jungle du marché de la
peinture, truffé de galeries saturées, sou-
mis au bon ou au mauvais vouloir de quel-
ques centaines de collectionneurs qui sont
incapables de résorber les besoins d'une
masse énorme d'artistes issus des écoles
d'art. Ni les postes offerts par l'Éducation
nationale, ni la planche de salut du 1 % ne
sont capables de trouver une solution à un
problème qui est, pour beaucoup, drama-
tique. La solution, là aussi, est de créer un
contact permanent entre les classes de tra-
vailleurs et les artistes ; il faut créer de
nouveaux débouchés. Ce problème dépas-
se le cadre péagogique, il ne peut être
résolu que par une législation appropriée,
nous nous contentons ici de signaler la
gravité du problème.
Nous approuvons également la mise en
cause des « rapports qui régissent actuel-
lement la profession et l'enseignement »
mais aussi nous tenons à remettre en cause
les rapports de la profession et des moyens
qu'elle a de s'exercer.
En résumé, nous voulons créer des condi-
tions d'un passage du pouvoir éducateur
bourgeois à celui du pouvoir éducateur du
peuple, dans l'école comme après l'école.
PLATE-FORME DE DISCUSSION
DE LA COMISSION DES RELATIONS
INTERPROFESSIONNELLES
L'action que nous menons rejette-le simple
aménagement technocratique des systèmes
actuels. Elle remet en cause les cadres
politiques sociaux économiques capita-
listes. Elle part sur les bases suivantes
1° La contestation permanente, indivi-
duelle et collective condition pour la
création du cadre de la vie de l'homme.
2° L'aménagement du territoire et la
production du domaine bâti sont des
activités collectives et non le privilège
exclusif de telle ou telle profession ou
corps consitué.
3° Toute organisation de ces activités
devra tenir compte de cet aspect collectif
et ne saurait être calquée sur les structures
des actuels groupements professionnels.
4° Une nouvelle organisation ne sera ni
strictement professionnelle ni définitive.
Elle évoluera en fonction de la recherche
fondamentale et en concertation perma-
nente avec l'Université.
COMMISSION DES RELATIONS
INTERPROFESSIONNELLES
(Ex. E.N.S.B.A.)
Une réunion tenue à la Melpo le 1er juin
s'est terminée par un vote à l'unanimité
pour :
1° Former un organe provisoire de
liaison groupant toutes les organisations
professionnelles et écoles existantes con-
cernées par l'aménagement du territoire et
la:production du domaine bâti. Ceci sans
détruire les groupes de réflexion qui
travaillent déjà dans chaque école ou
organisation.
2° Que cet organe :
a) Fasse une réunion périodique où
seront examinées les réflexions de dénon-
ciation des verrous qui nous empêchent,
dans les structures capitalistes, d'exer-
cer nos professions pour le service collec-
tif;
b) Propose en ordre du jour l'étude des
moyens d'action directe pour faire passer
dans le public cette dénonciation des
structures capitalistes dans le domaine
qui nous est familier.
Ex : diffusion d'affiches, tracts, prise de
parole dans les comités d'action, explica-
tions auprès des groupes, presse, etc.
Ont donné leur accord pour ces disposi-
tions, les personnes présentes, membres
de commissions ou groupes d'action des
écoles ou organismes suivants :
E.N.S.B.A. architectes — institut d'urba-
nisme — école des ponts et chaussées —
école spéciale d'archi — société française
des urbanistes — arts déco — école des
paysagistes de Versailles — comité d'action
œde maîtres d'uvre, groupe de psycho-
sociologues — école centrale Fédération
des maisons de jeunes — des représen-
tants de collectivités d'usager.
38
NOUVELLE COMMISSION
STRUCTURES ÉCONOMIQUES
DU BATIMENT
22 mai 1968
COMPTE RENDU DE LA SÉANCE N° 1
1° Structures de travail.
— Présidence : 1 élève élu (à désigner) et
responsabilité politique.
— Animation (Roux) et responsabilité
technique aidé (même niveau) ( Berger).
— Secrétariat.
2° Déroulement de la séance.
a) Tour d'horizon sur la nature des pro-
blèmes relevant d'une telle commission :
1. Déterminer quels sont : les secteurs
d'action - les centres de décision - les
cadres juridiques.
2. Modalités de financement.
b) Description pour les étudiants par les
architectes engagés dans la profession des
réalités concrètes et des mécanismes :
— Récupération de l'épargne logement
par les banques :
— Volonté de ségrégation sociale ;
— Radiographie d'une opération (Sar-
celles) ;
— Problèmes des normes ;
— La construction doit-elle être envisagée
comme service public ?
— Utilisation de la crise du logement par
les groupes financiers ;
— Différents aspects de la spéculation ;
— Municipalisation des sols.
NOTA. — Participation de deux membres
du Centre de sociologie urbaine dirigée
par M. R. Aron :
Mme Raymonde Moulin.
Mme Françoise Poitrey.
Prochaine séance : Vendredi 24 mai 1968
à 16 heures.
ORDRE DU JOUR : Loi d'orientation foncière
et urbaine.
COMMISSION D'ÉTUDE
D'UN PROJET DE RÉFORME
Séance du 16 juin 1968
Prochaine réunion : 17 juin 1968 à 14 h 30.
1. Rapport de M. Flocon
Bâtir une école sur des bases nouvelles en
ne tenant aucun compte de choses passées.
Le but de cette école devrait être de former
des créateurs, des animateurs, des ensei-
gnants dans tous les domaines qui relèvent
des arts plastiques. Une année commune à
tous devrait donner des habitudes de tra-
vail et révéler à chaque élève la possibilité
de se déterminer à l'égard des options qui
lui sont offertes par la suite. Ces options
comprennent :
— l'étude et l'art des bâtiments,
— l'étude et l'art des volumes,
— l'étude et l'art des surfaces,
— l'étude et l'art des multiples,
— l'étude et l'art des mouvements.
Chacune des options mène à une maîtrise
travail de la dernière année qui peut com-
porter à côté d'une réalisation importante
un écrit et une soutenance orale et publique.
Cette maîtrise est décernée par une déli-
bération motivée d'une commission pari-
taire d'enseignants, d'élèves élus respon-
sables et de membres extérieurs. La com-
position de cette commission devra chan-
ger tous les ans. Il faut que toutes les écoles
soient autonomes.
2. Suit un réquisitoire contre l'enseigne-
ment passé.
3. Points importants apparus dans la
discussion.
— Le contrôle et la sanction des études
sont entièrement à revoir. Refus du juge-
ment ;
— Méthode d'enseignement général :
passer de l'étude de ce qui existe à la
connaissance de ce qui l'a précédé ;
— On souligne souvent la nécessité d'un
tronc commun dans la future école. Et la
création dans cette école d'un atelier de
recherche qui doit permettre d'obtenir
des contrats des pouvoirs publics et d'or-
ganismes privés dont bénéficieront les
étudiants et le budget de l'école ;
— A côté des enseignants, assistants et
moniteurs pourront être invités sur propo-
sitions des élèves et enseignants, des per-
sonnalités françaises ou étrangères, à
titre temporaire pour enseigner pendant
une certaine période ;
— L'école fera une large part à l'étude des
techniques et des matériaux nouveaux.
— On insiste à plusieurs reprises pour que
les écoles d'art bénéficient en priorité du
1 % pris sur l'ensemble du domaine bâti.
Ce qui permettrait d'établir un travail
commun entre élèves et enseignants
dans différentes disciplines.
4. Quelques points de vue exposés par
M. Lautrec.
— Nécessité de la pluralité d'enseigne-
ments ;
— L'administration doit administrer mais
ne doit pas diriger ;
— L'élève doit choisir son professeur ;
— Le professeur doit documenter ses
élèves et poursuivre ses recherches avec
eux. ;
— On demande la fermeture du lycée
Claude-Bernard.
COMPTE RENDU
DE LA COMMISSION N° 4
17 mai 1968 à 15 heures
OBJECTIF DE TRAVAIL
Structures de l'école
1° Exposé de M. Flocon.
A quoi sert une école ?
a) Une école est destinée à former des êtres
socialement utiles.
b) Entre le praticien et l'enseignant doit se
développer un dialogue d'hommes.
c) École d'art contre la spécialisation et le
cloisonnement en disciplines étroites et
sans liaisons, rotation des élèves et des
enseignants.
d) Création de l'école dans l'esprit et dans
sa matérialisation (construction par les
élèves eux-mêmes).
e) Responsabilité totale des élèves. Les
enseignants ont un rôle consultatif et
d'orientation. Commissions d'enseignants
et d'élèves à l'école.
2° Interventions des « Prix de Rome ».
Les légistes prisonniers du système refu-
sent systématiquement tout arrêt du travail
et d'engager un dialogue constructif.
3° Proposition d'occupation de deux ate-
liers de peinture pour effectuer un travail
d'action collectif, (voté et adopté).
Ateliers occupés : BRIANCHON et CHAPE-
LAIN-MIDI.
RAPPORT DE LA COMMISSION
DE SYNTHÈSE DES DISCIPLINES D'ART
19 mai 1968
Organisation générale.
Un bureau permanent fonctionne depuis le
19 Amphi 3 de 9 heures à 20 heures ; une
réunion de travail aura lieu tous les jours
à 14 heures précises où seront présentés
les résultats de travaux de toutes les com-
missions des disciplines d'art et de tous les
travaux des groupes intéressant cette
commission.
Rôle de la commission.
Coordination de tous les travaux afin d'étu-
dier objectivement les résultats pour une
synthèse des points communs.
Rapport introductif de la séance prépa-
ratoire.
Différents points ont été exposés. Un rap-
porteur de chaque commission fera le bilan
des travaux effectués chaque jour...
Pour gagner du temps, il est souhaitable
que les différentes écoles dont les commis-
sions de travail ont des points communs se
réunissent au préalable pour ne faire qu'un
rapport : leurs points contradictoires seront
exposés mais ne seront en aucun cas dis-
cutés .
Seront également centralisés toutes les
informations provenant des autres univer-
sités (Paris et Province) et de tout groupe-
ment d'artistes (conservatoire, etc.). Tout
rapport devra être ronéotypé et déposé
au bureau permanent.
La commission ne cherche pas dans un
premier temps à élaborer une réforme
précise de l'ensemble des anciennes écoles
d'art mais se propose de définir les points
de base communs pour l'élaboration d'une
« Université d'Art ».
Il serait souhaitable qu'après une réflexion
sur les problèmes de base par groupes
d'écoles, ceux-ci éclatent pour faire place
à des groupes d'étude par discipline et
interdiscipline.
LE MARCHE DU TRAVAIL
EN PEINTURE
20 mai 1968
1. L'offre : émane de l'artiste.
2. La demande : est régie par un critère
esthétique de l'objet d'art et par un critère
spéculatif qui consiste à parier sur le bon
cheval, la valeur de l'artiste étant consacrée
par le processus suivant :
a) Stockage de la production entière de
certains artistes par les marchands.
39
b)]Certaines de ces œuvres sont présentées
dans des musées jusqu'à ce qu'elles pren-
nent de la valeur. Le stock est alors vendu
progressivement à des collectionneurs.
c) Les collectionneurs revendent ces œu-
vres en vente publique. La valeur de l'ar-
tiste est alors reconnue selon le principe
de l'offre et de la demande.
Le marché de l'œuvre d'art est comparable
à celui des valeurs boursières (panique
des hausses, effondrement des cours...).
Donc l'artiste subit les conséquences d'un
système sur lequel il ne peut pas agir et
dans lequel la qualité de son travail n'in-
tervient pas parce qu'il est entre les
mains des spéculateurs.
3. Mécanismes du marché.
a) LE CONTRAT
Exclusivité sur la totalité des œuvres en
échange d'un fixe très faible plus un pour-
centage sur les ventes.
b) « PREMIÈRE VUE »
Priorité sur les productions. Les rapports
artistes-marchand ne sont pas toujours
parfaits, mais :
— les contrats étant oraux,
— le chantage à l'effondrement de la cote
par la vente brutale de tout le stock,
— la complicité dans la fraude fiscale,
empêchent toute procédure judiciaire.
Cependant, ces contrats se limitent à 1 %
du nombres des artistes professionnels.
b) LES COURTIERS.
Intermédiaires qui prélèvent une commis-
sion confortable entre l'artiste et les points
de vente.
Le « droit de suite », légal, à raison de 3 %
ne peut pas être réclamé par l'artiste à
cause de la clandestinité de la plupart des
ventes.
Il apparaît que l'artiste exploité ne peut
s'intégrer à la société à cause de ce marché.
Comment l'artiste peut-il réagir ?
— Par le mépris.
— Par l'isolement et la pente du « peintre
maudit »
— Par la fuite du système et la recherche
d'autres moyens d'expression artitistique.
Art monumental ou mural, qui s'adresse
directement au public, mais l'offre, le plus
souvent concours d'État, est faible : le 1 %
décoration des réalisations architecturales ;
et au niveau de l'administration, les privi-
lèges et les relations jouent à fond.
Le prix de Rome sert aussi de passe-droit.
Enfin, les crédits attribués représentent
0,4 % du budget du pays.
— Par la création des « multiples », qui
remet en question le statut de l'œuvre de
d'art unique, permanente et rare.
L'original n'existe plus, l'œuvre est
consommée.
Elle peut disparaître. Le prix est bas.
Mais les classes populaires apprécient-elles
cet art ? Le problème de la culture artis-
tique est posé ; et l'offre devenant souvent
supérieure à la demande, le rapport
devient ridicule.
L'artiste risque encore de dépendre de
l'industriel qui réalise « les multiples ».
Les deux problèmes essentiels de l'artiste
sont SÉCURITÉ, LIBERTÉ.
Vivre implique d'attribuer une valeur aux
œuvres qui se traduisent par un prix. Mais,
est-il possible de fixer cette valeur, d'ajou-
ter et finalement substituer une valeur
marchande à une valeur esthétique ?
Ne serait-il pas plus juste de considérer
l'artiste comme un travailleur et de lui
épargner les marchandages ?
Par ailleurs, la réussite de l'artiste engendre
le « Vedètariat » qui est une autre forme
d'aliénation sociale.
Sécurité ou Liberté, ce n'est même plus
un choix pour l'artiste puisque l'une comme
l'autre sont liées à des déterminismes
sociaux et économiques.
COMMISSION RESTREINTE
RÉFORME DE L'ENSEIGNEMENT
DES ARTS PLASTIQUES
Plan de travail adopté :
— L'art dans la société,
— Éducation artistique
— Diffusion artistique,
— Art et connaissance.
1. Art et société
Toute société s'exprime entre autres par
sa création artistique. Actuellement, nous
souffrons d'un divorce entre la création
artistique et la vie sociale. De très larges
masses ne participent pas à la vie culturelle.
L'artiste est très souvent isolé. Nécessité est
de replacer l'art et la société en contact
ce qui n'est réalisable que si une formation
dans ce sens se fait dès le plus jeune âge.
2. Éducation artistique.
a) A l'école maternelle, il faut développer
la créativité. Développer chez l'enfant
l'intelligence et la sensibilité, en liaison avec
le monde et les autres types de savoir, car
toute forme de connaissance et toute expé-
rience personnelle est un type de liaison
qu'il convient d'analyser et de développer.
Importance de la localisation de l'ensei-
gnement.
b) Au niveau du secondaire : deux types
de recherches seront proposés. L'initia-
tion aux pratiques des arts ou une forma-
tion culturelle.
c) L'éducation artistique des adultes : elle
doit être démocratisée.
3. Diffusion artistique.
L'artiste doit participer à l'éducation de
l'ensemble de la population. Des contacts
pourront être établis dans des centres (ren-
contre d'un public avec des œuvres,
création d'ateliers accessibles aux ouvriers)
II conviendra de détruire le réseau com-
mercial de diffusion des œuvres qui n'a
pour seule fin que la spéculation et qui ne
touche qu'une élite.
L'hypothèse de la création de facultés des
arts largement décentralisées.
a) Régroupement puissant des différents
moyens d'information, de documentation,
accessibles à tous.
b) Au niveau des études :
(tronc commun)
Pédagogie - Technique - Création.
Tronc commun traitant des problèmes de la
création sur un large éventail technique :
— Possibilité de passage à tous les niveaux
entre toutes les orientations et toutes les
disciplines.
— Nouveaux rapports entre administration,
professeurs et élèves, le rôle de l'admi-
nistration se limitant au secrétariat.
Professeurs et élèves pourraient assurer la
gestion de l'ensemble. Principe de recy-
clage des professeurs sans perdre les
avantages sociaux.
Le comité d'action arts plastiques met en
garde contre la multiplication d'initiatives
qui resteraient dispersées en tous sens,
alors que la situation et la lutte exigent des
actions qui engagent la responsabilité de
tous.
Il déclare en outre que la majorité des
artistes présents au Forum de l'Institut d'Art
et d'Archéologie ont envisagé différentes
formes d'action pour participer au mouve-
ment des étudiants et des ouvriers parmi
lesquelles :
— Le boycott des Institutions et manifes-
tations culturelles symboles du pouvoir
politique actuel et de la politique de pres-
tige de ce même pouvoir.
— La contestation des structures socio-éco-
nomiques de distribution de l'Art.
Sur le point particulier immédiat de l'action
politique des galeries, deux possiibilités
nous semblent pouvoir être discutées par
les galeries elles-mêmes :
— Soit fermeture de la galerie avec une
affiche apposée indiquant « Solidarité avec
le mouvement étudiant et ouvrier ».
— Soit transformation de la galerie en
centre d'opposition politique par des
affiches, l'exposition de documents, de
photographies ouceuvres en rapport avec
la lutte, la collecte d'argent pour le mou-
vement ; etc.
LE COMITÉ D'ACTION
D'ARTS PLASTIQUES.
MISE AU POINT
28 mai 1968
La commission d'information et de coordi-
nation des disciplines d'Art (ex-commis-
sion de synthèse) ne prend aucune déci-
sion au sujet des travaux qui lui sont
présentés. Elle se contente de réunir et
d'informer et s'en tient à ce seul rôle.
D'autre part, le bulletin de cette commis-
sion n'engage absolument pas l'en-
semble des ex-écoles d'art mais se con-
tente de transmettre les travaux qui lui
sont remis. Nous attendons donc des re-
présentants de chaque comité de toutes
les ex-écoles d'art.
Il est évident que seule l'unité peut appor-
ter quelque chose de positif. Cette unité
ne peut se faire que dans le rassemblement
total, même de travaux divergents, pourvu
que le rassemblement ait lieu, l'unité vien-
dra ensuite petit à petit. Ceux qui ne
cherchent que la destruction d'un travail
ne correspondant pas à leur point de vue
particulier et la scission menant à l'épar-
pillement peuvent allet chercher la médaille
du mérite que M. Fouchet est en train de
faire frapper à leur intention ; celle-ci leur
reviendra de droit.
40
ARCHITECTES
26 mai 1968
1° Assemblée confuse.
26 mai : Premier jour de réunion des com-
missions.
Matin : Élaboration et synthèse.
Après-midi : Débats en commissions,
Action pratique :
1° Action directe.
2° Information de la profession.
3° Coordination interprofessionnelle.
Plus long terme :
4° Architecte dans sa profession.
5° Aménagement du territoire.
6° Architecte vis-à-vis de la société.
ARCHITECTES
COMMISSION IV - REVENDICATIONS
RÉUNION DE LA COMMISSION
DU 28 MAI 1968
NOTA. — Cette nomenclature a été
établie par tous les participants de cette
réunion, son objet est d'être le point de
départ d'une analyse qui consistera à
rechercher pour chacun de ces « ver-
rous » les causes et les conséquences.
Ce travail d'analyse servira à formuler
les propositions.
Les lettres A.B.C.D.E.F. qui précèdent
l'énoncé des « verrous » ont été affec-
tées à la fin de la réunion, alors que la
nomenclature était établie, afin d'établir
un premier classement — de parenté en
quelque'sorte — celui-ci permettant une
répartition du travail d'analyse.
A) STRUCTURES DE LA PROFESSION.
B) STRUCTURE DE LA SOCIÉTÉ.
C) COMPORTEMENT DES ARCHI-
TECTES
D) TECHNOCRATIE
E) FORMATION ET INFORMATION
F) TECHNOLOGIE
NOMENCLATURE NON LIMITATIVE
DES VERROUS DE L'ARCHITECTURE
TECHNOCRATIQUE
1 - A - L'organisation du concours et la
corruption continue des responsables à
tous les échelons.
2 - B - Structures mentales résultant du
régime capitaliste.
3 - CE - Manque de conscience des
architectes que l'acte architectural est
un acte politique.
4 - D - Règlements quantitatifs et limi-
tatifs.
5 - B - Propriété foncière - Code civil.
6 - AB - L'architecte est responsable de-
vant qui le paie.
7 - B - Système gouvernemental et poli-
tique oppressif.
8 - B - Toutes les méthodes actuelles de
la production architecturale sont des
conséquences directes des structures
capitalistes (profit).
9 - A - Statuts de la profession libérale,
activités artisanales, face aux concen-
trations capitalistes.
10 - D - Technocratie d'État ou privée au
service du capitalisme.
11 - BD - Absence dialogue avec les uti-
lisateurs.
12 - A - Confusion entre le titre et la
fonction d'architecte.
13 - CE - Manque de formation et ds
conscience professionnelle des archi-
tectes et de la fonction parallèle.
14 - D - Contrôle de l'architecture par
des membres irresponsables et non
qualifiés de l'administration.
15 - E - Absence de langage commun
entre les participants de l'Acte de bâtir.
16 - D - Centralisation.
1Z - E - L'architecture considérée com-
me un des beaux-arts.
18 - BD - Planification arbitraire au ser-
vice du capitalisme.
19 - CE - Incompétence et vanité des
architectes.
20 - AE - Mandarinat et népotisme de la
profession.
21 - BEF - Caractère immuable de l'ar-
chitecture.
22 - B - Absence de structures de re-
cherches.
23 - BE - Manque de formation perma-
nente des architectes.
24 - BF - Inadaptation et pouvoirs des
entreprises.
25 - E - Contenu des revues d'architec-
ture et information architecturale.
26 - DE - Distribution contrôlée par des
organismes incompétents.
27 - BD - Bureaucratie et anonymat des
décisions et rivalités des pouvoirs.
28 - DEF - Villagexpo et politique des
modèles.
29-D-Normalisation sclérosante -
Exemple : Éducation nationale.
30 - BD - Prétention des ministères à la
gestion, la tutelle et la production.
31 - AB - Cadre juridique de la responsa-
bilité.
32 - BE - Insuffisance de la fonction de
l'architecture dans le système écono-
mique.
33 - B - Les conseils d'administration
quels qu'ils soient.
34 - AB - Appétit de profit de l'architecte.
35 - A - Corporatisme.
36 - C - Oubli des responsabilités so-
ciales et humaines.
37 - B - Origine bourgeoise de la plupart
des architectes.
38 - A - Utilisation monodirectionnelle
des architectes.
39 - AB - Insuffisance de leur nombre.
40 - B - Manque de pouvoir de décision
et de contrôle populaire.
41 - BA - Protectionnisme national de
l'exercice de la profession.
42 - BE - Enseignement primaire, se-
condaire et supérieur (absence de for-
mation civique humaine et artistique).
43 - AE - Pyramide des âges des archi-
tectes.
44 - AB - DEF - Coût de la construction,
qui rend inaccessible le logement aux
classes pauvres.
45 - AE - Ségrégation urbaine - Zoning de
classe.
PROPOSITION
DE SOUS-COMMISSION D'ÉTUDES
POUR LE MERCREDI 29 MAI 1968
SOUS-COMMISSION A : structures pro-
fessionnelles.
1-6-9-12-20-31-34-35-38-39-41-43
- 44 - 45.
a OUS-COMMISSION B : Structures poli-
tiques.
2 - 5 - 6 - 7 - 8 - 11 - 18 - 21 - 22 - 23 - 24 -
27 • 30 - 31 - 32 - 33 - 34 - 37 - 39 - 40 - 41 -
42 - 44 - 45.
SOUS-COMMISSION C : comportement
des architectes :
3 - 13 - 19 - 36.
SOUS-COMMISSION D : technocratie
et structures administratives.
4 - 10 - 11 - 14 - 16 - 18 - 26 - 27 - 28 - 29 -
30 - 44.
SOUS-COMMISSION E : information -
formation.
3 - 13 - 15 - 17 - 19 - 20 - 21 - 23 - 25 - 26 -
28 - 32 - 42 - 43 - 44 - 45.
SOUS-COMMISSION F : technologie.
21 - 24 - 28 - 44.
SOUS-COMMISSION G : Chargée d'énon-
cer et d'analyser ce qui, dans les struc-
tures politiques et professionnelles ac-
tuelles, semble servir les usagers.
ÉTAT ACTUEL D'AVANCEMENT
DE L'ANALYSE EN COURS
A LA COMMISSION
« AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
ET URBA »
29 mai 1968
Les points suivants ont été abordés :
1. Signification de l'A.T. : Reflet politi-
que d'une société.
2. Découpage en niveaux d'étude : Ce
découpage favorise l'introduction de
structures de contrôle :
— Plan ;
— Aménagement du territoire ;
— Urbanisme ;
— Architecture.
3. Structures de contrôle : Semi-offi-
cielles, imbriquées à tous niveaux pour
constituer un appareil répressif antidé-
mocratique.
4. Pouvoirs de décision : Aux mains des
représentants plus ou moins apparents
des monopoles.
5. Mécanismes de définition des be-
soins : Orientés vers le développement
de la consommation et conduisant à
l'aliénation.
6. Responsabilités : Leur inexistence
légale est intentionnellement masquée
par l'appareil bureaucratique.
7. Financement : Éparpillé dans orga-
nismes publics et privés concurrentiels
sans liaison, faussé par le critère de
profit à court terme.
8. Problèmes « techniques » : Naissent
du choix systématique de la rentabilité
et des luttes de différents corps de fonc-
tionnaires irresponsables.
9. Désordre urbain et problème foncier :
Source de spéculation et de profit capi-
aliste.
10. « Apolitique » des transports : La
41
rentabilité est le critère unique au dé-
trimant d'une majorité défavorisée.
11. Espace rural : Victime de l'antago-
nisme des ministères et du désordre
urbain.
12. Concentration (urbaine, industrielle,
loisirs) : Envisagé surtout l'aspect pro-
duction - consommation au détriment de
l'aspect sociologique.
13. Moyens de réalisation : Bloqués par
la législation périmée irréformable.
La commission propose de continuer à
fonctionner pour informer, faire prendre
conscience de ce que l'aménagement du
territoire actuel est un vaste appareil
répressif destiné à défendre et à pro-
mouvoir sous un masque pseudo-scien-
tifique et pseudo-social, le profit CAPI-
TALISTE.
PROPOSITION DE MOTION
29 mai 1968
Origine : Commission des diplomables
— Conformément à la motion du
20 mai 1968 les élèves de l'ex- École des
Beaux-Arts et particulièrement les diplo-
mables répètent leur refus de passer un
diplôme qui maintient le mythe d'un exer-
cice professionnel périmé.
— Considérant qu'il se pose de toute
façon un problème aigu d'exercice pro-
fessionnel pour les diplomables,
— Considérant l'annonce faite par le
ministère des Affaires culturelles à la presse
le 28 mai 1968 au sujet de la suppression,
à titre transitoire, de toutes les épreuves
des diplômes nationaux des Beaux-Arts
(« Le Monde » du 28 mai 1968),
— Considérant que cette question de qua-
lification doit se poser dans le cadre des
formes nouvelles d'exercice professionnel,
Les diplomables :
— récusent à l'avance toute réforme qui
serait imposée par le Gouvernement, de
même qu'ils excluent toute solution qui
serait octroyée par les enseignants aux
étudiants,
— exigent de participer à toute prise de
décision au moment opportun pour régler
ce problème,
— s'engagent à n'accepter sous aucun
prétexte des modalités qui, sous une forme
ou sous une autre, consisteraient en un
simple aménagement,
— invitent l'Assemblée générale à se
déterminer sur les raisons fondamentales
de ce refus du diplôme.
RAPPORT DE LA COMMISSION :
CONDITIONS FONDAMENTALES
DE LA CRÉATION
30 mai 1968.
Constat de fait.
Le conformisme aux valeurs de la société
capitaliste pousse chacun à accroître aveu-
glément son pouvoir de consommation et
de prestige social.
C'est la recherche du « statut social »
grâce à des « rôles » fonctionnels et rela-
tionnels la plupart du temps artificiels.
L'homme ne se possède plus : il est dominé
par les types de désir provoqués.
On ne peut que s'insurger et être contre :
— la vulgarité (Littré : turpidudes dans
les actions et les moeurs),
— le ouï-dire,
— les mécanismes préfabriqués de la
pensée et du verbe,
— la sujétion (Littré : domination qui
subjugue).
Développement : Existe-t-il des valeurs
fondamentales?
a) VALEURS TECHNIQUES.
Valeurs qui jouent leurs rôles dans la
mobilité sociale. La quête de capacités
intellectuelles et nouvelles maximum : la
quête du perfectible implique une édu-
cation continue.
b) VALEURS DE RELATION.
Valeurs qui engagent vraiment et postulent
une connaissance réciproque et un intérêt
affectif et intellectuel réel.
c) VALEURS DE PARTICIPATION.
Valeurs qui expriment une tendance
active et critique de la relation sociale et
repoussent la simple passivité réceptrice.
Elles favorisent l'échange et la communi-
cation et conditionnent essentiellement la
pratique de la Démocratie.
Valeurs d'engagement personnel qui
entraînent une participation critique qui
est le mode de résistance au condition-
nement.
COMMISSION :
CONDITIONS FONDAMENTALES
DE LA CRÉATION
1. La recherche d'un résultat approuvé
tue la créativité dès l'enfance.
Proposition d'un faux système à des indi-
vidus disponibles :
a) Sélection arbitraire ;
b) Enseignement d'une forme dénuée de
tout contenu ;
c) Proposition d'illustration de sujets détour-
nant des motivations intérieures.
On apprend à faire, non à penser.
Circuit fermé coupé de son environne-
ment.
2. Atelier d'artistes.
Cloisonnement des artistes dans leur disci-
pline.
Isolement par rapport à la société.
Manque de moyens de travail et de vie.
3. Salons.
Sélection arbitraire qui laisse croire à
une promotion sociale.
Entretien d'un mythe par une fausse ter-
minologie dans un but de spéculation
intellectuelle et financière.
Lieux non appropriés à la présentation
d'une manifestation artistique.
4. Galeries.
Présente un système d'échange et de
diffusion basé sur la spéculation et adapté
au système de consommation dirigé.
Entretien d'un esprit de chapelle limitant
les possibilités d'expression et de recher-
che.
5. Musées.
La conservation sélective d'œuvres d'art
fausse les valeurs. La notion du musée
n'a plus sa raison d'être.
Compte rendu de la commission n° 1
16 mai 1968
LUTTES ÉTUDIANTES
LUTTES OUVRIÈRES
Proposition de travail du mouvement de
soutien aux luttes populaires.
I. Expérience d'un camarade de Nanterre
du mouvement de soutien aux luttes
populaires.
1. Prise de contact avec les ouvriers :
par tracts (« nous voulons soutenir et
populariser vos luttes, vous aider dans
vos problèmes, sous votre direction »)
Le lendemain discussion.
2. Actions : exemples.
— Usines : tracts à la sortie d'une usine
de type fasciste (l'ouvrier qui distribue-
rait un tract serait licencié le lendemain)
- Tract chez Garnier expliquant la lutte
des ouvriers de Garnier de Redon.
Tracts sur le 1"' mai et les grandes
traditions de la lutte, etc.
— Bureau de chômage : pour briser
l'isolement des chômeurs, tracts sur le
chômage en France - discussion - créa-
tion d'un comité de chômage.
— Bidonvilles et C.E.T.
3. Développement du mouvement.
Mouvement du 22 mars, les étudiants ne
veulent pas devenir des « chiens de
garde » de la bourgeoisie - création de
commissions en particulier luttes étu-
diantes, luttes ouvrières. Le 29 avril
20 étudiants vont à la porte de Garnier.
4. Réaction des ouvriers.
Moins de méfiance qu'avant le 3 mai,
sympathie parce que les étudiants
luttent eux aussi contre l'État POLICIER
bourgeois.
II. Messagerie I.M.P.P. (secteur Vil-
le tte).
Après des mois et des mois de discus-
sions entre les syndicats C. G. T., C.F.D.T,
F.O., ceux-ci peuvent se mettre d'accord
sur le cahier de revendications. Les ou-
vriers à la base s'entendent et se mettent
en grève et occupent l'usine pour :
— Une augmentation de 100 francs sur
la prime de régularité, surtout pas de
déduction sur le salaire en cas d'absence
ou de maladie ;
— Quatorzième mois (ils travaillent
dimanche et jours fériés).
Les étudiants du mouvement de soutien
aux luttes populaires iront dès ce soir
dans les autres secteurs de N.M.P.P.
faire connaître aux ouvriers la grève de
leurs camarades, iront dans les impri-
meries. Ils populariseront toujours plus
largement et soutiendront toujours plus
fermement la lutte des ouvriers de
N.M.P.P. unis à la base.
Précision sur la ligne de mouvement de
soutien aux luttes populaires de la jonc-
tion des comités de grèves travailleurs-
étudiants.
Peut-on mettre sur le même plan les
comités de grève étudiants-travailleurs.
En quoi ceci peut-il faire avancer les
luttes ?
Problème de la participation des étu-
diants au festival de la jeunesse.
42
COMITÉ D'ACTION « BIDONVILLES »
4 juin 1968
Beaucoup d'organismes privés et semi-
publics «s'occupent» des bidonvilles. Ils
apportent une aide matérielle et morale
qui, loin de contester l'existence même du
bidonville, permet à celui-ci de se perpé-
tuer et de rester une « réserve » de main-
d'œuvre à bon marché. Or, c'est là la
contestation majeure.
Les équipes du Comité d'action, formées
de cinq à six personnes, prennent direc-
tement contact avec les habitants du
bidonville, non seulement pour apporter
de la nourriture mais surtout pour mettre
à la disposition des travailleurs du bidon-
ville les moyens de diffusion capables de
renforcer leur unité face à l'exploitation
du régime capitaliste (affiches, tracts
élaborés en commun et traduits en plu-
sieurs langues).
Le patronat, en effet, cherche par tous
les moyens à désolidariser les travailleurs
français et immigrés (provocations poli-
cières, telles que celles de Belleville,
lettre menaçant d'expulsion les travailleurs
qui ne reprendraient pas leur travail) ;
c'est pourquoi l'objectif de ces équipes
est aussi de populariser la lutte des tra-
vailleurs immigrés alentour du bidonville
et sur les lieux de travail, de montrer
combien la lutte des travailleurs immigrés
participe à la lutte commune et que leurs
revendications propres, qui sont les plus
élémentaires, font partie intégrante des
revendications de tous les travailleurs.
— Droit au logement : Le bidonville
n'est pas reconnu comme domicile légal.
— Dioit au travail : La plupart n'ont
aucun contrat de travail.
— Droit à de véritables salaires : Dans
le bâtiment un Portugais et un Algérien
reçoivent 20 % de moins que leurs homo-
logues français.
5 juin 1968
POURQUOI DES BIDONVILLES?
— Pourquoi les bidonvilles apparaissent-ils
autour des grandes villes du monde capi-
taliste ?
— Pourquoi les bidonvilles naissent-ils
spontanément autour des villes étrangères,
dès que les trusts capitalistes y investissent
leurs capitaux (Casablanca, Abidjan, Hong-
Kong, Rio de Janeiro.,.) ?
— Parce que la société capitaliste est
fondée sur l'exploitation maximale de la
force de travail de l'homme ; plus les
salaires sont bas, plus les charges sociales
sont légères, plus la sécurité de l'emploi
est précaire, plus le profit est élevé.
— L'État a intérêt à perpétuer cette situa-
tion car il cherche continuellement à dis-
poser d'une masse de manœuvre pour sa
politique de sous-emploi et de bas salaires.
Ouvriers et étudiants, les revendications
propres aux travailleurs étrangers font
partie intégrante des revendications com-
munes à tous les travailleurs.
— Les travailleurs immigrés doivent obte-
nir :
1° De véritables contrats de travail
supprimant le « chantage » à la carte de
travail.
2° De véritables salaires car les salaires
des travailleurs immigrés sont de 20 %
inférieurs à ceux des travailleurs français.
3° De véritables garanties sociales : en
1968, un père de trois enfants touchait
s'il était français : 180,55 F ; s'il était italien :
117 F; s'il était algérien : 72 F et 51,51 s'il
était portugais.
4° Une véritable qualification : 90 % sont
manœuvres ou ouvriers spécialisés.
5° La reconnaissance des bidonvilles
comme domicile légal et le respect de
leur mode de vie propre afin de ne leur
imposer ni le mode de vie en H.L.M., ni
un logement raciste (bidonville) ou pater-
naliste (cité d'urgence).
— Contre le chômage organisé.
— Contre les salaires de misère.
La seule défense possible est : la lutte
commune des travailleurs français et
immigrés contre l'ennemi commun :
le patronat.
QUELQUES CHIFFRES (ARRONDIS)
CONCERNANT L'IMMIGRATION
EN FRANCE
2 700 000 étrangers en France en 1964 :
700 000 Italiens
600 000 Espagnols
500 000 Algériens soit 20 % = 1 sur 5
150 000 Portugais soit 5 %
Le total de ces quatre nationalités repré-
sente environ les trois quarts des immigrés.
150 000 entrées en France en 1964 :
10 000 Italiens
70 000 Espagnols
50 000 Portugais (1 sur 2 retourne en
vacances au Portugal et 3 sur 4 sont clan-
destins) .
Secteur d'activité :
Travaux publics et bâtiment........ 40 %
Sidérurgie....................... 20 %
Service domestique............... 10 %
Agriculture....................... 10 %
Le total de ces quatre secteurs représente
environ les quatre cinquièmes des métiers.
Répartition géographique des entrées
en France en 1964 :
40 % dans la région de Paris (30 % dans
la Seine).
Qualification (chiffres arrondis) :
Manœuvres ...................... 60 %
Ouvriers spécialisés.............. 30 %
Ouvriers qualifiés................. 10 %
Employés........................ 1 %
BRISEUR DE GREVE
GAULLISTE
SALAIRES LEGERS
CHARS IOURDS
(PRESSE!
NE PAS
AVALER
CEDER
PEU
«mur
43
COMMISSION DE CRITIQUE DES COMMISSIONS PROFESSIONNELLES
II est nécessaire de savoir ce qu'il convient de faire pour savoir comment le faire. C'est pourquoi la remise en cause de l'Université ne
peut exister qu'à travers la remise en cause de notre société.
Cette remise en cause doit comporter au départ l'analyse des mécanismes sociaux : la critique des organisations professionnelles en
est un point fondamental.
Architecture et urbanisme.
Tout d'abord les objectifs :
Les prévisions de la commission nationale d'aménagement du territoire (C.N.A.T.) établissent que la population urbaine française en
1985 sera de 73 % de la population totale ; celle-ci étant prévue à cette même date de 80 millions d'habitants. Leur conclusion est qu'il
faut, pour faire face à cette croissance, si l'on veut que la population de la région parisienne ne fasse pas plus que doubler avant la fin
du siècle, ce qui amènera l'aménagement du territoire à un seuil critique, il faut que l'ensemble des autres villes de France fassent
plus que doubler, voire tripler pour les «métropoles d'équilibre ». Ceci rend compte de la dimension du problème qui doit se poser
dans les années à venir.
On doit d'urgence envisager les moyens à mettre en œuvre pour atteindre ces buts. Et le gouvernement ne nous déniera pas, bien que
l'on conteste ses méthodes dans la manière d'appréhender le problème que posent ses propres chiffres. Lorsque nous utilisons ceux-ci,
même pour prétendre que nous sommes arrivés à une situation dramatique dans l'organisation des ensembles urbains :
« II faut que l'urbanisme ne soit plus conçu comme l'aménagement d'intérêts particuliers mais comme une organisation globale de
l'activité des populations. »
« L'urbanisme n'est pas un aménagement de voiries et réseaux construits aux frais des collectivités pour desservir un parcellaire de
propriétés privées portant en potentiel le bénéfice des logements à réaliser et à vendre. »
« L'urbanisme a pour but l'aménagement de l'habitat et des équipements nécessaires aux populations dans les meilleures conditions
d'occupation de site et l'organisation des relations entre leurs activités par des moyens de communication efficaces. » L'urbanisme doit
constituer le cadre, l'élément moteur et directeur dans l'élaboration du domaine construit. »
Or les structures administratives et professionnelles se sont révélées inaptes à promouvoir les moyens à la dimension de ces objectifs.
En effet, lorsque à la fin de la dernière guerre le problème de la reconstruction s'est posé, l'État capitaliste a livré à la promotion privée
la presque totalité de ce dcmaine, n'assumant sa responsabilité qu'à travers des règlements inefficaces, car, par son principe même, il
ne pouvait que constater son impuissance en la matière ; pour la part du domaine construit qui lui incombait, il ne peut donc que suivre
le jeu qu'il avait instauré et se conduire comme un quelconque promoteur.
L'entreprise privée, voyant le champ libre à ses spéculations, s'est alors organisée : elle s'est, entre autres, adressée, pour couvrir
l'ensemble de ses menées, a un organisme corporatif, né du régime de Vichy (loi du ... 1940) : l'ordre des architectes.
Celui-ci, pour parvenir aux buts qui lui furent fixés, dut, tout d'abord, asseoir son autorité, il se fit donc reconnaître par la loi : ordonnance
du 18 octobre 1945. Et l'article 2 de la réglementation de la profession précise que « quiconque, sans être inscrit au tableau de l'Ordre,
s'il est français ou, sans y avoir été autorisé dans les conditions prescrites par la loi s'il est étranger, porte le titre ou exerce la profession
d'architecte en France, est passible de poursuites, sans préjudice des sanctions pénales prévues par la législation en vigueur, pour
port et usage illégal d'un titre professionnel réglementé ». De plus, l'article 54 établit que :
« II a la charge de l'honneur, de la morale et des intérêts de l'Ordre, et il est le seul interprète des architectes auprès des pouvoirs
publics. »
Ayant ainsi la main mise sur la profession, il se donne sa propre caution morale en se définissant comme suit :
« Le Conseil supérieur de l'Ordre maintient la discipline intérieure et générale de l'Ordre, et veille au respect des lois et règlements
qui le régissent. Il donne à cet effet toutes instructions nécessaires aux Conseils régionaux. Pour lui permettre d'exercer ces attributions,
il a le droit de contrôle permanent et direct sur toutes les activités et le fonctionnement des Conseils régionaux, ainsi que sur tous les
organismes créés en application des articles 29 et 30 et qui intéressent l'Ordre tout entier. »
Ensuite il complétait son appareil en pénétrant le mécanisme administratif par une série de commissions qui feraient aboutir les projets
par des avis se réclamant du bon goût et du sens artistique.
Enfin, en détenant l'exclusivité de l'exercice professionnel il contraignait la totalité des architectes par le truchement de la responsabilité
décennale et de la mutuelle d'assurance à en passer par ses vues.
A partir de ces structures, les cabinets d'architectes, bureaux privés de type artisanal, seule forme praticable reconnue par cette
juridiction pour exercer cette profession dite libérale, allaient, subventionnés par les commandes du secteur privé, asservir l'urbanisme
et en assurer la tutelle en passant avec l'État, sur un modèle établi par l'Ordre et les pouvoirs publics, des contrats financièrement
ridicules.
De ce fait, les projets d'urbanisme deviennent l'apanage des grosses agences, leur servant de moyen pour prospecter les terrains et
créer de bonnes affaires qu'ils remettaient ensuite entre les mains de leurs commanditaires-promoteurs.
L'urbanisme était devenu pour celui qui ne se trouvait pas subventionné par ailleurs, un suicide financier. Mais, devant l'augmentation
incessante des besoins et l'impuissance des promoteurs à y faire face, le scandale devint trop évident. Alors à ceux-ci se substituèrent
les ensembles bancaires et monopolistes qui, jusqu'à présent, opéraient par intermédiaire voulant faire croire par là à une organisation
plus puissante et plus cohérente.
Pourtant les méthodes restent les mêmes ; la propriété foncière reste inviolée entravant un aménagement cohérent des ensembles
urbains. Un plan d'occupation des sols vient compléter le jeu des plans de densité essayant de contrôler l'entreprise privée devant la
carence des investissements publics en matière d'équipement. Le problème est donc toujours compris de la même façon.
Far voie de conséquence, la recherche dans le domaine de l'organisation urbaine, reste vouée à l'échec.
L'exercice de l'architecture et de l'urbanisme appartient chaque jour à un nombre de plus en plus restreint d'architectes et, cependant
que dans le même temps les écoles d'architecture jettent sur le marché du travail un nombre croissant de jeunes diplômés, une masse
de plus en plus importante d'architectes se voit reléguée dans la position dite de « Nègre ».
Comme toujours dans le salariat traditionnellement et scientifiquement désorganisé, ceux qui payent sont les travailleurs, employés
d'architecture, de bureaux techniques, etc. Devant l'évolution de ces problèmes, des syndicats d'architectes se sont créés et ont tenté
d'aménager notre profession : ils se sont heurtés à la déontologie dictée par l'Ordre et n'ont pu encore faire aboutir leurs revendications.
Aussi nous constatons que l'Ordre des architectes est un obstacle à l'organisation de nos activités dans le domaine de la construction et
nous dénonçons la représentativité de l'ensemble des architectes qu'il s'est arrogée.
Nous réclamons à l'État d'instaurer des conditions valables de réflexion et discussion pour l'élaboration de structures nouvelles dans
lesquelles nous puissions nous former et exercer notre activité.
A partir de là, il sera, peut-être, possible de proposer des formes d'organisation faisant la synthèse des disciplines intéressées aux
problèmes de l'aménagement et de la construction qui pourront poser convenablement les problèmes, y apporter des solutions valables
et ainsi se définira le contexte dans lequel un processus de formation des architectes pourra être trouvé.
Nous encourageons enfin tous les employés des cabinets d'architecture et des bureaux d'étude à s'organiser au sein des syndicats.
Ncus déclarons la dissolution de l'Ordre et demandons l'occupation de ses locaux.
44
PRISES DE POSITION
54
PROPOSITION DE MOTION
3 juin 1968.
Les enseignants soussignés, membres du S.N.E.Sup., proposent le texte suivant comme base de travail :
Aujourd'hui le front de lutte ouvrier est le plus important, et nous devons tout faire pour le soutenir. Mais il nous faut aussi poursuivre
la lutte sur le front spécifique du mouvement univerïtaire. C'est pourquoi un groupe d'enseignants membres du S.N.E.S.up., désirant
développer et concrétiser le front de lutte dans le cadre de l'ex-E.N.S.B.A. soumet le projet de motion suivant à la discussion de tous
les grévistes, étudiants et enseignants. Ce texte, après étude au sein des commissions et amendements éventuels, sera soumis
en Assemblée générale lorsque la lutte universitaire redeviendra prioritaire.
Les enseignants et élèves de l'ex-E.N.S.B.A. en grève s'engagent, quelle que soit l'issue politique du mouvement actuel, à ne pas
reprendre le travail et à poursuivre leur action, par la grève, l'occupation des locaux ou par toute autre forme de lutte, aussi longtemps
que n'auront pas été acquis les points de principe suivants :
1° Satisfaction de toutes les revendications nationales défendues par l'U.N.E.F., et en premier lieu l'abrogation du Plan Fouchet, et la
suppression de toutes formes de sélection sociale, culturelle et financière à l'entrée dans l'enseignement supérieur;
2° Concernant l'ex-E.N.S.B.A. en particulier, reconnaissance par le ministère des Affaires culturelles des principes suivants :
— Dissolution de l'E.N.S.B.A. et organisation de la formation des architectes et des peintres, sculpteurs et graveurs dans des structures
universitaires, dont le rattachement à l'Université est à étudier en fonction du degré d'autonomie de celle-ci à l'égard du ministère de
l'Éducation nationale.
— Dissolution de l'Ordre des architectes;
— Abrogation du décret de 1962, et refus de toute réforme octroyée;
— Suppression des prix et concours de l'Institut et de fondation, ainsi que de tous les privilèges qui y sont attachés ;
— Suppression du concours d'admission et du diplôme en leur forme actuelle ;
— Pour les architectes en particulier, reconnaissance de la nécessité d'une formation différenciée préparant efficacement à une insertion
professionnelle tenant compte de la diversité des modes d'intervention dans les domaines de la construction, de l'urbanisme et de
l'aménagement de territoire ;
— Abrogation du statut de patron, disparition des postes de patron désignés par l'administration, et désignation des enseignants par
des formes démocratiques ;
3° Reconnaissance des droits politiques et syndicaux des étudiants, enseignants, et membres du personnel administratif et de gestion
et en particulier :
— Droit aux réunions politiques et syndicales dans les locaux scolaires ;
— Droit de participation de tous les intéressés à toutes les instances de décision et de gestion qui devront être mises en place dans
les futurs organismes de formation ;
— Principe de la représentation majoritaire des principaux utilisateurs, à savoir les étudiants, dans ces instances;
— Engagement de ne faire aucune poursuite de quelque ordre que ce soit pour faits de grève, contre les enseignants et les étudiants,
français et étrangers ;
4° Sur le plan matériel :
— Pour les étudiants, gratuité totale de l'enseignement, parité du montant des bourses avec celui des bourses universitaires,
augmentation importante du nombre des bourses, représentation des étudiants dans les organes de distribution des bourses, ceci en
attendant que soit acquis le pré-salaire ;
— Pour les enseignants, parité des rémunérations avec celles des universitaires, mise à l'étude d'un statut des enseignants par une
commission formée de représentants de l'administration et des syndicats d'enseignants ;
— Prise en considération et satisfaction des revendications du personnel administratif et de gestion ;
— Autogestion des organismes de formation et contrôle financier a posteriori ;
— Programmation pluri-annuelle des moyens en personnel, en locaux, en matériel pour les organismes de formation remplaçant
l'ex-E.N.S.B.A., cette programmation étant à faire par des commissions composées de représentants des enseignants, des étudiants,
du personnel de gestion, et de l'administration;
5° Sur le plan pédagogique :
•— Pour les étudiants, reconnaissance de la nécessité d'une liaison étroite et continue entre les activités de formation et les activités de
production ;
— Pour les enseignants, possibilité de passage permanent entre les activités de recherche, les activités d'enseignement et les activités
professionnelles.
Si ces principes sont admis par le ministère des Affaires culturelles, des négociations pourront être ouvertes avec des représentants
de celui-ci, pour répondre en premier lieu aux problèmes suivants :
— Règlement de la situation des admissionistes et des diplomables, et contrôle des connaissances des élèves en cours d'études;
— Organisation des études pour l'année 1968-1969, qui ne peut être qu'une année de transition, et ce en liaison étroite avec tous les
milieux universitaires ;
— Préparation de l'organisation de la formation des architectes, peintres, sculpteurs, graveurs, selon des formes universitaires, à
démarrer en 1969.
Ces négociations pourraient être menées par des représentants des enseignants et des étudiants, la représentation des étudiants étant
majoritaire, les uns et les autres étant élus en Assemblée générale des grévistes sur la base d'un programme commun voté en Assemblée
générale.
46
MOTION
des services techniques
du ministère
de l'équipement
le personnel en grève des Services d'administration publique et des bureaux d'études
signataires participe au mouvement général de contestation et [de transformation de
notre société de consommation capitaliste. Ce mouvement actualise une prise de
conscience politique et professionnelle ressentie depuis longtemps.
— 11 dénonce l'urbanisme de fait livré aux puissances financières privées, avec l'accord
et le soutien du Pouvoir. L'aménagement et l'urbanisme sont prisonniers des structures
économiques capitalistes.
Le capital économique, social et culturel que sont les villes, fruit du travail de toute la
société, se trouve détourné au profit des puissances financières, au bénéfice exclusif
de la bourgeoisie.
Il dénonce donc l'action oppressive et de camouflage de la politique urbaine actuelle ; la
rénovation urbaine actuelle a notamment comme résultat la déportation dans l'espace
et la ségrégation des citadins des classes laborieuses.
L'urbanisme pour tous est actuellement un mythe.
— Il dénonce l'urbanisme et l'aménagement de dérogation, qui permettent aux
groupes de pression et aux puissants de passer outre les règlements et d'agir en véri-
tables maîtres de la décision. Cet état de fait, fa vorable à un système de relations et de pots-
de-vin à l'intérieur des groupes et des corps constitués, s'oppose aux intérêts de la
communauté.
Il dénonce l'incohérence administrative. Elle est due :
1. R la puissance écrasante du ministère de l'Économie et des Finances, dont les argu-
ments financiers prévalent toujours sur les propositions des ministères techniques ;
2. A une rivalité de pouvoir entre les différents services participant à l'aménagement
(notamment la D.A.T.A.R., les ministères de l'Équipement, de l'Agriculture et de l'Inté-
rieur) ;
3. A la lutte des différents corps de fonctionnaires (Ponts et chaussées, E.N.A. et Génie
rural...), pour contrôler ces différents services.
Cette incohérence administrative aboutit à la négation et à l'impossibilité de tout aména-
gement.
Il dénonce la démission progressive qui s'est manifestée lors de l'élaboration de la loi
d'Orientation foncière et de ses textes d'application.
La loi d'Orientation foncière et son interprétation officielle prouvent que le Pouvoir s'in-
cline devant les intérêts privés et « les droits acquis » tout en prétendant inaugurer un
urbanisme scientifique, courageux et démocratique.
— Il dénonce l'hypocrisie de l'État qui parle de participation des collectivités locales
aux décisions d'aménagement alors que cet État :
1. Monopolise les études préparant ces décisions.
2. Par la confusion des moyens de contrôle et d'étude au sein de l'administration, impose
aux collectivités locales une tutelle paralysante.
3. Refuse aux collectivités locales les moyens financiers leur permettant l'initiative et le
contrôle effectifs des études et des réalisations.
4. Conditionne le public par une information qu'il est le seul à donner, souvent grâce à
la complicité de certains élus et notables locaux.
5. Camoufle les procédures technocratiques par des slogans vides de contenu comme
celui de «participation ».
Il dénonce :
1. L'insuffisance et l'incohérence des moyens de financement pour répondre aux besoins
de la population en matière d'habitats et d'équipements urbains.
2. Le coût trop élevé du logement, résultant entre autres de la spéculation foncière.
3. Le refus des pouvoirs publics de prendre en compte le caractère social prioritaire de
ces besoins et de reconnaître concrètement le droit au logement.
— Il dénonce l'absence de toute politique des transports urbains donnant priorité
aux classes défavorisées. Cette carence se manifeste en particulier :
1° Dans le choix des investissements et la tarification en commun, fondés sur des critères
de rentabilité ;
2° Dans la priorité donnée aux infrastructures destinées aux véhicules individuels.
Tout ce qui précède montre que l'aménagement et l'urbanisme résultent nécessairement
de choix politiques. Ils ne font qu'exprimer sur le sol les forces qui dominent la société.
Le pouvoir politique actuel oblige les technicienns de l'aménagement et de l'urbanisme à
couvrir d'une façade pseudo-scientifique les décisions prises en ce domaine par les
pouvoirs d'argent à leur propre profit.
Les études urbaines exercent ainsi une fonction de camouflage ; elles dissimulent
l'oppression des laissés pour compte de la politique urbaine.
En conséquence, les signataires dénoncent l'attitute technocratique de l'administration
publique, en particulier l'attitude du ministère de l'Équipement, qui fait passer les direc-
tives d'une classe dirigente au pouvoir avec la complicité entre autres du Corps des ponts
et chaussées ; ce dernier, par son opportunisme technocratique, vise à l'expansion de
ses privilèges dans le cadre du système conservateur de la fonction publique. Par suite,
ils remettent en cause le système même de la fonction publique, qui sert de support au
mandarinat et aux luttes stériles des grands Corps de l'État, qui négligent leur vocation
professionnelle au profit d'objectifs partisans, exprimant leur suprématie en tant que
Corps constitués.
Ils poursuivent la grève pour approfondir leurs contestations et faire aboutir leurs revendi-
cations.
47
PROJET DE NOTE ADRESSÉE AU MINISTÈRE DE LA FONCTION PUBLIQUE
CONCERNANT LES PERSONNELS DES SERVICES TECHNIQUES
DES MINISTÈRES (l)
Équipement (S.A.E.I., S.I.C.A.U., S.E.R.C.)
Affaires sociales (Sercices statistiques ; Services extérieurs, dont I.N.E.D. et B.R.E. ;
Agence de l'emploi)
Finances (Direction de la prévision ; I.N.S.E.E.)
Éducation nationale (S.C.S.C.)
Nous (2) attirons l'attention du ministère de la Fonction publique sur la similitude des situa-
tions des différents services techniques ministériels et nous proposons que la solution
commune qui y sera apportée s'inspire de certains principes auxquels nous sommes
particulièrement attachés.
I. Caractéristiques essentielles des services techniques de ministère. Désireuse de
répondre à des besoins qui ne cessent de se développer et de se diversifier, l'Adminis-
tration a dû recruter sur le marché du travail du personnel de qualification élevée : les
fonctionnaires de recrutement stable ne pouvant fournir les économistes, mathématiciens,
démographes, informaticiens, urbanistes requis par l'adjonction d'une fonction tech-
nique d'étude à la fonction traditionnelle d'administration de l'État.
Cette situation a entraîné le recrutement de contractuels.
Envisagé au départ comme une solution provisoire, ce recrutement a entraîné des diffi-
cultés :
— d'une parf une insatisfaction des contractuels concernés : les clauses de contrat rendent
leur situation précaire, puisqu'ils continuent à être considérés comme personnel d'appoint,
ce qu'ils ne sont pas.
— d'autre part une perte d'efficacité de l'Administration qui doit souvent laisser partir
vers le secteur privé un personnel compétent et formé.
II. Propositions
Reconnaissance par le ministère de la Fonction publique de la nécessité d'une négociation
rapide d'un statut pour le personnel de tous les ministères, s'inspirant des principes
suivants :
1. Pour les techniciens contractuels :
a) Pas de création de corps nouveaux ;
b) Possibilité d'accès aux postes les plus élevés de la hiérarchie ;
c) Possibilité d'intégration individuelle dans les corps existants pour une ancienneté
suffisante ;
d) Niveau de rémunération fixé par rattachement au corps de fonctionnaire équivalent
(primes comprises, modalité d'avancement identiques) ;
e) Avantages sociaux équivalant à ceux des fonctionnaires (en particulier pour les congés
maladie) et amélioration du système de retraite ;
f) Indemnités de licenciement porté à trois mois ;
g) Maintien du recrutement libre sur des critères liés à la compétence ;
h) Pas d'exclusive portant sur la nationalité.
2. Pour les autres catégories
La situation actuelle cumulant les inconvénients du bas niveau de rémunération de la
fonction publique et de l'absence de garantie du secteur privé, l'homogénéisation très
urgente des trop nombreuses catégories existantes (fonctionnaires, auxiliaires, vacataires,
personnel sous contrats divers) doit se faire selon l'une des deux solutions suivantes :
A) Intégration d'ensemble dans le cadre de la fonction publique.
B) Établissement d'un statut respectant les principes a,b,c,e,f,g,h,
Pour ce qui est du niveau de rémunération (d) il serait reconnu que la souplesse d'emploi
de ces services implique une moindre garantie d'emploi et qu'en conséquence le niveau
de rémunération, plus élevé que celui des fonctionnaires, devra se rapprocher du secteur
privé.
Services Techniques des Ministères.
Projet de vote adressé au ministère de la Fonction publique.
Dans les mêmes conditions que la note précédente, elle ne serait pas obligatoirement
signée des même services, en raison de certaines différences.
Insistant sur la spécificité des Services techniques des ministères (voir note précédente)
nous attirons votre attention sur la nécessité d'une reconnaissance, dans ces services,
d'un organisme élu par le personnel permettant d'assurer au service une indépendance
en matière d'orientation générale et de méthodes de travail.
(1) Cette note serait transmise simultanément par l'intermédiaire des Fédérations de
fonctionnaires (C.G.T., C.F.D.T., F.O.) et directement.
(2) Ce nous peut correspondre à : l'Assemblée générale du personnel, aux syndicats et
à certains regroupements de personnes.
48
VOMIR LA PÈGRE
Moi, Michel Écochart architecte en chef des Bâtiments civils et Palais nationaux,
me considère avec tous mes camarades architectes présents à ce titre à la manifes-
tation de l'U.N.E.F. comme entrant dans la catégorie de « pègre » définie par
M. Fouchet, ministre de l'Intérieur.
S.A.D.E.S.
SYNDICAT DES ARCHITECTES DE L'ÉCOLE DE STRASBOURG
18 mai 1968.
PARTICIPATION DES ÉTUDIANTS AUX ORGANISMES DE DÉCISION
DES SYNDICATS DE FONDATION
Le 18 mai 1968 le S.A.D.E.S. siégeant en Assemblée générale à Strasbourg avec les
étudiants en grève de l'École d'architecture de l'E.N.S.A.I.S. adopte à l'unanimité
(3 abstentions) la motion suivante :
Le S.A.D.E.S. considérant :
— Le caractère transitoire de l'étudiant et la nécessité de son intégration sociale;
— Le caractère commun des problèmes des étudiants en architecture et des autres
étudiants.
Dénonce le cadre juridique actuel des syndicats de formation qui ne permet pas la parti-
cipation réelle des étudiants aux études et décisions qui les concernent.
Décide d'accueillir des étudiants en architecture de l'E.N.S.A.I.S. et d'agir pour obtenir
la participation effective des étudiants des autres écoles dans leur syndicat de formation.
Paris, le 20 mai 19S8.
Les architectes, réunis à l'ex-École des Beaux-Arts le 20 mai 1968, expriment leur soli-
darité avec la lutte des étudiants et des ouvriers.
Convaincus de la nécessité de dissoudre les structures corporatives de leur profession
qui ne correspondent en rien : ni à l'état de la société, ni à la fonction et à la promotion
de l'architecture, prennent acte et approuvent la dissolution de l'Ordre des architectes.
Ils décident l'occupation illimitée des locaux de l'Ordre des architectes et y appellent
tous ceux qui participent a l'acte de bâtir pour une réflexion commune.
Ils proposent au S.N.E.SUP. la création d'un comité provisoire constituant.
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ATELIER D'URBANISME ET D'ARCHITECTURE
Bagnolet, le 20 mai 1968.
LES PROFESSIONNELS DE L'ATELIER D'URBANISME ET D'ARCHITECTURE DÉCIDENT
LA CONSTITUTION D'UN COMITÉ D'ACTION QUI :
1° Appuie le mouvement étudiant.
2° Demande la mise en place de groupes interprofessionnels (enseignants, étudiants,
professionnels de la conception et de la réalisation), remettant en cause les conditions
actuelles d'exercice de leurs professions.
3° Estime que les rapports sociaux et la structure actuelle du pouvoir s'opposent
à la satisfaction des nécessités de l'aménagement du territoire.
4° Décide de se réunir quotidiennement pour fixer son action face à l'évolution de
la situation.
Les professionnels de l' ATELIER D'URBANISME ET D'ARCHITECTURE proposent les
trois axes de réflexion suivants :
1° l'aménagement du territoire;
2° les conditions d'exercice des professions de l'aménagement du territoire;
3° la formation professionnelle.
I. L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE
— L'aménagement du territoire : pour quelle société ?
Une société de consommation qui met en premier plan des besoins le mode de vie
« gadget » (exprimé aussi bien dans le futurisme que dans la nostalgie des formes du
passé)?
Ou une société dans laquelle la culture ne s'isole jamais de la vie quotidienne?
— La planification et la programmation; pour qui?
Pour une minorité de classe, ses « élites » et son pouvoir économique.
Ou pour tous les citoyens.
— Le travail pluridisciplinaire ne suffit pas si l'argent et les règlements infirment
les études.
L'urbanisation est un phénomène global. Son évolution implique des mutations essen-
tielles. L'aspect des sciences urbanistiques et humaines dans la conception est un leurre
et à la limite une démagogie si en dernière analyse seuls l'argent et les règlements en
place imposent les solutions.
— L'aménagement n'est pas le fief des technocrates mais suppose la participation
rentable des usagers.
Les élus, les représentants des divers groupes sociaux (usagers, syndicats, etc.) doivent
participer à l'élaboration coordonnée des programmes et schémas. Le terme de « partici-
pation » est équivoque s'il n'est synonyme de démocratie réelle. Il ne peut s'agir d'une
caution; et le plein exercice de la démocratie exige des moyens financiers, juridiques,
c'est-à-dire politiques qui sont tragiquement insuffisants pour assurer notamment la
maîtrise des sols.
13
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DUNE LUTTE
PROLONGEE
49
//. LES CONDITIONS D'EXERCICE DES PROFESSIONS DE L'AMÉNAGEMENT DU
TERRITOIRE ET DE LA CONSTRUCTION
L'économie de marché est incapable de résoudre les problèmes de l'aménagement
du territoire et de la construction alors que le rôle des fonds publics y est déter-
minant.
Les conditions d'exercice des professionnels sont actuellement données par :
1° L'incohérence de la commande due :
— à l'absence de programmation véritable,
— à l'éparpillement géographique de nos activités,
— au centralisme politique,
— à l'insuffisance de pouvoir des collectivités locales.
2° L'insuffisance des crédits affectés à l'organisation de l'espace.
3° Le cloisonnement entre les professions, entretenu par les ordres et syndicats des
différentes professions.
4° La méconnaissance du public pour les problèmes d'aménagement du territoire et
de la création architecturale.
Le terme même d' «architecte» est resté lié à une conception artisanale de la profession.
L'acte de bâtir ne peut être aujourd'hui que le fait d'une équipe complexe : information
et sciences humaines, disciplines techniques et sciences exactes, mise en forme et réali-
sation.
Il n'y a pas trop d'architectes, pas plus que d'ingénieurs ou de techniciens. Les jeunes
spécialistes en sciences humaines ont, objectivement, un champ considérable d'inter-
vention dans le domaine de l'habitat et de l'aménagement, mais leur activité est actuel-
lement sous-employée parce que la formation qui leur est donnée n'est pas insérée dans
Jss problèmes réels de la vie.
III. PROPOSITIONS
1° L'aménagement du territoire et la construction doivent être un service public,
appuyé sur des unités de production géographiques responsables, regroupant les
professionnels de l'étude et de l'exécution (maîtres d'ouvrages, urbanistes, spécialistes
des sciences humaines et économiques, plasticiens, ingénieurs et entrepreneurs). La
formation professionnelle doit s'appuyer sur ces unités de production.
2" Mise en place de structures mixtes d'étude à tous les niveaux de décisions :
collectivités locales (municipalités, cantons, conseils généraux, etc.). Les structures
doivent grouper les techniciens, élus, groupes divers de citoyens, administration, pour
l'étude de l'aménagement dans un cadre démocratique.
Le pouvoir de décision doit être effectivement exercé par les élus après étude complète
de toutes les conditions et implications des solutions, à court et long terme.
3° Création d'un organisme regroupant les professionnels de toutes les disciplines
concourant à l'organisation de l'espace (concepteurs et réalisateurs) en remplacement
des ordres et syndicats particuliers à chaque discipline.
4° Enseignement :
a) Activités communes des différentes disciplines même à partir de structures autonomes;
b) Organisation de troncs communs avec bifurcations possibles;
c) Organisation matérielle de l'expérimentation et de l'exercice en commun;
d) Passerelles à tous les niveaux entre les disciplines;
e) Suppression du Prix de Rome et de l'Institut.
5° Université permanente :
a) Recyclage pour tous;
b) Possibilité aux professionnels n'ayant pu suivre le canal normal de l'enseignement
de se perfectionner à tous les stades et rattrapage des différents niveaux de spécialisation
jusqu'aux plus élevés.
6° Information et éducation du public.
L'architecture et l'aménagement doivent être des « matières » d'enseignement primaire
et des matières d'information dans la presse écrite et parlée.
7° Organisation d'une recherche fondamentale, dotée de moyens puissants compa-
rables à la mise en prototype utilisée par l'industrie.
LA S.A.D.E.S.A. ET LES MEMBRES DU CORPS ENSEIGNANT
Assemblée du 21 mai 1968 à l'École spéciale d'architecture.
Réaffirment leur solidarité avec le mouvement créé par les élèves de l'E.S.A.
Souscrivent à la participation des étudiants à tous les niveaux de leur enseignement.
Continuent d'apporter leur soutien aux actions entreprises par les élèves pour la réforme
de l'architecture dans le cadre du mouvement de rénovation de toute l'Université.
Engagent leurs membres à se mettre à la disposition des élèves pour mener à bien leurs
travaux en vue d'atteindre leurs objectifs.
Souscrivent au schéma d'action proposée en Assemblée et énoncé comme suit :
1° Convocation d'une Assemblée générale élargie par la participation massive de
nouveaux membres, partie prenante de l'enseignement élèves, enseignants et diplômés.
2° Modifications des statuts validant la mise en place d'une réforme immédiate.
3° Nomination d'un nouveau Conseil d'administration avec mission de proposer à
l'Assemblée générale des modifications rendant statutaires les réformes proposées
dans un schéma évolutif.
La S.A.D.E.S.A. prend acte de la décision de grève manifestée ce jour par les membres
du Corps enseignant signataires de la motion publiée à l'issue de la réunion de ce jour
à 14 heures et par laquelle ils manifestent leur solidarité.
COMITÉ D'ACTION POUR L'ÉTUDE
D'UN ENSEIGNEMENT LIBRE
DANS LES ÉCOLES AUTONOMES
D'ARCHITECTURE
17 mai 1968
De la façon dont l'actuel Comité de grève
conduit le grand mouvement de contes-
tations, celui-ci ne peut déboucher que
sur la révolution totale indéterminée dans
le temps.
En conséquence et quelle que soit l'issue
du mouvement, nous prenons les devants
et nous nous attaquons de manière immé-
diate, réaliste et efficace a tous les objectifs
que nous pouvons atteindre.
Nous rappelons nos objectifs fondamen-
taux :
1 ° L'attaque des monopoles qui empêchent
la profession d'évoluer.
2° L'élaboration d'un enseignement libre et
autonome.
3° Le problème des élèves en cours d'exa-
mens et de concours.
Nous sommes conscients de la nécessité
de rester solidaires.
Nous travaillons donc avec vous tous quand
cela est possible, isolément dans le cas
contraire.
LES ÉTUDIANTS EX-ÉLÈVES
DES EX-ÉCOLES D'ART RÉUNIS EN
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE NATIONALE
COMMUNIQUENT
Bourges, le 28 mai 1968.
1. L'existence même d'une centralisation
de la culture considérée comme un
concept et réservée de fait à une classe
privilégiée place l'art dans un ghetto
par rapport à la société et à l'Université.
En conséquence l'Assemblée refuse l'exis-
tence d'un ministère des Affaires cultu-
relles et demande l'intégration des sec-
tions d'arts à l'Université critique consi-
dérée comme moyen immédiat de mettre
les intellectuels au service du plus grand
nombre.
Adoptée à la majorité.
2. Conscients du caractère corporatiste
d'un rassemblement national fondé sur
une divination dépassée des enseigne-
ments;
— Conscients de la nécessité d'une remise
en cause globale de la société qui seule
peut permettre de recycler le problème
de l'enseignement artistique face à l'Uni-
versité de classe;
— Désirant situer leurs luttes dans le
cadre des luttes étudiantes et ouvrières;
condamnent toute tentative d'action réfor-
miste qui dans la situation actuelle ne peut
aboutir qu'à une collaboration avec un
pouvoir qu'ils récusent,
décident de dissoudre leur Assemblée
et s'engagent :
— à lier leur réflexion et leur action sur
le plan régional avec celles des autres
étudiants engagés dans le mouvement,
— à s'organiser sur le plan national
dans le cadre de syndicats ou mouvements
étudiants,
se déterminent à lier sous toutes les
formes possibles leurs luttes à celles des
travailleurs qui seuls peuvent mener à
bien la transformation de la société.
Adoptée à l'unanimité des présents.
50
SYNDICAT DES ARCHITECTES DE LA RÉGION PARISIENNE
Paris, 21 mai 1968.
Communiqué.
Le syndicat des architectes de la région parisienne rappelle les termes de la déclaration
publiée par la Confédération générale des architectes français en date du 21 mai 1968
dont les objectifs principaux sont :
— la remise en ordre générale de la commande et principalement de la commande
publique qu'exigé la meilleure efficacité de l'architecte.
— l'extension de l'information de l'architecte à tous les domaines et à tous les niveaux
où l'architecture et l'urbanisme sont engagés,
— la réforme et l'adaptation des structures d'exercice pour répondre à toutes les formes
d'intervention,
— la nette distinction entre le titre et la fonction d'architecte, qui implique une refonte
de leurs garanties,
— Je développement d'une action concertée avec les professions collatérales qui
participent à la création architecturale et urbanistique,
— la diversification de l'enseignement en concordance avec l'emploi et appropriée
à la pluralité des missions, et ceci dans un cadre universitaire,
— le développement de la formation permanente et de la promotion sociale, complé-
ments indispensables de l'enseignement scolaire.
En outre, le Syndicat des architectes de la région parisienne :
— demande gué l'architecture et l'urbanisme qui matérialisent une des valeurs essen-
tielles de toute société soient libérées des contraintes bureaucratiques, technocratiques
et financières,
— demande gué le public soit associé aux réalisations d'urbanisme et d'architecture qui
concernent son cadre de vie quotidien,
— demande à nouveau gué les structures légales de la profession soient réformées
et que la représentativité des syndicats d'architectes soit enfin pleinement reconnue par
les pouvoirs publics,
— demande gué l'exercice de la profession soit garanti contre l'envahissement des
bureaux d'études et des organismes dont les préoccupations sont exclusivement d'ordre
financier et technocratique,
— se solidarise, sur ces principes, avec l'action du mouvement étudiant.
MOTION VOTÉE LE 22 MAI 1968 PAR L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
DES ÉLÈVES DE L'EX-E.S.A. A 21 H 30
Considérant que notre seul but est d'engager une réforme profonde et nécessaire de
la société, de la profession, des études.
Considérant que nous avons un but commun avec les autres étudiants-architectes, et
à travers eux avec l'ensemble de l'Université,
Considérant enfin la possibilité qui nous est offerte de pouvoir nous engager rapidement
dans un processus de réforme totale à l'école.
Nous engageons notre travail pour nous définir en tant que structure d'enseignement
critique.
Nous rappelons que cet engagement ne pourra aboutir à des solutions concrètes que
dans la mesure ou nous pourrons avoir satisfaction dans le processus de réforme légale
d'ores et déjà engagé.
En cas de non-aboutissement réel nous décidons la dissolution définitive de l'école,
et nous nous engageons tous individuellement dans le mouvement qui définira l'Univer-
sité libre et critique pour laquelle nous nous battons tous depuis le début.
MOTION DU 22 MAI 1968
— Considérant que le mouvement actuel
est et doit rester un mouvement de masse
contestant les structures mêmes de notre
société et, devant en proposer de nou-
velles,
— Considérant que les mouvements pro-
pres à chaque profession et en particu-
lier à celles qui participent à la production
architecturale ne peuvent se couper de ce
mouvement global,
— Considérant que les architectes sont
loin d'être les seuls à être concernés par
l'acte de bâtir,
l'ASSEMBLÉE étant réunie le 22 mai 1968
à l'INSTITUT D'URBANISME de PARIS.
Les participants présents :
1. Approuvent la position de la motion du
15 mai, prise par l'Assemblée générale de
l'ex-école des Beaux-Arts, qui constitue la
base de leur mouvement.
2. Approuvent la dissolution de l'Ordre
des architectes, organisme corporatif ne
pouvant en aucune manière représenterdes
hommes dont les situations professionnelles
et économiques sont différentes, approba-
tion qui implique la remise en cause de
l'ensemble des professions concourant à
l'acte de bâtir.
3. Décident de participer par leurs
moyens propres au mouvement de grève
en cours, et de soutenir la lutte des étu-
diants et des ouvriers, action qui remet en
cause les structures actuelle de la société.
Ils décident que toute réunion ayant pour
but de remettre en cause les structures
professionnelles ne peut se faire qu'en
collaboration étroite avec les étudiants, les
travailleurs du bâtiment, les techniciens des
autres disciplines et les associations d'usa-
gers.
En conséquence, les prochaines réunions
se tiendront à l'ex-École des Beaux-Arts,
14 rue Bonaparte, Paris, seul lieu où cette
collaboration soit possible,
Ce texte a été voté à la quasi-unanimité.
SYNDICAT DES ARCHITECTES DE L'ESSONNE
Les membres du syndicat des architectes de l'Essonne, réunis en assemblée extraordinaire,
s'engagent à faire approuver par leur Assemblée générale la modification de leurs
statuts pour s'adapter à la mission particulière que les nouvelles structures définissant
la fonction de l'architecte dans la société rendent nécessaires.
Ils confirment les buts du syndicat, basés sur la moralité, à savoir :
— L'entraide confraternelle;
— La recnerche d'une meilleure organisation démocratique de la profession;
— La promotion de son rôle social.
Approuvant l'action des jeunes pour la position de force qu'ils ont prise devant les pouvoirs
publics, déclarent :
— qu'appartient aux seules disciplines concourant à l'acte de bâtir, l'initiative et l'élabo-
ration de nouvelles structures professionnelles,
demandent
— la mise en place de nouvelles structures sociales leur permettant de remplir efficace-
ment leur rôle, en dehors de foutes contraintes spéculatives et idéologiques,
— la réforme de la programmation et de la commande,
— un nouveau mode d'enseignement et de formation permanente par le contact archi-
tectes-étudiants,
— un mode d'association à la profession et d'exercice fondé sur la valeur professionnelle
effective.
51
UNION NATIONALE DES SYNDICATS C.G.T. DV PERSONNEL
DES CABINETS D'ARCHITECTES, DES BUREAUX D'ÉTUDES D'ARCHITECTURE
ET D'URBANISME
213, rue La Fayette, Paris 10e.
et
SYNDICAT NATIONAL DU PERSONNEL DES PROFESSIONS ANIMATRICES
DE LA CONSTRUCTION
S.P.A.C. • C.F.D.T.
26, rue Montholon, Paris 9e.
Les syndicats nationaux du Personnel des Cabinets d'architectes C.G.T. et C.F.D.T.
ayant réuni le 20 mai 1968 les travailleurs de l'Architecture et de l'Urbanisme :
AFFIRMENT leur solidarité avec tous les travailleurs en lutte,
ET DÉCIDENT de se joindre au mouvement en cours.
Souscrivant pleinement aux revendications formulées par leurs Confédérations
respectives, ils rappellent les éléments principaux de l'action qu'ils ont engagée
dans la profession depuis de nombreuses années.
Suite à cet appel, une action a été engagée :
— Le personne/ d'un certain nombre d'Agences s'est prononcé pour un mouvement
de grève, au sein des entreprises.
— De nombreuses autres agences ont été contactées et invitées à se joindre au
mouvement en cours.
Cette action a permis de réunir le 22 mai, en Assemblée, les représentants de
nombreuses agences de la région parisienne qui se sont prononcée sur les reven-
dications suivantes :
— Abrogation des ordonnances sur la Sécurité sociale;
— Refour à la semaine de 40 heures sans diminution de salaires;
— Augmentation des bas salaires, notamment par le relèvement des indices
hiérarchiques inférieurs;
— Égalité des salaires masculins et féminins;
— Respect des droits syndicaux et reconnaissance de la section syndicale d'entre-
prise;
— Solution adoptée en vue de la formation, du perfectionnement et de la promotion
sociale des collaborateurs.
Ils réaffirment, en outre, que les Organisations syndicales entendent assumer pour
leur part la représentation des usagers de l'architecture, et exigent la création de
structures permettant l'expression des usagers.
Il apparaît à l'évidence, qu'un tel programma nécessite l'avènement d'un gouver-
nement populaire formé par l'union de toutes les forces de gauche, syndicales et
politiques.
Les participants à l'Assemblée appellent tous les travailleurs de l'architecture et
de l'urbanisme à les rejoindre dans l'action :
— en décidant dans chaque agence le principe de la grève, ou toute action adaptée,
— en prenant contact avec la permanence tenue chaque jour par les organisations
syndicales, en vue d'informer le personnel des cabinets non encore engagé dans le
mouvement,
— en adhérant aux organisations syndicales soussignées.
Ils les informent des dispositions prises pour permettre cette action :
— Jes délégués des agences se réuniront chaque jour à 19 h 30 à la permanence
des organisations syndicales.
— deux groupes de travail sont formés. Ils auront pour tâche d'étudier les reven-
dications qui seront incluses à la Convention collective nationale ainsi que les
problèmes spécifiques de la profession.
Paris, le 25 mai 1968.
Monsieur le Président
de la Commission supérieure d'étude
de la convention collective
16, place de la Madeleine
75-Paris S'1
Monsieur le Président,
Les Organisations syndicales soussignées vous demandent instamment de réunir,
dans les plus brefs délais, la Commission d'étude de la convention collective.
Cette réunion devrait se dérouler suivant l'ordre du jour minimum ci-après :
— adoption du projet de convention collective établi par les Organisations syndi-
cales en mars 1966, complétée par un relèvement des indices hiérarchiques inférieurs
et le retour aux 40 heures de travail hebdomadaires sans diminution de salaire,
— adoption du projet de protocole d'accord des salaires établi par les organisations
syndicales,
— mise au point d'une procédure de négociation d'une valeur de point nationale,
— extension des droits syndicaux et reconnaissance de la section syndicale dans
chaque Agence.
Il va de soi que cette liste n'est pas limitative et pourra être complétée à l'ouverture
de l'Assemblée.
Nous pensons que la Commission pourra siéger dans le courant de la semaine du
27 mai au Ice ;°ujn.
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52
La réponse au présent courrier ainsi que la convocation pourront être effectuées
téléphoniquement.
En cette attente, nous vous prions d'agréer, monsieur le Président, l'expression de
nos sentiments distingués.
Pour la C.G.T.,
Jacques LAURENT
Pour la C.F.D.T.
Bernard CASNIN
Paris, le 25 mai 1968
Monsieur le Président
de la Commission mixte nationale
paritaire de conciliation et d'arbitrage
16, place de la Madeleine
75-Paris 8°
Monsieur le Président,
Les Organisations syndicales soussignées vous demandent instamment de réunir,
dans les plus brefs délais, la Commission mixte nationale paritaire de conciliation
et d'arbitrage.
L'ordre du jour de cette réunion serait le suivant :
— .Examen des situations créées par l'état de grève dans les Agences pour ce qui
concerne le statut du personnel et les rémunérations,
— Licenciement du personnel de l'agence COLLE, pour fait de grève.
Nous pensons que la Commission pourra siéger au début de la semaine du 27 mai
au lee juin.
La réponse au présent courrier, ainsi que la convocation pourront être effectuées
téléphoniquement.
En cette attente, nous vous prions d'agréer, monsieur le Président, l'expression de
nos sentiments distingués.
Pour la C.G.T.,
Jacques LAURENT
Pour la C.F.D.T.,
Bernard CASNIN
Plus trois collaborateurs
CONSERVATOIRE DE MUSIQUE
Dans le mouvement de contestation spontanée et unanime déclenché par l'attitude des
pouvoirs publics à l'égard des revendications étudiantes, l'ensemble des musiciens,
dont les étudiants du Conservatoire, ont pris conscience des responsabilités qu'ils devaient
assumer.
Notre Assemblée générale du 20 mai a pour but de définir notre position dans cette crise.
La situation du Conservatoire de Musique est peut-être plus complexe que celle de
l'Université.
La tradition de notre enseignement, la valeur de nos maîtres que nul ne saurait contester,
a instauré dans cette établissement uns stabilité qu'il peut sembler vain de remettre en
question.
Mais la stabilité conduit à la stagnation.
A la lumière de ces événements, nous comprenons que notre formation perd chaque
jour de sa signification. Elle nous enferme dans une enceinte.
— Ce n'est pas l'action individuelle de nos maîtres que nous condamnons,
— Ce n'est pas le niveau de nos concours que nous mettons en doute,
Ce sont les structures :
— De la politique culturelle et artistique;
— De /'enseignement musical en France.
Le Conservatoire de musique a le devoir de promouvoir les réformes nécessaires. Il faut
que nous comprenions que si nous n'y participons pas activement, que si nous
n'adhérons pas massivement au mouvement qui s'est fait jour dans notre maison, nous
laisserons à d'autres 7e soin de décider de notre sort.
Nous devons nous mettre en garde contre les pressions que ne manqueront pas
d'exercer sur nous ceux qui tiraient profit de la situation passée. Nous reprendrons
notre travail dès que l'ordre que nous désirons sera établi.
Qui aurait cru qu'un jour il nous serait possible d'exprimer les contradictions qui nous
paralysent et de les résoudre ?
Voter en faveur de la grève n'est pas déclencher une révolution :
— c'est simplement manifester notre existence dans le milieu universitaire et devant le
corps professoral qui les soutient,
— c'est montrer que nous prenons nos responsabilités,
— c'est nous permettre d'organiser notre réforme.
Comme à l'Université nos maîtres montreront leur solidarité et participeront à nos débats ;
encore faut-il que nous fassions taire nos craintes.
COMITÉ DE GRÈVE
DU PERSONNEL SALARIÉ
DES AGENCES D'ARCHITECTES
A. partir de l'action qu'il a déjà engagée, le
comité de grève du personnel salarié des
agences d'architectes a élaboré une plate-
forme de revendications qu'il se propose
d'insérer dans la nouvelle convention
collective nationale générale du comité de
coordination et de liaison intersyndicale
groupant syndiqués et non syndiqués du
mardi 4 iuin 1968 à 19 heures à la Bourse
du travail, 3, rue du Château-d'eau.
A partir de ces revendications, il sera dis-
cuté des moyens à mettre en œuvre pour
obtenir, aux côtés des travailleurs en grève,
le recul du pouvoir, qui a montré claire-
ment sa volonté de ne céder sur aucune de
leurs revendications essentielles.
Pour :
— Le contrôle et la gestion des travailleurs
au niveau de leur unité de production ;
— Le paiement intégral des journées de
grève ;
— L'application obligatoire dans toutes les
agences des conventions collectives natio-
nales nouvelles.
LE COMITÉ NATIONAL
DES ÉCOLES D'ART
SE RÉUNIT RUE D'ULM
Le C.N.E.A., qui se prétend représentatif
de toutes les ex-écoles d'art, n'adhère ni
dans sa forme d'organisation (parité : un
étudiant, un secrétaire, un professeur) ni
dans ses perspectives au sens profond de
notre mouvement.
Mais, et c'est le plus grave, il n'est en rien
l'expression réelle des différents comités
de grève et assemblées générales exis-
tant dans les différentes écoles d'Art,
comités et assemblées générales qui sont
les seuls porte-parole que nous pouvons
reconnaître des volontés des élèves en
même temps qu'ils sont l'instrument de leur
lutte.
L'Assemblée générale des Beaux-Arts
condamne le C.N.E.A. sous sa forme ac-
tuelle. Elle se prononce pour un réel comité
de liaison des différents comités de grève
et Assemblées générales des écoles d'Art
et facultés, capables de coordonner notre
action dans ce secteur, sur les perspectives
fondamentales de notre mouvement.
Elle mandate donc les camarades : Gabillot,
Roy et un membre du Comité de grève,
pour qu'ils prennent contact dans cette
ligne avec les différents comités de grève
et Assemblées générales des écoles d'Art
et facultés, qui, de même, mandateront en
Assemblée générale des représentants.
Tous ces représentants formeront le Comité
de liaison du comité de grève des écoles
d'Art et facultés.
Cette position sera expliquée à la réunion
du C.N.E.A.
Additif : Texte du 15 mai.
A cette motion : texte des motions de
Bourges du 28 mai.
Votée le jeudi 30 mai 1968 à l'Assemblée
générale des Beaux-Arts. A la maiorité.
53
PLATE-FORME D'ACCORD
Lyon, le 27 mai 1968.
Les Architectes et les étudiants soussignés, décidés à entamer une véritable réflexion, se déclarent d'accord sur les points suivants :
1" Ils s'engagent à examiner objectivement et sans a priori dicté par une position patronale, la place exacte de la fonction d'architecte
dans le processus actuel de l'aménagement et de la production du domaine bâti.
2" Considérant que l'architecture, service public, doit satisfaire à des besoins sociaux, l'objectif fondamental sera de trouver les moyens
de limiter, puis de supprimer le contrôle quasi absolu que les puissances financières, à travers leur système économique, exercent
actuellement sur l'aménagement et la production du domaine bâti.
3" Ils envisagent une action concrète et concertée, visant effectivement à détruire le contrôle que les puissances « monopolistes »,
dans le seul but de satisfaire leurs propres intérêts, exercent sur les architectes.
Cette volonté ne devra pas se traduire par le maintien ou la création d'organismes corporatifs dont la déontologie formelle n'aurait
d'autre effet que de masquer la réalité.
Il sera donc nécessaire de se grouper au sein d'organismes, renonçant à défendre un titre mal défini, pour formuler des objectifs et
revendications précis.
4" Considérant enfin que leur rôle dans le processus de l'aménagement et de la production du domaine bâti, et la faiblesse de leur
effectif, ne permettent pas aux architectes d'envisager d'une façon réaliste une action isolée, il conviendra de s'appuyer sans exclusive
sur les catégories sociales et professionnelles qui, par leur position de contestation, sont les seules à pouvoir lutter efficacement contre
les monopoles.
FEDERATION NATIONALE DES MAITRES D'ŒUVRE EN BATIMENT
27 mai 1968.
Communiqué.
La Fédération nationale des maîtres d'oeuvre en bâtiment fait connaître que la fonction
architecturale est actuellement exercée en France par un grand nombre de profes-
sionnels, non inscrits à l'Ordre des architectes, et que de ce fait, le Conseil supérieur
des architectes a peut-être qualité pour représenter ses membres, mais ne peut engager
les autres professionnels de l'architecture.
La Fédération nationale des maîtres d'oeuvre en bâtiment rappelle qu'elle a fait depuis
plusieurs années de nombreuses propositions tant au Gouvernement qu'au Conseil
supérieur, pour la remise en cause de l'ensemble des conditions d'exercice des pro-
fessions concourant à l'acte de bâtir. Ces propositions sont restées jusqu'à ce jour sans
réponse.
La Fédération nationale des maîtres d'oeuvre en bâtiment se déclare prête à participer
à toutes commissions où s'élaboreront les nouvelles structures des professions concourant
à la création architecturale.
LES TRAVAILLEURS SALARIÉS DES AGENCES D'ARCHITECTURE RÉUNIS LE
28 MAI, CONSTITUÉS EN COMITÉ DE GRÈVE PROVISOIRE
— .Assurent de leur entière solidarité l'ensemble des travailleurs, étudiants et
enseignants, en lutte contre la répression policière et patronale.
— Ils appellent le personnel syndiqué ou non des agences d'architectes à constituer
des noyaux d'action sur leur lieu de travail, pour participer à la grève engagée.
— Ils appellent le personnel des agences déjà en grève ou non à rejoindre le comité
de grève déjà constitué.
— Ils demandent à leurs organisations syndicales de se joindre à eux dans leur
action.
— Ils appellent le personnel à participer à une Assemblée générale de tous les
salariés des agences d'architecture à l'E.N.S.B.A. (14, rue Bonaparte, Paris 6e)
mercredi 29 mai à 18 heures.
— Ils proposent que les revendications suivantes soient mises en discussion :
. Liberté syndicale et politique dans les agences;
. Lutte contre les actuelles conditions de travail;
. Conventions collectives;
. Conventions nationales des salaires;
. Refus de leur condition d'asservissement au niveau des responsabilités dans le
travail;
. Réglementation de l'emploi des étudiants, des femmes, des étrangers qui sont
actuellement utilisés comme masse de manœuvre contre le personnel permanent;
. Promotion sociale et formation professionnelle des salariés des agences, etc.
54
Rapport de la commission sur
LA RESPONSABILITÉ DE L'ACTE ARCHITECTURAL
SIÉGEANT A L'E.N.S.B.A.
présenté par Gérard GRANVAL au cours de
la réunion publique tenue le 31 mai 1968
à l'Institut d'Urbanisme.
En temps normal, l'architecte est un homme seul.
Si l'adhésion des architectes au mouvement de contestation des étudiants a été très ample
et a conduit 700 d'entre nous à remettre en cause l'existence de notre Ordre, c'est que
les architectes eux-mêmes, dans l'exercice de leur profession, sont de façon permanente
des contestateurs en conflit avec les structures d'une société qui leur interdit de donner
à l'acte architectural sa vraie signification.
Mais alors que jusqu'à maintenant notre réflexion et notre combat étaient solitaires, depuis
quelques jours, autant en Province qu'à Paris, à travers de multiples groupes et commis-
sions, nous nous sommes plongés dans une extraordinaire tentative de réflexion collec-
tive.
Nous allons essayer, en ce qui nous concerne, d'en dresser un bilan provisoire. A cette
étape de notre réflexion, il convient d'en préciser les limites, d'en situer l'aboutissement
et d'en prévoir les prolongements. En effet, bien que le fruit d'une élaboration collective,
cette analyse est nécessairement fragmentaire, incomplète, et ne saurait prétendre
représenter l'unanimité des architectes ou a fortiori l'unanimité de s professions intéressées.
En une première phase, nous nous sommes livrés à une sorte de forain-storming continu,
chacun de nous énonçant et dénonçant sous forme de phrases lapidaires le verrou qui
nous semble le plus préjudiciable à la création architecturale.
Nous les avons regroupées en plusieurs familles :
1. Structures socio-économiques de la société actuelle :
a) Technocratie et bureaucratie;
b) Politique de production.
2. Corp or a tism e.
3. Comportement des architectes :
a) Structure de personnalité.
b) Enseignement.
4. Formation et information des masses.
Quelle conclusion peut-on tirer de ce long cahier de doléances? Tout d'abord une série
de questions :
— Si la signification de l'acte architectural reste fondamental dans toute société car
l'homme est simultanément le créateur et le produit de son environnement, il est dénié
à l'architecte d'avoir le privilège de cette création; encore faut-il savoir s'il est possible
de substituer une société de création à une société de consommation sans remettre en
cause plus que le capitalisme, les bases mêmes de la société industrielle?
— Est-il possible de satisfaire l'exigence de cohérences qui s'expriment à travers l'amé-
nagement du territoire et l'urbanisme, sans sécréter une buteaucratie irresponsable et
une réglementation paralysante?
— Comment trouver les modalités de participation des masses qui ne soient pas arti-
ficielles?
— Comment empêcher les structures d'être sclérosées?
Le mouvement actuel exprime une exigence fondamentale de revendications et de parti-
cipation. Il s'est exprimé chez les étudiants par une volonté d'abolition de toute structure.
Mais nous savons, nous, que toute société nécessite des organes de fonctionnement qui
reconstituent des structures. Le problème consiste donc, si l'on veut faire l'économie
d'une révolution tous les 20 ans, à imaginer des mécanismes permanents de contes-
tation qui évitent la sclérose des nouvelles formes organisées et simultanément à ouvrir
l'émulation, et donc à la contestation des structures actuelles qui continueront nécessai-
rement d'exister.
Prenons quelques exemples :
— La Caisse des Dépôts et Consignations est le principal constructeur de logements
économiques. C'est un organisme fermé à l'émulation, donc à la contestation profession-
nelle, donc sclérosé.
— De même l'Éducation nationale qui a le monopole des constructions scolaires et qui
ne les vend pas, n'est pas incitée à s'occuper d'architecture.
— De même le corps des architectes des bâtiments civils dans la mesure ou il est composé
d'hommes nommés à vie, détermine un mandarinat qui interdit à l'émulation et à la contes-
tation de jouer un rôle salutaire.
— De même les règlements viennent s'ajouter les uns aux autres, formant un carcan
de plus en plus rigide, sans qu'il existe une procédure qui permette de les réglementer.
Ce constat étant fait, quels peuvent être les objectifs et comment énoncerons-nous des
exigences : cela va être le résultat d'une réflexion suivie en liaison avec toutes les pro-
fessions intéressées, qui pourrait se poursuivre sur plusieurs axes.
Comment supprimer le mandarinat?
Comment organiser à l'intérieur de la promotion un secteur expérimental contestataire,
c'est-à-dire ouvert à l'émulation et permettant la remise du cadre réglementaire?
Comment mettre en place les centres de recherche et d'expérimentation eux-mêmes
concurrentiels et en liaison étroite avec l'enseignement?
LA COMMISSION D'ARCHITECTES AYANT
DEMANDE LA DISSOLUTION DE L'ORDRE
le 31 mai 1968.
ATTENDU DU JUGEMENT
DU RÉFÉRÉ D'EXPULSION
DES SIX ARCHITECTES
Référé du mardi 11 juin
Attendu que Cassan et d'autres, tous mem-
bres et seuls membres du Conseil supé-
rieur de l'Ordre des architectes, sollicitent
l'expulsion de Nicolas et autres qui se
seraient introduits sans droit dans l'appar-
tement loué à cet organisme, 10, rue Por-
tails a Paris et si peu disent-ils, de tous
occupants de leur chef ou du chef de grou-
pement de fait dénommé « Comité provi-
soire d'occupation des locaux de Paris,
10, rue Portalis »,
Attendu que les défendeurs a l'exception
de Molle qui fait défaut font valoir que les
locaux du Conseil supérieur de l'Ordre
des architectes ont été occupés en signe de
protestation contre son inaction, voire son
incurie, disent-ils, en attendant sa disso-
lution ou le remplacement de ses membres,
qu'ils ajoutent qu'il n'y aurait aucune ur-
gence à ce que les locaux soient rendus à
celui-ci,
Attendu que les critiques dont le Conseil
a pu faire l'objet quelles qu'elles soient et
quelque fondement qu'elles puissent avoir
ne justifie pas la prise de possession par les
défenseurs des locaux loués par un orga-
nisme auquel en l'état il n'appartient pas.
Attendu qu'il y a urgence à ce que les
demandeurs réintègrent les lieux afin qu'ils
puissent assurer le fonctionnement de l'ins-
titution dont ils ont pour le moment la
responsabilité légale,
Attendu toutefois que les demandeurs ne
peuvent pas solliciter d'une manière géné-
rale l'expulsion d'un occupant du chef des
défenseurs ou du chef d'un groupement
défait, sans préciser l'identité de ceux-ci
ni la composition de ce mouvement.
PAR CES MOTIFS
Donnons défaut contre Molle ;
Ordonnons l'expulsion dans la quinzaine
de la signification de la présente décision
de Nicolas et autres ;
Rejetons toute autre demande ;
Disons n'y avoir lieu a exécution sur
minute ; recevons les dépens ;
Ordonnons l'exécution provisoire de la
présente ordonnance nonobstant appel.
55
AFFICHE
POUCE
BEAUX
ARTS
AUX
ARTS
LES BEAUX
AFFICHENT^
Le 27 juin 1968, à quatre heures du matin,
la police procède à l'évacuation des grévistes de l'ex-Ex-E.N.S.B.A.
Imp. Chantenay, Paris 7-É
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Architecture mouvement continuite
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no.167
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no.167