Aux travailleurs

Thumbnail
PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS
Karl MARX - Friedrich ENGELS
'our vaincre :
« DE L'AUDACE, ENCORE DE L'AUDACE, TOUJOURS DE L'AUDACE ! »
DANTON
« COMME LA NUE PORTE L'ORAGE DANS SON SEIN.
LE CAPITALISME PORTE LA GUERRE DANS SON SEIN. »
Jean JAURES
AUX TRAVAILLEURS
Quels ob/ecf/fs ?
Quelles actions ?
Pour conquérir vos véritables droits qui sont :
1. Durée du travail social, 4 heures environ par jour
ou 20 heures par semaine.
2. Pouvoir d'achat minimum à la base de l'échelle
2.000 F environ, en valeur constante 1967, par mois.
3. Habitat, enseignement, culture, sports, loisirs, au
niveau digne d'une vraie civilisation et presque
gratuitement.
4. Enfin, affranchissement de l'esclavage moderne.
KARL MARX
<< La classe ouvrière doit conquérir son droit à l'émancipation sur le champ
de bataille. »
LENINE
« Une clause opprimée, qui ne s'efforcerait pas d'apprendre à se servir des
armes mériterait simplement d'être traitée en esclaves. »
MAO TSE-TOUN&
« Le pouvoir est au bout du fusil. » (1938)
La France attend-t-elle de déchoir davantage pour se
décider de hisser le drapeau rouge de la révolution ?
De la misère ouvrière
« Dans les usines lorraines de Boussac, des ouvrières ayant 15 ans de
maison gagnent 360 F par mois...
« Dans les mines de fer se succèdent déclassements, licenciements par
centaines. Le pouvoir d'achat des ouvriers a été réduit de 25 à 40% depuis
1963... Dans les usines sidérurgiques, la diminution des horaires de travail
a entraîné des pertes de salaires allant de 100 à 300 F par mois, cependant
que les patrons — les mêmes que ceux des mines — prétendent s'en tenir
à 2,5% d'augmenlation pour 1966.»
(« Humanité » réformiste - collabo du 15-3-1966.)
Grève depuis cinq semaines... pour ???
« Cinquième semaine de grève aux Etablissements Dimpre, usine de
robinetterie de Vimeu-la-Somme. Les quatre-vingt-cinq membres du personnel
réclament toujours une augmentation horaire de quinze centimes. La réunion
de conciliation n'a pas abouti, la direction ne proposant qu'une augmentation
de six centimes... Dans la région de Vimeu, les salaires horaires moyens
avoisinent 2,50 F.
(D'après « Le Monde » du 8 novembre 1967, page 13.)
La misère de nos pépés et nos mêmes.
« La carence globale, beaucoup plus fréquente que l'on ne voudrait le
croire, peut avoir des causes physiologiques... et surtout économiques (sou-
ligné par les C.C.R.).
« Plusieurs milliers de vieillards meurent de faim chaque année dans la
seule région parisienne, rappelle le professeur Bourlière ; l'enquête faite
dans les régions de Marseille et Saint-Etienne chez des vieillards vivants
seuls, montre que 10% des hommes et 19% des femmes sont dans une
situation "proche de la famine"... »
(Docteur Escoffier-Lambiotte, <• Le Monde », page 9, du 5 octobre 1967.)
Rappel de la propagande de J. GUESDE et de P. LA FAR-
GUE, nos premiers marxistes, fondateurs du premier
véritable parti ouvrier révolutionnaire.
« Quelle que puisse être la productivité de votre travail, que cette pro
ductivité soit décuplée, centuplée par les découvertes et les applications
de la Science, tant que vous ne serez pas sortis du salariat, vous ne
sauriez être admis à la jouissance de vos produits que dans la mesure qui
vous est absolument indispensable pour ne pas mourir. Ce sont vos
besoins organiques, c'est le minimum de satisfaction de ces besoins qui
détermine et qui limite en même temps votre part dans les richesses aux-
quelles vous êtes seuls à donner naissance. »
Jules GUESDE, La loi des salaires et ses conséquences, 1878.
« Ces misères individuelles et sociales, pour grandes et innombrables
qu'elles soient, pour éternelles qu'elles paraissent, s'évanouiront comme les
hyènes et les chacals à l'approche du lion, quand le Prolétariat dira :
«• Je le veux. » Mais pour qu'il parvienne à la conscience de sa force, il faut
que le Prolétariat foule aux pieds les préjugés de la morale chrétienne,
économique, libre penseuse ; il faut qu'il retourne à ses instincts naturels,
qu'il proclame les Droits de la paresse, mille et mille fois plus nobles et
plus sacrés que les phtisiques Droits de l'Homme, concoctés par les avocats
métaphysiciens de la révolution bourgeoise ; qu'il se contraigne à ne
travailler que trois heures par jour, à fainéanter et bombancer le reste de
la journée et de la nuit. »
(Paul LAFARGUE, « Le droit à la paresse », édit. Maspéro, page 54.)
AVANT-PROPOS
« Exporter la révolution est une sottise. Chaque
pays, s'il le veut, fera lui-même sa révolution ; s'il
ne le veut pas, il n'y aura pas de révolution. »
STALINE.
Cet opuscule est extrait du n" 2 des « Cahiers du Communisme Révo-
lutionnaire » (Marxistes - Léninistes - Staliniens), ch. Il, p. 15. Je le publie
en grand tirage, afin de le diffuser largement dans notre classe salariale à
laquelle il est destiné. Mon sujet demande que je traite, en avant-propos,
du syndicalisme. Ne disposant ici que de quelques pages, je le ferai très
succinctement, mais avec précision.
I. - NOS SYNDICATS
II est un fait certain que, dans la réalité, nos syndicats, tous sans
exception, appartiennent à la catégorie collaborationniste-réformiste. Ils sont
identiques aux Trades-Unions anglais ou aux syndicats yankees. Il en est
ainsi, parce que les partis politiques qui leur fournissent dirigeants et cadres,
et, leur impriment leur propre doctrine sont, en réalité, sans exception, des
réformistes, opportunistes, collabos. Aussi, notre patronat et son gouverne-
ment font-ils effectivement la loi ; notre classe salariale, sans moyen de
lutte véritable, ni même moyen de défense efficace, en réalité trahie par
ceux qui devraient la conduire au combat, se trouve-t-elle entièrement à la
merci de ses maîtres qui en profitent pour la soumettre à une surexploita-
tion, on ne plus plus outre-mesure, insupportable et révoltante...
Certes, les luttes de nos salariés, avec la participation de toutes les
catégories : des cadres, techniciens et savants jusqu'aux manoeuvres, sont
incessantes et puissantes ; elles naissent d'une poussée spontanée et irré-
sistible des masses ; elles traversent toutes les professions et tout le pays.
Résultat? Cela dépend de la volonté non pas de la masse en lutte, mais,
en vérité, de celle de sa fraction organisée, c'est-à-dire, de sa section
syndicale, elle-même dépendant de sa direction. Or, comme je viens de
l'indiquer, celle-ci est collabo, n'est pas, en réalité, pour la lutte contre
mais l'entente avec le patronat. Aussi, le résultat de ces luttes spontanées,
bien que fortes, incessantes, embarrassant toutes les professions et tout
le pays, se solde, en définitive, à l'échelle nationale, avec la quasi nullité,
pire avec la défaite !
QUESTION CRUCIALE : Notre salariat se trouve en face de la nécessité
de délivrer ses syndicats de l'obédience des partis collabos, au prix de
renouveler de fond en comble leur encadrement à partir de la base. Ce
nouvel encadrement sera composé de salariés qui présentent sûrement des
qualités révolutionnaires.
Force m'est de souligner que la double tâche que commande la solution
de cette question est essentiellement révolutionnaire. Tout effort, toute
peine, tout sacrifice même qu'il faudra déployer, sans compter, dans la voie
longue et tortueuse de sa réalisation sera vraiment une action révolution-
naire, l'action de vrais révolutionnaires. Un peuple a-t-il des syndicats révo-
lutionnaires, c'est-à-dire, des syndicats dirigés et encadrés par des révo-
lutionnaires — dirai-je encore des révolutionnaires professionnels ? — Alors,
il marchera de lutte en lutte, de victoire en victoire, dans la voie de la
révolution pour aboutir irrésistiblement à la lutte finale : massive, torren-
tielle, fracassante et triomphante !
Il m'est donné ici la bonne occasion pour éclairer ces révolutionnaires
rêveurs, — innombrables, lesquels, comme de véritables gosses jouant à
la guerre, se couvrent imaginairement d'un arsenal d'armes, et, avec une
fougue indomptable et un courage irrésistible, abattent, dans leur chambre,
les nouvelles Bastilles, puis ils attendent... les bras croisés. Quelle immense
perte pour la révolution dans leur rêvasserie puérile... et l'attentisme lâche !
La lutte des classes se règlera-t-elle par le sort des armes ? Avant d'y
répondre, je poserai une autre question : la classe exploiteuse, un de ces
prochains jours, jettera-t-elle bas ses armes d'oppression : tribunaux, geôles,
police, armée, curetaille, académies, presse, radio, loges ? Je ne suis ni
naïf pour y croire, ni vendu pour l'accroire ! Alors, je réponds qu'il est une
nécessité historique que la lutte de classe se règle par les armes. J'approuve
donc les révolutionnaires de rêver du feu et de la flamme, avec cette condi-
tion de les voir redescendre du monde du rêve, — ce qui frise le donqui-
chotisme et sortir de leur lâche attentisme, pour redevenir un vrai révolu-
tionnaire, un en chaire et en os.
La longue, pénible, sanguinaire série de luttes conduisant à la lutte finale
fracassante et triomphante s'opère par le Parti d'avant-garde, celui-ci opé-
rant, à son tour, par les syndicats populaires, dont, en tête, les syndicats
des travailleurs salariés.
Donc, l'on est révolutionnaire ou pas, l'on milite révolutionnairement ou
pas, suivant que l'on milite ou pas dans son syndicat, tout d'abord, et, encore
plus, dans le Parti révolutionnaire d'avant-garde — ce parti instructeur révolu-
tionnaire, organisateur révolutionnaire, encadreur révolutionnaire, guide révo-
lutionnaire du peuple révolutionnaire !
II. - TRANSFORMER LES SYNDICATS COLLABOS
EN SYNDICATS RÉVOLUTIONNAIRES
Quels sont les moyens pratiques de la révolutionnarisation des syndicats
des travailleurs salariés ?
1. LA POLITIQUE SYNDICALE
Evidemment, avant tout, il faut changer radicalement la politique syn-
dicale en cours.
J'ai exposé dans le texte du présent opuscule les grandes lignes de la
nouvelle politique révolutionnaire syndicale.
2. L'ORGANISATION SYNDICALE
II faut délivrer les syndicats des mains des partis collabos.
1" Je sollicite, en premier lieu, les cadres syndicaux des partis collabos
pour leur demander d'abandonner l'orientation collaboratrice préconisée
par leur parti et d'adopter indépendamment de ce dernier la pratique caté-
gorique et intransigeante de la lutte de classe. Rien ne m'empêche de penser
que des militants de l'échelle fédérale, même confédérale, — les sincères,
les courageux, ceux qui ne sont pas entièrement pourris dans la bureaucratie,
se réveilleront et viendront un de ces prochains jours au syndicalisme révo-
lutionnaire.
2" J'engage, en général, tout salarié qui sent en lui-même qu'il possède
la qualité de cadre, à offrir son dévouement aux postes de défense de ses
camarades dans l'atelier, chantier, bureau, administration, etc.
3° J'engage le personnel, en général, d'une entreprise petite, moyenne
ou grande, à écarter résolument les collabos indécrottables des postes de
responsabilité collective en y élisant les travailleurs les meilleurs, les plus
combatifs.
4" Ces meilleurs et ces plus combatifs apparaissent pendant les actions.
C'est alors donc, au chaud, que la base ne manquera pas de désigner,
par sélection, ses cadres, militants, responsables aux divers postes.
5" Les sections syndicales, ainsi, dans le feu de l'action, débarrassées
des collabos et renouvelées par des cadres combatifs, se rassembleront dans
la bourse du travail de la localité et l'occuperont. Elles le feront depuis les
petites localités jusqu'aux grandes villes et à Paris.
6" Ces sections syndicales renouvelées, révolutionnarisées se rassem-
bleront, d'autre part, sur l'échelle corporative pour réorganiser et occuper
les Fédérations, et, au dernier stade, pour reconstituer une Confédération
générale régénérée, portant à sa tête des dirigeants authentiquement révo-
lutionnaires, des militants trempés et éprouvés dans des combats révolu-
tionnaires.
Comme on le voit, mon plan de la recréation de syndicats révolu-
tionnaires, rejette :
1° La politique visant à la destruction des syndicats existants pour le
montage de nouveaux syndicats ;
2° La politique consistant à se former en petits comités dans l'intérieur
des syndicats ;
3° La politique de noyautage.
En bref, ma politique syndicale consiste à agir directement et immédia-
tement à la base même par le moyen de réorganiser le syndicat sur le
lieu du travail, à partir de sa plus petite échelle. Compte tenu du fait que
les sections syndicales, ainsi que tous les autres postes élus, même les
Conseils de Prud'hommes, ne représentent que formellement, nominativement
le personnel d'une entreprise donnée, parce que la masse, par manque de
confiance et à très juste raison, se désintéresse de toutes les élections, je
prétends que mon plan n'a rien d'illusoire, mais qu'il est réaliste et réali-
sable.
(Suite en bas de la page suivante)
— 4
NECESSITE HISTORIQUE POUR L'ADOPTION
DE NOUVEAUX OBJECTIFS ET LE PASSAGE
A UNE FORME SUPERIEURE D'ACTION OUVRIERE
VISANT A LA PRISE EN CHARGE DE GESTION
DE L'ENTREPRISE
Aujourd'hui, la dialectique de l'histoire universelle fait qu'il est
grand temps pour la classe ouvrière de notre pays d'élever son action
à un niveau supérieur en vue d'atteindre des objectifs également
supérieurs.
Au cours de notre dernier quart de siècle, celle-ci a déjà
poursuivi des objectifs de nature autre que les salaires et l'améliora-
tion des conditions de »!~ et de travail. Elle y a employé des moyens
d'action autres que, par exemple, la grève traditionnelle, consistant
en la simple cessation du travail. Elle en est arrivée à entamer
directement les privilèges du patronat, jusque là inviolables, en
conquérant des droits pour son compte sur ce dernier.
Quels sont les nouveaux objectifs qu'aujourd'hui l'histoire assigne
à la classe ouvrière française ?
Quelles son tles nouvelles formes d'action ouvrière, précisé-
ment de la grève, en avance sur celles ordinairement pratiquées
jusqu'ici et capables d'atteindre les nécessaires objectifs supérieurs ?
C'est le sujet que je me propose de traiter ici, en cherchant
mes idées, non pas dans ma tête de penseur en chambre, mais dans
le processus de la lutte de classe chez nous, lutte à laquelle, modeste-
ment, je prends part.
Je tiens à déclarer à ce propos, que je rechercherai la discus-
sion. Car, loin de prendre mes vues pour parfaites et définitives, je
les considère comme une première ébauche. Aussi, nourris-je l'espoir
que notre classe ouvrière, douée d'un génie révolutionnaire, forte
d'un bon sens infaillible, étonnante par son esprit inventif et prati-
que, s'intéressera aux idées que je me permets de lancer, s'en
emparera et saura leur donner vie sur la voie du progrès, du bien-
être et de la civilisation.
I — DE PROFONDS CHANGEMENTS ECONOMIQUES ENTRAINENT
DE CONSIDERABLES CHANGEMENTS SOCIAUX ET POLITIQUES
EN FRANCE
Les profonds changements survenus dans l'économie et dans
les rapports de classe de notre pays apportent et nécessitent, à leur
suite, des changements équivalents dans les formes et les moyens
de la lutte de classe.
(Suite de la page 4/
CAMARADES SALARIÉS !
Militants syndicalistes !
Travailleurs manuels et intellectuels !
Savants, techniciens, enseignants !
Religieux sincèrement attachés à Jésus-le-Communiste !
Vous voulez mettre fin, une fois pour toute, au système de l'exploi-
tation barbare qui vous asservit !
Votre émancipation sera l'œuvre, pour l'essentiel, de vos syndicats révo-
lutionnaires !
Allez régénérer vos syndicats et menez-y l'action qu'un vieux militant
vous propose. Paris octobre 1967.
KEUKDJIAN
La situation patronale en France n'est point la même aujour-
d'hui qu'il y a 20 ans, voire 10 ans. J'aurais dit que nous
assistons à sa transformation à vue d'œil que l'on ne me prendrait
pas en défaut.
Je n'en citerai pour preuve que ce formidable phénomène
consistant dans la dénationalisation formelle, juridique de l'impé-
rialisme de France et sa transformation en un impérialisme petit-
européen, opération qui fut menée à bout, pourrais-je dire, en un clin
d'œil.
La petite-européinisation de l'impérialisme de France fut pour
celui-ci une conséquence du phénomène capitaliste qui est la concen-
tration arrivée à son plus haut point, à son degré politiquement
débordant des limites d'un pays. A la concentration économique,
ayant ainsi atteint dans notre pays au degré culminant, correspond
naturellement une extension au plus haut point de la puissance écono-
mique, sociale et politique de la classe ouvrière française, ce qui lui
confère un grand poids dans la balance des forces nationales, le
poids dominant et déterminant.
Il résulte d'une telle conjoncture qu'à l'heure actuelle l'histoire
réclame de notre classe ouvrière de prendre conscience de sa mission
d'avoir à se charger de la sauvegarde des intérêts et de la gestion
des affaires de notre pays, trahi par une oligarchie patronale insup-
portable, soit par une poignée d'individus dénationalisés. Or, il m'est
d'avis qu'elle n'en aura pris conscience dans la pratique que
lorsqu'elle ne limitera plus ses luttes à la défense exclusive de ses
propres intérêts, mais qu'elle mettra le poids de sa puissance
concentrée et irrésistible au service de l'ensemble du peuple français
C'est pourquoi, aujourd'hui, notre classe ouvrière a le devoir
d'apporter de réels changements dans la nature de ses objectifs
et de ses actions.
D'autant plus qu'aujourd'hui l'état de la lutte entre celle-ci et
son antagoniste le haut patronat la presse ,dans la défense de
ses intérêts propres, à chercher obligatoirement des moyens d'action
valablement et durablement efficaces.
Force nous est, en effet, de reconnaître que, grâce à la puissance
que lui confère son stade concentré à outrance, monopolisateur et
impérialiste, l'oligarchie patronale de France réussit à annuler ou
à réduire copieusement la valeur réelle des gains des ouvriers en
salaires et en avantages sociaux, ainsi qu'à tourner en dérision leurs
récentes conquêtes sur ses privilèges.
Rappelons-nous, à ce sujet, qu'elle s'est fait forte d'imposer pour
commencer, à notre classe ouvrière, une défaite politique cuisante
en chassant, en mai 47, le Parti Communiste — sa représentation
politique officielle, du partage du pouvoir. Elle a réussi à introduire
la division dans ses syndicats.
Bien que nos ouvriers ne cessent, au moyen des grèves quoti-
diennes souvent victorieuses, de s'arracher des augmentations de
salaires et d'autres avantages, il reste en fin de compte vrai que
la balance nous en est défavorable. En effet, loin de retrouver,
depuis la fin de la guerre, notre niveau de 38-39, nous en sommes
tombés dans une paupérisation absolue, qui peut se chiffrer aujour-
d'hui au-dessous de 50 % par rapport aux données précitées, pendant
que la paupérisation relative revêt une acuité intolérable, révoltante,
compte tenu de l'accroissement prodigieux de notre production
nationale dans l'après-guerre, accroissement, d'après les statistiques
— 6 —
officielles, donc sûrement inférieur à ce qui est réel, dépassant le
double dans les branches essentielles de notre secteur industriel et
atteignant 40 à 50 % dans celles de notre secteur agricole.
II. — OBJECTIFS SUPERIEURS.
Il résulte des considérations qui précèdent qu'aujourd'hui, sur
la voie où l'histoire mondiale nous pousse, l'action ouvrière devrait
désormais, à mon sens, poursuivre :
entreprise par entreprise,
service public par service public,
corporation par corporation,
en partant de contrats arrachés à la base pour aboutir jusqu'au
stade des conventions nationales confédérales consacrées, au dernier
degré, par l'Etat.
les principaux objectifs supérieurs ébauchés ci-dessous :
1" — Garantir le pouvoir d'achat de salaires et d'avantages similaires
au moyen d'échelle mobile à indice particulier ou local.
2° — Baisser régulièrement et continuellement les prix des produits
et services au prorata de la productivité de l'entreprise.
3" — Réglementer, en ce qui touche les exploitations privées, par
réduction et limitation draconienne, le prélèvement personnel
patronal et capitaliste (Emoluments, émargements, jetons,
dividendes, placements à l'étranger, etc...)
4" — Réglementer l'exportation opérée par l'entreprise dans le cas
où elle en ferait, de manière à la limiter exclusivement à
l'échange normal commercial international. Cette règle
a pour condition et conséquence l'arrêt et la prohibition caté-
gorique de l'exportation purement impérialiste, c'est-à-dire
du genre sans contrepartie importée en devises ni en mar-
chandises.
5" — Réglementer l'importation opérée par l'entreprise, dans le cas
où elle en effectuerait, de la manière à garantir un marché
d'achat normal, c'est-à-dire conforme aux cours mondiaux
les plus avantageux.
6" —- Dans les entreprises nationalisées et les services publics,
supprimer toutes faveurs aux sociétés privées tant dans leur
qualité de fournisseur que dans celle de client. Egalement,
réviser ou annuler toutes redevances ou servitudes aux anciens
propriétaires des entreprises nationalisées.
Je tiens à noter que l'accomplissement des quatre dernières
conditions, qui sont de nature à toucher les trusts impérialistes dans
leur Existence sur notre sol, dégagerait dans une entreprise saine
d'importance et dans les services publics les fonds et les moyens
indispensables pour assurer simultanément les opérations essentielles
ci-après désignées :
— La marche normale de l'entreprise ou service public, sa moder-
nisation et son développement par auto-financement.
— La baisse régulière et continue des prix de vente et de services.
Il en résulterait un intéressement effectif de l'ensemble de notre
peuple.
- - L'attribution continue de nouveaux avantages de toutes sortes
au personnel.
III. — FORMES SUPERIEURES D'ACTION OUVRIERE.
Au service de nos objectifs supérieurs, objectifs au niveau de
la conjoncture générale française, nous aurons donc à mettre de
nouvelles formes supérieures d'action ouvrière, action en rapport
avec la puissance du jour de notre classe ouvrière.
Avant tout, c'est la grève, arme première et principale de classe,
la plus efficace et irrésistible qui devra revêtir clialectiquement de
nouvelles formes supérieures au niveau de la lutte envisagée.
Lesquelles ?
Avant d'y répondre, je juge utile clé jeter préalablement un coup
d'ceil sur son évolution au cours de ces derniers temps dans notre
pays.
Nous avons toujours notre grève traditionnelle. Elle consiste
dans la Cessation du Travail. Son objectif est limité principalement
aux salaires et aux conditions de travail.
Depuis 36, notre grève traditionnelle s'est vue se renforcer,
fruit de l'initiative de nos ouvriers, par une nouvelle forme :
Occupation c'u lieu du travail.
Elle s'est ainsi transformée en Grève à la fois par Cessation du
Travail et Occupation du Lieu.
Grâce s ce renforcement, l'action ouvrière a pu élever aussi ses
revendications. Celles-ci ont comporté, outre ce qui était tradition-
nel, la création de droits ouvriers entamant les droits et privilèges
patronaux.
Actuellement, la Cessation du Travail avec occupation constitue
la forme élevée de l'action directe ouvrière.
La question qui se pose aujourd'hui à notre classe ouvrière
réside donc concrètement dans celle du passage à une forme encore
plus élevée.
En réponse à cette question, je propose, après et au-dessus de :
Cessation du travail avec occupation,
la phase d'action qui s'en suivrait :
Plus de cessation du travail,
mais
Occupation avec prise en charge et remise en exploitation
de l'entreprise ou du service public.
Ma proposition procède des faits objectifs ci-bas exposés :
1. —- La classe ouvrière occupe une place maîtresse dans les secteurs
vitaux, déterminants et dirigeants, clé l'économie nationale.
Elle a la capacité d'assurer, sans le haut-patronat, un
meilleur fonctionnement à l'ensemble de l'économie nationale.
2. — Toute forme d'action comportant cessation du travail et qu'en
conséquence arrêt de la production et des services, constitue
une contradiction du postulat n° 1.
De ce chef, elle n'est pas exempte de divers inconvénients
et désavantages qui résultent inévitablement de l'usage de
moyens périmés et dépasés.
3. -- Aujourd'hui, dans notre pays, un arrêt clé production dans
une entreprise concentrée, telle que Charbonnages, Aciéries,
Usines métallurgiques, ou bien un arrêt du travail dans un
service public, tel que dans les P.T.T., la S.N.C.F., l'Electricité,
le Gaz, etc... occasionne du dommage a l'économie nationale,
lèse l'intérêt du grand public, et, de ce fait, en se transfor-
mant en un acte politique négatif, attire concrètement contre
la corporation gréviste tout d'abord la désapprobation de la
masse populaire et puis son hostilité.
4 — L'action ouvrière sous forme de cessation du travail ne
constitue plus, en CE qui concerne les grandes entreprises
privées, un coup insupportable au haut patronat de France
dans son stade impérialiste dénationalisé. Celui-ci tient en
mains toutes sortes de moyens de s'en jouer. Il peut fermer
temporairement ou définitivement l'entreprise en grève, com-
me il peut faire des concessions aux grévistes, quitte ensuite
à les rendre inefficaces par des moyens extra-entreprise dont
il dispose.
5. — Dans le cas clés grands services publics, l'Etat-patron exploite
politiquement contre les grévistes, en outre, l'hostilité de la
masse nationale atteinte dans sa vie quotidienne et ses intérêts
immédiats.
6. — A ['encontre de l'action par cessation du travail, celle que je
préconise : prise en charge de la gestion, n'est qu'un corollaire
du postulat n" 1. Aussi, la capacité économique de la classe
ouvrière se matérialise-t-elle dans la prise en mains de la
gestion de l'économie nationale.
7. — La classe ouvrière dirigera l'entreprise ou le service en cause
au profit du peuple. De ce fait, elle bénéficiera du soutien
politique de la masse dans sa lutte contre le haut-patronat
et l'Etat.
8. — Par conséquent, ceux-ci seront isolés et n'auront pas assez
de force pour empêcher l'action ouvrière de l'emporter finale-
ment dans la lutte engagée.
En vue de nous faire une idée approximative, par voie d'hypo-
thèse, sur le déroulement éventuel, sous des formes variées, de la
tactique proposée, je vais en imaginer la mise en pratique dans
quelques entreprises et services.
IV. PROJETS D'ACTION OUVRIERE EN VUE DE LA PARTICIPA-
TION A LA GESTION OU DE LA PRISE EN CHARGE DE LA
GESTION POUR DES OBJECTIFS SUPERIEURS.
Exemple de l'E.D.F.
I. Revendications :
a) baisse de tarif aux usagers publics
b) hausse de tarif aux usagers « privilégiés » qui sont les
trusts. (Taux déterminés d'après us et coutumes commer-
ciaux tant pour a que b).
c) suppression totale de redevances et autres servitudes aux
anciens propriétaires privés.
d) choix ce fournisseurs d'après cours mondiaux,
e) choix d'entrepreneurs d'après cours normaux.
f) Renforcement du degré voulu des droits ouvriers sur la
gestion de l'entreprise.
g) Attribution d'avantages au personnel : Semaine de 32-36 h.
Hausse clés traitements. Congés annuels de 6 semaines, etc.
II. - - Formes d'action, en cas de rejet des revendications :
— Prise en charge.
— Application des mesures faisant l'objet du cahier de reven-
dications.
— Organisation de la solidarité et de la coopération avec le
personnel des entreprises économiques et financières avec
lesquelles l'E.D.F. est liée d'affaires.
— Large publicité et agitation.
— Action sur le Parlement.
Exemple des P.T.T.
I. — Revendications :
Les mêmes qu'aux paragraphes a, b. d, e, g.
— Droit de regard, de contrôle et de décision du personnel
sur la gestion administrative, technique et financière des
P.T.T.
II. — Formes d'action
1" phase de l'action, d'une durée de 8-15 jours :
a) service entièrement gratuit à la clientèle populaire.
b) suspension de service à toute administration d'Etat, sauf en
matière de sécurité, santé, etc...
c) Application du tarif avec hausse aux usagers privilégiés, trusts.
d) Attribution d'avantages au personnel (voir g).
2" phase de l'action en cas de rejet des revendications :
— Prise en charge des P.T.T.
— Application au public d'un tarif en baisse.
— Service à l'Etat contre rémunération.
— Hausse aux privilégiés.
— Organisation de la solidarité et de la coopération avec le person-
nel des entreprises et des services en relation d'affaires avec les
P.'I.l.
— Large publicité et agitation.
— Action sur l'Etat.
Exemple d'une entreprise privée :
— Frise en charge de la gestion, en cas de rejet des revendications
— Baisse des prix (des biens de consommation).
— Nouveaux marchés et contrats à l'avantage des entreprises ou
services passés sous gestion ouvrière.
— Révision des marchés et contrats avec entreprises privées, en vue
de la défense des intérêts de l'entreprise sous gestion.
— Réduction de la part personnelle patronale et de bénéfices pure-
ment capitalistes.
— Attribution d'avantages au personnel (voir g)
— Modernisation et développement de l'entreprise.
— Organisation de la solidarité et de la coopération avec le person-
nel des entreprises économiques et financières avec lesquelles
l'entreprise est liée d'affaires.
— Large publicité et agitation.
— Action sur l'Etat.
V. QUELLES SERONT LES REACTIONS PATRONALES ET DE
L'ETAT ? COMMENT Y PARER ?
Aucun doute, si la réaction patronale et celle de l'Etat qui
courra au secours de ses maîtres seront promptes, à la fois des plus
rusées et des plus violentes.
LENINE
« Ramener le mouvement ouvrier et la lutte de classes à un trade-unionisme
étroit et à la lutte « réaliste » pour de menues réformes graduelles... Cela
tendait en pratique à transformer le mouvement ouvrier, alors à ses débuts,
en appendice du mouvement libéral. »
« Que faire ? »
— 10 —
Divisions, sabotages, provocations, licenciements partiels et
massifs, fermetures, occupations par les C.R.S., réquisitions mili-
taires, emploi de l'armée, enfin arrestations et livraison aux tribu-
naux : tous les moyens classiques seront utilisés.
A tout cela, notre classe ouvrière a su parer le long de ses
luttes traditionnelles. Tout cela ne l'a pas empêchée dans le passé
d'avancer de victoires en victoires. Il nous suffirait, si besoin était,
de jeter un coup d'oeil sur les actions ouvrières des dernières années
sous la IVe République défunte, avec leurs résultats considérables et
nouveaux dans leur genre :
— Contrats d'entreprise.
— Pouvoir d'achat garanti avec échelle mobile ; intéressement
aux investissements.
— Progression de salaires en fonction de la progression clé la
productivité de l'entreprise.
— Réduction de durée hebdomadaire.
Je n'ai donc pas à revenir sur ces sortes d'obstacles.
Une difficulté sérieuse attend pourtant une entreprise ou un
service public isolé, lorsqu'il se remettra à marcher sous gestion
ouvrière. C'est quand le patronat, privé ou étatique, agira solidaire-
ment et emploiera ses moyens financiers, monétaires et commerciaux
pour mettre le siège autour de l'entreprise ou service en révolte, en
vue de l'affamer et de lui faire rendre gorge.
C'est là qu'alors la lutte ouvrière gagnera de qualité, car elle
agira sur la conscience de l'ensemble de la classe ouvrière française
pour y développer et renforcer le sentiment de solidarité de classe.
La lutte sur ce terrain aura son développement et ses répercus-
sions sur un large plan.
En effet, du plan circonscrit, supposons limité au début, à une
entreprise, elle s'étendra aussi loin qu'il faut pour embraser une
corporation entière et bien des autres qui se trouvent liées a
l'entreprise en action.
Encore de circonscrite à la classe ouvrière, elle recèle dans son
sein une force, — fait à répercussions imprévisibles, l'impondéra-
ble, — capable d'attirer, ainsi que j'en avais parlé plus haut, envers
celle-ci la sympathie, voire la solidarité des autres classes populaires,
étant donné que l'enjeu de la lutte qui comportera : baisse de prix
des marchandises et des services pour le public, les intéressera, elles
aussi, directement et sérieusement. Il mérite que j'illustre ce phéno
mène — de caractère révolutionnaire —, par un exemple concret.
Supposons qu'après une large campagne d'explications dans les
masses, la corporation des P.T.T. engage son action de prise en
gestion, avec un plan où il accorde une baisse sensible aux tarifs
généraux à usage populaire. De son côté l'Etat-patron s'y oppose,
envoie ses troupes de C.R.S. occuper les locaux et en chasser les
employés. De quel côté sera la population ? Lorsqu'il y avait grève
traditionnelle des P.T.T., consistant en cessation des services, elle se
mettait du côté de l'Etat qui voulait les faire reprendre, contre les
« Le prolétriat... s'érige par une révolution en classe dominante et, comme
classe dominante, détruit violemment l'ancien régime de production. »
(Manifeste du Parti Communiste, p. 33, Bureau d'Edition, Pari?.)
grévistes qui le gênaient clans ses affaires. Mais en face d'une action
gréviste dirigée uniquement contre l'Etat-patron et les monopies
privilégiés et dans laquelle elle trouvera un intérêt matériel, elle
accordera sans hésitation aux grévistes sa sympathie et son soutien.
CONCLUSION
Dès son premier déclenchement, une lutte de cet ordre aboutira-
t-elle à un succès satisfaisant ? Est-ce à la suite de nombreux coups
sans issue que l'on reconnaîtra les premières victoires ?
C'est le temps qui y répondra. Et, je n'ai pas besoin d'insister
que ce n'est pas là l'important !
Ce qui importe, c'est qu'ainsi qu'il est de règle, les actions de
cette nature, une fois déclenchées, auront toujours l'utilité d'une
expérience qui éduquera et aguerrira notre classe ouvrière et la
mettra carrément sur le chemin menant au pouvoir, où l'histoire
l'appelle.
Je déclare pour terminer que l'action directe ouvrière orientée
vers la prise en charge des entreprises privées et des services publics,
adoptant pour objectif non pas l'intérêt immédiat et particulier de
la seule classe ouvrière mais celui de toutes les classes populaires,
est devenue aujourd'hui, dans notre pays, une nécessité que l'histoire
universelle nous impose comme le mot d'ordre central du moment
en France, industrialisée.
Le développement des mots d'ordre au cours de ces récentes
années dans le mouvement ouvrier français et l'expérience des
conquêtes structurales déjà acquises renforcent en moi l'espoir
qu'elle sera appliquée et finira par devenir le formidable boutoir à
faire tomber, dans les années qui viennent, l'édifice pourri et croulant
de l'impérialisme en France, pour lui substituer, dans les conditions
françaises, un nouvel édifice, celui du socialisme, seul capable de
faire largement bénéficier notre peuple des richesses abondantes
qu'il crée actuellement et qu'il peut développer à l'avenir impétueu-
sement à la satiété de tous, voire pour le bien et la paix du monde.
KEUKDJIAN.
Problème arithmétique :
A combien, par hypothèse, sera réduit le temps de travail quotidien d'un
fonctionnaire qui accomplira sa tâche de la journée courante de huit heures au
moyen de la machine électronique dont il est question ci-bas ?
« LE FICHIER VOUS AURA A L'ŒIL
« Le fichier électronique de la Préfecture de police, actuellement en cours
« de réalisation, ramènera la recherche d'un renseignement, de six heures à
« trois minutes. »
(Information tirée du quotidien « Paris-Jour », du 13 déc. 1966, p. 8.)
LISEZ, REFLECHISSEZ, AGISSEZ
•< Les concentrations, les (usions, les réorganisations internes d'entreprises
sont souvent génératrices de productivité : en deux ans, la production industrielle
a augmenté de 10 % tandis que les effectifs au travail diminuent (— 0,6 %).
(« Le Monde économigue et financier »», Alain Vernholes, 15-16 janvier 1967.)
" On délibère (entre salariés et Etat-patron, dans les commissions Grégoire,
Toutée, etc.) sur la plus honnête façon d'apprécier des variations de gain portant
sur moins de 0,5 Vu. Les revendications en pourcentages « massifs » : 6, 8, 10 °/o
ont disparu des tracts syndicaux. »
(Tiré d'une étude de Joanine Roy, dans " Le Monde » du 28 janvier 1967.)
« Beaucoup de ceux-ci (délégués des salariés dans les commissions Toutée,
Grégoire, etc.), à mesure gu'ils pénètrent dans les arcanes de l'économie et de
la finance, mesurent le parti qu'ils pourraient en tirer si, disent-ils, le gouver-
nement observait la règle du jeu. si la vérité se faisait, au grand jour, sur
révolution des différentes catégories de revenus. »
(Tiré du « Monde » du 28 janvier 1967, étude de Joanine Roy.)
— 12 —
Lisez, réfléchissez, agissez
UNE PAGE DE JULES GUESDE
« Chaque étape de l'humanité a été marquée par une Révolution.
« C'est revolutionnairernent que la bourgeoisie s'est émancipée et si elle
affiche la prétention d'empêcher le Quatrième Etat d'opérer à son tour revo-
lutionnairernent, c'est qu'elle sait pertinemment qu'il n'existe pas d'autre
moyen d'affranchissement.
« Est-ce que la Réforme — cette demie émancipation des consciences —
ne se présente pas les armes à la main ?
« Est-ce que pour arriver à la nuit du 4 août il n'a pas fallu passer la
journée du 14 juillet ?
•• Est-ce que ce n'est pas au prix du sang qu'on a pu avoir raison de la
Charte octroyée et des religions d'Etat ?
<• Est-ce que le suffrage universel lui-même n'est pas sorti des barri-
cades libératrices de février, et a empêché d'autre part le 4 septembre 1870'
« Est-ce qu'enfin aux Etats-Unis... n'a-t-il pas fallu une guerre civile, la
plus longue et la plus sanglante des guerres civiles, pour affranchir seule-
ment quatre millions de Noirs? »
L'ÉVENTAIL DES SALAIRES N'A CESSÉ
DE S'ÉLARGIR DEPUIS DIX ANS
2*0
En -pouvoir d'achat — seul
terme raisonnable de comparai-
son, — la disproportion apparaît
beaucoup plus forte, au détriment
des plus petits salariés. Leur
niveau de vie a progressé (compte
tenu de la hausse des prix de
détail de 60,6 % survenue durant
les dix dernières années) de 3.7 <"<,
à Paris et de 6,Tn dans la zone
d'abattement maximal. Or le gain
ouvrier moyen a vu son pouvoir
d'achat augmenté de 31,59 % en
dix ans, cinq à huit /ois plus
(selon les cas). La mise à -jour de
ces chiffres aggraverait encore
cette disparité, puisque, depuis
un an le pouvoir d'achat du
salaire ouvrier moyen a augmenté
de 2,9 %, alors que celui du
« smigard » de province a pro-
gressé de 1,8% seulement et que
celui du « smigard » de la région
parisienne a même baissé de
0.3 %.
100
1956 57 55 59 60 6l 6Z 63 64 65 66
(Tiré du <• Monde » du 26-27 nov. 67.)
« La mesure de la richesse ne sera plus le temps de travail mais le
temps libre. »
(K. Marx, tiré d'un article du •< Kommounist » : Loisirs dans la société
communiste, par « France Observateur >» du 24 novembre 1960.)
LECTEUR, LECTRICE
Etudiez, crayon à la main, les C. C. R. Nos 1 et 2
— 13
ADHEREZ
ADHEREZ
ADHEREZ
AU
PARTI COMMUNISTE RÉVOLUTIONNAIRE
DE FRANCE
BULLETIN D'ADHÉSION
PARTI COMMUNISTE REVOLUTIONNAIRE DE FRANCE
(Marxiste - Léniniste - Stalinien)
Organe : CAHIERS DU COMMUNISME REVOLUTIONNAIRE
(Marxistes - Léninistes - Staliniens)
B.P. 4-19
75-PARIS (19e)
Je soussigné (e) ..........................................
Nom et prénom ............................................
Date et lieu de naissance ....................................
Profession ................................................
Adresse ..................................................
adhère à titre de membre actif ou sympathisant (biffer les mentions
inutiles) au Parti Communiste Révolutionnaire de France.
Je fais don de F...... (en chiffres) ........................
...... (en lettres). Montant que j'envoie à M. KEUKDJIAN, par mandat
C.C.P. 21.668.72 Paris ou par.................. B.P. 4-19, Paris (19e).
Note. — L'adhérent recevra : 1) une carte du Parti ; 2) un
accusé de réception des dons versés, signé par KEUKDJIAN ; 3) le
service de l'organe.
NOUS CHERCHONS
dans toute la France, des vendeurs et diffuseurs des publications du Parti
Communiste Révolutionnaire de France, et, en général, de la littérature
révolutionnaire, dont toutes les éditions de Pékin, Tirana, La Havane...
Fortes remises.
S'adresser à M. KEUKDJIAN
B.P. 4-19
75-PARIS (19e)
— 14 —
TABLE DES MATIERES DES CAHIERS DU COMMUNISME
REVOLUTIONNAIRE N» 1 (Juillet 1964)
Pag. Ch.
1 — Avant-propos.
3 I Appel aux révolutionnaires français pour organisation.
5 II Notre peuple est révolutionnaire, il est faux d'en avancer le
contraire.
7 III En France, les conditions économiques, sociales et politiques pour
passage au socialisme sont archimûres.
8 IV La bourgeoisie capitaliste n'a point changé sa nature ; elle
demeure toujours une exploiteuse accroissant de plus en plus le
taux de son exploitation. Aussi, le peuple français aspire-t-il plus
fortement que jamais à son affranchissement.
10 V La nécessité urgente de l'abolition du capitalisme et du passage
au socialisme en France.
11 VI La classe des travailleurs abolira le mode de production et
d'échange bourgeois et instaurera (e régime socialiste.
12 VII Notre action: 1. Principes directeurs; 2. Notre stratégie et notre
tactique ; 3. La lutte de la classe ouvrière : A. Objectifs d'action ;
B. Formes d'action.
15 VIII De quelques causes spécifiques attardant l'avènement du socia-
lisme en France.
18 — La révolution prolétarienne et le révisionnisme de Krouchev. (Ré-
dactions du « Renmin Ribao » et du « Honggi », Pékin (Chine).
19 IX Parti Communiste Révolutionnaire de France (Marxiste - Léniniste -
Stalinien). — Autobiographie de Keukdjian.
21 X A propos du Krouchévisme.
24 — Trierez mort sur la route de Yalta.
26 — Résolution de politique générale du F.L.N. d'Algérie.
27 — Le rôle du camp socialiste, extraits de « Hoc Tap », revue théo-
rique, Hanoï (Vietnam du Nord), janvier 1964.
28 — La Révolution prolétarienne, suite de la page 18.
N" 2 (Février 1967)
1 — Avant-propos.
2 I Appel à l'élite française : A nos scientifiques, techniciens, à tous
cadres supérieurs de la Nation.
15 II Nécessité historique pour l'adoption de nouveaux objectifs et le
passage à une forme supérieure d'action ouvrière visant à la
prise en charge de gestion de l'entreprise.
23 III De l'impérialisme. — A propos de son état critique.
25 IV Le devoir du peuple français face au barbare impérialisme yankee.
— A propos de la guerre du Vietnam.
29 V De la grande révolution culturelle prolétarienne en Chine popu-
laire.
30 VI Jugez. — Face au génocide démoniaque de 30 millions d'âmes
au Vietnam, l'attitude de deux grands chefs d'Etat : chef d'Etat
du Vatican et chef de l'Etat français.
32 — Faits, témoignages, rapports et jugements sur la barbarie sans
précédent des Yankee au Vietnam.
34 — De la grande révolution culturelle en Chine, suite de la page 29.
36 VII Décision du Comité central du Parti communiste chinois sur la
grande révolution culturelle prolétarienne.
41 VIII Sous la sage conduite d'Enver Hodja, marxiste-léniniste-stalinien
émérite en Europe, l'Albanie socialiste poursuit triomphalement
son ascension.
44 IX Elections à l'Assemblée nationale, les 5-12 mars. — Manifeste
pour le boycottage...
47 X Quelques mots du Krouchévisme : Restauration du néo-capita-
lisme en U.R.S.S.
48 — Révélation : Les finances font les élections.
15
Lisez, réfléchissez, agissez
AVEU DE TAILLE DE LA DIRECTION COLLABO
ET IMPUISSANTE DE LA C.G.T.
« Prenant comme instrument de mesure de l'évolution du coût de la vie le budget-
type de la commission supérieure des conventions collectives, le bureau de la C.G.T.
constate que « depuis 1958, date de l'arrivée du général de Gaulle au pouvoir, la baisse
du pouvoir d'achat des salariés, dans le cas-type se chiffre à 1 %, et par rapport à
1957, cette baisse est de 7%. Sur la même base, le pouvoir d'achat du S.M.I.C. a
diminué de 5% entre 1958 et 1963, et de 14,5% entre 1957 et 1963. >• (Tiré du « Monde »
du 24 avril 1964.) (Note de Keukdjian : Depuis 1964, la paupérisation s'est aggravée
d'année en année.)
LE CRI DE DÉTRESSE D'UN CHEMINOT
Le quotidien « Paris-Jour » du 25-26 novembre 1967, page 9, publie la lettre do
doléances d'un c/iem/no/, « lettre qui en dif lonq » indique le tournai, sur le sort qui est
celui des manœuvres, ouvriers spécialisés et ouvriers professionnels de la S.N.C.F.
« Ne pensez tout d'abord pas que tous tes cheminots perçoivent chaque mois des prîmes
de nuit, des indemnités de dimanches et fêtes et des allocations de déplacement. D'ailleurs,
quand un agent de la S.N.C.F. perçoit ces diverses sommes, c'est au prix de beaucoup de
privations: manque de sommeil, de repos, de vraie vie de fa mille, avec ie seul espoir
d'améliorer un peu les ressources de son foyer. Tout cela pour arriver à encaisser environ
IOO.OOÛ A,F. par mois.
« S avez-vous ce que qaqnent les manœuvres (il en faut) et les ouvriers professionnels
au moment de leur admission? Voici quelques exemples tirés du rèqlement P 2, qui traite
des salaires des cheminots.
« Je ne tiens évidemment pas compte des abattements de zone qui suppriment quelques
billets de mille anciens francs très utiles pour beaucoup d'endroits où la vie est plus chère
qu'à Paris et la réqion parisienne.
« Le traitement de base d'un manœuvre, échelle 2, est de 4l.770 A.F. par mois. Après
complément, Indemnité de résidence, prime de production, le salaire brut s'élève à
62.287 A.F. et le salaire net, après retenue des Caisses de Retraite et de Prévoyance,
retombe à 56.277 A.F. par mois.
« Pour un ouvrier spécialisé, échelle 3, le traitement s'élève à 44.207 A.F., total brut
66.075 A.F., total net 59.699 A.F. ; et pour un ouvrier professionnel, échelle 5, traHement
49.428 A.F., total brut 76.590 A.F. et total net 69.179 A.F.»
AUX TRAVAILLEURS
Quels objectifs ?
Quelles actions ?
Pour conquérir vos véritables droits qui sont :
1. Durée du travail social, 4 heures environ par jour
ou 20 heures par semaine.
2. Pouvoir d'achat minimum à la base de l'échelle.
2.000 F environ, en valeur constante 1967, par mois.
3. Habitat, enseignement, culture, sports, loisirs, au
niveau digne d'une vraie civilisation et presque
gratuitement.
4. Enfin, affranchissement de l'esclavage moderne.
Demandez cet opuscule et les C.C.R. à votre marchand de journaux. Distribution
par les N.M.P.P., 111, rue Réaumur, Paris (2e), Prix: 1 F.
Directeur (Propriétaire-Editeur) : V. KEUKDJIAN
Imp. Robin-Mareuge, 7, cité de Gènes, Paris-20';
Category
Author
Title
Aux travailleurs
Date
Keywords